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Ciné-parc

Le ciné-parc[1] - [2] (ou drive-in), est une forme de cinéma en plein air accessible en automobile. Le lieu, offrant un grand espace de parking destiné aux voitures, est composé d'un grand écran, d'une cabine de projection, parfois d'un espace de vente de boissons et collations. Les spectateurs restent dans leur voiture pour profiter de la projection.

Un cinéma en plein air provisoire en Belgique (Cinquantenaire à Bruxelles), avec un Airscreen (écran gonflable).

Histoire

Le premier ciné-parc de Camden (New Jersey), en 1933.
L'entrée d'un ciné-parc dans l'Ohio.
Cinéma en plein air à Téhéran.

Après qu'un premier drive-in partiel, le Theatre de Guadalupe, ait été ouvert à Las Cruces, au Nouveau-Mexique en 1915[3], un drive-in est ouvert à Comanche, Texas, par Claude V. Caver en 1921. Les voitures étaient parquées pare-chocs contre pare-chocs et les clients pouvaient visionner des films muets de l'époque depuis leur auto. Dans les années 1920, les cinémas en plein air deviennent populaires pendant l'été.

Le théâtre drive-in Ă  proprement parler est inventĂ© aux États-Unis en 1932 par Richard M. Hollingshead Jr. (en), un magnat de l'industrie chimique nĂ© Ă  Camden, New Jersey. En 1932, il rĂ©alise ses premiers essais chez lui, Ă  son domicile ; après avoir fixĂ© un Ă©cran aux arbres de son jardin, il installe un projecteur Kodak sur le capot de sa voiture et place une radio derrière l'Ă©cran[4]. Il teste diffĂ©rents niveaux sonores avec les vitres de sa voiture ouvertes ou fermĂ©es. Il va dĂ©terminer la taille des rangs et l'espace entre les rangs de sorte que les voitures puissent avoir une vision correcte de l'Ă©cran. Poursuivant ses expĂ©rimentations, il dĂ©pose une demande de brevet pour son invention le , qu'il obtient le (US Patent 1 909 537). Cependant ce brevet sera dĂ©clarĂ© invalide dix-sept ans plus tard par le tribunal du Delaware.

Ainsi le premier drive-in de Richard M. Hollingshead ouvre le dans le New Jersey sur le boulevard de l'Amiral Wilson à Pennsauken. Son argument de vente est que le drive-in est un lieu où « toute la famille est la bienvenue, sans avoir à se soucier du bruit que font les enfants[4]. ». Ce drive-in ne restera ouvert que trois ans, mais d'autres États ont acheté le concept pendant cette période. Le , l'ouverture de l'auto-park de Shankweiler à Orefield, Pennsylvanie, fut suivie de l'ouverture du Drive-in Short Reel Theater de Galveston le , puis celle du Pico à Los Angeles le , et celle du Weymouth Drive-In Theatre à Weymouth, Massachusetts le . En 1937, trois drive-in supplémentaires ouvrent dans l'Ohio, le Massachusetts et à Rhode Island, puis une douzaine d'autres entre 1938 et 1939 en Californie, Floride, Maine, Maryland, Massachusetts, Michigan, New York, Texas et Virginie.

Un Ă©cran de drive in et quelques voitures.

La popularité du drive-in s'explique par son prix qui est aligné sur ceux du cinéma traditionnel, et sur le fait que les familles peuvent venir avec leurs enfants sans craindre de déranger les autres spectateurs. Avant la Seconde Guerre mondiale, il y avait environ cent grands drive-in au niveau national.

Le pic de popularitĂ© du drive-in se situa dans les annĂ©es 1950 et dĂ©but 1960, particulièrement dans les zones rurales, avec quelque 4 000 drive-in Ă  travers les États-Unis. Les revenus des drive-in Ă©taient moindres que ceux des salles de cinĂ©ma ordinaires, puisque la première condition pour que la projection puisse avoir lieu dans les conditions optimales Ă©tait qu'il devait faire nuit. Il y eut des tentatives pour recrĂ©er des conditions acceptables en plein jour comme d'installer de grandes structures en toile de tente, mais rien ne fut vraiment concluant.

