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Combat de Juncal

Le combat de Juncal est une bataille navale qui opposa l’escadre des « Provinces-Unies du RĂ­o de la Plata »[note 1], sous le commandement de l’amiral Guillermo Brown, Ă  celle de l’empire du BrĂ©sil, commandĂ©e par le capitaine de frĂ©gate Sena Pereira, les 8 et , sur le RĂ­o de la Plata[1] (33° 57â€Č 15″ S, 58° 23â€Č 45″ O).

Combat de Juncal
Informations générales
Date 8 -
Lieu Uruguay
Issue Victoire argentine
Forces en présence
1 brigantin
5 goélettes
1 sumaca
8 canonniĂšres
745/780 hommes
1 brigantin
11 goélettes
5 canonniĂšres
750 hommes
Pertes
17 tués2 navires capturés
3 navires incendiés

Guerre de Cisplatine

Batailles

CoordonnĂ©es 33° 57â€Č 15″ sud, 58° 23â€Č 45″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Uruguay
(Voir situation sur carte : Uruguay)
Combat de Juncal
Géolocalisation sur la carte : Amérique du Sud
(Voir situation sur carte : Amérique du Sud)
Combat de Juncal

Pendant deux jours les deux escadres s’affrontĂšrent avec des forces sensiblement Ă©gales, mais grĂące Ă  la supĂ©rioritĂ© de son systĂšme de renseignement et celle de son artillerie, la flotte argentine put s’emparer de deux navires brĂ©siliens, le Januaria et le Brocoio, et en incendier trois sans perdre de son cĂŽtĂ© un seul bĂątiment. Les BrĂ©siliens battirent en retraite mais deux navires seulement arrivĂšrent Ă  bon port.

La troisiĂšme division (17 navires) de l'escadre brĂ©silienne commandĂ©e par Sena Pereira avait pour mission d’assurer le contrĂŽle sur le RĂ­o Uruguay, afin de contenir l’armĂ©e argentine qui se dĂ©ployait dans la bande Orientale et faisait des incursions sur le territoire brĂ©silien ; il s'agissait de renforcer la frontiĂšre entre les territoires brĂ©siliens et les provinces littorales de l'Argentine ; la division se retrouva anĂ©antie par la flotte ennemie dans ce qui devait ĂȘtre la plus Ă©clatante victoire rĂ©publicaine de la Guerre de Cisplatine (1825-1828).

Théùtre des opérations

Comme l'historien britannique Brian Vale a fait remarquer, "pour une marine qui se composait de 69 navires de guerre et 22 paquets et des transports, tenu par 10600 officiers et les hommes, la perte de [...] ses vaisseaux armés les plus petits ont fait peu de différence pour l'équilibre parfait du pouvoir"[2].

Le combat de Monte Santiago avait jouer un rÎle plus important dans le conflit: "[...] Juncal avait peu fait pour pousser l'Empire dans le sens de la paix. Maintenant à Monte Santiago, deux des précieuses bricks de guerre de l'Argentine ont été détruites et la crÚme de sa marine battu à plate couture. Supériorité écrasante de la marine brésilienne en mer a été affirmé d'une maniÚre qui ne l'audace de William Brown ou les frégates nouvellement acquises Ramsay pourrait sérieusement remettre en question"[2].

L'ambassadeur britannique à Rio de Janeiro Sir Robert Gordon a écrit à Lord Ponsonby, aprÚs Monte Santiago: "Les ressources de l'Empire semblent immenses et de croire que je fais ça Brown - grande comme il est - ne peut pas avec leurs goélettes annihilent la marine brésilienne, aura tout simplement maßtriser la serrure rétabli avec plus de vigueur"[2].

Le contexte politique

L’amiral Brown (huile de F.Goulu, 1825).

Poursuivant sa politique d’expansion en direction du bassin de la Plata, les forces luso-brĂ©siliennes envahirent la Province orientale entre 1816 et 1820[note 2] sous prĂ©texte de combattre les forces du fĂ©dĂ©raliste et rĂ©publicain JosĂ© Gervasio Artigas. Ces territoires avaient Ă©tĂ© incorporĂ©s dans le Royaume-Uni du Portugal, du BrĂ©sil et de l'Algarve sous le nom de province Cisplatine. AprĂšs l’indĂ©pendance du BrĂ©sil en 1822, le nouvel empereur Pierre II confirma la mainmise du pays sur cette province.

Tandis que le gouvernement de Buenos Aires manifestait une attitude d’attentisme prudent face Ă  une invasion qui le dĂ©barrassait d’un opposant en la personne d’Artigas, au prix de la perte d’une province, l’opinion publique unanime exigeait la rupture avec le BrĂ©sil. Le , les provinces de Santa FĂ© et d’Entre RĂ­os, soutenues par Buenos Aires, envoyĂšrent une petite force expĂ©ditionnaire (les « trente-trois orientaux ») qui embarqua Ă  San Isidro sous la direction de Juan Antonio Lavalleja et de Manuel Oribe. Ils dĂ©barquĂšrent sur la rive orientale du rĂ­o Uruguay. Rapidement ils rĂ©ussirent Ă  rallier Ă  leur mouvement la population de la campagne uruguayenne, s’installĂšrent Ă  Montevideo et ayant formĂ© un « congrĂšs de la Floride », sollicitĂšrent leur retour dans le giron des Provinces-Unies du RĂ­o de la Plata. Le congrĂšs de 1824 accĂ©da Ă  cette demande. Devant cet Ă©tat de choses, le BrĂ©sil dĂ©clara la guerre, suivi par l’Argentine le .

La rĂ©publique confia le commandement de ses forces armĂ©es Ă  Carlos MarĂ­a de Alvear, tout en chargeant l'amiral Brown de constituer une flotte de guerre. Le BrĂ©sil rĂ©agit en levant le double des effectifs engagĂ©s par l’Argentine, dont la majoritĂ© furent recrutĂ©s parmi des mercenaires allemands. La flotte impĂ©riale brĂ©silienne, avec 80 bĂątiments, dont certains Ă©taient armĂ©s de canons Ă  longue portĂ©e, Ă©tait plusieurs fois supĂ©rieure en nombre et en puissance de tir Ă  la flotte rĂ©publicaine argentine.

