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Arctosa fulvolineata

Arctosa fulvolineata est une espèce d'araignées aranéomorphes de la famille des Lycosidae[1]. Cette Araignée-loup, dont la longueur de la femelle dépasse le centimètre, est brun-roux et présente un céphalothorax et un abdomen bruns ornés de bandes plus foncées et d'une tache médiane jaune nette qui lui a donné son nom.

Arctosa fulvolineata
Description de cette image, également commentée ci-après
Arctosa fulvolineata, illustration originale d'Hippolyte Lucas de 1846.

Espèce

Arctosa fulvolineata
(Lucas, 1846)

Synonymes

  • Lycosa fulvolineata Lucas, 1846
  • Lycosa subfasciata Simon, 1876
  • Lycosa subterranea L. Koch, 1882
  • Lycosa perspicax L. Koch, 1882

Distribution

Cette espèce se rencontre en Europe de l'Ouest, en Afrique du Nord et sur la péninsule anatolienne[1].

Elle a été observée en Grande-Bretagne, en Belgique, en France y compris en Corse, au Portugal, en Espagne y compris aux îles Baléares, en Italie y compris en Sardaigne et en Sicile, en Slovénie, en Algérie, en Tunisie, en Libye et en Turquie[2].

Écologie

Pré-salé de la Baie de Saint-Brieuc
Prés salés de Warham (Comté de Norfolk, Angleterre)

Cette espèce vit près de la côte dans les prés salés[2] et près des bords marécageux des rivières et des lacs. Elle vit sous les pierres, dans les amas de vase, parmi les débris accumulés et les crevasses de vase sèche. Elle semble apprécier la litière profonde et complexe générée par un faible taux de décomposition[3] - [4].

Description

Les mâles mesurent de 7,5 Ă  8,5 mm et les femelles de 10 Ă  12 mm[5].

Arctosa fulvolineata prĂ©sente un cĂ©phalothorax brun foncĂ© couvert de poils, et ornĂ©, dans sa partie mĂ©diane, d'une bande brillante vaguement dentelĂ©e mais peu apparente. Des bandes Ă©troites, indistinctes et souvent brisĂ©es s'Ă©chappent Ă©galement sur ses flancs. Il mesure 5,3 Ă  6,0 mm chez la femelle et 3,5 Ă  4,9 mm chez le mâle. Les yeux sont noirs, les intermĂ©diaires Ă©tant beaucoup plus gros que les latĂ©raux. Les chĂ©licères sont allongĂ©es, robustes, brun foncĂ© et hĂ©rissĂ©es de poils fauves ; les crochets sont courts, noirs Ă  la naissance, rougeâtres Ă  leur extrĂ©mitĂ© et prĂ©sentent 2 dents sur le bord du sillon chĂ©licĂ©ral, l'ensemble de ces organes Ă©tant parsemĂ© de poils noirâtres[3] - [2] - [6].

Les pédipalpes, les palpes, ainsi que les pattes, sont courts, robustes, brun roux, couverts de poils fauves, et entremêlés de soies allongées et brun noirâtre. La coxa et d'autres petites parties des pattes sont roux clair et revêtues de poils courts[3] - [6].

L'opisthosome est assez allongé, couvert de poils brun foncé, orné de deux bandes longitudinales plus foncées encadrant dans la partie médiane, une tache assez large, nette et formée de poils jaune clair à laquelle s'ajoutent parfois deux petites taches jaunes à l'arrière. En dessous et sur ses parties latérales, l'abdomen est roux. Les filières sont courtes, peu saillantes, d'un roux clair. l'épigyne est une fossette assez grande, presque carrée, cependant un peu plus large que longue[3] - [5] - [2] - [6] - [7].

Biologie

Arctosa fulvolineata est une espèce nocturne dominante des prés-salés européens avec la diurne Pardosa purbeckensis. Elle est la cheffe de file d'une cohorte composée d'autres araignées vagabondes nocturnes comprenant principalement Agroeca lusatica, Clubiona stagnatilis et Zelotes latreillei[4].

