Démographie de La Réunion
La démographie de La Réunion est caractérisée par une densité forte et une population jeune qui croît depuis les années 1960.
Démographie de La Réunion | |
Évolution de la démographie entre 1961 et 2014 selon les chiffres de la FAO et de l'Insee | |
Dynamique | |
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Population | 863 083 hab. (2020) |
Évolution de la population | +0,5 % (2019)[1] |
Taux de natalité | 16,3 ‰ (2019)[2] |
Taux de mortalité | 5,4 ‰ (2019)[3] |
Flux migratoires (2019) | |
Solde migratoire | −55 % |
Avec ses 863 083 habitants en 2020, le département français de La Réunion se situe en 25e position sur le plan national.
En six ans, de 2014 à 2020, sa population s'est accrue de près de 20 400 unités, c'est-à-dire de plus ou moins 3 400 personnes par an. Mais cette variation est différenciée selon les 24 communes que comporte le département.
La densité de population de La Réunion, 344,7 habitants par kilomètre carré en 2020, est trois fois supérieure à celle de la France entière qui est de 106,1 hab./km2 pour la même année.
Malgré un solde migratoire négatif, la population de l'île de La Réunion continue d'augmenter en raison du maintien d'un fort taux de natalité. Ainsi en 2020 le taux de fécondité s'élève à 2,41 enfants par femme, le même niveau qu'en 2002[4].
Historique
L'île Bourbon était une terre vierge au XVIe siècle. Les premiers habitants sont quelques Européens et Malgaches. La population augmente très fortement dès lors. D'une trentaine de personnes en 1665, la population passe à plus de 730 en 1704. Cette population est dès lors largement métissée, puisque l'essentiel des mères présentes dans l'île étaient des Malgaches. L'esclavage démarre également rapidement, des femmes principalement, sont emmenées avec les premiers colons. Ce phénomène se développe ensuite du fait même des autorités qui attribue des terres aux épouses malgaches des colons français tués dans la révolte de Fort-Dauphin. Dès l'origine la population de l'île est donc catégorisée en personnes libres et esclaves, mais outre le traitement légal, la population se reconnaît en groupe sociaux indépendants. La traite est autorisée contre redevance à partir de 1725, dès lors le nombre d'esclaves, tous d'origine africaine, va très rapidement croître puisqu'il atteint 45 000 esclaves en 1768 contre un peu plus d'26 000 habitants libres, blancs, noirs ou métis plus ou moins clairs. La première famine due aux cyclones touche l'île en 1793. Si l'abolition de 1793 ne porte pas d'effet, la traite diminue mais elle se poursuit même après que les Britanniques qui ont pris le contrôle de Bourbon l'ont interdite en 1810.
Les autorités comptabilisaient alors la population en deux groupes, les noirs ou nègres pouvant être libres ou non, et les Blancs, dont : les fonctionnaires ou autres nouveaux arrivés appelé localement Zoreilles, les petits Blancs ou yab, personnes d'origine principalement européenne mais largement métissées, les grands propriétaires terriens non métissés appelés localement gros Blancs.
L'esclavage est aboli en 1848. Pour pallier un manque de main d'œuvre bon marché débute l'engagisme. Des Indiens du sud de l'Inde (Malbars, à la peau noire), des Indiens musulmans (Zarabes) du nord de l'Inde, des Chinois vont donc immigrer sur l'île, en principe pour une durée courte. En fait 46 000 engagés vont rester sur l'île. Dès lors trois autres communautés vont se former respectivement, les Malbars, les Zarabes, les Chinois. Ces communautés ne sont pas étanches, de très nombreux mariages mixtes vont avoir lieu, et de ce fait le caractère de ces groupes n'est pas strictement ethnique ou strictement religieux. Seuls les Zarabes continuent à privilégier les mariages endogamiques, quitte à se marier avec une personne venant de l'île Maurice ou de plus loin encore.
