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Copi

Raúl Damonte Botana, dit Copi, est un romancier, dramaturge et dessinateur argentin francophone, figure majeure du mouvement gay, né le à Buenos Aires et mort le à Paris[1].

Copi
Copi avec l'actrice argentine Susana Giménez en 1969.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
RaĂşl Damonte Botana
Surnom
Copi
Nationalité
Activités
Père
RaĂşl Damonte Taborda (d)
Autres informations
A travaillé pour
Archives conservées par

Biographie

Élevé en grande partie à Montevideo (Uruguay), dans une famille argentine parfaitement francophone dont le père est directeur de journal et député anti-péroniste (es), tirant peut-être du goût de ce dernier pour la peinture un talent précoce pour le dessin, il collabore dès l’âge de 16 ans au journal satirique Tía Vicenta[2].

Les activités politiques de son père l’obligent à s'exiler en sa compagnie à Haïti puis à New York. En 1963, il le quitte pour s’installer à Paris dans l’espoir d’y vivre de sa passion, le théâtre. Mais sa maîtrise imparfaite du français le conduit à vivre dans un premier temps du dessin. Sous le nom de « Copi », il entre alors à Twenty, puis à Bizarre[2]. C'est dans cette dernière revue qu’à l’automne 1964, Serge Lafaurie, à la recherche d’une bande dessinée pour Le Nouvel Observateur, le remarque.

S’il amorce alors sa collaboration à l’hebdomadaire de la rue d’Aboukir, il dessine aussi pour Hara-Kiri, Charlie Hebdo et leur homologue italien, Linus. Se distinguant par un graphisme aigu et un humour surréaliste, il atteint la notoriété dans la série La Dame assise avec son personnage de dame assise au gros nez et aux cheveux raides qui, figée sur sa chaise, monologue, ou dialogue avec un volatile informe. Selon Marilú Marini[3],

« [il a] créé son exact opposé avec cette femme pleine d’a priori qui veut rester sur sa chaise sans bouger, car tout ce qui peut ébranler ses convictions est pour elle un grand danger. »

En 1967, il est avec Guido Crepax et Jules Feiffer le premier auteur de bande dessinée à recevoir un prix de bande dessinée remis en Europe, la tour Guinigi d'or remise lors du Salon international des bandes dessinées de Lucques.

Avec les revenus qu’il tire du dessin, il peut ainsi se livrer à sa passion en compagnie de ses amis Victor Garcia (en espagnol : Víctor García), Alejandro Jodorowsky, mais aussi Jérôme Savary qui est le premier, en 1964, à monter de courtes pièces qu’il a écrites. Jorge Lavelli prend la suite en montant Sainte Geneviève dans sa baignoire, La Journée d'une rêveuse au Lutèce (1966) et L'Homosexuel ou la Difficulté de s'exprimer (1967) où Copi joue lui-même un travesti délirant (c'est encore Copi qui, en tant qu'acteur, fait une apparition en travesti décalé dans le clip publicitaire « C'est fou ! » pour Perrier)[4]. Car s’il dénonce le régime argentin comme dans Eva Peron (en espagnol : Eva Perón, montée à Buenos Aires en 1970), il est proche du mouvement du Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR) qui traduit un rapprochement entre l'extrême-gauche maoïste et les homosexuels. Depuis 2000 le metteur en scène Marcial Di Fonzo Bo monte l'intégrale de Copi et compte parmi ses comédiens Pierre Maillet, Élise Vigier, Marina Foïs, Philippe Marteau.

Compagnon de la figure de proue du mouvement gay Guy Hocquenghem, il suit ce dernier à Libération où, avec Jean-Luc Hennig, Christian Hennion ou la militante trans Hélène Hazera, ils forment à partir de 1973 un petit groupe d’homosexuels au sein de la rédaction. L'été 1979, de juin à août, il dessine une petite créature inventée sur mesure pour le quotidien : Libérett'. Ses dessins politico-pornographiques, mâtinés d'humour noir et franchement potaches, réagissent à l'actualité en s'en moquant et font rapidement scandale. Un terme est mis à l'aventure Libérett' dès la fin du mois d'août 1979. Libération rappellera pourtant Copi en 1982 où il reviendra avec un autre personnage, plus sage cette fois-ci : Kang le kangourou, dont les dessins seront compilés plus tard dans un album du même nom.

Auteur de nombreuses pièces dans la deuxième moitié des années 1970 et la première partie des années 1980, il meurt des suites du sida à 48 ans en 1987, alors qu'il était en pleine répétition d’Une visite inopportune, dont le personnage principal est un malade du sida qui se meurt dans un hôpital.

Hommage

Lors de la séance de décembre 2018, le Conseil de Paris a voté le vœu de l'apposition d'une plaque commémorative en sa mémoire rue Cauchois, dans le 18e arrondissement[5].

