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Dioctophyme renale

Dioctophyme renale, aussi appelĂ© « strongle gĂ©ant »[1], « eustrongle gĂ©ant »[2] ou « ver rĂ©nal gĂ©ant »[3] - [4] - [5] est une espĂšce de nĂ©matodes parasites dont la forme adulte infecte les reins des mammifĂšres. D. renale est trouvĂ© dans le monde entier[6]. Il affecte en particulier les visons et les chiens. L'infection humaine est rare : 37 cas humains de dioctophymiose Ă©taient connus en 2019[7]. Ces 37 cas Ă©taient rĂ©partis dans dix pays d’Asie, d’Europe, d’AmĂ©rique du Nord et d’OcĂ©anie, le nombre le plus Ă©levĂ© Ă©tant en Chine (22 cas)[7]. La maladie peut provoquer la destruction des reins. Le traitement est l'exĂ©rĂšse chirurgicale.

Dioctophyme renale adulte

Synonymes

Dioctophymosis[8], Dioctophyme renalis[9] - [10], Eustrongylus gigas[11], Ascaris gigas renale.

Histoire de la découverte

Dioctophyme renale est connu depuis au moins 1583[12]. Presque deux siĂšcles plus tard, en 1782, Johann Goeze fait la premiĂšre description scientifique[13] de D. renale. La famille Dioctophymidae n'a qu'un seul genre (Dioctophyme), et le nom du genre (avec la possibilitĂ© d'ĂȘtre Dioctophyma) a Ă©tĂ© dĂ©battu pendant deux cents ans. Le problĂšme a finalement Ă©tĂ© rĂ©solu par la Commission Internationale de Nomenclature Zoologique en 1989.

En 2003, des Ɠufs de D. renale ont Ă©tĂ© dĂ©couverts dans six coprolithes du site nĂ©olithique de l'Arbon-Bleiche 3, en Suisse. Cet emplacement est situĂ© prĂšs d'un lac, qui a probablement fourni aux premiers humains l'accĂšs Ă  l'eau douce, les poissons et les grenouilles. Les Ă©chantillons ont Ă©tĂ© datĂ©s entre -3384 et -3370, et prouve que la prĂ©valence de cette infection Ă©tait plus Ă©levĂ©e au dĂ©but de l'histoire humaine, avant la mise au point des bonnes techniques de cuisson[14].

Présentation clinique

Les personnes ou animaux infectĂ©s prĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement des symptĂŽmes non spĂ©cifiques, y compris une hĂ©maturie (du sang dans les urines), une nĂ©phrite, des douleurs rĂ©nales, un gonflement rĂ©nal, et/ou une colique nĂ©phrĂ©tique (douleur intermittente dans la rĂ©gion des reins) due Ă  la rare migration des vers Ă  travers les uretĂšres. Dans certains cas, la fibrose survenant aprĂšs une infection parasitaire est dĂ©couverte fortuitement Ă  l'Ă©chographie ou Ă  la tomodensitomĂ©trie. Si elle est prise pour un cancer du rein, une nĂ©phrectomie radicale risque d'ĂȘtre rĂ©alisĂ©e[15].

Les vers adultes infectent souvent un seul rein (le droit). Le rein est dĂ©truit par fibrose. La dysfonction rĂ©nale est gĂ©nĂ©ralement limitĂ©e car l'autre rein compense. Cependant, l'inflammation du parenchyme peut conduire Ă  la mort dans des circonstances extrĂȘmes.

Transmission et cycle de vie

Cycle de vie de Dioctophyme renale (courtesy of CDC)

Le Dioctophyme renale adulte rĂ©side dans le rein (gĂ©nĂ©ralement le rein droit). Les femelles produisent des Ɠufs qui passent dans l'urine. Dans les milieux aquatiques, les Ɠufs dĂ©veloppent un embryon aprĂšs 15-100 jours. Ces Ɠufs sont ingĂ©rĂ©s par un oligochĂšte (ver) aquatique. Ils Ă©closent et pĂ©nĂštrent dans les vaisseaux sanguins, puis se dĂ©veloppent en trois stades larvaires. Un hĂŽte paratĂ©nique[16] (souvent un poisson ou une grenouille) peut alors ingĂ©rer l'oligochĂšte. Cet hĂŽte paratĂ©nique est ensuite consommĂ© par un hĂŽte dĂ©finitif, oĂč les jeunes pĂ©nĂ©trent la muqueuse intestinale et migrent vers le foie. AprĂšs une phase de maturation d'environ 50 jours, les juvĂ©niles migrent alors vers un rein (gĂ©nĂ©ralement le rein droit). AprĂšs maturation, ils peuvent vivre pendant cinq ans[17].

