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Bataille de Plouharnel

La bataille de Plouharnel se déroula pendant la Chouannerie, lors de l'expédition de Quiberon. Le , l'armée des émigrés enfermée dans la presqu'île de Quiberon lance une offensive sur les lignes républicaines à Sainte-Barbe au sud-ouest de Plouharnel, tandis qu'une troupe de Chouans tente un débarquement à Carnac avec l'aide de la flotte britannique. Mais les royalistes assiégés ignorent que la colonne des Chouans de Tinténiac a été détournée et qu'elle ne peut prendre les Républicains à revers comme le plan le prévoyait. Aussi l'offensive est un échec complet, les émigrés buttent sur les redoutes républicaines garnies de plusieurs batteries d'artillerie et les Royalistes sont refoulés.

Bataille de Plouharnel
Description de cette image, également commentée ci-après
Un épisode de l'affaire de Quiberon, peinture de Paul-Émile Boutigny.
Informations générales
Date
Lieu Ouest de Plouharnel et sud de Carnac
Issue Victoire républicaine
Commandants
• Louis Lemoine
• Jean Humbert
• Jean Valletaux
• Pierre-Paul Botta
• Charles Vernot-Dejeu †
• Joseph de Puisaye
• Louis Charles d'Hervilly †
• Charles de Sombreuil
• Jacques Le Prestre de Vauban
• John Borlase Warren
Forces en présence
18 000 hommes
4 batteries d'artillerie
(~ 24-48 canons)
5 500 hommes
8 canons
Pertes
23 morts
71 blessés
300 Ă  400 morts
~ 1 000 blessĂ©s
5 canons perdus

Chouannerie

Batailles

CoordonnĂ©es 47° 36′ 28″ nord, 3° 08′ 08″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille de Plouharnel
GĂ©olocalisation sur la carte : Bretagne
(Voir situation sur carte : Bretagne)
Bataille de Plouharnel
GĂ©olocalisation sur la carte : Morbihan
(Voir situation sur carte : Morbihan)
Bataille de Plouharnel
GĂ©olocalisation sur la carte : arrondissement de Lorient
(Voir situation sur carte : arrondissement de Lorient)
Bataille de Plouharnel

Prélude

Les troupes royalistes, vaincues à la bataille de Carnac se retrouvent enfermés dans la presqu'île de Quiberon.

Le 9 juillet, l'Ă©tat-major royaliste se rĂ©unit en conseil. Cadoudal propose un plan pour tenter de briser les lignes rĂ©publicaines, le but Ă©tant de profiter de leur domination sur la mer grâce Ă  la marine britannique pour dĂ©barquer des troupes au-delĂ  des lignes rĂ©publicaines afin de pouvoir les attaquer de dos. Ce plan soutenu par TintĂ©niac, Bois-Berthelot et Vauban est approuvĂ© par le conseil. Le 10 juillet, deux colonnes chouannes, l'une de 2 000 hommes commandĂ©e par Lantivy et Jean Jan, l'autre de 3 500 hommes, commandĂ©e par TintĂ©niac et Cadoudal, renforcĂ©s de la deuxième compagnie du Loyal-Émigrant, s'embarquent Ă  Port-Haliguen sur les navires britanniques et sont dĂ©barquĂ©s, la première Ă  l'ouest au Pouldu en Clohars-CarnoĂ«t, la seconde Ă  l'est Ă  Sarzeau. Les Chouans, vĂŞtus d'uniformes britanniques, ont pour mission de lever un maximum de troupes et de prendre les lignes rĂ©publicaines Ă  revers pour le 16 juillet afin de lancer une attaque combinĂ©e avec l'armĂ©e des Ă©migrĂ©s[1].

Le 15 juillet, une nouvelle flotte de navires de transports britanniques commandée par Francis Rawdon-Hastings, lord Moira fait son apparition dans la baie de Quiberon, elle transporte la deuxième division émigrée sous les ordres du marquis Charles Eugène Gabriel de Virot de Sombreuil ainsi que la réponse du gouvernement britannique à la lettre de Puisaye envoyée le 27 juin. Cette lettre, écrite par William Windham, met fin à la discorde entre d'Hervilly et Puisaye en confirmant ce dernier comme chef de l'expédition. Afin de clarifier la situation, le gouvernement fait savoir qu'il promeut Puisaye au grade de Lieutenant-général au sein de l'armée britannique[2].

Sombreuil demande Ă  Puisaye de diffĂ©rer l'attaque d'une journĂ©e afin d'avoir le temps de dĂ©barquer et d'armer ses hommes pour qu'ils puissent eux aussi prendre part au combat. Mais Puisaye doit refuser afin de pouvoir agir de concert avec TintĂ©niac. Dans la nuit du 15 au 16 juillet, Vauban s'embarque avec Ă  Port-Orange 1 500[3] Ă  2 000[4] Chouans, 200 soldats anglais[4] et deux canons[4] sur les navires de Warren, il est dĂ©barquĂ© Ă  Carnac, aux dunes de Beaumer avec ses troupes afin de tenter une diversion[3]. Un code a Ă©tĂ© convenu avec Puisaye, lorsque Vauban aura engagĂ© le combat, il devra envoyer une première fusĂ©e, et s'il devait ĂŞtre repoussĂ©, il devrait en envoyer une deuxième.

La bataille

Le 16 juillet, à trois heures trente du matin, le combat s'engage à Carnac et Vauban fait tirer sa première fusée.

