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Cancer du rectum

Le cancer du rectum, comme pour le cancer du cĂ´lon, se dĂ©veloppe Ă  partir de la muqueuse du gros intestin. Est considĂ©rĂ©e comme un cancer du rectum toute lĂ©sion situĂ©e Ă  moins de 15 cm de la marge anale ou au-dessous du corps de la 3e vertèbre sacrĂ©e. Les caractĂ©ristiques Ă©pidĂ©miologiques du cancer du rectum sont identiques Ă  celle du cancer du cĂ´lon. Les moyens de prĂ©vention sont donc les mĂŞmes. Les diffĂ©rences dans la stratĂ©gie thĂ©rapeutique et l'exploration proviennent exclusivement de la localisation anatomique.

Cancer du rectum
Description de cette image, également commentée ci-après
Représentation schématique du tube digestif humain (de l'estomac à l'anus).
Classification et ressources externes
CIM-10 C18-C20/C21
CIM-9 153.0-154.1
ICD-O M8140/3 (95 % des cas)
OMIM 114500
DiseasesDB 2975
MedlinePlus 000262
eMedicine med/413
med/1994 ped/3037

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale


Épidémiologie

Carte (OMS) de la prévalence déclarée des Cancers du rectum et du colon dans le monde

Les cancers coliques ont une frĂ©quence Ă©levĂ©e en France : chaque jour, 100 personnes apprennent qu'elles ont un cancer colorectal. Plus exactement, on dĂ©couvre 33 000 nouveaux cas par an, et 16 000 personnes en meurent (donnĂ©es Francim, 1995). Chez les non-fumeurs, ils sont la deuxième cause de mortalitĂ© par cancer. Les hommes sont un peu plus touchĂ©s que les femmes (taux d'incidence de 40 et 27 pour cent mille, respectivement, donnĂ©es CIRC 2002). En Afrique et en Asie, il y a beaucoup moins de cancers colorectaux qu'en Europe du Nord ou aux États-Unis (jusqu'Ă  20 fois moins). De plus, les Ă©migrants qui quittent un pays pauvre pour un pays oĂą le risque est important, voient leur taux de cancer colorectal augmenter dans les 10-20 ans qui suivent leur migration. Ces faits suggèrent que le mode de vie, alimentation et efforts physiques, joue un rĂ´le important sur le risque de cancer. Ceci conduit Ă  penser qu'une prĂ©vention efficace est possible.

Causes ou facteurs de risques

  • L'âge : rares avant cinquante ans, les cancers colorectaux sont assez frĂ©quents vers 65 ans
  • l'hĂ©rĂ©ditĂ© : le risque d'avoir un cancer colorectal est plus Ă©levĂ© si un proche a (eu) un cancer colorectal. Le risque est d'autant plus fort qu'il y a plus de gens atteints dans la famille, que ce(s) cas sont proche(s) (père, mère, frère, sĹ“ur), et que ce(s) cas sont jeunes. On a identifiĂ© des familles Ă  très haut risque, oĂą les gens ont une mutation spĂ©cifique qui les prĂ©dispose Ă  ce cancer. Ces familles ne reprĂ©sentent cependant que 5 % des cancers colorectaux :
    • Polypose recto-colique familiale (en anglais FAP) oĂą une multitude de polypes apparaissent chez TOUS les porteurs du gène Apc mutĂ©. Ă€ l'âge adulte, l'un de ces polypes dĂ©gĂ©nère forcĂ©ment en cancer, sauf si on enlève le colon par une opĂ©ration chirurgicale
    • Syndrome de Lynch, ou cancer hĂ©rĂ©ditaire du cĂ´lon sans polypose (en anglais HNPCC). Moins de polypes que dans la FAP, et risque moindre de cancer, mais surveillance nĂ©cessaire par colonoscopies rĂ©gulières.
  • les maladies inflammatoires chroniques du cĂ´lon, notamment la maladie de Crohn et la colite ulcĂ©reuse : après une vingtaine d'annĂ©es, le risque d'avoir un cancer est d'environ 1/3 si tout le cĂ´lon est atteint.