Les hĂŽtes dĂ©finitifs sont des mammifĂšres carnivores, notamment les visons[18] - [19], les grisons[20], les loups, les coyotes, les renards des savanes[21], les chiens[22], les ratons laveurs, les belettes, les ours, plus rarement les bƓufs, les porcs, et les humains.

La transmission à l'homme se produit généralement aprÚs l'ingestion de poissons d'eau douce ou de grenouilles crus ou pas assez cuits.

Morphologie

Ɠufs de Dioctophyme renale prĂ©sentant leur coquille caractĂ©ristique.

D. renale est le plus grand des nématodes à parasiter l'homme. L'adulte mùle mesure de 20 à 40 cm de long et de 5 à 6 mm de large; les femelles peuvent atteindre 103 cm de longueur avec une largeur de 10 à 12 mm. Ils sont rouge vif. Tant les extrémités antérieures que postérieures sont coniques. Les vers mùles ont une bursa, pour faciliter l'accouplement.

Les Ɠufs sont ellipsoĂŻdes de 60 Ă  80 micromĂštres x 39-47 micromĂštres, brunĂątres/jaunes, contiennent un embryon, et ont une Ă©paisse coquille perforĂ©e caractĂ©ristique.

Diagnostic

Le diagnostic dĂ©finitif se fait par l'identification des Ɠufs dans les urines du patient. Toutefois, l'historique du patient (c'est-Ă -dire si le patient a consommĂ© crus ou insuffisamment cuits des poissons d'eau douce) est une premiĂšre Ă©tape importante qui peut ĂȘtre couplĂ©e avec des examens radiologiques des reins. L'analyse d'urine va probablement montrer une hĂ©maturie. Les tests sanguins peuvent rĂ©vĂ©ler une Ă©osinophilie.

Thérapie

Probablement Ă  cause de la raretĂ© des cas humains, il n'existe pas de traitement standard pour l'infection chez les humains. Le seul traitement reconnu est l'exĂ©rĂšse chirurgicale des vers adultes ou du rein entier (nĂ©phrectomie)[23] dans les cas extrĂȘmes.

Un médecin aurait utilisé de l'Ivermectine pour traiter un patient, qui a été effectivement guéri. L'utilisation d'antihelminthiques n'a pas encore été évalué pour traiter cette infection.

ÉpidĂ©miologie

MĂȘme si D. renale est distribuĂ© dans le monde entier, bien que nettement moins frĂ©quent en Afrique et en OcĂ©anie, l'infection humaine est extrĂȘmement rare. Les rĂ©gions autour de la Mer Caspienne ont le plus grand nombre de cas, la plupart ayant eu lieu en Iran. Les infections sont communes dans les zones oĂč les poissons d'eau douce sont un pilier de l'alimentation.

Les infections non-humaines sont plus frĂ©quentes dans le monde entier, en particulier dans les zones de climat tempĂ©rĂ©. La prĂ©valence dans les populations de visons peut ĂȘtre Ă©levĂ©e, comme en Ontario ou au Minnesota. La prĂ©valence chez les carpes peut atteindre 50%.

Santé publique et stratégies de prévention

Aucune mesure de santé publique n'a été entreprise, ni aucun vaccin mis au point, à cause de la rareté de l'infection de l'homme. La simple pratique de bien cuire le poisson pourrait conduire à l'éradication de l'infection chez les humains.