Les premiers du petit groupe des Karanes arrivent dans les années 1960, puis d'une manière plus importante avec les difficultés économiques et politiques dues aux indépendances des pays francophones de la Région, d'abord Madagascar puis de l'union des Comores. Les Comoriens, de l'Union ou de Mayotte, arrivés également en grand nombre, semblent depuis formés des nouvelles communautés appelées localement « Comor ». Si les ressortissants des quatre îles ne se mélangent que peu, ils sont vus comme un groupe à part entière par le reste de la population. Des Malgaches, des Mauriciens ont également continué à arriver. A contrario l'émigration des personnes nées à la Réunion, essentiellement vers la métropole, est très importante depuis les années 1960. Depuis les années 1990, ils ont été deux fois plus nombreux à s'y installer qu’à en revenir[5].
Depuis les années 2000, la préfecture de la Réunion est décisionnaire pour toute demande de visa, en effet quel que soit l'endroit où réside un ressortissant d'un pays ne faisant pas partie de l'Union européenne, cette demande est transmise à la préfecture de la Réunion qui prend souverainement sa décision, autrement dit indépendamment de l'acceptation d'un visa par la Métropole et sans avoir l'obligation de justifier d'un refus.
Évolution démographique
Le nombre d'habitants de La Réunion a dépassé le cap des 800 000 unités fin 2008[6], pour atteindre 837 868 habitants en janvier 2012[7]. Le taux de fécondité est de 2,41 enfants par femme en 2020 et le solde migratoire est négatif. On estime que la population pourrait atteindre le million d'habitants dans les années 2030. En attendant, si l'on ajoute aux résidents les membres de la diaspora établie hors de l'île, on obtient déjà ce chiffre élevé : il y aurait d'ores et déjà un million de Réunionnais de par le monde[8]. Cette diaspora conserve souvent un contact avec l'île grâce aux nouveaux moyens de télécommunication[9].
Population par divisions administratives
Arrondissements
Le département de La Réunion comporte quatre arrondissements. La population se concentre principalement sur l'arrondissement de Saint-Pierre, qui recense 36 % de la population totale du département en 2020, avec une densité de 331,1 hab./km2, contre 25 % pour l'arrondissement de Saint-Paul, 24 % pour celui de Saint-Denis et 15 % pour celui de Saint-Benoît.
Arrondissement | Population(2020) | Variation(2020/2014) | Superficie(km2) | Densité(hab./km2) |
---|---|---|---|---|
Saint-Pierre | 312 126 | 942,8 | 331,1 | |
Saint-Paul | 211 983 | 537,2 | 394,6 | |
Saint-Denis | 211 437 | 287,8 | 734,7 | |
Saint-Benoît | 127 537 | 735,8 | 173,3 | |
Source : Insee[I 1]. |
Communes de plus de 10 000 habitants
Sur les 24 communes que comprend le département de La Réunion, 24 ont en 2020 une population municipale supérieure à 2 000 habitants, 24 ont plus de 5 000 habitants, 17 ont plus de 10 000 habitants et douze ont plus de 25 000 habitants : Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre, Le Tampon, Saint-André, Saint-Louis, Saint-Joseph, Saint-Benoît, Saint-Leu, Sainte-Marie, La Possession et Le Port.
Les évolutions respectives des communes de plus de 10 000 habitants sont présentées dans le tableau ci-après.
