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CeCe McDonald

CeCe McDonald (/ˌsiːˈsiː/), nĂ©e le , est une femme trans activiste LGBTQ afro-amĂ©ricaine. Elle attire l’attention amĂ©ricaine en juin 2012 pour avoir acceptĂ© une nĂ©gociation de peine de 41 mois pour homicide involontaire au deuxiĂšme degrĂ© d’un homme qu’elle a poignardĂ© aprĂšs que McDonald et ses amis ont Ă©tĂ© agressĂ©s Ă  Minneapolis devant un bar peu avant la fermeture. L’attaque, qui a eu lieu un an plus tĂŽt, a Ă©tĂ© largement considĂ©rĂ©e comme raciste et transphobe, et est devenue physique lorsque McDonald a Ă©tĂ© frappĂ©e au visage par l’amie de l’agresseur avec un verre de « boisson alcoolisĂ©e » provoquant une entaille sanglante qui a nĂ©cessitĂ© des points de suture.

CeCe McDonald
Biographie
Naissance
Nationalité
Activités

Selon le magazine amĂ©ricain Mother Jones, lorsque McDonald s’éloignait du bar, l’homme est venu vers elle, elle « a sorti une paire de ciseaux de son sac Ă  main et s’est retournĂ©e pour [lui] faire face ; il a Ă©tĂ© poignardĂ© Ă  la poitrine et est dĂ©cĂ©dĂ© des suites de sa blessure ». McDonald affirme que voyant le dĂ©roulement de son procĂšs elle a prĂ©fĂ©rĂ© une nĂ©gociation de peine plutĂŽt que d’ĂȘtre jugĂ©e et risquer 20 ans de prison. Selon le Bay Area Reporter, sa condamnation « a dĂ©clenchĂ© l’indignation et a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e par beaucoup comme un acte de transphobie et de racisme contre une femme qui se dĂ©fendait ». Bien que femme, McDonald a Ă©tĂ© hĂ©bergĂ©e dans deux prisons pour hommes. Une pĂ©tition en ligne a poussĂ© le dĂ©partement d’État des services correctionnels Ă  lui administrer le rĂ©gime complet d’hormones dont elle avait besoin.

Son histoire a attirĂ© l’attention internationale, notamment en , lorsqu’un article du site Ebony.com sur l’affaire a remportĂ© le prix GLAAD Media pour un « Article exceptionnel de journalisme numĂ©rique ». Elle reçoit Ă©galement le soutien de l’activiste et actrice transgenre Laverne Cox, star d’Orange Is the New Black (OITNB), dont l’histoire parle notamment des femmes transgenres de couleur et des crimes de haine. Cox affirme que McDonald est l’image qu’elle a de son personnage dans OITNB, Sophia Burset, et qu’elle joue Burset en hommage Ă  McDonald[1]. Cox s’identifie Ă©galement Ă  ses expĂ©riences : « tant de fois j’ai [
] Ă©tĂ© harcelĂ©e, n’importe laquelle [de ces situations] aurait pu dĂ©gĂ©nĂ©rer [
]. Je pourrais trĂšs facilement ĂȘtre CeCe »[1].

McDonald est libĂ©rĂ©e en aprĂšs avoir purgĂ© 19 mois. Elle a fait l’objet d’un portrait dans Rolling Stone entre autres publications, et a Ă©tĂ© incluse dans la liste annuelle des « 40 de moins de 40 ans » de The Advocate. FREE CeCe, un documentaire sur les expĂ©riences de McDonald racontĂ©es Ă  travers des interviews de Laverne Cox, dĂ©bute sa production en . Le film parle principalement de l’attaque contre McDonald et ses amis, notamment les coups de couteau, son emprisonnement et la violence subie par les femmes trans de couleur. En aoĂ»t 2014, elle reçoit le prix des droits civiques Bayard Rustin dĂ©cernĂ© par le Harvey Milk LGBT Democratic Club.

Jeunesse

CeCe McDonald naĂźt le [2]. Elle est originaire du sud de Chicago, et Ă©tudie la mode au Minneapolis Community and Technical College[3].

