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Bai-brun

Noir pangaré - Noir et feu

Bai-brun

Robe du cheval

Description de cette image, également commentée ci-après
Sans Pareil, Hanovrien bai-brun, monté ici en dressage
GĂ©notype
Notation Hypothétique : E_ At At/At (homozygote) ou At/a (hétérozygote)
Robe de base Bai-brun
Phénotype
Corps Majoritairement noir ; brun-roux sur le museau, autour des yeux, à l'intérieur des membres et sur les flancs
Crins Noirs
Fréquence
Porteur(s) Tous types de chevaux

Le bai-brun (en France et de façon erronée : noir pangaré ) est une couleur de robe du cheval, caractérisée par un pelage en grande partie noir, notamment la crinière, la queue et les jambes. La principale différence visible entre robe noire et bai-brun est la présence de zones rousses ou fauves autour des naseaux, des flancs, des grassets, des coudes, du ventre, des ars, et à l’intérieur des cuisses. Robe de base, le bai-brun peut s'accompagner de marques blanches, et être modifié par l'action de différents gènes comme le Rouan, le Dun ou le Crème.

Bien qu'elle soit identifiĂ©e phĂ©notypiquement, cette robe n'est pas toujours reconnue sĂ©parĂ©ment dans la pratique. Elle possède un nom spĂ©cifique en français, en anglais et en allemand, mais Ă©leveurs, propriĂ©taires et associations Ă©questres la confondent souvent avec le bai foncĂ© et le noir. C'est notamment le cas en Espagne, au Portugal, et pour un grand nombre d'associations de races de chevaux. L'identification visuelle peut se rĂ©vĂ©ler dĂ©licate, en raison de confusions avec le bai fumĂ© et la robe noire « dĂ©colorĂ©e Â» au soleil.

Le statut du bai-brun fait l'objet de recherches scientifiques depuis la fin du XXe siècle. Le Dr Dan Phillip Sponenberg avait supposĂ© que cette robe ait pour origine l'action du pangarĂ© sur une base noire, d'oĂą le nom de « noir pangarĂ© Â», adoptĂ© officiellement en France en 1999. Le sĂ©quençage des gènes de ces chevaux n'a jamais permis d'y dĂ©tecter un gĂ©notype noir rĂ©cessif. Stefan Rieder montre en 2001 une robe Ă©pistatique avec le noir, le bai et l'alezan, dĂ©pendant de la protĂ©ine MC1R. Il postule qu'elle soit synthĂ©tisĂ©e grâce Ă  l'un des trois allèles d'Extension (« E »), encore non dĂ©tectĂ©, qu'il nomme At, en interaction avec la protĂ©ine ASIP du gène Agouti. La rĂ©partition du noir sur cette robe serait dĂ©terminĂ©e par cet allèle At, dont la localisation prĂ©cise reste Ă  dĂ©terminer.

Terminologie

Un cheval bai-brun en Allemagne, oĂą cette robe est reconnue individuellement sous le nom de Schwarzbraun.
Commentaire de Virginie NĂ©poux sur la terminologie

« Il est plus légitime d’appeler notre « noir pangaré » bai-brun que « pangaré », puisque le gène « pangaré » n'intervient pas du tout[1] ».

Le nom « bai-brun Â» est employĂ© au moins depuis le XVIIIe siècle :

« Le bai-brun est précisément un poil noir, mal teint ; le cheval a des marques rouges au nez, aux flancs et au bas des fesses, et l'on dit alors, marqué de feu »

— Philippe-Étienne Lafosse, Guide du maréchal[2]

« On signale ordinairement bai brun un cheval dont le poil est noir, pour peu qu'il présente ces marques d'un rouge pâle ou vif. »

— Félix Lecoq, Traité de l'extérieur du cheval et des principaux animaux domestiques[3]

Traditionnellement, en français, les parties brunes-rousses de cette robe peuvent être nommées des « marques à feu »[4].

