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Calamus rotang

Calamus rotang, le palmier à rotin ou le palmier liane (Khartasia[1]) est une espÚce de palmier grimpant de la famille des Arecaceae poussant en Inde du Sud et Sri Lanka. Sa tige, une fois dépouillée de ses gaines foliaires, donne une « canne » de rotin utilisée pour fabriquer des paniers, fauteuils et divers meubles.

Étymologie

Le nom de genre Calamus est empruntĂ© au latin calamus « roseau », lui-mĂȘme empruntĂ© au grec kalamos ÎșÎ±Î»Î±ÎŒÎżÏ‚, employĂ© par mĂ©tonymie pour de nombreux objets en roseau[2].

L’épithĂšte spĂ©cifique rotang est empruntĂ© au malais rotan, nom de l’espĂšce de palmier dont les tiges servaient Ă  fabriquer des cannes, des meubles.

En français aussi, le terme rotin est emprunté en 1688, par le néerlandais rottin, au malais rotan.

Nomenclature

Carl LinnĂ© a dĂ©crit et nommĂ© cette espĂšce Calamus rotang dans Species Plantarum 1 :325, en 1753[3]. À l’époque, c’était la seule espĂšce de Calamus. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, il y en avait environ 370[4] et mĂȘme beaucoup plus pour certain auteur, comme William Baker (2015) qui regroupe plusieurs genres avec les Calamus, pour en faire un genre monophylĂ©tique d’environ 520 espĂšces[5].

En 2002, dans l’ouvrage collectif sur les rotins (angl. Rattan), Sunderland et Dransfield indiquaient que la flore du rotin d’Afrique et d’une grande partie de l’Asie du Sud-Est et de la Malaisie restait mal connue. Ils demandaient un travail taxonomique pour que la dĂ©limitation des espĂšces soit clairement comprise et pour savoir quelles espĂšces ont une importance commerciale et comment elles peuvent ĂȘtre distinguĂ©es des autres espĂšces[4]. Les rotins sont des palmiers grimpants appartenant Ă  la famille des Arecaceae. Il existe environ 600 espĂšces diffĂ©rentes de rotin appartenant Ă  13 genres et celles-ci sont concentrĂ©es uniquement dans les tropiques de l'ancien monde. Le plus grand genre de rotin est Calamus, avec env. 370 espĂšces.

La dĂ©limitation de Calamus rotang est un exemple type de ces difficultĂ©s. Le site de POWO des Jardins de Kew, donne une distribution limitĂ©e de cette espĂšce Ă  l’Inde du Sud-Est et du Sud et au Sri Lanka. Elle fut introduite Ă  Trinidad-Tobago mais pas en Chine.

Par contre, la base Khartasia qui rĂ©unit des informations historiques et technologiques sur la fabrication de papier Ă  partir de fibres vĂ©gĂ©tales en Asie orientale indique que cette espĂšce a servi Ă  fabriquer du papier dans plusieurs rĂ©gions de Chine surtout dans le Sud-Est (Zhejiang, Jiangxi) pendant presque 1000 ans. Ces informations sont rassemblĂ©es par des universitaires de l’universitĂ© PanthĂ©on-Sorbonne, en collaboration avec des instituts partenaires de Chine, CorĂ©e et Japon[1]. Khartasia indique aussi que son aire de croissance est partout en Asie tropicale. En Chine, il pousse aux Sichuan, Zhejiang, Jiangxi. Cette information se trouve aussi exactement chez les chercheurs chinois, comme Tsien Tsuen-Hsuin, collaborateur de Joseph Needham[6]. Yi Xiaohui a proposĂ© une taxonomie intĂ©ressante des anciens papiers chinois basĂ©e sur les fibres vĂ©gĂ©tales, en utilisant la classification APG III[7]. Comme beaucoup d’auteurs chinois, il ne mĂ©lange pas les caractĂšres latins des noms botaniques avec les caractĂšres chinois et se contente de quelques noms vulgaires de famille (en chinois), prĂ©fĂ©rant s’appuyer sur les classifications traditionnelles ethnobotaniques basĂ©e sur quelques caractĂšres comme ma éș» regroupant les plantes Ă  fibres (chanvre, lin, ramie...de familles diffĂ©rentes) ou teng è—€ regroupant les lianes (glycine Wisteria, Pueraria, Tripterygium, Euonimus...de familles diffĂ©rentes). Mais il ne met aucun rotin (Calamus) dans ses classes de plantes avec lesquelles on peut faire du papier.

