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Maître de Rieux

Le Maître de Rieux est un sculpteur anonyme du XIVe siècle, peut-être installé à Rieux-Volvestre, qui était alors un important centre culturel et spirituel grâce au mécénat de Jean Tissandier, évêque de Rieux.

Maître de Rieux
Sculptures du maître de Rieux au musée des Augustins (Toulouse) - Au premier plan, Jean Tissandier, évêque de Rieux.
Activité
Sculpture

Identité

On ignore l’identitĂ© et l’origine du sculpteur, en sorte qu’on est rĂ©duit Ă  Ă©tudier les Ĺ“uvres pour leur attribuer un auteur unique. Encore a-t-on pu croire que, mĂŞme Ă  l’intĂ©rieur d’un mĂŞme programme, il pouvait y avoir deux « maĂ®tres de Rieux Â», alors qu’il est plus probable qu’il y a eu dans le temps de la rĂ©alisation une Ă©volution stylistique.

On a pu lui attribuer des origines italiennes, ou tout au moins avignonnaises, d’où l’évêque Jean Tissandier aurait pu le faire venir dans son diocèse, mais il est possible qu’il ait reçu une influence d’artistes italiens venus travailler en Languedoc et qui lui ont amené la polychromie et des traits stylistiques particuliers comme les nimbes nervurés.

On a retrouvĂ©, dans le chapitre de Saint-Étienne de Toulouse, un Petrus Sancto Melio, « ymagier Â», qui pourrait ĂŞtre traduit en « Pierre de Saint-Émilion Â». Le sculpteur originaire de la rĂ©gion bordelaise pourrait avoir reçu une première formation dans la construction de la cathĂ©drale Saint-AndrĂ© de Bordeaux, en particulier dans les voussures du portail sud[1]. Un de ses principaux commanditaires, l’évĂŞque Hugues de Castillon, venait lui aussi de la rĂ©gion bordelaise.

Activité

La plus grande activité du sculpteur se situe entre les années 1330 à 1350. Son influence, par ses élèves ou ses émules, s’étend bien au-delà. Son atelier rayonne dans tout le Languedoc grâce à la qualité et à l'originalité stylistique dont il fait preuve. Il se démarque par l'utilisation de la ronde-bosse, une facture maniériste et élégante où les cheveux et les barbes, les drapés et les plis démontrent la virtuosité du tailleur. Dans la décoration, il use de l’arc en accolade, des motifs de feuillages boursouflés

Le style de Rieux a rayonné largement au-delà de Toulouse, comme en Navarre, où le portail de l’Amparo de la cathédrale de Pampelune[2] pourrait avoir subi son influence, ou en Catalogne, à la cathédrale de Gérone, où en 1381 a œuvré Joan (ou Jean) Avesta, un sculpteur influencé par la manière du Maître, qu'il a pu découvrir lorsqu'il a travaillé en Occitanie, à Carcassonne et à Belpech[3] .

Chapelle Notre-Dame de Rieux

La chapelle de Rieux, dans l’enceinte du couvent des Cordeliers de Toulouse, est l’œuvre majeure du maître. Le cycle de Rieux comporte une vingtaine de statues d’apôtres et de saints franciscains, deux statues de Jean Tissandier, évêque de Rieux, l’une en fondateur, l’autre étant le gisant de son tombeau ; et quantité d’éléments sculptés, chapiteaux, clés de voûte, dais surmontant chacune des statues, etc. Deux autres statues, celle du Christ et de la Vierge, se trouvent au musée Bonnat de Bayonne.

  • Saint Paul
    Saint Paul
  • Saint Jean-Baptiste
    Saint Jean-Baptiste
  • Saint Jean l'Ă©vangĂ©liste
    Saint Jean l'évangéliste
  • Saint Antoine de Padoue
    Saint Antoine de Padoue
  • Saint François d’Assise
    Saint François d’Assise
  • Saint Louis d’Anjou (ou de Toulouse)
    Saint Louis d’Anjou (ou de Toulouse)
  • ApĂ´tre
    ApĂ´tre
  • ApĂ´tre
    ApĂ´tre

Portail de la cathédrale de Rieux

Portail de la cathédrale de Rieux

Le portail a subi d’irrémédiables dommages à la Révolution : toute la statuaire a été détruite. Néanmoins, l’examen des vestiges témoigne de l’art du maître de Rieux dans ses constantes : l’apport de la polychromie, les nimbes radiés, un vocabulaire stylistique nouveau.

Tombeau d’Hugues de Castillon à Saint-Bertrand-de Comminges

Tombeau d’Hugues de Castillon

On attribue au Maître de Rieux la chapelle funéraire d’Hugues de Castillon dans la cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges, à la fois par ses décors et par le gisant qui n’est pas sans rappeler celui de Jean Tissandier.

On peut, entre autres, voir l'ensemble lapidaire du musée des Augustins à Toulouse, issu de la décoration sculptée de l'ancienne chapelle Notre-Dame de Rieux dans le couvent des Cordeliers de Toulouse, ou bien les clefs de voûte de l'ancienne cathédrale Saint-Maurice de Mirepoix.

Abbaye Saint-Sernin de Toulouse

Calcaire peint vers 1340-1350 connue sous le nom de Notre-Dame-de-Bonnes-Nouvelles , Vierge à l'Enfant qui ornait autrefois une chapelle du cloitre de l'Abbaye Saint-Sernin de Toulouse aujourd'hui conservée au musée des Augustins de Toulouse[4].

Notes et références

  1. Hypothèse de B. Mundt, in Michèle Pradalier-Schlumberger, Toulouse et le Languedoc, la sculpture gothique
  2. Michèle Pradalier-Schlumberger, Le Maître de Rieux et son influence en Navarre « Copie archivée » (version du 10 novembre 2013 sur Internet Archive)
  3. Francesca Espanol, « Joan Avesta, sculpteur de Carcassonne. L'influence de l'atelier de Rieux sur la Catalogne », Bulletin Monumental, vol. 151, no 2,‎ , p. 1993 (lire en ligne).
  4. Archéologia, novembre 2022, n°614, p. 65

Voir aussi

Bibliographie

  • [Pradalier-Schlumberger 1998] Michèle Pradalier-Schlumberger, « 6- Le MaĂ®tre de Rieux (1330-1350) », dans Toulouse et le Languedoc, la sculpture gothique (XIIIe-XIVe siècles), Toulouse, Presses universitaires du Midi, , 360 p. (ISBN 978-2-85816374-8, lire en ligne), p. 209-274

Articles connexes

Liens externes

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