Le terme « noir pangarĂ© Â» est officialisĂ© par les Haras nationaux français dans la nouvelle nomenclature des robes Ă©quines, parue en 1999[5], pour ces chevaux qui, auparavant, Ă©taient nommĂ©s « bai-brun Â» ou « bai-brun foncĂ© Â», et inclus dans la famille de robes du bai. Cette nomenclature française pose problème, car ces chevaux ne sont gĂ©nĂ©tiquement pas noirs, ni porteurs de pangarĂ©, ce qui peut induire en erreur. De plus, l'ancien nom de cette robe, employĂ© avant 1999 (bai-brun ou bai-brun foncĂ©), reste d'usage dans toute la francophonie[6]. AmĂ©lie Tsaag Valren et Virginie NĂ©poux (docteur en biologie), qui ont soulevĂ© le problème, ont donc proposĂ©, dans un article de la revue Cheval Savoir puis dans leur ouvrage, une nouvelle terminologie sous le nom de Noir et feu, ou le retour Ă  l'ancienne dĂ©nomination de bai-brun, pour dĂ©signer cette robe[4] - [7].

La dĂ©signation de cette robe en anglais est seal brown (littĂ©ralement : « brun phoque »)[8]. Les personnes qui ne sont pas spĂ©cialistes des chevaux peuvent employer des termes comme « brun Â» ou « marron Â» (brown, en anglais), en particulier pour dĂ©signer les diffĂ©rentes variantes de la robe baie, dont le bai-brun[9]. Dans certaines langues, cette robe est nommĂ©e « noir et feu Â» (un terme employĂ© pour les chiens du type rottweiler)[10]. En espagnol et en portugais, les chevaux noir et bai-brun sont confondus sous le mĂŞme nom, respectivement Prieto et Preto. L'allemand diffĂ©rencie bien cette robe du bai et du noir, sous le nom de Schwarzbraun (« noir-brun »)[6]. En Argentine, elle est nommĂ©e zaino fuego pangarĂ©[11].

Identification

La présence des décolorations typiques de la robe et l'absence de riches zones fauves dans le pelage indiquent que ce cheval est peut-être un bai-brun clair.

La distinction entre bai-brun, noir et bai foncĂ© Ă©tant rĂ©cente, les opinions divergent pour dĂ©signer une robe bai-brun. Dans son ouvrage de rĂ©fĂ©rence Equine Color Genetics (ouvrage amĂ©ricain de 2003, jamais traduit en langue française), le Dr Dan Phillip Sponenberg Ă©crit qu'« en gĂ©nĂ©ral, toutes les robes sombres portant des zones noires plus claires qu'un noir vĂ©ritable, mais plus foncĂ©es que le bai, sont nommĂ©es brown » (« In general, all dark colors with black points that are lighter than black but darker than bay are called brown »[9]). Dans ce mĂŞme ouvrage, il classe les chevaux ayant des crins et des membres noirs ainsi qu'un pelage dans toute nuance de « marron Â», comme Ă©tant des bais (bay), et les robes aux crins et aux extrĂ©mitĂ©s des membres noirs auxquels s'ajoute une teinte noire Ă  l'extrĂ©mitĂ© du pelage, comme des « brown Â»[12] : As a general rule, better accuracy is achieved by distinguishing brown from bay by the presence of sooty countershading.. Cette dĂ©finition, bien que prĂ©cise, n'est pas exacte Ă  la lumière de dĂ©couvertes plus rĂ©centes.

Le véritable bai-brun est décrit comme un cheval noir ou quasiment noir, avec des zones de couleur rousse ou brun-fauve localisées dans des régions du corps spécifiques : autour des naseaux et des yeux, à l'intérieur des oreilles, sur la partie inférieure des flancs, sur les grassets, les coudes, le ventre, les ars et l’intérieur des cuisses[13] - [10] - [14] - [15] - [16]. Comme toutes les autres robes, le bai-brun se décline dans différents tons. La version la plus foncée est presque entièrement noire, à l'exception de quelques zones fauves. Les plus clairs sont fréquemment confondus avec des bais. Une chose est sûre : la crinière, la queue et les membres sont toujours noirs[17].

Le cheval de gauche est un bai-brun, celui de droite un noir dont les crins sont décolorés.

Une façon de différencier un cheval noir décoloré sous l'action du soleil, d'un cheval bai-brun, est de regarder le contour de ses yeux : chez le cheval noir, il est parfaitement noir. À l'inverse, les chevaux bai-brun ont le contour d'œil marron. Un test génétique avait été développé, mais en raison de ses résultats trop aléatoires, a depuis été retiré du marché[18] - [19].

