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Pierre Rosenberg

Biographie

Réfugié pendant l’occupation allemande en Lot-et-Garonne et en Gironde avec ses parents Charles Rosenberg, avocat, et Gertrude Nassauer, Pierre Rosenberg a fait ses études secondaires au lycée Charlemagne à Paris.

Ayant obtenu par la suite une licence en droit (1960) et un diplôme de l’École du Louvre (1961), il est entré en 1962 comme assistant au Département des Peintures du musée du Louvre et désigné boursier Focillon.

Pierre Rosenberg a fait toute sa carrière au musée du Louvre, comme conservateur puis conservateur général, chef du département des Peintures de 1987 à 1994[1] - [2], puis président-directeur de 1994 à 2001[3].

Un homme de pouvoir

Pierre Rosenberg est tout autant admiré que redouté[4] et a une forte influence sur les acquisitions d'importance dans le monde des musées en France.

Académies et sociétés savantes

Il a fait des séjours à l’université Yale, en tant que lauréat de la bourse Focillon (1961-1962) ; à l’Institute for Advanced Study de Princeton (1977) ; à l’université de Cambridge (1986), en tant que titulaire de la chaire Slade. Professeur à la chaire de peinture française à l’École du Louvre en 1970-1971, il a été président de la Société de l’histoire de l’art français (1982-1984) et président du Comité français d’histoire de l’art (1984). Il a été membre du comité de rédaction de la Revue de l’Art depuis sa fondation en 1969, de XVIIe siècle, de Print Quarterly, d’Artibus et Historiae, de Dialoghi, de Museum Management and Curatorship, de la Revue du Louvre. D’ à , il a été président-directeur du musée du Louvre, devenu un établissement public en 1992.

Membre de l’Académie française (il y fut reçu le par José Cabanis[5]), Pierre Rosenberg est membre étranger de l’American Academy of Arts and Sciences, de l’American Philosophical Society (Philadelphie), honorary fellow de la Royal Academy (Londres), membre étranger de l’Accademia Nazionale dei Lincei et de l’Accademia Nazionale di San Luca, ainsi que de l’Accademia del Disegno (Florence), de l’Accademia Pietro Vanucci (Pérouse), de l’Ateneo Veneto (Venise), de l'Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti (Venise) et de l’Accademia Clementina (Bologne). Il a reçu sous la Coupole Philippe Beaussant.

Il est membre d'honneur de l'Observatoire du patrimoine religieux (OPR), une association multiconfessionnelle qui œuvre à la préservation et au rayonnement du patrimoine culturel français et président des éditions Arthena, association qui œuvre à la diffusion de l'histoire de l'art.

Le collectionneur

Pierre Rosenberg se définit comme un collectionneur compulsif[6], à la différence de collectionneurs qui choisissent méticuleusement leur nouvelle acquisition[7]. Il indique qu'une fois qu'une oeuvre a été acquise par lui comme on chasse une proie, il l'accroche au mur, et passe à une nouvelle acquisition.

Le musée du Grand Siècle à Saint-Cloud

Le futur musée du Grand Siècle à Saint-Cloud, où sera conservée la donation Rosenberg

L'historien de l'art avait indiqué initialement qu'il lèguerait toutes ses collections au musée du Louvre. Un autre projet aux Andelys devait voir le jour, mais celui-ci n'a pas pu aboutir, l'emplacement éloigné par rapport à la capitale jouant tout autant que les difficultés financières vis-à-vis de la région Normandie[8].

Finalement c'est à Saint-Cloud qu'ira la collection, à la suite de la création du Musée du Grand Siècle [9], dont la direction est confiée à Alexandre Gady, qui a quitté ses fonctions de professeur à la Sorbonne et directeur du Centre André Chastel de 2014 à 2018[10].

