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B1 (char)

Le char B1 est un type de char lourd français, conçu dans l'entre-deux-guerres utilisé au début de la Seconde Guerre mondiale. D'une conception très avancée pour l'époque, les chars B se révèleront inadaptés aux opérations rapides de la bataille de France de mai-juin 1940.

B1 bis
Image illustrative de l’article B1 (char)
Char B1 bis « Héros » au Camp de Mourmelon (Marne, France).
Caractéristiques de service
Type Char lourd
Service 1937 - 1946
Utilisateurs Drapeau de la France France
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Conflits Seconde Guerre mondiale
Production
Année de conception 1934
Constructeur Renault
Schneider et Cie
Forges et Chantiers de la Méditerranée (F.C.M)
Forges et Aciéries de la Marine - Homécourt (F.A.M.H)
Ateliers de construction d'Issy-les-Moulineaux (A.M.X)
Production 1936 - juin 1940
Unités produites 369 exemplaires
Variantes Char B1
Char B1 ter (prototype)
B2/B3 (projet)
Flammpanzer B2 (f) (conversion allemande en char lance-flammes)
10.5-cm leichte Feldhaubitze 18/3 (Sf.) auf GeschĂĽtzwagen B2 (f) 740 (f) (conversion allemande en canon automoteur)
Caractéristiques générales
Équipage 4 (Chef de char, conducteur, tireur, radio-pourvoyeur)
Longueur 6,37 m
Largeur 2,46 m
Hauteur 2,79 m
Masse au combat 31,5 tonnes
Blindage (Ă©paisseur/inclinaison)
Type Plaques en acier boulonnées
Frontal (caisse) 60 mm / °
Latéral (caisse) 55 mm / 90°
Dessus (caisse) 15 mm
Plancher (caisse) 20 mm / 88-90°
Frontal (tourelle) 56 mm
Latéral (tourelle) 46 mm / 22°
Arrière (tourelle) 46 mm / 22°
Haut (tourelle) 30 mm / 72-90 °
Armement
Armement principal 1 canon ABS 1929 de 75 mm en casemate (74 obus)
Armement secondaire 1 canon SA35 long de 47 mm en tourelle (50 obus)
3 mitrailleuses MAC 31 de 7,5 mm (5 250 coups) (1 coaxiale au 47mm, 1 sous le 75mm et 1 stockĂ©e pour AA)
Mobilité
Moteur Renault aviation renforcé de six cylindres en ligne (refroidissement liquide)
Puissance 307 ch
Transmission Boîte cinq vitesses avant, une vitesse arrière
Suspension Boggies Ă  ressorts horizontaux et verticaux
Vitesse sur route 28 km/h
Vitesse tout terrain 21 km/h
Puissance massique 9,5 ch/tonne
Autonomie 150 km (6 Ă  8 heures)

Sa conception dĂ©bute dans les annĂ©es 1920, avec plusieurs prototypes. Le modèle Renault est choisi en 1929 mais la production ne dĂ©bute qu'en 1934. Un modèle amĂ©liorĂ©, le B1 bis sort en 1937, après la production de 34 B1. La production du B1 bis accĂ©lère après l'entrĂ©e en guerre de la France en septembre 1939 mais moins de 370 seront livrĂ©s avant l'arrĂŞt de la production fin juin 1940.

Armé d'un canon antichar en tourelle et d'un canon anti-personnel en casemate, le char B est destiné à percer les lignes de défense ennemie. Lors des opérations de mai-juin 1940, la puissance des B1 bis parvient à entamer les attaques allemandes mais de nombreux chars B sont perdus sur pannes, demandant une consommation en essence trop élevée.

La Wehrmacht, puis l'Armée française de la Libération, continuent d'utiliser des chars B jusqu'à la fin de la guerre.