Reconnaissance officielle

Cette jument pleine est un excellent exemple de bai-brun.

Tous les registres d'Ă©levages et stud-books ne reconnaissent pas le bai-brun comme une robe sĂ©parĂ©e. En France, cette robe a toujours Ă©tĂ© nommĂ©e d'une façon spĂ©cifique : « bai-brun » jusqu'en 1999, « noir pangarĂ© » depuis[16], l'obligation d'identification des chevaux obligeant tous les Ă©leveurs et propriĂ©taires français Ă  employer cette nomenclature officielle. Aux États-Unis, cette robe est nommĂ©e seal brown par les spĂ©cialistes de la gĂ©nĂ©tique, mais pas toujours reconnue des Ă©leveurs et propriĂ©taires. L’American Quarter Horse Association[20] et l’American Paint Horse Association[21] classent ces animaux comme Ă©tant des « browns Â» (bruns). L’association internationale du cheval arabe classe tous les chevaux non noirs avec quelques teintes proches du bai dans la famille de ces derniers[22]. D'autres registres, en particulier The Jockey Club, qui enregistre les Pur-sang, et l’Appaloosa Horse Club, emploient les termes « dark bay or brown » (bai foncĂ© ou brun), afin de lever l'ambiguĂŻtĂ© de terminologie et d'identification[14]. En Allemagne, les chevaux schwarzbraun (noir-brun) sont reconnus sĂ©parĂ©ment[23].

Marques blanches

Cheval bai-brun avec une liste en-tĂŞte.

Un cheval bai-brun peut présenter des marques blanches sur la tête (étoile en tête, liste...) ou au bas des membres (balzane)[24]. Ils présentent alors des zones dépigmentées (à la peau rose), et sous leurs balzanes, des pieds à la corne claire ou striée. Si les marques blanches atteignent le niveau des yeux, un œil ou deux yeux bleus sont possibles[25].

Confusions

Certaines robes peuvent ĂŞtre confondues avec le bai-brun, en particulier l'alezan brĂ»lĂ©, le bai foncĂ©, certaines manifestations du gène Dun et du gène Silver, les chevaux noirs dĂ©colorĂ©s au soleil, et le bai fumĂ©. L'alezan brĂ»lĂ© est caractĂ©risĂ© par une couleur « marron Â» très foncĂ©e sur tout le corps, mais ses crins et le bas de ses membres ne sont pas noirs. Le bai-brun ne doit pas non plus ĂŞtre confondu avec le « chocolat », terme utilisĂ© par certains registres de races pour se rĂ©fĂ©rer Ă  un cheval dont la robe est indĂ©terminĂ©e entre bai foncĂ©, noir et alezan brĂ»lĂ©, sans les caractĂ©ristiques supplĂ©mentaires du bai-brun[26]. Le Brown dun, rĂ©sultat du gène de dilution dit Dun sur une robe de base bai-brun, prĂ©sente des marques primitives incluant au moins une raie de mulet. Ces marques sont noires. La couleur de la robe du cheval est entre le gris souris classique, et le jaune-sable de l'Isabelle[27].

Robes pouvant ĂŞtre confondues avec le bai-brun
  • Ce cheval est très proche d'un bai-brun, mais la teinte « marron foncĂ© » de ses crins et du bas de ses jambes rĂ©vèlent un alezan brĂ»lĂ©.
    Ce cheval est très proche d'un bai-brun, mais la teinte « marron foncé » de ses crins et du bas de ses jambes révèlent un alezan brûlé.
  • Un cheval noir porteur du gène Silver, qui se distingue du bai-brun par la couleur claire de ses crins.
    Un cheval noir porteur du gène Silver, qui se distingue du bai-brun par la couleur claire de ses crins.
  • Un bai foncĂ©, qui ne prĂ©sente pas les points de couleur plus clairs du bai-brun.
    Un bai foncé, qui ne présente pas les points de couleur plus clairs du bai-brun.

Noir « dĂ©colorĂ© Â»

Ce cheval noir paraît brun à la suite de l'action du soleil et des intempéries.

