Accueil🇫🇷Chercher

Criollo vénézuélien

Le Criollo vénézuélien (espagnol : criollo venezolano), ou Llanero / Llañero, est une race de chevaux de travail originaire de la région des Llanos au Venezuela. Il descend du cheval colonial espagnol, progressivement introduit à partir du XVIe siècle, et est très proche des autres races Criollo et du Paso Fino. De taille réduite, sobre et réactif, le Criollo vénézuélien sert surtout de monture pour le travail du bétail dans sa région d'origine. Il est encore couramment utilisé pour le transport des biens et des personnes.

Llanero

Criollo vénézuélien
Criollo vénézuélien alezan aux crins lavés
Criollo vénézuélien alezan aux crins lavés
Région d’origine
Région Drapeau du Venezuela Venezuela
Caractéristiques
Morphologie Cheval de travail
Taille 1,34 m à 1,42 m
Poids 318 à 450 kg
Robe Gène dun fréquent, variable.
Tête Profil rectiligne
Pieds Petits
Caractère Calme mais vif
Autre
Utilisation Travail du bétail

La race dispose d'une excellente diversité génétique, et n'est de ce fait pas menacée d'extinction. Sa principale menace réside dans la présence de parasites, notamment Anaplasma phagocytophilum, qui provoque l'anaplasmose. Sa sélection étant en cours d'organisation, il n'existe encore aucun stud book, et ses effectifs sont inconnus.

Histoire

Dénomination

Le nom espagnol llanero se traduit par « cheval des plaines »[1] - [2]. La base de données DAD-IS[1] et l'encyclopédie de l'université de l'Oklahoma (2007)[2] référencent cette race sous le nom de « Llanero » (sans tilde), tandis que CAB International[3], le guide Delachaux[4] et les chercheurs des équipes de E. G. Cothran[5] et de J. L Canelón[6] le font sous celui de « Criollo vénézuélien » (en français : Créole vénézuélien ; en anglais : Venezuelan Criollo horse). Le guide Delachaux précise l'existence du nom « Llañero » (avec tilde)[4].

Formation

Llanero vénézuélien et sa monture au XIXe siècle

Les chevaux étant éteints en Amérique du Sud environ 10 000 ans avant notre ère, l'espèce n'y reparaît qu'avec l'arrivée des équipages du second voyage de Christophe Colomb en 1493[7]. La race vénézuélienne descend du cheval colonial espagnol, introduit par les colons et les conquistadores à partir du XVIe siècle[1] - [4], soit la même origine que le Trote y galope voisin[8]. En 1526, le peuplement de Coro introduit l'élevage de chevaux sur place[7]. En 1528, les gouverneurs Welser sont chargés par le roi d'Espagne Charles Quint d'importer des chevaux depuis Hispaniola, San Juan et Santiago de Cuba, vers le Venezuela[7]. Il semble que des chevaux abandonnés par Don Pedro de Mendoza en 1535 près de Buenos Aires aient également joué un rôle particulier dans la fondation de la race[2]. La majorité de ces chevaux fondateurs proviennent des Antilles, mais une part non négligeable d'entre eux, acquise par les Welser ou par des colons, proviendrait directement d'Espagne[7]. Ambrosio de Alfinger amène au Venezuela plus de 80 chevaux embarqués à Sanlúcar de Barrameda[9]. De même, en 1545, Cristóbal Rodríguez, colon des Llanos, amène dix juments et deux poulains de race andalouse directement depuis Jerez de la Frontera[7].

La race du Criollo vénézuélien se forme plus spécifiquement dans les plaines des Llanos, dans le Nord-Ouest du Venezuela[2]. Le climat particulièrement rude, avec des hivers très secs, a entraîné une diminution du format du cheptel ibérique d'origine[2].

Depuis le XXe siècle

Le Criollo vénézuelien est décrit et caractérisé par Ángel Cabrera dans son ouvrage paru à Buenos Aires (1945)[10], puis par R. De Armas dans sa thèse de médecine vétérinaire publiée en 1946[7], laquelle constitue le descriptif le plus complet publié au sujet de cette race[11]. La structuration de l'élevage du Criollo vénézuélien est plus récente, et découle du constat fait par les cavaliers llaneros locaux d'une meilleure adaptation de leurs chevaux traditionnels au climat de leur région, par comparaison au Quarter Horse américain[12]. Un groupe de chercheurs de l'université Centroccidental Lisandro Alvarado, à Barquisimeto, a conduit plusieurs études sur ces chevaux. En 2011, année où paraît une étude de caractérisation génétique sur 214 sujets de la race par comparaison aux autres races de chevaux d'Amérique du Sud[13], il n'existait toujours pas de stud book (ou registre généalogique)[7].