Commune | Population(2020) | Variation(2020/2014) | Superficie(km2) | Densité(hab./km2) |
---|---|---|---|---|
Saint-Denis | 153 001 | 142,79 | 1 071,5 | |
Saint-Paul | 104 301 | 241,28 | 432,3 | |
Saint-Pierre | 83 930 | 95,99 | 874,4 | |
Le Tampon | 80 778 | 165,43 | 488,3 | |
Saint-André | 56 857 | 53,07 | 1 071,4 | |
Saint-Louis | 53 744 | 98,9 | 543,4 | |
Saint-Joseph | 38 465 | 178,5 | 215,5 | |
Saint-Benoît | 36 994 | 229,61 | 161,1 | |
Saint-Leu | 34 740 | 118,37 | 293,5 | |
Sainte-Marie | 34 350 | 87,21 | 393,9 | |
La Possession | 33 370 | 118,35 | 282 | |
Le Port | 32 619 | 16,62 | 1 962,6 | |
Sainte-Suzanne | 24 086 | 57,84 | 416,4 | |
L'Étang-Salé | 13 645 | 38,65 | 353 | |
Bras-Panon | 13 416 | 88,55 | 151,5 | |
Petite-Île | 12 401 | 33,93 | 365,5 | |
Les Avirons | 11 470 | 26,27 | 436,6 | |
Source : Insee[I 1]. |
Structures des variations de population
Soldes naturels et migratoires sur la période 1967-2019
1967 à1974 | 1974 à1982 | 1982 à1990 | 1990 à1999 | 1999 à2008 | 2008 à2013 | 2013 à2019 | |
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Variation annuelle moyenne de la population en % | 1,9 | 1,1 | 1,9 | 1,9 | 1,5 | 0,7 | 0,5 |
- due au solde naturel en % | 2,4 | 2,0 | 1,8 | 1,6 | 1,4 | 1,2 | 1,1 |
- due au solde apparent des entrées sorties en % | -0,5 | -0,9 | 0,1 | 0,3 | 0,1 | -0,6 | -0,6 |
Taux de natalité en ‰ | 32,3 | 25,0 | 23,6 | 21,0 | 19,3 | 17,5 | 16,3 |
Taux de mortalité en ‰ | 8,0 | 5,4 | 5,7 | 5,2 | 5,3 | 5,0 | 5,4 |
Source : Insee[POP 1]. |
Mouvements naturels sur la période 2014-2021
En 2014, 14 095 naissances ont été dénombrées contre 4 355 décès. Le nombre annuel des naissances a diminué depuis cette date, passant à 13 470 en 2021, indépendamment à une augmentation, mais relativement faible, du nombre de décès, avec 5 750 en 2021. Le solde naturel est ainsi positif et diminue, passant de 9 740 à 7 720[I 2].
Natalité
- Indice conjoncturel de fécondité (2020) : 2,41 enfants par femme[4]
- Taux de natalité (2015) : 16,5 pour mille[12]
Mortalité
- Taux de mortalité (2015) : 5,3 pour mille[12]
- Taux de mortalité infantile (2011) : 7,3 pour mille
- Espérance de vie (2011) : 76,5 ans pour les hommes et 82,9 ans pour les femmes
Répartition par sexes et tranches d'âges
La population du département est plus jeune qu'au niveau national. En 2019, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 42,2 %[POP 3], soit au-dessus de la moyenne nationale (35,4 %[I 3]). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 17,3 % la même année[POP 3], alors qu'il est de 26 % au niveau national[I 3].
En 2019, le département comptait 413 110 hommes pour 448 100 femmes[POP 4], soit un taux de 52,03 % de femmes, légèrement supérieur au taux national (51,64 %).
Les pyramides des âges du département et de la France s'établissent comme suit.
Répartition par catégories socioprofessionnelles
La catégorie socioprofessionnelle des autres personnes sans activité professionnelle est surreprésentée par rapport au niveau national. Avec 29,9 %[POP 5] en 2019, elle est 12,9 points au-dessus du taux national (17 %[I 3]). La catégorie socioprofessionnelle des retraités est quant à elle sous-représentée par rapport au niveau national. Avec 15,2 %[POP 5] en 2019, elle est 11,8 points en dessous du taux national (27 %[I 3]).
