Colonel Lizé
Jean Teissier de Marguerittes, dit colonel LizĂ©, nĂ© le Ă Constantine et mort le Ă Grand-Brassac, est un militaire et un rĂ©sistant français de la Seconde Guerre mondiale. Il est notamment connu pour avoir dirigĂ© les FFI de la Seine pendant la LibĂ©ration de Paris de l'intĂ©rieur (avant l'arrivĂ©e des blindĂ©s du gĂ©nĂ©ral Leclerc), sous le commandement d'Henri Rol-Tanguy. AprĂšs la guerre, il se fait prĂȘtre.
Jean Teissier de Marguerittes | ||
Surnom | Colonel Lizé | |
---|---|---|
Naissance | Constantine |
|
DĂ©cĂšs | (Ă 76 ans) Grand-Brassac |
|
Allégeance | France libre France |
|
Arme | Résistance intérieure française Armée de terre française |
|
Grade | général de brigade | |
AnnĂ©es de service | 1937 â 1962 | |
Commandement | 74e régiment d'artillerie Place de Clermont-Ferrand Région de Bordeaux de l'OCM Département des FFI de la Seine Place de Baden-Baden |
|
Conflits | PremiÚre Guerre mondiale Seconde Guerre mondiale - Maquis - Libération de Paris |
|
Distinctions | cf. Distinctions et hommages | |
Autres fonctions | PrĂȘtre | |
Famille | Suzanne Duval (femme) | |
Biographie
Famille
Issu d'une famille noble, les Teisseri de Nice, devenus Teissier de Marguerittes aprÚs leur installation en Languedoc, il compte notamment dans sa famille Jean-Antoine Teissier de Marguerittes, écrivain et homme politique, premier maire de Nßmes, Esprit-Louis-EugÚne Teissier de Marguerittes, chevalier Teissier, lieutenant de vaisseau membre marins de la Garde impériale, chevalier Teissier de Marguerittes et de l'Empire, ainsi que Guillaume-Ferdinand Teissier, historien, archéologue et préfet de l'Aube.
Il Ă©pouse Suzanne Duval en .
Ătudes
Il Ă©tudie Ă l'Ăcole centrale Paris.
Engagement
Il s'engage dans l'armée le , et est affecté au régiment d'artillerie de Tarbes.
Seconde guerre mondiale
Le , il rejoint avec la 1re DLM la frontiÚre belgo-néerlandaise.
Il apprend l'armistice du 22 juin deux jours plus tard.
NommĂ© commandant de la garnison de Clermont-Ferrand, il organise un camp (le camp F, prĂšs de Montferrand) oĂč sont accueillis des dĂ©mobilisĂ©s, mais aussi des prisonniers de guerre français dont il facilite l'Ă©vasion. Il est aidĂ© dans cette tĂąche par Louise Thuliez. Il se consacre Ă©galement Ă camoufler du matĂ©riel de guerre soustrait Ă l'ennemi.
En , dĂ©mobilisĂ©, il se retire Ă Manzac-sur-Vern. C'est alors que, contactĂ© par le gĂ©nĂ©ral de BeauchĂȘne, il commence de mettre en place un rĂ©seau de rĂ©sistance armĂ©e. Il entre dans la clandestinitĂ© au dĂ©but de 1943. En avril, il est chargĂ© d'organiser l'OCM dans les Landes et les Basses-PyrĂ©nĂ©es, afin de prendre le commandement de la rĂ©gion de Bordeaux, dont le chef vient d'ĂȘtre arrĂȘtĂ©. TraquĂ© Ă son tour par la Gestapo aprĂšs la trahison d'AndrĂ© GrandclĂ©ment, il prend contact avec Ceux de la LibĂ©ration.
Fin 1943 il se rend Ă Paris oĂč il va prendre le pseudonyme de colonel LizĂ©. Il se rĂ©fugie au couvent Saint-François, rue Marie-Rose (dans le 14e arrondissement), oĂč il est accueilli et cachĂ© quelque temps par le pĂšre franciscain Corentin Cloarec, directeur spirituel de la FraternitĂ© Saint-Louis dont Teissier de Marguerittes est membre[1]. C'est lĂ qu'il rencontre les principaux chefs de la RĂ©sistance francilienne. L'un d'entre eux, le lieutenant-colonel Duc, lui propose de remplacer Pierre Lefaucheux, qui vient d'ĂȘtre arrĂȘtĂ©, au commandement des FFI de la Seine (soit Paris intra-muros).