Agression

Contexte

Le 5 juin 2011, vers 23 h 30[3], McDonald, sa colocataire Latavia Taylor et leurs amis Larry Tyaries Thomas, Zavawn Smith et Roneal Harris, tous afro-amĂ©ricains[4], marchent sur la distance de 800 mĂštres qui sĂ©pare l’appartement de McDonald et Taylor Ă  Minneapolis et un magasin Cub Foods pour y faire des courses. En chemin, un policier s’arrĂȘte briĂšvement et interroge le groupe sans provocation ; il les suit ensuite pendant une courte pĂ©riode puis part[3].

DĂ©roulement

McDonald dĂ©clarera que Dean Schmitz et d’autres leur font front Ă  l’extĂ©rieur de la Schooner Tavern[5]. Selon les accusations contre McDonald, cela se produit peu aprĂšs minuit[6]. Schmitz, sa petite amie Jenny Thoreson et son ex-petite amie Molly Flaherty Ă©taient sortis du bar pour une cigarette[3]. Selon McDonald, ces derniers crient des insultes racistes et transphobes tandis que Thoreson, dans des entretiens avec la police, a qualifiĂ© les propos de dĂ©sobligeants et sarcastiques. Selon Thomas, Schmitz, Thoreson et Flaherty les interpellent en disant « oh vous les pĂ©dĂ©s, vous les niggers amoureux, et peu importe vous n’ĂȘtes rien d’autre qu’un tas de bĂ©bĂ©s niggers »[alpha 1], et qu’en rĂ©ponse il se dirige vers Schmitz pour lui parler. Toujours selon Thomas, Schmitz s’éloigne alors et « commence Ă  parler comme ça, comme “Oh, regardez la tranny lĂ -bas, regardez cette tranny” »[alpha 2] - [3] (en anglais, tranny est un terme pĂ©joratif vulgaire dĂ©signant les femmes transgenres). Dans une lettre de la prison du comtĂ© de Hennepin, McDonald affirme que Schmitz a dĂ©signĂ© tous les membres du groupe de McDonald du mot « nigger »[6].

McDonald tĂ©moignera qu’elle et ses amis tentent alors de s’éloigner[7], mais que Flaherty commence une bagarre[8] en Ă©crasant un verre d’alcool contre son visage, la coupant, une blessure qui demandera 11 points de suture[9]. Au tribunal, McDonald confirmera que Flaherty dit alors « je peux vous prendre vous toutes les salopes »[alpha 3] - [2] ; Selon Thoreson, Ă  ce stade c’est Flaherty qui a lancĂ© le premier coup de poing[3]. Selon le tĂ©moignage de McDonald, Schmitz dit Ă  un moment donnĂ© « regardez ce garçon habillĂ© comme une fille et qui rentre sa bite »[alpha 4] - [2]. David Crandell, le petit ami de Flaherty, sort ensuite du bar et trouve plusieurs membres du groupe de McDonald attaquant Flaherty, et essaye de les Ă©loigner d’elle.

Gary Gilbert, un agent de sĂ©curitĂ© Ă  la Schooner Tavern, se rappelera voir Schmitz Ă©loigner McDonald de Flaherty, et que Schmitz et McDonald se dĂ©placent alors dans la rue[3]. La dĂ©fense de McDonald qualifiera cette dĂ©cision comme une tentative de celle-ci « de quitter les lieux, de se mettre Ă  l’abri »[alpha 5], et mentionnera qu’elle est alors suivie par Schmitz[2]. Selon Gilbert, McDonald semble tenir une lame alors que Schmitz, les poings serrĂ©s, lui demande « tu vas me poignarder, salope ? »[alpha 6]. Schmitz se penche alors, pose sa main sur sa chemise, et dit « tu m’as poignardĂ© »[alpha 7], ce Ă  quoi McDonald rĂ©pond, selon un tĂ©moin, « oui je l’ai fait »[alpha 8] - [3] - [7]. Schmitz est poignardĂ© Ă  la poitrine avec une paire de ciseaux[7]. McDonald dĂ©clarera Ă  la police que Schmitz s’est jetĂ© contre elle, se heurtant aux ciseaux qu’elle tenait[6].