La plupart des chevaux noirs qui vivent toute l'année en plein air se « décolorent » sous l'action du soleil et des intempéries, phénomène bien connu des éleveurs et propriétaires de chevaux[6]. Leur robe perd son aspect velouté pour adopter des reflets marron ou roux persistants, surtout au niveau des crins. En anglais, ils sont nommés raven black (« noir corbeau ») par opposition au jet black (« noir de jais »), et en Autriche, sommer rappe (noir d'été). Cette particularité tend à provoquer des confusions entre la robe noire, le bai-brun, le bai foncé et l'alezan brûlé[28] - [29] - [28]. La décoloration n'affecte toutefois que la surface des crins et du pelage : une tonte ou un examen minutieux révèlent facilement la nature de ces chevaux. Comme les chevaux noirs, ceux bai-brun peuvent être affectés par ces décolorations du pelage, qui les feraient passer pour des bais foncés[6].

Bai sooty

Cheval estonien bai « sooty Â».

Le bai foncé porteur de fumé est très difficile à distinguer visuellement du bai-brun. Le fumé a pour particularité de rendre noire l'extrémité des poils. Le moyen le plus sûr de le vérifier est d'observer les zones du pelage où le poil est court, après une tonte sur la tête, par exemple : elle sera en théorie plus claire que chez le bai-brun, la robe se révèlera plus proche du bai. Le fumé sur une base baie donne une robe qui est généralement classée visuellement dans la même catégorie que le bai-brun[30].

Génétique

Cette robe n'a fait l'objet que de peu d'Ă©crits dans la littĂ©rature scientifique[31]. L'apparence du cheval - peau, yeux et couleur du pelage et des crins - est dĂ©terminĂ©e par des pigments nommĂ©s mĂ©lanines. Deux types de mĂ©lanines sont sĂ©crĂ©tĂ©s par les mammifères : l'eumĂ©lanine, qui est visuellement dans les tons noirs Ă  bruns, et la phĂ©omĂ©lanine, dans les tons rouges Ă  jaunes. Des cellules spĂ©cialisĂ©es dans la peau et les yeux, nommĂ©es mĂ©lanocytes ou cellules pigmentaires, produisent des mĂ©lanines et les dĂ©posent dans la peau et les cheveux, en utilisant des rĂ©actions chimiques complexes. Les instructions relatives Ă  ces rĂ©actions chimiques sont gĂ©nĂ©tiquement codĂ©es dans l'ADN, et sont donc hĂ©ritĂ©es[32]. Le bai-brun est une couleur de robe dite « de base Â» chez le cheval, tout comme l'alezan, le bai et le noir[33].

Gènes en présence

Dessin de la répartition des décolorations brun-roux sur la robe nbai-brun.

Une protĂ©ine joue un rĂ´le important dans la production d’eumĂ©lanine, Melanocortin 1 receptor (MC1R). Le gène qui code une protĂ©ine MC1R fonctionnelle occupe le locus (ou position chromosomique) « Extension Â», symbolisĂ© par la lettre capitale E. L'allèle dominant d'Extension (« E ») donne au cheval un pelage et des crins complètement noirs. La mutation A, ou un changement dans le gène MC1R Ă©quin, aboutissent Ă  une protĂ©ine MC1R non fonctionnelle qui a Ă©tĂ© identifiĂ©e en 1996[34]. Cette forme du gène est symbolisĂ©e par la lettre minuscule e, parfois par Ee ; c'est un allèle rĂ©cessif. Étant donnĂ© que chaque cheval possède deux copies du gène MC1R, une de chaque parent, les chevaux avec une simple copie de l'allèle « e Â» peuvent encore produire de l'eumĂ©lanine dans les crins par complĂ©mentation de la copie fonctionnelle. Toutefois, si un cheval est homozygote pour « e », c'est-Ă -dire qu'il a deux copies de l'allèle non fonctionnel, il est totalement incapable de produire du pigment noir dans les crins. Ces chevaux sont des alezans, ou du moins, ne sont ni noirs, ni bais, ni bai-bruns[35] - [36].

Winning Ticket, jument Pur-sang bai-brun.

