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Andrea Fraser

Andrea Fraser est une artiste contemporaine américaine, née en 1965 à Billings[1]. Elle vit et travaille à Santa Monica (États-Unis)[2].

Andrea Fraser
Entrétien avec Fraser au MACBA, Barcelone
Naissance
Nationalité
Drapeau des États-Unis américaine
Activité
Formation
Représentée par
Galerie Nagel Draxler (d)
Partenaire
Jeff Preiss (en)
Mouvement
critique institutionnelle
Distinctions
Prix Anonymous Was A Woman ()
Prix Wolfgang-Hahn (d) ()
Prix Oskar Kokoschka ()
Ĺ’uvres principales
  • Museum Highlights: A Gallery Talk
  • Official Welcome

Elle est généralement associée à la performance et à la critique institutionnelle. Sa pratique comprend également de la vidéo et se situe dans le champ du féminisme. Son travail, inspiré par Pierre Bourdieu, critique les mécanismes de l'art et de son marché[3].

Biographie

Andrea Fraser est nĂ©e Ă  Billings (Montana) en 1965. Sa mère est une artiste fĂ©ministe, peintre de formation qui explorera Ă©galement la performance, la vidĂ©o et la photographie. Ancien Ă©tudiant en philosophie, son père est pasteur. En 1967, la famille emmĂ©nage Ă  Berkeley (Californie), Ă  l'Ă©poque des manifestations contre la Guerre au Vietnam et du Free Speech Movement[4].

Andrea Fraser quitte le lycĂ©e Ă  16 ans pour commencer des Ă©tudes d'art. Elle Ă©tudie Ă  l'École des arts visuels de New York de 1982 Ă  1984, Ă  l'ISP (Independent Study Program) du Whitney Museum of American Art de 1984 Ă  1985 et Ă  l'UniversitĂ© de New York de 1985 Ă  1986[5]. Depuis elle enseigne Ă  l'AcadĂ©mie des beaux-arts de Munich, Ă  l'UniversitĂ© de Leyde et l'AcadĂ©mie des beaux-arts de La Haye. Elle a auparavant enseignĂ© dans les programmes et Ă©tablissement suivants : UniversitĂ© de Californie, Maine College of Art, Vermont College, Whitney Independent Study Program, Columbia University School of the Arts, et au CCS (Bard College)[6].

Ĺ’uvre

Les performances d'Andrea Fraser dans les années 1990 ont popularisé la critique institutionnelle, une démarche artistique vouée à critiquer les institutions qui entrent en jeu dans la vente, l'exposition et le commerce de l'art. Le travail d'Andrea Fraser analyse et commente les politiques et enjeux des musées d'art aujourd'hui. Elle souligne les hiérarchies et les mécanismes d'exclusion produits par les lieux d'art. Ses performances, bien qu'étant fondées sur une analyse sérieuse, sont souvent articulées de façon humoristique, ridicule ou de manière satirique.

Andrea Fraser a fait partie du groupe de performance fĂ©ministe The V-Girls (1986-1996), de Parasite (1997-1998) et de la galerie coopĂ©rative Orchard (2005-2008). Elle a co-organisĂ© avec le commissaire d'exposition autrichien Helmut Draxler "Services", une « exposition de travail de groupe Â» conçue au Kunstraum de LĂĽneburg University et qui a voyagĂ© dans huit lieux en Europe et aux États-Unis de 1994 Ă  2001[7].

Une des performances les plus connues d'Andrea Fraser est Museum Highlights: A Gallery Talk (1989) dans laquelle Fraser, sous le pseudonyme de Jane Castleton, tient le rôle de conférencière au Philadelphia Museum of Art. Au cours de la performance, Andrea Fraser mène le groupe de visiteurs à l'intérieur du musée en décrivant tout ce qui les entoure (même ce qui ne fait pas partie des collections) de façon dramatique. Par exemple, elle s'arrête devant une fontaine à eau et la qualifie « d’œuvre à l'économie et à la monumentalité sidérante [...] qui contraste audacieusement avec la sévérité de sa forme hautement stylisée ». En entrant dans la cafétéria du musée, elle continue « Cette pièce représente l'âge d'or de l'art colonial à Philadelphie à la veille de la révolution, et doit être considérée comme l'une des plus belles pièces des États-Unis. » La visite est construite à partir de différentes sources : La Critique du Jugement d'Emmanuel Kant, une collection d'essais datant de 1969 On Understanding Poverty, ainsi qu'un article de 1987 du New York Times intitulé Salad and Seurat: Sampling the Fare at Museums[8].

