Concordancia
La Concordancia Ă©tait une alliance politique formĂ©e en Argentine en 1931, dans le sillage du coup d’État militaire de septembre 1930 qui renversa le prĂ©sident Yrigoyen. ComposĂ©e du Parti dĂ©mocrate national (PDN, conservateur de droite), de l’Union civique radicale antipersonnaliste (UCRA, scission de l’UCR, centriste) et du Parti socialiste indĂ©pendant, cette alliance gouverna l’Argentine de 1932 Ă 1943, durant la DĂ©cennie infâme, pĂ©riode de l’histoire argentine caractĂ©risĂ©e par une fraude Ă©lectorale institutionnalisĂ©e et une corruption omniprĂ©sente. La crĂ©ation de la Concordancia avait Ă©tĂ© voulue par le gĂ©nĂ©ral AgustĂn Pedro Justo pour soutenir sa candidature Ă la prĂ©sidence, après que le dictateur issu du coup d’État septembriste, le gĂ©nĂ©ral JosĂ© FĂ©lix Uriburu, voyant au terme d’un an de gouvernement que son projet politique corporatiste inspirĂ© du fascisme italien ne rencontrait que peu d’écho dans la sociĂ©tĂ© argentine, se fut rĂ©signĂ© Ă convoquer des Ă©lections pour novembre 1931. La Concordancia reprĂ©sentait la fraction de la droite argentine qui voulait faire perdurer le système en place, et notamment maintenir (Ă l’inverse d’Uriburu) le suffrage universel instaurĂ© en 1916. Le parti radical frappĂ© d’interdiction, et son chef Alvear proscrit, Justo fut lestement Ă©lu, Ă l’issue d’un scrutin dont la lĂ©gitimitĂ© demeure douteuse, et exercera jusqu’en 1938, maintenant une politique autoritaire et annulant beaucoup des rĂ©formes radicales mises en Ĺ“uvre dans les dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes. Son successeur, l’antipersonnaliste Roberto Marcelino Ortiz, adopta une ligne politique plus libĂ©rale et populiste, cherchant mĂŞme Ă obtenir l’adhĂ©sion des classes laborieuses. Le vice-prĂ©sident RamĂłn Castillo, arrivĂ© au pouvoir en 1942 Ă la suite du dĂ©cès d’Ortiz, fut dĂ©posĂ© par un coup d’État l’annĂ©e suivante, après quoi la Concordancia fut dissoute, de mĂŞme que l’UCRA, tandis que le PDN poursuivit son parcours politique, mais dans une position de plus en plus marginale. La Concordancia, si elle avait pour but originel de donner corps aux conservatisme agraire et incarnait la vieille artistocratie foncière, mena nĂ©anmoins une vigoureuse politique d’industrialisation, fut interventionniste (en particulier en crĂ©ant des offices de rĂ©gulation Ă©conomique et en engageant de multiples travaux d’infrastructure) et fit montre de nationalisme Ă©conomique, en mĂ©nageant toutefois les traditionnels intĂ©rĂŞts britanniques.