Long développement et production difficile

En 1921, le gĂ©nĂ©ral de division Estienne demande aux sociĂ©tĂ©s Renault, FAMH, Schneider, Delaunay et FCM de dĂ©velopper des prototypes de chars d'assaut, d'une masse de quinze tonnes, armĂ©s d'un canon de 47 ou 75 millimètres en casemate et de deux mitrailleuses en tourelle. Ces blindĂ©s, propulsĂ©s par un moteur de 307 chevaux, doivent ĂŞtre capables d'une autonomie de 30 heures, ĂŞtre blindĂ©s Ă  50 millimètres Ă  l'avant, 30 sur les cĂ´tĂ©s et 15 au plancher et au toit. Cette spĂ©cification est assortie d'un accord prĂ©voyant la production de 120 chars par sociĂ©tĂ©. Entre 1922 et 1924, pas moins de quatre prototypes diffĂ©rents sont proposĂ©s. Deux le sont par Renault, les SRA et SRB, tous les deux mus par un moteur de la marque de 180 chevaux et armĂ©s d'un canon Schneider de 75 mm en casemate disposant d'un champ de tir de 1°30 de part et d'autre de l'axe du vĂ©hicule. Ils possèdent une mitrailleuse en tourelle. Le SRB se distingue du SRA par l'emploi d'une transmission hydraulique, pour assurer le pointage du canon par virage. FAMH et Delaunay proposent, eux, un modèle propulsĂ© par un moteur Panhard de 120 chevaux avec une transmission hydraulique Jeanney, une suspension pneumatique et armĂ© d'un canon FAMH de 75 mm. Enfin, le prototype de FCM, le FCM-21, utilise le mĂŞme canon que le prĂ©cĂ©dent modèle mais utilise des embrayages latĂ©raux pour assurer le pointage en direction. Tous ces vĂ©hicules sont testĂ©s Ă  l'annexe de Rueil, de l'atelier de construction de Puteaux, le 13 mai 1924. Les rĂ©sultats sont assez dĂ©cevants, seul le train de roulement du FCM donne satisfaction. En mars de l'annĂ©e suivante, le gĂ©nĂ©ral Estienne, partant du SRA et du SRB, dĂ©finit le futur char B, seul le moteur Ă©tant dĂ©placĂ© pour dĂ©gager un couloir d'accès aux mĂ©canismes. Il dĂ©cide d'adopter la suspension pneumatique FAMH, le train de roulement du FCM-21, porte le blindage latĂ©ral Ă  25 millimètres et celui du toit et du plancher Ă  quinze. Parallèlement, il lance aussi deux autres projets, les B2 et B3, blindĂ©s Ă  50 millimètres, mais leur masse dĂ©passant quarante-cinq tonnes provoquera l'abandon de ces projets. Le 27 janvier 1926, il est dĂ©cidĂ© de produire trois prototypes du Char B, un assemblĂ© par Renault, un autre par FAMH et le dernier par FCM. Les deux premiers exemplaires sont armĂ©s par le canon de 75 FAMH, le dernier embarque le canon Schneider.

Le premier de tous les chars B, le no 101 produit par Renault avec un blindage en acier doux, est fini en 1929. Il va devenir le banc d'essai de toutes les amĂ©liorations Ă©tudiĂ©es sur les chars de la sĂ©rie. Les deux autres sont terminĂ©s l'annĂ©e suivante et, après la mise au point du refroidissement et de la transmission, les trois chars sont regroupĂ©s en octobre 1931, au sein d'un dĂ©tachement d'expĂ©rimentation. Après quoi, ils font le trajet de Rueil jusqu'au camp de Mourmelon puis, après des manĹ“uvres et un examen par une commission dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Delalain, en reviennent, le tout par leurs propres moyens, parcourant en tout près de mille kilomètres, sans autres incidents que la panne et le changement du système NaĂ«der de l'un entre eux. Les deux annĂ©es suivantes, les trois chars participent Ă  d'autres manĹ“uvres et font de nombreux adeptes, comme le gĂ©nĂ©ral Dufieux et le colonel Delestrain. Une première commande de sept chars avec un blindage de quarante millimètres, envisagĂ©e dès 1932, n'est finalement signĂ©e qu'en mars 1934, Ă  cause des discussions portant sur le prix relativement Ă©levĂ© de 2 millions de francs français[1] et la rĂ©partition des commandes entre les diffĂ©rentes sociĂ©tĂ©s. En plus de leur blindage plus Ă©pais, ces chars embarquent un nouveau canon de 75 mm, conçu par l'atelier de construction de Bourges, une nouvelle tourelle APX-1 avec un canon de 47 mm SA34, un moteur plus puissant. Ils sont livrĂ©s au mois d'avril de la mĂŞme annĂ©e et rejoignent alors les no 102 et no 103, au sein du 511e rĂ©giment de chars de combat, basĂ© Ă  Verdun. Par contre, la livraison de la commande suivante, portant sur vingt exemplaires et son additif de cinq vĂ©hicules, elle, sera retardĂ©e jusqu'en 1936 pour ĂŞtre pourvue de pièces de blindage coulĂ©es, d'une modification du bronze employĂ© dans la fabrication de l'appareil NaĂ«der, et Ă  cause des mouvements sociaux prĂ©cĂ©dant le Front populaire. Au 9 juin 1936, 34 chars B1 sont en service dans l'armĂ©e française[1].

