France | Â Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande |
CĂ©sar Alexandre Debelle | Henry Paget |
450 Ă 800 hommes | ~ 400 Ă 500 hommes |
209 à 320 tués, blessés ou prisonniers | 25 tués ou blessés |
Guerre d'indépendance espagnole
Batailles
- Durango (10-1808)
- Balmaseda (11-1808)
- Burgos (11-1808)
- Roses (11-1808)
- Espinosa (11-1808)
- Tudela (11-1808)
- Bubierca (11-1808)Â (es)
- Somosierra (11-1808)
- Cardedeu (12-1808)
- Saragosse (12-1808)
- SahagĂşn (12-1808)
- Benavente (12-1808)
- Molins de Rei (12-1808)
- Mansilla (12-1808)
- CastellĂł d'EmpĂşries (01-1809)
- Cacabelos (01-1809)
- Lugo (01-1809)
- Zamora (01-1809)
- Astorga (01-1809)
- La Corogne (01-1809)
- GĂ©rone (05-1809)
Le combat de Sahagún se déroula le 21 décembre 1808 dans le cadre de la guerre d'indépendance espagnole. Au cours de cet affrontement, le 15e hussards britannique mit en déroute deux régiments de cavalerie français, faisant de nombreux prisonniers au prix de très peu de pertes. L'une des unités françaises, très éprouvée, fut dissoute et ne fut pas reformée par la suite. Cet engagement marqua l'ultime étape de l'avancée des troupes britanniques en territoire espagnol, peu avant que l'arrivée de Napoléon ne les contraignent à une retraite désastreuse en direction des côtes et à leur évacuation par bateaux.
Sommaire
Contexte
En 1808, une armée britannique commandée par le général John Moore s'avança dans le nord-ouest de l'Espagne afin de soutenir les Espagnols dans leur lutte contre les occupants français. Cependant, soucieux de rétablir les intérêts français dans la péninsule, Napoléon entra en Espagne à la tête d'une puissante armée et s'empara de Madrid le 4 décembre, rendant la position britannique intenable. Moore, qui avait son quartier-général à Mayorga, savait qu'il devait impérativement regagner la côte pour sauver son armée. Toutefois, ayant appris que les troupes du maréchal Soult s'étaient établies à proximité de la rivière Carrión, le général britannique décida d'attaquer cette force française isolée avant d'entamer sa retraite. Dans cet objectif, la cavalerie du général Henry Paget fut envoyée en avant à la rencontre de Soult, suivie de près par l'infanterie du corps expéditionnaire[1].
Forces en présence
La cavalerie française engagée lors de ce combat appartenait à la brigade du général César Alexandre Debelle. Celui-ci était arrivé en Espagne un mois plus tôt et commandait la cavalerie attachée au corps du maréchal Soult. Il avait sous ses ordres le 8e régiment de dragons, fort de trois escadrons dirigés par le colonel Girardin d'Ermenonville, et le régiment auxiliaire de chasseurs à cheval commandé par le colonel Tascher de la Pagerie, un cousin de l'impératrice Joséphine[2]. La présence de cet officier sur le champ de bataille est toutefois discutée[3]. Fletcher donne un effectif total d'environ 450 hommes et mentionne le 1er régiment provisoire de chasseurs à cheval[4], mais Burnham affirme qu'il s'agit d'une erreur, ce régiment ayant été capturé à l'issue de la bataille de Bailén[5]. Toujours selon Burnham, les effectifs de la brigade Debelle à la mi-décembre 1808 étaient de 402 hommes pour le 8e dragons et de 252 hommes pour les chasseurs à cheval auxiliaires, pour un total de 654 cavaliers[6]. Digby Smith parle quant à lui d'approximativement 800 hommes[7].
De son côté, Paget disposait des 10e et 15e régiments de hussards britanniques, comptant environ 500 cavaliers chacun, ainsi que de treize hussards du 7e régiment formant probablement son escorte personnelle et d'une batterie de six canons de la Royal Horse Artillery. Cependant, le 10e hussards ne joua pratiquement aucun rôle durant le combat[4]. Smith évoque le chiffre de 400 cavaliers mais ne prend pas en compte le 10e hussards[7].
DĂ©roulement du combat
Par une nuit glaciale, Paget ordonna au 10e hussards de traverser le village de Sahagún, où une force de cavalerie française avait été repérée, pendant que lui-même avec le 15e hussards devait contourner la ville afin de prendre ses adversaires au piège. Malheureusement pour Paget, le général John Slade tarda à se mettre en mouvement avec le 10e hussards et la cavalerie française, s'étant rendu compte de la proximité des Britanniques, se retira rapidement vers l'est sans être accrochée[8]. Au lever du jour, les unités françaises, voyant le 15e hussards britannique arriver par le sud, se déployèrent sur deux lignes avec au premier rang les chasseurs à cheval auxiliaires, suivis du 8e dragons. De façon très inhabituelle, la cavalerie française reçut la charge des hussards britanniques en position stationnaire en essayant de l'arrêter par un feu de carabine[3].