May I Help You? (1991)

La performance May I Help You? (« Puis-je vous aider ? Â») a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e pour la première fois dans une exposition d'Allan McCollum Ă  l'American Fine Arts Co. Ă  New York en 1991. Une vidĂ©o de la performance a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  cette occasion. On y voit une assistante de galerie prĂ©senter les Ĺ“uvres de l’exposition Ă  la camĂ©ra. Les tableaux sont tous très similaires les uns aux autres (il s’agit des Plaster Surrogates d’Allan McCollum), pourtant le discours de la jeune femme change radicalement de l’un Ă  l’autre, soulignant au dĂ©part la puretĂ© et le calme d’un tableau, elle dĂ©veloppe ensuite l’idĂ©e d’une peinture faite pour exclure et frustrer ses regardeurs. Dans cette pièce Andrea Fraser s’attaque au discours formatĂ© du personnel de galerie. Selon Laetitia Rouiller, « en explorant les discours et stratĂ©gies de vente en usage, [Andrea Fraser] met Ă  jour la promesse de distinction sociale recherchĂ©e dans l'acte d'achat d'une Ĺ“uvre »[3]. En 2005 Ă  la galerie Orchard, Andrea Fraser a elle-mĂŞme rejouĂ© la performance Ă  l'occasion d'une exposition qui prĂ©sentait Ă©galement des Ĺ“uvres d’Allan McCollum.

Official Welcome (2001)

La performance Official Welcome a Ă©tĂ© commandĂ©e par la MICA Foundation Ă  l'occasion d'une rĂ©ception privĂ©e. Andrea Fraser prend la parole Ă  un pupitre pour dĂ©livrer ce qui semble ĂŞtre un discours de bienvenue, peu Ă  peu elle se dĂ©shabille tout en continuant Ă  parler. Pour Barbara Pollack, Fraser parodie tout d'abord « les commentaires banals et les Ă©loges exagĂ©rĂ©s exprimĂ©s par les prĂ©sentateurs et les rĂ©compensĂ©s durant les cĂ©rĂ©monies de remise de prix artistiques ». Puis, au milieu de son discours, « endossant le caractère de la star de l'art post-fĂ©ministe Ă  problèmes, Fraser se dĂ©shabille [...] en string Gucci, soutien gorge et chaussures Ă  talons, et dĂ©clare : "Je ne suis pas une personne aujourd'hui. Je suis un objet Ă  l'intĂ©rieur d'une Ĺ“uvre d'art" »[9].

Little Frank and His Carp (2001)

La vidĂ©o performance Little Frank and His Carp (2001), filmĂ©e par cinq camĂ©ras cachĂ©es dans l'atrium du musĂ©e Guggenheim aborde la question de l'importance et le pouvoir de l'architecture dans les espaces d'exposition aujourd'hui. Dans cette performance, Andrea Fraser dĂ©ambule dans l'espace du musĂ©e tout en suivant les instructions donnĂ©es par un audio-guide officiel. La vidĂ©o fait entendre la bande-sonore originale de audio-guide et donne Ă  voir l'artiste rĂ©agir de façon exagĂ©rĂ©e Ă  ce qui est dit. Lorsque l'audio guide prĂ©vient que l'art moderne est « exigeant, compliquĂ©, dĂ©routant Â»[10], l'artiste semble inquiète, mais lorsqu'il prĂ©cise que « le musĂ©e tente de nous faire sentir chez soi Â»[10], elle apparaĂ®t immĂ©diatement rassurĂ©e. Après avoir reçu l'instruction de passer sa main le long d'un pilier, Fraser soulève lĂ©gèrement sa robe, rĂ©vĂ©lant par lĂ  ses sous-vĂŞtements et se frotte Ă  celui-ci. Selon Richard Martin « la dimension sexuelle de la performance de Fraser dans Little Frank and His Carp peut ĂŞtre perçue comme une rĂ©ponse ironique au langage Ă©rotique souvent utilisĂ© pour dĂ©crire le Guggenheim – l'audio guide parle de ses courbes "puissamment sensuelles" – on peut y voir Ă©galement une allusion aux notions de pouvoir et puissance souvent invoquĂ©es dans les textes d'architectes ou d'artistes hommes tels que Gehry ou Serra »[10].