Concordancia | |
Présentation | |
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PrĂ©sident | AgustĂn P. Justo |
Fondation | |
Disparition | |
Siège | Buenos Aires (Argentine) |
Partis fondateurs | Parti démocrate national Union civique radicale antipersonnaliste Parti socialiste indépendant |
Positionnement | Droite |
Idéologie | Libéralisme conservateur Conservatisme Nationalisme économique Antipersonnalisme |
Formation et raison d’être de l’alliance
Hipólito Yrigoyen, premier président argentin en date à avoir été élu au suffrage universel (masculin), en 1916, fut reversé par un coup d’État le 6 septembre 1930, après avoir accédé en 1928 pour la deuxième fois à la présidence de la Nation argentine, à l’âge de 76 ans, et alors que sa santé était déjà précaire. La politique qu’il entreprit alors de mener lui mit bientôt à dos la plupart des secteurs de la société argentine ; on peut citer en particulier cet élément très conflictuel de son mandat qui consista en l’adoption de la loi portant nationalisation du pétrole, par laquelle la concession de zones pétrolifères à des entreprises etrangères était désormais restreinte, cela au détriment notamment de la Standard Oil et au bénéfice de l’entreprise d’État YPF fondée en 1922. Un autre facteur contrariant était la détérioration de la balance commerciale de l’Argentine, le pays exportant en effet exclusivement des produits agricoles et devant importer les produits manufacturés, alors que les premiers perdaient en valeur et que les prix des seconds grimpaient rapidement. En outre, Yrigoyen, quoique vieillissant et malade, s’opiniâtrait à résoudre personnellement tous les problèmes de l’État, provoquant retards et inefficacité de ses décisions. On l’accusait aussi de s’être entouré de personnages obséquieux et incompétents qui entravaient son action gouvernementale[1]. Yrigoyen, tout en resserrant les alliances au sein de son propre parti centriste, l’Union civique radicale (UCR), eut à de multiples reprises recours à la procédure de l’intervention fédérale (=mise sous tutelle directe par l’État central) contre des gouverneurs indociles de provinces restées aux mains des conservateurs, cela sur l’accusation de fraude électorale et de violation de la loi Sáenz Peña sur le suffrage universel.
Un mouvement d’opposition se fit jour qui rĂ©unissait des membres du congrès, la presse, le Parti socialiste indĂ©pendant et un certain nombre de groupes nationalistes. Ces derniers constituaient une force politique nouvelle dĂ©tachĂ©e du conservatisme traditionnel, sympathisaient avec les idĂ©es fascistes de Mussolini, et aspiraient Ă remplacer le système politique constitutionnel par un autre d’allure corporatiste et Ă abroger la loi Ă©lectorale en vigueur ; ils trouvèrent des partisans dans les rangs de l’armĂ©e et chez quelques intellectuels tels que Leopoldo Lugones. Du reste, l’armĂ©e en tant que telle manifesta son dĂ©saccord avec la politique gouvernementale. SchĂ©matiquement, il y avait dans l’opposition deux fractions, avec des propositions diffĂ©rentes — l’une emmenĂ©e par le gĂ©nĂ©ral JosĂ© FĂ©lix Uriburu, qui prĂ´nait une rĂ©forme totale du système avec abolition du suffrage universel et son remplacement par un rĂ©gime corporatiste, l’autre dirigĂ©e par l’ancien ministre de la Guerre, le gĂ©nĂ©ral Ă la retraite AgustĂn P. Justo, qui, s’il jugeait bien nĂ©cessaire de renverser Yrigoyen, voulait nĂ©anmoins faire perdurer le système en place[1].
Les militaires argentins, dominés alors par les intérêts conservateurs de l’aristocratie rurale, exécuteront ainsi leur premier coup d’État depuis 1861, et solliciteront Uriburu, membre du Conseil suprême de la Guerre, à remplir le rôle de président provisoire. Uriburu cependant, voyant que son projet politique ne trouvait pas d’écho dans la société argentine et que l’UCR, qu’on croyait décapité par le coup d’État, gardait des forces importantes, décida de convoquer des élections générales pour novembre 1931[2].
Ceux qui, au sein de l’UCR, avaient été des opposants à Yrigoyen dans la décennie 1920, et qui s’étaient autodénommés antipersonnalistes (cherchant par là à se distancier du culte de la personnalité qu’ils accusaient Yrigoyen de vouloir mettre en place), étaient divisés à propos du coup d’État de septembre 1930. Les adversaires du coup d’État septembriste s’en allèrent rejoindre l’ancien président Marcelo Torcuato de Alvear, tandis que des personnalités radicales plus conservatrices se rangèrent aux côtés de l’ancien président du sénat Leopoldo Melo. Ces derniers se réunirent à l’hôtel Castelar, dans le centre de Buenos Aires, avec les dirigeants conservateurs et du Parti démocrate national (successeur du Parti autonomiste national, PAN, qui avait dirigé la politique argentine de 1874 à 1916), et à l’issue de cette réunion conclurent une alliance politique, qui prit le nom de Concordancia[3].
