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Animaux de guerre

Les animaux de guerre correspondent à des espèces animales qui ont été ou sont utilisées par les hommes en temps de guerre.

Monument commémoratif rendant hommage aux animaux de guerre, installé au parc de la Confédération à Ottawa, au Canada.
Un soldat américain et son chien devant un monument commémoratif du War Dog Cemetery situé sur la base navale de Guam à Santa Rita.

Il s’agit d’espèces généralement domestiquées, comme les chiens ou les chevaux, mais certaines espèces moins communes comme les éléphants (ou, dans un cas exceptionnel, un ours) ont aussi pu être utilisées.

L'usage des animaux de guerre a Ă©tĂ© largement rĂ©pandu, au point d'atteindre une estimation de quatorze millions d’animaux mobilisĂ©s lors de la Première Guerre mondiale et trente millions lors de la Seconde Guerre mondiale[1]. Quelque 120 000 animaux ont dĂ©jĂ  pu recevoir des honneurs militaires.

Ces animaux sont plus ou moins bien traités, selon qu'ils sont vus comme un animal-machine, usé jusqu'à la corde et abandonné, ou adoptés comme mascotte individuelle ou officielle[2].

Usage guerrier

Antiquité

Les éléphants de guerre ont été utilisés par plusieurs peuples (Séleucides, Carthaginois…).

L'usage de chars de guerre (avec ou sans faux) tirés par des chevaux est attesté chez plusieurs peuples (Bretons…).

Pline l'Ancien a mentionné l’usage de cochons de guerre enflammés qui semble-t-il auraient servi à effrayer les éléphants lors de la campagne d’Italie d’Hannibal. Le cri de souffrance des cochons immolés faisait peur aux pachydermes[3] - [4].

Moyen Ă‚ge

Tapisserie de Bayeux (XIe siècle).

Au Moyen Âge, la chevalerie est souvent considérée comme la force de frappe des armées médiévales. Le rôle du cheval de guerre devient alors primordial dans les batailles. Selon le professeur Shi Bo, dans Trente-six Stratagèmes chinois (ISBN 2-911858-06-9), des singes furent aussi ainsi utilisés au début de la Dynastie Song.

Époque moderne

Au cours des XVIe siècle, XVIIe siècle et XVIIIe siècle, les chevaux sont utilisés comme montures et comme animaux de trait pour l'artillerie et de ravitaillement en vivres et en munition.

Première Guerre mondiale

La Première Guerre mondiale utilise huit millions de chevaux de guerre, 200 000 pigeons, 100 000 chiens de guerre[2] ; l’armĂ©e allemande emploie des pigeons-espions sur lesquels un appareil photographique miniaturisĂ© Ă©tait fixĂ©. Certains animaux, bien traitĂ©s au cours du conflit, deviennent des mascottes officielles, comme le coq choisi par le 16e bataillon du rĂ©giment Cheschire. Après la guerre apparaissent en France des monuments dĂ©diĂ©s aux chiens combattants alors qu'en Angleterre, la 58e division d’infanterie commande une sculpture reprĂ©sentant un artilleur embrassant son cheval agonisant[5].

Seconde Guerre mondiale

Un militaire britannique du cinquième Seaforth Highlanders montant un mulet qui porte une croix gammée nazie sur son encolure, le en Sicile, pendant l'opération Husky.
Devenu une prise de guerre, l'animal est ensuite utilisé par la 51st (Highland) Division sur les terrains accidentés près de du volcan sicilien Etna.
  • Les moutons pour dĂ©miner le terrain : lors de la Seconde Guerre mondiale, et lors du dĂ©barquement en Normandie en juin 1944, s'est posĂ© le problème du dĂ©minage des plages. Des troupeaux de moutons, dans leur marche, firent sauter des centaines de mines.
  • Un programme d’expĂ©rimentations sur des chauves-souris pour des usages incendiaires similaires a Ă©tĂ© menĂ© par l’ArmĂ©e amĂ©ricaine lors de la Seconde Guerre mondiale, avant d’être abandonnĂ© devant l'avancement du projet Manhattan. L’usage de pigeons dans des bombes guidĂ©es fut aussi envisagĂ©. Les SoviĂ©tiques menèrent des expĂ©riences avec des chiens anti-char. La Suède utilisa des phoques contre les sous-marins allemands.