Catégorie socioprofessionnelle | 2013 | 2019 | Détails de l'année 2019 | ||||||
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Nb | % | Nb | % | Hommes | Femmes | Part en % de la population âgée de | |||
15 à 24 ans | 25 à 54 ans | 55 ans ou + | |||||||
Agriculteurs exploitants | 6 235 | 1,0 | 5 992 | 0,9 | 4 635 | 1 357 | 0,1 | 1,1 | 1,0 |
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise | 22 534 | 3,6 | 23 002 | 3,5 | 16 534 | 6 469 | 0,5 | 5,0 | 2,5 |
Cadres et professions intellectuelles supérieures | 29 439 | 4,6 | 32 743 | 4,9 | 18 654 | 14 089 | 0,5 | 7,5 | 3,1 |
Professions intermédiaires | 72 771 | 11,5 | 81 807 | 12,3 | 36 364 | 45 443 | 5,4 | 19,0 | 4,9 |
Employés | 129 753 | 20,5 | 135 351 | 20,3 | 36 933 | 98 418 | 12,1 | 28,9 | 10,6 |
Ouvriers | 91 721 | 14,5 | 87 192 | 13,1 | 75 409 | 11 784 | 7,9 | 18,6 | 6,9 |
Retraités | 94 015 | 14,8 | 101 077 | 15,2 | 49 517 | 51 560 | 0,0 | 0,3 | 48,5 |
Autres personnes sans activité professionnelle | 187 430 | 29,6 | 198 963 | 29,9 | 75 894 | 123 069 | 73,4 | 19,5 | 22,5 |
Ensemble | 633 898 | 100 | 666 128 | 100 | 313 939 | 352 189 | 100 | 100 | 100 |
Sources : Insee[POP 5] - [POP 6]. |
Notes et références
Notes
Références
- Insee, « Évolution et structure de la population en 2019 - Département de La Réunion (974) », (consulté le ).
- POP T2D - Indicateurs démographiques en historique depuis 1967
- POP T1 - Population en historique depuis 1967
- POP T0 - Population par grandes tranches d'âges
- POP T3 - Population par sexe et âge en 2019
- POP T5 - Population de 15 ans ou plus selon la catégorie socioprofessionnelle
- POP T6 - Population de 15 ans ou plus par sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle en 2019
- Autres références au site de l'Insee
- Insee, « Fichiers par départements des populations légales en 2020 », (consulté le ).
- Insee, « Naissances et décès domiciliés 2014-2021 - Département de La Réunion (974) », (consulté le ).
- « Dossier complet - France entière », sur insee.fr, (consulté le )
- Autres références
- Le taux de variation de la population 2019 correspond à la somme du solde naturel 2019(1,1 personnes) et du solde migratoire 2019 (−55 personnes) divisée par la population au 1er janvier 2019.
- Le taux de natalité 2019 est le rapport du nombre de naissances vivantes en 2019 à la population totale moyenne de 2019.
- Le taux de mortalité 2019 est le rapport du nombre de décès, au cours de 2019, à la population moyenne de 2019.
- Indicateur conjoncturel de fécondité des femmes - Ensemble - La Réunion, Insee
- (en) « Direction de l'Orientation et des Formations pour l'Insertion Professionnelle - … », sur univ-reunion.fr (consulté le ).
- (fr)« 200 000 habitants de plus en vingt ans », Le Quotidien de La Réunion, (lire en ligne)
- « 808 250 habitants à la Réunion », sur Linfo.re (consulté le ).
- (fr) « Pourquoi sommes nous un million ? », 2512, février 2007.
- Froment Baptiste et Bakis Henry, « Migrations, télécommunications et lien social : de nouveaux rapports aux territoires ? L'exemple de la communauté réunionnaise » ; Annales de Géographie, n° 645, 2005, Paris. pp. 564-574
- Population selon le sexe et l'âge quinquennal de 1968 à 2013 - Recensements harmonisés - Séries départementales et communales
- Fiches Insee - Populations légales de la région pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019 et 2020.
- La situation démographique en 2015, Insee