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Couvent des Cordeliers (Toulouse)

Le couvent des Cordeliers est un ancien couvent de religieux franciscains – ou « cordeliers Â» – de Toulouse, en France. Il est fondĂ© en 1222, dans un contexte de dĂ©veloppement des ordres mendiants dans les villes europĂ©ennes, et particulièrement Ă  Toulouse, marquĂ©e au dĂ©but du XIIIe siècle par le catharisme et la croisade des albigeois.

Couvent des Cordeliers
L'Ă©glise conventuelle des Cordeliers, par Ferdinand Mazzoli (vers 1860, Le Vieux Toulouse disparu).
L'Ă©glise conventuelle des Cordeliers, par Ferdinand Mazzoli (vers 1860, Le Vieux Toulouse disparu).

Ordre Franciscains
Fondation 1222
Fermeture 1790
Diocèse Toulouse
DĂ©dicataire Marie
Personnes liées 200 (XIVe siècle)
50 (1790)
Style(s) dominant(s) Gothique
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1862, Ă©glise des Cordeliers)[1]
Logo monument historique ClassĂ© MH (1994, salle capitulaire ; grande sacristie ; vestiges de la petite sacristie ; vestiges Ă©ventuels de la chapelle de Rieux ; jardin actuel de la Banque de France susceptible de renfermer les vestiges du cloĂ®tre)[2]
Localisation
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Occitanie
DĂ©partement Haute-Garonne
Commune Toulouse
CoordonnĂ©es 43° 36′ 20″ nord, 1° 26′ 26″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Toulouse
(Voir situation sur carte : Toulouse)
Couvent des Cordeliers
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Couvent des Cordeliers

En concurrence, sinon en rivalité avec les dominicains toulousains – le couvent des Jacobins –, établis à quelques rues de leur couvent, les franciscains édifient un vaste couvent au cœur du bourg Saint-Sernin. Le vaste ensemble conventuel s'organise autour de l'église, ouverte à la population pour la prédication, et un cloître qui dessert la chapelle Notre-Dame de Rieux – un bijou de l'architecture gothique –, la sacristie, la salle capitulaire, la bibliothèque, le réfectoire et les cellules des moines. Le couvent toulousain devient la principale maison de la province franciscaine d'Aquitaine et le foyer intellectuel et religieux du Midi du royaume de France. D'ailleurs, le couvent est un des centres intellectuels majeurs du royaume puisque c'est dans ses murs que s'installe la jeune université toulousaine, fondée par le traité de Meaux-Paris en 1229.

À la Révolution, comme les autres couvents de la ville, les Cordeliers subissent les vicissitudes du temps. L'église est conservée, mais vidée de ses richesses, dispersées entre les églises et les musées de la région, d'autres bâtiments sont vendus quand ils ne sont pas cédés à l'administration militaire, d'autres encore sont démolis. La protection de l'église, classée aux monuments historiques dès 1862, a été complétée en 1994 par le classement des vestiges des autres bâtiments du couvent.

Histoire

Fondation et développement au Moyen Âge

Les frères mineurs de l'ordre de Saint-François, appelés Franciscains ou Cordeliers, s'installent en 1222 à Toulouse, une ville durement marquée par les troubles et les destructions de la croisade des albigeois, et qui se relève difficilement des sièges qui ont endommagé ses constructions, mais ont permis, depuis 1219, d'éloigner la menace des croisés. Déjà, en 1217, Guy Ier de Lévis, croisé qui s'est emparé de la seigneurie de Mirepoix, avait essayé d'obtenir du pape Honorius III l'autorisation d'emmener avec lui des religieux franciscains[3]. Le comte de Toulouse, Raimond VI, souhaite apaiser les tensions avec la papauté et il appuie le développement des ordres mendiants dans la ville de Toulouse. Les franciscains ne sont pas les premiers à s'être installés dans la ville, après les dominicains de Dominique de Guzmán en 1215.