Arctosa fulvolineata est une prĂ©datrice qui se nourrit principalement d'Amphipodes. Ceux-ci constituent une source de nourriture très abondante dans les prĂ©s salĂ©s : jusqu'Ă  1 000 individus par m2 pour Orchestia gammarellus par exemple[4].

Comme la majorité des Araignées-loups, la femelle Arctosa fulvolineata conserve son cocon sous son abdomen, attaché à ses filières[5].

Parmi les Araignées-loups, Arctosa fulvolineata est particulièrement adaptée au milieu salin. Elle est capable d'excréter du chlorure de sodium par ses glandes coxales à l'instar des glandes à sel et d'ajuster son osmolalité interne par l'accumulation de solutés compatibles comme l'alanine ; une réponse commune des animaux exposés au sel durant laquelle de grandes quantités d'acides aminés libres s'accumulent, ce qui améliore la régulation en douceur de l'organisme. Néanmoins, la salinité a un fort impact délétère sur la ponte des œufs et de faibles taux de sel lui sont nécessaires pour assurer sa reproduction[8].

Les prĂ©s-salĂ©s sont rĂ©gulièrement inondĂ©s Ă  chaque marĂ©e haute. Pour survivre Ă  la submersion, cette espèce ne migre pas mais se met en coma hypoxique c'est-Ă -dire dans un Ă©tat non rĂ©actif, mais non dormant, respirant lentement depuis sa propre rĂ©serve d'air. Les pĂ©riodes d'immersion durent gĂ©nĂ©ralement de 2 Ă  4 heures mais sa capacitĂ© Ă  supporter cet Ă©tat sans effet secondaire peut aller jusqu'Ă  environ 16 heures et sa survie n'est remise en cause qu'Ă  partir de 36 heures[9].

Menace et protection

Depuis le milieu des années 1990, les marais salants européens sont colonisés par la graminée invasive Elymus athericus qui remplace l'indigène Halimione portulacoides. Ce changement brusque, qui génère des plantes plus hautes et une litière plus profonde et plus aérée, semble favoriser les populations d'Arctosa fulvolineata contrairement à l'araignée diurne Pardosa purbeckensis et à sa cohorte dont les populations ont drastiquement chuté depuis son arrivée[4].

Arctosa fulvolineata est classée comme espèce menacée au niveau national au Royaume-Uni[10] et appartient à la catégorie des « espèces rares » de la Convention de Ramsar[4].

Confusion possible

Arctosa leopardus est une espèce morphologiquement proche qui vit dans les marécages. Elle est plus petite et son abdomen, qui est également orné d'une tache cardiaque, est plus sombre[5].

Taxinomie

Cette espèce a été décrite sous le protonyme Lycosa fulvolineata par Lucas en 1846. Elle est placée dans le genre Leaena par Dahl en 1908[11] puis dans le genre Arctosa par Lugetti et Tongiorgi en 1965[12].

Lycosa subfasciata[6] a été placée en synonymie par Simon en 1937[13].

Lycosa subterranea[7] a été placée en synonymie par Lugetti et Tongiorgi en 1965[12].

Lycosa perspicax[7] a été placée en synonymie par Bosmans et Van Keer en 2012[14].

Arctosa fulvolineata a été décrite par Lucas à partir de récoltes effectuées en Algérie dans les environs d'El Kala, les marais du lac Tonga et sur les bords marécageux de la rivière Saf-Saf à proximité de Skikda[3]. Le synonyme Lycosa perspicax est décrit par Koch depuis la vallée de Sóller à Majorque[7] alors que le synonyme Lycosa subfaciata est décrit par Simon depuis les montagnes du nord de l'Espagne[6].