Description

Criollo vénézuélien alezan dun dans l'État d'Apure.

DAD-IS le référence comme poney[1], mais il s'agit plutôt d'un petit cheval, typique des Criollos sud-américains[14]. L'ouvrage de Hendricks (Université d'Oklahoma, 2007)[2] et le guide Delachaux (2014[4], qui reprend probablement les données de ce dernier) citent une taille moyenne de 1,42 m. La race est proche du Criollo argentin, mais plus légère de modèle[2] - [4], résultat de l'influence du climat de sa région originelle[2]. Le Criollo vénézuélien est également proche du Criollo colombien[12]. Il existe peu de différences phénotypiques entre les chevaux des États d'Apure, Aragua et Mérida[7]. Cependant, les chevaux d'Apure sont plus petits et légers que ceux décrits dans les études de caractérisation de 1945 et 1946 : la taille moyenne n'est que de 1,345 m[11]. Le modèle est eumétrique et mésomorphe, le poids moyen va de 318,27 kg, avec un maximum de 400 kg pour les chevaux d'Apure, à une fourchette de 350-450 kg selon les données d'Aparicio[15]. Le modèle s'inscrit dans un carré[11]. Le périmètre thoracique des chevaux d'Apure s'établit à 1,567 m en moyenne[16], De Armas ayant mesuré 1,72 m[17]. Le tour de canon moyen est de 18,1 cm[16].

La tête présente un profil rectiligne[15] (dans 91,4 % des cas selon l'étude de caractérisation de Canelón[11]), parfois légèrement convexe[11], une forme générale triangulaire, avec une base large[17]. Les joues sont proéminentes, les yeux triangulaires et expressifs[17]. Les oreilles, de taille moyenne, pointent vers le haut[17]. L'encolure est d'une longueur moyenne, plutôt épaisse, peu définie au niveau de la gorge[17]. Le poitrail est relativement étroit[18]. Le dos est généralement droit et fort[17], la croupe est plutôt avalée et courte[18] - [17]. Les membres, fins, sont terminés par de petits pieds solides[4]. Crinière, toupet et queue sont épais et abondants[17] - [4], mais les fanons sont plutôt rares[17]. Une étude sur les aplombs a été publiée en 2011 : elle montre que le défaut d'aplomb le plus couramment rencontré, les cerrado de corvejones (jarrets clos), coïncide avec ceux trouvés par d'autres auteurs chez les races Chilote et Pottok[19].

Robe

Chevaux Criollo vénézuéliens de différentes robes à Mucubají, État de Mérida.

La robe est généralement caractérisée par l’expression du gène Dun (ce qui inclut les robes bai dun et souris), avec des crins de couleur noire[2] et une raie de mulet[4], mais une grande variété d'autres robes sont possibles[2], notamment l'alezan, le bai sous toutes les nuances, le noir, le gris, le rouan, l'aubère, le palomino[4] et le pie[17].

Tempérament, entretien et sélection

Le Criollo vénézuélien est réputé très sobre, ne nécessitant que peu d'apports alimentaires[1]. Il dispose d'une excellente adaptation aux conditions climatiques de sa région[7]. De caractère réputé calme, il se montre réactif s'il est sollicité[4] - [17]. De par sa sélection pour le travail avec le bétail, il a hérité d'une grande endurance[2]. Les altérations hématologiques sont considérées comme l'un des principaux facteurs défavorables à l'élevage de chevaux dans la plaine vénézuélienne[20]. Une étude de parasitologie menée dans deux ranches vénézuéliens montre que les infestations par Trypanosoma evansi (7,3 %), Babesia equi (1,4 %) et Anaplasma phagocytophilum (32,9 %) sont possibles, et qu'elles sont responsables de pertes importantes chez les chevaux d'élevage[21].