Les franciscains s'installent sur un terrain qui leur est cĂ©dĂ© par un noble de la Gascogne toulousaine, Arnaud de Faudoas, dans le bourg Saint-Sernin, un vaste espace d'environ 13 000 m², entre les actuelles rues des Lois, du Collège-de-Foix, Albert-Lautmann et Antoine-Deville. Du XIIIe siècle au XVe siècle, les franciscains Ă©difient leur couvent. En 1324, Jean Tissandier, franciscain de Toulouse devenu Ă©vĂŞque de Rieux, fait bâtir une petite Ă©glise dĂ©diĂ©e Ă  la Vierge, pour desservir le couvent. Après sa mort, le cardinal Pierre de Foix, lui aussi un ancien franciscain de Toulouse, fondateur du collège de Foix voisin, fait achever la construction de l'Ă©glise, qu'il destine Ă  devenir une chapelle funĂ©raire pour son fondateur et les religieux du couvent[4]. La grande Ă©glise conventuelle est quant Ă  elle construite au dĂ©but du XIVe siècle dans le style gothique mĂ©ridional. Elle est dĂ©diĂ©e Ă  la Vierge, avec comme patrons secondaires François d'Assise et Louis d'Anjou, Ă©vĂŞque de Toulouse. Elle veut ouvertement rivaliser avec celle du couvent des dominicains. Elle est d'ailleurs, après l'Ă©glise Saint-Sernin, la plus vaste de la ville, et celle qui a la voĂ»te la plus Ă©levĂ©e[5].

Le couvent est réuni à la province d'Aquitaine ancienne, qui regroupe la Guyenne et le Haut-Languedoc, et abrite avec le couvent de Bordeaux les chapitres provinciaux. Les religieux toulousains sont à l'origine de la fondation de plusieurs autres couvents de la région, comme celui de Lautrec en 1281.

Le couvent devient un des lieux d'étude. Elle a le privilège de fournir un de ses religieux pour enseigner la théologie[4]. L'évêque de Rieux, Jean de Tessandière, avait même formé le projet d'établir un collège pour les étudiants toulousains près de sa chapelle. Antoine de Padoue s'y fait connaître pour sa prédication et son enseignement.

La sacristie conserve plusieurs reliques, particulièrement une épine de la Couronne du Christ, ainsi que la main, un manteau et un habit de l'évêque Louis de Toulouse.

L'église attire les fondations pieuses et nombreux sont les Toulousains qui souhaitent y être enterrés. En 1339, Béraud de Faudoas établit dans la chapelle de Rieux un caveau où sont enterrés ses père et grand-père, Arnaud de Faudoas[6].

Transformations de la période moderne

En 1535, les chapelles du chœur sont refaites par l'architecte Nicolas Bachelier.

En 1552, le couvent est cédé aux franciscains de l'Observance.

En 1562, lors des troubles religieux qui touchent la ville, les bâtiments du couvent sont incendiés par les protestants. Ils sont ensuite reconstruits.

En 1578, les confréries de pénitents de la ville – blancs, noirs, bleus et gris – défilent dans la nef devant la reine Catherine de Médicis[4].

Le , la voûte de la nef s’effondre en partie, détruisant l'orgue et plusieurs autels, endommageant des statues, sculptées par Nicolas Bachelier et d'autres sculpteurs toulousains. On les reconstruit à l'identique[7].

La Révolution française et les destructions du XIXe siècle

En 1789, la communautĂ© des franciscains de Toulouse se compose encore d'une cinquantaine de religieux, mais la RĂ©volution française vient bouleverser la vie de la communautĂ© et le destin du couvent. En 1790, les ordres religieux sont dissous et le couvent devient bien national[8]. En 1791, les reliques et les objets du culte sont transportĂ©s dans l'Ă©glise Saint-Sernin, dont les religieux bĂ©nĂ©dictins ont Ă©tĂ© Ă©galement expulsĂ©s et qui a Ă©tĂ© affectĂ©e Ă  la paroisse. Les cloches sont quant Ă  elles descendues de la tour du clocher et portĂ©es Ă  la fonderie, qu'on vient d'Ă©tablir dans la rue des Toulousains (actuelle rue de la Fonderie) pour y ĂŞtre fondues. L'Ă©glise est finalement affectĂ©e Ă  la paroisse du Taur et partiellement transformĂ©e, particulièrement par la destruction du jubĂ© qui sĂ©parait le chĹ“ur de la nef. En 1794, en pleine Terreur anti-religieuse, la flèche du clocher est abattue[9]. En 1798, le cloĂ®tre est dĂ©moli et ses matĂ©riaux sont vendus, tout comme le terrain qu'il occupait, avec le jardin, en 1802[10]. Finalement, les bâtiments du couvent sont affectĂ©s Ă  l'administration militaire qui en prend possession en 1818, pour en faire un magasin de fourrages pour les chevaux, principalement dans la nef de l'Ă©glise oĂą on stocke 9 200 quintaux de fourrage et 6 500 d'avoine[9]. La salle capitulaire est quant Ă  elle transformĂ©e en Ă©curie[11].