La reconnaissance gĂ©nĂ©tique du bai-brun dĂ©pend surtout du gène Agouti (ASIP)[Note 1]. Il dĂ©termine la rĂ©partition des parties noires et « marron » du pelage et compte les allèles bay (« A Â»), black (« a Â»), ainsi que l'hypothĂ©tique black to tan (« At Â»)[19], qui est le moins documentĂ©. Comme un cheval dispose de deux copies du gène agouti, il existe six possibilitĂ©s d'assortiments d'allèles (ou gĂ©notypes) pour le gène Agouti, rĂ©sultant en quatre types de robes au niveau phĂ©notypique[17] :

  • « A+ Â» (pour un gĂ©notype A/A) Forte restriction des zones noires du pelage, robe dite « sauvage » ;
  • « A Â» (pour les gĂ©notypes A/a et A/At), restreint la pigmentation noire Ă  certaines parties du corps du cheval, les crins et le bas des membres, alors que le reste de la robe est de couleur rousse Ă  marron foncĂ© : c'est la robe baie[37] ;
  • « At Â» (pour les gĂ©notypes At/At et At/a) faible restriction des zones noires, responsable de la robe bai-brun[38] ;
  • « a Â» (pour le gĂ©notype a/a) aucune restriction des zones noires. Lorsque l'allèle dominant du gène Agouti (A) est absent (homozygote rĂ©cessif « a/a », allèle dit black), le cheval est complètement noir[9] - [39].

Un test génétique a été développé pour l'allèle At[40] - [31], mais il s'est révélé par la suite non fonctionnel. Pour être bai-brun, un cheval doit posséder au moins une copie fonctionnelle du gène MC1R (E/E ou E/Ee) et l'un des génotypes suivants dans le locus d'Agouti : At/At ou At/a.

MĂ©canisme

Jeune pouliche Akhal-Teke, dont le bout de nez décoloré trahit la présence d'une robe bai-brun.

Le gène Extension code la protéine MC1R, récepteur transmembranaire de la mélanocortine impliqué dans la synthèse de l'eumélanine. Une simple copie d'un allèle « normal » (E) suffit donc à permettre la synthèse de l'eumélanine et à colorer les poils de noir. Le gène agouti intervient en amont, et produit la protéine ASIP, qui est un antagoniste de MC1R. Une simple copie de l'allèle « normal » (A) suffit donc à bloquer la synthèse d'eumélanine[41], quels que soient les allèles d'Extension en présence, c'est un cas d'épistasie. Les découvertes les plus récentes lient toutes les robes bai-brun au gène Agouti, en épistasie avec le gène Extension. La répartition du noir et du brun-roux sur la robe bai-brun dépend de l'allèle At[1]. Cet allèle est vraisemblablement dominé par celui de la robe baie[17], mais le bai-brun est dominant sur le noir[1].

Fixation

La fixation de cette robe parmi une population de chevaux est en théorie possible, à condition de n'avoir que des homozygotes E/E At/At. S'il n'existe pas de race chevaline ne portant que la robe bai-brun, en revanche, il ne naît pas de bai-brun parmi les chevaux ayant fixé la robe noire, tels que les Frisons et les Mérens, puisque le bai-brun est dominant sur le noir. Bai et bai-brun peuvent coexister parmi les ressources génétiques de certaines races sans qu'il ne naisse d'individus noirs, comme chez le Castillonnais[30].

Gènes modificateurs agissant sur la robe bai-brun

La robe bai-brun étant une couleur de base, plusieurs gènes sont susceptibles d'en modifier l'apparence. D'autres peuvent être présents bien que leur action soit invisible ou peu visible ; c'est le cas du « fumé », dont l'action ajoute une couleur noire à l'extrémité du pelage[29].

  • La robe nommĂ©e en anglais Brown Buckskin est issue de la dilution par un unique allèle du gène Crème, les zones noires du pelage ne sont pas affectĂ©es ou faiblement, tandis que les zones brun-roux prennent une teinte plus dorĂ©e. Les yeux peuvent Ă©galement devenir plus clairs. Ces chevaux sont très difficiles Ă  distinguer visuellement de ceux vĂ©ritablement bai-bruns[42].
  • La robe Sable champagne rĂ©sulte de l'effet de dilution du gène Champagne. Comme toujours sous l'action de ce gène, le cheval a les yeux noisette et la peau tachetĂ©e. La robe est d'un gris diluĂ© tirant sur le brun violacĂ©, entre les tons chauds du champagne ambre basĂ© sur la dilution du bai, et les tons violacĂ©s du champagne classique issu de la dilution de la robe noire[43].
  • Brown dun est le rĂ©sultat de la dilution de la robe par le gène Dun. Comme pour toutes les robes Dun, ces chevaux portent des marques primitives, dont au moins une raie de mulet. Ces marques primitives sont noires, et la couleur de la robe se situe entre le gris ardoise (de la robe souris classique) et le bai dun[27].