Diagnostic

Signes fonctionnels

Un cancer colorectal ne donne pas forcément des signes. C'est pourquoi, après cinquante ans, on recommande des tests de détection:

  • test du sang fĂ©cal occulte tous les 3-5 ans
Test Hemoccult
On étale soi-même un peu de matière fécale sur un « carton » spécial, deux jours de suite. Plié, ce carton est envoyé au laboratoire pour y détecter du sang même en très petite quantité. On peut donc détecter le saignement d'un polype intestinal (pas forcément cancéreux). Si ce test est positif, on le refait, puis on doit faire une coloscopie.

Le test Hemoccult est le 1er outil de diagnostic utilisé lors des campagnes de dépistage

Cependant, le test consistant à détecter du sang dans les selles, le patient doit s'abstenir de manger des viandes peu cuites, boudin noir et toute source extérieure de sang dans les trois jours qui précèdent le test.
  • coloscopie si un proche a (eu) ce cancer. Cependant, la tumeur peut saigner dans l'intestin ou le boucher en partie (obstruction). On peut alors dĂ©tecter :
  • du sang dans les selles (sang fĂ©cal, apparent ou occulte, en ce cas dĂ©tectable par un test)
  • une constipation continue d'apparition rĂ©cente. Parfois, une obstruction complète, ou une diarrhĂ©e persistante.

À l'extrême, une occlusion peut survenir, ou une perforation de la tumeur avec péritonite. La présence de signes digestifs apparus dans les mois précédant l'accident aigu, oriente vers l'origine néoplasique de la complication aiguë.

Les symptômes sont souvent moins spécifiques, par exemple :

  • une anĂ©mie qui entraĂ®ne une fatigue persistante et un teint de plus en plus pâle (dĂ» aux hĂ©morragies intestinales)
  • un amaigrissement inexpliquĂ©
  • tardivement, les mĂ©tastases hĂ©patiques peuvent donner un foie très gros Ă  la palpation
  • L'analyse spectromĂ©trique (spectroscopie) d'un Ă©chantillon de selles grâce Ă  un spectromètre Ă  rĂ©sonance magnĂ©tique. Cette technique (SRM) serait « capable dans 95 % des cas d'identifier Ă  la fois la prĂ©sence d'un cancer et de polypes prĂ©cancĂ©reux » selon l'Institut du Biodiagnostic de Winnipeg (Centre National de Recherches Canada). « Ce test est pour nous une mĂ©thode de dĂ©pistage. Seules les personnes dont les tests SRM seraient positifs devraient subir une coloscopie. Ce test prĂ©liminaire devrait ĂŞtre moins dĂ©sagrĂ©able pour le patient et moins coĂ»teux pour l'hĂ´pital. » Cette technique est en cours d'Ă©valuation chez l'homme.

Examen du cĂ´lon

Chez ceux qui ont un risque élevé d'avoir un cancer colorectal, en raison de leur âge, de leur famille, ou de maladie inflammatoire (voir Épidémiologie ci-dessus), on recommande un examen périodique du côlon. En effet, le cancer met des années à se développer. Si on le détecte assez tôt, on peut l'enlever à temps, ce qui annule presque complètement le risque. Voici ces examens :