B1 bis « Téméraire » Camp de Mourmelon (Marne, France).

En 1937, de nouvelles commandes sont passĂ©es pour une version amĂ©liorĂ©e dont le blindage et les capacitĂ©s antichars ont Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©s : c'est le B1 bis. Le moteur Renault dĂ©veloppe maintenant 300 chevaux, le blindage passe Ă  60 mm Ă  l'avant et Ă  55 mm sur les flancs, comme prĂ©conisĂ© par le gĂ©nĂ©ral Velpry, alors inspecteur des chars, qui craint les nouvelles armes antichars ayant commencĂ© Ă  apparaĂ®tre, en particulier lors de la guerre d'Espagne. On monte la nouvelle tourelle APX-4 qui, armĂ©e d'un canon de 47 mm SA35, ajoute enfin au char une rĂ©elle capacitĂ© antichar. La masse du vĂ©hicule passe de 28 Ă  31 tonnes. L'autonomie surtout, en souffre, bien qu'elle puisse atteindre 180 kilomètres Ă  basse vitesse avec les 400 litres des trois rĂ©servoirs mais, Ă  la vitesse de 20 km/h, elle n'est plus que de six heures soit 120 kilomètres. Mais en situation de combat, en tout terrain, l'autonomie devenait très faible et complètement dĂ©risoire, Ă  tel point que bien des offensives en mai et juin 1940 furent arrĂŞtĂ©es faute d'une autonomie suffisante. De plus, faire le plein de 400 litres Ă©tait très long car l'armĂ©e française utilisait des fĂ»ts de 200 litres beaucoup trop lourds et difficiles Ă  manier, ce qui compliquait encore les services d'intendance. Ă€ l'opposĂ©, les Allemands utilisaient des jerricans de 20 L faciles Ă  transporter et Ă  manier, leurs chars Ă©taient moins gourmands car beaucoup moins lourds. Des essais avec une remorque spĂ©ciale, contenant 800 litres de carburant supplĂ©mentaires furent menĂ©s mais leur emploi fut abandonnĂ©, sĂ»rement Ă  cause du danger de transporter du carburant d'aviation, hors du blindage.

Pour rĂ©pondre Ă  la demande plus importante de refroidissement du moteur, la grille latĂ©rale du ventilateur fut agrandie. Certains y ont vu un point faible du char (les servants des panzerabwehrkanone allemands (canons antichar) s'efforçant d'y placer leurs obus). Cette assertion, basĂ©e sur un Ă©vĂ©nement rĂ©el au cours duquel trois canons de 37 mm mirent hors de combat deux B1 bis, près de Stonne, le 16 mai 1940, semble peu fondĂ©e car la grille avec ses barreaux en V d'acier Ă©pais de 28 mm, n'Ă©tait pas thĂ©oriquement plus vulnĂ©rable que les flancs de 55 mm et Ă©tait capable de rĂ©sister aux canons de 20 mm et 37 mm allemands. En rĂ©alitĂ©, seul un B1 bis fut mis hors de combat de cette manière, les fragments de l'obus endommageant le moteur par ricochets, le char fut par ailleurs rĂ©parĂ© et repartit au combat.