Ĺ’uvres

Romans et nouvelles

Théâtre et opéra

Bandes dessinées

Notes et références

  1. Source : bio de Copi sur le site de Christian Bourgois Éditeur.
  2. « Copi dans Charlie Mensuel », sur BD oubliées (consulté le ).
  3. Créatrice au théâtre, en 1984, de La Femme assise d'après la BD.
  4. Voir Ă  ce sujet le commentaire de Jean-Claude Dreyfus dans son interview sur le site de Culture Pub.
  5. « Conseil de Paris ».

Voir aussi

TĂ©moignages

Jorge Damonte (prĂ©f. Christian Bourgois, ill. photos noir et blanc Jorge Damonte), Copi, Paris, Christian Bourgois Ă©diteur, , 96 p., 24,5 cm Ă— 31 cm, reliĂ© (cartonnage), in-8 (ISBN 2-267-00799-1)

Textes rassemblés par Jorge Damonte, frère de Copi. Avec, entre autres témoignages, ceux de Alfredo Arias, Michel Cournot, Jorge Lavelli, Myriam Mézières, Jérôme Savary. Document utilisé pour la rédaction de l’article

Études

  • Claudine Vigouroux, « Une visite inopportune », dans Michel Vinaver (dir.), Écritures dramatiques. Essais d'analyse de textes de théâtre, Arles, Actes Sud, (ISBN 978-2742729012)
  • Isabelle BarbĂ©ris, Catherine Dousteyssier-Khoze (dir.) et Floriane Place-Vergnes (dir.), « Copi, le travestissement entre parodie et vanitĂ© », Modern French Identities, Berne, Peter Lang, no 55 « PoĂ©tiques de la parodie et du pastiche de 1850 Ă  nos jours »,‎ (ISBN 9783039107438)
  • Isabelle BarbĂ©ris, Florence Fix (dir.) et FrĂ©dĂ©rique Toudoire-Surlapierre (dir.), « L’ÉpopĂ©e verbale de Loretta Strong », dans Le Monologue au théâtre (1950-2000). La Parole solitaire, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, coll. « Écritures », (ISBN 291555255X)
  • Olivier Neveux, « Rire comme une folle… Sur d’éventuels effets politiques de la parodie La Tour de la DĂ©fense de Copi », Recherches et Travaux, Grenoble, UniversitĂ© Stendhal-Grenoble 3, no 69 « Du comique dans le théâtre contemporain »,‎ (ISBN 9782843100994)
  • Martine Gossieaux, « Copi », dans La Passion du dessin d'humour, Paris, Éditions Buchet-Chastel, coll. « Les Cahiers DessinĂ©s », (ISBN 9782283022696), p. 78-81
  • Isabelle BarbĂ©ris et Thibaud Croisy, « Copi, la mĂ©moire au frigo », sur Rue89, 2 avril 2013
  • Lionel Souquet, « L'Immoderato cantabile d'un Argentin francophone », in LittĂ©ratures en mutation, Ă©crire en situation bilingue, sous la direction de Françoise Morcillo et de Catherine PĂ©lage, OrlĂ©ans, Ă©ditions Paradigme, 2013, p. 131-158
  • Thibaud Croisy, « Le temps d'un Ă©tĂ©, Copi libère "LibĂ©" », blog du Monde diplomatique, juillet 2013
  • Isabelle BarbĂ©ris, Les Mondes de Copi, Machines folles et chimères, ed. Ă”rizons, Paris, 2014
  • Thibaud Croisy, « Mais si, Bibine, les pĂ©dĂ©s font leur strip ! », dans Vive les pĂ©dĂ©s, Copi, Éditions de l'Olivier/CornĂ©lius, coll. « Olivius », 2014, p. 5-14
  • Lionel Souquet, Copi et Puig, ovnis du théâtre argentin ?, ILCEA, 22| 2015, mis en ligne le
  • Thibaud Croisy, « Copi, ou les mĂ©tamorphoses du mauvais esprit », in Contre-cultures 1969-1989 – L'Esprit français, sous la direction de Guillaume DĂ©sanges et François Piron, La DĂ©couverte/La Maison Rouge, 2017, p. 170-179
  • Thibaud Croisy, « Une folle au pays des merveilles », postface au Bal des folles de Copi, Christian Bourgois Ă©diteur, 2021, p. 165-189
  • Thibaud Croisy, « Homosexuel, vraiment ? », postface Ă  L'Homosexuel ou la difficultĂ© de s'exprimer suivi des Quatre Jumelles, Christian Bourgois Ă©diteur, 2022, p. 119-156
  • Thibaud Croisy, « Copi ou la difficultĂ© de l'Ă©diter », Trou Noir, mis en ligne le 28 avril 2022
  • Thibaud Croisy / ClĂ©ment Ribes, « Un vieux rĂŞve d'enfant », mis en ligne le 17 mai 2022
  • Thibaud Croisy, « Se travestir par la parole – Le travestissement dans l'Ĺ“uvre de Copi », Artcena, mis en ligne le 6 septembre 2022
  • Thibaud Croisy, « Les "pĂ©dĂ©s" ou comment s'en dĂ©barrasser », postface Ă  La Guerre des pĂ©dĂ©s de Copi, Christian Bourgois Ă©diteur, 2023, p. 149-175

Articles connexes

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