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Anticlinal de La Tour-Blanche

L'anticlinal de La Tour-Blanche est un bombement dans la couverture sédimentaire du Bassin aquitain septentrional. L'anticlinal est orienté ouest-nord-ouest/est-sud-est et représente la deuxième ride anticlinale.

Description de la structure

L'anticlinal fut nommĂ© d'après La Tour-Blanche en Dordogne, mais le vrai centre de la structure se trouve dans la commune de Chapdeuil. Pour cette raison l'anticlinal fut aussi appelĂ© anticlinal de Chapdeuil ou anticlinal de Chapdeuil-La Tour-Blanche. Le plan de la structure est un parallĂ©logramme, ses bases Ă©tant orientĂ©es ouest-nord-ouest/est-sud-est (120° N) et les cĂ´tĂ©s nord-sud (la limite LigĂ©rien/Angoumien servant comme niveau de rĂ©fĂ©rence). L'axe majeur de l'anticlinal mesure 6 kilomètres, l'axe mineur 3 kilomètres. Comme l'anticlinal de Mareuil la structure est dissymĂ©trique en profil; son flanc nord-est inclinĂ© 25° vers le NNE, par contre son flanc sud-ouest montre seulement un pendage de 5° vers le SSO. De plus le flanc nord-est est longĂ© par une faille inverse, qui le soulève lĂ©gèrement (avec un rejet de 10 – 15 mètres).

Plus au nord l'anticlinal est accompagné par le synclinal de Villebois-Lavalette-La Chapelle-Montabourlet (ou synclinal de Gout-Rossignol-Léguillac). Après une flexure importante entre Verteillac et Grand-Brassac plus au sud suit un synclinal (au nord-est de Ribérac), qui est constitué entièrement du Campanien à la surface. L'anticlinal suivant passe par Montmoreau en Charente et disparaît au nord-ouest de Ribérac[1].

Analogues Ă  l'anticlinal de Mareuil plusieurs accidents traversent la terminaison orientale de la structure, suivant la direction NE-SO.

L'axe de l'anticlinal commence à s'enfoncer à l'est de Saint-Just et au même temps fait un virage vers l'est. On peut ensuite tracer le bombement jusqu'à l'est du Boulou près de Paussac où il disparaît définitivement.

L'anticlinal est drainé vers le (est-)sud-est par l'Euche, un affluent dextre de la Dronne et par le Buffebale, un petit affluent en rive gauche de l'Euche. En outre il est marqué par une inversion du relief produisant une dépression de la topographie.

Contexte géologique régional

Vu de la marge du Bassin aquitain, l'anticlinal de la Tour-Blanche est la deuxième ride anticlinale, il suit l'anticlinal de Mareuil. Cette ride est parallèle Ă  la bordure du Massif Central, distant d'environ 25 kilomètres. L'Ă©paisseur de la couverture sĂ©dimentaire totalise ici dĂ©jĂ  1 000 mètres.

Comme l'anticlinal de Mareuil la structure montre une large étendue régionale. On peut la suivre par exemple vers le nord-ouest jusqu'à Cognac en Charente. Vers le sud-est elle se poursuit par le bombement de Bussac, par l'anticlinal de Périgueux (Beauronne) et par l'anticlinal de Saint-Cyprien (un pli faillé). Avec la flexure de Cazals on peut la même tracer presque vers Cahors dans le Lot.

Stratigraphie de la sequence sédimentaire

Micrite du Portlandien inférieur des Granges, près de Chapdeuil. L'échantillon est coupé par un cisaillement en direction ESE-ONO et est accompagné d'un “pull-apart” rempli de calcite.

Au cĹ“ur de l'anticlinal affleure le Jurassique supĂ©rieur. Le niveau le plus bas en affleurement est le KimmĂ©ridgien supĂ©rieur suivi en concordance par le Portlandien infĂ©rieur. Le KimmĂ©ridgien supĂ©rieur, d'une Ă©paisseur de 10 – 15 mètres, est incisĂ© par le Buffebale, donc visible aux pentes. Il dĂ©bute en faciès dĂ©tritique (sables et grès calcaires) et finit en faciès bioclastique avec des calcaires oolithiques. On peut le diffĂ©rencier en deux domaines : Ă  l'est un domaine dĂ©tritique (sĂ©rie de la Marteille) et Ă  l'ouest un domaine rĂ©cifal avec des polypiers, parfois des huĂ®tres et des nĂ©rinĂ©es (sĂ©rie de Cercles). Cette rĂ©partition en deux domaines perdure au Portlandien infĂ©rieur, qui montre Ă  l'est des intercalations grossières (lumachelles, graviers et brèches). En gĂ©nĂ©ral le Portlandien infĂ©rieur, d'une Ă©paisseur de 35 mètres, est un micrite cryptocristallin litĂ©. Les lits, d'une couleur grise, jaunâtre ou rougeâtre, varient en Ă©paisseur entre 10 et 20 centimètres; ils sont sĂ©parĂ©s par des minces intercalations marneuses ou argileuses. Le Portlandien infĂ©rieur affleure majoritairement dans l'anticlinal.