AprĂšs que les personnes prĂ©sentes voient Schmitz saigner, les combats cessent ; McDonald et Thomas courent vers le magasin Cub Foods pendant que certains de leurs amis montent Ă  bord d’un bus Metro Transit[3]. La blessure de Schmitz fait plus de 7,6 cm de profondeur et a transpercĂ© son cƓur dans le ventricule droit. Anthony Stoneburg, qui se trouvait dans le quartier pour rendre visite Ă  sa tante, tente de boucher la blessure, mais Schmitz meurt dans l’ambulance. Dans le parking de l’épicerie, McDonald voit la voiture de police la chercher et se signale aux policiers[3]. Elle est arrĂȘtĂ©e et avoue avoir poignardĂ©, mais Ă©crira plus tard dans sa lettre de la prison du comtĂ© de Hennepin que la confession Ă©tait « une grosse erreur [pour] tenter de couvrir un de mes amis qui l’avait fait. Je ne savais pas exactement qui, mais je savais que quelqu’un me dĂ©fendait »[alpha 9] - [6]. Larry Thomas et Zavawn Smith dĂ©clareront Ă©galement qu’un autre ami, qu’ils ont vu fuir la scĂšne Ă  l’époque, a reconnu avoir poignardĂ© Schmitz[10].

Avant le procĂšs

Dans les jours qui suivent les coups de couteau, le bureau du procureur du comtĂ© de Hennepin, Michael Freeman, examine les preuves, y compris les aveux enregistrĂ©s de McDonald, avant de l’accuser de deux chefs de meurtre au deuxiĂšme degrĂ©[3]. Le cas de McDonald est pris en charge par Hersch Izek, du Legal Rights Center, une organisation Ă  but non lucratif offrant de l’aide et une reprĂ©sentation en justice Ă  ses clients. Izek ne conteste pas que McDonald a poignardĂ© Schmitz au cƓur ou que la blessure est responsable de la mort de Schmitz ; il fait cependant valoir que McDonald a agi en Ă©tat de lĂ©gitime dĂ©fense et n’est pas responsable de la mort de Schmitz : « elle l’a poignardĂ©, mais ses actions Ă©taient raisonnables confrontĂ©es Ă  la possibilitĂ© raisonnable de lĂ©sions corporelles ou de mort pour elle-mĂȘme. C’est ce que les instructions du jury demandent dans ce genre de cas »[alpha 10] - [3]. Izek cite le fait que McDonald saignait abondamment de sa blessure au visage comme une raison pour qu’elle pense ĂȘtre alors en danger[3]. Le procureur, Michael Freeman, soutient qu’il n’y a aucune preuve que Schmitz reprĂ©sentait une menace pour la vie de McDonald et que McDonald n’avait pas exercĂ© son devoir de se mettre en retrait, affirmant que « les preuves ici ne reflĂštent pas la lĂ©gitime dĂ©fense. Elle s’est avancĂ©e pour projeter une arme sur une personne qui ne l’avait pas agressĂ©e. Cela, pour moi, ne correspond pas »[alpha 11] - [3]. Freeman dĂ©clare Ă©galement qu’« il n’y a aucune preuve Ă  [sa] connaissance que [Schmitz] avait une arme Ă  la main, ou qu’il avait fait quoi que ce soit Ă  McDonald autre que de faire partie de ce groupe, oĂč il y avait des cris de pratiquement tout le monde autour »[alpha 12] - [3]. Freeman dit Ă©galement que l’histoire de McDonald a changĂ© entre l’incident et son procĂšs : bien que la nuit du elle avoue avoir poignardĂ© Schmitz, elle affirme plus tard que quelqu’un d’autre l’a poignardĂ©[3].

