AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Arguments sur l'existence de Dieu

Les arguments sur l'existence de Dieu, en faveur ou en dĂ©faveur de son existence, ont Ă©tĂ© nombreux au cours de l'histoire de la philosophie et de la thĂ©ologie. Le Dieu dont il est question ici est ce que l'on nomme parfois le Dieu des philosophes, Ă  savoir le Dieu des grandes religions du Livre (judaĂŻsme, christianisme, islam), tel qu'il a Ă©tĂ© conceptualisĂ© par les philosophes. Ses attributs sont d'ĂȘtre le crĂ©ateur du monde, omniscient, omnipotent, omniprĂ©sent et bon. Cet article s'efforce de recenser les principaux arguments sur l'existence de Dieu, c'est-Ă -dire ceux ayant Ă©tĂ© les plus invoquĂ©s et discutĂ©s.

Arguments pour l'existence de Dieu

Argument ontologique

Cet argument a été proposé à de multiples reprises, il peut se formuler sous la forme générale du syllogisme suivant :

  1. Dieu est un ĂȘtre parfait.
  2. Une perfection qui ne comprendrait pas l'existence ne serait Ă©videmment pas complĂšte.
  3. Donc, Dieu est aussi doté de l'existence.

Une version cĂ©lĂšbre est celle d'Anselme de CantorbĂ©ry, dans son Proslogion. Son argument est que Dieu est l'ĂȘtre tel que rien ne se peut penser de plus grand, et cela tant dans l'intellect que dans la rĂ©alitĂ©. Ainsi, selon lui, pensant Ă  l'ĂȘtre le plus grand, nous ne pouvons penser rĂ©ellement que Dieu n'est pas : la pensĂ©e de Dieu implique son existence[1] - [2]. Gaunilon puis Thomas d'Aquin feront des objections Ă  cet argument.

Descartes a proposĂ© une autre version : « [
] je ne puis concevoir Dieu sans existence, il s'ensuit que l'existence est insĂ©parable de lui, et partant qu'il existe vĂ©ritablement : non pas que ma pensĂ©e puisse faire que cela soit de la sorte, et qu'elle impose aux choses aucune nĂ©cessitĂ©, mais, au contraire, parce que la nĂ©cessitĂ© de la chose mĂȘme, Ă  savoir de l'existence de Dieu, dĂ©termine ma pensĂ©e Ă  le concevoir de cette façon. Car il n'est pas en ma libertĂ© de concevoir un Dieu sans existence (c'est-Ă -dire un ĂȘtre souverainement parfait sans une souveraine perfection), comme il m'est libre d'imaginer un cheval sans ailes ou avec des ailes. » [3].

L'argument ontologique a subi de nombreuses rĂ©futations dont le principe gĂ©nĂ©ral est que l'existence d'une chose ne peut ĂȘtre prouvĂ©e qu'Ă  partir de son observation et non Ă  partir de sa dĂ©finition. Le premier philosophe Ă  s'efforcer de rĂ©futer cet argument est Gaunilon, qui adresse des objections Ă  Anselme juste aprĂšs la parution du Proslogion. AprĂšs lui, Kant a consacrĂ© une longue partie du livre II de la Critique de la raison pure Ă  rĂ©futer l'argument ontologique sur lequel d'aprĂšs lui deux grands autres arguments pour l'existence de Dieu, la preuve cosmologique et la preuve physico-thĂ©ologique (appel au dessein), reposent.

Pour Kant, l'existence n'est pas une propriĂ©tĂ© intrinsĂšque, on ne peut pas lĂ©gitimement dire que l'existence appartienne au concept de Dieu : c'est confondre le contenu conceptuel et le prĂ©dicat existentiel d'une chose. Ainsi pour Kant, le concept de Dieu demeure le mĂȘme, qu'il existe ou pas : ce « concept de Dieu » ne prouve rien, n'indiquant qu'une possibilitĂ©[4] - [5]. Afin de l'illustrer, Kant prend l'exemple suivant : « Cent thalers rĂ©els ne contiennent rien de plus que cent thalers possibles. Car, comme les thalers possibles expriment le concept et les thalers rĂ©els, l'objet et sa position en lui-mĂȘme, au cas oĂč celui-ci contiendrait plus que celui-lĂ , mon concept n'en serait pas le concept adĂ©quat. Mais je suis plus riche avec cent thalers rĂ©els qu'avec leur simple concept (c'est-Ă -dire avec leur possibilitĂ©). »

Argument cosmologique ou argument de la cause premiĂšre

L'argument cosmologique est un type d'argument qui prend appui sur certaines caractéristiques de l'Univers afin de démontrer l'existence d'une cause premiÚre, généralement comprise comme étant Dieu[6]. Il est aujourd'hui trÚs discuté par les philosophes analytiques dans la version dite Kalùm réadaptée par William Lane Craig en 1979[7]. Selon le philosophe Quentin Smith, « un décompte des articles dans les journaux de philosophie montre que le nombre de publications portant sur la défense de l'argument du Kalam par Craig dépasse celui de n'importe quelle autre formulation d'un argument en faveur de l'existence de Dieu par un philosophe contemporain. »[8]

L'argument avancé par Craig se résume en deux prémisses amenant à une conclusion :

  1. Tout ce qui commence Ă  exister a une cause de son existence.
  2. L'univers a commencé à exister.
  3. Si 1) et 2) sont vrais, alors 3) l'Univers a une cause de son existence.

Pour tenter de démontrer la probabilité des deux premiÚres prémisses, Craig utilise des principes métaphysiques généraux (prémisse 1), des arguments philosophiques (notamment l'impossibilité d'un nombre réellement infini d'événements passés) et scientifiques, dont la théorie du Big Bang (prémisse 2)[9].

Histoire et variantes

La premiĂšre rĂ©fĂ©rence Ă  cet argument se trouve chez Platon (Lois, X, 894d-895b), puis il est dĂ©veloppĂ© par Aristote dans sa MĂ©taphysique (Λ, 1-6). L'argument cosmologique est repris au Moyen Âge par des philosophes musulmans comme Al-Kindi, puis par saint Thomas d'Aquin et Ă  l'Ă©poque des LumiĂšres par Leibniz et Samuel Clarke.

Cet argument peut se diviser en trois grands groupes :

  1. L'impossibilité d'un retour en arriÚre infini et ordonné (Thomas d'Aquin).
  2. Le principe de la raison suffisante (Leibniz et Clarke)
  3. L'impossibilité d'un univers sans commencement dans le temps (Kalùm)

Kant en a proposĂ© une rĂ©futation indirecte en se fondant sur l'argument ontologique. D'aprĂšs lui, aprĂšs avoir observĂ© la contingence du monde, l'argument cosmologique doit poser l'existence d'un ĂȘtre nĂ©cessaire ; il est alors obligĂ© de recourir Ă  l'argument ontologique, qui dĂ©duit du concept de Dieu qu'il existe. Or l'argument ontologique est invalide, donc l'argument cosmologique l'est aussi.

Pour Frédéric Guillaud, avec la publication de son livre en 1979 sur l'argument cosmologique du Kalùm, « William Lane Craig a tiré beaucoup de philosophes de leur sommeil dogmatique kantien » et « a déclenché une avalanche d'études et rouvert des champs de réflexion que les philosophes avaient laissé en friche depuis trÚs longtemps »[10].

La variante leibnizienne

La variante proposĂ©e par Leibniz, souvent qualifiĂ©e d'argument cosmologique « par la contingence » connaĂźt un certain regain de popularitĂ© de nos jours. DĂ©fendue par des philosophes contemporains comme Alexander Pruss[11] et Joshua Rasmussen[12], elle se base sur la distinction entre les ĂȘtres contingents et nĂ©cessaires et postule que puisqu'il existe quelque chose de contingent, il doit exister quelque chose de nĂ©cessaire. Contrairement Ă  l'argument cosmologique pour une cause premiĂšre, elle ne postule pas que l'univers a un commencement et se veut donc appliquable mĂȘme dans le cas d'un univers Ă©ternel. Van Steenberghen l'Ă©tablit ainsi[13] :

  1. Tout ce qui existe existe ou bien par soi ou bien par autre chose (principe de raison suffisante).
  2. Quelque chose existe.
  3. Tout ce qui existe ne peut pas exister par autre chose.
  4. Donc quelque chose existe par soi.