En cours de production, le B1 bis bĂ©nĂ©ficiera d'amĂ©liorations progressives, du no 306 au 340. L'emport initial d'obus de 47 mm Ă©tait de 62, celui du nombre de cartouches de 7,5 mm Ă©tait lui de 4 800. Ils passèrent respectivement sur les modèles suivants Ă  72 obus et 5 250 cartouches au dĂ©but de 1940. Le poste de radiotĂ©lĂ©phonie ER-53 ne permettant que des liaisons en morse, cĂ©da la place Ă  un ER-51 Modèle 38 permettant des liaisons en phonie[2]. Les chars de commandement au niveau de la compagnie et du bataillon recevaient en prime un ER-55, pour communiquer avec leurs supĂ©rieurs. Enfin, en juin 1940, les derniers exemplaires produits reçurent un rĂ©servoir supplĂ©mentaire de 170 litres.

Les commandes furent passĂ©es pour ce nouveau modèle, dès 1937, avec 35 B1 bis pour le 510e RCC (ils furent livrĂ©s en 1938), puis 35 autres, en 1938, pour le 508e RCC, 70 en 1939, pour le 512e RCC et un bataillon de marche. Après la dĂ©claration de guerre, les commandes affluèrent, si bien qu'Ă  l'armistice, elles totalisaient 1 144 exemplaires, mais furent bien loin d'ĂŞtre honorĂ©es par l'industrie, qui rĂ©ussit en tout et pour tout Ă  produire : 35 chars B1 et 369 B1 bis soit un total de 404 chars. Avant le , seuls 129 B1 bis avaient Ă©tĂ© livrĂ©s. En novembre 1939, 61 de plus furent fournis. Les efforts de mobilisation industrielle de la 12e direction de l'armĂ©e ne porteront leurs fruits que par la suite, les cadences mensuelles passèrent de trois Ă  neuf chars, entre 1937 et 1939, et finiront par atteindre un chiffre remarquable, vu la complexitĂ© du char, en mai 1940, avec 41 vĂ©hicules. La production aurait dĂ» encore augmenter Ă  partir de l'Ă©tĂ© 1940, grâce au remplacement du B1 bis, par un nouveau modèle le B1 ter, dont la production Ă©tait grandement simplifiĂ©e par l'abandon du système NaĂ«der, pour un canon de 75 mm, orientable sur dix degrĂ©s. Le B1 ter Ă©tait prĂ©vu avec des blindages latĂ©raux de 70 mm en forme de V, des chenilles protĂ©gĂ©es par un tunnel en blindage moulĂ© et une nouvelle boĂ®te de vitesses mĂ©canique, beaucoup moins encombrante. Malheureusement, les Ă©tudes commencĂ©es dès 1935 furent retardĂ©es Ă  plusieurs reprises. Le prototype, apparu en retard du fait des grèves, put ĂŞtre prĂ©sentĂ© avec une tourelle de B1 bis, la sienne n'Ă©tant prĂŞte qu'en 1937. Le premier exemplaire de prĂ©sĂ©rie, construit par ARL, sortit en 1939. Il fut Ă©vacuĂ© en 1940 Ă  Saint-Nazaire, en compagnie du second assemblĂ© Ă  l'usine Fives-Lille, mais les deux chars disparurent lors du torpillage du navire, le MĂ©canicien principal Carvin), qui les Ă©vacuait vers l'Afrique du Nord. Seul survĂ©cut le troisième exemplaire en cours de montage chez FCM, qui fut cachĂ© aux commissions d'armistice, et servit Ă  des expĂ©rimentations en zone libre. Un projet amĂ©liorĂ©, le B40, avec un blindage de 80 millimètres, Ă©tait aussi envisagĂ©, le train de roulement lui Ă©tant destinĂ© servira en 1944, Ă  la production du char ARL 44.

Caractéristiques techniques

Un des deux B1 bis du musée des blindés de Saumur.