  • Le toucher rectal : de son doigt gantĂ© mis dans l'anus, le mĂ©decin cherche de possibles anomalies rectales. Rapide et peu coĂ»teux, cet examen ne dĂ©tecte que des anomalies aux alentours du rectum.
  • Le test du sang fĂ©cal occulte (voir ci-dessus)
  • Colonoscopie : c'est l'examen de rĂ©fĂ©rence. Une sonde (long flexible enrobĂ© de plastique) est insĂ©rĂ©e par l'anus puis glissĂ©e peu Ă  peu dans l'intestin. Il permet d'observer la muqueuse et de faire des prĂ©lèvements ; si l'on constate un polype, celui-ci est enlevĂ© entièrement et sera analysĂ© au laboratoire par histologie, et son exĂ©rèse diminue beaucoup le risque de cancer. La sigmoĂŻdoscopie, un examen plus rapide et moins complet, utilise une courte sonde semi-rigide, qui permet l'exploration du rectum et du colon sigmoĂŻde.
Image endoscopique d'un cancer colorectal.
  • Radiographie après lavement au sulfate de baryum (en anglais, DCBE) : le baryum, très lourd, est opaque aux rayons X. Par contraste, on voit les contours du cĂ´lon, et on peut identifier les polypes sur les photos. Ce système, moins invasif que la colonoscopie, est aussi moins sensible. Il est très amĂ©liorĂ© par l'utilisation d'ordinateurs puissants, qui permettent une colonoscopie virtuelle oĂą l'ensemble du cĂ´lon s'affiche en 3D sur des Ă©crans de haute dĂ©finition, presque en temps rĂ©el. Cette technique n'est toujours pas aussi sensible que la colonoscopie (D.C. Rockey, Lancet, dĂ©cembre 2004) et ne permet pas d'enlever les polypes. Si un polype est dĂ©tectĂ©, on doit faire une colonoscopie pour l'enlever.
  • D'autres types d'examens ne sont pas prĂ©sentĂ©s ici, car ils sont peu utilisĂ©s, trop coĂ»teux, trop nouveaux, ou pas assez spĂ©cifiques ou sensibles (CAT, PET, CEA…). Voir WikipĂ©dia en anglais (en) colorectal cancer.

Examens complémentaires

Comme il vient d'être expliqué, quels que soient le symptôme ou l'examen ayant suggéré la présence d'un cancer colorectal, on doit le confirmer par une colonoscopie complète du gros intestin. Elle permet d'examiner complètement la muqueuse de l'anus jusqu'à la jonction iléo-colique, au niveau du cæcum et de l'appendice, et de faire des prélèvements.

Lors de la colonoscopie, le gastro-entérologue va faire des prélèvements (biopsie, polype) qui seront ensuite examinés au laboratoire d'histologie. Le tissu est inclus dans un bloc de paraffine pour en extraire des coupes fines de quelques micromètres. Après coloration, ces coupes sont examinées au microscope par un médecin spécialisé en anatomo-pathologie (ou histologie). Cet examen permet de classer le prélèvement suivant la forme de la tumeur et le type des cellules.

On trouve le plus souvent dans l'intestin des adénomes (= polypes adénomateux). Considéré comme bénin, le polype risque d'évoluer vers un cancer si on le laisse en place, s'il est gros (plus d'un centimètre de diamètre), et/ou s'il est villeux (=avec des villosités). Les petits polypes et les polypes tubulaires présentent moins de risques. On trouve aussi des polypes hyperplasiques, considérés comme pratiquement sans risque. Enfin on trouve dans les colons des adénocarcinomes, qui sont les véritables cancers, dont les cellules dysplasiques franchissent la lamina propria. Ce premier stade de l'invasion peut évoluer pour s'étendre à d'autres organes et conduire à l'apparition de métastases, hépatiques le plus souvent, qui provoquent la mort plus fréquemment que la tumeur initiale.

Classification du cancer du rectum

Les médecins ont mis en place des systèmes normalisés indiquant la gravité d'une tumeur. Après la classification de Duke (A, B, C et D), on est passé au système TNM (pour « Tumeur, Nœud lymphatique, Métastase ») et les groupes AJCC. Voir le détail de ces classifications sur Wikipédia en anglais colorectal cancer.

Classification TNM

La classification TNM, mise Ă  jour en 2002 TNM (UICC 2002)

  • Tumeur
    • Tis : Tumeur intra-Ă©pithĂ©liale (carcinome in situ) ou envahissant le chorion,
    • T1 : Tumeur envahissant la sous-muqueuse,
    • T2 : Tumeur envahissant la musculeuse,
    • T3 : Tumeur envahissant la graisse pĂ©ri-rectale,
    • T4 : Tumeur envahissant au moins un organe de voisinage,
    • Tx : la tumeur primitive ne peut ĂŞtre Ă©valuĂ©e.
  • Ganglions
    • N0 : pas de mĂ©tastase ganglionnaire,
    • Nx : ganglions non Ă©valuĂ©s,
    • N1 : 1 Ă  3 ganglions mĂ©tastatiques rĂ©gionaux,
    • N2 : 4 ganglions mĂ©tastatiques rĂ©gionaux ou plus.
  • MĂ©tastases
    • M0 : pas de mĂ©tastase,
    • M1 : mĂ©tastases Ă  distance (dont ganglions sus-claviculaires).