Il argumente pour la validité de troisiÚme prémisse comme suit : « La proposition "La totalité de ce qui existe, existe par autre chose", est évidemment contradictoire, puisque ce qui est affirmé comme "totalité" dans le sujet est nié comme "totalité" dans le prédicat, étant donné que l'on pose "autre chose" que la "totalité" »[13].

Il s'ensuit gĂ©nĂ©ralement chez la plupart des auteurs un argumentaire visant Ă  dĂ©nier que l'univers puisse ĂȘtre cet ĂȘtre nĂ©cessaire, que donc il faut le chercher hors de l'univers, et enfin Ă  le rapprocher du concept thĂ©iste de Dieu : ĂȘtre personnel, immatĂ©riel, intemporel etc.[12]

Cet argument a Ă©tĂ© souvent critiquĂ© pour sa premiĂšre prĂ©misse : certains philosophes niant le principe de raison suffisante avancent l'idĂ©e d'un univers qualifiĂ© par Russel de « fait brut » lors d'un dĂ©bat Ă  la BBC, qui n'aurait de raison d'ĂȘtre ni en lui-mĂȘme ni en autre chose, mais qui simplement serait, pour aucune raison. D'autres philosophes, trouvant que la nĂ©gation du principe de raison suffisante implique un trop grand scepticisme sur le rĂ©el, prĂ©fĂšrent plutĂŽt soutenir qu'il n'est pas dĂ©montrĂ© que l'univers soit contingent, et qu'ainsi l'argument cosmologique de Leibniz n'est pas probant. C'est le cas par exemple de Hume : « Why may not the material universe be the necessarily existent Being [...] ? »[14].

Argument téléologique ou l'appel au dessein

L'appel au dessein ou argument téléologique postule qu'il existe des fins dans la nature ce qui implique l'existence d'un principe intelligent, ordonnateur du monde, c'est-à-dire d'un Créateur[15]. C'est l'argument classique de la théologie naturelle connu pour la formulation qu'en a donné William Paley :

« Supposons qu'en marchant dans la lande je tombe sur une pierre et qu'on me demande comment la pierre est arrivĂ©e lĂ ; je pourrais rĂ©pondre que, Ă  ma connaissance, elle Ă©tait lĂ  de tout temps; il ne serait peut-ĂȘtre pas facile de montrer non plus l'absurditĂ© de cette rĂ©ponse. Mais supposez que j'avais trouvĂ© une montre sur le sol, et qu'on me demande comment la montre Ă©tait arrivĂ©e Ă  cet endroit, je ne penserais mĂȘme pas Ă  ma prĂ©cĂ©dente rĂ©ponse, qu'Ă  ma connaissance, la montre Ă©tait lĂ  de tout temps. » [16]

Ceci rappelle le distique de Voltaire :

« L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer

Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger »[17]

— Voltaire

L'argument téléologique peut se formuler sous la forme du syllogisme suivant :

  1. Il existe de l'ordre dans la nature
  2. Or la matiÚre ne produit pas spontanément de l'ordre
  3. Donc la cause de l'ordre de la nature est intentionnelle

Les exemples de phénomÚnes finalisés dans la nature, invoqués pour justifier la premiÚre prémisse, sont le plus souvent tirés de l'ordre apparent du monde vivant. Plus récemment, le principe anthropique a été utilisé comme justification.

L'argument téléologique est une raison pour laquelle nombre de philosophes des LumiÚres ont opté pour une position déiste (Voltaire, Rousseau
). Il a été en grande partie affaibli par l'hypothÚse de la sélection naturelle qui explique l'organisation du vivant sans recourir à Dieu (invalidation de la seconde prémisse). Les théories du dessein intelligent en sont une résurgence, discréditée dans la communauté scientifique.

Cet argument avait déjà été critiqué par Hume dans les Dialogues sur la religion naturelle [18]. Il montre en effet, en s'appuyant essentiellement sur notre ignorance, qu'il peut y avoir une genÚse de l'ordre sans intention démiurgique :

  1. Tout d'abord, nous passons inconsidérément de notre ignorance des causes réelles à la certitude d'un dessein divin ; cette derniÚre certitude reflÚte donc surtout le fait que nous n'avons pas d'autres hypothÚses plausibles à disposition ;
  2. ensuite, nous ne connaissons pas assez bien la matiÚre pour décider a priori qu'elle ne contient aucun principe d'ordre.

L'argument de la superfluité est une réponse à l'argument téléologique.

Argument moral

« Mais alors, que deviendra l’homme, sans Dieu et sans immortalitĂ© ? Tout est permis, par consĂ©quent, tout est licite ? » FĂ©dor DostoĂŻevski[19]

L'argument moral prend plusieurs formes, il peut correspondre au modus tollens suivant :

  1. Si Dieu n’existe pas, alors les valeurs morales objectives n’existent pas.
  2. Or les valeurs morales objectives existent.
  3. Donc, Dieu existe.

L'objectivitĂ© des valeurs morales doit ici ĂȘtre comprise comme vraie en tout temps et en tout lieu, en dehors de ce que les ĂȘtres humains pensent d'elles. Ainsi, selon le philosophe et thĂ©ologien William Lane Craig, « dire que la Shoah fut objectivement mauvaise Ă©quivaut Ă  dire qu'elle fut mauvaise mĂȘme si les Nazis qui l'ont mise en Ɠuvre pensaient que cela Ă©tait bon, et qu'elle aurait toujours Ă©tĂ© mauvaise mĂȘme si les Nazis avaient remportĂ© la Seconde Guerre mondiale et exterminĂ© ou lavĂ© le cerveau de tous ceux qui auraient pensĂ© le contraire. »[20]

Argument du consensus universel

C'est un argument proposé par Cicéron (De natura deorum), suivant lequel la croyance universelle des peuples en quelque chose de divin est une preuve suffisante pour établir son existence. Dans ce cas, la minorité des non-croyants serait en leur défaveur[21] - [22].

Cet argument est un cas particulier d'argument d'autoritĂ© oĂč la majoritĂ© est prise comme autoritĂ© compĂ©tente pour connaĂźtre Dieu.

Mais, mĂȘme en rĂ©gime dĂ©mocratique, le fait qu'une Ă©crasante majoritĂ© de personnes soutiennent une opinion ne suffit pas Ă  prouver sa vĂ©racitĂ©. De nombreux exemples peuvent ĂȘtre pris Ă  l'appui de cela telle la croyance universelle en une Ă©poque reculĂ©e au gĂ©ocentrisme (le Soleil tournant autour de la Terre).

Si certains thĂ©ologiens ont dĂ©fendu l'existence d'un sensus divinitatis[23] (Calvin) d'autres penseurs ont soutenu que la croyance en Dieu est une illusion, une erreur universelle de nos facultĂ©s cognitives au mĂȘme titre que la perception du bĂąton rompu dans l'eau.

D'autres, au contraire, essaient de renverser l'argument en s'étonnant de l'existence d'athées dans un monde créé par Dieu. Pourquoi Dieu a-t-il permis qu'une telle désobéissance envers lui - fût-elle minoritaire - soit possible ? C'est l'argument de l'existence de l'incroyance qui sera détaillé plus bas.

Argument de la révélation

Les textes sacrĂ©s sont la parole de Dieu rĂ©vĂ©lĂ©e aux hommes, donc ils doivent ĂȘtre crus. L'argument est prĂ©sentĂ© Ă  la fois par certains protestants (pour qui la Bible est l'autoritĂ© supĂ©rieure) et par certains musulmans (qui se rĂ©fĂšrent au Coran). Il est peu utilisĂ© par les catholiques (qui, tout en considĂ©rant la Bible comme la parole de Dieu, n'en font pas, Ă  la diffĂ©rence des Protestants, l'autoritĂ© premiĂšre ; un protestant croit Ă  la Bible parce que c'est la Bible ; un catholique croit Ă  la Bible parce qu'il croit d'abord Ă  l'Église qui la lui donne).

