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Arado Ar 232

L’Arado Ar 232 est un avion de transport militaire allemand de la Seconde Guerre mondiale. Avec son aile haute, un empennage surélevé permettant d’accéder à la soute au moyen d’une rampe arrière et un train d’atterrissage autorisant les opérations depuis des terrains sommairement aménagés, ce cargo militaire surnommé Tausendfüssler (Mille-pattes) en raison de son train d’atterrissage très particulier fut le premier avion de transport tactique moderne. Mais il ne fut pas produit en grande série, la Luftwaffe ayant dès 1942 préféré commander des avions de combat, s’appuyant sur une large flotte d’appareils existants pour assurer ses missions de transport.

Arado Ar 232B-0
Vue de l'avion.
Ar 232B-07 [A3+RB] du 3./KG 200 capturé par les Forces britanniques à Eggebek, (Schleswig-Holstein) en Allemagne, en 1945. Testé par la Royal Aircraft Establishment, à Farnborough (GB), il fut plus tard démoli en 1947.

Constructeur Arado Flugzeugwerke GmbH
RĂ´le Avion de transport tactique
Premier vol
Mise en service [1]
Date de retrait
Nombre construits 21
Équipage
4 (Pilote, Navigateur, Opérateur radio & Responsable de chargement)
Motorisation
Moteur BMW-Bramo 323R-2 Fafnir (en)
Nombre 4
Type 9 cylindres en Ă©toile
Puissance unitaire 1 200 ch
Dimensions
Envergure 33,50 m
Longueur 23,52 m
Hauteur 6,6 m
Surface alaire 142,60 m2
Masses
Ă€ vide 12 800 kg
Maximale 20 000 kg
Performances
Vitesse maximale 290 km/h
Plafond 8 000 m
Armement
Interne 1 canon MG 151 de 20 mm en tourelle tĂ©lĂ©commandĂ©e
2 ou 3 mitrailleuses MG 131 de 13 mm orientables

Origine et description

Plus de 500 Junkers Ju 52 Ă©taient entrĂ©s en service au , quand le Reichsluftfahrtministerium envisagea le remplacement de ce trimoteur. Il sollicita donc fin 1939 les constructeurs Arado, Fieseler et Henschel afin d’obtenir un appareil dont le chargement pourrait ĂŞtre rĂ©alisĂ© par l’arrière, utilisant deux moteurs BMW 801A/B de 1 600 ch. Ce moteur Ă©tait encore au stade prototype et n’équipait donc aucun avion de première ligne. Après Ă©tude des avant-projets, celui d’Arado, encore dĂ©signĂ© E440, fut retenu et trois prototypes commandĂ©s en 1940.

RĂ©alisĂ© sous la direction de Wilhelm van Nes, l’Ar 232 se prĂ©sentait comme un monoplan Ă  aile haute très fortement hypersustentĂ©e, la totalitĂ© du bord de fuite pouvant reculer tout en s’abaissant. Le fuselage offrait directement derrière le poste de pilotage une soute de 6,6 m de long, 2,3 m de large et 2,0 m de haut. Cette soute Ă©tait fermĂ©e Ă  l’arrière par deux demi-coques Ă  commande hydraulique, le plancher de soute se situant Ă  hauteur du plateau des camions de la Wehrmacht. Pour faciliter l’approche de ces derniers ou de vĂ©hicules lĂ©gers pouvant ĂŞtre chargĂ©s au moyen de rampes (2 KĂĽbelwagen pouvaient prendre place dans le fuselage), l’empennage Ă©tait supportĂ© par une poutre fixĂ©e Ă  l’arrière du longeron principal de l’aile.

La principale originalité de cet appareil était son train d’atterrissage. Le classique atterrisseur tricycle à commande hydraulique pouvait s’effacer partiellement au sol pour permettre au fuselage de reposer sur une rangée de 11 paires de roues montées de pneus basse pression. Ces petites roues, utilisées principalement pour soutenir le fuselage durant les opérations de chargement et de déchargement, devaient également assister le train principal en cas d’atterrissage ou décollage sur terrain sommairement aménagé. Roulant à petite vitesse, l’Ar 232 devait également pouvoir franchir des fossés d’un mètre cinquante de large. En vol le train principal se relevait entièrement dans les fuseaux-moteurs, le train avant ne s’escamotait que partiellement et les roues additionnelles restaient fixes.

