Bataille de Myriokephalon
La bataille de Myriokephalon (ou Myriocephalum) est une bataille entre l'empire byzantin et les Turcs seldjoukides en Phrygie le .
Date | |
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Lieu | Phrygie |
Issue | Victoire des Turcs |
Empire byzantin Royaume de Hongrie[1] | Sultanat de Rum |
Manuel Ier Comnène | Kılıç Arslan II |
environ 25 000 hommes | inconnues |
inconnues | inconnues |
Guerres byzantino-seldjoukides
Batailles
Coordonnées | 37° 54′ 38″ nord, 31° 56′ 48″ est |
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Contexte historique
Manuel Ier Comnène avait été en paix avec Kılıç Arslan II, le sultan seldjoukide de Rum pendant les années 1170. C'était une paix fragile, les Turcs voulant en effet pousser plus avant dans l'ouest tandis que les Byzantins voulaient reconquérir les territoires d'Asie mineure perdus après la bataille de Manzikert 105 ans auparavant. Manuel rétablit le contrôle byzantin sur la Cilicie et imposa sa suzeraineté sur la Principauté croisée d'Antioche, aidé en cela par la mort de l'émir d'Alep Nur ad-Din en 1174 ; son successeur, Saladin, dirigea ses efforts contre l'Égypte, laissant ainsi les Seldjoukides sans allié puissant à leurs côtés. En 1175, la paix fut rompue quand Kılıç refusa de remettre le territoire conquis sur leur ennemi commun, les Danichmendides.
Les troupes impériales en marche
Manuel rassembla une armée qui était supposée s'étaler sur 17 km à cause de sa taille[2] et marcha vers les frontières contre les Turcs. Arslan tenta de négocier mais Manuel était convaincu de sa supériorité et rejeta une paix renouvelée. Il envoya une partie de son armée sous le commandement d'Andronic Vatatzès vers Amasya tandis que le plus gros de ses forces marchait contre la capitale des Seldjoukides, Icônion. Les deux routes cheminaient à travers des régions très boisées où les Turcs pouvaient facilement se cacher et tendre des embuscades ; l'armée qui se déplaçait ainsi vers Amasya fut détruite dans une de ces embuscades et des émissaires turcs ramenèrent la tête d'Andronic à Manuel.
Les Turcs détruisirent les cultures et empoisonnèrent aussi les réserves d'eau pour rendre l'avance de Manuel plus difficile. Arslan harcela l'armée byzantine dans l'intention de la forcer à aller dans la vallée du Méandre et en particulier vers une passe montagneuse proche de la forteresse de Myriokephalon ("millions de têtes" en grec). Là, Manuel décida d'attaquer, malgré le risque d'autres embuscades et malgré le fait qu'il aurait pu tenter de faire sortir les Turcs hors de leurs positions et les combattre près de la plaine de Philomelion.
La bataille
À ce moment, Manuel avait environ 25 000 hommes, le double selon d'autres sources[1] (la Hongrie ayant envoyé à son secours ses vassaux valaques orthodoxes, armée dirigée par le voïvode de Transylvanie Leustach Rátót(Leustachius Voyvoda). On y trouvait aussi un contingent de la principauté croisée d'Antioche. Les troupes avaient été divisées pour former une avant-garde d'infanterie, de cavalerie et d'archers ; l'aile droite était menée par Baudoin d'Antioche[3], l'aile gauche par le Byzantin Jean Cantacuzène ; l'arrière-garde était commandée par Manuel lui-même. Arslan, son adversaire, pourrait avoir eu le même nombre d'hommes, mais le nombre exact est inconnu. L'avant-garde byzantine fut la première à se heurter aux troupes d'Arslan et réussit à traverser la passe sans trop de pertes, les Turcs n'ayant apparemment pas fini de prendre leurs positions. Au moment où l'avant-garde atteignit la sortie de la passe, l'arrière-garde était sur le point d'y entrer, ce qui permit aux Turcs de piéger presque toute la colonne. Les Turcs attaquèrent l'aile droite en premier, infligeant de lourdes pertes et tuant Baudoin.
Ne pouvant se résoudre à laisser massacrer ses forces, Manuel rassembla ses troupes et retourna dans la passe pour y affronter les Seldjoukides. Ce faisant, il permit à l'arrière-garde de passer avec moins de pertes que l'aile droite et l'aile gauche. À la nuit tombée, Manuel fortifia sa position et la maintint contre les attaques des archers turcs.
Résultats
Les deux côtés souffrirent de lourdes pertes, mais la destruction de l'équipement de siège de l'armée byzantine prive les Byzantins, des moyens nécessaires à l'attaque d'Iconium, capitale de Kılıç Arslan II. Cependant, le sultan seldjoukide Kılıç Arslan II était enclin à signer rapidement la paix. Manuel et son armée furent donc autorisés à quitter la région à condition de démanteler leurs forts et à retirer la frontière sur une ligne allant de Dorylée à Siblia. Mais Manuel n'avait pas confiance en ces offres, car le sultan avait déjà transgressé les termes du précédent traité, signé après une victoire byzantine en 1162.
Manuel lui-même compara sa défaite à la défaite byzantine de Manzikert, et, comme Manzikert, elle devint un désastre légendaire ; mais en réalité, elle ne causa pas la ruine de l'armée byzantine qui combattit en Asie mineure l'année suivante. L'armée byzantine, rapidement remise de cet échec, repart en campagne en 1177, reconquérant la plupart des territoires perdus. Manuel continua de rencontrer les Seldjoukides lors d'affrontements mineurs avec un certain succès jusqu'à sa mort en 1180. Cependant, ces derniers s'avancèrent graduellement en territoire byzantin, grignotant le territoire chrétien et modifiant les rapports de forces locaux entre les deux puissances.
Myriokephalon eut davantage d'impact psychologique que militaire, en prouvant une fois de plus que l'Empire ne pouvait plus chasser les Turcs d'Anatolie, malgré les reconquêtes partielles qui avaient eu lieu durant les 100 précédentes années. Les ambitions italiennes et égyptiennes de Manuel constituent le principal obstacle à une politique active et de longue haleine en Anatolie partiellement conquise par les Turcs. Cela a donné au sultan un certain nombre d'années pour éliminer ses rivaux et construire une force capable de tenir tête aux armées byzantines. De plus, Manuel commit de sérieuses erreurs tactiques, telles que ne pas faire reconnaître la route avant de s'y engager et de ne pas écouter ses officiers expérimentés. Ces erreurs le menèrent droit vers une embuscade.
Après la mort de Manuel, l'Empire s'enfonça dans l'anarchie et ne fut plus jamais en position de monter une grande offensive vers l'est. Ainsi, la défaite à Myriokephalon marqua la fin des tentatives byzantines pour récupérer le plateau anatolien, dès lors définitivement perdu pour l'Empire. Les populations chrétiennes s'en rendirent compte et se laissèrent progressivement convertir à l'islam, pour ne plus payer de Djizîa (impôt sur les non-musulmans). Ainsi, au fil des siècles, les Turcs acquirent en Anatolie centrale un poids démographique supérieur à celui des Roumis (fidèles du Patriarche de Constantinople).
Voir aussi
Notes et références
- László Markó: Great Honours of the Hungarian State, Magyar Könyvklub Publisher, Budapest 2000. (ISBN 963 547 085 1)
- Manuel en fait état dans une lettre envoyée au roi Henri II d'Angleterre
- Baudoin d’Antioche est le deuxième fils de Raymond de Poitiers et de Constance d'Antioche
- John Haldon, The Byzantine Wars.
- Warren Treadgold, A History of the Byzantine State and Society