Travaux de recherches

Le dessin et la peinture française et italienne des XVIIe et XVIIIe siècles ont été ses principaux thèmes de recherche, faisant l'objet de nombreux ouvrages, expositions et articles. P. Rosenberg a notamment publié les catalogues raisonnés des dessins de Nicolas Poussin [11] qu'il considère « comme l'un des plus grands peintres de son siècle et peut-être le plus grand peintre français de tous les temps »[12], d'Antoine Watteau et de Jacques-Louis David, en collaboration avec Louis-Antoine Prat. Il a également enseigné à l'École du Louvre.

Pierre Rosenberg a organisé un nombre considérable d'expositions temporaires sur la peinture française du XVIIe et du XVIIIe siècle, réhabilitant principalement tous les artistes français du XVIIe siècle, tel Cretey[13].

Il a un tropisme pour le dessin ancien, de la Renaissance au XXe siècle. Il donne au département des Hauts-de-Seine (c'est-à-dire au Musée du Grand Siècle) sa collection de 3 502 dessins anciens et modernes[14].

Nicolas Poussin

Grand connaisseur de la peinture européenne des Temps modernes, il est reconnu comme l’un des spécialistes de Nicolas Poussin [15]. Il en a publié le catalogue des dessins[16], et va en publier le catalogue raisonné des peintures. Il est à ce titre intervenu dans plusieurs affaires dont la presse s'est fait l'écho.

Jeune conservateur, Pierre Rosenberg identifie un tableau de Poussin mais non attribué au peintre, dans une vente aux enchères.

Ce tableau a été redécouvert en 1969, acheté par le musée du Louvre puis rendu à ses propriétaires à la suite d'une procédure judiciaire en 1978, pour erreur sur le consentement[17]. Le tableau a été remis en vente et adjugé avec les frais pour 8 142 500 francs le 12 décembre 1988. Cette affaire judiciaire va profondément marquer le jeune conservateur. En effet, ce jugement ne récompense pas l'étude, le savoir et l'oeil de l'expert, mais au contraire la propriété des vendeurs, qui n'ont fait aucun effort pour valoriser leur oeuvre.

Le Déluge, de Nicolas Poussin, musée du Louvre. Il s'agit du tableau préféré de Pierre Rosenberg. L'oeuvre parle de la mort, des bienheureux sauvés dans l'Arche de Noé et de tous les autres êtres sur terre, qui seront engloutis par la monté des eaux. L'Arche échouera sur le mont Ararat, en Arménie.
La Fuite en Egypte découverte par les frères Pardo, musée de Lyon
Olympos et Marsyas de Nicolas Poussin

Son expertise est en revanche critiquée dans l'affaire du tableau de Nicolas Poussin, la Madone à l'escalier. Alors que la conservation du Louvre évitait délibérément la donation proposée par le propriétaire français, il est tenu pour responsable de la dévalorisation du tableau en doutant de son authenticité[18]. Celui-ci est finalement vendu au musée de Cleveland et reconnu comme l'œuvre originale[19].

Le sociologue Bernard Lahire a étudié la sociologie du monde de l'art, et notamment les démarches visant à la découverte puis la cession du tableau de Nicolas Poussin, La Fuite en Egypte, acquise par le musée des Beaux-Arts de Lyon. Dans son étude Ceci n'est pas qu'un tableau, il indique que Pierre Rosenberg a fait mine de douter de l'attribution à Poussin lors de la vente aux enchères de Versailles. La vente aux enchères sera finalement annulée pour erreur sur la substance, ruinant la galerie des frères Pardo, et le tableau cédé au musée des Beaux-Arts de Lyon en 2007 pour une somme de 17 millions d'euros[20].

Affaire Murillo - Suzanne de Canson

De 1985 à 1988, il est impliqué dans l'affaire de l'acquisition contestée d'une œuvre de Murillo, en lien avec l'affaire judiciaire Suzanne de Canson. Pierre Rosenberg connaissait bien cette toile qu'il avait examiné dix ans plus tôt. En 1981, il avait fait connaître le voeu du musée de l'acquérir. Entre-temps, la toile avait été sortie en fraude de France et mise en vente par Christie's à Londres[21] - [22]. Le Louvre déclare alors à Christie's que le tableau avait été sorti illégalement du pays, mais du fait de l'impossibilité d'un recours légal contre Christie's, accepte de ne pas alerter le bureau des douanes s'il pouvait acheter le tableau pour un million de dollars, soit environ la moitié de sa valeur[23].