Les chevaux bai-bruns peuvent présenter de larges zones de poils blancs sous l'action du gène Rouan, des formes de pie ou du complexe léopard, comme beaucoup d'autres chevaux.

Robes Ă  poils blancs ayant une base bai-brun

Différence génétique entre bai foncé et bai-brun

Les riches tons brun-roux, l'apparence pommelée due au fumé, et l'extension relativement restreinte des zones noires du pelage, identifient ce bai foncé.

Les chevaux bais ont toujours la crinière, la queue et le bas des jambes noirs avec un mélange de poils brun-roux pour leur pelage corporel. Ils sont forcément porteurs de l'un des génotypes suivants du locus Agouti : A/A, A/At, ou A/a. Les chevaux bai-brun, qui ont principalement une robe noire, ont des poils brun-roux autour de leur museau, des yeux et des flancs, ils portent l'un des deux génotypes suivants sur le locus Agouti : At/At ou At/a. Les deux couleurs de robe présentent un large éventail de nuances possibles en raison d'une grande variété de facteurs, y compris le blanchiment ou la décoloration des crins noirs, la nutrition et la présence d'un noircissement des poils à leur extrémité[44].

Les chevaux présentant des zones noires non uniformes sur le pelage sont généralement fumés.

L'équipe de chercheurs francophones ayant développé le test ADN cherchant l'allèle récessif a, juge possible que le phénotype du gène Extension dépende en fait de la dose. Elle a en effet constaté une tendance statistiquement significative montrant que les bai clair seraient hétérozygotes pour l'allèle dominant « sauvage » d'Extension (génotype E/e, également écrit E+/Ee), tandis que les bai foncé seraient plus souvent homozygotes pour le même allèle (E/E). Les auteurs ont reconnu que d'autres facteurs pouvaient jouer un rôle, et qu'il faut étudier le cas à une plus grande échelle[45].

Évolution des recherches

La robe bai-brun du cheval est comparable visuellement aux « marques à feu » chez certaines races de chiens, comme le rottweiler.

Une forme précoce de la théorie actuellement acceptée pour le gène agouti a été présentée pour la première fois en 1951 par Miguel Odriozola dans A los colores del caballo, revue ensuite par William Ernest Castle dans Genetics[46]. Cette théorie prévaut jusque dans les années 1990, quand la découverte de conditions similaires chez d'autres espèces entraîne des explications alternatives.

« Noir Â» et « pangarĂ© Â»

Ces poneys Exmoor possèdent le gène pangaré, qui crée des zones de pelage plus pâles qu'avec le bai-brun.

Jusqu'au début du XXIe siècle, le phénotype du bai-brun, pelage noir ou quasiment avec des parties de pelage brun-rousses sur les régions molles du corps, est décrit comme une robe noire modifiée par le pangaré, nommé en anglais « mealy-factor » : c'est la théorie du Dr Dan Philips Sponenberg, exposée dans la première version de son ouvrage de référence Equine Color Genetics[47] - [48].

Le pangarĂ© est frĂ©quent chez le cheval de Przewalski et les races dites « primitives Â», comme le poney Exmoor et l'Ardennais. Il est caractĂ©risĂ© par des poils très clairs, typiquement gris-blanc Ă  jaune pâle, autour des yeux, du museau, et sous le corps. Selon cette thĂ©orie ancienne, les chevaux bai-brun possèderaient un gĂ©notype Agouti a/a. Dan Philips Sponenberg suggère grâce Ă  cette dĂ©finition que les chevaux bai-bruns peuvent ĂŞtre distinguĂ©s des bais fumĂ©s grâce Ă  l'intensitĂ© de la couleur des zones brun-rousses : « l'effet pangarĂ© est gĂ©nĂ©ralement plus clair et plus jaune que les zones rĂ©siduelles non noires (qui ont tendance Ă  ĂŞtre plus rouges) chez les chevaux très fumĂ©s »[Trad 1] - [49].