Cet appareil recevait un armement dĂ©fensif composĂ© d’une MG 131 de 13 mm Ă  l’avant du fuselage et utilisĂ©e par le navigateur, une arme identique Ă  la partie supĂ©rieure arrière du fuselage, immĂ©diatement sous la poutre porte-empennages, manipulĂ©e par le responsable de soute et une tourelle dorsale tĂ©lĂ©commandĂ©e Ă©quipĂ©e d’un canon MG 151/20 de 20 mm en arrière du poste de pilotage Ă  disposition de l’opĂ©rateur radio. 8 mitrailleuses d’infanterie MG 34 de 7,92 mm pouvaient en cas de besoin ĂŞtre mises en Ĺ“uvre depuis les hublots latĂ©raux du fuselage.

DĂ©veloppement

La construction des deux premiers prototypes fut lancĂ©e fin . Ils auraient dĂ» ĂŞtre suivis par 6 appareils de prĂ©sĂ©rie Ar 232A-0 Ă  livrer entre septembre et dĂ©cembre 1942 puis une sĂ©rie d’au moins 75 Ar 232A-1. Ces prĂ©visions Ă©tablies le furent modifiĂ©es le suivant pour 10 Ar 232A-0 et 20 Ar 232B-0. En effet le moteur BMW 801, qui devait Ă©quiper l’Ar 232A et dont la production Ă©tait insuffisante, fut rĂ©servĂ© au programme Fw 190. Les ingĂ©nieurs de chez Arado durent rechercher une autre motorisation et se rabattre sur le BMW Bramo 323R-2 Ă©quipant le Junkers Ju 352 et dĂ©jĂ  en production... Ă  la double condition que le Ju 352 ne soit pas produit en sĂ©rie et de pouvoir doubler le nombre des moteurs pour compenser la diffĂ©rence de puissance, 1 200 ch au lieu de 1 600.

La construction des deux premiers prototypes Ă©tant trop avancĂ©e pour envisager leur remotorisation sans entraĂ®ner de sĂ©rieux retards dans le programme, il fut dĂ©cidĂ© de les achever avec deux BMW 801MA en Ă©toile de 1 600 ch. Mais le troisième prototype fut modifiĂ© pour recevoir 4 Bramo 323. Un quatrième prototype, quadrimoteur d’origine, fut Ă©galement lancĂ©, destinĂ© Ă  servir de tĂŞte de sĂ©rie au modèle Ar 232B.

Les versions

Arado Ar 232 version A-0, équipé de deux moteurs en étoile BMW 801 (Allemagne, 1945).
Ar 232A
L’Ar 232V-1 [GH+GN] effectua son premier vol le 28 juin 1942 sur le terrain de l’usine de Brandenburg-Neuendorf, piloté par Walter Kröger. Le premier juillet, à l’issue du troisième vol, le train avant fut victime d’une rupture au roulage, le prototype étant heureusement protégé par son train ventral, qui montrait ainsi son efficacité. Les essais reprirent le et le débutaient les essais officiels à l’Erpropungsstelle de Rechlin, le Hauptmann Heinz Braun étant le premier pilote de l’avion n’appartenant pas à l’équipe des essais en vol du constructeur.

10 avions de prĂ©sĂ©rie (Ar 232A-01 Ă  -10) prirent l’air entre les 1er fĂ©vrier et , sans qu’il soit possible d’identifier avec certitude le second prototype. Une seule chose est certaine : Les cinq premiers partirent directement au front. Le A-01 gagna en effet Stalingrad dès le , les essais en vol officiels ne dĂ©butant en fait que le avec l’avion A-05. Durant ces essais, qui comprirent des vols avec chargement de matĂ©riel vers Kirowograd, deux appareils furent perdus, le A-07 () puis le A-04. En le A-06 effectua des essais de remorquage de planeurs, mais il s’avĂ©ra que les DFS 230 ou Go 242 remorquĂ©s emportaient finalement une charge infĂ©rieure Ă  celle d’un unique Ar 232, qui volait beaucoup plus vite, et l’expĂ©rience fut rapidement abandonnĂ©e. Globalement les essais confirmèrent les qualitĂ©s de l’avion : avec un Ă©quipage normal de 4 hommes, l’Ar 232 avait une charge utile standard de 4 500 kg et pouvait dĂ©coller en 200 m au poids total en charge de 16 000 kg. Cette distance pouvait ĂŞtre rĂ©duite (ou la charge utile accrue) en utilisant des fusĂ©es d’appoint au dĂ©collage. Avec une vitesse de croisière supĂ©rieure de 70 km/h, il surclassait nettement le Ju-52/3m. Tout juste pouvait-on reprocher Ă  l’Arado un manque de puissance en cas de panne d’un moteur, problème qui fut rĂ©solu avec l’Ar 232B.