La caisse du B1 est rĂ©alisĂ©e par le boulonnage d'Ă©lĂ©ments en acier. Elle est divisĂ©e en deux compartiments, sĂ©parĂ©s par une cloison coupe-feu, la partie avant accueillant l'Ă©quipage, celle arrière le moteur, la transmission et le rĂ©servoir de carburant. L'organisation interne du vĂ©hicule est issue de la nĂ©cessitĂ© de servir l'arme principale, le canon de 75 mm ABS modèle 1929 car, au dĂ©marrage du projet, la tourelle n'Ă©tait censĂ©e ĂŞtre armĂ©e que d'une mitrailleuse, et sa fonction Ă©tait plutĂ´t celle d'un poste d'observation pour le chef de vĂ©hicule. Ce canon, fixe en site, est pointĂ© en direction avec la caisse, c'est donc le conducteur qui l'utilise, Ă  partir de son poste de pilotage situĂ© sur la gauche de l'arme. Pour arriver Ă  un pointage prĂ©cis de l'arme, il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire de dĂ©velopper un appareillage spĂ©cifique pour effectuer des virages prĂ©cis, grâce Ă  un volant actionnant le dispositif hydrostatique NaĂ«der (huile de ricin). Outre le volant de conduite, le conducteur dispose donc aussi d'un volant pour affiner le pointage en direction de la pièce, et d'un autre pour rĂ©gler la hausse. Il effectue toutes ces opĂ©rations en visant l'objectif dans la lunette de tir placĂ©e devant lui.

Derrière le canon, prend place le pourvoyeur qui, lui aussi, a plusieurs fonctions : il doit, en effet, charger le canon de 75 avec des obus sur lesquels il visse les fusées, mais aussi passer au chef de char des munitions pour recompléter celles situées en tourelle. Il travaille dans une position inconfortable, accroupi derrière l'arme, et doit aller chercher les munitions, parfois jusque dans le compartiment moteur, auquel on accède par une porte dans la cloison coupe feu. À sa gauche, le radiotélégraphiste est un peu mieux logé, cependant son matériel est tout sauf moderne, les transmissions ne s'effectuant non en phonie, mais en morse. Dernier homme d'équipage, le chef de char est sans doute le plus débordé : en plus de l'observation du champ de bataille et de la localisation des objectifs, il doit, en effet, pointer et approvisionner les deux armes de sa tourelle monoplace. Souvent, le mécanicien affecté au véhicule se joignait à l'équipage, devenant le cinquième homme de celui-ci.

Le B1 bis "Flandres" du musée des blindés de Saumur, le seul en état de marche.

Sur le B1 bis, le moteur est un Renault de type aviation renforcĂ©, avec six cylindres en ligne et une cylindrĂ©e de 16,5 litres, qui dĂ©veloppe 307 chevaux Ă  1 900 tours par minute. Il est montĂ© au centre du vĂ©hicule, juste derrière la tourelle. Il est refroidi par un radiateur et un ventilateur, placĂ©s sur sa gauche, alimentĂ© en air par une ouverture protĂ©gĂ©e par des persiennes en blindage. Sur sa droite, une coursive permet Ă  l'Ă©quipage d'aller inspecter, tous les Ă©lĂ©ments du moteur et de la transmission. Derrière le moteur, reliĂ©e par un coupleur, la boĂ®te de vitesses, avec cinq rapports avant et un arrière, est surmontĂ©e par le dispositif hydrostatique NaĂ«der, qui contrĂ´le les diffĂ©rentiels auxiliaires, permettant de faire varier la vitesse de chaque chenille de façon souple et rĂ©gulière. Deux freins Ă  tambour, sur ces mĂŞmes diffĂ©rentiels, sont utilisĂ©s eux aussi pour les changements de direction Ă  plus grande vitesse.

Malgré son emploi lors de la Seconde Guerre mondiale, le B1 présente de nombreuses caractéristiques qui rappellent que sa conception eut lieu à la fin des années 1920. Son train de roulement, par exemple, conçu par FCM, est extrêmement complexe, il enveloppe tout le pourtour de la caisse, comme sur les chars Mark I anglais, ce qui marque la préoccupation de lui donner de bonnes capacités dans un terrain bouleversé, comme celui rencontré lors d'une guerre de tranchées. Chaque chenille est guidée, en plus du barbotin et de la poulie de tension, par trois chariots porteurs et quatre galets tendeurs. Chaque chariot comprend quatre roues, regroupées par deux sur un petit balancier, puis par quatre sur un plus grand qui lui, est suspendu à la caisse par un gros ressort vertical. Il bénéficie de caractéristiques inhabituelles, comme la présence d'un ressort sur la poulie tendeuse, ce qui permet de régler la tension de la chenille directement de l'intérieur du véhicule. Il est aussi protégé par le blindage latéral qui est boulonné sur son extérieur.