Untitled (2003)

Dans la vidĂ©o performance Untitled (2003), d'une durĂ©e de 60 minutes, Andrea Fraser a filmĂ© un acte sexuel dans une chambre d'hĂ´tel du Royalton Ă  New York entre elle et un collectionneur privĂ© qui aurait payĂ© une somme proche de 20 000 $ dans le but de participer selon l'artiste « non Ă  un acte sexuel mais Ă  la rĂ©alisation d'une Ĺ“uvre d'art Â»[11]. Cinq exemplaires du film ont Ă©tĂ© produits en dvd, deux se trouvent dans des collections privĂ©es, un exemplaire appartient au collectionneur ayant participĂ© Ă  la performance (il avait prĂ©-achetĂ© l'Ĺ“uvre). Le contrat Ă©tablissant la performance, rĂ©digĂ© par la Galerie Friedrich Petzel, est le moyen par lequel l'artiste questionne la domination masculine dans le monde de l'art, en rapprochant la production artistique de la prostitution fĂ©minine[12].

Projection (2008)

L'installation Projection (2008) consiste en deux vidĂ©os prĂ©sentĂ©es de part et d'autre d'un espace Ă©troit, tout en longueur, au milieu duquel les spectateurs peuvent s'asseoir. Les deux projections montrent alternativement Andrea Fraser (portant les mĂŞmes vĂŞtements et assise dans la mĂŞme chaise) parlant face camĂ©ra et donnant l'impression de s'adresser soit au spectateur soit Ă  elle-mĂŞme dans la projection opposĂ©e. Dans l'une des vidĂ©os, Andrea Fraser est psychothĂ©rapeute, dans l'autre elle occupe la position de patiente lors d'une sĂ©ance de psychothĂ©rapie. Le dialogue entre les deux personnages a Ă©tĂ© Ă©crit Ă  partir d'enregistrements de sĂ©ances de l'artiste avec son psychothĂ©rapeute. Selon Rachel Taylor « le titre de l'Ĺ“uvre joue sur les deux sens du mot « projection » : en tant que technique de projection d'une image en mouvement et d'un point de vue psychanalytique en tant que transfert inconscient de dĂ©sirs et d'Ă©motions sur un objet extĂ©rieur Â»[13].

Écrits

Andrea Fraser a écrit de nombreux textes qui prennent la forme d'essais (mais aussi parfois de textes affichés au mur dans les expositions ou de livret que les visiteurs peuvent emporter) et se situent dans la continuité de sa réflexion critique. Ils prennent la forme des discours habituels sur l'art tout en interrogeant le rôle que jouent ces discours dans le monde de l'art aujourd'hui.

En 2005, elle publie From the Critique of Institutions to an Institution of Critique[14] dans Artforum.

En 2011, le texte L'1% C’est Moi, publiĂ© dans Texte zur Kunst, s'intĂ©resse aux liens qui existent entre les tendances du marchĂ© de l'art et les inĂ©galitĂ©s de revenus. Le titre de cet essai se rĂ©fère Ă  la dĂ©claration « l’État, c’est moi Â» attribuĂ©e Ă  Louis XIV et souvent Ă©voquĂ©e pour illustrer le principe de monarchie absolue, ainsi qu'Ă  la cĂ©lèbre phrase de Gustave Flaubert : « Madame Bovary, c’est moi. »

Pour sa participation Ă  la biennale du Whitney Museum of American Art en 2012, Andrea Fraser Ă©crit « There’s No Place Like Home Â» publiĂ© dans le catalogue de l'exposition et en tĂ©lĂ©chargement libre sur le site du musĂ©e. Elle y analyse la contradiction qui existe entre « ce que l'art est socialement et Ă©conomiquement —souvent essentiellement un bien de luxe hautement valorisĂ© et support d'investissement — et ce que les artistes, critiques, commissaires et historiens disent qu'il est et signifie »[15].