En 1834, on établit une station du télégraphe Chappe de la ligne Toulouse-Bayonne au sommet du clocher. Les bâtiments servent de prison.

La chapelle de Rieux est rasée en 1846 pour « aligner » la rue du Collège-de-Foix et la rue des Lois. Des éléments de sculpture, chapiteaux, clés de voûte, etc. sont récupérés par Alexandre Du Mège et regroupés au musée des Augustins. Seules deux statues – une de François d'Assise, une autre d'un saint franciscain – sont placées dans les niches qui encadrent le portail de l'église Notre-Dame du Taur[12]. Le caveau est comblé et on ignore aujourd’hui jusqu’à son emplacement précis.

En 1856, la succursale de la Banque de France est construite par Henri Bach[13] à l'emplacement de l'ancien cloître et d'une partie des jardins[10].

L'église des Cordeliers est classée au titre des monuments historiques par la liste de 1862[1].

Plusieurs morceaux de la chapelle sont dispersés. On trouve des gargouilles de la chapelle qui servent de boute-roues dans la rue des Lois. En 1866, Victor Gesta, maître-verrier toulousain, achète à un tailleur de pierre un bas-relief, des chapiteaux, des culs-de-lampe, des consoles et d'autres pierres sculptées de la chapelle[5].

En 1871, dans la nuit du 23 au , un feu éclate dans l’amoncellement de paille et de fourrages. Il se propage rapidement et dévaste totalement la nef. On détruit en 1873 ce qui reste des ruines de l’édifice. Le clocher, épargné, est vendu à un fondeur de plombs de chasse.

  • La nef de l'Ă©glise, par Eugène Delon (1871, Archives municipales).
    La nef de l'église, par Eugène Delon (1871, Archives municipales).
  • IntĂ©rieur des Cordeliers après l’incendie, par Eugène Trutat (1871, Archives municipales).
    Intérieur des Cordeliers après l’incendie, par Eugène Trutat (1871, Archives municipales).

Sur l’emplacement du cloître et du jardin est bâti l'hôtel de la Banque de France. Les bâtiments conventuels sont détruits, à l'exception de la sacristie et de la salle capitulaire, qui a servi de restaurant universitaire : on y accède par la rue des Lois.

La salle capitulaire , la grande sacristie, les vestiges de la petite sacristie et de la chapelle de Rieux, ainsi que le jardin actuel de la Banque de France font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du [2].

Description

Église conventuelle

L'Ă©glise conventuelle fut construite au dĂ©but du XIVe siècle dans le style gothique mĂ©ridional. Elle Ă©tait orientĂ©e Ă  l'est et le portail principal s'ouvrait dans la façade occidentale, sur la rue Antoine-Deville. Elle mesurait 86 m de long, sur 26 m de large, et la hauteur du sol au pignon Ă©tait de 30 mètres, ce qui en faisait l'une des plus grandes Ă©glises de Toulouse[5].

La façade occidentale Ă©tait un haut mur de brique de 26 m de large sur 30 m de haut, soutenu par deux contreforts surmontĂ©s de gargouilles en pierre, et percĂ© d'une rosace. Le portail, en pierre, a Ă©tĂ© partiellement reconstituĂ©, mais dĂ©placĂ© du cĂ´tĂ© de la rue du Collège-de-Foix. Il formait sur la rue Antoine-Deville une saillie d'environ un mètre. Il Ă©tait surmontĂ© d'un grand fronton triangulaire, flanquĂ© de deux frontons latĂ©raux plus petits et Ă©troits. Les portes Ă©taient encadrĂ©es de colonnettes surmontĂ©es de chapiteaux sculptĂ©s, d'oĂą partaient les voussures du tympan. Celui-ci Ă©tait dĂ©corĂ© de fresques reprĂ©sentant la Vierge entourĂ©e de plusieurs saints et saintes franciscaines, et des saints Pierre et Paul. Au-dessus de la porte principale se trouvait Ă©galement la devise Durabit donec fluctus formica marinos / Ebibat, et totum testudo perambulet orbem (« elle durera jusqu'Ă  ce que la fourmi ait bu la mer, et que la tortue ait fait le tour de la terre »)[14].