La dĂ©fense a l’intention de prĂ©senter au jury des dĂ©tails sur Schmitz, notamment qu’il avait fait face Ă  plus de deux douzaines d’affaires pĂ©nales depuis l’ñge de 18 ans ; ses condamnations antĂ©rieures pour violences au cinquiĂšme degrĂ© et violences domestiques ; que la mĂ©thamphĂ©tamine et la benzoylecgonine (un mĂ©tabolite de la cocaĂŻne), qui, combinĂ©es, peuvent conduire Ă  des violences imprĂ©visibles et injustifiĂ©es, ont Ă©tĂ© trouvĂ©es dans son corps ; et qu’il avait un tatouage d’une croix gammĂ©e sur sa poitrine[3]. Le frĂšre de Schmitz dĂ©clare que celui-ci n’est pas un raciste, mais qu’il est devenu membre d’un groupe de suprĂ©macistes blancs quand il Ă©tait en prison quand il Ă©tait plus jeune. Freeman a rejetĂ© le tatouage comme non pertinent, affirmant que McDonald « ne pouvait pas le voir, ni personne d’autre. [
] Cela ajoute un peu de sensationnalisme Ă  l’affaire, Ă©videmment »[alpha 13] - [3].

Le premier jour des audiences prĂ©liminaires, l’accusation conteste l’admission du tatouage de Schmitz, arguant qu’il n’est pas pertinent et est injustement prĂ©judiciable[3]. Le juge Daniel Moreno statue que le tatouage de Schmitz et ses trois condamnations antĂ©rieures pour violences ne sont pas admissibles comme preuves de sa prĂ©tendue disposition violente ; que les partisans de McDonald ne pouvaient pas porter de tee-shirts Free CeCe (« LibĂ©rez CeCe ») devant le tribunal[8] ; et que l’expert en toxicologie de la dĂ©fense pourrait tĂ©moigner des effets de la mĂ©thamphĂ©tamine et de la benzoylecgonine en gĂ©nĂ©ral mais pas de leurs effets sur Schmitz la nuit en question. Moreno empĂȘche Ă©galement des experts de tĂ©moigner sur l’atmosphĂšre de transphobie et sur la façon dont cela aurait pu faire craindre McDonald pour sa vie[11]. Moreno autorise Ă©galement l’admission des dĂ©clarations antĂ©rieures de McDonald sur des blogs et Facebook, et une requĂȘte pour mettre en cause le tĂ©moignage de McDonald en raison de sa condamnation antĂ©rieure pour chĂšque sans provision[3].

Attention des médias et du public pendant les audiences

Le lendemain des coups de couteau, la famille de Schmitz est interrogĂ©e par la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision FOX 9 News. Le fils de Schmitz, Jeremy Williams, dĂ©clare que son pĂšre « avait l’habitude de faire tout son possible pour aider les gens [
]. Il Ă©tait, dans l’ensemble, un grand homme »[alpha 14] - [12]. Dans sa lettre de la prison du comtĂ© de Hennepin, McDonald Ă©crit que « rien de tout cela ne se produirait si la victime et son groupe n’étaient pas impolis et irrespectueux envers des gens qu’ils n’ont jamais connus »[alpha 15] - [6].

En , l’autrice Kate Bornstein parle de McDonald dans l’émission Melissa Harris-Perry, comparant la situation de McDonald avec celle de George Zimmerman aprĂšs le coup de feu contre Trayvon Martin en ce qui concerne les questions d’autodĂ©fense et la façon dont l’affaire est vue Ă  travers les mĂ©dias[4]. L’affaire attire Ă©galement l’attention nationale de militants LGBT, dont l’autrice Leslie Feinberg, qui Ă©crit que « le droit Ă  la lĂ©gitime dĂ©fense contre toutes les formes d’oppression — l’esprit de Stonewall — est au cƓur de la demande de libĂ©ration [de McDonald] »[alpha 16] - [5]. Cam Gordon, membre du conseil municipal de Minneapolis, annonce son soutien Ă  McDonald et qualifie l’incident « d’un autre exemple [de] femmes transgenres de couleur ciblĂ©es pour des violences liĂ©es Ă  la haine et aux prĂ©jugĂ©s »[alpha 17] - [3]. Susan Allen, membre de la Chambre des reprĂ©sentants du Minnesota, appelle Freeman Ă  considĂ©rer les « circonstances attĂ©nuantes » de l’affaire McDonald. En , un article de Marc Lamont Hill pour Ebony.com intitulĂ© « Pourquoi ne nous battons-nous pas pour CeCe McDonald? » a remportĂ© le prix GLAAD Media pour un « Article de journalisme numĂ©rique exceptionnel »[13]. McDonald reçoit Ă©galement le soutien de l’activiste et actrice transgenre Laverne Cox, qui joue dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Orange Is the New Black[14].

