Accueil🇫🇷Chercher

Charles Du Bos

Charles Du Bos, nĂ© Ă  Paris le , mort Ă  La Celle-Saint-Cloud, le , est un Ă©crivain français et un critique littĂ©raire au sens du XIXe siècle, dont l'Ĺ“uvre est essentiellement constituĂ©e de son Journal et de textes critiques. Il est notamment cĂ©lèbre pour avoir Ă©crit dans La notion de littĂ©rature et la beautĂ© du langage que « la littĂ©rature, c’est la pensĂ©e accĂ©dant Ă  la beautĂ© dans la lumière Â».

Charles Du Bos
Charles Du Bos dans les années 1930.
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Cimetière de La Celle-Saint-Cloud (d)
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Juliette Du Bos (d)
Enfant
Primerose Cep (d)
Autres informations
Mouvement
Distinction

Biographie

Il naît d'un père français de la haute bourgeoisie parisienne — ami d'Édouard VII et fils d'une Polonaise, Mlle Laska — et d'une mère anglaise — née Mary Johnston, fille d'un banquier anglais (Banque d'Angleterre) et d'une Américaine —. Suivent en 1890 des jumeaux, Madeleine et Jean.

Il étudie à l'école Gerson, puis au lycée Janson-de-Sailly. Il bénéficie d'une formation cosmopolite dans divers pays d'Europe lors de séjours à Oxford, Berlin et Rome notamment. Très tôt, il est capable de lire dans le texte des auteurs tel que Thomas Carlyle, Henry James, John Ruskin, Percy Bysshe Shelley, Hugo von Hofmannsthal et Rainer Maria Rilke. À 17 ans, il se lie à Joseph Batuzi. Il va à Venise et devient élève de Bergson. « Je suis né à 17 ans » déclare-t-il. À 19 ans, il va au collège Balliol à Oxford, où il obtient une licence d'anglais. Il passe ensuite un an en Allemagne. Il retourne à Venise et à Florence.

De sa femme, Juliette Siry (1884-1970), qu'il épouse le à La Celle-Saint-Cloud, il a une fille, Primerose (1919-1985[1]), qui épouse en 1954 l'écrivain et traducteur tchèque Jan Čep.

En 1907, l'abbé Mugnier le pousse au Journal. En 1909, il va en Hollande. En 1911, il rencontre André Gide. De 1908 à 1911, il participe au club des Longues moustaches. En 1914, il fonde avec André Gide le Foyer France-Belge. Son frère Jean meurt pendant la guerre et sa mère en 1919, de la grippe espagnole.

Avant le Noël 1920, il s'installe sur l'île-Saint-Louis. Il publie sur Prosper Mérimée et donne des conférences chez André Maurois. En 1926, il rencontre Breurond et revient au catholicisme, se convertissant l'année suivante[2]. En 1930, il crée Vigile avec l'abbé Alternaum et Fr. Mauriue. Il donne des conférences en Suisse, Allemagne et Belgique.

Sur 1932, il revient à l'île-Saint-Louis, qu'il avait quittée pour Versailles en 1928. Sa secrétaire est Mme Jean Mouton, née Mlle Vaison. En 1937 a lieu une nouvelle opération « de la souffrance physique ». Il part en Amérique[3]. Il revient à Paris en juin 1939 et meurt le 5 août suivant.

Il était ami d'un érudit italien, Mario Praz, qui fréquentait « son studio charmant dans l'île Saint-Louis ».

Il a aussi résidé 49 rue de la Tour (16e arrondissement de Paris), y recevant régulièrement André Gide et le peintre Jacques-Émile Blanche. « Il avait coutume de vivre à la lumière artificielle de quelques bougies » note l'historien de Paris Jacques Hillairet[4].

Il repose au cimetière de La Celle-Saint-Cloud, dans le même caveau est enterré aussi son gendre Jan Čep.

Carrière et travaux

Du Bos n'est pas vraiment un critique littéraire au sens où on l'entend aujourd'hui. Il ne cherche pas à mettre en évidence les points forts et les faiblesses, ni à déceler les failles d'une œuvre. Il refuse de classer ses lectures par famille d'esprit et ne traite pas des « nouveautés ». Son approche d'un créateur ou d'une œuvre littéraire, musicale, plastique ou philosophique n'est pas purement intellectuelle. Grand lecteur des classiques et de ses contemporains dont il fut souvent l'ami, sa « méthode » est une absorption, une plongée dans les profondeurs des sensations que lui procurent la lecture, l'écoute et la contemplation qui se combinent dans la perception des auteurs ou des œuvres. Ce qu'il cherche, c'est « l'âme » de l'œuvre, ce qui est invisible, son esprit. Il veut aimer sans juger, suivre son intuition.