Dans les annĂ©es 1950, la plus grande intimitĂ© ainsi fournie aux clients donna aux drive-in une mauvaise rĂ©putation, jugĂ©s alors comme immoraux, et Ă©tiquetĂ©s de « passion pits Â»[5], c'est-Ă -dire de « lieux de luxure Â», par les mĂ©dias. Dans les annĂ©es 1970, certains drive-in ont Ă©changĂ© leur films familiaux en films d'exploitation. Toujours dans les annĂ©es 1970, certains drive-in ont mĂŞme commencĂ© la projection de films pornographiques aux heures les moins frĂ©quentĂ©es par les familles afin de pourvoir Ă  des revenus supplĂ©mentaires. Ce qui posait problème Ă©tait le fait que des films censurĂ©s Ă©taient susceptibles d'ĂŞtre vus par un large public, certains films Ă©tant totalement illĂ©gaux. Ceci conduisit aussi Ă  s'interroger sur la fiabilitĂ© et l'incontrĂ´labilitĂ© des mĂ©dias pour adultes au sein du grand public.

Les adolescents aux revenus modestes développèrent une méthode pour voir les films projetés au drive-in à moindre coût : deux adolescents (habituellement un couple) prenaient leur voiture pour se rendre au drive-in et achetaient deux billets pendant que d'autres étaient cachés dans le coffre. Une fois le véhicule placé, les autres adolescents sortaient du coffre et s'installaient dans la voiture à la faveur de la nuit.

De nombreux drive-in ont été conçus de manière très élaborée et quelquefois avec des modes de confort un peu étranges. Certains étaient équipés de chauffages au propane, espérant ainsi attirer leurs clients même pendant les mois les plus froids. D'autres se procurèrent un chauffage à air passant dans des tubes souterrains pour chauffer les clients.

Les systèmes audio ont beaucoup évolué dans l'ère du drive-in. Au début, des haut-parleurs étaient placés au niveau de l'écran, cette méthode prouva son inefficacité donnant un son trop fort aux gens de la première rangée tandis que plus loin le son devenait inaudible. Puis une solution proposée en 1941 par RCA fut de mettre un petit haut-parleur individuel à disposition de chaque véhicule, avec son réglage de volume, ce qui était déjà mieux mais ne procurait pas de son stéréo. L'audio sera plus tard diffusé sur une bande radio AM ou FM pour être capté par le système stéréo des automobiles.

À leur apogée, les drive-in usaient de gadgets et procédés publicitaires afin d'attirer encore plus de clients. Certains drive-in installèrent de petits monstres volants parmi les clients. D'autres avaient des attractions étranges et inhabituelles telles qu'une petite ménagerie ou une cage de singes afin d'attirer les curieux. Devant l'importance grandissante de la culture pop, de nombreux drive-in demandaient à des célébrités de venir faire l'ouverture dans tel ou tel endroit ou invitaient des groupes musicaux pour jouer avant la séance. D'autres encore avaient même des services religieux se produisant au drive-in le dimanche matin et le soir avant le film.

Les ciné-parcs en documentaire et dans la peinture

En vidéo

  • 1995 : Après le coucher du soleil : la vie et les moments du drive-in (After Sunset: The Life and Times of the Drive-In Theater), documentaire rĂ©alisĂ© par Jon Bokenkamp.
  • 2004 : Shinning Stars : Les drive-in au Canada (Shining Stars: Canada's Drive-In Movie Theatres), documentaire de Sean C. Karow.

En peinture

  • Des moments pour se souvenir (Moments to Remember), sĂ©rie de peintures de Beaumont, un artiste texan. Randy Welborn inclut deux peintures de Beaumont reprĂ©sentant des drive-in au milieu des annĂ©es 1950 : Goin' Steady et A Summer Remembered.

Quelques chiffres

Très rĂ©pandus aux États-Unis, pays d'origine du drive-in, il y en avait environ 4 600 dans les annĂ©es 1960[6], Plus d'un quart des salles se trouvaient dans les zones rurales ou dans les banlieues.