Publication originale

  • Hippolyte Lucas, « Histoire naturelle des animaux articules. »Exploration scientifique de l'AlgĂ©rie : pendant les annĂ©es 1840, 1841, 1842 publiĂ©e par ordre du Gouvernement et avec le concours d'une commission acadĂ©mique (Première partie CrustacĂ©s, Arcnides, Myriapodes et Hexapodes), Paris, Imprimerie royale, , 402 p. (texte intĂ©gral, diagnose originale de l'espèce).

Notes et références

  1. WSC, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  2. (en) Nentwig W., Blick T., Bosmans R., Gloor D., Hänggi A., Kropf C., « Spiders of Europe », sur Araneae, version 11.2021.
  3. Hippolyte Lucas, « Histoire naturelle des animaux articules. »Exploration scientifique de l'Algérie : pendant les années 1840, 1841, 1842 publiée par ordre du Gouvernement et avec le concours d'une commission académique (Première partie Crustacés, Arcnides, Myriapodes et Hexapodes), Paris, Imprimerie royale, , 402 p. (lire en ligne)
  4. (en) Julien Pétillon, Frédéric Ysnel, Jean-Claude Lefeuvre & Alain Canard, « Are salt marsh invasions by the grass Elymus athericus a threat for two dominant halophilic Wolf spiders? », The Journal of Arachnology, vol. 33, no 2,‎ , p. 236-242 (DOI 10.1636/CT-04-121.1, lire en ligne)
  5. Michael J. Roberts, Araignées de France et d'Europe, Paris, Delachaux & Niestlé, , 383 p. (ISBN 9782603020432)
  6. Simon, 1876 : Les arachnides de France. Paris, vol. 3, p. 1-364 (texte intégral).
  7. L. Koch, 1882 : « Zoologische Ergebnisse von excursionen auf den Balearen. II: Arachniden und Myriapoden. » Verhandlungen der Kaiserlich-Königlichen Zoologisch-Botanischen Gesellschaft in Wien, vol. 31, p. 625-678 (texte intégral).
  8. (en) Natacha Foucreau et al., « Effects of diet and salinity on the survival, egg laying and metabolic fingerprints of the ground-dwelling spider Arctosa fulvolineata (Araneae, Lycosidae) », Comparative Biochemistry and Physiology Part A: Molecular & Integrative Physiology, vol. 163, nos 3–4,‎ , p. 388-395 (DOI 10.1016/j.cbpa.2012.07.001).
  9. (en) Pétillon Julien, Montaigne William & Renault David, « Hypoxic coma as a strategy to survive inundation in a salt-marsh inhabiting spider », Biology Letters, vol. 5, no 4,‎ , p. 5442–5445 (DOI 10.1098/rsbl.2009.0127)
  10. (en) Harvey, P.R., D.R. Nellist & M.G. Telfer, Provisional Atlas of British Spiders (Arachnida, Araneae), vol. 1 & 2, Huntington, Biological Records Centre, , 1-406 p.
  11. Dahl, 1908 : « Die Lycosiden oder Wolfspinnen Deutschlands und ihre Stellung im Haushalt der Natur. Nach statistischen Untersuchungen dargestellt. » Nova Acta, Abhandlungen der Kaiserlichen Leopoldinisch-Carolinischen Deutschen Akademie der Naturforscher, vol. 88, no 3, p. 175-678.
  12. Lugetti & Tongiorgi, 1965 : « Revisione delle specie italiane dei generi Arctosa C. L. Koch e Tricca Simon con note su una Acantholycosa delle Alpi Giulie (Araneae-Lycosidae). » Redia, vol. 49, p. 165-229.
  13. Simon, 1937 : Les arachnides de France. Tome VI. Synopsis générale et catalogue des espèces françaises de l'ordre des Araneae; 5e et dernière partie, vol. 6, p. 979-1298.
  14. Bosmans & Van Keer, 2012 : « On the spider species described by L. Koch in 1882 from the Balearic Islands (Araneae). » Arachnologische Mitteilungen, vol. 43, p. 5-16.

Liens externes

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