Malgré une maladie chronique, son activité dans le monde de l'édition des années 1920 et 1930 est très importante. Il est tout à tour traducteur, directeur de collections, préfacier, auteur de notes pour la NRF et plusieurs revues littéraires, conférencier, auteur de cours publics partiellement improvisés, animateur des Décades de Pontigny, collaborateur de Jacques Schiffrin pour les éditions de La Pléiade, qui sera reprise par les éditions Gallimard en 1933.

Parfait anglophone, pratiquant l'allemand et l'italien, il est, entre les deux guerres, le passeur en France de la littérature de langue anglaise classique et contemporaine mais aussi allemande et russe, en tant que préfacier ou traducteur.

Ses essais portent sur :

L'amitié anime sa vie et son œuvre. Inséparable de sa perception de l'œuvre dont il parle, soit qu'il rencontre l'auteur contemporain, soit que l'auteur mort ne devienne par la lecture un ami véritable. Parmi ses contemporains, André Gide, Bernard Groethuysen, Gabriel Marcel, Paul Bourget, Edith Wharton, Marcel Proust font partie de ceux avec qui il entretient des échanges fréquents qui nourrissent en permanence son travail intérieur.

On ne peut évoquer Charles Du Bos sans parler de religion et de spiritualité. Chrétien travaillé par le doute, son sentiment religieux est inséparable de son expérience esthétique et inversement. L'absolu auquel il est attaché se révèle dans les profondeurs où se tissent les liens de la métaphysique et de l'Art.

L'Ă©tude critique de son Ĺ“uvre

De nombreux auteurs ont étudié l'œuvre de Charles Du Bos, et tout particulièrement Michèle Leleu, qui y consacra l'essentiel de sa vie. Pendant vingt années, elle fut la secrétaire générale et la cheville ouvrière de la Société des amis de Charles Du Bos, sous la présidence de Gabriel Marcel. Elle eut la chance de bénéficier de l'aide de Juliette Du Bos qui lui donna accès à tous les inédits, ainsi que de l'exceptionnel accueil de nombreux amis de Charles Du Bos : Bernard Berenson, Ernst-Robert Curtius, Gabriel Marcel, Jacques Maritain, François Mauriac, André Maurois et bien d'autres, qui lui apportèrent une connaissance profonde de leur ami. Michèle Leleu prit la charge des 19 Cahiers Charles Du Bos où se retrouvent, déchiffrés par elle, des inédits du Journal et une partie de la volumineuse correspondance.

Ĺ’uvres

  • Approximations sĂ©rie I Texte intĂ©gral, sĂ©rie II[5] (1927), sĂ©rie III (Éditions Le rouge et le noir, 1929), sĂ©rie IV (Éditions CorrĂŞa, 1930), sĂ©rie V (1932), sĂ©rie VI (Éditions CorrĂ©a, 1934), sĂ©rie VII (Éditions CorrĂ©a, 1937) - rĂ©Ă©dition Ă©d. des Syrtes (prĂ©face de Michel CrĂ©pu), 2000, 1525 p. (ISBN 2-84545-008-7).
  • Extraits d'un Journal, 1908-1928 (2e Ă©dition augmentĂ©e), Éditions CorrĂ©a, 1931. (Première Ă©dition: Éditions de la plĂ©iade (Paris), 1928).
  • Journal, t. I, 1921-1923, Éditions CorrĂ©a, 1946, rĂ©Ă©dition Journal 1920 - 1925, Éditions Buchet-Chastel, 2003, (ISBN 2-283-01896-X), 1069 p. .
  • Journal, t. II, 1924-1925, Éditions CorrĂ©a, 1948.
  • Journal, t. III, 1926-1927, Éditions CorrĂ©a, 1949, rĂ©Ă©dition Journal 1926 - 1929, Éditions Buchet-Chastel, 2004, (ISBN 2-283-02001-8), 999 p. .
  • Journal, t. IV, 1928, Éditions CorrĂ©a, 1950.
  • Journal, t. V, 1929, Éditions CorrĂ©a, 1954.
  • Journal, t. VI, janvier 1930 - juillet 1931, La Colombe, Éditions du Vieux Colombier, 1955, rĂ©Ă©dition Journal 1930 - 1939, Éditions Buchet-Chastel, 2005, (ISBN 2-283-02076-X), 1054 p. .
  • Journal, t. VII, aoĂ»t 1931 - Octobre 1932, La Colombe, Éditions du Vieux Colombier, 1955.
  • Journal, t. VIII, 1933, La Colombe, Éditions Du Vieux Colombier, 1959.
  • Journal, t. IX, avril 1934 - fĂ©vrier 1939, La Colombe, Éditions du Vieux Colombier, 1961.
  • RĂ©flexions sur MĂ©rimĂ©e, Albert Messein, 1920.
  • Le dialogue avec AndrĂ© Gide, Éditions Au sans pareil (Paris), 1929 Texte intĂ©gral en ligne, rĂ©Ă©dition Éditions CorrĂ©a, 1946.
  • Byron et le besoin de la fatalitĂ©, Éditions Au Sans-Pareil, 1929, rĂ©Ă©dition Éditions Buchet-Castel, 1957 puis Archives KarĂ©line 2009.
  • François Mauriac et le problème du romancier catholique, Éditions CorrĂ©a, 1933.
  • Qu'est-ce que la littĂ©rature ? Traduit de l'anglais par Mme Charles Du Bos. Et Dernier journal intime. Suivi de Hommage Ă  Charles Du Bos par François Mauriac, Charles Morgan, Camille Mayran, J. Mouton, G. Marcel, Paule RĂ©gnier…, Éditions Plon, Collection « prĂ©sences », 1945, rĂ©Ă©dition Éditions L'Ă‚ge d'Homme, Collection Bruit du temps, (ISBN 2-8251-2922-4) .
  • Grandeur et misère de Benjamin Constant, Éditions CorrĂ©a, 1946.
  • Commentaires, avec une prĂ©face de Gabriel Marcel, DesclĂ©e de Brouwer, sd [Pages du journal de 1938]
  • La Comtesse de Noailles et le climat du gĂ©nie, Éditions La Table Ronde, 1949, (ISBN 2-7103-1173-9).
  • Goethe : les Plus belles pages choisies et prĂ©sentĂ©es par Marcel Brion. Traduction de Porchat, Marcel Brion, Charles Du Bos, Alexandre Arnoux, Éditions CorrĂ©a, 1949, rĂ©Ă©dition Archives Kareline, 2008, (ISBN 2-35748-025-4).

