Asiminier trilobé
Asimina triloba
RĂšgne | Plantae |
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Sous-rĂšgne | Tracheobionta |
Division | Magnoliophyta |
Classe | Magnoliopsida |
Sous-classe | Magnoliidae |
Ordre | Magnoliales |
Famille | Annonaceae |
Genre | Asimina |
Annona triloba L.
L'asiminier trilobĂ© (Asimina triloba) est un petit arbre de la famille des Annonaceae originaire d'AmĂ©rique du Nord oĂč on l'appelle pawpaw tree. Le fruit charnu, l'asimine, est une baie comestible de forme oblongue, Ă chair crĂ©meuse et dont le goĂ»t rappelle Ă la fois la banane et la mangue.
Description
Appareil végétatif
L'asiminier trilobĂ© est un arbre qui peut atteindre de 10 Ă 14 mĂštres de hauteur[1]. Le tronc atteint une vingtaine de centimĂštres de diamĂštre[1]. Son Ă©corce, mince et lisse lorsqu'elle est jeune, devient plus rugueuse avec l'Ăąge. De couleur brune, elle peut ĂȘtre tachĂ©e de gris notamment lorsqu'elle est jeune.
Les bourgeons sont recouverts de petits poils brun rougeĂątre ; les bourgeons terminaux sont plus grands que les bourgeons axillaires[2]. Les rameaux grĂȘles, recouverts de fins poils brun rougeĂątre lorsqu'ils sont jeunes, portent de fines stries longitudinales. Ils deviennent glabres avec le temps.
Les feuilles, portĂ©es par un pĂ©tiole court (de 5 Ă 10 mm)[1], sont caduques et de disposition alterne. Leur couleur est vert soutenu dessus, plus pĂąle en dessous. Simples, de forme oblongue acuminĂ©e, elles mesurent de 15 Ă 30 cm de long et ont un port retombant[2]. Souvent couvertes dâun duvet brun rougeĂątre, elles dĂ©gagent une odeur plutĂŽt dĂ©sagrĂ©able lorsqu'elles sont froissĂ©es[2]. Chaque feuille prĂ©sente environ 15 nervures secondaires par cĂŽtĂ© du limbe[2].
Appareil reproducteur
Les fleurs sont solitaires ou rĂ©unies en petite grappe, leur port est tombant et elles ont une odeur assez dĂ©sagrĂ©able[2]. Elles apparaissent sur les rameaux de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, avant ou pendant l'apparition des feuilles de l'annĂ©e. Elles sont portĂ©es par un pĂ©doncule mesurant un ou deux centimĂštres de long[1] et couvert de poils denses, bruns ou brun-rouge. L'inflorescence est prĂ©cĂ©dĂ©e d'une ou deux bractĂ©oles ovales ou triangulaires dâun ou deux millimĂštres de long et velues[1].
D'un diamĂštre de 4 cm environ[2] (de 2 Ă 4 cm, rarement 5[1]), les fleurs ont une symĂ©trie axiale et comptent trois sĂ©pales verts et six tĂ©pales de couleur rouge bordeaux. Les trois tĂ©pales extĂ©rieurs sont plus grands et Ă©talĂ©s, ceux de l'intĂ©rieur sont dressĂ©s. Leur pollinisation est assurĂ©e par les insectes (entomogamie). Ces fleurs sont hermaphrodites, certaines vari&t&s sont auto-fertiles[3]. Une pollinisation croisĂ©e peut ĂȘtre nĂ©cessaire car les stigmates arrivent Ă maturitĂ© avant les Ă©tamines (fleurs protogynes). Cette pollinisation croisĂ©e est assurĂ©e par un papillon sur le continent amĂ©ricain, mais ce papillon n'existant pas sur les autres continents, cette opĂ©ration est alors moins automatique et les production de fruits moindres[4]. Chaque fleur compte de 3 Ă 7 pistils (rarement, jusqu'Ă 12)[1]qui, fĂ©condĂ©s donneront autant de fruits.
Le fruit charnu, l'asimine, est une baie de forme oblongue, généralement longue de 5 à 15 cm[2] - [1], de couleur verte tirant sur le jaune à maturité. Il contient plusieurs graines aplaties, brunes, de 1,5 à 2,5 cm de long[1].
La chair crémeuse, jaune, est comestible et a un goût particulier qui rappelle à la fois la banane et la mangue.