L’escadre brĂ©silienne Ă©tablit rapidement un blocus, que la rĂ©publique tenta de contrer par des actions menĂ©es par des corsaires et des sorties audacieuses de sa petite escadre.

Le contexte stratégique

TroisiÚme division impériale

Au dĂ©but de la seconde annĂ©e des hostilitĂ©s, profitant de leur ample supĂ©rioritĂ© numĂ©rique, les forces navales de la marine brĂ©silienne, dĂ©ployĂ©es sur le Rio de la Plata sous le commandement de l’amiral Rodrigo Pinto Guedes, se sĂ©parĂšrent pour former trois divisions :

  • la premiĂšre division « orientale » devait assurer la sĂ©curitĂ© de la cĂŽte est (la Bande Orientale, l’actuel Uruguay) de l’embouchure du rĂ­o Uruguay jusqu'Ă  l’ocĂ©an Atlantique. Le gros des forces Ă©tait regroupĂ© dans la division « Mariath », sous les ordres de Frederico Mariath, et devait appuyer la troisiĂšme division.
  • la seconde division « blocus » devait empĂȘcher le trafic maritime et fluvial de remonter jusqu'au port principal de Buenos Aires et aux ports secondaires de la cĂŽte de la province (Las Conchas, Ensenada de BarragĂĄn et El Salado), sous les ordres du capitaine John Charles Pritz.
  • la troisiĂšme division navale « impĂ©riale », sous les ordres du capitaine de frĂ©gate Jacinto Roque de Sena Pereira, avait pour mission de remonter le rĂ­o Uruguay, pour diviser le front argentin en exploitant les dĂ©saccords politiques qui opposaient la province d’Entre RĂ­os et Buenos Aires, dĂ©saccords exacerbĂ©s par la ratification de la constitution de 1826. La troisiĂšme division devait Ă©galement surveiller l’ensemble du rĂ­o Uruguay, coupant les vivres Ă  la force expĂ©ditionnaire argentine qui s’était aventurĂ©e en territoire brĂ©silien, et favorisant une attaque Ă©ventuelle par le flanc pour aller occuper Entre RĂ­os.

L’escadre argentine

PlacĂ© devant la menace que reprĂ©sentaient ces trois forces qui toutes sĂ©parĂ©ment Ă©taient Ă©gales sinon supĂ©rieures Ă  celles dont il disposait, Guillermo Brown se hĂąta de constituer une escadre. Son objectif Ă©tait de mettre le cap sur l'embouchure du Rio Uruguay, remonter le fleuve Ă  la recherche de la troisiĂšme division et tenter de l’anĂ©antir.

Voulant empĂȘcher la 1re division brĂ©silienne de se porter au secours de Sena Pereira et garantir ainsi ses arriĂšres, il fit fortifier l’üle MartĂ­n GarcĂ­a[3] (la « forteresse de la constitution »). Enfin, pour renforcer les dĂ©fenses de la cĂŽte bonaerense, le vaisseau-amiral laissa derriĂšre lui les brigantins Independencia et RepĂșblica, la barque Congreso et quatre canonniĂšres sous le commandement du capitaine Leonardo Rosales.

Ces dispositions sont rĂ©vĂ©latrices de l’audace qui caractĂ©risait Brown. Car si l’escadre engagĂ©e Ă©tait suffisamment puissante pour affronter Ă  armes Ă©gales les forces brĂ©siliennes, ni les ressources dont disposaient les dĂ©fenseurs de l'Ăźle Martin Garcia ni celles de Buenos Aires n'Ă©taient Ă  la hauteur d’une telle stratĂ©gie.

le , l’escadre argentine leva l’ancre et mit le cap sur le rĂ­o Uruguay en vue duquel elle parvint le 28. RepĂ©rant une escadrille brĂ©silienne appartenant Ă  la troisiĂšme division, elle se lança Ă  sa poursuite et parvint Ă  portĂ©e de tir le 29 sur le Yaguari[4], bras nord du delta du rio Negro. Brown envoya en Ă©missaire le capitaine de la SarandĂ­, John Halstead Coe, pour demander au commandant des forces brĂ©siliennes de se rendre. Sena Pereira se contenta de faire prisonnier l'Ă©missaire argentin, dĂ©clenchant ainsi les hostilitĂ©s qui se poursuivirent jusqu’au [note 3]. Le vent Ă©tant tombĂ© et l’étroitesse du chenal rendant les manƓuvres pĂ©rilleuses, l’affrontement ne fut qu'une brĂšve escarmouche.

Ne pouvant accĂ©der au chenal en raison de son Ă©troitesse, Brown se replia en direction du sud jusqu'Ă  la ravine de Punta Gorda[5] (Uruguay) pour y attendre les brĂ©siliens. Il avait auparavant dĂ©barquĂ© un dĂ©tachement sur l’üle de VizcaĂ­no sur le Yaguari qui devait s’emparer du bĂ©tail ; il avait Ă©galement envoyĂ© des instructions Ă  la milice de Santo Domingo de Soriano pour qu'elle gĂȘne le ravitaillement des BrĂ©siliens[6] - [7]. Ces derniers se dirigĂšrent vers le nord pour rallier ConcepciĂłn del Uruguay (encore connue Ă  l’époque sous le nom d’« Arroyo de la China »), oĂč ils purent trouver des vivres.

Conscient de la menace que reprĂ©sentait la division Mariath pour son arriĂšre-garde, Brown dĂ©cida de revenir Ă  Buenos-Aires chercher les moyens destinĂ©s Ă  renforcer les dĂ©fenses de MartĂ­n GarcĂ­a aprĂšs avoir chargĂ© Rosales de ramener la goĂ©lette SarandĂ­ en Uruguay en empruntant le rĂ­o ParanĂĄ de las Palmas[7] - [8]. Il termina ses prĂ©paratifs puis, satisfait de ceux-ci, rejoignit la flotte Ă  bord d’une petite baleiniĂšre[9].

Préparatifs

Le six janvier dĂ©butĂšrent les travaux de fortification de MartĂ­n GarcĂ­a. La division Mariath se rapprocha de l'Ăźle avec la corvette MaceiĂł, quatre brigantins et cinq goĂ©lettes. Le 18, Brown donna l'ordre de les engager. La flotte brĂ©silienne recula par deux fois sous le feu de l’artillerie argentine.