Ar 232B
Version quadrimoteur, qui se distinguait en outre par une voilure allongĂ©e de 1,70 m, allongement rendu nĂ©cessaire par le doublement du nombre des moteurs. Cette augmentation du nombre de moteurs entrainant un dĂ©placement vers l’avant du centre de gravitĂ©, le fuselage fut allongĂ© d’un mètre vers l’arrière, et seulement 10 diabolos sous le fuselage. L’armement dĂ©fensif Ă©tait Ă©galement renforcĂ©, les MG 81Z avant et arrière Ă©tant remplacĂ©es par des MG 131 tandis qu’un canon MG 151/20 de 20 mm faisait son apparition au poste dorsal.

C’est le que le premier Ar 323B prit l’air. Contraint à un atterrissage forcé le même jour, au cours de son second vol, il fut détruit à 70 % par un incendie après l’atterrissage. Il fut suivi de 9 Ar 232B-0, dont la construction s’acheva en , mais aucun Ar-232B-1 ne sortit d’usine. En effet le le Reichsmarshall Göring enterra le programme en raison de son utilisation intensive de matériaux stratégiques, contrairement au Ju 352 qui faisait un usage important d’acier et de bois pour sa construction.

Ar 232C
La Luftwaffe espérant toujours remplacer ses Ju 52 largement dépassés, il fut envisagé d’adapter des panneaux externes de voilure et des gouvernes de vol en bois de façon à économiser l’aluminium. Le projet fut par la suite rebaptisé Ar 432 et la production décidée en . Bien entendu aucun appareil ne fut achevé avant la fin de la guerre.
Ar 432
Cet appareil devait se présenter comme un Ar 232B-0 utilisant au maximum le bois et l’acier dans sa construction, afin d’économiser les alliages non indispensables sur un avion de transport. La construction du prototype ne fut jamais achevée.
Ar 532
Projet d’un appareil comportant 6 moteurs avec une voilure de 60 m d’envergure.
Ar 632
Ultime projet.

Utilisateurs

Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Dès le l’Ar 232 V-1 fut envoyé à Stalingrad participer à l’évacuation des troupes allemandes encerclées. Il fut perdu pendant ces tentatives désespérées. En , un autre appareil fut mis à la disposition du Wekusta 5, stationné à Banak (Norvège) et permit d’acheminer du matériel météorologique jusqu’au Spitzberg. Cet appareil percuta une montagne le , entraînant la mort de l’équipage.

Le fut constitué au sein de l’Ergänzungs-Transportgeschwader de Schönwalde une escadrille destinés à recevoir l’Ar 232. Mais c’est finalement à Eger (aujourd’hui Cheb, en République tchèque) que ce 7.Staffel prit forme sous le commandement du major Josef Pelz. Le le 7./ETG disposait de 6 avions, les Ar 232 V-1, V-2 et 4 Ar 232B-0. Le il passa à Varsovie, effectuant jusqu’au 9 du même mois des missions logistiques pour le front Est avant de regagner Eger. Le les Ar 232 étaient de retour à Varsovie, rattachés cette fois au I./TG 5 du major Günther Mauss, qui utilisait aussi des Me 323 et quelques Savoia-Marchetti SM.82. Les missions sur Odessa, Tiraspol, Galatz... s’enchaînèrent et un appareil fut perdu entre Odessa et Lemberg le . Pour soutenir les troupes en Crimée un terrain auxiliaire fut constitué à Zilistea, Roumanie. À la fin des opérations en Crimée le , le 7./ETG ne disposait plus que de 4 appareils. Parallèlement à ces missions, l’Ar 232A-08 fut livré en au I./KG 200 dans le cadre de l’opération Zeppelin. Il s’agissait de déposer dans la région de Moscou deux agents russes ayant pour mission d’assassiner Staline. La mission fut ajournée à plusieurs reprises et le bimoteur réaffecté, remplacé par le quadrimoteur B-05. La mission eut finalement lieu le , mais l’Arado heurta un arbre à l’atterrissage et prit feu, rendant toute possibilité de retour impossible.