Le « scandale devint énorme » quand il fut révélé Louvre avait acheté, en 1985, le tableau de Murillo vendu par Joëlle Pesnel, principale inculpée de ce dossier, alors qu'il appartenait en réalité à Suzanne de Canson, qui séquestrée, était décédée en 1986 dans « une mort atroce »[21]. Chef du département des peintures du Musée du Louvre, Pierre Rosenberg est inculpé, en décembre 1988, de recel par Jean-Pierre Bernard, juge d'instruction à Toulon, chargé de l'affaire de cette succession. La décision du magistrat instructeur se fondait sur le soupçon que, lors de cette transaction, Pierre Rosenberg ne pouvait ignorer le caractère douteux du titre de propriété de Joëlle Pesnel, qui est notamment inculpée de vol[24] - [25].

Les accusations sont abandonnées par la suite[23]. Au terme d'une longue procédure, la justice finit par délivrer un quitus au musée[21].

Vie privée

Pierre Rosenberg était le compagnon de Françoise Viatte, Conservateur des Arts graphiques du musée du Louvre[26]. Il est l’époux de Béatrice de Rothschild, veuve d'Armand Angliviel de La Beaumelle, et fille d'Alain de Rothschild et de Mary Chauvin du Treuil[27]. Leur union est célébrée en 1981[28].

Pierre Rosenberg se rend une semaine par mois Ă  Venise, oĂą il loge dans le palais oĂą est mort Richard Wagner.

Pierre Rosenberg adore également les chats, il en possède plusieurs chez lui, rue de Vaugirard. Il a écrit un livre sur les chats dans la peinture, Le Chat et la palette[29] - [30]

Publications

Ouvrages

  • Jean Restout (1692-1768): MusĂ©e des Beaux-arts de Rouen, juin-, avec Antoine Schnapper, Rouen, 1970
  • Le XVIIe siècle français, Paris, Ă©ditions Princesse, 1976 (OCLC 26908615)
  • Le Chat et la Palette : le chat dans la peinture occidentale du XVe au XXe siècle, avec Élisabeth Foucart-Walter, Paris, Biro, 1987
  • Poussin : « Je n'ai rien nĂ©gligĂ© », avec Renaud Temperini, coll. « DĂ©couvertes Gallimard / Arts » (no 233), Paris, Gallimard, 1994
  • Catalogue raisonnĂ© des dessins de Poussin, avec Louis-Antoine Prat, Milan, Ă©ditions LĂ©onardo, prix XVIIe siècle en 1995
  • Chardin : La nature silencieuse, avec HĂ©lène Prigent, coll. « DĂ©couvertes Gallimard / Arts » (no 377), Paris, Gallimard, 1999
  • Du dessin au tableau : Poussin, Watteau, Fragonard, David et Ingres, Paris, Flammarion, 2001 (OCLC 48449212)
  • Jacques-Louis David 1748-1825. Catalogue raisonnĂ© des dessins, avec Louis-Antoine Prat, Milan, Ă©ditions Leonardo Arte, 2002, 2 vol. (OCLC 51105812)
  • De RaphaĂ«l Ă  la RĂ©volution. Les relations artistiques entre la France et l’Italie, Milan, Skira, 2005 (ISBN 88-7624-006-3)
  • Dictionnaire amoureux du Louvre, Paris, Plon, 2007 (ISBN 978-2-286-04003-1)
  • Venise, Arles, Actes Sud, 2011 (ISBN 978-2-7427-9660-1)
  • avec Nicolas Lesur : Pierre Subleyras 1699-1749, Cahier du dessin français - galerie de Bayser, 2013

Conférences

  • Enseigner l’histoire de l’art ?, colloque sur « L’enseignement de l’histoire de l’art Ă  l’école », Paris, La Sorbonne, (en ligne).