Plusieurs reproches peuvent ĂȘtre adressĂ©s Ă  cet argument[24] dont :

  • PrĂ©sentĂ© ainsi, c'est une pĂ©tition de principe, l'existence de Dieu est prouvĂ©e par l'existence de sa parole qui l'implique dĂ©jĂ . Ce qui reste Ă  prouver, et pas seulement pour les athĂ©es, c'est que ces textes sacrĂ©s sont bel et bien la parole de Dieu ; Nicolas Malebranche Ă©crit : « Ne voyez-vous pas que la certitude de la foi vient de l’autoritĂ© d’un Dieu qui parle, et qui ne peut jamais tromper. Si donc vous n’ĂȘtes pas convaincu par la raison, qu’il y a un Dieu, comment serez-vous convaincu qu’il a parlĂ© ? Pouvez-vous savoir qu’il a parlĂ©, sans savoir qu’il est? » (Conversations chrĂ©tiennes, Entretien I).
  • La prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale suivante expose bien la faille :
    1. Les textes sacrés affirment l'existence de Dieu
    2. Or ces textes sont véridiques car parole de Dieu
    3. Donc, Dieu existe

La seconde prémisse contient déjà la conclusion ! Le raisonnement est entaché de circularité (cercle vicieux).

  • La pluralitĂ© des rĂ©vĂ©lations. Il existe de nombreuses religions incompatibles prĂ©tendant ĂȘtre fondĂ©es sur la parole de Dieu, soit Dieu s'est rĂ©vĂ©lĂ© Ă  plusieurs reprises et de maniĂšre incohĂ©rente (ce qui ne correspond pas Ă  l'attitude attendue d'un ĂȘtre bon et omniscient) soit certaines de ces religions sont fausses. Si on accepte ce dernier cas de figure, il faut utiliser un critĂšre extĂ©rieur Ă  la rĂ©vĂ©lation pour discerner parmi les religions rĂ©vĂ©lĂ©es lesquelles sont vraies. Ces critĂšres peuvent exister (les catholiques invoquent les miracles du Christ, la saintetĂ© de sa vie, l'accomplissement des prophĂ©ties messianiques, etc. – c'est l'argument christologique (en)), mais cela revient Ă  admettre que la (prĂ©tention Ă  la) rĂ©vĂ©lation ne suffit pas Ă  prouver la vĂ©ritĂ© d'une religion.
  • Dans le contexte catholique, il existe en effet une discipline particuliĂšre, l'apologĂ©tique[25], dont l'objet est d'Ă©tablir par des voies rationnelles la crĂ©dibilitĂ© de la rĂ©vĂ©lation telle qu'elle est comprise dans cette religion. Il en ressort pour le moins que les arguments «à partir de la rĂ©vĂ©lation» ne sont pas ipso facto des arguments de foi, au sens oĂč ils reposeraient purement et simplement sur la croyance en la vĂ©ritĂ© d'une rĂ©vĂ©lation donnĂ©e, puisque cette vĂ©ritĂ© est censĂ©e ĂȘtre connaissable par une raison humaine de bonne foi. Cependant, il est Ă  noter que la fonction attribuĂ©e Ă  la rĂ©vĂ©lation dans diverses religions n'est pas tant de nous faire connaĂźtre que Dieu est, mais bien plutĂŽt qui il est, et que nous pouvons entrer avec lui dans certains rapports dĂ©terminĂ©s, pratiquement nĂ©cessaires Ă  notre salut. – Ce qui nous amĂšne Ă  une question connexe, absolument capitale au moins depuis Jean Duns Scot[26]: si le Dieu dont la philosophie (physique et mĂ©taphysique, prises au sens aristotĂ©licien) peut Ă©ventuellement dĂ©montrer l'existence et certains attributs est, au plein sens du terme, le Dieu de la foi (celui du thĂ©ologien, pour Duns Scot). Pour Duns Scot (comme pour Thomas d'Aquin, d'une autre maniĂšre) c'est bien le mĂȘme Dieu unique de part et d'autre, mais la connaissance que nous en donne la raison philosophique est insuffisante, non seulement, bien entendu, au salut, mais mĂȘme d'un point de vue simplement spĂ©culatif. Ce n'est pas tout de dĂ©montrer que (ce) Dieu existe, il faut encore le connaĂźtre: la dĂ©monstration de l'existence d'une chose dont la nature n'est pas adĂ©quatement connue est bornĂ©e dans sa valeur, non seulement pratique, mais mĂȘme thĂ©orique. La jonction entre le «Dieu des philosophes»[27] et le «Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob», selon la formule de Pascal, n'est pas de soi Ă©vidente: Ă  cet Ă©gard, les arguments rationnels en faveur de l'existence de Dieu (sans ĂȘtre forcĂ©ment «inutiles et incertains»[28], comme Pascal le dit de Descartes) doivent nĂ©cessairement, pour avoir une valeur religieuse, ĂȘtre complĂ©tĂ©s par des arguments de type apologĂ©tique – Ă  moins que l'on ne suppose chez l'homme une autre maniĂšre de rentrer en contact direct avec le premier principe dont on a prouvĂ© l'existence.

PrĂ©sentation par l'Église catholique

Pour l'Église catholique (comme le soulignent, entre autres, les encycliques Fides et ratio, 1998, et Humani Generis, 1950, ainsi que le motu proprio Sacrorum Antistitum, 1910), la raison humaine est capable « par ses seules forces » (c'est-Ă -dire indĂ©pendamment de toute dĂ©marche de foi ou de rĂ©vĂ©lation) d'arriver Ă  la certitude de l'existence de Dieu. Elle cite en ce sens plusieurs textes bibliques : Sagesse 13:1-10 et Romains 1:20.

Depuis l'encyclique Æterni Patris (1879) de LĂ©on XIII, l'Église catholique reconnaĂźt la validitĂ© des Quinque viae, les cinq preuves de Thomas d'Aquin considĂ©rĂ© comme l'auteur de rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre. Ce point de doctrine a Ă©tĂ© rappelĂ© par Jean-Paul II dans l'encyclique Fides et ratio et dans plusieurs dĂ©clarations[29].

Ces cinq preuves sont :

  1. la preuve par le mouvement (au sens large : mouvement dans l'espace ou bien transformation) : tout ĂȘtre en mouvement est mis en mouvement par un autre ; or on ne peut pas remonter de proche en proche Ă  l'infini, il faut un ĂȘtre immobile capable de communiquer le mouvement Ă  d'autres ĂȘtres, un « moteur immobile » ;
  2. il existe un enchaßnement de causes à effet dans la nature, or il est impossible de remonter de causes à causes à l'infini ; il faut nécessairement une Cause PremiÚre : c'est Dieu ;
  3. les ĂȘtres de notre univers sont « contingents », ils sont indiffĂ©rents Ă  exister ou Ă  ne pas exister : s'ils existent, c'est parce qu'un autre ĂȘtre, lui-mĂȘme contingent, les a amenĂ©s Ă  l'existence ; l'ensemble de tous les ĂȘtres contingents est lui-mĂȘme contingent, et lĂ  encore on ne peut pas remonter indĂ©finiment : il faut un « ĂȘtre nĂ©cessaire » (sinon, rien n'existerait, ce que Leibniz rĂ©sumait ainsi : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutĂŽt que rien ? »), un ĂȘtre qui ne peut pas ne pas exister ; comme il est nĂ©cessaire, il est nĂ©cessairement ce qu'il est, il ne peut pas ĂȘtre autre chose que ce qu'il est, il a donc en lui toutes les perfections possibles (sinon, il aurait pu avoir une perfection de plus, il aurait pu ĂȘtre diffĂ©rent de ce qu'il est ; de plus, une perfection possible qui existerait sans se trouver dans cet ĂȘtre nĂ©cessaire infiniment parfait, d'oĂč viendrait-elle ? qui lui communiquerait son existence ?) ;
  4. le degrĂ© de perfection des ĂȘtres : c'est une preuve reprise de Platon, qui a remarquĂ© qu'il y a des perfections dans les choses (bien, beau, amour, etc.) mais Ă  des degrĂ©s diffĂ©rents. Or il faut nĂ©cessairement qu'il y ait un Être qui possĂšde ces perfections Ă  un degrĂ© maximum, puisque dans la nature toutes les perfections sont limitĂ©es ;
  5. on observe un ordre dans la nature. Or Ă  tout ordre il faut une intelligence qui le commande. Cette Intelligence ordinatrice est celle de Dieu.