Génétique

Le Criollo vénézuélien dispose d'une excellente diversité génétique[5]. Toutes les races de chevaux d'Amérique du Sud semblent appartenir au même cluster de gènes, noté « h »[22], ce qui est notamment le cas chez cette race, ce cluster étant également commun aux chevaux ibériques et au Sorraia[23]. Plusieurs allèles particulièrement rares, bien que peu fréquents, ont été détectés chez les 214 chevaux Criollo vénézuéliens analysés pour les besoins de l'étude d'E. G. Cothran et de son équipe en 2011[24]. Le Criollo vénézuélien est génétiquement très proche du Chilote et du Paso Fino colombien[25], il est également génétiquement proche du Paso Fino portoricain[26]. La plus grande proximité avec ces trois races comparativement aux autres Criollo sud-américains est cohérente avec l'histoire de la race, les principaux ancêtres du Criollo vénézuélien provenant des Caraïbes[23].

Le Criollo vénézuélien a fait l'objet d'une étude visant à déterminer la présence de la mutation du gène DMRT3 à l'origine des allures supplémentaire : l'étude de 21 sujets a pas permis de détecter la présence de cette mutation chez 16,7 % des chevaux testés, et l’existence de chevaux avec des allures supplémentaires a été confirmée parmi la race[27]

Utilisations

Criollos vénézuéliens montés pour le travail du bétail

Le Criollo vénézuélien est un partenaire essentiel pour le travail de ferme et de ranch[28]. Il existe une différence d'utilisation en fonction du sexe : les chevaux mis au travail sont très généralement les mâles, tandis que les femelles sont mises à la reproduction[21]. Ces chevaux servent essentiellement de monture pour le transport[1] des personnes, mais aussi des biens, dans les zones rurales du Venezuela[21]. Ils sont tout particulièrement employés en équitation de travail avec le bétail[4]. Cette utilisation est majoritaire dans les grandes fermes d'élevage bovin du Venezuela[7]. Ces chevaux aident les Llaneros à stimuler, aller chercher et capturer ces bovins destinés à la production de viande dans le pays[28].

Ces chevaux peuvent aussi faire de bonnes montures de tourisme équestre[4]. Les croisements avec d'autres races sont rares, car les chevaux résultant de ces croisements ont généralement une adaptabilité réduite aux conditions climatiques des Llanos[7].

Diffusion de l'élevage

La race est propre au Venezuela, et se divise en trois sous-populations, dans les États d'Apure, Aragua et Mérida[23]. L'étude menée par l'université d'Uppsala, publiée en août 2010 pour la FAO, signale le Llanero comme race de chevaux locale d'Amérique du Sud dont le niveau de menace est inconnu[29]. L'équipe d'E. G. Cothran[7] et celle de Raymi Castellanos[28] le citent également comme « race locale ». Il n'existe cependant pas de relevé des effectifs[7], en particulier sur DAD-IS (2018)[1].

D'après le guide Delachaux (2014), une prise de conscience s'effectue quant au grand nombre de croisements effectués chez la race[4] (ce qui est en contradiction avec les informations des études vénézuéliennes). D'après Cothran et al., l'excellente diversité génétique et les effectifs nombreux rendent la menace d'extinction très faible, et devraient permettre d'assurer l'avenir du Criollo vénézuélien, à moins que ne survienne un goulot d'étranglement génétique[14].