Un communiquĂ© de presse publiĂ© en par le comitĂ© de soutien de McDonald affirme que la procĂ©dure de dĂ©termination de la peine comprend des dĂ©clarations de dirigeants communautaires, de membres du clergĂ© et de membres de la famille McDonald[4]. Les partisans de McDonald organisent des soirĂ©es dansantes et des rassemblements Ă  l’extĂ©rieur de la prison du comtĂ© de Hennepin en son honneur[3]. Plus de 18 000 personnes signent une pĂ©tition Change.org demandant Ă  Freeman d’abandonner les charges contre McDonald[4].

En , un groupe se faisant appeler le Queer Attack Squadron (« escadron d’attaque queer ») revendique la responsabilitĂ© d’un jet de cocktail molotov non allumĂ© par la fenĂȘtre d’une banque Wells Fargo Ă  Portland, en Oregon, en signe de solidaritĂ© avec McDonald. Katie Burgess, directrice exĂ©cutive du Trans Youth Support Network, dĂ©clare que le groupe n’a aucun lien avec les partisans de McDonald Ă  Minneapolis[15] - [16]. Burgess affirme que le dĂ©veloppement du soutien Ă  McDonald et Ă  son argumentation de lĂ©gitime dĂ©fense sont dues Ă  la perception que McDonald est « jugĂ©e pour avoir survĂ©cu Ă  un crime de haine »[4].

NĂ©gociation de peine

Quelques jours avant le dĂ©but du procĂšs, Moreno propose une nĂ©gociation de peine en vertu de laquelle les accusations de meurtre au deuxiĂšme degrĂ© de McDonald seraient rĂ©duites Ă  un homicide involontaire coupable au deuxiĂšme degrĂ©, et pour laquelle elle ne devrait admettre que la nĂ©gligence criminelle plutĂŽt que le meurtre[3]. Le , la dĂ©fense et l’accusation conviennent d’une peine de 41 mois, la peine minimale pour homicide involontaire coupable au deuxiĂšme degrĂ©, Ă  titre de compromis. En acceptant la nĂ©gociation, McDonald doit renoncer Ă  son argument selon lequel elle a tuĂ© Schmitz en Ă©tat de lĂ©gitime dĂ©fense ou par accident, et doit renoncer Ă  un procĂšs avec jury[4]. McDonald dĂ©clare qu’elle a acceptĂ© l’accord pour ses proches : au lieu de risquer des dĂ©cennies en prison, l’accord devrait entraĂźner sa libĂ©ration en une fraction du temps. Le , Moreno condamne McDonald Ă  41 mois de prison[5]. Lors de son audience de dĂ©termination de la peine, McDonald dĂ©clare au tribunal : « je suis sĂ»r que pour la famille de Dean, il Ă©tait une personne aimante et bienveillante, mais ce n’est pas ce que j’ai vu cette nuit-lĂ . J’ai vu un fanatique raciste, transphobe et narcissique qui n’avait aucun respect pour mes amis et moi »[alpha 18] - [14]. McDonald voit sa peine rĂ©duite de 245 jours et doit payer 6 410 $ en dĂ©dommagement pour les frais funĂ©raires de Schmitz[17].