Les trois premiÚres preuves sont des formes différentes de l'argument de la cause premiÚre. Elles utilisent une régression infinie et invoquent Dieu pour y mettre fin. Le cinquiÚme argument est l'appel au dessein.

Les autres arguments, y compris l'argument ontologique de Saint Anselme, ne bĂ©nĂ©ficient pas de la recommandation de l'Église. L'argument de S. Anselme est considĂ©rĂ© comme Ă©ventuellement intĂ©ressant sur le plan de la spiritualitĂ© (de la mĂ©ditation), mais dĂ©nuĂ© de valeur probante (puisqu'on passe du domaine des idĂ©es Ă  une conclusion dans le domaine du rĂ©el). Le « pari de Pascal » est difficilement compatible avec l'enseignement de l'Église, puisqu'il met en valeur un aspect d'incertitude, lĂ  oĂč l'Église insiste sur la nĂ©cessitĂ© de parvenir Ă  une certitude (prĂ©alable Ă  l'acte de Foi).

Les autres arguments

  • L'argument historique : soutenu dans les premiĂšres sociĂ©tĂ©s du Proche-Orient ancien. L'homme serait trop anxieux pour avoir la possibilitĂ© de libĂ©rer lui-mĂȘme un esprit assez crĂ©atif afin de rĂ©soudre ses problĂšmes et ĂȘtre rĂ©ellement responsable des premiĂšres inventions. D'autre part, il serait trop Ă©gocentrique pour s'orienter de lui-mĂȘme vers une sociĂ©tĂ© organisĂ©e, sans qu'une force venue d'ailleurs la lui ait originellement imposĂ©e.
  • L'argument panthĂ©iste, qui dĂ©finit le divin comme le Tout[30]. Un des premiers Ă  dĂ©finir cet argument est Spinoza, bien que sans employer le mot de « panthĂ©isme »[31].
  • L'argument de la limite de la connaissance humaine qui par corollaire Ă©tablit un domaine au-delĂ  de ces limites – donc un domaine dans lequel on peut placer Dieu. Cet argument est proche de la notion de croyance proposĂ©e par Kant[32].
  • L'argument anthropique pour l'existence de Dieu, prĂ©sentĂ© par le Dr Gregory A. Boyd[33]. Il y est Ă©tabli que notre univers ne pourrait pas avoir crĂ©Ă© des ĂȘtres personnels (c'est-Ă -dire aimants, rationnels, conscients, moraux, et motivĂ©s par un but) sans que notre environnement le soit aussi, parce que sinon il ne nous correspondrait pas, et ce serait comme si la nature accouchait d'un poisson alors qu'elle ne contient pas d'eau.
  • L'argument tirĂ© de l'existence de la conscience, dĂ©fini par John Henry Newman. Selon ce thĂ©ologien du XIXe siĂšcle, canonisĂ© par l'Église catholique, l'existence de la conscience qui loue ou blĂąme nos actions implique nĂ©cessairement l'existence d'un Dieu PĂšre et juge[34].

Arguments contre l'existence de Dieu

L'existence de Dieu est invérifiable et donc vide de sens

Selon la théorie vérificationniste de la signification, le sens d'un énoncé est déterminé par ses conditions de vérification.

Or Dieu n'est pas un ĂȘtre dont l'existence puisse ĂȘtre testĂ©e empiriquement. En consĂ©quence, selon cette thĂ©orie, tout Ă©noncĂ© sur l'existence ou l'inexistence de Dieu — comme de nombreux concepts mĂ©taphysiques — est dĂ©pourvu de sens. L'intĂ©rĂȘt de cet argument est qu'il supprime le dĂ©bat concernant l'existence ou l'inexistence de Dieu, puisque cela n'est pas dĂ©montrable, dans un sens ou dans l'autre. L'argument provient de Rudolf Carnap, notamment dans « La tĂąche de la logique de la science » (1934)[35], et s'applique Ă  tout Ă©noncĂ© mĂ©taphysique, y compris l'existence de Dieu[36].

L'autre argument vient des principes fondamentaux de la logique rationnelle : c'est à la personne (ou au groupe) qui énonce une affirmation dans l'ordre du positif qu'il revient de prouver cette chose, et non à celle (ou celui) qui la réfute. C'est l'idée de Bertrand Russell et son expérience de pensée de la théiÚre de Russell[37].

Argument de la régression à l'infini

Cet argument se veut une réponse à l'argument de la cause premiÚre.

Il est souvent proposĂ© sous cette forme : Si Dieu permet d'expliquer la crĂ©ation du monde, d'oĂč provient la crĂ©ation de Dieu lui-mĂȘme ?

Ou bien : si tout a une cause, qu'est-ce qui cause Dieu ?

Mais en rĂ©alitĂ©, l'argument de la cause premiĂšre ne dit pas que tout a une cause (ce qui impliquerait effectivement une rĂ©gression Ă  l'infini), mais que tout a une raison d'ĂȘtre (soit en lui-mĂȘme, soit en une autre chose) ou, dans l'argument cosmologique du Kalam, que tout ce qui commence Ă  exister a une cause, mais Dieu n'est pas concernĂ© par cette affirmation, car il n'a pas commencĂ© Ă  exister.

C'est prĂ©cisĂ©ment pour Ă©viter la rĂ©gression Ă  l'infini que cet argument pose l'existence d'un ĂȘtre qui a en lui-mĂȘme sa raison d'ĂȘtre (il n'a pas besoin d'une cause extĂ©rieure Ă  lui : il existe par lui-mĂȘme, de toute Ă©ternitĂ©, en dehors du temps, sans rien recevoir de personne). C'est cet ĂȘtre existant par lui-mĂȘme (sans rien recevoir d'un autre) qui est appelĂ© Dieu.

On remarquera alors que si quelque chose peut ne pas commencer Ă  exister, alors l’univers peut ne pas commencer Ă  exister, et Dieu n’est donc plus nĂ©cessaire pour expliquer l’origine de l’univers. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, tout argument utilisĂ© pour dire que l’univers ne peut ĂȘtre incrĂ©Ă© s’applique Ă©galement Ă  Dieu. De plus, un ĂȘtre hors du temps qui « crĂ©e » ou « cause » l’univers pose un problĂšme de logique. Thomas d'Aquin tente de rĂ©soudre ce paradoxe dans l'une des quinque viae (Somme thĂ©ologique, Ia, q.2, art. 3)[38].

Dieu face Ă  un paradoxe logique

Dieu est omniscient (il sait tout) et omnipotent (il peut tout). Or, est-il capable de crĂ©er une pierre assez lourde pour qu'il ne puisse pas la soulever ? Si oui, il est donc omnipotent d'une part (crĂ©ation de la pierre) mais d'une autre, il ne peut la soulever et donc il n'est pas omnipotent[39]. D'autres paradoxes viennent de la contradiction entre ces deux attributs : Dieu peut-il faire, par exemple, que quelque chose qu'il sait devoir arriver n'arrive pas ? Ces divers paradoxes ont Ă©tĂ© abondamment discutĂ©s, en particulier au Moyen Âge[40].

Argument épistémique : l'argument de la superfluité

Cet argument présente la forme générale :

  1. Dieu n'est pas nécessaire pour expliquer le monde
  2. Or, il ne faut croire qu'aux entités nécessaires pour expliquer le monde
  3. Donc, il ne faut pas croire en Dieu

La seconde prĂ©misse correspond au rasoir d'Ockham disant que « les entitĂ©s ne doivent pas ĂȘtre multipliĂ©es par delĂ  ce qui est nĂ©cessaire ». Autrement dit, ne doit ĂȘtre postulĂ©e l'existence que de ce qui est nĂ©cessaire pour expliquer le monde.