Entretien

Du fait des nombreux Ă©lĂ©ments mobiles, il doit ĂŞtre entretenu rĂ©gulièrement, nĂ©cessitant, en particulier, un abondant graissage, rĂ©alisĂ© par quatre graisseurs sur chaque cĂ´tĂ© tous les 150 km. Il nĂ©cessite une vidange du moteur tous les 300 km et de la boĂ®te de vitesses tous les 1 000 km, une visite dĂ©taillĂ©e tous les 1 000 km au 1er degrĂ© et une rĂ©vision gĂ©nĂ©rale tous les 4 000 km. Il est rĂ©sistant en dĂ©pit du manque d'entretien dont il fera l'objet en campagne. Son moteur est robuste, les accessoires sont toutefois d'un accès difficile et le circuit de charge est insuffisant. La boĂ®te de vitesses est solide mais le demi-arbre gauche est sujet aux ruptures car plus long que celui de droite. Les freins sont insuffisants et difficiles Ă  rĂ©parer. La direction hydrostatique (le NaĂ«der) est dĂ©licate, demandant une bonne formation du pilote. Les pannes du système NaĂ«der ont provoquĂ© bien des pertes et, les Allemands avançant, ils durent ĂŞtre abandonnĂ©s souvent sabordĂ©s. Le train de roulement est très rĂ©sistant, il prĂ©sente cependant une faiblesse au mĂ©canisme de tension de la chenille. En dĂ©pit de ses dĂ©fauts, il fera l'objet de beaucoup d'Ă©loges[3].

Au combat

Char B1 bis Toulal (382) reconstitué en mémoire de celui ayant combattu lors de la bataille de Stonne en mai 1940.

Les chars B1 avaient pour mission, en temps de guerre, d'attaquer les zones fortement fortifiées par l'adversaire. Pour ce faire, ils étaient regroupés au sein d'unités formées à la mobilisation, les divisions cuirassées (DCr), qui restaient à la disposition du grand quartier général pour mener des attaques planifiées contre les défenses adverses, en coopération avec les divisions d'infanterie. Ce type de division blindée n'avait pas été conçu pour une guerre de mouvement, menée de façon autonome, comme l'étaient les panzerdivision en Allemagne. Ce rôle était confié, en France, aux divisions de la cavalerie en cours de motorisation, les divisions légères mécaniques (DLM) (dotées de chars moyens et légers). Les DCr manquaient cruellement d'appui pour faire opérer leur chars : peu d'infanterie et de génie d'accompagnement, lesquels étaient de toute façon embarqués sur des camions. Les services n'étaient pas dimensionnés pour opérer en avant, dans la profondeur du dispositif adverse, mais pour mener des attaques à but tactique, en soutien de certains corps d'armée. Une fois une percée assurée, son exploitation était confiée à la cavalerie ou à l'infanterie ; la DCr engagée était alors recomplétée, et renvoyée vers l'arrière pour être réengagée ailleurs. Mais, en mai 1940, le front stable que nécessitait cette doctrine n'exista pas, et les DCr durent être engagées dans un rôle pour lequel elles n'avaient pas été conçues.

Un char B1 bis à Aubigny-sur-Nère en juin 1940.

En , il existait quatre bataillons Ă©quipĂ©s de chars B1, les 8e, 15e, 28e et 37e bataillons de chars de combat, chacun avec 33 chars. Le dernier Ă©tait Ă©quipĂ© de la première version du char, les autres mettant en ligne des B1 bis[4]. Le , ils formèrent la base pour la crĂ©ation des deux premières divisions cuirassĂ©es, la 1re et la 2e, dont ils formaient la première demi-brigade de chars. Le , la troisième DCr fut formĂ©e avec, entre autres, deux bataillons de B1 bis formĂ©s Ă  Bourges, les 41e et 49e (15 B1 -bis issues de ces deux formations se sacrifièrent au Nord de Vadenay le pour freiner l'avance allemande). Une quatrième DCr Ă©tait en cours de formation, au moment de l'attaque allemande, comprenant deux nouveaux bataillons Ă©quipĂ©s de B1 bis, les 46e et 47e bataillons de chars de combat, formĂ©s respectivement Ă  Bourges et Vanves (La 4e DCr fut confiĂ©e au colonel de Gaulle)[5].

