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Place des Terreaux

La place des Terreaux est une place située dans le 1er arrondissement de Lyon, en France. Place centrale au nord de la Presqu'île entre le Rhône et la Saône au pied de la colline de la Croix-Rousse, elle est bordée par deux monuments emblématiques de la ville, l'hôtel de ville sur le flanc est et le musée des Beaux-Arts sur le flanc sud. Au centre nord de cet espace se trouve la fontaine Bartholdi.

Place des Terreaux
Voir la photo.
La place des Terreaux avec la fontaine Bartholdi et l'HĂ´tel de Ville de Lyon.
Voir la plaque.
Situation
CoordonnĂ©es 45° 46â€?nbsp;03â€?nbsp;nord, 4° 50â€?nbsp;01â€?nbsp;est
Ville Lyon
Arrondissement 1er
Quartier Les Terreaux
DĂ©but Rue Romarin
Fin Rue Édouard-Herriot
Morphologie
Type Place fermée
Forme Rectangulaire
Histoire
Création XVIIe siècle
Anciens noms Place de la Liberté
Monuments HĂ´tel de ville
Fontaine de Bartholdi
Musée des beaux-arts
Fontaines de Buren
Protection En partie inscrite et classée monument historique
Site du centre historique
Site du patrimoine mondial

Situation et accès

La place des Terreaux est bordée :

  • Ă  l'est par l'hĂ´tel de ville
  • au sud par le palais Saint-Pierre ou musĂ©e des beaux-arts
  • Ă  l'ouest par un Ă©difice traversĂ© par une galerie, autrement appelĂ© « massif des Terreaux », dĂ» Ă  l'architecte FrĂ©dĂ©ric Giniez (1813-1867).
  • au nord par des bâtiments rĂ©sidentiels marquant le dĂ©but des pentes de la Croix-Rousse datĂ©s principalement des 17 et 18e siècles.

Origine du nom

L’origine communément admise est que le nom « Terreaux » vient du latin « Terralia » signifiant fossé et qu'un fossé s'est trouvé ici jusqu'au XVIe siècle. Une autre origine parle de la terre ayant servi à creuser ces fossés (la "terre pleine d'eau") et c'est cette butte qui serait restée dans les mémoires.

Histoire

Extrait du plan scénographique de Lyon de 1548

La muraille d’avant la place

En 1206, les associations de marchands lyonnais se heurtent à l’archevêque Renaud II de Forez qui ne respecte pas la charte signée en 1195 en violant les accords pris en matière de taxe sur les marchandises. Pour protéger le bourg Saint-Nizier du pouvoir ecclésiastique, les bourgeois lyonnais décident alors d'élever une muraille au pied de la colline Saint-Sébastien (Pente de la Croix-Rousse) et une tour sur la Saône afin de contrôler le pont du Change, unique passage entre Saint-Nizier et Saint-Jean. L'archevêque intervient par les armes en 1208 et la paix revient grâce à l'intervention du pape Innocent III.

Renaud de Forez et ses successeurs reprennent toutefois les travaux entrepris par les bourgeois lyonnais, afin de protéger la ville d'une potentielle attaque par la Dombes. Un nouveau mur, épais de deux mètres et haut de dix mètres, est bâti entre la Saône et le Rhône. Long de 500 mètres environ, cette enceinte est percée de deux portes défendues par des pont-levis (la Porte de la Pêcherie sur la Saône et la porte de la Lanterne) et protégée par dix tours rondes ou carrées. Un chemin de ronde crénelé et cinq guérites de pierre permettent aux soldats de faire le guet à son sommet. La muraille principale est séparée par un large fossé de 22 mètres d'un autre mur de deux mètres de haut implanté plus au nord. Au XIVe siècle, un troisième ouvrage construit dans la pente est venu compléter ce dispositif qui fut lui-même adjoint au début du XVe siècle d'un nouvel ouvrage bâti au sommet de la colline Saint-Sébastien et constitué d'une butte de terre protégée par des tours de bois[1]. En cas de siège, le fossé, qui prend le nom de Terralia nova (Fossés des Terreaux) ou de Fossés de la Lanterne, peut être rempli d'eau. Celle-ci pénètre en cas de besoin dans une succession de bassins, appelée canal de Neyron, creusés latéralement au Rhône, et s'écouler jusqu'à la Saône située en contrebas.