Notes et références

  1. DAD-IS.
  2. Hendricks 2007, p. 269.
  3. Porter et al. 2016, p. 231.
  4. Rousseau 2014, p. 498.
  5. Cothran et al. 2011, p. 2394.
  6. Canelón 2005, p. 217.
  7. Cothran et al. 2011, p. 2395.
  8. Porter et al. 2016, p. 455.
  9. (en) M. M. Lacas, « A sixteenth-century german colonizing venture in Venezuela », Americas, vol. 9, , p. 275-290.
  10. Cabrera 1945, p. 274.
  11. Canelón 2005, p. 218.
  12. Porter et al. 2016, p. 456.
  13. Cothran et al. 2011, p. 2396.
  14. Cothran et al. 2011, p. 2401.
  15. Aparicio s.f., p. 23-24.
  16. Canelón, Páez et Rojas 2002.
  17. Canelón 2005, p. 219.
  18. Rousseau 2014, p. 499.
  19. Canelón et al. 2011, p. 401.
  20. Voir (es) F. García, M. Rivera, M. Ortega et C. Suárez, « Trypanosomiasis equina causada por Trypanosoma evansi en tres hatos ganaderos del estado Apure, Venezuela », Rev. Fac. de Cien.Vet. UCV., vol. 41, no 4, , p. 91-100 et (es) A. Guillén, E. León, W. Aragot et M. Silva, « Diagnóstico de hemoparásitos en el Instituto de Investigaciones Veterinarias Periodo 1986-2000 », Vet Trop, vol. 26, no 1, .
  21. Castellanos et al. 2010, p. 154.
  22. (en) C. Luís, R. Juras, M. M. Oom et E. G. Cothran, « Genetic diversity and relationships of Portuguese and other horse breeds based on protein and microsatellite loci variation », Animal Genetics, vol. 38, no 1, , p. 20–27 (ISSN 0268-9146, PMID 17257184, DOI 10.1111/j.1365-2052.2006.01545.x, lire en ligne, consulté le ).
  23. Cothran et al. 2011, p. 2400.
  24. Cothran et al. 2011, p. 2397.
  25. Cothran et al. 2011, p. 2398.
  26. Cothran et al. 2011, p. 2399.
  27. (en) M. Promerová, L. S. Andersson, R. Juras et M. C. T. Penedo, « Worldwide frequency distribution of the ‘Gait keeper’ mutation in the DMRT3 gene », Animal Genetics, vol. 45, no 2, , p. 274–282 (ISSN 1365-2052, DOI 10.1111/age.12120, lire en ligne, consulté le ).
  28. Castellanos et al. 2010, p. 153.
  29. (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics, , p. 61 ; 70.

Annexes

Bibliographie

Encyclopédies
  • [Hendricks 2007] (en) Bonnie Lou Hendricks, International Encyclopedia of Horse Breeds, Norman, University of Oklahoma Press, , 2e éd., 486 p. (ISBN 0-8061-3884-X, OCLC 154690199, lire en ligne), « Llanero », p. 269. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453), « Llanero »
  • [Rousseau 2014] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Tous les chevaux du monde, Delachaux et Niestlé, , 544 p. (ISBN 2-603-01865-5), « Criollo vénézuélien », p. 498-499. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
Thèse
  • [De Armas 1946] (es) R. De Armas, Caballo Criollo. Doctoral thesis, Facultad de Ciencias Veterinarias, Macaray, Universidad Central de Venezuela,
Études
  • [Aparicio s. f.] (es) G. Aparicio, Exterior de los grandes animales domésticos, Córdoba. Espagne, Imprenta Moderna, s.f., p. 23-24
  • [Cabrera 1945] (es) A. Cabrera, Caballos de América, Buenos Aires, Editorial Suramericana,
  • [Canelón, Páez et Rojas 2002] (es) J.L. Canelón, J. Páez et C. Rojas, « Morfometría del caballo Criollo en el Llano Apureño, zona alta del Edo. Lara y Parque Nacional Sierra Nevada », II Jornada Nacional para el Estudio y la Conservación del Caballo Criollo Venezolano “Dr. José A. Giacopini Zárraga”, Barquisimeto,
  • [Canelón 2005] (es) J. Canelón, « Caracteristicas fenotipicas del caballo criollo. Observaciones en el Estado Apure », Archivos de Zootecnia, vol. 54, , p. 217-220 (ISSN 0004-0592, lire en ligne)
  • [Canelón et al. 2011] (es) J. Canelón, A. Ortiz, R. Vasquez et O. Mosquera, « Evaluación de los Aplomos en caballos criollos venezolanos de un hato del Estado Apure », Actas Iberoamericanas de Conservación Animal, vol. 1, , p. 401-404 (lire en ligne)
  • [Castellanos et al. 2010] (es) Raymi Castellanos, José L. Canelón, Vita Calzolaio, Federico Aguinaco, Ángel López et Roselys Montesinos, « Estudio hematológico y detección de hemoparásitos en caballos criollos venezolanos de dos hatos del Estado Apure, Venezuela », Revista Científica, vol. XX, no 2, , p. 153-160 (ISSN 0798-2259, lire en ligne)
  • [Cothran et al. 2011] (en) E.G. Cothran, J.L. Canelon, C. Luis et E. Conant, « Genetic analysis of the Venezuelan Criollo horse », Genetics and Molecular Research, vol. 10, no 4, , p. 2394–2403 (DOI 10.4238/2011.october.7.1, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.