Union civique radicale antipersonnaliste
L’Union civique radicale antipersonnaliste (en espagnol UniĂłn CĂvica Radical Antipersonalista) Ă©tait un parti politique argentin, fondĂ© en 1924 par sĂ©cession d’avec l’Union civique radicale (UCR). Sous cette Ă©tiquette s’étaient regroupĂ©s les radicaux opposĂ©s au prĂ©sident radical Yrigoyen, en raison de son mode de gouvernement (trop vertical et personnaliste) et de dissensions idĂ©ologiques. L’UCR antipersonnaliste donna plusieurs ministres au gouvernement du prĂ©sident (Ă©galement radical) Alvear, mais après que le clivage interne du radicalisme se fut cristallisĂ© en un rude affrontement Ă©lectoral en vue du scrutin prĂ©sidentiel de 1928, les candidats antipersonnalistes furent sĂ©vèrement battus par le candidat Yrigoyen, qui fut Ă©lu pour un second mandat. Celui-ci une fois renversĂ© par le coup d’État de 1930, auquel nombre d’antipersonnalistes avaient eu leur part, l’UCR antipersonnaliste fonda, aux cĂ´tĂ©s de quelques partis conservateurs, la coalition politique nommĂ©e Concordancia, destinĂ©e Ă gouverner durablement l’Argentine, notamment au moyen de simulacres d’élections, dont Ă©taient proscrits les yrigoyĂ©nistes et qui restent emblĂ©matiques du rĂ©gime dit de la DĂ©cennie infâme. Celui-ci renversĂ© Ă son tour par un coup d’État en 1943, l’UCR antipersonnaliste disparut peu Ă peu de la scène politique argentine.
Histoire
Une partie des radicaux argentins professait le plus grand attachement au principe politique de l’impersonnalité de la coalition, principe mis en avant, au moment de la fondation de l’Union civique radicale (UCR) en 1891, par Leandro Alem comme l’une des « quatre bannières » sous-tendant le radicalisme — les trois autres étant la liberté politique, l’honneteté administrative et le sentiment national[1] —, et critiquait le style dirigeant par trop vertical et personnaliste d’Hipólito Yrigoyen, président radical élu en 1916. Ces radicaux dits antipersonnalistes, dont beaucoup se rattachaient à un vieux noyau de partisans de Leandro Alem remontant aux premières années d’existence de l’UCR, étaient dénommés les Rouges, par opposition à la nouvelle ligne de direction qu’incarnait Hipólito Yrigoyen, dont les soutiens reçurent pour nom les Lyriques.
Après qu’en 1922 Marcelo T. de Alvear eut succédé à Hipólito Yrigoyen à la présidence de la Nation, une âpre confrontation eut lieu entre les deux dirigeants radicaux, laquelle exacerba encore la division interne de l’UCR. Plusieurs radicaux antipersonnalistes, comme Vicente Gallo, Roberto Marcelino Ortiz et Tomás Le Breton, puis plus tard José Pascual Tamborini, furent nommés ministres par Alvear.
En 1924[2] fut fondĂ©e l’Union civique radicale antipersonnaliste, dont prendront la tĂŞte Leopoldo Melo et Vicente Gallo, avec Ă leurs cĂ´tĂ©s notamment Tomás Le Breton, JosĂ© P. Tamborini, JosĂ© C. Crotto, les principistas d’Entre RĂos emmenĂ©s par Miguel Laurencena, et le futur prĂ©sident de la Nation Roberto Marcelino Ortiz. Le lencinismo de la province de Mendoza et le bloquisme de la province de San Juan se rallièrent Ă©galement au radicalisme antipersonnaliste, quoique sans renoncer pour autant Ă leur propre identitĂ©. Marcelo T. de Alvear, s’il appuyait bien les antipersonnalistes, n’ira cependant jamais jusqu’à se rallier Ă eux ouvertement, et quand en 1926, la faction tenta de lancer la procĂ©dure d’intervention fĂ©dĂ©rale (c’est-Ă -dire de mise sous tutelle directe temporaire par l’État central) contre la province de Buenos Aires, afin de rĂ©duire les possibilitĂ©s Ă©lectorales de l’yrigoyĂ©nisme, Alvear y fera obstacle, ce qui nuira notablement Ă l’antipersonnalisme[3].
En 1927, l’Union civique radicale antipersonnaliste élut comme son candidat à la présidence Leopoldo Melo, en binôme avec Vicente Gallo comme candidat à la vice-présidence. Le duo, lancé en guise d’alternative à la candidature d’Hipólito Yrigoyen, fut aussitôt appuyé par la Confédération des droites, qui réunissait tout l’éventail politique conservateur[4]. L’élection, fixée au , qui s’était polarisée entre les deux candidats radicaux, se solda par la victoire écrasante d’Yrigoyen, qui eut 840 000 voix sur son nom, contre 440 000 pour Melo/Gallo.
Les antipersonnalistes furent nombreux à prendre une part active au coup d’État du 6 septembre 1930 mené par José Félix Uriburu, qui renversa Yrigoyen, et le Parti antipersonnaliste exprimera son soutien au gouvernement militaire par un manifeste en date du [5].
En 1932, l’UCR antipersonnaliste conclut avec le Parti dĂ©mocrate national et le Parti socialiste indĂ©pendant une alliance politique baptisĂ©e Concordancia, laquelle remporta les Ă©lections et porta Ă la prĂ©sidence de la Nation AgustĂn P. Justo. Le scrutin du reste demeure contestable, attendu notamment que l’yrigoyĂ©nisme avait Ă©tĂ© interdit de participation Ă ces Ă©lections et que l’UCR avait rĂ©solu de les boycotter.
L’UCR antipersonnaliste sera représenté dans le gouvernement de Justo par trois ministres : Leopoldo Melo, au titre de ministre de l’Intérieur, Roberto M. Ortiz, au titre de ministre des Finances, et Manuel Maria de Iriondo. Au cours de la décennie 1930, le groupe parlementaire de l’UCR antipersonnaliste comptera jusqu’à une soixantaine de députés.
En 1938, le radical antipersonnaliste Roberto M. Ortiz fut élu président de la Nation sous l’étiquette de la Concordancia, emportant le scrutin devant le candidat de l’UCR, Marcelo T. de Alvear, réadmis à concourir électoralement.
Cependant, le bloc parlementaire de l’UCR antipersonnaliste verra ses effectifs baisser progressivement, jusqu’à disparaĂ®tre complètement dans les annĂ©es 1940. En 1946-1947, Julio AgustĂn Vanasco Ă©tait le seul dĂ©putĂ© Ă siĂ©ger au Congrès pour l’UCR antipersonnaliste[6], et le parti sera finalement dissous en 1947[6].
Corrélats
Bibliographie
- (es) FĂ©lix Luna, « El antipersonalismo », Anales, Academia Nacional de Ciencias Morales y polĂticas,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
- (es) FĂ©lix Luna, Yrigoyen, Buenos Aires, Desarrollo,
Notes et références
- Fernando Sabsay, dans Pellegrini,
- UniĂłn CĂvica Radical (Capital Federal) EvoluciĂłn del radicalismo Partie I (1893-1928)
- FĂ©lix Luna, Yrigoyen, Buenos Aires, Desarrollo, , p. 314-315
- (es) FĂ©lix Luna, Yrigoyen, Buenos Aires, Desarrollo, , p. 318
- Historia de América: Revolución argentina del 6 de septiembre de 1930, sur le site Rincón del Vago.
- El Ăşltimo diputdo radical antipersonalista, par Alan PavĂłn.