Brown avait deux objectifs : attirer la troisiĂšme division et la forcer Ă  combattre, tout en faisant en sorte qu’elle ne puisse faire la jonction avec la division Mariath ou que celle-ci ne puisse attaquer son arriĂšre-garde. Il disposait d’un excellent systĂšme d’informations, ce qui lui permettait de suivre chaque mouvement de la flotte impĂ©riale, voire de les influencer. En effet, l’émissaire envoyĂ© par Rodrigo Pinto Guedes Ă  Sena Pereira pour lui porter ses instructions avait Ă©tĂ© recrutĂ© par des patriotes Ă  MontevidĂ©o, ce qui fait que les informations passĂšrent d’abord par Brown[note 4].

Brown prit ainsi connaissance du courrier de Pinto Guedes Ă  Sena Pereira, l’informant des ordres donnĂ©s Ă  Mariath de faire voile vers le sud[10]. Il savait Ă©galement que la troisiĂšme division devrait avoir descendu le fleuve pour le afin de faire la jonction avec les navires commandĂ©s par Mariath. Brown dĂ©cida qu’il fallait avoir terminĂ© les travaux de fortification de l'Ăźle de MartĂ­n GarcĂ­a et y installer les batteries de canons avant cette date pour ĂȘtre sĂ»r de tenir Mariath en respect et obliger la troisiĂšme division Ă  livrer bataille[note 5].

Les travaux de fortification continuĂšrent de plus belle. Brown en personne joua les maĂźtres maçon pour la construction de la sainte-barbe en sous sol[10]. Le , les installations Ă©taient opĂ©rationnelles et Brown baptisa la forteresse Constitution au cours d’une cĂ©rĂ©monie solennelle. Il profita du discours prononcĂ© devant la garnison pour annoncer que, selon toute probabilitĂ©, l'escadre argentine affronterait celle du BrĂ©sil dans les 48 heures[11].

Au dĂ©but de fĂ©vrier, Brown avait Ă©tĂ© prĂ©venu que la troisiĂšme division impĂ©riale allait se ravitailler Ă  Arroyo de la China. Le la force brĂ©silienne avait dĂ©jĂ  atteint PaysandĂș et le 6 elle se rapprochait d’Higuerita (l’actuelle Nueva Palmira), oĂč elle arriva le 7. Le mĂȘme jour, Brown Ă©tablit son plan de bataille, faisant savoir Ă  chaque navire ce qu’il devait faire. À 10 heures du soir, l'avant-garde argentine s’approcha de l’embouchure du rĂ­o ParanĂĄ GuazĂș oĂč elle se prĂ©para Ă  attendre le reste de la flotte[11] - [12] - [13].

Le combat

Ordre de bataille

  • L’escadre de la rĂ©publique argentine comptait quinze bĂątiments, dont trois vaisseaux principaux : la goĂ©lette SarandĂ­, qui servait de navire-amiral sous le commandement direct de Brown, la goĂ©lette Maldonado commandĂ©e par le jeune Francisco Drummond (futur gendre du commandant en chef) et le brigantin Balcarce, armĂ© de quatorze canons de six et de huit livres, sous les ordres du capitaine Francisco JosĂ© SeguĂ­. À ces navires il faut encore ajouter les goĂ©lettes la Pepa (capitaine Calixto Silva), le Guanaco (Guillermo Enrique Granville) et l’UniĂłn (Malcolm Shannon), la sumaca[note 6] Uruguay (Guillermo Mason) et huit canonniĂšres. L’escadre argentine disposait de 69 piĂšces d’artillerie et de 750 hommes.
  • L’escadre impĂ©riale brĂ©silienne Ă©tait forte de dix-sept navires : un brigantin, onze goĂ©lettes et cinq canonniĂšres. Le capitaine Jacinto Roque de Sena Pereira commandait le navire-amiral, la goĂ©lette L’Orientale ; le brigantin La Dona JanuĂĄria Ă©tait sous le commandement de Pedro Antonio Carvalho ; les autres goĂ©lettes Ă©taient la Bertioga (lieutenant George Broom), Liberdade do Sul (lieutenant Augusto Venceslau da Silva Lisboa), 12 de Outubro, Fortuna (qui servait de navire-hĂŽpital)[note 7] Vitoria de Colonia, ItapoĂŁ (lieutenant Germano MĂĄximo de Souza Aranha), 7 de Março, BrocoiĂł (lieutenant Francisco de Paula OsĂłrio), 9 de Janeiro et 7 de Setembro; Ă  ces vaisseaux il faut ajouter deux canonniĂšres de type goĂ©lette (gun schooner), la Atrevida et le Paraty ainsi que les canonniĂšres CananĂ©ia, ParanaguĂĄ et IguapĂ©. En tout la flotte brĂ©silienne disposait d’environ 65 piĂšces d’artillerie et de 750 hommes. Pour la premiĂšre et la derniĂšre fois au cours de cette guerre, les forces en prĂ©sence Ă©taient sensiblement Ă©quivalentes, ou du moins l’avantage des brĂ©siliens n’était-il pas Ă©crasant[14].
  • GoĂ©lette La Pepa (Argentine)
    Goélette La Pepa (Argentine)
  • Brigantin Januaria (BrĂ©sil)
    Brigantin Januaria (Brésil)
  • GoĂ©lette SarandĂ­ (Argentine)
    Goélette Sarandí (Argentine)

Position des escadres avant la bataille

Positions des escadres Ă  11 h. 30.
12 h. Les canonniùres de Brown s’avancent.
15 h. Le vent tombe et les navires Ă©changent des coups de canon Ă  distance.

L’escadre argentine jeta l’ancre Ă  la tombĂ©e de la nuit du entre l’üle de Juncal et la rive ouest du fleuve. Au matin du , elle aperçut les voiles brĂ©siliennes descendant le fleuve Ă  la faveur de la brise qui soufflait du nord ; Brown donna l’ordre de lever l’ancre et disposa ses navires en ordre de bataille, formant une ligne oblique vers le sud-est depuis l’üle de Juncal. La SarandĂ­ se trouvait au centre, la Maldonado en avant et le brigantin Balcarce Ă  l'arriĂšre de cette ligne.