  • La façade occidentale et le portail, par J.-M. Cayla (1842, Toulouse monumentale et pittoresque).
    La façade occidentale et le portail, par J.-M. Cayla (1842, Toulouse monumentale et pittoresque).
  • Le portail occidental, replacĂ© dans la rue du Collège-de-Foix.
    Le portail occidental, replacé dans la rue du Collège-de-Foix.
  • Le portail occidental et le clocher de l'Ă©glise.
    Le portail occidental et le clocher de l'Ă©glise.

Les côtés de la nef étaient soutenus par dix contreforts, larges de m à leur base. Au sommet, des gargouilles en pierre – aujourd'hui conservées dans le cloître du musée des Augustins – représentent des animaux fantastiques et des chimères. Entre les contreforts sont percées de hautes fenêtres qui éclairent la nef, et au-dessus, des œils-de-bœuf qui éclairent les combles[7].

Le clocher de l'Ă©glise a subsistĂ© Ă  la dĂ©molition de l'Ă©glise en 1873. Il est caractĂ©ristique des clochers du gothique mĂ©ridional. Il s'Ă©levait entre le 7e et le 8e contrefort, au nord de la nef, et on y accĂ©dait par des ouvertures pratiquĂ©es entre le 2e et le 7e contrefort. La base est carrĂ©e et Ă©clairĂ©e par deux grandes ouvertures. Au-dessus de la hauteur de la nef, le clocher prend la forme d'un octogone. Il Ă©tait surmontĂ© d'une flèche, qui culminait Ă  51 mètres, mais qui avait Ă©tĂ© abattue en 1794[7].

  • RelevĂ© des gargouilles (XIXe siècle, musĂ©e Paul-Dupuy).
    Relevé des gargouilles (XIXe siècle, musée Paul-Dupuy).
  • La galerie des gargouilles (musĂ©e des Augustins).
    La galerie des gargouilles (musée des Augustins).
  • Gargouille en forme de chimère (musĂ©e des Augustins).
    Gargouille en forme de chimère (musée des Augustins).
  • Gargouille en forme de chimère (musĂ©e des Augustins).
    Gargouille en forme de chimère (musée des Augustins).
  • Gargouille en forme de chimère (musĂ©e des Augustins).
    Gargouille en forme de chimère (musée des Augustins).

Ă€ l'intĂ©rieur, la nef mesurait 82 m de long, 16 m de large, et 25 m sous voĂ»te. Elle Ă©tait Ă©clairĂ©e par les vitraux des hautes fenĂŞtres et de la rosace. Ces fenĂŞtres gothiques lancĂ©olĂ©es Ă  trois divisions possĂ©daient des vitraux, retirĂ©s Ă  la RĂ©volution, et pour certains remontĂ©s dans le chĹ“ur de la cathĂ©drale Saint-Étienne. La nef avait Ă©galement une dĂ©coration peinte en façon de pierre de taille, tracĂ©es avec des filets brun-rouge sur fond jaune clair. Les clefs de voĂ»te Ă©taient sculptĂ©es et peintes de blasons, de symboles ou de personnages religieux[15]. Elles ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es au musĂ©e des Augustins après 1873.

Entre les contreforts, les 27 chapelles – dix de chaque côté de la nef et sept autour du chœur – mesuraient m de profondeur. Elles étaient dédiées à plusieurs saints et saintes franciscaines. Elles étaient éclairées par des fenêtres et décorées de fresques[15] - [16].

Le chœur, de forme octogonale, était fermé par une balustrade en marbre rouge de Caunes. Elle fut déplacée en 1824, sur ordre du roi Charles X pour fermer le chœur de la cathédrale Saint-Étienne[17]. le maître-autel avait été dessiné et en partie réalisé par le sculpteur toulousain Marc Arcis. Il était constitué d'un grand bas-relief en stuc, l'Annonciation. Au-dessus, sur l'entablement, se trouvait un groupe de sculptures, l'Assomption de la Vierge encadrée de François et de Claire d'Assise, et d'anges qui portaient les instruments de la Passion[18]. Un parement d'autel du XIVe siècle, rare exemple de chef-d’œuvre textile, est conservé au musée Paul-Dupuy.