Expositions personnelles et performances

Collections

Les œuvres d'Andrea Fraser sont présentes dans les collections suivantes[6] :

  • Armand Hammer Museum of Art and Cultural Center, Los Angeles
  • Institut d'art de Chicago, Chicago
  • Barnard College, universitĂ© Columbia, New York
  • Centre Georges-Pompidou, Paris
  • Daimler Chrysler Collection, Berlin
  • École des beaux-arts, Paris
  • École supĂ©rieure des Beaux-arts, Genève
  • Emory University, Atlanta
  • Fog Art Museum, Harvard
  • Fondation Antoni TĂ pies, Barcelone
  • Fonds RĂ©gional d’Art Contemporain de Lorraine
  • Franz Hals Museum, Haarlem
  • Generali Foundation, Vienne
  • Goldsmiths College, Londres
  • Hamburger Kunsthalle, Hambourg
  • Hessel Museum of Art, Bard College, Annandale-on-Hudson
  • Metropolitan Museum of Art, New York
  • Migros Museum, Zurich
  • Morris and Helen Belkin Art Gallery, University of British Columbia, Vancouver
  • Museu d’Art Contemporani, Barcelone
  • MusĂ©e Boymans Van Beuningen, Rotterdam
  • MusĂ©e Thyssen-Bornemisza, Madrid
  • Museum of Contemporary Art, Los Angeles
  • Museum Moderner Kunst, Vienne
  • Museum van Hdendaagse Kunst, Anvers
  • Museum Ludwig, Cologne
  • Museum of Modern Art, New York
  • Nationalgalerie fĂĽr Zeitgenössische Kunst, Berlin
  • Neue Galerie, Graz
  • Philadelphia Museum of Art, Philadelphie
  • Queensland Art Gallery, Brisbane
  • Royal College of Art, Londres
  • Tate Modern, Londres
  • Simmons College, Boston
  • Smith College, Northampton
  • Sprengel Museum, Hanovre
  • University at Buffalo, The State University of New York, Buffalo
  • UniversitĂ© de Californie, Los Angeles, Santa Barbara
  • UniversitĂ© de Floride, Gainesville
  • UniversitĂ© de Pennsylvanie, Philadelphie
  • Wadsworth Atheneum, Hartford
  • Whitney Museum of American Art, New York
  • Williams College, Williamstown

Prix, récompenses et bourses

  • 2013 : prix Wolfgang Hahn, Gesellschaft fĂĽr Moderne Kunst du musĂ©e Ludwig, Cologne
  • 2012 : Bourse Anonymous Was a Woman
  • 1996-1997 : Bourse Art Matters Inc.
  • 1991-1992 : Bourse Arts Visuels du National Endowment for the Arts
  • 1991-1992 : Bourse de la New York Foundation for the Arts Artists’
  • 1990-1991 : Bourse Art Matters Inc.
  • 1990-1991 : prix du Franklin Furnace Fund pour la performance
  • 1987-1988 : Bourse Art Matters Inc.

Bibliographie

Initiales n° 05 â€“ Initiales A.F. (Andrea Fraser), Les presses du rĂ©el, (ISBN 978-2-915213-24-9)[16].

Notes et références

  1. (en) « Three Histories: The Wadsworth According to MATRIX 114 », sur thewadsworth.org (consulté le ).
  2. « Andrea Fraser », sur centrepompidou.fr (consulté le ).
  3. Laetitia Rouiller, « Andrea Fraser "May I help you?" », sur centrepompidou.fr (consulté le ).
  4. Laetitia Rouiller, « Andrea Fraser », sur Encyclopédie Nouveaux medias (consulté le )
  5. (en) « Spotlight: Andrea Fraser », sur www.thecrimson.com, (consulté le )
  6. (en) « Andrea Fraser », sur nagel-draxler.de (consulté le )
  7. (en) « Andrea Fraser in conversation with Chris Dercon », sur www.tate.org.uk (consulté le )
  8. (en) « At the Mausoleum, Art About Art Houses », sur www.nytimes.com, (consulté le )
  9. (en) Barbara Pollack, « "Baring the truth" », Art in America,‎ (ISSN 0004-3214)
  10. (en) Richard Martin, « Andrea Fraser Little Frank and his Carp », sur www.tate.org.uk, (consulté le )
  11. (en) Jerry Saltz, « Critiqueus Interruptus », sur www.villagevoice.com, (consulté le )
  12. (en) Guy Trebay, « Sex, Art and Videotape », sur www.nytimes.com, (consulté le )
  13. (en) Rachel Taylor, « Andrea Fraser Projection », sur tate.org.uk, (consulté le )
  14. [PDF] FRASER_Artforum_IC sur imma.ie
  15. (en) « Andrea Fraser », sur whitney.org (consulté le )
  16. lespressesdureel.com

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