Cette objection est consignée dans la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin :

« Ce qui peut ĂȘtre accompli par des principes en petit nombre ne se fait pas par des principes plus nombreux. Or, il semble bien que tous les phĂ©nomĂšnes observĂ©s dans le monde puissent s'accomplir par d'autres principes, si l'on suppose que Dieu n'existe pas ; car ce qui est naturel a pour principe la nature, et ce qui est libre a pour principe la raison humaine ou la volontĂ©. Il n'y a donc nulle nĂ©cessitĂ© de supposer que Dieu existe[41]. »

Soulignons que l'argument de la superfluitĂ© est un argument Ă©pistĂ©mique, c'est-Ă -dire qu'il montre qu'il ne faut pas croire en Dieu et non que Dieu n'existe pas. Pour reprendre l'expression de St Thomas « nulle nĂ©cessitĂ© de supposer que Dieu existe » n'implique pas que Dieu n'existe pas. Cet argument mĂšne ainsi au plus d'aprĂšs Peter van Inwagen Ă  une prĂ©somption d’agnosticisme, c'est-Ă -dire Ă  penser que la suspension du jugement quant Ă  l'existence de Dieu serait la position la plus raisonnable. D'aprĂšs van Inwagen, seule une preuve de l'inexistence de Dieu peut rendre raisonnable l'athĂ©isme, et non l'absence de preuves en faveur du thĂ©isme. Pour dĂ©fendre cette thĂšse, van Inwagen utilise une analogie : l'absence de preuves de l'existence d'intelligences extraterrestres ne justifie pas qu'on la rejette. En l'absence de preuve en faveur ou en dĂ©faveur, il est le plus raisonnable de ne rien croire au sujet des intelligences extraterrestres. Il en irait de mĂȘme pour Dieu[42].

Contre cette conclusion agnostique, des athĂ©es reprennent la devise d'Euclide de MĂ©gare : « Ce qui est affirmĂ© sans preuve peut ĂȘtre niĂ© sans preuve ». Le problĂšme est de savoir si le fait qu'il n'y ait aucune raison de croire qu'une entitĂ© existe suffit pour justifier l'affirmation qu'elle n'existe pas.

Validité de la premiÚre prémisse

Pour que la conclusion de l'argument de la superfluité soit vraie, encore faut-il que sa prémisse la plus discutable le soit, à savoir que l'on puisse expliquer tous les phénomÚnes existants sans invoquer Dieu.

La thĂ©ologie naturelle a longtemps fait prĂ©dominer l'idĂ©e que la complexitĂ© et l'ordre rĂ©gnant dans le monde, en particulier chez les ĂȘtres vivants, nĂ©cessitait l'existence de Dieu pour ĂȘtre expliquĂ©s (argument du dessein, dĂ©crit supra).

Ont notamment été invoqués comme phénomÚnes nécessitant l'existence de Dieu :

Si certains de ces phĂ©nomĂšnes ont reçu une explication scientifique ce n'est pas le cas de tous. La thĂ©orie synthĂ©tique de l'Ă©volution propose une explication de la diversitĂ© des formes vivantes, et en particulier de l'apparition des humains, sans recourir Ă  un crĂ©ateur. La conscience morale peut elle-mĂȘme s'expliquer en termes Ă©volutionnistes (cf supra), de mĂȘme diffĂ©rentes thĂ©ories sont avancĂ©es pour expliquer l'apparition de la vie. L'apparition du monde et l'apparition de la conscience posent bien plus de problĂšmes Ă  la science contemporaine (respectivement problĂšmes du Big Bang et problĂšme difficile de la conscience).

Toutefois, la premiĂšre prĂ©misse de l'argument de la superfluitĂ© affirme que tous les phĂ©nomĂšnes naturels peuvent recevoir une explication scientifique et non que celle-ci a Ă©tĂ© apportĂ©e en l'Ă©tat actuel de la science. Il s'agit ainsi d'une attitude philosophique de confiance dans le pouvoir explicatif de la science. La justification de cette prĂ©misse peut ainsi prendre la forme d'une induction Ă  partir des succĂšs explicatifs passĂ©s de la science : des explications scientifiques ont dĂ©jĂ  pu ĂȘtre fournies pour des phĂ©nomĂšnes dont on Ă©tait autrefois sĂ»r qu'ils requerraient l'existence de Dieu, il est donc probable que des explications scientifiques seront fournies Ă  l'avenir pour les phĂ©nomĂšnes dont l'explication requerraient aujourd'hui l'existence de Dieu.

Par ailleurs, quelle valeur a un « Dieu bouche-trou » qui n'est postulĂ© que pour combler les lacunes de la science ? Faire appel au divin est d'autant moins fournir une explication que l'origine mĂȘme du divin n'est pas expliquĂ©e (cf. argument de la rĂ©gression Ă  l'infini).

Arguments de l'indigence de la Création

L'argument de l'indigence de la CrĂ©ation provient de la question suivante : Comment Dieu, ĂȘtre parfait, aurait-il pu crĂ©er un monde imparfait ?

Il se présente sous la forme de la contraposée suivante :

  1. S'il existe un ĂȘtre parfait crĂ©ateur du monde (Dieu par dĂ©finition) alors sa CrĂ©ation est parfaite
  2. Or le monde est imparfait (prémisse empirique)
  3. Donc il n'existe pas un ĂȘtre parfait crĂ©ateur du monde

L'argument se décline sous plusieurs formes selon la maniÚre dont on spécifie la prémisse empirique. Est présenté ici l'argument de l'existence du mal et l'argument de l'existence de l'incroyance (le mal et l'incroyance étant proposés comme cas particuliers d'imperfection du monde)

Argument de l'existence du mal

Cet argument se rĂ©sume ainsi : Comment peut-il exister un CrĂ©ateur du monde omnipotent et bon sachant que le mal existe en ce monde ? De l'existence du mal sur la Terre il semble que l'on peut en conclure que celle-ci n'a pas Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par un ĂȘtre bon et omniscient. Deux attributs divins apparaissent en contradiction.

Dans sa formulation complĂšte, donnĂ©e par Lactance, le problĂšme est : « Dieu, ou veut Ă©liminer le mal et ne le peut (vult tollere mala neque potest), ou le peut et ne le veut pas (aut potest et non vult), ou ne le veut ni le peut (neque vult neque potest), ou le veut et le peut (potest et vult). S’il le veut et ne le peut, il est impuissant (inbecillus), ce qui ne convient pas Ă  Dieu (quod in deum non cadit). S’il le peut et ne le veut, il est mĂ©chant (invidus), ce qui est tout aussi Ă©tranger Ă  Dieu (aeque alienum a deo). S’il ne le peut ni ne le veut, il est Ă  la fois impuissant et mĂ©chant (inbecillus et invidus), il n’est donc pas Dieu. S’il le veut et le peut, ce qui convient Ă  Dieu, d’oĂč vient donc le mal ou pourquoi ne le supprime-t-il pas ? »[43]

Pour résoudre cette question les théologiens ont développé de nombreuses solutions que l'on nomme théodicées. On peut reprendre ici une typologie des théodicées dressée par Paul Clavier[44] :

  • Les thĂ©odicĂ©es optimistes
    • Les thĂ©odicĂ©es de la compensation, selon lesquelles le mal subi injustement dans cette vie sera compensĂ©e dans l'au-delĂ . Elles prĂȘtent le flanc Ă  la critique que certaines souffrances ne sauraient ĂȘtre dĂ©dommagĂ©es.
    • Les thĂ©odicĂ©es du prix de la libertĂ©. Dieu aurait crĂ©Ă© les humains douĂ©s de libre-arbitre, capable de choisir par eux-mĂȘmes entre le bien et le mal, l'existence du mal est la consĂ©quence nĂ©cessaire de la libertĂ© humaine. Cette rĂ©ponse est celle adoptĂ©e par de nombreux penseurs chrĂ©tiens, avec le concept de pĂ©chĂ© originel. Subsiste le problĂšme du mal naturel, catastrophes naturelles tels que raz-de-marĂ©e, Ă©ruptions volcaniques, et sĂ©ismes, qui peuvent, certes, ĂȘtre interprĂ©tĂ©es comme des punitions infligĂ©es Ă  des crĂ©atures dĂ©sobĂ©issantes, mais la souffrance ne fĂ»t-ce que d'un seul innocent paraĂźt intolĂ©rable. Il faut Ă©galement dĂ©fendre que la libertĂ© vaut un prix si Ă©levĂ©.
    • Les thĂ©odicĂ©es nĂ©gationnistes avançant que le mal n'existe pas. Le stoĂŻcisme peut correspondre Ă  une telle rĂ©ponse, selon lequel le monde est parfait, harmonieux et la douleur n'est qu'une illusion. Il suffit de supprimer cette reprĂ©sentation, par des exercices, pour vivre heureux.
  • Les thĂ©odicĂ©es tragiques
    • Les thĂ©odicĂ©es du « fait du prince ». Le mal est un choix divin dont les tenants et aboutissants nous dĂ©passent. Selon la formule consacrĂ©e, « les voies de Dieu sont impĂ©nĂ©trables ».
    • Les thĂ©odicĂ©es nĂ©gatives : Dieu n'est pas bon.
    • Les thĂ©odicĂ©es dualistes : Dieu est bon mais n'est pas tout-puissant, il doit composer avec une force du mal qui lui est extĂ©rieure. C'est la position du manichĂ©isme.