La flotte brĂ©silienne poursuivit son chemin jusqu’au moment oĂč le vent s’étant arrĂȘtĂ©, elle jeta l’ancre Ă  11 heures trente, Ă  1 000 yards de la flotte argentine; le vaisseau-amiral Oriental se trouvait alors au centre[12] - [15].

Le premier jour

Le temps Ă©tait orageux, chaud et humide, avec des vents peu violents mais trĂšs variables, ce qui Ă©tait naturel Ă  cette Ă©poque de l’annĂ©e dans la zone littorale.

À peine avait-il jetĂ© l’ancre que Sena Pereira fit larguer un brĂ»lot en direction de la flotte ennemie, mais celui-ci fut coulĂ© en quelques minutes par l’artillerie argentine[11]. Cet Ă©pisode n’est mentionnĂ© que par le capitaine SeguĂ­.

Vers la mi-journĂ©e, Brown donna l’ordre Ă  six de ses canonniĂšres d’avancer Ă  la rame et celles-ci ouvrirent le feu Ă  distance grĂące Ă  leurs piĂšces de dix-huit livres. Les longs canons argentins avaient en gĂ©nĂ©ral une plus grande portĂ©e et les artilleurs Ă©taient plus prĂ©cis. L’échange de tirs dura nĂ©anmoins prĂšs de deux heures, une soudaine sudestada[note 8] ayant Ă©loignĂ© les adversaires et obligĂ© Ă  suspendre les hostilitĂ©s[11] - [12] - [16].

Les brĂ©siliens se retrouvant dans une position plus favorable par rapport au vent, Sena Pereira essaya de placer ses navires en ordre d’attaque. Mais la manƓuvre tourna au dĂ©sastre : la Liberdade do Sul alla s’échouer tandis que le brigantin Dona JanuĂĄria quittait la formation, perdait le cap et se retrouvait sous les feux croisĂ©s du General Balcarce, de la SarandĂ­ et de trois canonniĂšres argentines.

À 15 h. le vent tomba de nouveau, et les deux adversaires se contentĂšrent d’échanger des tirs de longue portĂ©e. La visibilitĂ© Ă©tait rĂ©duite du fait de la fumĂ©e, mais le fracas des canons pouvait s’entendre jusqu’à Buenos Aires ou Colonia del Sacramento.

Enfin une vĂ©ritable tempĂȘte se dĂ©chaĂźna. Les navires tentĂšrent en vain de maintenir leur position. Le General Balcarce se retrouva en difficultĂ© mais rĂ©ussit Ă  se maintenir Ă  flot. Puis la tempĂȘte se calma et fut remplacĂ©e par une brise du nord-est, dont Sena Pereira voulut profiter pour se retirer plus au nord et trouver une meilleure position. Mais de nouveau la manƓuvre fut exĂ©cutĂ©e de façon maladroite. Le 12 de Outubro ne dut son salut qu’à l’aide des autres navires, tandis que la goĂ©lette-hĂŽpital Fortuna partit Ă  la dĂ©rive vers les positions argentines oĂč elle fut capturĂ©e. Le lieutenant John Halstead Coe, qui Ă©tait retenu Ă  bord de La Fortuna depuis son ambassade malheureuse de , recouvra ainsi la libertĂ©[note 9].

L’escadre impĂ©riale ne rĂ©ussit Ă  se regrouper que vers minuit et mouilla dans le dĂ©sordre en aval du fleuve, prĂšs de l'Ăźle de Sola[note 10]

Le deuxiĂšme jour

Le capitaine Francisco J.SeguĂ­.

Les brĂ©siliens avaient trop perdu de forces pour ĂȘtre encore en mesure de poursuivre leur plan initial. DĂšs l’aube, le capitaine Pereira retourna Ă  bord de l’Oriental pour dĂ©finir un plan de bataille avec son Ă©tat-major. La question Ă©tait simplement de savoir s’il valait mieux se battre en manƓuvrant oĂč en restant Ă  l’ancre. Les avis Ă©tant partagĂ©s, Sena Pereira dĂ©cida de se mettre en route et s’adapter aux circonstances[16].

Brown, lui, Ă©tait prĂȘt. À 8 h., alors que s'Ă©tait levĂ© un lĂ©ger vent de sud-est, il fit hisser un pavillon rose sur le grand mĂąt de la SarandĂ­, donnant l’ordre Ă  l’escadre de se placer au vent, de faire demi-tour et d’avancer en ligne contre les brĂ©siliens[17].

Du cĂŽtĂ© brĂ©silien, Sena Pereira donna l’ordre Ă  ses navires de former une ligne et de mouiller l’ancre. Une nouvelle fois, ses instructions furent exĂ©cutĂ©es dans la confusion et le dĂ©sordre. Plusieurs canonniĂšres quittĂšrent la formation et dĂ©rivĂšrent sous le vent. ArmĂ© d’un porte-voix, le capitaine s’égosilla en vain pour remettre de l’ordre. Puis, observant l’avancĂ©e rapide et ordonnĂ©e des argentins, il changea de plan, et donna l’ordre de carguer les voiles et de faire face Ă  l’ennemi[18] - [17].

La Dona JanuĂĄria, la Bertioga et l’Oriental avancĂšrent rapidement, ce qui acheva de dĂ©truire la ligne brĂ©silienne en laissant derriĂšre elles les autres navires qui les suivaient en ordre dispersĂ©, la plupart incapables de respecter la formation. Les trois navires principaux se retrouvĂšrent ainsi Ă  portĂ©e de canon du General Balcarce et de l'avant-garde argentine qui avançait en faisant feu de toutes piĂšces.

SeguĂ­, commandant le General Balcarce, engagea la JanuĂĄria, tirant une bordĂ©e meurtriĂšre qui dĂ©truisit son beauprĂ©. Une seconde bordĂ©e emporta son mĂąt avant et causa de telles avaries que le navire faillit couler. Sena Pereira donna l’ordre Ă  la petite goĂ©lette Vitoria de Colonia de remorquer le brigantin, mais la goĂ©lette Uruguay s’interposa pour l’en empĂȘcher[19].