Le sol de l'église était recouvert des pierres tombales des familles qui se faisaient enterrer dans l'église-même – nobles, chevaliers, magistrats, légistes, mais aussi marchands et artisans. On trouvait également plusieurs tombeaux de plusieurs bienfaiteurs du couvent, tels Denis du Buisson de Beauvoir, Jean-Étienne Duranti, premier président du Parlement, et Jean-Georges de Garand de Donneville, président à mortier au Parlement[19].

Cloître

Le grand cloĂ®tre Ă©tait au nord de l'Ă©glise. Il Ă©tait bordĂ© Ă  l'est par la sacristie, la salle capitulaire, Ă  l'ouest par des bâtiments fonctionnels, et au nord par les jardins. Il formait un carrĂ© dont les galeries mesuraient chacune 45 m de long. Il Ă©tait formĂ© de colonnes de marbre gĂ©minĂ©es supportant les hautes ogives qui soutenaient la voĂ»te. Des peintures Ă  fresque ornaient les murs, reprĂ©sentant des Ă©pisodes de la vie de François d'Assise et de Louis de Toulouse. Un jardin occupait le centre du cloĂ®tre et une croix en pierre se dressait au centre[11] - [20].

Bibliothèque

La bibliothèque se trouvait au nord du cloître. Elle était réservée aux franciscains et les livres étaient attachés aux pupitres. Il était ainsi interdit, sous peine d'excommunication, de détacher ces livres. La salle fut décorée de tableaux peints par Antoine Rivalz, pour la plupart dispersés dans des églises de la région toulousaine au XIXe siècle[21]. Les ouvrages de la bibliothèque, et particulièrement les incunables, appartiennent pour la plupart à la bibliothèque municipale de Toulouse[22].

RĂ©fectoire

Le grand réfectoire s'étendait au nord-est du cloître. Il est démoli au début du XIXe siècle[10].

Sacristie

La sacristie Ă©tait situĂ©e au nord-est de l'Ă©glise, entre le chevet et la salle capitulaire. Elle mesure 20 m de long sur m de large. Elle se compose de trois travĂ©es supportĂ©es par des colonnettes aux chapiteaux sculptĂ©s de feuillages. Les clefs de voĂ»te sont sculptĂ©es de blasons[17].

Elle est la propriĂ©tĂ© de la famille Belin mais reste ouverte au public lors d'Ă©vĂ©nements culturels. Elle est restaurĂ©e dans les annĂ©es 1990. Elle est accessible par la rue des Lois (actuel no 13). Elle est parfois abusivement dĂ©signĂ©e comme la « chapelle des Cordeliers Â».

  • La sacristie
    La sacristie
  • VoĂ»te de la sacristie
    Voûte de la sacristie
  • Culot sculptĂ©
    Culot sculpté
  • Peinture murale (partie gauche)
    Peinture murale (partie gauche)
  • Peinture murale (partie droite)
    Peinture murale (partie droite)

Salle capitulaire

C'est dans la salle capitulaire que se tenaient les assemblĂ©es de la communautĂ© des franciscains de Toulouse, mais aussi les chapitres provinciaux pour l'Aquitaine ancienne. Elle mesure 17 m de longueur, divisĂ©e en trois travĂ©es, sur 11 m de largeur, divisĂ©e en deux travĂ©es. Trois portes Ă©taient percĂ©es dans le mur occidental, du cĂ´tĂ© du cloĂ®tre, mais seule celle du milieu Ă©tait ouverte, encadrĂ©e de colonnettes Ă  chapiteaux sculptĂ©s, les deux autres Ă©tant murĂ©es. La salle est Ă©clairĂ©e par de petites fenĂŞtres au-dessus des trois portes. La chapelle de la salle capitulaire a quant Ă  elle Ă©tĂ© dĂ©truite au dĂ©but du XIXe siècle[23].