Prix

Pour approfondir

Bibliographie

  • Michel CrĂ©pu, Charles Du Bos ou la tentation de l'irrĂ©prochable, Paris, Ed. du FĂ©lin, 1990.
  • Didier Dantal, Approximations sur Charles Du Bos, in Revue des Deux Mondes, juillet-aoĂ»t 2006, p. 132-140, [lire en ligne].
  • Charles DĂ©dĂ©yan, Le cosmopolitisme littĂ©raire de Charles Du Bos, Paris, SEDES, 1965-1971.
  • BĂ©atrice Didier
  • Marie-Anne Gouhier, Charles Du Bos, prĂ©face de François Mauriac, Paris, Vrin, 1951, Extraits.
  • Bernard Halda, Charles Du Bos, Paris, Wesmael-Charlier, coll. Conversions cĂ©lèbres, 1966.
  • Michèle Leleu
    • Nombreux articles parus dans la revue « Cahiers Charles Du Bos »
      (articles parus de 1956 Ă  1975)
    • « Une mĂ©tĂ©orologie intime », le journal de « Charles Du Bos », 1964
    • Permanence de Charles Du Bos[7], 1976
      (actes du colloque de Cerisy-la-Salle de juillet 1972, (ISBN 2-22002-065-7), édité de façon posthume chez Desclée de Brouwer)
    • Charles Du Bos, approximation et certitude, 1976
      (inachevé, (ISBN 2-220-02066-5), édité de façon posthume chez Desclée de Brouwer)
  • CĂ©es Mertens, Souffrance physique et dĂ©couverte de soi chez Charles Du Bos, in LittĂ©rature, 1/2006, no 141, p. 24-43, Texte intĂ©gral.
  • Jean Mouton, Charles Du Bos : sa relation avec la vie et avec la mort, Paris, DesclĂ©e de Brouwer, coll. Les Iles, 1954.
  • Marie-JosĂ© Tosi, Ricerche su Charles Du Bos : Tra Vita e Letteratura, Pise, Pasini, 1979.
  • Collectif
    • Cahiers Charles Du Bos, no 1 Ă  27, SociĂ©tĂ© des Amis de Charles Du Bos, 1956-1985.
    • RĂ©surrection, no 13 spĂ©cial « Charles Du Bos », Paris-Toulouse, Didier, 1946.
    • Permanence de Charles Du Bos, colloque de Cerisy, Paris, 1976.
    • LittĂ©rature, no 141 spĂ©cial « Charles Du Bos », mars 2006, Paris, Larousse.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Fichier Insee des décès en France depuis 1970.
  2. Journal, 5 juin 1927.
  3. Henri Clonard, 13 décembre 1937, article du jour.
  4. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, septième édition, 1963, t. 2 (« L-Z »), « Rue de la Tour », p. 563-564.
  5. « http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/critique/du-bos_approximations2/front-1 »
  6. « Charles du BOS », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  7. Site consacré aux colloques de Cerisy
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.