Accueil🇫🇷Chercher

Calèna

Calèna est la façon de dire Noël en niçois. Cette fête fait l'objet d'un rituel particulier en Pays niçois.

Le rituel des fêtes de la Nativité a une symbolique double :

  • une, profondĂ©ment chrĂ©tienne : les treize desserts et les douze apĂ´tres plus le Christ, les trois nappes et la Sainte TrinitĂ©, les fruits secs dont la couleur rappelle celle de la bure des ordres mendiants, font un rappel des Ă©pisodes de la Bible ;
  • une autre, plus paĂŻenne : croyance en la rencontre avec les morts, avec la « part du pauvre Â», pauvre signifiant aussi « mort Â». Les miettes de pain et de gâteaux qu’on doit laisser toute la nuit sur la table pour nourrir les armeto, petites âmes des morts, croyances aux mauvais esprits dont on se protège en mettant une part de pain de cĂ´tĂ© et en relevant après le repas les quatre coins de la nappe pour qu’ils ne mettent pas en danger les petites âmes en escaladant la table. Par ailleurs, l’association des multiples fruits des treize desserts fĂŞte le solstice d’hiver, notamment ceux dont le sĂ©chage a bravĂ© la mort. On sait que la fĂŞte de NoĂ«l recouvre un ancien rite paĂŻen liĂ© au cycle solaire naturel : le passage de la vie Ă  la mort.

DĂ©roulement

Au soir du 24 dĂ©cembre, avant la messe de minuit, c’est lou gros soupĂ , le gros souper (repas maigre composĂ© de lĂ©gumes et de poissons). Avant de s’attabler, on procède Ă  quelques prĂ©paratifs. D’abord, on Ă©tale trois nappes (allusion Ă  la Sainte-TrinitĂ©) de taille dĂ©croissante : une pour le « gros souper Â», une pour le repas du jour de NoĂ«l, le lendemain midi — repas composĂ© de viandes —, et enfin la dernière pour le soir du 25 oĂą les restes trĂ´neront sur la table. Sur ces nappes, on dĂ©posera les blĂ©s ou les lentilles de la Sainte-Barbe, une branche de houx pour apporter le bonheur (mais surtout pas de gui), ainsi que trois bougies. Le pain, posĂ© Ă  l’endroit, sera coupĂ© en trois : la part du pauvre, la part des convives et la part fĂ©tiche qu’on conservera dans une armoire. Il ne faudra donc pas oublier de mettre un couvert de plus : le couvert du pauvre. Pauvre, en niçois, dĂ©signe celui qui est dĂ©cĂ©dĂ© (on se souvient de tous les dĂ©funts de la famille avec qui l’on avait fĂŞtĂ© NoĂ«l autrefois) mais ce peut ĂŞtre aussi un mendiant qui passe et demande l’aumĂ´ne (dans les villages c'est encore, de nos jours, un voisin qui vit seul). La part du pauvre est une survivance de la manne que les Romains offraient Ă  leurs ancĂŞtres.

Cette tradition est encore bien vivante dans de nombreuses familles. C’est, au dire de certain, le jour de l’année où l’on mange le plus. Le repas est caractérisé par une inversion des aliments et par une répartition différente des mets. La soupe de pain et les plats à base de céréales sont remplacés par une entrée et une abondance de poissons et de légumes. Ces céréales se retrouveront en fin de repas sous forme de desserts sucrés et abondants, accompagnés d’alcool. Cette abondance est symbole de plaisir et dépassement des contraintes quotidiennes : elle a un caractère festif. Après avoir dégusté les sept plats maigres de poissons et de légumes (en souvenir des sept douleurs de la Vierge), on pose sur la table les treize desserts que l’on mangera au retour de la messe de minuit.

Les treize desserts

Les treize desserts, symbole de JĂ©sus et de ses douze apĂ´tres, sont (avec des variantes selon les villages) :

Les desserts sont bien sûr arrosés avec du vin cuit, ou du muscat, dans lequel on trempera la fougassette, et avec les liqueurs faites à la maison comme l’eau-de-vie tirée du reste des vendanges (le marc).

Cérémonie du cacha fuèc

Au retour de la messe de minuit il y a la cĂ©rĂ©monie du cacha fuèc (c’est-Ă -dire « allumer le feu Â», terme Ă©galement synonyme de rĂ©veillon) qui rappelle la cĂ©lĂ©bration du solstice d’hiver symbolisant le retour de la lumière. Le soir du 24 dĂ©cembre, dans la cheminĂ©e, on a Ă©teint le feu ancien avant de partir Ă  la messe. Au retour, la personne la plus âgĂ©e donne au plus jeune enfant un tison — un brandon rĂ©cupĂ©rĂ© du feu de la Saint-Jean d'Ă©tĂ©, l'autre solstice[1] — pour rallumer un feu nouveau avec des bĂ»ches d’arbre fruitier, puis elle jette une poignĂ©e de sel sur une bĂ»che tout en disant : « DiĂ©u, fes-n’en la grĂ cia de veire l’an que ven, e se sian pas de mai, que noun siguen pas mens. Â» (Dieu, fais-nous la grâce de voir l’annĂ©e qui vient et, si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins.) Alors, le plus jeune de la famille envoie un verre de vin cuit sur les bĂ»ches.

C’est à ce moment que l’on mange les treize desserts.

Le lendemain 25 décembre à midi, on sert le repas gras avec la viande (boudin, volaille, ravioli) et de nouveau les treize desserts ; au repas du soir, on mange les restes, sur la troisième et dernière nappe.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Références

  1. « Calèna (Noël dans le Comté) | Racines du Pays Niçois », sur racinesdupaysnicois.eu (consulté le )
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.