En temps normal, les arbalétriers, puis les couleuvriniers utilisent les fossés comme lieu d'entraînement, d'abord côté Saône, puis à partir de 1533 côté Rhône.

Les jardins et la place

Le siège de Lyon (1793)
Plan d'élargissement des rues de la Presqu'île aboutissant sur la place (1853)

Au XVIe siècle, les murailles tombent en ruine. En 1538, la démolition de l'enceinte est entamée. Le fossé côté Saône est comblé afin de construire la boucherie de la Lanterne. En 1555, les religieuses du couvent Saint-Pierre reçoivent l'autorisation d'utiliser les pierres du mur « en telle quantité qu'il leur plairait pour les réparations du monastère ». En 1578, les terrains de l'actuelle place des Terreaux sont remblayés et en 1617, l'ancien fossé disparaît définitivement avec l'aménagement des jardins de l'hôtel de ville sur lesquels s'élève aujourd'hui l'Opéra.

Entre 1646 et 1651, Simon Maupin bâtit sur la partie orientale de la place l'hôtel de ville de Lyon, reconstruit par Jules Hardouin-Mansart, à la suite de l'incendie de 1674. Au XVIIe siècle également, les moniales de Saint-Pierre font reconstruire leur couvent qui devient en 1803 le musée des beaux-arts de Lyon.

Le sont décapités sur cette place le marquis de Cinq-Mars, conspirateur contre Richelieu, et son complice François-Auguste de Thou. Pendant la Révolution française, la guillotine y est installée et fonctionne à plein régime pendant le mandat de Marie Joseph Chalier. L'exécution de ce dernier sur la place marque le soulèvement de Lyon contre la Convention nationale. Après le siège de la ville, la « Commission de justice populaire » y fait décapiter 79 personnes, la deuxième vague de répression ayant lieu dans la plaine des Brotteaux.

Dans la deuxième partie du XIXe siècle, les accès à la place sont élargis afin de les intégrer au plan de restructuration de la Presqu'île mené par le Préfet Vaïsse. En 1855, le passage des Terreaux est ouvert entre la place et la rue Lanterne. Le préfet envisage également de percer une nouvelle rue au nord dans l'axe du palais Saint-Pierre, mais ce projet n'a jamais été réalisé.

La Fontaine Bartholdi

Au XVIIIe siècle, les Terreaux accueillent une première fontaine connue. En bronze, en forme de dragon, elle n'a jamais fonctionné correctement malgré les tentatives d'Ambroise Piot, son fondeur. En 1711, la ville la remplace par un modèle plus simple avec un seul jet qui disparait durant la Révolution.

Une nouvelle fontaine, dite fontaine de Tourny, est inaugurée le 15 août 1857 ; elle est déplacée, en 1892, sur la place Guichard, alors récemment créée, afin de laisser la place à la fontaine actuelle, au centre de la place, face à l'hôtel de ville. Les édiles l'inaugurent le [2]. Il s'agit d'une fontaine allégorique de la Garonne réalisée par Bartholdi. Commandé dans un premier temps par le conseil municipal de Bordeaux en 1857[3], le groupe sculpté dénommé « Char triomphal de la Garonne » représentait la Garonne et ses 4 affluents se jetant dans l'océan ; le tout étant symbolisé par une femme menant un Quadrige. À la suite de l'Exposition Universelle de 1889, le monument, devenu trop cher pour Bordeaux, fut racheté en 1890 par le maire de Lyon, Antoine Gailleton.

Les aménagements contemporains ; Buren et Drevet (1994, puis 2018-2019)

La place est réaménagée en 1994 par Christian Drevet, architecte-urbaniste, Laurent Fachard, éclairagiste, et Daniel Buren, artiste, avec notamment une alternance orthogonale de 68 mini-fontaines composées de jets d'eau à hauteur variable, éclairés, sur des dalles de granit, bordés de 14 piliers de rayures Buren noires et blanches, ainsi qu'un quadrillage de mêmes rayures sur l'ensemble de la place. Cette trame est rythmée par la façade du palais Saint-Pierre. La nuit, un jeu de lumière se crée avec les mini-fontaines, les façades, les piliers et les abords de la place. Les Terreaux sont alors élevés au rang « d'œuvre d'art », par Michel Noir, maire de l'époque.

Afin de construire le parc de stationnement souterrain des Terreaux, la fontaine Bartholdi, initialement située en face de l'hôtel de ville, est alors déplacée à son emplacement actuel dans l'axe du palais Saint-Pierre. Le , elle est classée monument historique[4].