Bien qu'engagĂ© en urgence, et dans un rĂ´le pour lequel il n'a pas Ă©tĂ© conçu, le B1 bis posa de très nombreux problèmes aux troupes allemandes, son Ă©pais blindage rĂ©sistant Ă  toutes les armes antichar. Les Allemands durent alors improviser pour le mettre hors de combat, en utilisant leurs pièces d'artillerie en tir tendu, en particulier les canons antiaĂ©riens de 88 mm (Le B1 bis nommĂ© Jeanne d'Arc, par exemple, encaissa 90 impacts d'antichars avant d'ĂŞtre incendiĂ© par un 88[6]). MalgrĂ© cette supĂ©rioritĂ© Ă©crasante, tous les dĂ©fauts du B1 bis et des divisions cuirassĂ©es empĂŞchèrent la relative impunitĂ© des B1 d'avoir une influence sur le cours de l'offensive allemande, car les offensives des chars lourds n'Ă©taient pas exploitĂ©es faute de vĂ©hicules de transport, et Ă  cause de l'Ă©norme consommation de ce char.

Tout d'abord, la faible autonomie des B1 bis, aggravée par la faiblesse des services de ravitaillement des DCr, provoqua l'abandon de nombreux véhicules à court d'essence, auxquels s'ajoutèrent ceux victimes de pannes mécaniques, en particulier à cause du système Naëder se déréglant vite et sujet aux fuites d'huile. Dépassées en nombre, les DCr, devant reculer, durent de ce fait abandonner de nombreux véhicules en panne, qu'elles ne pouvaient ni réparer, ni ravitailler. De plus, la répartition peu logique de l'armement du B1 bis, pourtant puissant, nuisit grandement à son efficacité sur le terrain : du fait de la complexité de leurs tâches, les équipages devaient être très expérimentés et, même dans ce cas, il était quasiment impossible au chef de véhicule d'observer convenablement la situation pour anticiper les menaces contre le char. Cette dernière faiblesse eût été moins déterminante si les B1 bis avaient été accompagnés par une infanterie nombreuse. Mais les chasseurs portés, dont c'était le rôle, n'étaient déployés qu'à raison d'un bataillon par DCr et ces chasseurs portés manquaient cruellement de camions : ils montaient au front à pied donc arrivaient toujours trop tard. Dernière faiblesse, la qualité des matériels de communication était mauvaise : les équipages disposaient soit du poste ER53, transmettant en morse, soit du ER51 modèle 38 en phonie, mais ce dernier était quasiment inemployable dans l'ambiance sonore du char, poussant les équipages de la 1re DCr à conserver les postes originaux. Et les pannes étaient fréquentes.

Après la dĂ©faite française, les Allemands rĂ©cupĂ©rèrent 161 chars B1 et B1 bis comme Beutepanzer, qu'ils utilisèrent en juin 1941 au cours de Barbarossa mais qu'ils relĂ©guèrent rapidement dans des tâches secondaires : entraĂ®nement et opĂ©rations de maintien de l'ordre et anti-partisans sous la dĂ©signation de Panzerkampfwagen B-2 740 (f). Ils furent, par exemple, utilisĂ©s par la Panzer-Kompanie 12 lors de l'opĂ©ration Fruška Gora. Soixante de ces chars furent par la suite convertis en chars lance-flammes sous le nom de Flammwagen auf Panzerkampfwagen B-2 (f), et seize autres en canons automoteurs de 105 mm. Certains de ces chars furent ensuite repris par les Français, lors de la LibĂ©ration, et rĂ©utilisĂ©s dans les opĂ©rations contre la poche de Royan.