Emprisonnement

En attendant son procĂšs, McDonald est placĂ©e en garde Ă  vue et assignĂ©e Ă  rĂ©sidence. En , Michael Friedman du Legal Rights Centre dĂ©clare qu’il n’y avait « aucun moyen » que McDonald soit « envoyĂ© dans une prison pour femmes »[4]. Burgess dĂ©clare que « les gens ont tendance Ă  penser Ă  la façon dont CeCe s’identifie en tant que femme et disent qu’elle devrait pouvoir aller dans un Ă©tablissement pour femmes. [
] Mais il n’y a vraiment aucun historique de personnes transgenres placĂ©es en fonction de leur identitĂ© de genre. Ainsi, une fois CeCe placĂ©e dans un Ă©tablissement permanent, elle regardera autour d’elle et dĂ©cidera si elle s’y sent en sĂ©curitĂ©. Si ce n’est pas le cas, elle entamera une poursuite civile contre le ministĂšre des Services correctionnels pour ĂȘtre transfĂ©rĂ© dans un endroit plus sĂ»r. Cela peut ou pas ĂȘtre une prison pour femmes »[7]. AprĂšs sa condamnation, McDonald exprime sa rĂ©signation, dĂ©clarant qu’« [elle] a fait face Ă  des choses pires dans [sa] vie que la prison »[alpha 19] - [3].

À la suite de sa condamnation, une porte-parole du ministĂšre des Services correctionnels du Minnesota dĂ©clare que les responsables ont dĂ©cidĂ© de placer McDonald dans l’établissement correctionnel St. Cloud, un Ă©tablissement pour hommes adultes, bien que sa destination finale ne soit pas encore dĂ©terminĂ©e[18], et que l’État ferait sa propre dĂ©termination du genre de McDonald[19]. L’évaluation de l’État conclut que McDonald sera dĂ©tenue dans un Ă©tablissement pour hommes[20]. Pendant son emprisonnement, une pĂ©tition pousse le dĂ©partement des services correctionnels Ă  lui administrer le rĂ©gime d’hormones appropriĂ©. MalgrĂ© son transfert dans un deuxiĂšme Ă©tablissement, McDonald reste en quartiers avec des hommes tout au long de son emprisonnement[14].

ProcĂšs de Flaherty

Flaherty, l’ex-petite amie de Schmitz qui faisait partie des agresseurs verbaux de McDonald et de ses amis Ă  l’extĂ©rieur du bar, est accusĂ©e en mai 2012 d’agression au deuxiĂšme degrĂ© avec une arme mortelle et d’agression au troisiĂšme degrĂ© causant des lĂ©sions corporelles substantielles pour avoir attaquĂ© McDonald avec un verre d’« une boisson alcoolique », provoquant une entaille sanglante sur son visage nĂ©cessitant onze points de suture[9] - [21]. Son jugement est renvoyĂ© au bureau du procureur du comtĂ© de Washington afin d’éviter un conflit d'intĂ©rĂȘts[3]. En , Flaherty est condamnĂ©e Ă  six mois de prison et Ă  une probation aprĂšs avoir plaidĂ© coupable pour l’agression au troisiĂšme degrĂ©, et voit sa peine rĂ©duite de 135 jours de prison[22].

Sortie de prison

McDonald est libĂ©rĂ©e le aprĂšs avoir purgĂ© 19 mois, et reste sous la supervision du ministĂšre des Services correctionnels du Minnesota pendant sa peine de 41 mois[23]. Elle est saluĂ©e par plusieurs personnes, dont Laverne Cox[24]. Roxanne Anderson, directrice de programme du Trans Youth Support Network, dĂ©clare que « CeCe se porte bien. Elle a l’air bien et elle est de bonne humeur », et que McDonald n’est pas prĂȘte Ă  un commentaire publiquement[14]. Chase Strangio, avocat de l’Union amĂ©ricaine pour les libertĂ©s civiles, dĂ©clare que « c’est une journĂ©e pour cĂ©lĂ©brer, et honorer CeCe pour tout ce qu’elle a fait depuis le jour de son arrestation pour attirer l’attention sur la violence systĂ©mique des femmes de couleur, et en particulier celle Ă  laquelle les femmes de couleur LGBT font face tous les jours. DĂšs le dĂ©part, son message n’était pas de sensationnaliser l’histoire, mais d’attirer l’attention sur la question »[25].