Le gĂ©nĂ©ral AgustĂn Justo, dĂ©signĂ© par Melo et d’autres membres de la Concordancia comme leur porte-Ă©tendard, n’était pas issu de l’oligarchie foncière, Ă laquelle appartenaient la plupart des autres dirigeants de la Concordancia, et avait Ă©tĂ© le ministre de la Guerre du prĂ©sident Alvear. Uriburu pour sa part crĂ©a, dans le but d’intimider l’opposition, la LĂ©gion civique argentine, organisation fasciste paramilitaire.
Bien que bĂ©nĂ©ficiant de l’appui du prĂ©sident Uriburu, la Concordancia pourtant n’entrera pas en lice sous l’égide de celui-ci, la convention nationale-dĂ©mocrate, sous la prĂ©sidence de Cevallos, ayant choisi en effet de mettre en avant le binĂ´me AgustĂn Justo/Julio Roca. Le coup d’État septembriste, condamnĂ© d’abord par les partisans d’Yrigoyen autant que par les modĂ©rĂ©s, Ă©tait Ă prĂ©sent ouvertement dĂ©fendu par le Parti dĂ©mocrate national, qui arguait que le tissu social, Ă©conomique et institutionnel de l’Argentine avait risquĂ© de se dĂ©chirer Ă cause de la politique d’Yrigoyen[4]. Leurs adversaires pour leur part se rassemblèrent derrière le Front de rĂ©novation d’Alvear, contre qui cependant Uriburu prononcera un dĂ©cret de bannissement ; les alvĂ©aristes ayant Ă©tĂ© proscrits de l’élection, l’opposition Ă la Concordancia s’organisera sous la bannière de l’Alliance civile (appelĂ©e aussi Alliance dĂ©mocratique socialiste), composĂ©e du Parti dĂ©mocrate progressiste (PDP) et du Parti socialiste.
Au milieu de nombreuses irrégularités, Justo fut élu et entra en fonction en février 1932[4]. Le cabinet ministériel que constitua Justo reflétait en grande partie la composition de l’alliance qui était à la base de la Concordancia :
- le vice-président était Julio Argentino Pascual Roca, gouverneur de la province de Córdoba et fils de l’un des derniers chefs du PAN, Julio Argentino Roca. Julio Roca fils avait été à la tête du Parti démocrate.
- Leopoldo Melo, dirigeant antipersonnaliste, se vit attribuer le puissant ministère de l’Intérieur, auquel ressortissaient les services de police et l’administration électorale, parmi d’autres fonctions clef.
- Ramón Castillo, grand propriétaire terrien et ultraconservateur du PAN, fut nommé ministre de la Justice.
- à Antonio de Tomaso et à Federico Pinedo, fondateurs du Parti socialiste indépendant (qui s’était détaché du Parti socialiste), échurent les ministères de l’Agriculture et celui de l’Économie, respectivement[5].
Programme et action politiques
Si la Concordancia fut fondée par des personnalités ayant des intérêts d’abord agricoles, elle devait son existence dans une mesure non négligeable à la Standard Oil et à d’autres grandes compagnies, qui avaient tenté d’influencer les militaires argentins et de les porter à commettre un coup d’État contre Yrigoyen[6]. La politique économique que poursuivra le nouveau régime sera toutefois plus pragmatique que ce que ces différentes accointances pourraient laisser supposer, et sera davantage la traduction tant d’un nationalisme économique que de la priorité accordée à la nécessité de rétablir l’économie argentine des effets de la grande dépression, laquelle l’avait fait chuter d’un quart entre 1929 et 1932[7].
La Concordancia gouverna l’Argentine sur la toile de fond de la dépression mondiale consécutive à la crise de 1929 et de la reconfiguration de l’ensemble du système commercial international. Le monde occidenatl entra dans une longue phase protectionniste, s’accompagnant de la mise en place des États-providence et de la généralisation du fordisme. Les gouvernements de la Concordancia mèneront une politique économique novatrice, dans l’élaboration de laquelle les économistes socialistes Federico Pinedo et Raúl Prebisch eurent une part importante (ce dernier devant formuler plusieurs années plus tard, au sein de la CEPAL, les bases du développementalisme latino-américain).