Variantes

Versions françaises
  • B1 - première version produite, blindage Ă  40 mm, tourelle APX-1 avec canon SA34, moteur Renault de 250 cv. NumĂ©ros de sĂ©rie compris entre 101 et 135, 35 exemplaires rĂ©alisĂ©s.
  • B1 bis - seconde version de production, blindage augmentĂ© Ă  60 mm sur l'avant, et 55 mm sur les flancs, tourelle APX-4, avec canon SA35, moteur Renault de 300 ch. NumĂ©ros de sĂ©rie compris entre 201 et 856, en fonction des diffĂ©rents constructeurs, 369 exemplaires rĂ©alisĂ©s.
  • B1 ter - troisième version dont la production aurait dĂ» commencer lors de l'Ă©tĂ© 1940, canon de 75 mm avec un pointage en azimut de 10°, blindage de 70 mm inclinĂ© sur les cĂ´tĂ©s, capacitĂ©s des rĂ©servoirs accrus, tourelle Fives-Lille mue Ă©lectriquement avec un chemin de roulement double, 4 exemplaires rĂ©alisĂ©s.
  • B2 et B3 - projets de chars blindĂ©s Ă  50 mm, abandonnĂ©s du fait d'une masse avoisinant les 45 tonnes.
  • B40 - projet d'amĂ©lioration du B1 ter, avec des blindages frontal et latĂ©ral portĂ©s Ă  80 mm et un canon de 105 mm au lieu du 75 mm[7]. PrĂ©vu Ă©galement avec un canon de 75 mm en tourelle[8].
  • B1 bis FFI - 15 chars rĂ©alisĂ©s Ă  partir de 42 carcasses abandonnĂ©es par les Allemands et rĂ©parĂ©es dans les usines Renault Ă  partir de 1944.
Conversions allemandes
  • « Flammpanzer B2 (f) » : conversion du B1 bis en char lance-flammes. Ils connaĂ®tront le front russe lors de l'opĂ©ration Barbarossa au sein de la « Panzer-Abteilung (Flamm.) 102. ».
  • « 10.5-cm leichte Feldhaubitze 18/3 (Sf.) auf GeschĂĽtzwagen B2 (f) 740 (f) » - 16 exemplaires : en mars 1941, Hitler ordonne le dĂ©veloppement de canons automoteurs venant en appui des chars lance-flammes prĂ©cĂ©demment citĂ©s. Le 28 mai 1941, le WaffenprĂĽfamt Nr 6 commande un prototype Ă  Rheinmetall-Borsig, prototype assemblĂ© en juin 1941. Les chars lance-flammes auront donc dĂ» se passer de leur appui, puisque la Panzer-Abteilung 103. est dissoute peu après. Les seize appareils sont produits entre janvier et mars 1942, et sont livrĂ©s Ă  la 26e Panzerdivision, I. Abteilung de l'Artillerie-Regiment 93. En mai 1943, les quatorze vĂ©hicules restants, remplacĂ©s par des Wespe, sont versĂ©s Ă  la 90. Panzergrenadier Division en Sardaigne[9].

Notes et références

  1. Le Procès : Riom 1942, Nouveau Monde éditions, 659 p. (lire en ligne).
  2. Nowfel Leulliot, « Matériel Radio », sur france1940.free.fr (consulté le ).
  3. Rémi Fontbonne, « La maintenance des engins blindés français en 1940 », Histoire de Guerre, no 38,‎ , p. 56-65 (ISSN 1297-3238)
  4. François Vauvillier et Roger Avignon, « Mais où sont donc passés nos chars B ? », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 77,‎ , p. 26-37
  5. François Vauvillier, « La division cuirassée en France en 1940 et ses perspectives : 1 - Les chars et les chasseurs portés », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 79,‎ , p. 38-49
  6. « 425 JEANNE D'ARC », sur Chars Français (consulté le )
  7. « Char B 40 », sur chars-francais.net, (consulté le )
  8. Stéphane Ferrard, « Du B 40 à l'ARL 44 », Guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 111,‎
  9. Laurent Tirone, « 10,5cm le.FH. 18/3(Sf.) auf Geschützwagen B2(f) 740(f) », Trucks & Tanks Magazine, no 12 (hors-série),‎ , p. 28-29 (ISSN 2100-9414)

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • StĂ©phane Bonnard, Francois Vauvillier, Chars B au combat. : Hommes et matĂ©riels du 15e BCC, Histoire & Collections, 2003 (ISBN 978-2913903425)
  • Christophe Larribère, « B1 Bis contre Panzer IV, le monstre affronte le fauve », Guerres & Histoire Hors sĂ©rie n°10,‎ , p. 66 (ISSN 2115-967X).

Articles connexes

Liens externes

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