Le traitement de la flore chinoise par WikipĂ©dia s’appuie sur les espĂšces acceptĂ©es par Tropicos, The Plant List, Powo et Flora of China. Nous ne retiendrons pas les espĂšces papetiĂšres de Khartasia ou de Tsien Tsuen-Hsuin, prĂ©cĂ©demment citĂ©es mais nous chercherons parmi les Calamus de Flora of China[8] ceux qui poussent dans les provinces du Zhejiang et Jiangxi. Et sur les 28 espĂšces de Calamus donnĂ©es par Flora of China, seule Calamus thysanolepis rĂ©pond Ă  la contrainte de distribution au Zhejiang et Jiangxi.

Synonymes

Les synonymes botaniques, selon Tropicos sont[9]:

  • Calamus monoecus Roxb
  • Calamus roxburghii Griff
  • Calamus scipionum Lam.
  • Draco rotang Crantz
  • Palmijuncus monoecus (Roxb.) Kuntze
  • Rotang linnaei (L.) Baill
  • Rotanga calamus (L.) Crantz

Description

Calamus rotang est un palmier cespiteux (formant Ă  sa base une touffe compacte), ou grimpant avec des tiges d’environ 30 m de long[10]. Le stipe est une tige mince, constituĂ©e d'une section nue formĂ©e d’une succession de gaines foliaires de feuilles tombĂ©es (pour les spĂ©cimens ĂągĂ©s) et de feuilles vivantes Ă  l’extrĂ©mitĂ© de la tige. Les gaines foliaires font 8–16 mm de diamĂštre et les entre-nƓux sont de 40 cm (ou plus); les gaines sont armĂ©es d’épines jaunĂątres et possĂšdent un genou[n 1]. Cette tige est flexible et trĂšs longue[11] . Ce palmier pourrait dĂ©tenir le record de longueur du stipe, avec parfois nettement plus de 100 m de longueur.

La feuille possĂšde Ă  sa base une gaine foliaire verte (engainant la tige), sans poil, armĂ©e d’épines de 1,5 cm de long, de couleur verdĂątre Ă  noire, avec une base Ă©largie. Dans le prolongement, se trouvent un pĂ©tiole court ou absent et un limbe de composition pennĂ©e. Le rachis de 80 cm de long porte 30 Ă  40 folioles, linaires-lancĂ©olĂ©es de chaque cĂŽtĂ©, de 1,5 cm de large sur 10–15 cm de long[12], rĂ©guliĂšrement arrangĂ©es, celles de l’extrĂ©mitĂ© trĂšs petites ; la nervure mĂ©diane avec 2 crochets sur la face supĂ©rieure et uniformĂ©ment Ă©pineuse en dessous. Des flagelles[n 2] de 2,5 m sont prĂ©sents mais il n’y a pas de cirre[n 3] - [10].

L’inflorescence peut atteindre m de long. L’espĂšce est dioĂŻque. Les inflorescences mĂąles flagelliformes portent des rachis de second ordre scorpioĂŻdes de 12 Ă  35 cm de long, avec 5-12 fleurs mĂąles de chaque cĂŽtĂ©, la corolle de la fleur mĂąle est profondĂ©ment divisĂ©e en 3 segments. Les inflorescences femelles flagelliformes comportent des inflorescences partielles de 15-20 cm de long, avec 5-8 rachis de second ordre[12].

Le fruit est globulaire Ă  ellipsoĂŻde, de 1,5 cm de diamĂštre. Les Ă©cailles du fruit sont disposĂ©es en 21 sĂ©ries longitudinales. La graine est plate, fait mm de diamĂštre.

  • Jeune spĂ©cimen
    Jeune spécimen
  • Tige
    Tige
  • Feuilles (Kerala)
    Feuilles (Kerala)
  • Longues infrutescences
    Longues infrutescences
  • Infrutescence avec spathe
    Infrutescence avec spathe
  • Fruits
    Fruits
  • Fruit ouvert
    Fruit ouvert

Distribution et habitat

Le palmier Ă  rotin est originaire d’Inde du Sud (Andhra Pradesh, Kerala, Tamil Nadu, peut-ĂȘtre Nord de l’Orissa), et Sri Lanka.