Références

  1. Witold Stefanski et al., « Sur un cas de pĂ©nĂ©tration du strongle gĂ©ant dans le rein droit du chien », Annales de parasitologie,‎ , p. 55-60 (lire en ligne)
  2. Alcide Railliet, Traité de zoologie médicale et agricole, Paris, Asselin et Houzeau, , 1303 p. (lire en ligne), p. 419-424
  3. « Animal Parasitology », Kansas State University, (consulté le )
  4. « Urinary System Diseases, Animals » [archive du ], Parasitology Research & Encyclopedic Reference of Parasitology,
  5. « Homo sapiens diseases - Metazoa » [archive du ], Molecular Medicine,
  6. Philip E. S. Palmer et Maurice Reeder, « Kidney Worm: Dioctophymiasis and Eustrongylidiasis », Tropical Medicine Central Resource International Society of Radiology, sur Tropical Medicine Central Resource International Society of Radiology,
  7. Fengkun Yang, Weizhe Zhang, Baiyan Gong, Lan Yao, Aiqin Liu et Hong Ling, « A human case of Dioctophyma renale (giant kidney worm) accompanied by renal cancer and a retrospective study of dioctophymiasis », Parasite, vol. 26,‎ , p. 22 (ISSN 1776-1042, PMID 30963996, DOI 10.1051/parasite/2019023, lire en ligne AccĂšs libre)
  8. « Dioctophyme renale Infection in Bears (Parasitic Disease Summary) » [archive du ],
  9. N. S. Charisis et K. M. Vassalos, « An Introduction to FOODBORNE DISEASES & HACCP Systems » [archive du ], Mediterranean Zoonoses Control Center/World Health Organization,
  10. « Infectious Diseases », Gideon,
  11. (en) G. W. Morehouse, « Eustrongylus Gigas. », JAMA,‎ , XXX(13):717-718. (doi:10.1001/jama.1898.72440650025001h)
  12. (de + pl) JakĂłb Ɓukasiak, « Badania anatomiczne i rozwojowe nad Dioctophyme renale (Goeze 1782) = Anatomische und entwicklungsgeschichtliche Untersuchungen an Dioctophyme renale (Goeze 1782) », Archiwum Nauk Biologicznych Towarzystwa Naukowego Warszawskiego,‎
  13. (de) Johann August Ephraim Goeze, Versuch einer Naturgeschichte der EingeweidewĂŒrmer thierischer Körper, Blankenburg, Pape, (lire en ligne)
  14. (en) M. LeBailly, U. Leuzinger et F. Bouchet, « Dioctophymidae Eggs in Coprolites From Neolithic Site of Arbon-Bleiche 3 (Switzerland) », Journal of Parasitology, vol. 89,‎ , p. 1073–076 (ISSN 1937-2345, DOI 10.1645/ge-3202rn)
  15. (en) Ioannis Katafigiotis, Evangelos Fragkiadis, Christos Pournaras et Afrodite Nonni, « Case Report: A rare case of a 39-year-old male with a parasite called Dioctophyma renale mimicking renal cancer at the computed tomography of the right kidney », Parasitol Int., vol. 62, no 5,‎ , p. 459–60 (DOI 10.1016/j.parint.2013.06.007, lire en ligne)
  16. Lena N. Measures et Roy C. Anderson, « Centrachid Fish as Paratenic Hosts of the Giant Kidney Worm, Dioctophyma Renale (Goeze, 1782), in Ontario, Canada », Journal of Wildlife Diseases, vol. 21, no 1,‎ , p. 11–19 (DOI 10.7589/0090-3558-21.1.11, lire en ligne, consultĂ© le )
  17. « Giant Kidney Worm (Dioctophyme renale) in Dogs », PetEducation.com (consulté le )
  18. T. F. Mace, « Lessions in Mink (Mustela vision) Infected with Giant Kidney Worm (Dioctophyma renale) », Journal of Wildlife Diseases, vol. 12, no 1,‎ , p. 88–92 (DOI 10.7589/0090-3558-12.1.88, lire en ligne, consultĂ© le )
  19. (en) L. David Mech et Shawn P. Tracy, « Prevalence of Giant Kidney Worm (Dioctophyma renale) in Wild Mink (Mustela vison) in Minnesota », The American Midland Naturalist, vol. 145, no 1,‎ , p. 206–09 (DOI 10.1674/0003-0031(2001)145[0206:pogkwd]2.0.co;2, JSTOR 3083096)
  20. D. M. Barros, M. L. Lorini et V. G. Persson, « Dioctophymosis in the Little Grison (Galictis cuja) », Journal of Wildlife Diseases, vol. 26, no 4,‎ , p. 538–39 (DOI 10.7589/0090-3558-26.4.538, lire en ligne, consultĂ© le )
  21. Carlos Torres Ribeiro, Guilherme Gomes Verocai et Luiz Eduardo Roland Tavares, « Dioctophyme renale (Nematoda, Dioctophymatidae) Infection in the Crab-eating Fox (Cerdocyon thous) from Brazil », Journal of Wildlife Diseases, vol. 45, no 2,‎ , p. 248–50 (DOI 10.7589/0090-3558-45.1.248, lire en ligne, consultĂ© le )
  22. (en) Tizianne Larissa Duim Ribeiro Nakagawa, Ana Paula Frederico Rodrigues Loureiro Bracarense, Antonio Carlos Faria Dos Reis et Milton Hissashi Yamamura, « Giant kidney worm (Dioctophyma renale) infections in dogs from Northern ParanĂĄ, Brazil », Veterinary Parasitology, vol. 145, nos 3-4,‎ , p. 366–70 (DOI 10.1016/j.vetpar.2006.10.027, lire en ligne)
  23. (en) I Ignjatovic, I Stojkovic, C Kutlesic et S Tasic, « Infestation of the Human Kidney with Dioctophyma renale », Urologia Internationalis, vol. 70, no 1,‎ , p. 70–73 (DOI 10.1159/000067695, lire en ligne)
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