Stade pronostic

À partir de la classification TNM on définit quatre stades de gravité croissants :

  • Stade I = pT1-T2 N0 M0 : graisse pĂ©ri-rectale intacte sans mĂ©tastase ganglionnaire ;
  • Stade IIA = pT3 N+ MX : graisse pĂ©ri-rectale atteinte sans mĂ©tastase ganglionnaire ;
  • Stade IIB = pT4 N0 M0 : mĂ©so-rectum franchi et/ou envahissement d’organes voisins, sans mĂ©tastase ganglionnaire ;
  • Stade IIIA = pT1-T2, N1 M0 ;
  • Stade IIIB = pT3-T4, N1 M0 ;
  • Stade IIIC = tous T, N2 M0 ;
  • Stade IV = tous T, tous N, M1 : mĂ©tastases Ă  distance.

Chirurgie

La chirurgie joue un rôle primordial dans la prise en charge du cancer du rectum. Il est clairement démontré que la qualité du geste chirurgical dépend de l'expérience du chirurgien. Plus celui-ci opère de cancers du rectum, moins le risque de rechute est élevé.

La nature du geste chirurgical dépend de la taille de la tumeur de sa localisation et de l'état général du patient. La chirurgie du rectum peut être grevée d'une morbidité importante (fistules, occlusions, lâchage de sutures). De plus le risque de stomie définitive (anus artificiel) est important pour les tumeurs volumineuses ou situées près de la marge anale, le patient doit en être informé.

Pour les toutes petites tumeurs il est possible d'effectuer une résection tumorale par voie anale. Pour les tumeurs plus volumineuses, si la taille de la tumeur et sa localisation le permettent, le geste chirurgical effectué est une résection du rectum avec ablation du mésorectum. Le mésorectum est un tissu graisseux qui entoure le rectum, entouré par une aponévrose, le fascia recti. Il est très clairement prouvé que l'ablation complète du mésorectum, avec un fascia recti non rompu diminue le risque de rechute locale.

Lorsqu'il n'est pas possible de préserver le sphincter anal, le geste chirurgical comprend l'amputation abdomino-périnéale et la pose d'une stomie définitive.

Radiothérapie

La radiothérapie est recommandée en préopératoire chez tous les stades II et III car elle diminue le risque de récidive locorégionale

Immunothérapie

Une étude de phase 2, pour des cancers peu avancés a obtenu 100 % de succès (anticorps anti PD1) [1].

Soins de support


Stade métastatique

Le traitement du cancer du rectum métastatique est semblable à celui du cancer colique métastatique. La seule différence porte sur le traitement de la tumeur locale.

Du fait de sa localisation le cancer du rectum peut entraîner des complications sévères et très inconfortables. Si la tumeur primitive reste en place, elle peut envahir l'ensemble du bassin, entrainer une occlusion digestive, un envahissement de la vessie ou du vagin, avec comme conséquence des fistules recto-vaginales ou recto-vésicales très gênantes. Elle peut surtout entraîner des douleurs intenses liées à l'atteinte des réseaux nerveux (plexus sacré, racines nerveuses du bassin). Du fait de ces complications, il est souvent proposé lorsque la maladie métastatique peut être contrôlée pendant une durée suffisante, un traitement de la tumeur locale par chirurgie et/ou radiothérapie afin de réduire le risque d'évolution locale.

Notes et références

  1. « Cancer du rectum : une immunothérapie qui obtient 100 % de réussite », sur France Culture, (consulté le )

Liens externes


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