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Daniel Sarrabat

Daniel Sarrabat, né à Paris, et baptisé à Charenton le et mort à Lyon le , est un peintre français.

Daniel Sarrabat
Hercule apporte à Eurysthée la ceinture de la reine des Amazones par Daniel Sarrabat.
Naissance
Décès
Période d'activité
Activité
Lieux de travail
Fratrie
Suzanne Sarrabat (d)
Isaac Sarrabat
Distinctions

Biographie

Daniel Sarrabat est issu d'une famille d'artistes et de savants. Fils de Charles Sarrabat, maître horloger, et de Suzanne Thuret, il est le père du physicien et mathématicien jésuite Nicolas Sarrabat et le frère du graveur Isaac Sarrabat. Formé à Paris comme peintre d'Histoire, il devient professeur et part en 1688 en Italie avec une bourse d'études attribuée par Louis XIV sur la recommandation de Louvois. Deuxième lauréat du prix de Rome en peinture de 1688, il passe cinq ans à l’Académie de France à Rome. Il y exécute de nombreuses copies de Raphaël. À la fin de son séjour il obtient le premier prix de Rome pour son œuvre Noé et sa famille sortant de l'Arche.

Le jugement cruel du peintre Pierre Mignard sur l'un de ses « tableaux d'invention » en 1693 le détermine à quitter le milieu de l'Académie romain[1]. Dans sa lettre, destinée à Colbert, Mignard rend compte, le 12 décembre 1693, de l'examen d'un tableau envoyé par Daniel Sarabat, représentant le changement d'Io en vache. « Celuy qu'il a fait ne colore pas mal; le desseing en est fort débille; la situation du lieu, qui est propement le font de son tableau, est pressé. Il ne comprend rien de l'espasse. Pour estre dans le peis où l'on voit des palmiés, il en a fait un qui semble un panache que l'on met sur la teste d'un mulet. Il faut sur tout qui ne s'acoutume pas affaire cest drasperies de practique, voir le naturel et mesme, si ce peut, varié les estoffes, prendre bien garde au testes. Il y a qattre femmes dans son tableau; une est veue par derire (derrière) et trois de profils.

C'est les endrois qui faut varié. La décoration ni est pas obeservée. L'on ne met jamais un fleuve empied que qand il cour après Arétusze. Le chois de sont subjet est obesqure. Qui s'acoustume à fini davantage. Ils onts de si beaux tableaux qui n'i a qu'à suivre et imité. Qui voye une fois la semainne le tableau de la Sainte Cécille d'après Rafaël ou celuy de Saint Pietro in Montorio. L'on voy qui n'a dans son esperit que les peintres du temps qui sont à Rome, ce qui fait cognoistre qui néglige les ensiens. »

Pierre Mignard indique à Colbert qu'il devra écrire sur cet élève à M. de la Teulière (directeur de l'Académie de France depuis 1687).

Daniel Sarrabat s'installe à Lyon, à son retour de Rome, fin 1694 ou début 1695[2]. Selon Rondot[3], citant F. Artaud, « Sarrabat, peintre d'histoire, revenant de Rome, s'arrêta à Lyon pour le même motif que Vander Kable [Adrien Van der Kabel], pour boire. Il fit le portrait de M. Jousserand [sans doute Josserand] pressant une grappe de raisin dans un verre ; il avait mis au bas : Le jus sa rend. Ce portrait était fort beau. Il était à la place des Jacobins. »

La mort de Thomas Blanchet en 1689 et le départ de Lyon de Louis Cretey favorise Daniel Sarrabat, qui se sédentarise à Lyon. Il s'y marie le avec Jeanne Marie de Hainaut, fille du peintre Antoine de Hainaut (ou Hénaut), après avoir abjuré le calvinisme.

Maître et député des peintres lyonnais en 1697, 1705 et 1721, il est reçu à l'Académie Royale le .

Daniel Sarrabat puise ses sujets dans l'Histoire, la Mythologie et la Bible.

Pendant cinquante ans il ne cesse de peindre et compte de prestigieux élèves, tels Philippe de la Salle, l'un des plus grands dessinateurs de la soierie lyonnaise ou Jean Pillement, un des grands représentants du mouvement rococo à travers l’Europe, et dont "Sarrabat se servoit pour les ornements"[4].

Travailleur infatigable, "et bien plus ami de son art que de l'argent", Daniel Sarrabat est mort à la Charité de Lyon le : « Sieur Daniel de Sarrabat, âgé de 82 ans, natif de Paris, peintre, a été receu au nombre des pensionnaires de l'Hôtel-Dieu en et y est décédé le . (Signé :) J. C. Prin, prêtre[3].»

De son mariage avec Jeanne Marie de Haynaut, il eut 9 enfants, dont Nicolas Sarrabat (1698-1737), jésuite astronome et mathématicien.