Les politiques fiscale (imposition, droits de douane) et commerciale façonnées par la Concordancia visaient à réduire la dette publique, à décourager l’importation de biens de consommation, et à conclure des accords commerciaux bilatéraux avec les États les mieux placés pour fournir l’Argentine en biens d’équipement nécessaires à l’industrialisation. Cette politique était sous-tendue par l’objectif d’industrialisation par substitution aux importations, et était assortie d’autres mesures de politique intérieure, comme p.ex. une attitude vis-à -vis des syndicats plus conciliante que ce à quoi on pouvait s’attendre au moment où Uriburu quittait ses fonctions. Les coupes claires pratiquées par Uriburu dans les dépenses de travaux publics et dans d’autres postes de dépense furent annulées.
La politique économique de la Concordancia se caractérise par une grande expansion de l’interventionnisme de l’État, se traduisant par la création d’une multiplicité d’organismes publics chargés de réguler les marchés, notamment l’Office national des grains (Junta Nacional de Granos), l’Office national des viandes (Junta Nacional de Carnes), la Banque centrale, la Corporation argentine des producteurs de viande (la CAP), la Corporation du transport, l’Office national des routes, les Bureaux de régulation boursière, la Banque centrale etc.
Pendant cette période, l’Argentine vit sa structure économique et sociale se transformer totalement. L’industrie se développa rapidement, grâce notamment à la création d’une grande couronne industrielle autour de Buenos Aires et, dans une moindre mesure, de Rosario et de Córdoba. L’économie réussira à se relever peu à peu de la dépression, quoique lentement, et en 1943, la valeur ajoutée générée par l’industrie manufacturière dépassera celle de l’agriculture pour la première fois dans l’histoire de ce pays historiquement agraire[5]. L’expansion industrielle mit en branle une vaste migration intérieure, des campagnes vers la ville, mouvement qui eut pour effet de bouleverser la composition de la classe ouvrière, jusque-là sous l’influence culturelle majoritaire des immigrants européens.
Par contre, le gouvernement de la Concordancia mena aussi une politique clientéliste en faveur des intérêts traditionnellement prépondérants en Argentine. Ainsi les chemins de fer et les abattoirs, auparavant soumis à l’autorité publique, furent dérégulés, et les intérêts nationaux seront dans une certaine mesure subordonnés à ceux de l’Empire britannique. Parmi les mesures les plus controversées sous ce rapport figure le traité Roca-Runciman, qui exonérait de taxes les importations britanniques pendant que des barrières protectionnistes continuaient de se dresser devant les autres fournisseurs, qui tendait à pénaliser les concurrents locaux du service anglo-argentin des tramways, et qui imposait à l’Argentine de placer en dépôt fiduciaire à la Banque d’Angleterre tout surplus argentin acquis lors des échanges bilatéraux, tout en levant les restrictions mises au rapatriement des revenus factoriels encaissés en Argentine par des firmes britanniques[7].
Le gouvernement de la Concordancia se montra autoritaire de diverses manières. Le principal parti d’opposition dans les premières années de la Décennie infâme, le Parti démocrate progressiste (PDP), se verra à plusieurs reprises dénier ses victoires électorales, tant au niveau provincial que fédéral. Certains abus de pouvoir, comme la mise en œuvre répétée de l’intervention fédérale, étaient devenus monnaie courante en politique argentine ; du reste, le président destitué Yrigoyen lui-même avait ordonné non moins de 18 procedures de ce type durant son mandat (y compris contre des gouverneurs de son propre parti)[8].