L’engagement avait Ă©tĂ© si rapide et destructeur que le lieutenant Pedro Antonio Carvalho ordonna que les canons de la JanuĂĄria se concentrent sur l’artillerie argentine et qu’une Ă©quipe saborde le navire pendant qu’il abandonnait le brigantin avec une partie de l’équipage et regagnait la rive est en chaloupe[note 11].

De son cĂŽtĂ© Drummond, commandant de la Maldonado, livra bataille Ă  la Bertioga qui Ă©tait sous les ordres d’un de ses anciens compagnons d’armes, le lieutenant George Broom. Le tir prĂ©cis de la grosse artillerie d’une canonniĂšre argentine eut raison du grand mĂąt du Bertioga; incapable de manƓuvrer, il dut se rendre au bout d’une demi-heure de combat.

Le General Balcarce de SeguĂ­ prit la tĂȘte d’une offensive coordonnĂ©e contre la goĂ©lette Oriental. Le feu croisĂ© rendit les canons inutilisables, laissant la moitiĂ© des caronades en miette, faisant 37 victimes et blessant entre autres le commandant Sena Pereira[19].

AccablĂ©s par leurs pertes, les brĂ©siliens ne baissĂšrent pas le pavillon qui Ă©tait d’ailleurs clouĂ© au mĂąt. Selon un chroniqueur : « il ne restait plus Ă  bord un seul homme capable d’aller le dĂ©tacher. Les membres de l’équipage avaient Ă©tĂ© contusionnĂ©s, blessĂ©s ou tuĂ©s ; le commandant Ă©tait parmi les premiers et quatre timoniers Ă©taient morts. » Le navire-amiral brĂ©silien finit nĂ©anmoins par se rendre et le capitaine Francisco SeguĂ­ accepta l’épĂ©e du commandant Sena Pereira en signe de reddition[19].

La bataille tournant en faveur des rĂ©publicains, les goĂ©lettes et les canonniĂšres impĂ©riales encore en mesure de s’échapper cessĂšrent le feu et mirent les voiles.

Juncal,
  • Positions initiale, 08 h.
    Positions initiale, 08 h.
  • La bataille
    La bataille
  • Dispersion de la flotte impĂ©riale.
    Dispersion de la flotte impériale.

MartĂ­n GarcĂ­a et la premiĂšre division auxiliaire

Mariath, en 1839.

Le capitaine Mariath, Ă  la tĂȘte d’un escadron de dix navires, avait reçu l’ordre de s’emparer de l'Ăźle MartĂ­n GarcĂ­a, d’intercepter l’arriĂšre-garde de l’escadre argentine et de prĂȘter main-forte Ă  la troisiĂšme division si nĂ©cessaire[20] - [21]

Cependant, bien que le bruit de la canonnade retentßt à des kilomÚtres à la ronde, la premiÚre division avança trÚs lentement et prudemment. Mariath envoya une goélette en avant pour sonder les eaux du Canal de l'Enfer (Canal del Infierno), sur le cÎté est de l'ßle.

Comme ses piĂšces d’artillerie lourde, neuf canons fixes de 24 livres, se trouvaient du cĂŽtĂ© ouest, en face du « grand canal », la garnison argentine dĂ©plaça les batteries mobiles du cĂŽtĂ© est, Ă  savoir deux canons de 12 livres et un lanceur de fusĂ©es incendiaires dites "de Congreve" pour couvrir un possible dĂ©barquement[note 12].

Mais les argentins n’eurent pas besoin de combattre. La goĂ©lette brĂ©silienne s’échoua et il fut impossible de la remettre Ă  flot. Mariath renonça alors Ă  faire passer ses navires par le chenal intĂ©rieur. Au lieu de passer Ă  l’ouest, ou de tenter une nouvelle fois d’emprunter le Canal de l’Enfer, comme son pilote l’estimait possible, le commandant brĂ©silien se lança dans un duel d’artillerie contre les batteries de MartĂ­n GarcĂ­a, jusqu'Ă  ce que la tempĂȘte l’oblige Ă  suspendre cette action dĂ©risoire.

Convaincu qu'il Ă©tait trop dangereux de passer prĂšs de l’üle en raison de la faible profondeur du chenal, de l’instabilitĂ© du temps et des batteries de MartĂ­n GarcĂ­a, Mariath garda ses distances et le neuf fĂ©vrier, alors que la troisiĂšme division Ă©tait en train d’ĂȘtre anĂ©antie, la division auxiliaire assista au combat en simple spectatrice. Le , elle prit la dĂ©cision de se retirer en direction de Colonia del Sacramento, oĂč elle arriva seulement une semaine plus tard.

La nouvelle de la dĂ©faite parvint Ă  Colonia le matin du portĂ©e par les huit survivants de l’Oriental. À midi, l'arrivĂ©e de la chaloupe du lieutenant Carvalho confirma la nouvelle. Le 14 arriva la Dona Paula[note 13], escortant la goĂ©lette Vitoria de Colonia et une canonniĂšre, les deux seuls navires brĂ©siliens rescapĂ©s[22].

La poursuite

Le lendemain de la bataille, les brĂ©siliens capturĂšrent la goĂ©lette Brocoio, puis deux canonniĂšres, la Paraty et la IguapĂ©, qui s'Ă©taient Ă©chouĂ©es Ă  l’embouchure du ParanĂĄ en voulant prendre le large[23] - [22].

De la troisiĂšme division, remontant l’Uruguay pour fuir plus au nord, ne restaient plus que les goĂ©lettes Liberdade do Sul, ItapoĂŁ, 7 de Março, 9 de Janeiro et 7 de Setembro, les canonniĂšres CananĂ©ia y ParanaguĂĄ, une chaloupe de douze rames et deux petites barques. Dans leur fuite, la Liberdade do Sul, la ItapoĂŁ et la 7 de Março, sĂ©rieusement endommagĂ©es pendant le combat, s’échouĂšrent au lieu-dit San Salvador et furent incendiĂ©es. Les autres bĂątiments poursuivirent leur route vers le nord. 351 survivants, officiers et membres d’équipage, s’entassaient Ă  bord des petites embarcations, rĂ©solus Ă  aller se rendre aux autoritĂ©s de la province d’Entre RĂ­os.