McDonald donne sa premiĂšre interview tĂ©lĂ©visĂ©e six jours plus tard dans l’émission Melissa Harris-Perry sur MSNBC. McDonald parle de son incarcĂ©ration et de celle d’autres personnes transgenres incarcĂ©rĂ©es, en disant qu’elle « sentai[t] qu’ils voulaient qu[’elle se] dĂ©teste en tant que femme trans »[alpha 20], et ajoute que « les prisons ne sont sĂ»res pour personne, et c’est le problĂšme clĂ© ». Katie Burgess, Ă©galement interrogĂ©e, dĂ©clare que « la seule façon pour les personnes trans de se retrouver en sĂ©curitĂ© dans les prisons est de mettre fin Ă  l’incarcĂ©ration des personnes »[26].

AprĂšs l’incarcĂ©ration

CeCe McDonald avec l’activiste Joshua Allen lors de leur tournĂ©e Black Excellence.

En 2014, McDonald fait l’objet d’un portrait par le magazine amĂ©ricain Rolling Stone, et The Advocate l’inclue dans sa liste annuelle des « 40 de moins de 40 ans »[1] - [27]. En , elle reçoit le prix des droits civiques Bayard Rustin dĂ©cernĂ© par le Harvey Milk LGBT Democratic Club[28].

En 2016, McDonald et Joshua Allen, activiste de genre non-conforme et abolitionniste de prison, se lancent dans une tournée Black Excellence (« excellence noire »)[29] - [30].

FREE CeCe

FREE CeCe, un documentaire de Laverne Cox et Jac Gares sur McDonald, dĂ©bute sa production en [31]. Le film est racontĂ© Ă  travers une interview avec McDonald rĂ©alisĂ©e par Cox, et traite des Ă©vĂ©nements de 2011, de l’emprisonnement de McDonald et de la violence subie par les femmes transgenre de couleur[32]. FREE CeCe est le film d’ouverture du Festival du film transgenre de San Francisco en 2016, le premier et le plus ancien festival du film transgenre au monde[30]. Jac Gares, un cinĂ©aste de New York, rĂ©alise le film avec Cox comme producteur dĂ©lĂ©guĂ©. Gares avait auparavant produit la sĂ©rie LGBT In The Life sur la chaĂźne PBS et collectĂ© 300 000 $ pour financer FREE CeCe[30].

Notes et références

Notes

  1. « oh you faggots, you nigger lovers, and whoop-de-woo, you ain't nothing but a bunch of nigger babies ».
  2. « started talking this stuff, like, 'Oh, look at the tranny over there, look at that tranny. »[3]
  3. « I can take on all of you bitches »[2].
  4. « look at that boy dressed like a girl and tucking her dick in »[2].
  5. « 
 attempted to leave the scene, attempted to get out of harm's way ».
  6. « you gonna stab me, you bitch? ».
  7. « you stabbed me ».
  8. « Yes I did. »[3]
  9. « a big mistake [for] trying to cover up for one of my friends who actually did it. I didn't know exactly who, but I knew someone was defending me. »[6]
  10. « she stabbed him, but her actions were reasonable when confronted with the reasonable possibility of bodily harm or death to herself. That's what the jury instruction calls for in this kind of case. »[3]
  11. « the evidence here does not reflect self-defense. She stepped forward to thrust a weapon into a person that had not assaulted her. That, to me, just doesn't fit. »[3]
  12. « there is no evidence that I'm aware of that [Schmitz] had any weapon in his hand, or that he had done anything to McDonald, other than to be part of this group, where there were shouts from virtually everyone around. »[3]
  13. « couldn't see it, nor could anyone else 
 It adds a little bit of sensationalism to the case, obviously. »[3]
  14. « always used to go out of his way to help people. 
 He was, overall, a great person. »[12]
  15. « none of this mess wouldn't be happening if it weren't for the victim and his group being rude and disrespectful to people they never knew. »[6]
  16. « the right of self-defense against all forms of oppressions— the spirit of Stonewall —is at the heart of the demand to free [McDonald] »[5].
  17. « another example [of] transgender women of color being targeted for hate- and bias-related violence »[3].
  18. « I'm sure that to Dean's family, he was a loving, caring person, but that is not what I saw that night. I saw a racist, transphobic, narcissistic bigot who did not have any regard for my friends and I. »[14]
  19. « I've faced worse things in my life than prison. »[3]
  20. « I felt like they wanted me to hate myself as a trans woman ».