Au fort Penthièvre, Puisaye, croyant entendre une clameur dans le camp rĂ©publicain, croit Ă  une attaque de TintĂ©niac et ordonne une offensive gĂ©nĂ©rale. 2 600 Ă©migrĂ©s[3] et 1 400[3] Ă  1 600 Chouans menĂ©s par le gĂ©nĂ©ral d'Hervilly se mettent en mouvement. Le rĂ©giment du Dresnay et 600 Chouans commandĂ©s par le duc de LĂ©vis occupent le flanc droit[4], le rĂ©giment d'Hector est placĂ© au centre-droit, la première compagnie du Loyal-Émigrant au centre, oĂą elle forme l'avant-garde, le Royal Artillerie derrière elle avec 6[4] Ă  8[3] pièces d'artillerie, Le RĂ©giment d'Hervilly occupe le centre-gauche. Sur le flanc gauche, 1 000 insurgĂ©s commandĂ©s par le chevalier de Saint-Pierre et 400 Chouans de la division d'Auray commandĂ©s par le colonel Glain[4]. Face Ă  cette armĂ©e se trouvent 18 000 soldats rĂ©publicains commandĂ©s par le gĂ©nĂ©ral Louis Lemoine qui remplace Lazare Hoche parti pour Lorient ce jour-lĂ  afin de contrer les Chouans de l'ArmĂ©e rouge.

Mais l'affaire commence mal pour les Royalistes, Vauban est repoussé et doit réembarquer, il lance sa deuxième fusée, mais Puisaye ne l'aperçoit pas.

Au nord de la presqu'île, les émigrés arrivent au contact avec l'avant-garde républicaine commandée par Jean Humbert, celui-ci à la vue de l'offensive se replie rapidement sur ses lignes après un court combat[4]. Les Royalistes le poursuivent en bon ordre et s'approche des lignes républicaines. Les Républicains laissent les Royalistes s'approcher puis ouvrent le feu avec toute leur artillerie, soit quatre batteries de 12 et de 8[4]. Les troupes au centre, surprises par une telle puissance de feu, sont clouées sur place. Sur le flanc gauche, les Chouans, plus lestes et plus légèrement équipés que les régiments émigrés, passent alors à la charge, baïonnette au canon. Ils parviennent atteindre les retranchements et engagent le combat au corps à corps. Sur le flanc droit, le régiment d'Hector et les Chouans du duc de Lévis chargent à deux reprises les redoutes mais ils sont finalement repoussés[3].

Au centre, les émigrés, un temps immobilisés, se réorganisent et sous l'impulsion de d'Hervilly tentent de passer à l'assaut. Disciplinés, les émigrés progressent en bon ordre malgré le feu de la mitraille lorsque d'Hervilly s'effondre, frappé par un biscaïen[3]. Désorganisés par la perte de leur général, les émigrés finissent par prendre la fuite, certains en traversant la Baie de Plouharnel au gué de Saint-Guénel, la marée étant basse, d'autres par la chaussée du moulin du Bégo[5]. ; la cavalerie républicaine commandée par l'adjudant-général Vernot-Dejeu, soutenu par des troupes d'infanterie, sort alors de ses retranchements et se lance à leur poursuite. Plusieurs blessés sont achevés par des fantassins[4].

Les Royalistes se réfugient dans le fort Penthièvre, poursuivis de près par les Républicains. Une partie des Chouans de Jacques Le Prestre de Vauban, revenus de Carnac et 300 soldats anglais interviennent alors pour protéger la retraite[4] tandis que les canonniers du fort Penthièvre et cinq chaloupes canonnières[4] britanniques ouvrent le feu sur les Républicains. Ces derniers, face à cette puissance de feu importante, se replient rapidement[4].

Les pertes

Selon Hoche, 300 Royalistes ont Ă©tĂ© tuĂ©s lors de la bataille[3] - [4]. L'Ă©migrĂ© La Roche-Barnaud, du rĂ©giment PĂ©rigord qui n'a pas pris part au combat, va jusqu'Ă  parler de 1 500 royalistes tuĂ©s[4]. Des 125 hommes de la première compagnie du Loyal-Emigrant, seuls 45 ont survĂ©cu, 53 des 80 officiers du rĂ©giment d'Hector ont Ă©tĂ© tuĂ©s ou blessĂ©s, de mĂŞme que 26 des officiers du rĂ©giment de Dresnay. Le gĂ©nĂ©ral d'Hervilly devait mourir de ses blessures Ă  Londres, le 14 novembre. Les pertes rĂ©publicaines sont de 23 morts et 71 blessĂ©s dont Vernot-Dejeu[3]. Les Chouans dĂ©barquĂ©s pour prendre les RĂ©publicains Ă  revers, trompĂ©s par l'Agence royaliste de Paris, n'avaient pas paru.

Notes et références

  1. Jean-François Chiappe, Georges Cadoudal, ou la liberté, p. 139-140.
  2. Jean Sibenhaler, p. 73.
  3. François Cadic, Histoire populaire de la chouannerie, t. II, p. 16-17.
  4. Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, p. 1208-1210.
  5. Théodore Chasle de La Touche, « Relation du désastre de Quiberon, en 1795, et réfutation des souvenirs historiques de M. Rouget de l'Isle sur ce désastre », sur Gallica, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) François Cadic (prĂ©f. Roger Dupuy), Histoire populaire de la chouannerie, t. I, Rennes, Ă©ditions Terre de Brume, coll. « Les Ĺ“uvres de François Cadic », , 601 p. (ISBN 978-2-84362-206-9 et 978-2-868-47907-5), p. 16-17.
  • Emile Gabory et Xavier Du Boisrouvray (Ă©dition), Les Guerres de VendĂ©e, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1476 p. (ISBN 978-2-221-11309-7), p. 1208-1210.
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