Du cĂŽtĂ© argentin, Brown rĂ©organisa rapidement ses forces et, voyant que la menace de la division Mariath Ă©tait levĂ©e, fit voile dĂšs le sur l’Uruguay Ă  bord de la Maldonado pour se lancer Ă  la poursuite des survivants de Juncal avec une demi-douzaine d’autres navires. En arrivant le 15 Ă  Fray Bentos, il apprit que Souza Aranha, au lieu de jeter ses canons par-dessus bord, s'Ă©tait rendu aux autoritĂ©s de l’Entre RĂ­os. L'amiral jeta l’ancre devant GualeguaychĂș et demanda qu’on lui remette les navires et les prisonniers. Les autoritĂ©s locales rejetĂšrent cette demande, considĂ©rant que c'Ă©tait Ă  eux que les brĂ©siliens s’étaient rendus, et que leur autoritĂ© primait sur celle de Brown. Dans ces conditions, Brown changea de plan. Il monta une opĂ©ration coordonnĂ©e par terre et par mer, qui lui permit de rĂ©cupĂ©rer les navires des rĂ©fugiĂ©s[note 14].

AprĂšs la bataille

État des escadres

  • Argentine (Brown)
    • Sarandi 7 canons (Coe)- endommagĂ©
    • Balcarce 23 canons (Segui)
    • Maldonado 8 canons (Espora)
    • Pepa 2 canons (Silva)
    • Guanaco 8 canons (Granville)
    • Union 10 canons (Shannon)
    • Uruguay 7 canons (Mason)
    • 8 barques Ă  1 canon
  • BrĂ©sil (Pereira)
    • Oriental 11 canons (navire amiral) - incendiĂ©
    • Januaria 14 canons - CapturĂ©
    • Brocoio 8 canons - CapturĂ©
    • 4 schooners Ă  2 canons - CapturĂ©
    • 4 canonniĂšres Ă  2 canons - CapturĂ©
    • ? - CapturĂ©
    • Libertad do Sul - incendiĂ©
    • 7 de março - incendiĂ©
    • ItapĂ”a - incendiĂ©
    • 2 autres

Bilan stratégique

MĂ©daille aux vainqueurs de Juncal.

Avec du cĂŽtĂ© brĂ©silien douze navires capturĂ©s, trois incendiĂ©s et deux seulement rescapĂ©s, le combat se soldait par une dĂ©faite Ă©crasante des forces impĂ©riales et un triomphe Ă©clatant de l’escadre argentine. Il mettait fin Ă  toute tentative pour couper les lignes de la force expĂ©ditionnaire argentine et libĂ©rer le rĂ­o Uruguay pour lancer une offensive sur le littoral argentin qui aurait peut-ĂȘtre sonnĂ© le glas de la ConfĂ©dĂ©ration elle-mĂȘme ou du moins provoquĂ© la sĂ©cession des provinces maritimes.

Le triomphe de Brown et la captivité de Sena Pereira

À Buenos Aires, Brown fut reçu en triomphateur. Il Ă©tait devenu l’homme le plus populaire de la rĂ©publique[note 15].

Sena Pereira Ă©tait le prisonnier de Brown. Ce dernier rendit hommage Ă  sa valeur et le recommanda au gouvernement « pour sa bravoure et sa dĂ©fense intrĂ©pide, je vous le prĂ©sente comme un compagnon d’armes ». Cela n’empĂȘcha pas Sena Pereira de s’enfuir, faillant Ă  sa parole. Au dĂ©but de 1829, il fut l’un de ceux qui livrĂšrent la place de Montevideo aux Orientaux.

Fin de la guerre de Cisplatine

La victoire navale républicaine de Juncal fut rapidement suivie par une victoire sur terre le à Ituzaingó et le 28 à Carmen de Patagones.

Comme l'historien britannique Brian Vale a fait remarquer, "pour une marine qui se composait de 69 navires de guerre et 22 paquets et des transports, tenu par 10600 officiers et les hommes, la perte de [...] ses vaisseaux armés les plus petits ont fait peu de différence pour l'équilibre parfait du pouvoir"[2].

Le combat de Monte Santiago, ensuite, avait joué un rÎle plus important dans le conflit, ajoute Brian Vale: "[...] Juncal avait peu fait pour pousser l'Empire dans le sens de la paix. Maintenant à Monte Santiago, deux des précieuses bricks de guerre de l'Argentine ont été détruites et la crÚme de sa marine battu à plate couture. Supériorité écrasante de la marine brésilienne en mer a été affirmé d'une maniÚre qui ne l'audace de William Brown ou les frégates nouvellement acquises Ramsay pourrait sérieusement remettre en question"[2].

L'ambassadeur britannique à Rio de Janeiro Sir Robert Gordon a écrit à Lord Ponsonby, aprÚs Monte Santiago: "Les ressources de l'Empire semblent immenses et de croire que je fais ça Brown - grande comme il est - ne peut pas avec leurs goélettes annihilent la marine brésilienne, aura tout simplement maßtriser la serrure rétabli avec plus de vigueur"[2].

La situation devait conduire Ă  la signature de la « convention prĂ©liminaire Ă  la paix » (ConvenciĂłn Preliminar de Paz) stipulant l’indĂ©pendance de la Province orientale devenue Estado Oriental del Uruguay (État oriental d’Uruguay).

Bibliographie

  • HernĂąni Donato, DicionĂĄrio das batalhas brasileiras [dĂ©tail des Ă©ditions]
  • (es) Ángel Justiniano Carranza, Campañas Navales de la RepĂșblica Argentina, vol. IV, MinistĂšre de la marine, Buenos Aires, , 239 p.