Ĺ’uvres

  • Premier prix de Rome pour son Ĺ“uvre NoĂ© et sa famille sortant de l'Arche.
  • AcadĂ©mie de France Ă  Rome. 1692 : Changement d'Io en vache
  • Lyon. Portrait de M. Jousserand [sans doute Josserand] pressant une grappe de raisin dans un verre
  • D'après un article rĂ©digĂ© sur Daniel Sarrabat en 1827[5], les deux premières commandes lyonnaises du peintre ont Ă©tĂ© faites pour l'ancienne chapelle des PĂ©nitents de la misĂ©ricorde : deux grands tableaux reprĂ©sentant l'un la DĂ©livrance de Saint Pierre, et l'autre, celle du prophète Daniel.

D'après la même source, on doit également à Daniel Sarrabat à Lyon :

  • DiffĂ©rents tableaux inclus dans les lambris de l'ancienne chapelle des congrĂ©ganistes de St-Joseph,
  • Les peintures Ă  fresque qui dĂ©coraient le rĂ©fectoire des RĂ©collets, construit en 1706, ainsi qu'un grand tableau reprĂ©sentant la multiplication des pains, qui remplissait le fond de ce rĂ©fectoire.
  • Un MoĂŻse ordonnant aux IsraĂ©lites de fondre le veau d'or, dans la chapelle de St-Eloy, appartenant Ă  la communautĂ© des tireurs d'or, dans l'ancienne Ă©glise des Jacobins.
  • Une Purification de la Vierge et une Circoncision[6] dans l'ancienne chapelle des pĂ©nitents du Confalon, ainsi que les dessins de l'Assomption, un groupe en marbre sculptĂ© par Michel Perrache, et des grisailles, placĂ©es au-dessous du groupe, reprĂ©sentant les ApĂ´tres autour du tombeau de la Vierge.
  • Une RĂ©surrection dans l'Ă©glise des Carmes dĂ©chaussĂ©s
  • Vers 1700, Emmanuel ThĂ©odose de la Tour d'Auvergne, cardinal de Bouillon, en exil Ă  Lyon dans sa maison de la Claire, envisage de quitter Lyon pour se rendre Ă  Rome. Il propose Ă  Daniel Sarrabat de l'accompagner, mais ce dernier refuse. Mais afin de montrer au cardinal de Bouillon sa bonne volontĂ©, il se rend avec lui Ă  Cluny, oĂą il exĂ©cute un immense tableau reprĂ©sentant l'ouverture de la porte sainte, et dans lequel Sarrabat donne au cardinal les traits du pape Innocent XII, alors malade.

Daniel Sarrabat s'est également distingué dans la décoration intérieure de différentes maisons :

  • L'hĂ´tel de du prĂ©sident de la Tourette, rue Boissac, dans le vestibule duquel il peignit, en grisaille, trois dessus de porte reprĂ©sentant PersĂ©e venant de couper la tĂŞte Ă  MĂ©duse et la naissance du cheval PĂ©gase. Sur le plafond du vestibule, peinte Ă  l'huile, une vaste composition reprĂ©sente la Justice avec tous ses attributs ; elle est assise sur un nuage et tient une balance Ă  la main ; Ă  ses cĂ´tĂ©s sont la VĂ©ritĂ©, la Prudence et la Sagesse ; au-dessous d'elle est la Vengeance, le glaive au poing, renversant diffĂ©rents monstres armĂ©s de poignards et de torches incendiaires. Cette composition, qui prĂ©sente environ une quinzaine de figures, Ă©tait encore visible en 1827. L'hĂ´tel Ă©tait Ă©galement ornĂ© de plusieurs tableaux de chevalet de la main de Sarrabat.
  • Le vestibule de la maison de Melchior Philibert Ă  Charly (RhĂ´ne).
  • La maison Antony, dans la commune d'Albigny sur SaĂ´ne (actuelle "Maison de l'Accueil"), autrefois propriĂ©tĂ© de la famille de Sève. Ce domaine, qui s'Ă©tendait sur trois hectares jusqu'en bordure de SaĂ´ne, fĂ»t d'abord la propriĂ©tĂ© de Jean de Sève, prĂ©vĂ´t des marchands de Lyon, puis de Thomas de Boze, trĂ©sorier de France, qui commanda vers 1710 les fresques du salon d'apparat Ă  Daniel Sarrabat. Dans la salle Ă  manger, Sarrabat a peint des grisailles, reprĂ©sentant les quatre saisons, et dans la chapelle Ă  l'extrĂ©mitĂ© du jardin, un plafond oĂą est reprĂ©sentĂ©e L'Ascension de notre Seigneur. Dans le salon, six fresques reprĂ©sentant l'histoire d'Esther : AssuĂ©rus venant de rĂ©pudier la reine Vasthi, et s'occupant de choisir une Ă©pouse parmi les plus belles personnes de son empire. La jeune Esther prĂ©sentĂ©e Ă  AssuĂ©rus, et recevant la couronne des mains de ce prince. La reine Esther venant demander Ă  son Ă©poux de rapporter l'affreux Ă©dit rendu contre les Juifs, sur la proposition du cruel Aman. AssuĂ©rus demandant Ă  Aman ce qu'il convient de faire pour traiter avec distinction un homme que le roi dĂ©sire combler d'honneurs. Le juif MardochĂ©e montĂ© sur un superbe coursier que l'orgueilleux Aman est obligĂ© de conduire par la bride. Le supplice d'Aman.
  • L'hĂ´tel de SĂ©nozan (actuel hĂ´tel de l'Europe), place Bellecour, entre 1718 et 1720[7]. Daniel Sarrabat peint pour François Olivier de Senozan le plafond du premier cabinet, reprĂ©sentant le Triomphe d’Hercule accueilli dans l’Olympe, et six tableaux sur toile retraçant les principaux Ă©pisodes de vie du dieu. Dans le "cabinet de Minerve", deux Ĺ“uvres sur toile : La naissance de Minerve et Minerve et Vulcain. Le plafond rĂ©unit trois scènes : Minerve reçue par les Muses, La toilette de Minerve, et Le combat de Minerve contre les Titans. L’ensemble des huit Ĺ“uvres sur toile (les six du cycle d'Hercule, et les deux du cycle de Minerve) n’est pas toujours restĂ© Ă  l’HĂ´tel de l’Europe qui n’a gardĂ© longtemps qu’une seule de ces Ĺ“uvres, Hercule apportant Ă  EurysthĂ©e la ceinture de la reine des Amazones. Parmi les sept autres, dĂ©placĂ©es et conservĂ©es au château de Pizay Ă  Saint-Jean d’Ardières (69) au cĹ“ur du Beaujolais, les cinq du cycle d’Hercule (Naissance d’Hercule, Éducation d’Hercule, Hercule offrant ses armes Ă  Mercure, Enlèvement de DĂ©janire par le centaure Nessus) ont Ă©tĂ© remises Ă  l’HĂ´tel de l’Europe lors de la campagne de restauration de 1995. Les deux de Minerve seraient toujours au Pizay[8].
  • Au premier Ă©tage d'une maison situĂ©e rue St-Dominique Ă  Lyon, un plafond peint Ă  l'huile reprĂ©sentant le lever du soleil, sous la figure d'Apollon.
  • La galerie du château de la Duchère. EndommagĂ©e pendant le siège de Lyon en 1793 et l'arrivĂ©e des troupes autrichiennes, en 1814, cette galerie a Ă©tĂ© dĂ©truite dans les annĂ©es 1815-1825.