Courant les six Ar 232 disponibles furent rattachés au KG.200 (Hauptmann Behrendt) en Prusse-Orientale. Constitués en Transport-Staffel 5, ils stationnèrent jusqu’au à Mühldorf sous les ordres du Hauptmann Wasserkampf. Début , le Transport-Staffel 5 se replie sur Tutow, devenant 14./TG 4. Il disposait alors de 3 Fw 200C, 3 Ju 90, 3 Piaggio P.108T, 4 Ar 232B-0 [A3+QB, RB (B-07), SB (B-09), TB non confirmé] et de l’Ar 232 V-2. Ce dernier, accompagné d’un quadrimoteur, fut mis à la disposition du I./KG 200, les deux appareils passant successivement de Hildesheim à Fürstenfeldbruck avec un B-17 et un B-24. Repliés sur Manching, ils reçurent le l’ordre de larguer du ravitaillement sur l’aérodrome d’Agram (Zagreb), encerclé, puis furent camouflés à Mühldorf. Localisés par les Alliés, le quadrimoteur fut détruit par un bombardement le , le bimoteur étant incendié volontairement par son pilote pour éviter qu’il ne soit capturé par les troupes américaines.

Les appareils restés en Prusse-Orientale participèrent au ravitaillement de Berlin encerclé. Le l’Oberfeldwebel (adjudant) Limbrecht, accompagna plusieurs Ju 352 devant se poser de nuit à Friedersdorf et ravitailler la 9.Armée qui assure la défense du sud de la ville. Arrivé sur l’objectif, le pilote, n’obtenant aucun signe de vie du sol, prit la décision de faire demi-tour. Pris à partie par un Mosquito XIII canadien, l’Arado fit un atterrissage de fortune, l’équipage parvenant à évacuer l’appareil avant que sa cargaison n’explose. Quatre jours plus tard l'Oberfeldwebel Limbrecht effectuait deux rotations aux commandes du [A3+SB], évacuant à chaque fois une quarantaine de femmes et d’enfants de Tutow à Großenbrode avant d’y rejoindre le [A3+QB]. Dans son livre Le Grand Cirque, Pierre Clostermann écrit avoir mitraillé un alignement d’Ar 232 à Großenbrode le , en laissant deux en flammes. Il n’y avait en fait que deux quadrimoteurs sur ce terrain.

Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
L'Arado Ar 234B-07 [A3+RB] fut capturé par les troupes anglaises à Flensburg. Remis en état de vol sur instruction des Alliés, il fut convoyé en Grande-Bretagne par le Feldwebel (sergent-chef) Funk, puis exposé en octobre et à Farnborough parmi les avions capturés à l’ennemi. Il fut ensuite testé en vol par Eric C. Brown, pilote d'essais du Royal Aircraft Establishment, qui rédigea un rapport très élogieux sur l’appareil. Cet avion fut ensuite utilisé par la Royal Air Force pour acheminer du matériel entre le Royaume-Uni et l’Allemagne, une fois la guerre terminée, avant d'être démoli en 1947.

Références

  • (en) William Green et Dennis Punnett, The warplanes of the Third Reich, Londres, Macdonald & Co, , 672 p. (ISBN 978-0-356-02382-3, OCLC 256291483).
  • (en) David Myhra, Arado 232 : the Luftwaffe's combat zone transport aircraft in World War II, Atglen, PA, Schiffer Pub, coll. « Schiffer military history », , 144 p. (ISBN 978-0-7643-1665-4, OCLC 52594979).
  • (en) J. Smith et Anthony Kay, German aircraft of the Second World War, Londres, Putnam, , 6e Ă©d., 745 p. (ISBN 978-0-370-00024-4).
  • (en) Tony Wood et Bill Gunston, Hitler's Luftwaffe : a pictorial history and technical encyclopedia of Hitler's air power in World War II, Londres, Salamander Books Ltd., , 247 p. (ISBN 978-0-86101-005-9 et 978-0-517-22477-9)
  • Enzo Angelucci et Paolo Matricardi, Multiguide aviation – Les avions : 3/ la seconde guerre mondiale – France, Allemagne, Angleterre, etc., Elsevier Sequoia, , 320 p. (ISBN 978-2-8003-0245-4), p. 145.

Lien externe

Notes et références

  1. Cet avion est entré en service fin 1942, sa première utilisation étant faite en février 1943, d'après la page Wikipedia en Allemand.
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