Après le retrait de la mer Ă  la fin du Jurassique et l'Ă©mersion de la plate-forme aquitaine pendant tout le CrĂ©tacĂ© infĂ©rieur, suit la transgression cĂ©nomanienne. La mer envahit Ă  nouveau la plate-forme avec des dĂ©pĂ´ts littoraux. Les Ă©paisseurs du CĂ©nomanien sont faibles, mais peuvent avoir des variations considĂ©rables; par endroits elles atteignent 40 mètres. Le CĂ©nomanien se laisse diviser en trois sĂ©ries : une sĂ©rie dĂ©tritique Ă  la base (sables avec intercalations lumachelliques et lignitiques), une sĂ©rie calcaire au milieu (calcaires de couleur roux-brun Ă  gris) et encore une sĂ©rie dĂ©tritique au sommet (argilites gris-noir Ă  verdâtres, très riches en huĂ®tres). Sur le CĂ©nomanien repose en concordance le Turonien très fossilifère. Il comprend deux Ă©tages : 15 - 40 mètres de LigĂ©rien (calcaires crayeux dĂ©bitant en nodules) Ă  la base suivis par 35 – 65 mètres d'Angoumien (calcaires Ă  rudistes). Le Coniacien est discordant sur le Turonien; il a une Ă©paisseur de 50 – 80 mètres et comprend des calcaires fossilifères très durs. La sĂ©quence sĂ©dimentaire se termine avec les formations crayeuses typiques du Santonien (60 – 80 mètres) et du Campanien (100 – 180 mètres). En total elle peut donc atteindre une Ă©paisseur de 535 mètres.

Un forage de reconnaissance (sondage pĂ©trolier) fut implantĂ© sur l'anticlinal de La Tour-Blanche. Il traversa toute la couverture sĂ©dimentaire et rencontra le socle varisque (schistes gris mĂ©tamorphiques) Ă  une profondeur de 1 085 mètres. En dĂ©tail ce forage traversa 670 mètres de Jurassique supĂ©rieur (très Ă©pais), 158 mètres de Dogger, 182 mètres de Lias et 75 mètres de Trias.

Observations tectoniques

Les déformations enregistrées par les sédiments de l'anticlinal de La Tour-Blanche se reflètent dans les structures tectoniques. Par exemple le Portlandien Inférieur fut très déformé et il est parsemé de stylolites et de slickolites. En détail les structures suivantes peuvent être observées:

  • dĂ©crochements en direction ESE-ONO (N 115) avec des slickolites bien dĂ©veloppĂ©s.
  • fractures orientĂ©es NNE-SSO (N 020) Ă  dĂ©placement dextre; les stylolites associĂ©s indiquent la mĂŞme direction.
  • fentes de tension remplies par du calcite. Elles sont orientĂ©es majoritairement N 165 Ă  N 175, parfois aussi N 020. Ces structures peuvent ĂŞtre interprĂ©tĂ©es comme des pull-aparts engendrĂ©es par les dĂ©crochements.
  • fractures orientĂ©es NO-SE (N 130 Ă  N 140) avec stylolites associĂ©es.

Les contraintes responsables pour le plissement de l'anticlinal ne furent pas seulement compressives, mais possédèrent également une forte composante cisaillante, voir transpressive ou transtensive. Les mouvements dans l'anticlinal probablement furent polyphasés.

Toutes ces observations laissent penser à une zone de cisaillement sous l'anticlinal avec déplacement dextre.

L'âge des mouvements tectoniques

Logiquement la compression plissant la couverture sédimentaire se déploya après la déposition des derniers sédiments au Campanien/Maastrichtien. La genèse des rides anticlinales du bassin aquitain septentrional est donc attribuée à une phase tectonique fini-campanienne/maastrichtienne à la fin du Crétacé. Mais sans doute l'orogenèse pyrénéenne avec un serrage très fort en direction nord-sud influença considérablement l'évolution de ces structures. La phase majeure de déformation aux Pyrénées se situe à l'Éocène (Yprésien à Lutétien), culminant au Lutétien.

Conclusions

L'anticlinal de La Tour-Blanche fait partie d'un système de rides anticlinales du Bassin aquitain septentrional. Pendant l'intervalle Maastrichtien - Éocène des serrages tectoniques avec une forte composante cisaillante engendrèrent ces structures, qui longent la bordure du Massif Central en direction ESE-ONO ou SE-NO. Remarquable est l'espacement décakilomètrique (15 - 20 kilomètres) assez régulier.

Le Massif armoricain méridional montre une organisation spatiale comparable en Vendée oriental. Ici entre les zones de cisaillement dextres, qui possèdent le même espacement et la même orientation, apparaissent des synclinoria beaucoup moins déformés. On peut donc conclure, que cette organisation spatiale varisque du Massif Armoricain méridional se poursuivit également sur la plate-forme aquitaine.

On est même conduit à penser, que le même style de déformation continua après l'orogenèse varisque et perdura jusqu'au Cénozoïque. Les zones de cisaillement du socle varisque furent réactivées et laissèrent ensuite leur empreinte dans la couverture sédimentaire mésozoïque.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Platel, J.-P. et al.: Carte GĂ©ologique de la France Ă  1:50 000. Feuille PĂ©rigueux (Ouest). BRGM, OrlĂ©ans 1989.
  • Vigneaux, M.: Aquitaine Occidentale. Masson, Paris 1975, (ISBN 2-225-41118-2)
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