Cette théorie est invalidée depuis le séquençage du gène Agouti (ASIP) réalisé en 2001 par Stefan Rieder et son équipe, puisque les chevaux de phénotype bai-brun ne sont pas détectés comme des homozygotes récessifs a/a Agouti[41].

Tyrosinase

La Tyrosinase-related protein 1 (TYRP1) est une protĂ©ine impliquĂ©e dans la synthèse de mĂ©lanines. Elle est codĂ©e par le gène TYRP1, Ă©galement appelĂ© locus brown (brun). Chez l'homme, une mutation du gène TYRP1 compte des variations des colorations « normales Â» de la peau, des cheveux et des yeux, ainsi que les types d'albinismes cliniques. Chez d'autres mammifères, des mutations dans ce gène entraĂ®nent divers phĂ©notypes de couleurs de robes dans les tons rouges-bruns : brun chez la souris, chocolat chez le chat et les chiens, « dun Â» chez les bovins[50].

Les phénotypes associés aux mutations de TYRP1 sont généralement roux ou chocolat plutôt que dans la teinte noire dominante de la robe bai-brun, et donnent le plus souvent une peau brun-rose et des yeux clairs, ce qui n'est pas le cas pour les chevaux bai-brun. Comme la précédente, cette théorie sur le rôle de TYRP1 a été exclue après le séquençage de Rieder et de son équipe en 2001[41].

Extension-brown et gène noir dominant

Ce cheval noir décoloré au soleil (a/a), peut être confondu avec un bai-brun ou un bai foncé.

L'allure de la robe noir pur du cheval attire les éleveurs depuis des siècles, ce qui entraîne la présence de plusieurs races à la robe noire comme le Frison. L'élevage des chevaux noirs rencontre deux problèmes : quelques robes noires s'estompent avec l'exposition à la lumière et la transpiration, et la reproduction entre deux chevaux « noirs » produit parfois des non noirs (typiquement, des alezans). Dans certains cas, les véritables chevaux noirs décolorés au soleil ont des robes plus claires que les chevaux bais foncés[17]

Pour tenir compte de cela, W.E. Castle a postulĂ© l'existence d'un troisième allèle du locus Extension : ED ou « noir dominant Â». Sur la base de l'existence de telles conditions chez les autres animaux, Castle a suggĂ©rĂ© que le gène dominant noir (ED) l'emporterait sur le modèle dominant de la robe Agouti (A) afin de produire des chevaux noirs ou presque noirs, qui pourraient avoir ensuite une descendance baie. L'implication est que la couleur de robe bai-brun, qui est souvent presque noire, pourrait ĂŞtre produite par cet allèle[46] - [51].

De la même manière, D.P. Sponenberg a suggéré l'existence d'un allèle Extension-brown (EB), dominant sur le type sauvage E. Il a décrit un allèle responsable du fumé, ce qui permettrait de distinguer toutes les nuances de bai-brun de toutes les nuances de bai. Ces deux théories ont été oubliées après le séquençage de MC1R et de Extension, qui n'a pas montré de tels allèles[41].

Notes et références

Traductions

  1. « [the] mealy effect generally is lighter and more yellow than residual nonblack areas (which tend to be redder) on very sooty horses Â».

Notes

  1. Le gène Extension est présent chez quelques autres espèces animales domestiques, comme le chien, le bétail, le lapin et le porc guinéen. Le gène Agouti est présent chez la majorité des autres animaux domestiques. Voir Thiruvenkadan, Kandasamya et Panneerselvama 2008, p. 122