Malgré un sol neigeux et couvert de glace, le 15e hussards chargea sur environ 400 m au cri de « Emsdorf et la victoire ! » La température était si basse que beaucoup de hussards avaient décidé de revêtir leur pelisse plutôt que de la laisser suspendue aux épaules, et certains portaient même un manteau complet. Des témoins oculaires racontèrent que l'engourdissement des mains empêchait les cavaliers de tenir correctement leur sabre et les rênes de leur monture. Le choc entre les hussards et les chasseurs fut terrible ; un officier britannique relata : « hommes et chevaux furent renversés et un hurlement de terreur, entrecoupé de jurons, de gémissements et de supplications, put se lire sur tous les visages »[3]. La charge impétueuse des hussards britanniques brisa les rangs des chasseurs, puis ceux des dragons qui s'avançaient en soutien. La cavalerie française fut disloquée et prit la fuite vers l'est, poursuivie par les Britanniques[9].
Un grand nombre de cavaliers français (surtout d'origine allemande pour les chasseurs) furent faits prisonniers, alors que le 15e hussards n'essuya que des pertes minimes : 2 tués et 23 blessés. Deux majors de cavalerie français furent capturés et le régiment auxiliaire de chasseurs, dont une grande partie de l'effectif était tombé aux mains des cavaliers de Paget, cessa d'exister en tant qu'unité opérationnelle. Les pertes françaises se montèrent au total à 20 tués, 19 blessés et 170 prisonniers selon Fletcher[10]. Smith estime les pertes britanniques à 4 tués et 21 blessés et celles des Français à 20 morts ou blessés ainsi qu'environ 300 prisonniers[7]. Une troisième source fait état de 120 tués et 167 prisonniers du côté français. Les bagages et les papiers de la brigade Debelle furent également perdus[11]. Le 10e hussards arriva à temps pour se joindre à la poursuite, mais ses camarades du 15e le prirent pour de la cavalerie française et interrompirent la poursuite pour se regrouper, ce qui mit fin à l'action[12].
Conséquences
Le général Moore se rendit compte entre-temps que les forces françaises étaient beaucoup plus proches que prévu et l'offensive envisagée contre Soult fut abandonnée. Le combat de Sahagún marqua la dernière avancée des troupes britanniques en territoire espagnol, avant que ces dernières n'entament une longue et périlleuse retraite en direction du port de La Corogne, sur la côte galicienne[13]. La présence de l'armée britannique, comme le souhaitait Moore, attira néanmoins l'attention de Napoléon et ce faisant permis aux débris épars des forces espagnoles, accablées par de nombreuses défaites successives, de se regrouper et de se réorganiser en vue de la poursuite de la guerre[7].
La charge du 15e hussards et la victoire qui en résulta rendit la cavalerie française peu encline à combattre la cavalerie britannique pour le reste de la campagne de la Corogne[3]. Le régiment auxiliaire de chasseurs à cheval perdit tellement d'hommes qu'il fut dissous par la suite. Au cours de cette campagne, les hussards britanniques remportèrent une autre victoire sur leurs homologues français lors du combat de Benavente, le 29 décembre 1808, où ils mirent en déroute les célèbres chasseurs à cheval de la Garde impériale, l'élite de la cavalerie légère française, et capturèrent leur commandant, le général Lefebvre-Desnouettes[14].
Le 15e hussards se vit décerner la distinction « Sahagun » comme distinction régimentaire, distinction qui est encore célébrée aujourd'hui par les dragons légers.
Notes et références
- Hibbert 1961, p. 57 à 60.
- Burnham 2011, p. 133 ; 250 et 251.
- Hibbert 1961, p. 62.
- Fletcher 2008, p. 106.
- Burnham 2011, p. 331.
- Burnham 2011, p. 19.
- Smith 1998, p. 273.
- Fletcher 2008, p. 106 à 108.
- Fletcher 2008, p. 109.
- Fletcher 2008, p. 110.
- Burnham 2011, p. 134.
- (en) Gareth Glover (dir.), From Corunna to Waterloo : The Letters and Journals of Two Napoleonic Hussars, 1801–1816, Londres, Pen & Sword Publishing, , p. 80 .
- Hibbert 1961, p. 64 et 65.
- Fletcher 2008, p. 111 et 112.
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Bibliographie
 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Robert Burnham (préf. Howie Muir), Charging against Wellington : The French Cavalry in the Peninsular War, 1807-1814, Barnsley, Frontline/Pen and Sword Books, , 240 p. (ISBN 978-1-84832-591-3) .
- (en) Ian Fletcher, Galloping at Everything : The British Cavalry in the Peninsular War and at Waterloo 1808-15, A Reappraisal, Spellmount, , 320 p. (ISBN 978-1-86227-419-8) .
- (en) Christopher Hibbert, Corunna, Batsford, .
- (en) Digby Smith, The Napoleonic Wars Data Book, Londres, Greenhill, , 582Â p. (ISBNÂ 1-85367-276-9) .