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André Malartre

André Malartre, né le à Villers-Bretonneux et mort à Paris le , est un poète et homme de théâtre français.

André Malartre
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  74 ans)
Paris
Nationalité
Activité

Biographie

Jeunesse et formation

André Marie Charles Malartre est né le à la gendarmerie de Villers-Bretonneux que commandait alors son père, d’origine auvergnate, avec le grade de capitaine. A l’époque, cette gendarmerie était une grande baraque en bois construite à l’issue des combats d’avril 1918 qui avaient vu le contingent australien stopper dans ce village de la Somme l'ultime offensive allemande sur Amiens et renverser ainsi le cours de la Grande Guerre.

Après une scolarité primaire à Péronne, André Malartre suit des études secondaires au collège Michel Anguier à Eu où il développe un goût pour le sport qui l’amène à une pratique assidue de l’athlétisme. Il possède une très bonne pointe de vitesse puisqu’en 1939, il est vice-champion de France junior Ufolep du 100 mètres, qu’il court en 11 secondes. Il obtient son baccalauréat en 1940 et suit une année de droit à Paris puis une de lettres à Rouen. Il s’inscrit alors à l’Institut national des sports pour préparer le monitorat d’éducation physique.

Rencontres décisives

Nommé moniteur auxiliaire d’EPS au collège de Dieppe pour l’année 1943-1944, il y fait la connaissance de l’ancien surréaliste Georges Limbour qui y enseigne la philosophie et qui l’initie à la poésie.

En avril 1945, à Rouen, André Malartre épouse une jeune professeur de lettres classiques, Anne-Marie Lemai, de cinq années son aînée.

En 1946, les jeunes mariés sont nommés enseignants au collège de Domfront dans l'Orne.

A Dieppe, dans la proximité de Georges Limbour, André Malartre a commencé à se pencher sur l’encolure de Pégase. A Domfront, en 1950, il publie un premier recueil Amours futures aux éditions Signes du Temps de Gilbert Lamireau, qui le fait remarquer comme un jeune poète des plus prometteurs.

La revue IĂ´

En 1951, avec Jacques Brigaudet (qui signait Pierre Montreuil) et son Ă©pouse Anne-Marie (qui signait Anne Françoise), il fonde une revue d’art et de littĂ©rature, la revue IĂ´ qui allait devenir, dans les annĂ©es 1950, l’une des principales revues de la jeune poĂ©sie en France. Dans le texte introductif du premier numĂ©ro, intitulĂ© Ceci n’est pas un manifeste, il expliquait le choix de ce titre : « Pour rĂ©agir contre la mode d’un dolorisme et d’un pessimisme apocalyptiques nous avons pris ce nom, iĂ´, qui n’est ni celui d’une planète, ni celui de la fille d’Inachos, mais un cri de joie cher aux Grecs et Ă  Ronsard. Cet optimisme rĂ©solu ne traduit pas l’acceptation rĂ©signĂ©e d’un monde d’iniquitĂ©s et d’une condition humaine imparfaite, mais la conviction que rien de bon ne se fait ici-bas, sans beaucoup d’espoir et un peu de joie ». AndrĂ© Malartre y publie quelques notes et quelques pastiches poĂ©tiques sous le pseudonyme de Charles Villers-Breton.

Fin 1952, les Ă©ditions IĂ´ publient un second recueil d’AndrĂ© Malartre : Argile, fougère et sang qui s’inscrit dans ce qu'AndrĂ© Miguel nommera plus tard le « Cosmisme surrĂ©aliste » et qu’il dĂ©finit comme un souci pour le poète de se situer en permanence dans l’émerveillement de la vie, reliĂ© au monde minĂ©ral, vĂ©gĂ©tal et animal, Ă  l’échelle de l’Univers, de l’infiniment petit Ă  l’infiniment grand, sans s’arrĂŞter Ă  l’immĂ©diatetĂ© triviale des choses humaines.

En 1953, AndrĂ© Malartre Ă©crit le poème Le Point de feu, qu’il publie avec AndrĂ© Marissel dans une plaquette commune intitulĂ©e Savoir oĂą vivre, illustrĂ©e par CĂ©cile Miguel. Dans les annĂ©es 50, tout en animant la revue iĂ´ depuis Domfront, il se forme Ă  l’art dramatique en suivant les stages organisĂ©s par les instructeurs nationaux d’art dramatique de la Direction des mouvements de jeunesse et de culture populaire du Ministère de l’Éducation nationale : Jean Nazet, Henry Cordreaux, Charles Antonetti, Michel Philippe, RenĂ© Jauneau. Il consacre ses vacances estivales Ă  participer Ă  des stages nationaux d’art dramatique oĂą se rĂ©alisent de grands spectacles rĂ©unissant de nombreuses distributions mĂŞlant comĂ©diens chevronnĂ©s, Ă©lèves des Conservatoires et amateurs avertis.

Un homme de théâtre

En 1957, il est coopté dans ce corps d’instructeurs nationaux d’art dramatique et est nommé instructeur académique pour l’Académie de Caen dont le champ d’action couvre alors six départements. La famille Malartre quitte alors Domfront pour s’installer à Caen. André Malartre transmet la gestion de la revue iô à José Millas-Martin, imprimeur éditeur à Paris, et en dirige le comité de rédaction jusqu’en 1958. José Millas-Martin en suspend alors la parution, avant de la reprendre en 1963 sous une tout autre forme, en confiant sa direction littéraire à Jean Dubacq (cette seconde revue iô dure jusque 1969).

