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Rue Sainte-Catherine (Lyon)

La rue Sainte-Catherine est une voie publique au pied des pentes de la Croix-Rousse dans le 1er arrondissement de Lyon, en France.

Rue Sainte-Catherine
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Situation
CoordonnĂ©es 45° 46′ 05″ nord, 4° 49′ 59″ est
Ville Lyon
Arrondissement 1er
Quartier Pentes de la Croix-Rousse
DĂ©but Rue Terme
Fin Rue Romarin
Morphologie
Type Rue
Histoire
Protection Site du centre historique
Site du patrimoine mondial
GĂ©olocalisation sur la carte : Lyon
(Voir situation sur carte : Lyon)
Rue Sainte-Catherine

Situation

La rue Sainte-Catherine, d'axe Est-Ouest, est parallèle à la place des Terreaux (vers laquelle partent d'ailleurs de nombreuses traboules à travers les immeubles, dont la plupart ont été récemment bouchées). Elle est donc en plein cœur du centre historique de Lyon, débouchant sur l'Hôtel de ville de Lyon.

Cette situation est relativement insolite, car il est rare qu'une rue à la réputation aussi sulfureuse se trouve aussi proche de la mairie centrale d'une grande ville, à deux pas des plus riches quartiers commerçants (rue Édouard-Herriot, grande rue de la République...), de l'opéra et du musée des beaux-arts. C'est là un paradoxe en fait très représentatif de l'esprit du quartier des pentes de la Croix-Rousse, dont la rue Sainte-Catherine constitue la frontière naturelle, étant la première rue « plate » au bas des pentes. Cela en fait l’alter ego géographique du Boulevard de la Croix-Rousse, qui est pour sa part la première artère du plateau.

Histoire

En 1680, est attestée une rue et une place Sainte-Catherine, du nom d'un établissement de soin accueillant les orphelines situé sur cette place. À l'angle des rues d'Algérie et Sainte-Marie-des-Terreaux, une statue de Catherine d'Alexandrie, sculptée en 1866 par Joseph-Hugues Fabisch pour remplacer une œuvre du XVIIe siècle, rappelle également le souvenir de cet hôpital dépendant de l'hôpital de la Charité de Lyon[1]. Au fil des siècles, plusieurs noms furent en vigueur (marché du Fillet, place du Fil, place Neuve-des-Carmes, rue du Forès) et une autre rue Sainte-Catherine est attestée en 1831 dans le 4e arrondissement (actuelle rue Charles-François-Lebrun). Il existait également une petite rue Sainte-Catherine et une grande rue Sainte-Catherine. Le , la petite rue Sainte-Catherine devient la rue Jean-François-Terme et l'actuelle rue Sainte-Catherine reçoit son nom définitif. La place Sainte-Catherine a été absorbée par la rue du même nom[2].

Rafle de la rue Sainte-Catherine

L'Union générale des israélites de France (UGIF), organisme créé par le gouvernement de Vichy dans le but de contrôler la communauté juive de France dispose durant la Seconde Guerre mondiale d'un bureau d'œuvres sociales au numéro 12 de la rue. L'association, bien qu'étroitement contrôlée par les autorités est parvenue à développer un réseau d'entraide précieux pour la communauté[3]. De nombreux Juifs de Lyon fréquentent les locaux de la rue Sainte-Catherine à la recherche d'un soutien médical ou d'une aide matérielle. Il est possible par le biais de cette association de rencontrer des militants qui fournissent de faux papiers et organisent des passages en Suisse[3].

Le , la Gestapo dirigée à Lyon par Klaus Barbie monte un piège. Ce jour-là, tous ceux qui se présentent au numéro 12, bénévoles de l'association, militants clandestins et assistés sont interpellés. À la fin de la journée, 84 personnes ont été arrêtées et sont internées au camp de Drancy puis envoyées dans les camps d'extermination de l'Allemagne nazie. Seules quatre en reviendront[3].

Lors du procès de Klaus Barbie en 1987, cette rafle fait partie des charges importantes retenues contre lui. Le travail de l'avocat Serge Klarsfeld permet d'identifier l'ensemble des victimes parmi lesquelles figure Simon Badinter, le père de Robert Badinter, ministre de la Justice français et instigateur de l'abolition de la peine de mort[3]. Rachmil Szulklaper, l'un des survivants de la rafle peut témoigner lors du procès :

« À l'époque, je faisais partie de la Fédération des sociétés juives de France, qui avait pour activité clandestine de faire passer des enfants en Suisse. Pour cette activité, j'ai profité des locaux de l'UGIF, 12 rue Sainte-Catherine à Lyon. C'est pourquoi je me trouvais là, le , lorsqu'a eu lieu la rafle.
Vers le milieu de la matinée, six ou sept hommes en civil et armés de la Gestapo allemande accompagnés de SS ont pénétré dans les locaux de l'U.G.I.F. en criant en allemand de mettre les mains en l'air. Ils ont pris nos papiers d'identité et nous ont groupés dans un coin d'une pièce, sous la garde de gens armés.
Au début, nous n'étions pas nombreux, mais au fur et à mesure les juifs qui arrivaient se faisaient prendre comme nous. Ils venaient au siège de l'UGIF pour recevoir des aides diverses. Les Allemands s'assuraient que nous étions juifs pour procéder à nos arrestations. Mon frère Victor et deux autres personnes qui possédaient de faux papiers d'identité ont été relâchés. Ceci prouve bien qu'il s'agit d'un crime racial »

— Rachmil Szulklaper, procès Barbie[3]