Références

  1. Tsaag Valren et Népoux 2012, p. Chap. L’explication génétique
  2. Philippe-Étienne Lafosse, Guide du maréchal, ouvrage contenant une connaissance exacte du cheval et la manière de distinguer et de guérir ses maladies, ensemble un traité de la ferrure qui lui est convenable, 1766, p. 6
  3. Félix Lecoq, Traité de l'extérieur du cheval et des principaux animaux domestiques, édition 3, Labé, 1856, p. 464
  4. Tsaag Valren et Népoux 2012, p. Chap. Terminologie proposée
  5. F. Grosbois et V. Morin, « La démarche de la nomenclature actuelle des robes », les Haras nationaux (consulté le ).
  6. Tsaag Valren et Népoux 2012, p. Chap. « Noir pangaré » : confusion terminologique et aberration scientifique !
  7. NĂ©poux et Tsaag Valren 2019, p. 28-29.
  8. Chowdhary 2013, p. 1936-1937.
  9. Sponenberg 2003, p. 26.
  10. (en)B. Kostelnik, « Brown » [archive du ], sur The Horse Colors Site, Hippo-Logistics.
  11. Jean-Claude Boulet, Dictionnaire multilingue du cheval / Equine Multilingual Dictionary: 4e Ă©dition/ 4th Edition, BoD - Books on Demand France, 2011, (ISBN 2981109448 et 9782981109446), p. 31
  12. Sponenberg 2003, p. 25.
  13. (en) Carol J. Donaldson, Are You Thinking of Buying a Horse?, Dog Ear Publishing, , 232 p. (ISBN 1-59858-031-0 et 9781598580310, lire en ligne), p. 20
  14. (en) « Color Guide », sur The American Stud Book Principal Rules and Requirements, The Jockey Club (consultĂ© le ) : « Dark Bay/Brown: The entire coat of the horse will vary from a brown, with areas of tan on the shoulders, head and flanks, to a dark brown, with tan areas seen only in the flanks and/or muzzle. The mane, tail and lower portion of the legs are always black, unless white markings are present. »
  15. (en) « Colors & Markings » [PDF], Tennessee Walking Horse Breeders and Exhibitors Association (consultĂ© le ) : « BROWN: The Brown horse’s body color is black except for lighter brown areas around the muzzle, eyes, flanks, and insides of the legs. »
  16. F. Grosbois, V. Morin et A.C. Grison, « La famille du noir », Les Haras Nationaux, (consulté le )
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Annexes

Articles connexes

Livres

  • [Chowdhary 2013] (en) Bhanu P. Chowdhary, Equine Genomics, John Wiley & Sons, , 336 p. (ISBN 978-1-118-52212-7 et 1-118-52212-5, lire en ligne)
  • [Evans 1990] (en) James Warren Evans et Anthony Borton, The Horse, Macmillan, , 2e Ă©d.
  • [Sponenberg 2003] (en) Dan Phillip Sponenberg, Equine Color Genetics, Wiley-Blackwell, , 2e Ă©d.
  • [Sponenberg 2009] (en) Dan Phillip Sponenberg, Equine Color Genetics, Wiley, , 3e Ă©d., 296 p. (ISBN 0-8138-1364-6)
  • [Sponenberg et Bellone 2017] (en) Dan Phillip Sponenberg et Rebecca Bellone, Equine Color Genetics, Wiley, , 4e Ă©d., 352 p. (ISBN 1-119-13060-3, OCLC 971462711)
  • [Tsaag Valren et NĂ©poux 2019] AmĂ©lie Tsaag Valren et Dr. Virginie NĂ©poux, BeautĂ© des chevaux, le mystère de leurs robes, Éditions France Agricole, , 256 p. (ISBN 979-10-90213-98-2)

Articles

  • (en) Stefan Rieder, Sead Taourit, Denis Mariat, Bertrand Langlois et GĂ©rard GuĂ©rin, « Mutations in the agouti (ASIP), the extension (MC1R), and the brown (TYRP1) loci and their association to coat color phenotypes in horses (Equus caballus) », Mammalian Genome, Springer-Verlag, vol. 12, no 6,‎ , p. 450–455
  • (en) A.K. Thiruvenkadan, N. Kandasamya et S. Panneerselvama, « Coat colour inheritance in horses », Livestock Science, vol. 117,‎ , p. 109-129 (DOI 10.1016/j.livsci.2008.05.008)
  • AmĂ©lie Tsaag Valren et Virginie NĂ©poux, « Les robes du cheval : le noir pangarĂ© », Cheval Savoir,‎ (lire en ligne) — Virginie NĂ©poux est docteur en biologie
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