Le 17 aoĂ»t, il installe son PC au 1, rue GuĂ©nĂ©gaud. Il s'oppose alors Ă l'idĂ©e d'une trĂȘve conclue entre Raoul Nordling et Dietrich von Choltitz.
Le 21 aoĂ»t, il envoie un commando formĂ© de FFI du 9e arrondissement, de policiers du mouvement « RĂ©sistance Police », et d'employĂ©s de la station commandĂ©s par Jacques Magne prendre possession des locaux de Radio-Paris et faire cesser l'Ă©mission de L'Information permanente. Ils arrivent sur place vers 18h00 et arrĂȘtent quatre journalistes, qu'ils remettent Ă la police. Vers 19h30, alors que les combats ont repris, il ordonne l'Ă©dification de barricades. La ville de Paris est libĂ©rĂ©e le , aprĂšs l'entrĂ©e de la DeuxiĂšme Division blindĂ©e.
Il racontera sa participation à la Libération de Paris dans l'ouvrage collectif La France et son empire dans la guerre en 1947[2]. Ses souvenirs de résistance, restés sous forme manuscrite, ont été versés aux Archives nationales[3]
AprÚs la Libération
Il est nommé président de la commission d'homologation des grades FFI de la Seine, puis, en , prend pour quelque temps le commandement de la place de Baden-Baden.
Il est promu gĂ©nĂ©ral de brigade le , avant d'ĂȘtre dĂ©mobilisĂ© du fait qu'il a atteint la limite d'Ăąge.
Il devient alors délégué français de l'UNRRA en Allemagne, puis est chargé de mission, deux ans durant, de l'ordre de Malte.
PrĂȘtre
Lorsque sa femme meurt, le , il entre au sĂ©minaire de PĂ©rigueux, avant d'ĂȘtre ordonnĂ© prĂȘtre le dans la cathĂ©drale Saint-Front par l'Ă©vĂȘque de PĂ©rigueux, Mgr Georges-Auguste Louis, et de devenir curĂ© de campagne en Dordogne dans la commune de Grand-Brassac.
Distinctions et hommages
- Grand officier de la LĂ©gion d'honneur
- Croix de guerre 1914-1918
- Croix de guerre 1939-1945
- Médaille interalliée de la Victoire 1914-1918
- Croix de guerre de Belgique
- Commandeur de l'ordre de LĂ©opold.
La voie CN/20 est nommĂ©e place du GĂ©nĂ©ral-Teissier-de-Marguerittes par arrĂȘtĂ© municipal du maire de Paris Jacques Chirac du [4].
Ouvrages
- La LibĂ©ration de Paris, opuscule, in La France et son Empire dans la Guerre, tome II, direction de Louis Mouilleseaux, Ăditions littĂ©raires de France, 1947.
Notes et références
- Sur son engagement en 1924 dans la FraternitĂ© Saint-Louis ainsi que ses liens avec le PĂšre Corentin et leurs activitĂ©s rĂ©sistantes jusqu'Ă la mort de ce dernier, tuĂ© par la Gestapo dans le couvent Saint-François de Paris, voir Bertrand Warusfel (sous la direction de), Le pĂšre Corentin, franciscain et rĂ©sistant, Paris, Ăditions franciscaines, 2014, notamment p. 88-89 (ISBN 978-2-85020-338-1).
- Colonel Lizé, La libération de Paris (La France et son empire dans la guerre - Tome II), Editions littéraires de France,
- Archives nationales, 72 AJ, dossier Libération de Paris, B1.
- Site sur les voies de Paris
Annexes
Bibliographie
- Brigitte et Gilles Delluc, « Et Paris ne fut pas détruit. Le général de Marguerittes », in Petites énigmes et grands mystÚres, éditions Pilote 24, 2010, p. 11-42.
- Brigitte et Gilles Delluc, « Les deux vies d'un curé de campagne : Jean de Marguerittes (1882-1958) », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 2010, tome 137, 1re livraison, p. 101-122 (lire en ligne)
- Brigitte et Gilles Delluc, « à propos du général Jean de Marguerittes, libérateur de Paris et curé de Grand-Brassac (compléments) », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 2011, tome 138, 1re livraison, p. 145-150 (lire en ligne)