Philippe de la Salle
Philippe de la Salle ou Philippe de Lasalle est un dessinateur-ornemaniste français né à Seyssel le et mort à Lyon le . Dessinateur de motifs pour le tissage de la soie, il est également inventeur et acquiert un grand prestige international.
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(Ă 80 ans) Lyon |
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Biographie
Naissance et formation
Philippe de la Salle est le fils d'un fonctionnaire de l'administration des finances. Orphelin à un an, il arrive à Lyon à l'âge de 14 ans chez l'un de ses oncles. Il entre en apprentissage chez le peintre Daniel Sarrabat, cité en 1751 parmi les peintres lyonnais capables de former les dessinateurs en soieries[1] (l'éducation artistique était souvent conçue à Lyon dans une optique utilitaire[2]). Après quelques années il part compléter sa formation dans divers ateliers parisiens : tout d'abord chez deux peintres de l'Académie, François Boucher et Jean-Jacques Bachelier, peintre de fleurs, puis à la Manufacture des Gobelins et à la Savonnerie.
Arrivée à Lyon et œuvre au sein de la Fabrique
Il revient à Lyon en 1744 et accroît ses connaissances techniques, nécessaires aux dessinateurs de soieries, surtout la mise en carte, un travail qui consiste à reproduire le dessin sur un quadrillage pour l'exécution sur le métier. Il se lie avec le fabricant Charryé dont il épouse la fille en 1748[3]. Il s'installe rue Sainte-Catherine et a pour voisin un autre grand dessinateur et inventeur : Jean Revel[a 1]. En 1760, il devient professeur de dessin pour les élèves de la « Grande Fabrique »[a 1].
Dessinateur, mais aussi fabricant et commerçant en soie, il s'intéresse à tout ce qui peut aider à surmonter la crise du secteur soyeux. Ainsi, dans le souci de proposer des produits à une clientèle moins fortunée, il demande au conseil de commerce de Paris l'autorisation de fabriquer des tissus avec du fil doré et non en or, pour diminuer leur coût de revient. Cette production est interdite pour lutter contre les contrefaçons et rassurer la clientèle, mais La Salle propose de le permettre en contrôlant les fabricants et en apposant une marque pour garantir qu'un vêtement est fait en fil d'or ou fil doré. Cela lui est refusé[ai 1].
Ĺ’uvres techniques et artistiques
Rénovateur du tissage des soies brochées, il donne à la fabrique lyonnaise son prestige. Technicien de génie, il apporte certains perfectionnements ingénieux au métier à tisser (il perfectionne notamment le métier à grande tire[1]), lorsque sa formation artistique lui permet de bien maîtriser la mise en carte : ses dessins deviennent alors d’une variété et d'une réussite esthétique extraordinaire (son art tend à l'expression réaliste de la nature). Il est le premier à concevoir l'idée d'étoffes pour le meuble, une caractéristique des tissus de l’époque Louis XVI.
Le style lyonnais étend sa notoriété et La Salle devient vite le fournisseur de la famille royale ; sa notoriété dépasse les frontières de France et les cours d'Europe lui passent d’importantes commandes. Il meuble la chambre de Louis XVI à Saint-Cloud et réalise la soierie de l'appartement de souveraines à Fontainebleau et les tentures pour les appartements de Marie-Antoinette, il produit pour Catherine II de Russie des portraits ainsi qu'une tenture de l'Annexion de la Crimée par la Russie en 1783. Il se lie d'amitié avec de nombreuses personnalités des milieux éclairés, notamment Trudaine de Montigny, Turgot, Voltaire[a 1].
Couvert d'honneurs et anobli, il est pensionné du roi avec le cordon de l'ordre royal de Saint-Michel. Sa carrière n'évolue plus après la Révolution à cause de la récession économique et l'effondrement de la Fabrique : il meurt à Lyon en 1804.
DĂ©dicaces
Ses œuvres sont exposées dans une salle qui lui est consacrée au Musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon[4]. Il est aussi représenté sur la Fresque des Lyonnais à l'angle du 49 quai Saint-Vincent et du 2 rue de la Martinière[5]. Dans le 4e arrondissement lyonnais, la rue Philippe-de-Lassalle lui rend hommage, elle portait jusqu'en 1909 le nom de rue Saint-Pothin[6](et en 1909, quand la ville de Lyon devient propriétaire du terrain de l’ancien « séminaire » Saint Pothin sur la même rue, ce dernier est aussi rebaptisé « clos Philippe de la Salle »)[7].
Notes et références
- Hilaire-PĂ©rez 2000, p. 76.
- Poni 1998, p. 591.
- « Philippe de Lasalle », Encyclopædia Universalis (lire en ligne)
- « Lyon », Encyclopédie Larousse (lire en ligne)
- (en) « Philippe de Lasalle », belovedlinens.net (voir et lire en ligne)
- « Rue Philippe de Lassalle », ruesdelyon.net (voir et lire en ligne)
- « La fresque des Lyonnais », slideshare.net (lire en ligne)
- Louis Maynard, Rues de Lyon, avec indications de ce qu'on peut y remarquer en les parcourant, Ă©ditions des traboules
- « Sainte-Élisabeth », ensemble paroissial de la Croix-Rousse (lire en ligne)
Bibliographie
- Liliane Hilaire-Pérez, L'invention technique au siècle des Lumières, Paris, Albin Michel, coll. « L'évolution de l'humanité », , 447 p. (ISBN 2-226-11537-4, BNF 37186181)
- Carlo Poni, « Mode et innovation : les stratégies des marchands en soie de Lyon au XVIIIe siècle », Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. 45, no 3,‎ , p. 589 à 625 (ISSN 0048-8003)
- Bernard Tassinari, La soie à Lyon ; De la Grande Fabrique aux textiles du XXIe siècle, Éditions lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2005, Lyon, 255 p., (ISBN 2 84147 151 9)
- Jean-Jacques Boucher, Arts et techniques de la soie,
- Anne Marie Wiederkehr, Le dessinateur pour les étoffes d'or, d'argent et de soie, doctorat 3e cycle, Université de Lyons I, 1981, 652 p.
- (en) Daryl M. Hafter, Philippe de Lasalle : From Mise-en-carte to Industrial Design, Winterthur portfolio, 1977
- (en) Lesley Ellis Miller, THE MARRIAGE OF ART AND COMMERCE: PHILIPPE DE LASALLE'S SUCCESS IN SILK dans Art History, Volume 28,
- (en) G. L. Hunter, Philippe de Lasalle: The Raphael of Silk Design, Dean-Hicks Co, 1921
- (en) L.E.Miller, Designers in the Lyons Silk Industry 1712-1787, PhD thesis, 1988, Brighton Polytechnic
- Société des amis des arts de Lyon, Portraits d'artistes lyonnais gravés par les lauréats des concours de la Société, Imprimerie Louis Perrin et Marinet, Lyon, 1872. On y trouve le Portrait de Philippe de la Salle gravé sur cuivre par Joseph Soumy d'après Jean-Jacques de Boissieu.