Références

  1. (en) Sabrina Rubin Erdely, « The Transgender Crucible », sur Rolling Stone (consulté le ).
  2. (en) Andy Birkey, « The trial of CeCe McDonald », sur The American Independent, (version du 9 juin 2012 sur Internet Archive).
  3. (en) Andy Mannix, « CeCe McDonald murder trial », sur City Pages, (version du 22 janvier 2014 sur Internet Archive).
  4. (en) Nicole Pasulka, « The Case of CeCe McDonald: Murder—or Self-Defense Against a Hate Crime? », sur Mother Jones, (consultĂ© le ).
  5. (en) Dan Avery, « Trans Woman "CeCe" McDonald Sentenced To 41 Months For Slaying Attacker », sur Queerty, (consulté le ).
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  7. (en) Matt Pearce, « Transgender woman sentenced to men's prison in Minnesota killing », sur Los Angeles Times, (consulté le ).
  8. (en) Dan Avery, « Trial Of CeCe McDonald, Trans Woman Accused Of Stabbing Death, Begins In MN », sur Queerty, (consulté le ).
  9. (en) Andy Mannix, « Molly Flaherty charged with smashing glass on CeCe McDonald's face », sur City Pages, (consulté le ).
  10. (en) Mike Mullen, « Transgender suspect Chrishaun McDonald didn't kill Dean Schmitz, witnesses claim », sur City Pages, (consulté le ).
  11. (en) « The CeCe McDonald story: was she fighting back or committing murder? », sur www.crimelibrary.com (version du 19 août 2014 sur Internet Archive).
  12. (en) « Man Faces Murder Charge in Minneapolis Bar Stabbing », KMSP Fox 9, (consulté le ).
  13. (en) Megan Townsend, « Laverne Cox, Dr. Kortney Ryan Ziegler present to Marc Lamont Hill, Ebony.com at #GLAADAwards », sur GLAAD, (consulté le ).
  14. (en) Russell Goldman, « Transgender Activist CeCe McDonald Released from Prison », ABC News, (consulté le ).
  15. (en) Jorge Rivas, « Wells Fargo Hit With Molotov Cocktail in 'Solidarity With CeCe' », sur ColorLines, (consulté le ).
  16. (en) Andy Mannix, « CeCe McDonald supporters throw Molotov cocktail at Portland Wells Fargo », sur City Pages, (version du 19 janvier 2013 sur Internet Archive).
  17. (en) Abby Simons et Paul Walsh, « Transgender defendant gets 3 years for killing bar patron », sur Star Tribune, .
  18. (en) Abby Simons et Paul Walsh, « McDonald imprisoned in male facility », sur Star Tribune, (consulté le ).
  19. (en) Jorge Rivas, « Black Transgender Woman CeCe McDonald to be Housed in Male Prison », sur ColorLines, (consulté le ).
  20. (en) Paul Walsh, « 'CeCe' McDonald freed after 19 months in prison for killing Mpls. bar patron », sur Star Tribune, (consulté le ).
  21. (en) Abby Simons, « Woman charged in attack on friend's killer during melee outside Mpls. bar », sur Star Tribune, (consulté le ).
  22. (en) Abby Simons, « Jail term for Minneapolis woman who ignited melee », sur Star Tribune, (consulté le ).
  23. (en) Tony Merevick, « After 19 Months In Men's Prison, CeCe McDonald Released », sur Buzzfeed, (consulté le ).
  24. Joseph Patrick McCormick, « TV star meets trans prisoner freed after jail for alleged self-defence in hate crime attack », sur Pink News, (consulté le ).
  25. (en) Steven Hsieh, « Trans Activist CeCe McDonald Was Released From Prison Today », The Nation,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
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