Notes et références

Notes

  1. Dans la Constitution de l’Argentine qui date de 1853, les noms officiels du pays sont "Provincias Unidas del RĂ­o de la Plata", "ConfederaciĂłn Argentina" et "RepĂșblica Argentina". "NaciĂłn Argentina" sert dans les documents officiels. La premiĂšre junte avait adoptĂ© le nom de Provincias del RĂ­o de la Plata mais entre 1811 et 1813 apparait le nom de Provincias Unidas del RĂ­o de la Plata. Lors des congrĂšs de 1816 et de 1819, les congressistes utilisent le nom de Provincias Unidas en Sud AmĂ©rica (Provinces-Unies en AmĂ©rique du Sud) ; lors du congrĂšs de 1824, les termes de Provincias Unidas del RĂ­o de la Plata en SudamĂ©rica, NaciĂłn Argentina, 'RepĂșblica Argentina et Argentina sont utilisĂ©s tour Ă  tour. Dans la constitution ratifiĂ©e le (mais jamais appliquĂ©e) apparaĂźt pour la premiĂšre fois le terme de RepĂșblica Argentina. Cependant, durant le mois de fĂ©vrier 1827, alors que le sort de la constitution reste incertain, les termes de Provincias Unidas et de RepĂșblica Argentina restent acceptables. Brown lui-mĂȘme se prĂ©sente comme « General de la Escuadra Argentina ».
  2. Elles avaient auparavant occupĂ© la zone dites des « Missions orientales » ainsi qu’une grande partie de l’est du territoire surnommĂ© la « MĂ©sopotamie argentine »
  3. Sena Pereira dĂ©clara plus tard Ă  sa dĂ©charge qu’il n’avait pas cru Ă  la lĂ©gitimitĂ© de Coe. Il ne croyait pas que Brown fĂ»t Ă  la tĂȘte de l’escadre argentine, ce qu’affirmait le commandant argentin. Voir Carranza, p. 232 et 238 (Apuntes de Familia, SeguĂ­), 298 (Memorias de Brown), 239 (descargo de Sena Pedreira).
  4. SeguĂ­ raconte dans ses Apuntes de familia (notes familiales) : nous vĂźmes se prĂ©senter un marin espagnol qui dĂ©clara ĂȘtre porteur d’une communication importante pour le gĂ©nĂ©ral et vouloir le rencontrer sur le champ [..] Il dit qu'il Ă©tait envoyĂ© par l’amiral Pinto Guedes de MontevidĂ©o avec un message pour Don Jacinto [N.B. Sena Pereira] et que des messieurs de la ville l’avaient payĂ© pour qu’il donne d’abord au gĂ©nĂ©ral Brown ce message qu'il portait effectivement dans la semelle de ses souliers enveloppĂ© dans un morceau de taffetas jaune et dans lequel [Pinto Guedes] communiquait Ă  Don Jacinto les instructions qu’il avait donnĂ©es Ă  l'escadre de Mariath, prouvant la vĂ©racitĂ© de ses paroles; aussi le gĂ©nĂ©ral dit Ă  l'envoyĂ© : « Vous direz Ă  Don Jacinto que conformĂ©ment aux ordres de l’amiral Guedes vous vous ĂȘtes rendu Ă  bord du navire commandĂ© par Mariath et que celui-ci vous a dit qu’il ferait tout son possible pour se trouver Ă  MartĂ­n GarcĂ­a le 7 fĂ©vrier prochain, qu’il est prĂȘt Ă  venir Ă  son aide ; » Puis il remit le tissu dans sa semelle et nous le laissĂąmes poursuivre sa route. Carranza, p. 235.
  5. Si la troisiĂšme division continuait sa route vers le nord en refusant le combat, le risque de sĂ©cession d’Entre RĂ­os et Santa Fe, oĂč des agents impĂ©riaux Ă©taient dĂ©jĂ  ouvertement Ă  l’Ɠuvre, en Ă©tait considĂ©rablement accru : « La 3e division impĂ©riale n’était pas pressĂ©e de descendre le fleuve. Elle avait des rĂ©serves de viande qui lui parvenait d'Arroyo de la China; elle complotait avec les autoritĂ©s de la province pour fomenter des soulĂšvements contre la rĂ©publique, la division et la discorde entre les provinces ; elle dĂ©tenait un trĂ©sor de plusieurs milliers de pesos. » D’un autre cĂŽtĂ© il n'Ă©tait pas question de s’aventurer Ă  la rencontre de l’escadre sans courir le risque qu’en cas de dĂ©faite, les navires argentins ne trouvent aucun port alliĂ© oĂč se rĂ©fugier :« [Brown] s’abstint d’attaquer Mariath, craignant que si celui-ci se retirait plus en aval, le commandant de la troisiĂšme division se rendrait au gouverneur d’Entre RĂ­os, ravivant ainsi la flamme de la discorde qui sĂ©vissait dĂ©jĂ  dans cette province », Carranza p. 299 (Memorias de Brown).
  6. La sumaca est le nom donné à cette époque et dans ce contexte à une sorte de goélette qui sert uniquement à la navigation fluviale. Source : Sumaca sur browniano.com.ar.
  7. La Fortuna Ă©tait en rĂ©alitĂ© un navire marchand et c’est ainsi qu’elle est consignĂ©e dans la liste des prises
  8. Il s’agit d’un Ă©pisode mĂ©tĂ©orologique caractĂ©ristique de l’estuaire du Rio de la Plata. Les vents du sud s’orientent brusquement au sud-est, saturant les masses d’air froides venues du pĂŽle d’humiditĂ© ocĂ©anique. L’air froid pĂ©nĂštre dans les rĂ©gions voisines de la Plata, suivant la mĂȘme direction que la riviĂšre ; l’épisode peut s’accompagner de pluie ou de crachin, mais provoque surtout des vents qui peuvent ĂȘtre violents avec une forte houle sur les eaux du fleuve.
  9. D’aprĂšs Brown, Coe aurait en fait rĂ©ussi Ă  s’enfuir Ă  la faveur de la confusion qui rĂ©gnait (Carranza, p. 300, Memorias de Brown).
  10. De nombreuses sources, notamment Brian Vale, parlent de l'ßles Solís. Celle-ci se trouve beaucoup plus au sud du Río de La Plata, encore plus au sud que Martín García, ce qui paraßt trÚs improbable en raison de la distance et de la stratégie du commandant brésilien (il avait mis le cap sur le sud-est). Dans sa biographie, le principal acteur de la journée, Seguí, nomme sans ambiguïté l'ßle de Sola (Apuntes de Familia del coronel D. Francisco Seguí, in Carranza, p. 237) ce qui paraßt plus raisonnable.
  11. Ils atteignirent Colonia le 12 fĂ©vrier vers midi, pour annoncer la nouvelle du dĂ©sastre qui fut confirmĂ©e le lendemain avec l’arrivĂ©e des rescapĂ©s de l’Oriental (Toscano, p. 477).
  12. C’était la plus grande inquiĂ©tude de la garnison argentine. Les canons de la flotte brĂ©silienne avaient une telle portĂ©e que les projectiles tirĂ©s d’un cĂŽtĂ© de l’üle pouvait atteindre l’autre cĂŽtĂ©, tandis que leurs propres piĂšces d’artillerie lourde fixes ne pouvaient atteindre leurs cibles de façon efficace. De plus, les forces de l’infanterie argentine s’élevaient Ă  peine Ă  une centaine d’hommes (selon le Diario de Noticias del Comandante del Puerto de Buenos Aires, Archivo General de la NaciĂłn VII-7-6-D), presque exclusivement des recrues inexpĂ©rimentĂ©es, et les fortifications Ă©taient incomplĂštes puisqu’il manquait notamment un fossĂ© sur deux des cĂŽtĂ©s. Mariath connaissait les faiblesses de l’artillerie argentine, il pouvait compter sur une puissance de feu supĂ©rieure, bloquer toute retraite des argentins vers Buenos Aires et dĂ©barquer un contingent deux Ă  trois fois supĂ©rieur en nombre et beaucoup plus aguerri que celui de ses adversaires. Carranza p. 300 (Memorias de Brown).
  13. LaDona Paula, frĂ©gate de 36 canons de gros calibre, n’avait pas, quoi qu'en disent certaines sources, participĂ© Ă  l'affrontement et ne faisait pas partie de la 3e division.
  14. Les forces militaires d’Entre Rios Ă©taient peu nombreuses et reçurent l’ordre de ne pas rĂ©sister. De nombreux miliciens ouvrirent nĂ©anmoins le feu, empĂȘchant les marins brĂ©siliens d’ĂȘtre capturĂ©s, ce que dĂ©plora Brown qui espĂ©rait bien en faire de nouvelles recrues (Carranza, 248-251). L’intervention de Brown crĂ©a de graves tensions et provoqua de vives protestations de la part du gouvernement de la province(Carranza, p. 248-251).
  15. L'explorateur français Jean-Baptiste Douville (1797-1837) le confirme dans ce passage : « L’amiral Brown Ă©tait devenu l’idole du peuple. Tous voulait le voir, ne parlaient que de lui. On le considĂ©rait comme le sauveur de la patrie depuis qu’il avait anĂ©anti la flotte ennemie sur les eaux de l’Uruguay. De nombreuses personnes dĂ©pensĂšrent des sommes folles pour faire faire son portrait. » Lorsque Douville se lança dans la lithographie, il commença par un portrait de Brown dont il vendit aussitĂŽt 2 000 exemplaires qu'il avait fait tirer.« Au moment du tirage, notre atelier [..] fut trop petit pour accueillir tous ceux qui attendaient leur tour pour obtenir le portrait. » Il fit un second tirage, que les Porteños revinrent se disputer; Jean-Baptiste Douville, 30 mois de ma vie, ou quinze mois avant et quinze mois aprĂšs mon voyage au Congo, ou ma justification des infamies dĂ©bitĂ©es contre moi; suivie de dĂ©tails nouveaux et curieux sur les mƓurs et les usages des habitans du BrĂ©sil et de Buenos-Ayres, et d'une description de la colonie Patagonia, Paris, Dentu & Delaunay, Treuttel & Wurtz, Paulin and BĂ©chet,