Collections publiques

  • Saint Nicolas dote les trois jeunes filles pauvres, huile sur toile, musĂ©e de Grenoble
  • Hercule reçu dans l’Olympe, Darmstadt, Hessisches Landemuseum, Graphische Sammlung, dessin Ă  la sanguine, ancienne collection de Pierre-Jean Mariette
  • Six tableaux dĂ©diĂ©s Ă  Marie-Madeleine conservĂ©s dans l'Ă©glise de Thoissey : Marie-Madeleine chez le Pharisien (1706), Marie-Madeleine aux pieds de JĂ©sus (1706), Marie-Madeleine parlant Ă  JĂ©sus (1706), Le Repas chez Simon le lĂ©preux (1713), La RĂ©surrection de Lazare (1713), Les Saintes Femmes au SĂ©pulcre (1713)
Noé rendant grâce à dieu d'avoir échappé au déluge, (1688), musée des Beaux-Arts de Lyon.

Notes et références

  1. Étienne Charavay et Charles Edouard Jules Fernand Calmettes, Lettres autographes composant la collection de M. Alfred Bovet, décrites par Étienne Charavay. Ouvrage imprimé sous la direction de Fernand Calmettes, Paris, (lire en ligne), p. 536. Lettre de Pierre Mignard à Colbert, marquis de Villacerf, surintendant général des bâtiments du Roi. Paris, 12 décembre 1693.
  2. Philippe Dufieux et Jean-Christophe Stuccilli, L'Art de Lyon, Paris, Éditions Place des Victoires, , 419 p. (ISBN 978-2-8099-1438-2), p. 241
  3. Natalis Rondot, Les peintres de Lyon du XIVe au XVIIIe siècle, Paris, impr. de E. Plon, Nourrit et Cie, (lire en ligne)
  4. Pernetti, Recherches pour servir à l’histoire de Lyon ou les Lyonnois dignes de mémoire, T. II, Lyon, chez les frères Duplain, 1757, p. 284-288.
  5. [Passeron, Jean-Sébastien], "Notice sur Daniel Sarabat", in Archives historiques et statistiques du département du Rhône, T. VI, 1er mai- 30 octobre 1827, Lyon, J. M. Barret, 1827, p. 77-86.
  6. Thierry Reynard, La chapelle des pénitents du Confalon de Lyon : genèse d’une construction (1614-1637), vol. 80, t. I, Histoire de l’art, (lire en ligne)
  7. Philippe Dufieux et Jean-Christophe Stuccilli, L'Art de Lyon, Paris, Editions Place des Victoires, , 419 p. (ISBN 978-2-8099-1438-2), p. 242-243.
  8. HĂ´tel de l'Europe

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