La salle capitulaire devient la propriĂ©tĂ© de l'universitĂ© de Toulouse. Elle est restaurĂ©e dans les annĂ©es 1990 et reste accessible par la rue des Lois (actuel no 15). En , lors de la visite de Jacques Chirac au Mexique, le ministre de l'Éducation nationale, Claude Allègre, propose la crĂ©ation d'une « Maison du Mexique Â» Ă  Toulouse afin de renforcer la coopĂ©ration universitaire et scientifique avec ce pays. La Maison universitaire franco-mexicaine (MUFRAMEX) s'installe dans les locaux de la rue des Lois en 2009[24].

  • La salle capitulaire.
    La salle capitulaire.
  • Salle capitulaire
    Salle capitulaire
  • VoĂ»te
    Voûte
  • ClĂ© de voĂ»te
    Clé de voûte

Chapelle Notre-Dame de Rieux

La chapelle Notre-Dame de Rieux se trouvait derrière le chevet de l'église, au croisement de la rue des Lois et de la rue du Collège-de-Foix (emplacement de l'actuel no 11 rue des Lois)[4]. Entre 1324 et 1343, Jean Tissandier, religieux toulousain devenu évêque de Rieux, fait édifier une chapelle, placée sous l'invocation de Notre Dame, qui doit desservir un collège qu'il veut faire construire au même emplacement. Après sa mort, le cardinal Pierre de Foix, lui aussi ancien franciscain, fondateur du collège de Foix voisin, fait achever la construction de la chapelle, qu'il destine à devenir une chapelle funéraire pour son fondateur et les religieux du couvent.

La chapelle, de style gothique, mesurait près de 30 mètres de long sur 16 mètres de large. La nef comptait quatre travĂ©es, sĂ©parĂ©es par des colonnes, qui portaient des statues de saints sous des dais gothiques. Elle Ă©tait percĂ©e de hautes fenĂŞtres gothiques, ornĂ©es de sculptures et de vitraux. Elle Ă©tait flanquĂ©e de contreforts entre lesquels se trouvent les chapelles, percĂ©es de petites rosaces. Au nord se trouvait un clocher carrĂ© surmontĂ© d'une flèche. Les voĂ»tes reposaient sur les chapiteaux des colonnes ou sur des consoles sculptĂ©es de figures. Les clefs de voĂ»te Ă©taient chargĂ©es des armes de Jean Tissandier[25].

À droite du maître-autel se trouve la statue-gisant de Jean Tissandier[26]. On peut en voir une représentation avec la statue de Jean Tissandier en donateur, une des œuvres du sculpteur inconnu, dit « Maître de Rieux », qui réalisa une abondante décoration sculptée de la chapelle.

De la chapelle de Notre-Dame de Rieux, le Musée des Augustins conserve également, dans la chapelle Notre-Dame de Pitié qui donne sur le cloître, un remarquable ensemble de sculptures en pierre du Maître de Rieux, dont des statues de saints, de Jean Tissandier, ainsi que de nombreux éléments architecturaux.

  • Jean Tissandier prĂ©sentant la chapelle de Rieux.
    Jean Tissandier présentant la chapelle de Rieux.
  • Chapiteau portant les armes de Jean Tissandier.
    Chapiteau portant les armes de Jean Tissandier.
  • Chapiteau Ă  trois feuilles.
    Chapiteau Ă  trois feuilles.
  • Dais Ă  dĂ©cor d’architecture.
    Dais à décor d’architecture.

Caveau

C'est sous la chapelle de Rieux, ou du moins à proximité, que se trouve une crypte destinée à servir de sépulture[27]. Très vite on constate que les corps qui y sont déposés se momifient et se conservent en assez bon état. Dès lors tous les Toulousains veulent y déposer leurs morts et ainsi se constitue une galerie d’ancêtres que l’on peut visiter. Les corps sont appuyés debout contre les murs, et dans un coin on entasse des fragments, bras, jambes, têtes. On peut voir, paraît-il, la Belle Paule, célèbre pour sa beauté au point d’être devenue de son vivant une légende toulousaine. Selon des récits ultérieurs, les femmes n’avaient pas le droit de visiter le caveau : des dames curieuses obtinrent qu’on leur remonte le corps de la Belle Paule. À peine à l’extérieur, il tomba en poussière.