Une autre forme de contradiction peut ĂȘtre relevĂ©e. Si Dieu est tout-puissant, il doit pouvoir se dĂ©truire lui-mĂȘme, et alors il est possible qu'il ne soit plus et il n'est plus nĂ©cessaire qu'il soit Ă©ternel. Cet argument est assez faible, dans la mesure oĂč cette dĂ©finition de la toute-puissance, qui est une contradiction formelle intrinsĂšque, n'est celle d'aucune religion. Et que Dieu ne commet pas d'acte absurde ou illogique et qu'il faudrait une raison pour que Dieu se dĂ©truise et que les raisons habituelles du suicide (manque, souffrance, honte
) sont inconnues de Dieu.

Argument de l'existence de l'incroyance

Si Dieu existe pourquoi tolĂšre-il l'incroyance ? Pourquoi laisse-il certains humains dans l'ignorance de son existence alors qu'il pourrait se montrer Ă  eux pour que tous croient en lui ?

La théologie chrétienne répond que:

  1. l'évidence de Dieu est possible par la simple raison, Calvin allant jusqu'à dire qu'il existe un sens inné du divin (sensus divinitatis) et
  2. que Dieu nous a crĂ©Ă© libre de le reconnaĂźtre et que pour pouvoir pleinement jouir de cette libertĂ©, il doit nous laisser la possibilitĂ© de ne pas croire en Lui. Si certains ne croient pas en Dieu c'est parce que le pĂ©chĂ© fausse leur jugement. Dieu tolĂšre l'incroyance pour la mĂȘme raison qu'il tolĂšre le mal parce qu'il a crĂ©Ă© l'homme libre.
ThĂšse de Ludwig Feuerbach

Cette thĂšse, exposĂ©e dans L'Essence du christianisme par Ludwig Feuerbach[45], propose comme postulat de dĂ©part que Dieu est une crĂ©ation de l'esprit humain. Elle invalide donc a priori la question de la dĂ©monstration de l'existence ou de l'inexistence de celui-ci, et se propose seulement d'expliquer et de critiquer le besoin des communautĂ©s humaines Ă  croire en l'existence d'un ĂȘtre transcendant. Selon Feuerbach, la singularitĂ© des qualitĂ©s humaines manifestement exceptionnelles au regard du reste du monde connu — conscience, intelligence, crĂ©ativitĂ©, libertĂ© — conduit spontanĂ©ment les groupes humains Ă  attribuer celles-ci Ă  une puissance supĂ©rieure qui en serait Ă  l'origine : « L’ĂȘtre infini ou divin est l’ĂȘtre spirituel de l’homme, projetĂ© par l’homme en dehors de lui-mĂȘme et contemplĂ© comme un ĂȘtre indĂ©pendant. Dieu est esprit, cela, veut dire en vĂ©ritĂ© : l’esprit est Dieu. Tel est le sujet, tel est l’objet. »[46]. Il nomme ce transfert l'aliĂ©nation, dans le sens oĂč les hommes attribueraient Ă  un ĂȘtre extĂ©rieur et transcendant des qualitĂ©s qui leur sont propres. Cette thĂšse a eu une influence importante sur la pensĂ©e de Karl Marx, qui Ă©tend notamment dans le texte posthume ThĂšses sur Feuerbach[47] le concept d'aliĂ©nation propre au christianisme Ă  l'ensemble des rapports sociaux de production, Ă  travers le travail et la marchandise, en prolongeant et dĂ©passant le matĂ©rialisme de Feuerbach par ce qui deviendra le matĂ©rialisme historique.

Variante socio-politique

Selon certains philosophes, les religions ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es par des mouvements minoritaires et imposĂ©es ensuite par les pouvoirs politiques dominants Ă  des fins de fĂ©dĂ©ration des peuples. La foi accordĂ©e Ă  l'existence de dieu est liĂ©e Ă  la confiance envers les pouvoirs politiques ayant instituĂ© les religions correspondantes. Le philosophe Gilbert Boss disait Ă  ce sujet : « Une vieille opinion prĂ©sente les religions comme des instruments du pouvoir politique. D'une part, le pouvoir utilise les religions existantes, mais de l'autre, il les modifie selon ses besoins ou les invente. C'est ainsi que chez les Romains, Numa, le successeur de Romulus, passait pour le fondateur de leur religion, et les esprits Ă©veillĂ©s pensaient qu'il l'avait inventĂ©e en tant qu'instrument pour gouverner le peuple. On a pu attribuer Ă  MoĂŻse et Ă  d'autres un rĂŽle similaire. C'est dire que de tout temps l'invention religieuse est loin d'ĂȘtre apparue comme une aberration parmi les esprits lucides. »[48]

Variante neuroscientifique et Ă©volutionniste

Pour Stephen Jay Gould, la science et l'existence ou non de Dieu sont des choses indĂ©pendantes et non connectĂ©es. La science peut expliquer comment on croit, elle peut Ă©tudier le phĂ©nomĂšne de la croyance mais elle ne s'intĂ©resse pas Ă  l'existence de Dieu. Son existence et la preuve de son existence sont des domaines de la philosophie et de la thĂ©ologie. Dieu ne fait pas partie du champ d'application de la science analytique. C'est par consĂ©quent uniquement sur le plan de la philosophie que les arguments scientifiques sur l'inexistence de Dieu peuvent ĂȘtre mis en place[49].

Selon la thĂšse de Ludwig Feuerbach, « L'homme crĂ©a Dieu Ă  son image », Dieu est prĂ©sentĂ© par Feuerbach comme une projection des dĂ©sirs de l’homme[50]. Pour Feuerbach, L'idĂ©e du divin est utilisĂ©e comme un moyen de transcender les questions psychiques liĂ©es aux capacitĂ©s cognitives humaines. De telles projections d'une rĂ©alitĂ© idĂ©ale remplissent leur fonction psychologique d'illusions bienfaisantes[51]. Les Ă©tudes rĂ©centes en neurosciences, semblent corroborer Feueubach et confirmeraient que l'idĂ©e de Dieu est une Ă©manation du cerveau humain. En mai 2008, Nicholas Epley montrait Ă  l'aide de l'imagerie fonctionnelle cĂ©rĂ©brale que les croyants attribuent Ă  Dieu leur propre opinion sur des questions de sociĂ©tĂ© telles que l'avortement, le mariage homosexuel ou la peine de mort. L'Ă©quipe d'Epley a constatĂ© que le fait de penser Ă  Dieu active le cortex prĂ©frontal mĂ©dian, une zone du cerveau connue pour sous-tendre la « pensĂ©e autorĂ©fĂ©rentielle ». Cette zone s'active quand on parle de soi, qu'on exprime son opinion ou qu'on dĂ©veloppe ses analyses, mais reste silencieuse lorsqu'on Ă©voque les autres. Dans le cerveau des croyants, ce sont les mĂȘmes zones qui s'activent quand ils pensent Ă  Dieu ou Ă  eux-mĂȘmes. Les croyants crĂ©ent donc Dieu Ă  leur image[52] - [53]. Selon l'anthropologue Dan Sperber, le cerveau humain serait prĂ©disposĂ© Ă  croire et cette permĂ©abilitĂ© aux idĂ©es religieuses proviendrait de la façon dont fonctionne la pensĂ©e humaine, plus particuliĂšrement de la façon dont le cerveau construit une reprĂ©sentation du monde naturel[54].