Il est commun dans les forĂȘts d’eau douce cĂŽtiĂšres, il est frĂ©quent le long des cours d’eau Ă  faible altitude.

L’espĂšce a Ă©tĂ© introduite Ă  Trinidad-Tobago[12].

Utilisations

Cannes de rotin.

La tige du palmier Ă  rotin est Ă  la fois spongieuse Ă  l’intĂ©rieur et trĂšs dure Ă  l’extĂ©rieur, tout en restant flexible et Ă©lastique. Une fois dĂ©pouillĂ©e de ses gaines foliaires, elle est appelĂ©e « canne ». Ces cannes sont utilisĂ©es entiĂšres ou fendues en deux. EntiĂšres, elles sont utilisĂ©es pour fabriquer les armatures de meubles. Fendues, dĂ©cortiquĂ©es, ou Ă©vidĂ©es, elles servent pour faire des nattes et de la vannerie[13].

En Inde, la canne est utilisée pour fabriquer des paniers grossiers pour cueillir les feuilles de thé et pour transporter les matériaux de construction[12].

Les cannes fendues sont largement utilisées pour fabriquer des sacs, les « jhapi », une sorte de petit seau utilisé dans les villages pour mesurer le grain, et pour fabriquer des fonds de chaise.

Les jeunes feuilles sont également consommées comme légume par les populations tribales.

  • Meubles, paniers de rotin
    Meubles, paniers de rotin
  • Fauteuils
    Fauteuils
  • Fauteuil
    Fauteuil

Notes

  1. un genou est une zone enflée sur la gaine immédiatement sous le pétiole (pour les palmiers grimpants, les rotins)
  2. un flagelle est une tige souple, en forme de fouet, formĂ© par une inflorescence stĂ©rile, apparaissant Ă  l’aisselle de la feuille
  3. la cirrhe (ou cirre) est un prolongement en forme de flagelle, du rachis d’une feuille pennĂ©e de palmier

Références

  1. LAROQUE Claude, université Panthéon Sorbonne, « Calamus rotang L. », sur Khartasia (consulté le )
  2. (direction) Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française (tome I, II), Le Robert,
  3. Référence Biodiversity Heritage Library : 358344#page/337
  4. Terry C.H. Sunderland, John Dransfield, « Species Profiles Rattans », dans Collectif, FAO - Food and Agriculture Organization of the United Nations, Rattan : Current Research Issues and Prospects for Conservation and Sustainable Development, FAO, (lire en ligne)
  5. William J. Baker, « A revised delimitation of the rattan genus Calamus (Arecaceae) », Phytotaxa, vol. 197, no 2,‎ , p. 139-152
  6. Tsien Tsuen-Hsuin, « Raw materials for Old Papermaking in China », Journal of the American Oriental Society, vol. 93, no 4,‎ , p. 510-519 (lire en ligne)
  7. 易晓蟉 [Yi Xiaohui], « æˆ‘ć›œć€çșžćŠäŒ ç»Ÿæ‰‹ć·„çșžçș€ç»ŽćŽŸæ–™ćˆ†ç±»æ–čæł•ç ”ç©¶ [Fibrous Raw Material Taxonomies of Chinese Ancient Paper and Traditional Handmade Paper] », äž­ć›œé€ çșž [China pulp & Paper], vol. 34, no 10,‎ (DOI 10.11980/j.issn.0254-508X.2015.10.015)
  8. « Calamus », sur Flora of China (consulté le )
  9. (en) Référence Tropicos : Calamus rotang L. (+ liste sous-taxons)
  10. Andrew Henderson, Palms of Southern Asia, Princeton University Press, (lire en ligne)
  11. (en) Référence World Flora Online (WFO) : Calamus rotang L.
  12. (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Calamus rotang L.
  13. Terry C.H. Sunderland, John Dransfield, « Species Profiles Rattans », dans Collectif, FAO - Food and Agriculture Organization of the United Nations, Rattan : Current Research Issues and Prospects for Conservation and Sustainable Development, FAO, (lire en ligne)

Liens internes

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