Un mĂ©moire lu Ă  l’AcadĂ©mie des Sciences par M. de Puymaurin, en 1784[28], dĂ©crit ce caveau comme une salle ovale de 18 pieds sur 12, dont la voĂ»te Ă©tait supportĂ©e par un pilier central. On y accĂ©dait par un corridor qui succĂ©dait Ă  un escalier partant du cloĂ®tre

On raconte[29] aussi, sous de multiples versions, l’histoire d’un jeune cordelier téméraire, mis au défi par quelques camarades, d’aller seul en pleine nuit dans le caveau. Comme preuve, il doit planter un clou dans le couvercle d’un cercueil. Ce qu’il fait. Mais alors qu’il va partir, il se sent retenu par une main invisible, celle sans doute du mort dont il a troublé le repos. Il a beau tirer sur son vêtement, la main ne le lâche pas. Ses camarades retrouvent son corps au matin, il est mort de terreur. On constate alors que dans sa fébrilité, il avait cloué sa propre manche au cercueil.

Notes et références

  1. Notice no PA00094517, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Notice no PA00132945, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. François Robert, Les Cordeliers de Mirepoix, 1909, p. 3-5.
  4. Brémond, 1871, p. 6.
  5. Brémond, 1871, p. 8.
  6. Brémond, 1871, p. 24.
  7. Brémond, 1871, p. 9.
  8. Brémond, 1871, p. 6 et 11.
  9. Brémond, 1871, p. 9-11.
  10. Brémond, 1871, p. 14.
  11. Brémond, 1871, p. 13.
  12. Brémond, 1871, p. 7-8.
  13. Selon AGORHA.
  14. Brémond, 1871, p. 8-9.
  15. Brémond, 1871, p. 9-10.
  16. Esquié, 1877, p. 383.
  17. Brémond, 1871, p. 11.
  18. Brémond, 1871, p. 10.
  19. Brémond, 1871, p. 10-11.
  20. Alexandre Du Mège, Histoire des institutions de la ville de Toulouse, tome IV, p. 611.
  21. Brémond, 1871, p. 15.
  22. Bibliothèque du couvent des cordeliers de Toulouse, sur le site Biblissima (consulté le 4 mai 2019).
  23. Brémond, 1871, p. 12-13.
  24. Historique sur le site de la Maison universitaire franco-mexicaine (consulté le 4 mai 2019).
  25. Brémond, 1871, p. 6-7.
  26. Brémond, 1871, p. 7.
  27. « Les mystères de l'église des Cordeliers », sur ladepeche.fr
  28. Cléobule Paul, Toulouse monumentale et pittoresque, p. 159
  29. Cléobule Paul, Toulouse monumentale et pittoresque, p. 161

Voir aussi

Bibliographie

  • Alphonse BrĂ©mond, Notice historique sur l'Ă©glise et le couvent des Cordeliers, Imp. Rives et Privat, Toulouse, 1874. (lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jacques-Jean EsquiĂ©, « L'Ă©glise et le monastère des Cordeliers Ă  Toulouse Â», MĂ©moires de l'AcadĂ©mie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 7e sĂ©rie, 1876-1877, tome VIII, p. 370-399, et tome IX, p. 383-400.
  • Yvette Carbonell-Lamothe, « Recherches sur la construction du couvent des Cordeliers de Toulouse Â», Pierre de Fermat. Toulouse et sa rĂ©gion, Actes du XXIe Congrès d'Ă©tudes rĂ©gionales, Toulouse, 1965.
  • Guy Ahlsell de Toulza et Henri Pradalier, « La sacristie des Cordeliers de Toulouse Â», MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique du Midi de la France, tome LXXII, 2012, p. 155-174 (lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Estelle Martinazzo et Sophie Duhem, « "L'humiditĂ© les faisoit incliner et la sĂ©cheresse les redressoit" : Ă©tude des corps momifiĂ©s de Toulouse sous l’Ancien RĂ©gime », Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires, no 12, 2013 (lire en ligne).
  • Maria Alessandra Bilotta et Marie-Pierre Chaumet-Sarkissian (dir.), Le Parement d'autel des Cordeliers de Toulouse. Anatomie d’un chef-d’œuvre du XIVe siècle, Somogy, Paris, 2012 (ISBN 978-2757205754).
  • Pierre Salies, Dictionnaire des rues de Toulouse, Éd. Milan, 1990.

Articles connexes

Lien externe

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