Arrivée du drive-in dans différents pays

Au Québec, les ciné-parcs ont débuté en 1970[7]. À leur apogée, il y en avait trente-neuf, et en 2017, il en restait cinq (Saint-Eustache, Orford, Mont-Saint-Hilaire, Val-Morin, Grande-Rivière)

En Australie, le premier drive-in a ouvert en 1954[8].

Ils sont assez peu nombreux en Europe :

  • En Allemagne : il y avait vingt-quatre drive-in en 1980 sur plus de 3 000 salles.
  • France, La Farlède accueille le premier cinĂ©-parc de France en 1967 et pendant près de dix ans[9]. Lors de la crĂ©ation des Halles de Rungis, diverses animations furent lancĂ©es pour tenter de donner une vie nocturne Ă  ce lieu perçu comme deshumanisĂ©, un cinĂ©ma drive-in y fut installĂ© dès 1970[10] mais ne rencontra pas son public et pĂ©riclita en quelques annĂ©es.
  • Le premier drive-in russe a ouvert en juin 1999[11].
  • En Belgique, Bruxelles offre un espace drive-in Ă  certains moments de l'annĂ©e, en Ă©tĂ© notamment, depuis 2007[12].
  • Espagne : il existe trois autocinĂ©s dans la province d'Alicante : un Ă  DĂ©nia depuis 1979, un Ă  Jávea depuis les annĂ©es 1990 et un au sud de Mutxamel[13].
  • Irlande : il existe un drive-in cinĂ©ma dans la rĂ©gion de Cork, depuis 2010. MalgrĂ© les conditions mĂ©tĂ©o dĂ©favorables de la rĂ©gion (pluie et froid), il a reçu un bon accueil et un second Ă©cran a Ă©tĂ© inaugurĂ© en 2012.

Extension du concept de ciné-parc

Le principe du ciné-parc a été étendu à d'autres services. Plusieurs enseignes de restauration rapide proposent le principe de service au volant. Certaines banques[14] ainsi qu'une enseigne de vente florale[15] le font également, ainsi que des enseignes de distribution alimentaires[16]. Des entreprises comme Acrelec se sont spécialisées dans la conception des bornes de commande pour drive-ins[17].

Le premier restaurant McDonald's utilisant le principe du drive-in (adaptation de « drive-through » en anglais) a ouvert à Oklahoma City en 1975[18].

Notes et références

  1. « ciné-parc », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
  2. « ciné-parc », sur FranceTerme, Ministère de la Culture (consulté le ).
  3. 700 spectateurs étaient assis dans un auditorium et une quarantaine de voitures pouvaient prendre place avec une vue sur la scène et l'écran.
  4. (en) June 6, 1933: A Car, a Movie, Some Popcorn and Thou - Tony Long, Wired, 6 juin 2011.
  5. Vulgaire! Pervers! Dégradant! : Le film d’exploitation et le cinéma québécois - Sacha Lebel, Université de Montréal, 2009, p. 54 [PDF]
  6. Jean-Loup Passek, Dictionnaire du cinéma, éditions Larousse, (ISBN 2-04-016356-5).
  7. Ciné-parcs Québec - Freewebs.com
  8. « The comfort lies in all the things you can do : The Australian drive-in-cinema of distraction », Journal of popular culture, 1999, vol. 33, no 1, pp. 153-164 [lire en ligne] (voir archive)
  9. Quand le premier "drive-in" de France se trouvait dans le Var - Var-Matin, 15 août 2016.
  10. « JT 20H : Le drive-in de Rungis » [vidéo], Ina, , 2 min 45 s.
  11. « http://www.russomania.com/Ouverture-du-premier-cinema-drive »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Russomania
  12. Drive-In Movies 2008 : le ciné en plein air - Jiri Pragman, Vivat.be.
  13. « http://www.gordos.com/Dietas/detalle.aspx?dieta=2590 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  14. « http://www.lenouvelliste.ch/fr/news/valais/le-premier-drive-in-bancaire_9-79066 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur le nouvelliste
  15. Rapid'Flore invente le drive-in floral - Actionco.fr, 2 juillet 2001.
  16. « Le Drive en France a toujours le vent en poupe ! », Actu France,
  17. « Le leader des bornes de drive-in recrute », sur Le Parisien,
  18. « La déferlante MacDo »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Paradiz.com

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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