Articles

Distinctions

Notes et références

  1. À l'époque, on ne disait pas directeur
  2. Journal des arts, Pierre Rosenberg est à la fois admiré et redouté
  3. « Pierre Rosenberg, de l’Académie française, et son Dictionnaire amoureux du Louvre » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  4. Azimi Roxana, « Pierre Rosenberg » Accès payant, sur lejournaldesarts.fr, (consulté le ).
  5. « Réponse au discours de réception de Pierre Rosenberg », sur academie-francaise.fr (consulté le )
  6. (en) Carole Blumenfeld, « Pierre Rosenberg : « Je suis plutôt un brocanteur, un boulimique » », sur artnewspaper.fr, The Art Newspaper, (consulté le ).
  7. https://www.gazette-drouot.com/article/pierre-rosenberg-collectionneur/19767
  8. https://www.connaissancedesarts.com/musees/musee-louvre/le-musee-pierre-rosenberg-des-andelys-saint-cloud-11121828/
  9. « De la collection Pierre Rosenberg au "musée du Grand Siècle". Une vision pour l'art et l'histoire », sur Canal-U (consulté le ).
  10. « Alexandre GADY », sur paris-sorbonne.fr (consulté le ).
  11. « Pierre Rosenberg et Marc Fumaroli à propos du peintre Poussin » [vidéo], sur ina.fr (consulté le ).
  12. Bernard Lahire, Ceci n'est pas qu'un tableau, éditions la découverte 2015 p. 504
  13. (en) « Bande-annonce Expo Louis Cretey musée beaux-Arts » [vidéo], sur Dailymotion (consulté le ).
  14. « La Donation Pierre Rosenberg », sur hauts-de-seine.fr (consulté le ).
  15. « Nicolas Poussin, par Pierre Rosenberg, de l'Académie française » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  16. « Nicolas poussin le catalogue raisonne des dessins, Edition originale », sur abebooks.fr (consulté le ).
  17. https://www.jstor.org/stable/40766478
  18. A. Crex, « L’exemplaire histoire de l’attribution de “La Madone à l’escalier” », Valeurs de l’Art, n° 52, mars-avril 1998, p. 49-56.
  19. Prise de bec autour d'un tableau de Poussin. La cour d'appel de Versailles a donné en partie raison à l'ancien propriétaire du «faux-vrai» Poussin, liberation.fr, 7 juin 1995
  20. « Acquisitions 2007 - Musée des Beaux Arts », sur mba-lyon.fr (consulté le ).
  21. Vincent Noce, Christie's rattrapé par le scandale Murillo., liberation.fr, 28 septembre 2001
  22. Le destin de Suzanne, lexpress.fr, 1er mars 1995
  23. (en) Sharon Waxman, TOUGH LOUVRE, washingtonpost.com, 21 mai 1995
  24. JUSTICE L'acquisition du Murillo de Suzanne de Canson mise en question Chef du département des peintures du Louvre, M. Pierre Rosenberg est inculpé de recel, lemonde.fr, 15 décembre 1988
  25. Affaire Canson: le Louvre veut garder le «gentilhomme»., liberation.fr, 27 septembre 1995
  26. « Françoise Viatte - Auteur », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  27. BĂ©atrice de Rothschild
  28. « Béatrice-de-Rothschild », sur ajpn.org (consulté le ).
  29. « Catalogue SUDOC », sur abes.fr (consulté le ).
  30. « France Huser et Pierre Rosenberg » [vidéo], sur ina.fr (consulté le ).
  31. DĂ©cret du 14 avril 1995 portant promotion et nomination
  32. Décret du 31 décembre 2004 portant promotion et nomination
  33. DĂ©cret du 11 juillet 2014 portant promotion
  34. « Nomination ou promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres juillet 2008 », sur culture.gouv.fr (consulté le ).
  35. « Ordonnance Souveraine n° 5.048 du 18 novembre 2014 portant promotions ou nominations dans l’Ordre du Mérite Culturel », sur Journal de Monaco (consulté le ).

Liens internes

Musée du Louvre

Musée du Grand Siècle

Famille Rothschild

Eric de Rothschild (son beau-frère)

Liens externes

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