Époque contemporaine

Transport et logistique

  • Il s’agit gĂ©nĂ©ralement d’animaux de trait. Le cheval est l’animal qui a Ă©tĂ© le plus communĂ©ment utilisĂ© dans l’histoire. Les chars et les cavaleries ont longtemps procurĂ© un avantage de mobilitĂ© certain sur les champs de bataille. Par exemple, l’usage d’archers montĂ©s a permis Ă  l’armĂ©e mongole d’entrer parmi les armĂ©es les plus puissantes de son Ă©poque.
  • L’apparition d’unitĂ©s motorisĂ©es a entrainĂ© le dĂ©clin de telles unitĂ©s, mais les chevaux furent toujours utilisĂ©s par l’armĂ©e allemande durant la Seconde Guerre mondiale pour la logistique et le transport de pièces d’artillerie.
  • Les Ă©lĂ©phants bien que n’étant pas considĂ©rĂ©s comme Ă©tant une espèce domesticable ont pu ĂŞtre utilisĂ©s au front ou pour les approvisionnements. Leur usage en Inde semble ĂŞtre antĂ©rieur au Ier millĂ©naire av. J.-C. La traversĂ©e des Alpes par les Ă©lĂ©phants de guerre d’Hannibal fait partie des pages mĂ©morables de l’histoire militaire, durant les Guerres puniques. Plus rĂ©cemment, ils furent employĂ©s par les Japonais et les AlliĂ©s sur le front asiatique, notamment en Birmanie, et plus rĂ©cemment encore par les Khmers rouges.
  • Les chameaux ont aussi Ă©tĂ© utilisĂ©s par l’ArmĂ©e indienne ou les mĂ©haristes pour la surveillance de rĂ©gions dĂ©sertiques.
  • Les mules et les bĹ“ufs ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour l’approvisionnement.
  • L'ours Wojtek, recueilli et Ă©levĂ© par un rĂ©giment polonais, a aidĂ© au transport de munitions lors de la campagne d'Italie en 1944.
  • L'armĂ©e Belge utilisait des chiens (Mâtin Belge) pour tracter ses mitrailleuses Maximes.

Autres usages

Notes et références

  1. Martin Monestier, Les animaux-soldats. Histoire militaire des animaux des origines Ă  nos jours, Le Cherche midi, , p. 11.
  2. Éric Baratay, Bêtes des tranchées, des vécus oubliés, CNRS Éditions, , 260 p.
  3. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, VIII, 1, 27.
  4. Élien, Nature des animaux, XVI, 36.
  5. Thierry Clermont, « Un bestiaire tragique et oublié », Le Figaro littéraire, jeudi 7 novembre 2013, page 5.
  6. (de) Sören Haberlandt, « Russen schicken Delfin-Armee in den Krieg », Bild,‎ (lire en ligne Accès libre)
  7. Des chiens ont aussi été dressés pour la détection d’explosif, de la même manière que les oisillons dans les mines prévenaient les coups de grisou. Une technique récente de déminage met à contribution des rats géants de Gambie.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Michel Derex, HĂ©ros oubliĂ©s : les animaux dans la Grande Guerre, Paris, Éditions Pierre de Taillac, coll. « Beaux livres », , 176 p. (ISBN 978-2-36445-132-2, BNF 45748356)
  • (en) Jilly Cooper, Animals in war, Rearsby, W.F. Howes, coll. « Clipper large print », (1re Ă©d. 1983), 208 p. (ISBN 978-1-846-32505-2).
  • Damien Baldin et StĂ©phane Audoin-Rouzeau, La guerre des animaux, 1914-1918 : : [exposition, PĂ©ronne, Historial de la Grande guerre, 30 juin-25 novembre 2007], PĂ©ronne Versailles Paris, Historial de la Grande guerre Art + musĂ©es et monuments-Artlys ADAGP, , 78 p. (ISBN 978-2-85495-322-0, BNF 41086419).
  • Éric Baratay, BĂŞtes des tranchĂ©es : des vĂ©cus oubliĂ©s, Paris, CNRS Ă©ditions, coll. « Biblis » (no 176), , 350 p. (ISBN 978-2-271-11641-3, BNF 45359205).
  • Albert Lasserre, Le Sort des animaux requis dans l’enfer de 14-18, Paris, Éditions Edilivre (no Classique), , 92 p. (ISBN 978-2-332-83754-7, lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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