Références

  1. Ángel Justiniano Carranza, Campañas Navales de la RepĂșblica Argentina, vol. IV, MinistĂšre de la marine, Buenos Aires, , 239 p., comme le montre la monnaie frappĂ©e aprĂšs le combat.
  2. A War Betwixt Englishmen Brazil Against Argentina on the River Plate 1825-1830, Brian Vale, I. B. Tauris, page 137, chapter 14
  3. 34°09’29’’S - 58°15’10’’O
  4. 33°21’38’’S-58°25’07’’O
  5. 33°49’29’’S-58°25’44’’O
  6. Carranza : p. 232 (Apuntes de Familia, SeguĂ­)
  7. 298 (Memorias de Brown).
  8. Rodríguez, Horacio, « Leonardo Rosales ».
  9. Carranza : p. 234 (Diario de TomĂĄs Espora).
  10. Carranza, p. 235.
  11. Carranza, p. 236 (Apuntes de Familia, SeguĂ­).
  12. Carranza p. 299 (Memorias de Brown)
  13. Toscano, Jorge, Victoria Argentina en el Juncal, BoletĂ­n del Centro Naval No 815, 2006, p. 473.
  14. Les sources concernant les navires brĂ©siliens sont difficiles Ă  analyser et ne se recoupent pas systĂ©matiquement. Les sources primaires ont Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©es : Carranza, p. 185-186 (acquisition des prises), p. 236-237 (Notes familiales, SeguĂ­), p. 237-238 (Parties du combat), p. 300-302 (MĂ©moires de Brown), p. 247 (inventaire du personnel, des fournitures et du ravitaillement des navires rendus Ă  la province d'Entre RĂ­os). Le reste des informations provient de Jorge Toscano, « Victoria Argentina en el Juncal », BoletĂ­n del Centro Naval, no 815,‎ , p. 473-477 dont les informations recoupent celles de Brian Vale, Una guerra entre ingleses et les dĂ©tails donnĂ©s sur les deux flottes dans « Historical Handbook of World Navies » et « NavĂ­os de Guerra » sur le site naval.com.br.
  15. Jorge Toscano, « Victoria Argentina en el Juncal », BoletĂ­n del Centro Naval, no 815,‎ , p. 473.
  16. Jorge Toscano, p. 474
  17. Toscano, p. 475.
  18. Carranza p. 237 (Apuntes de Familia, SeguĂ­), et p. 300 (Memorias de Brown)
  19. Carranza, p. 238 sq.
  20. Carranza p. 234 (Apuntes de Familia, SeguĂ­), p. 299-300 (Memorias de Brown)
  21. Toscano, p. 476.
  22. Toscano, p. 477
  23. Carranza, p. 237-239 (partes de la batalla), p. 300-301 (Memorias de Brown)
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