RĂ©partition et habitat
L'espĂšce est originaire de la partie est de l'AmĂ©rique du Nord, depuis le Canada (Ontario) et le nord-est des Ătats-Unis (New Jersey, New York), jusqu'au sud-est des Ătats-Unis (Floride, Louisiane).
Il pousse sur sols humides, dans les plaines ou les sous-bois.
Histoire, taxinomie et systématique
Histoire de la plante
Les premiers Ă©crits concernant les "pawpaws" datent du compte rendu de lâexpĂ©dition de de Soto qui trouva en 1541 des tribus amĂ©rindiennes qui cultivaient le fruit Ă lâest du Mississippi.
Le pawpaw Ă©tait le dessert favori de George Washington et Thomas Jefferson en cultivait Ă Monticello[5].
Lâasiminier (orthographiĂ© "assiminier") est connu en Europe depuis la fin du XVIIIe siĂšcle[6], mais nây dĂ©passe gĂ©nĂ©ralement pas la taille dâun arbuste.
Histoire du taxon
La premiĂšre description scientifique de cette espĂšce date de 1753 ; elle a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par le naturaliste suĂ©dois Carl von LinnĂ© dans son ouvrage Species Plantarum, oĂč il la nomme Annona triloba[7]. Le scientifique et mycologue sud-africain Christiaan Hendrik Persoon propose, en 1806, de transfĂ©rer cette espĂšce dans le genre Porcelia dans son Synopsis Plantarum, mais cette proposition n'est pas retenue[8]. En 1817, le botaniste et mycologue français Michel FĂ©lix Dunal transfĂšre cette espĂšce dans le genre Asimina dans sa Monographie de la famille des AnonacĂ©es[9]. Enfin, en 1838, les botanistes amĂ©ricains John Torrey et Asa Gray proposent un transfert dans le genre Uvaria dans A Flora of North America, mais cette nouvelle proposition nâest pas retenue[10].
Cette espÚce présente plusieurs synonymes[11]:
- Annona pendula Salisb.
- Asimina glabra Hort ex K. Koch
- Orchidocarpum arietinum Michx.
L'Asiminier trilobé et l'Homme
Utilisation
- Les fruits sont consommĂ©s aux Ătats-Unis, soit frais, soit transformĂ©s en crĂšmes glacĂ©es, sorbets, yaourts ou pĂątisseries. Ils sont parfois confondus avec la papaye Ă cause de leur nom vernaculaire en anglais, pawpaw ou papaw. C'est un fruit peu rĂ©pandu en dehors des Ătats-Unis. Il est trĂšs fragile et ne supporte (difficilement) le transport que s'il est cueilli avant maturitĂ© complĂšte. Les fruits se conservent de deux Ă trois jours Ă la tempĂ©rature ambiante, ou environ une semaine s'ils sont rĂ©frigĂ©rĂ©s[12] - [13].
- En 2012, des essais de transformation en eau-de-vie ont été réalisés par l'Agroscope de WÀdenswil en Suisse, avec des résultats intéressants[14].
- C'est aussi un arbuste d'ornement, apprécié pour son feuillage. C'est son utilisation principale en France par exemple.
Toxicité
Les fruits sauvages, bien que généralement comestibles, peuvent déclencher une dermatite chez certaines personnes et parfois une gastro-entérite grave lorsqu'ils sont ingérés[15].
Comme toutes les anones, la plante est également riches en acétogénines, des neurotoxines inhibant la chaßne respiratoire mitochondriale, à l'origine de maladies neurodégénératives telles que la Paralysie supranucléaire progressive et la Dégénérescence cortico-basale[16].
Culture
L'asiminier est moyennement rustique. Les parties aĂ©riennes sont atteintes Ă partir de 0 °C et la plante meurt Ă partir de â25 °C.
Il préfÚre un sol de type argileux, profond, riche et frais, avec une ligne d'arrosage en cas de besoin, de pH neutre à légÚrement acide.
La croissance de lâasiminier est faible les premiĂšres annĂ©es car il commence par dĂ©velopper fortement son systĂšme racinaire avec une racine pivot d'une fois et demie la hauteur du plant. Il vaut donc mieux, quand câest possible, le semer directement en place (ou Ă dĂ©faut rempoter en pot de plus en plus grand chaque annĂ©e).
Les feuilles de l'arbre jeune de moins de deux ans craignent la forte exposition directe aux rayons du soleil. L'arbre sera plus résistant aprÚs plusieurs saisons.