À la suite de la diffusion de cartes postales de la place qui reproduisaient en partie l'œuvre de Buren et Drevet, ces derniers ont intenté une action en contrefaçon contre les éditeurs des cartes. En se fondant sur la théorie de l'accessoire, la Cour de cassation constate que l’œuvre de Buren et de Drevet ne constitue qu'un « simple élément » de la place. Par conséquent, elle ne constitue pas le sujet principal des prises de vue, mais simplement un « accessoire du sujet traité ». Ainsi, les photographes ont pu librement commercialiser les photographies de la place des Terreaux sans que cela constitue une « communication » de l’œuvre litigieuse au public[5].

En 2018, la fontaine Bartholdi, qui a Ă©tĂ© prĂ©alablement restaurĂ©e Ă  Paris, est remontĂ©e Ă  son emplacement. Le , le projet de rĂ©novation de la place, dĂ©gradĂ©e et usĂ©e par le temps, est lancĂ©. Il prĂ©voit une rĂ©fection du dallage, de l'Ă©clairage tout en conservant la rĂ©alisation de Daniel Buren, l'ajout de cubes et de piliers Buren, la restructuration et l'unification des terrasses, mais surtout la crĂ©ation de 15 nouvelles mini-fontaines rondes, en linĂ©aire central, Ă  hauteur variable, jusqu'Ă  1,50 mètre de haut, Ă©clairĂ©es, et par la mĂŞme occasion la suppression des 68 anciennes, qui avaient largement dysfonctionnĂ© et qui ne marchaient plus depuis une dizaine d'annĂ©es. Cette mĂŞme annĂ©e, des travaux de rĂ©amĂ©nagement, dont le coĂ»t est estimĂ© Ă  plus de 6 millions d'euros, sont engagĂ©s en concertation avec Christian Drevet et Daniel Buren[6]. Le projet est achevĂ© en novembre-, pour la FĂŞte des Lumières.

Dans la culture

  • Jacques Morize, Le fantĂ´me des Terreaux, roman noir, Ă©ditions AO - AndrĂ© Odemard, 2018[7] (ISBN 978-2-913-897-70-0)

Galerie d'images

Notes et références

  1. François Dallemagne, Les Défenses de Lyon. Enceintes et fortifications, Éditions lyonnaises d'art et d'histoire, Lyon, 2006.
  2. Perval, « La fontaine Bartholdi », La Construction Lyonnaise, no 11 (14e année),�/span> , p. 123-124 (lire en ligne)
  3. « La Fontaine Bartholdi - Office du Tourisme de Lyon », sur www.lyon-france.com (consulté le )
  4. Voir le site du SDAP du RhĂ´ne.
  5. Cass, 1re civ, 15 mars 2005.
  6. « Lyon : le point sur les travaux de la place des Terreaux », sur France 3,
  7. « Le fantôme des Terreaux - Une enquête du commissaire Séverac - Jacques Morize (EAN13 : 9782913897410) », sur Éditions AO - André Odemard - Maison d'édition indépendante (consulté le )

Voir aussi

  • Cotes aux Archives municipales de Lyon
    • 1518 WP 1664 Pl. des Terreaux : fontaine de Bartholdi. Diapositives couleurs format 24 Ă— 36. 1981. Photographie Barrier (tous droits rĂ©servĂ©s). Diapositives sur des dĂ©tails de la fontaine. 1981.
    • 1518 WP 1662 Pl. des Terreaux : fontaine de Bartholdi. Diapositives couleurs format 24 Ă— 36. 1990. Photographie Berger (tous droits rĂ©servĂ©s). Diapositives sur la fontaine. 1990.
    • 1518 WP 1660 Place publique : vue aĂ©rienne. Diapositives couleurs format 24 Ă— 36. Diapositives sur des dĂ©tails de la fontaine. Entre 1980 et 1990.
    • 1518 WP 1487 Divers. Diapositives couleurs format 24 Ă— 36. Diapositives sur la fontaine. 1990.
    • 1518 WP 0980 Urbanisme amĂ©nagement de la place des Terreaux. Diapositives couleurs format 24 Ă— 36. 1991. Diapositives sur l’enlèvement des pierres de la margelle de la fontaine de Bartholdi. 1991.

Articles connexes

Liens externes

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