Depuis la fin des années 1990, de nombreuses recherches neuroscientifiques vont dans le sens d'une explication physiologique de la croyance en Dieu. Celle-ci aurait été sélectionnée au cours de l'évolution du vivant. Les avantages évolutifs de la foi seraient la cohésion du groupe et la réduction de l'anxiété[55]

Les travaux de l'Ă©quipe de Jacqueline Borg de l'universitĂ© Karolinska de Stockholm ont dĂ©montrĂ© que la religiositĂ©, c'est-Ă -dire la propension Ă  voir le monde comme habitĂ© par le divin, dĂ©pendrait du taux de sĂ©rotonine, un neurotransmetteur dĂ©jĂ  connu pour ĂȘtre susceptible d'engendrer des Ă©tats similaires Ă  ceux produits par certains psychotropes : modifications de la perception sensorielle, hallucinations, sensation de fusion avec le monde. Soit les sensations que les mystiques Ă©prouvent au cours de leurs Ă©tats extatiques[56]. Pour autant, la sĂ©rotonine n'est pas une «molĂ©cule de la foi» : si la croyance en Dieu peut ĂȘtre favorisĂ©e par l'action d'une molĂ©cule comme la sĂ©rotonine, elle ne peut en aucun cas se rĂ©sumer Ă  son action exclusive. Par ailleurs, une Ă©tude allemande de 2002 suggĂšre que d’autres neurotransmetteurs, notamment les opioĂŻdes (connus pour jouer un rĂŽle important dans la sensation de douleur) pourraient ĂȘtre impliquĂ©s dans la cognition religieuse[57].

De fait, la structure du cerveau nous programmerait Ă©galement Ă  croire : c'est ce qu'a dĂ©montrĂ© en 2001 une expĂ©rience menĂ©e avec huit moines tibĂ©tains plongĂ©s dans un Ă©tat de mĂ©ditation dĂ©bouchant sur une sensation de symbiose. On a remarquĂ© que plus la mĂ©ditation semblait profonde, et plus l'activitĂ© du cortex pariĂ©tal supĂ©rieur Ă©tait ralentie. Or il se trouve que l'une des fonctions de cette zone cĂ©rĂ©brale permet de distinguer son corps de l'environnement et de s'orienter dans l'espace. D'oĂč l'Ă©mergence, chez les moines Ă©tudiĂ©s, d'altĂ©rations de la perception ainsi que de la sensation de fusionner avec l'Univers[58].

Ce ne serait pas la seule zone du cerveau concernĂ©e. Les recherches du neurobiologiste amĂ©ricain Michael Persinger suggĂšrent « que la stimulation Ă©lectromagnĂ©tique des lobes temporaux, ces aires localisĂ©es au niveau des tempes, dĂ©clencherait la sensation d’avoir Ă  ses cĂŽtĂ©s une prĂ©sence divine ». Ces aires pourraient donc ĂȘtre impliquĂ©es dans l’aptitude Ă  ressentir une prĂ©sence divine.[59]

L'impression de sortir hors du corps est due à l'activation d'une zone trÚs restreinte du cortex temporal, le gyrus angulaire. L'effet spectaculaire de l'impression de sortir du corps lors de l'activation du gyrus angulaire a été mise en évidence en 2002 par le neurologue suisse Olaf Blanke[60].