En outre, le régime de la Concordancia fit appel à la fraude electorale sur une échelle sans précédent ; et si d’aventure le bourrage d’urnes, l’intimidation des votants, l’arrestation de présidents de circonscriptions électorales, et les violences ne suffisaient pas ou ne pouvaient être employés, le résultat du scrutin était alors annulé, ainsi que cela se produisit dans les provinces de Buenos Aires et Santa Fe, alors les deux plus grandes provinces d’Argentine. Il y eut aussi au moins un assassinat politique, celui dont fut victime le sénateur Enzo Bordabehere[4] - [9] - [10].
Justo nĂ©anmoins s’efforça de confĂ©rer un vernis de lĂ©gitimitĂ© Ă son gouvernement et conclut un accord informel avec Alvear en 1935, par lequel le dirigeant radical Ă©tait autorisĂ© Ă retourner en Argentine et mener campagne pour la prĂ©sidence de la Nation dans des conditions honnĂŞtes. Cependant, lors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 1937, les noms de personnes dĂ©cĂ©dĂ©es Ă©taient si nombreux sur les listes Ă©lectorales que, selon le mot d’un observateur, « la dĂ©mocratie fut Ă©tendue Ă l’au-delà »[9] - [11] ; aussi le candidat de la Concordancia, Roberto MarĂa Ortiz, fut-il lestement Ă©lu. L’un des bĂ©nĂ©ficiaires de ce système, le gouverneur de Buenos Aires, Manuel Fresco, sera pourtant Ă son tour mis Ă l’écart par le prĂ©sident Ortiz sur injonction des ultra-conservateurs[12]. Ces pratiques, explicitement illĂ©gales au regard de la loi Sáenz Peña de 1912, Ă©taient ouvertement dĂ©fendues par nombre de personnalitĂ©s de la Concordancia, qui estimaient que c’était lĂ la seule alternative Ă la loi de la foule ; en raison de la rhĂ©torique utilisĂ©e pour justifier ces pratiques, on en vint Ă leur appliquer la dĂ©signation ironique forgĂ©e par le militant Deodoro Roca : « fraude patriotique »[13].
Le gouvernement de la Concordancia prit fin le 4 juin 1943, lorsque la décision du président Ramón Castillo de se choisir pour successeur le gouverneur de la province de Salta, Robustiano Patrón Costas (lequel, à l’image de Castillo, représentait les intérêts féodaux) entraîna le reversement de ce dernier par un nouveau coup d’État militaire[5].
Bibliographie
- Antonio J. Cayro, Historia Integral Argentina Vol. 7 (El sistema en crisis), Buenos Aires, CELA, , « El fraude patriótico »
- Oscar Cornblit, « La opciĂłn conservadora en la polĂtica argentina », Desarrollo EconĂłmico, vol. 14, no 56,‎ (lire en ligne [archive])
- FĂ©lix Luna, Ortiz: reportaje la Argentina opulenta, Buenos Aires, Sudamericana,
- Oscar A. Troncoso, Historia Integral Argentina Vol. 7 (El sistema en crisis), Buenos Aires, CELA, , « El pacto Roca-Runciman »
Notes et références
- (es) « Yrigoyen », Todo Argentina =
- (es) « Uriburu », Todo Argentina
- FĂ©lix Luna, El antipersonalismo, Academia Nacional de Ciencias Morales y polĂticas, 2004.
- David Rock, Authoritarian Argentina, University of California Press, 1993.
- David Rock, Argentina: 1516-1982. University of California Press, 1987.
- John Wirth, The Oil Business in Latin America, Beard Books, 2001.
- Paul Lewis, The Crisis of Argentine Capitalism, University of North Carolina Press, 1990.
- Intervenciones federales durante la primera presidencia de HipĂłlito Yrigoyen
- (es) « Fraude patriótico », Todo Argentina
- [Historia Politica: Antipersonalismo en Santa Fe]
- Cronista « https://web.archive.org/web/20101230041220/http://www.cronista.com/notas/135975-193039-la-decada-infame »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?),
- Richard Walter, The Province of Buenos Aires and Argentine Politics, 1912-1943, Cambridge University Press, 2002.
- Caras y Caretas: el fraude patriĂłtico (1939)