Histoire récente

Après guerre, tout le quartier des pentes de la Croix-Rousse se paupĂ©rise du fait de la crise de l'industrie de la soie[4]. Le quartier du bas des pentes (parfois appelĂ© « quartier Sainte-Catherine Â») devient mal famĂ©, haut lieu de la prostitution, des trafics en tous genres, des bars plus ou moins clandestins et des bandes de dĂ©linquants. Le « Gang des Lyonnais Â» fera notamment de la rue Sainte-Catherine un de ses repères, en particulier le bar Le ChambĂ©ry, dont le propriĂ©taire sera abattu sur place en 1977. Le centre nĂ©vralgique du monde de la nuit fut d'abord la rue RenĂ© Leynaud, mais il se dĂ©place progressivement vers la rue Sainte-Catherine au cours des annĂ©es 80. La rue Sainte-Catherine devient Ă  partir de cette Ă©poque l'un des lieux emblĂ©matiques des pentes de La Croix-Rousse, cĂ©lèbre pour ses nombreux bars et pubs (l’Abreuvoir, le Shamrock, le Perroquet BourrĂ©, l’Albion - fondĂ© en 1982 et premier pub irlandais de Lyon -, le Douala...), cerclĂ©s de kebabs et d'Ă©piceries de nuit. Elle doit aussi sa rĂ©putation Ă  son ambiance populaire et festive, fruit d'une importante mixitĂ© culturelle et sociale.

C'est aussi la situation de la rue qui lui a valu ses cĂ©lèbres et nombreux bars, puisque sa position centrale permettait de drainer une importante population venue autant de La Croix-Rousse (pentes comme plateau) que de la presqu'Ă®le, ainsi que de Saint-Jean et Saint-Paul (par le pont La FeuillĂ©e jetĂ© sur la SaĂ´ne) et du 6e arrondissement, par le pont Morand. L'arrĂŞt de mĂ©tro « HĂ´tel de Ville » constitue de surcroĂ®t le nĹ“ud entre les lignes A et C, et de nombreux bus desservent jusqu'Ă  une heure assez avancĂ©e ce quartier, permettant Ă  la rue Sainte-Catherine d'ĂŞtre beaucoup plus active la nuit que la journĂ©e, et mĂŞme frĂ©quemment complètement engorgĂ©e de monde au beau milieu de la nuit : c'est pourquoi elle est familièrement appelĂ©e par les lyonnais la « Rue de la Soif Â»[5].

Situation contemporaine

Dans le cadre de la dĂ©cision de rĂ©novation du quartier des pentes (passage Thiaffait, montĂ©e de la Grand'cĂ´te, esplanade, Gros Caillou...), la prĂ©fecture de Lyon a signĂ© un arrĂŞtĂ© le obligeant tous les bars du quartier Sainte-Catherine Ă  « ĂŞtre fermĂ©s Â» Ă  1h du matin, au lieu de « fermer Â» Ă  3h auparavant[5]. Ă€ la suite de cet arrĂŞtĂ© et d'une sĂ©rie d'autres mesures de plus en plus restrictives prises par les pouvoirs locaux, il semblerait que l'ambiance de la rue Sainte-Catherine tende Ă  Ă©voluer progressivement vers un apaisement et un embourgeoisement relatifs[6], tĂ©moins les fermetures de bars[7], les rĂ©centes rafles de dealers et la transformation de certains bars en pubs plus respectables pour une jeunesse plus sage, notamment le Shamrock[5].

L'interdiction de fumer dans les bars et la hausse du prix des consommations ont certainement aussi jouĂ© un rĂ´le important dans cette Ă©volution, et Ă  l'image de tout le « quartier Sainte-Catherine Â», la rue n'a dĂ©sormais plus rien Ă  voir avec le lieu agitĂ© qu'elle a pu ĂŞtre jusqu'au milieu des annĂ©es 90[5].

  • L’extrĂ©mitĂ© Ouest de la rue, de jour.
    L’extrémité Ouest de la rue, de jour.
  • L’extrĂ©mitĂ© est de la rue, le soir.
    L’extrémité est de la rue, le soir.
  • Plaque commĂ©morant la crĂ©ation d'un syndicat fĂ©minin en 1899 par Marie-Louise Rochebillard, au 13 de la rue.
    Plaque commémorant la création d'un syndicat féminin en 1899 par Marie-Louise Rochebillard, au 13 de la rue.
  • La statue de Sainte Catherine d'Alexandrie par Joseph-Hugues Fabisch.
  • Plaque commĂ©morative de la rafle de la rue Sainte-Catherine.
    Plaque commémorative de la rafle de la rue Sainte-Catherine.

Notes et références

  1. Ville de Lyon.
  2. Maurice Vanario, Rues de Lyon à travers les siècles, ELAH, Lyon, 2002, p. 262
  3. Bernard Collonges, Le Quartier des Capucins, p. 80-81.
  4. Bernadette Angleraud et catherine Pellissier, Les dynasties lyonnaises : Des Morin-Pons aux Mérieux du XIXe siècle à nos jours, Paris, Perrin, , 830 p. (ISBN 2-262-01196-6, BNF 39094071).
  5. Rue Sainte-Catherine : baisse de la criminalitĂ© et des « affaires Â», article sur le site Guide de Lyon.
  6. voir notamment ce reportage de TLM sur le sujet.
  7. Le Chambéry a notamment été fermé définitivement, après avoir été la couverture de plusieurs organisations criminelles (la première affaire remontant au gang de Guy Reynaud).

Voir aussi

Bibliographie

  • Maurice Vanario, Rues de Lyon Ă  travers les siècles, ELAH, Lyon, 2002
  • Bernard Collonges, Le Quartier des Capucins : Histoires du Bas des Pentes de la Croix-Rousse, Lyon, AlĂ©as, , 115 p. (ISBN 2-84301-100-0)

Articles connexes

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