Notes et références

  1. Anselme de Canterbury, Proslogion, XIe siĂšcle, chapitres 2 et suivants
  2. Émile BrĂ©hier, Histoire de la philosophie, 1926-1932, p. 507.
  3. Méditations Métaphysiques, René Descartes, Méditation cinquiÚme : De l'essence des choses matérielles ; et, derechef de Dieu, qu'il existe accÚs en ligne
  4. « Quand donc je pense une chose, si nombreux que soient les prĂ©dicats au moyen desquels je veux la penser (mĂȘme en la dĂ©terminant complĂštement), par cela seul que j'ajoute que cette chose existe, je n'ajoute rien Ă  cette chose. Car autrement ce ne serait plus la mĂȘme chose qui existerait mais quelque chose de plus que ce que j'ai pensĂ© dans le concept, et je ne pourrais plus dire que c'est exactement l'objet de mon concept qui existe. » Emmanuel Kant in Critique de la raison pure, Dialectique transcendantale ch. III, 4e section
  5. Pour une autre présentation, Mathieu Horeau, Emmanuel Kant et le concept de Dieu, in Philosophie Magazine no 5, décembre 2006 article en ligne
  6. Stanford Encyclopedia of Philosophy article "cosmological argument"
  7. William Lane Craig, The Kalam Cosmological Argument. London: MacMillan. 1979.
  8. Quentin Smith, "Kalam Cosmological Argument for Atheism", in Michael Martin (ed.), The Cambridge Companion to Atheism, Cambridge University Press, 2007, p. 183: « a count of the articles in the philosophy journals shows that more articles have been published about Craig’s defense of the Kalam argument than have been published about any other philosopher’s contemporary formulation of an argument for God’s existence »
  9. Frederic Guillaud, Dieu existe, arguments philosophiques, Paris, Cerf, 2013, p. 209-264.
  10. Frédéric Guillaud, Dieu existe, arguments philosophiques, Paris, Cerf, 2013, pp. 211-212
  11. (en) Alexander Pruss, The Blackwell Companion to Natural Theology, , p.24-100.
  12. (en) Joshua Rasmussen, « Cosmological Arguments from Contingency », Philosophy Compass,‎ (lire en ligne)
  13. Fernand Van Steenberghen, « Le problĂšme philosophique de l'existence de Dieu », Revue philosophique de Louvain,‎ , p. 303-304 (lire en ligne)
  14. (en) David Hume, Dialogues concerning natural religion, (lire en ligne)
  15. Jean-Nicolas Tournier, Le vivant décodé: quelle nouvelle définition donner à la vie ?, 2005, page 111-112
  16. William Paley Natural Theology, 1802
  17. Voltaire Les Cabales, 1772
  18. Antoine Grandjean, La patience des concepts, La vie des idées, 28 octobre 2009
  19. Les frĂšres Karamazov, Folio Classique, Paris, 1994, p. 740.
  20. William Lane Craig, Reasonable Faith, rd edition, Crossway, 2008, p. 173
  21. Cicéron, De natura deorum, Livre 1, partie XVII, [44]
  22. Albert, Paul, Histoire de la littérature romaine. Tome premier, C. Delagrave, 1871 (chapitre 6, note 43)
  23. Tucker, Ruth A. "God Talk: Cautions for Those Who Hear God's Voice", 2005, Page 50.
  24. Pour une discussion détaillée, Philip A. Pecorino Chapter 3: Philosophy of Religion Proofs for the Existence of God Argument from Revelation
  25. AbbĂ© Bernard Lucien, ApologĂ©tique – La crĂ©dibilitĂ© de la RĂ©vĂ©lation divine transmise aux hommes par JĂ©sus-Christ, Brannay, Éditions Nuntiavit, , 650 p. (ISBN 978-2-916455-27-3)
  26. Étienne Gilson, Jean Duns Scot: introduction Ă  ses positions fondamentales, Paris, Vrin (Librairie Philosophique Jean Vrin), 1952, rĂ©Ă©dition: 2018, 700 p. (ISBN 978-2711-602889), chp. 1, p. 11-84 notamment (sur les rapports entre mĂ©taphysique et thĂ©ologie)
  27. Magnard, Pierre, 19.-, Le Dieu des philosophes, Mame, (ISBN 2-7113-0506-6 et 978-2-7113-0506-3, OCLC 409729728, lire en ligne)
  28. Blaise Pascal, PensĂ©es, in Pascal, ƒuvres ComplĂštes, Paris, Éditions du Seuil, , 680 p. (lire en ligne), Lafuma 887: «Descartes inutile et incertain», p. 615
  29. Une section entiĂšre de l'encyclique, intitulĂ©e La constante nouveautĂ© de la pensĂ©e de saint Thomas d'Aquin, lui est dĂ©diĂ©e « texte en ligne sur le site du Vatican »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)
  30. Panthéisme, Idées et Méthodes, cosmovisions.com
  31. Spinoza, L’Éthique, Partie 1 De Dieu, proposition 11, 1677
  32. Kant, Emmanuel Kant et le concept de Dieu, par Mathieu Horeau, Phisolophie Mag no 5, philomag.com
  33. dans son ouvrage Ă©pistolaire "Letters from a Skeptic" (correspondance no 8)Philosophy for Christians, anyone? Correspondence #8: Why believe in God in the first place?
  34. A. J. Boekraad and H. Tristram, The argument from conscience to the existence of God according to J. H. Newman, Louvain, Éd. Nauwelaerts, 1961.
  35. Rudolf Carnap, « La tùche de la logique de la science », in Sandra Laugier et Pierre Wagner (éd.), Philosophie des sciences, vol. 1, Paris, Vrin, 2004, p. 194-229. Les éditeurs précisent que cet argument anti-métaphysique trouve son origine chez David Hume.
  36. Philippe Thiry, L'Existence de Dieu : Les arguments de l'agnosticisme, de l'athéisme et du théisme, Presses universitaires de Namur, 1996, p. 35.
  37. Bertrand Russell « Is There A God ? », 1952. Richard Dawkins reprend et commente cet argument dans A Devil's Chaplain, 2003.
  38. Pour l'utilisation théiste ou athée de l'argument : Bernard SÚve, La question philosophique de l'existence de Dieu, Paris, PUF, 2010, ch. « Les preuves cosmologiques », et Philippe Thiry, L'Existence de Dieu : Les arguments de l'agnosticisme, de l'athéisme et du théisme, Presses universitaires de Namur, 1996, p. 145.
  39. Le « paradoxe de la pierre » a été formulé par C. Wade Savage, dans un article éponyme : « The Paradox of the Stone », The Philosophical Review, vol. 76, n°1 (Jan., 1967), p. 74-79. Le philosophe Frédéric Nef traite partiellement de la question de l'omnipotence dans « La simplicité divine comme propriété positive » , ThéoRÚmes, 2 | 2012, mis en ligne le 16 décembre 2014, consulté le 30 mai 2016.
  40. On trouve une discussion du caractĂšre paradoxal de l'omnipotence dans les analyses de Thomas d'Aquin et de Duns Scot notamment.
  41. Thomas d’Aquin, Somme thĂ©ologique, partie I, question 2, article 3.
  42. Peter van Inwagen Is God an Unnecessary Hypothesis? in God and the Ethics of Belief : New Essays in Philosophy of Religion, Cambridge, Cambridge University Press, 2005
  43. Lactance, De ira dei, 13, 20-2
  44. Les thĂ©odicĂ©es, entre mauvaises excuses et fins de non-recevoir Klesis – Revue philosophique – 2010 : 17 – Philosophie analytique de la religion accĂšs en ligne
  45. Ludwig Feuerbach, traduit par Joseph Roy, Essence du christianisme, 1864, ouvrage en ligne.
  46. L’Essence du christianisme (das Wesen des Christenthums), Leipzig, 1841.
  47. « ThĂšses sur Feuerbach », Karl Marx, dans ƒuvres, Karl Marx, Maximilien Rubel, Ă©d. Gallimard, coll. BibliothĂšque de la PlĂ©iade, 1982 (ISBN 978-2-07-010991-3), vol. III (Philosophie), p. 1033.
  48. Gilbert Boss, « Invention de religions », (consulté le ).
  49. Stephen Jay Gould, Et Dieu dit : « que Darwin soit », Paris, Seuil, , 224 p. (ISBN 2-02-038198-2), p. 15 :
    « Je ne vois pas comment l’on pourrait unifier ou seulement synthĂ©tiser science et religion en un projet commun d’explication ou d’analyse ; mais je ne comprends pas non plus pourquoi ces deux entreprises devraient se trouver en conflit. La science s’efforce de rendre compte des faits du monde naturel et de construire des thĂ©ories pour les relier et les expliquer. La religion, quant Ă  elle, s’occupe d’un domaine non moins important mais totalement diffĂ©rent, celui de nos buts, options et valeurs – questions que le point de vue scientifique peut sans doute Ă©clairer, mais en aucun cas rĂ©soudre. En particulier, s’il est certain que les scientifiques doivent respecter des principes Ă©thiques, dont certains liĂ©s Ă  leur domaine particulier, la validitĂ© de ces principes ne saurait ĂȘtre dĂ©duite de leurs dĂ©couvertes factuelles. Je propose de rĂ©sumer ce principe majeur de respect mutuel sans interfĂ©rence – qui n’exclut pas un intensif dialogue entre les deux secteurs, chacun s’occupant d’une facette essentielle de l’existence humaine – en Ă©nonçant le principe de NOMA, NOn-empiĂštement des MAgistĂšres. »
  50. (de) Ludwig Feuerbach, Vorlesungen ĂŒber das Wesen der Religion, XX. Vorlesung, Leipzig, 1851 « (Cours sur l'Essence de la religion, XXe cours »).
  51. Alexandre Ganoczy, Christianisme et neurosciences, « Le divin est Dieu : sens d'une division sĂ©mantique », Éditions Odile Jacobs, p. 295
  52. (en) N. Epley, « Creating God in one’s own image », colloque annuel de l'Association for Psychological Science, Chicago, IL.
  53. Sébastien Bohler, « Dieu, c'est Moi ! », Pour la Science, février 2010.
  54. « Aux origines du Sacré et des dieux », Les Cahiers de Science & Vie, no 124, août-septembre 2011, p. 104-108.
  55. « Pourquoi Dieu ne disparaßtra jamais », Science & Vie, no 1055, août 2005.
  56. Jacqueline Borg, Andrée Bengt, Henrik Soderstrom and Lars Farde, «The serotonin system and spiritual experiences.», Am J Psychiatry. 2003 Nov;160(11):1965-9., PMID 14512668
  57. Roth BL, Baner K, Westkaemper R, Siebert D, Rice KC, Steinberg S, Ernsberger P, Rothman RB: Salvinorin A: a potent naturally occurring nonnitrogenous kappa opioid selective agonist. Proc Natl Acad Sci États-Unis 2002; 99:11934–11939
  58. Rachad Armanios, Des scientifiques dĂ©couvrent une «molĂ©cule de la foi», Le Courrier, 09 AOĂ»T 2005Rachad Armanios, « Des scientifiques dĂ©couvrent une «molĂ©cule de la foi» », dans Sarah Ansari et Vanessa Martin (dir.), Women, Religion and Culture in Iran, Le Courrier, (consultĂ© le ) : « Les femmes et leurs droits se trouvent dĂ©sormais au cƓur des dĂ©bats jurisprudentiels oĂč s’affrontent les visions rĂ©formatrices et conservatrices. », p. 169-188
  59. Nicolas Revoy, Pourquoi Dieu ne disparaßtra jamais, Sciences et Vie N°1055 - août 2005
  60. Blanke O, Landis T, Spinelli L, Seeck M., Out-of-body experience and autoscopy of neurological origin, Brain. 2004 Feb;127(Pt 2):243-58. Epub 2003 Dec 8. Erratum in: Brain. 2004 Mar;127(Pt 3):719. PMID 14662516

Voir aussi

Philosophie classique

Philosophie contemporaine

  • FrĂ©dĂ©ric Guillaud, Dieu existe (Arguments philosophiques), coll. La Nuit surveillĂ©e, Paris, Ă©ditions du Cerf, 2013.
  • Emanuela Scribano, Histoire de la preuve ontologique de Descartes Ă  Kant, Paris, Seuil, , 351 p. (ISBN 978-2-02-041738-9, lire en ligne)
  • Bernard SĂšve, La Question philosophique de l'existence de Dieu, Paris, Presses universitaires de France, , 329 p. (ISBN 978-2-13-046124-1, OCLC 30365149)
  • Claude Tresmontant, Comment se pose aujourd'hui le problĂšme de l'existence de Dieu, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Livre de vie » (no 108), , 471 p. (ISBN 978-2-02-052640-1, OCLC 1039270)

ÉpistĂ©mologie

  • Philippe Thiry, L'existence de Dieu : Les arguments de l'agnosticisme de l'athĂ©isme et du thĂ©isme, Ă©d. Presses universitaires de Namur, 1996, extraits en ligne
  • Richard Dawkins (trad. de l'anglais par Marie-France Desjeux-Lefort), Pour en finir avec Dieu, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 255), , 525 p. (ISBN 978-2-262-02986-9, OCLC 470751360, BNF 41421399).

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.