Lâasiminier se reproduit difficilement par drageon, prĂ©levable au dĂ©but du printemps. Ă dĂ©faut, il forme naturellement des peuplements Ă©pais. Il est prĂ©fĂ©rable de le reproduire par semis direct Ă l'extĂ©rieur. La racine Ă©tant trĂšs sensible, il faut dĂ©placer la motte de terre avec toutes ces radicelles pour ne pas perdre le plant. Les graines doivent ĂȘtre semĂ©es rapidement car elles perdent leurs capacitĂ©s germinatives en quelques semaines, sauf si elles sont conservĂ©es dans le bas d'un rĂ©frigĂ©rateur, dans un sachet hermĂ©tiquement clos. La conservation peut ainsi durer plus d'une annĂ©e. En cas de doute des capacitĂ©s germinatives aprĂšs cette longue conservation, il suffit d'extraire l'amande d'une graine ; si elle conserve sa fermetĂ© et sa coloration blanchĂątre, les autres graines sont indemnes Ă©galement et prĂȘtes Ă germer.
Il n'est pas produit en pĂ©piniĂšre en pot, ni en plein champ. Sa racine ne tolĂšre pas d'ĂȘtre restreint dans un contenant et sa coupe risque d'entrainer la mort de l'arbre.
Lâasiminier a fait lâobjet de nombreuses sĂ©lections au dĂ©but du XXe siĂšcle et il existe aujourdâhui de nombreux cultivars offrant des fruits de meilleure qualitĂ© que les variĂ©tĂ©s sauvages.
Notes et références
- EFloras, consulté le 16 juin 2013
- Ressources naturelles Canada, « Asiminier trilobé », sur aimfc.rncan.gc.ca, Gouvernement du Canada, (consulté le )
- « Asiminier (Asimina triloba), fruitier méconnu », sur Le Monde Dossier Binette et Jardin (consulté le )
- « L'asiminier de A à Z (presque) » (consulté le )
- The Pawpaw: Foraging For America's Forgotten Fruit.
- « EncyclopĂ©die oeconomique ou SystĂȘme gĂ©nĂ©ral : 1° d'Ă©conomie rustique... 2° d'Ă©conomie domestique... 3° d'Ă©conomie politique. Tome 2 », sur Gallica, 1770-1771 (consultĂ© le ), p. 427
- Tropicos.org, « Annona triloba », Missouri Botanical Garden (consulté le )
- Tropicos.org, « Porcelia triloba », Missouri Botanical Garden (consulté le )
- Tropicos.org, « Asimina triloba », Missouri Botanical Garden (consulté le )
- Tropicos.org, « Uvaria triloba », Missouri Botanical Garden (consulté le )
- Tropicos.org, « Asimina triloba (L.) Dunal ; Synonyms », Missouri Botanical Garden (consulté le )
- Gerard W. Krewer, Thomas F. Crocker, Paul F. Bertrand et Dan L. Horton, « Minor Fruits and Nuts in Georgia - Pawpaw, Bulletin 992 » [archive du ], University of Georgia Cooperative Extension, College of Agricultural & Environmental Sciences, Athens, GA, (consulté le )
- « Locals explore the culinary potential of pawpaw »
- http://www.revuevitiarbohorti.ch/artikel/2013_02_f_346.pdf
- Kingsbury, J. M. 1964. Poisonous plants of the United States and Canada. Prentice-Hall Inc., Englewood Cliffs, N.J., USA. 626 pp.
- (en) Irene Litvan, « Annonacin in Asimina triloba fruit: implication for neurotoxicity », Neurotoxicology, vol. 33, no 1,â , p. 53â58 (ISSN 1872-9711, PMID 22130466, DOI 10.1016/j.neuro.2011.10.009, lire en ligne, consultĂ© le ).
Liens externes
- (en) Référence Flora of North America : Asimina triloba
- (en) Référence Flora of Missouri : Asimina triloba
- (en) Référence Catalogue of Life : Asimina triloba (L.) Dunal (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Asimina triloba (L.) Dunal
- (en) Référence NCBI : Asimina triloba (taxons inclus)
- (en) Référence GRIN : espÚce Asimina triloba (L.) Dunal
- Fiche sur GardenBreizh.org
- (en) Pawpaw Information Kentucky Web Site
- Article sur le site Les Fruitiers Rares