En 1959, après la fondation du Ministère des Affaires culturelles et du Haut-commissariat à la Jeunesse et aux Sports, André Malartre est intégré à la Direction régionale Jeunesse et Sports de Caen. De 1958 au début des années 70, André Malartre – qui arrête alors pour un temps long l’écriture poétique – mène une action de transmission de l’art dramatique à travers l’Académie de Caen. Il développe cette mission à l’échelle d’un très vaste territoire où il entreprend de semer les germes d’une animation culturelle fondée sur les principes de l’Éducation populaire. Il se concentre initialement sur la formation de cadres pédagogiques et organisa des week-ends de travail théâtral dans les écoles normales d’instituteurs et dans les CREPS, et, l’été, des stages réalisation d’art dramatique en investissant des lieux de plein air dans de petites villes de Normandie comme Bricquebec, Bolbec, Conches-en-Ouche, Gisors (où, en 1966, il met en scène, au château, Le Roi Jean d’Angleterre de Shakespeare pour la célébration du 900e anniversaire de la victoire de Guillaume Le Conquérant à Hastings), Vivoin, Domfront, Le Mont-Saint-Michel, Alençon, etc.

Après Mai 68, André Malartre, qui est un fidèle spectateur du Festival mondial du Théâtre de Nancy, où furent présentées les créations théâtrales les plus innovantes, comme Le Prince Constant de Jerzy Grotowski, Le Regard du sourd de Bob Wilson ou La Classe morte de Tadeusz Kantor, entreprend de transformer complètement sa méthode pédagogique et la forme des grands spectacles d’été qu’il réalise jusqu’alors. Pour ce faire, il travaille avec de jeunes compagnies bas-normandes comme le Théâtre des Alephs à Caen, ou l’Atelier Théâtre d’Alençon – qui allait devenir la Compagnie du Mal d’Aurore – afin de mettre au point ce qu’il définie comme une nouvelle pédagogie de l’acteur.

Puis, ce fut en 1977, la crĂ©ation du Théâtre d’Ostrelande, avec Lulu Berthon et RenĂ© Pareja, compagnie dramatique avec laquelle il rĂ©alisa des spectacles d’un très grande intensitĂ© physique et vocale, Ă  partir de textes d’auteurs dramatiques ou de poètes. En 1982, il transmet la direction artistique du Théâtre d’Ostrelande Ă  RenĂ© Pareja qui continue Ă  dĂ©velopper le projet de la compagnie.

En 1983, Jean-Claude Collot, qui dirige le Théâtre d’Alençon, accepte de produire avec la Compagnie du Mal d’Aurore son projet de mise en scène de Hep Hep un poème dramatique des auteurs androgynes belges Cécile et André Miguel.

Retour à la poésie

Ă€ partir de 1984, AndrĂ© Malartre revint Ă  la poĂ©sie d’abord avec Le Lustre – Ă©ditĂ© en livre d’art, avec des gravures de Christian FerrĂ©, par les Éditions La Bruyère ; puis avec De la mort Ă  l’amour, avec des gravures d’Erik Bersou.

Il contribue à de nombreuses revues poétiques comme Sépia de Jocelyne Godard et Martine Schaeffer, Soleil des loups de Jean Chatard, Le Cri d’os de Jacques Simonomis, Les Cahiers de l'Archipel d'André Marissel, etc., par des textes poétiques, des nouvelles et des articles sur le théâtre.

En 1991, il publie un poème dramatique intitulĂ© poupĂ©es / couteaux dans la revue Soleil des loups.

À partir de 1990, André Malartre reprend sa revue iô sous la forme d’un fanzine de 10.5 x cm entièrement réalisé à la main, dont chaque numéro présentait un poète et un plasticien. Ces numéros de la revue qu’en hommage à Mallarmé il appelle iô, le Bibelot, sont adressés mensuellement par voie postale à un réseau d’abonnés fidèles. Il continue à éditer cette série jusqu’à sa mort.

Soucieux également de donner à entendre la voix des poètes qu'il aime, il anime à partir de 1990 une émission poétique quotidienne sur TSF98, une radio libre qui émet depuis Hérouville-Saint-Clair. Ainsi, avec ses potes poètes, comme il se plait à les désigner en plaisantant, il continue à partager l’aventure de la Poésie vivante entamée pour eux et avec eux dans les années de l’Après-guerre.

Tombée de rideau

André Malartre est mort à Paris le .

Il est enterré, aux côtés de son épouse Anne Marie au cimetière de Verson (14)[1].

Ĺ’uvres

Poésie

  • Amours futures, Éditions Signes du temps, Champbertrand, 1950
  • Argile, fougère et sang, Éditions iĂ´, Domfront, 1952
  • Le Point de feu, in Savoir oĂą vivre, Collection poĂ©tique de la revue iĂ´, Éditions Paragraphes, Paris, 1953
  • Le Lustre, Éditions La Bruyère, Paris, 1984
  • De la mort Ă  l'amour, Collection Le Bibliophile, Éditions La Bruyère, Paris, 1988
  • Et sur cette pierre, Collection iĂ´, le Bibelot, no 16, 1991
  • PoupĂ©es / couteaux - théâtre-poème, Soleil des loups, Paris, 1991 - Éditions Gravos Press, Alençon, 1996
  • AndrĂ© Malartre - iĂ´, Anthologie poĂ©tique, textes d'AndrĂ© Malartre rĂ©unis, prĂ©sentĂ©s et annotĂ©s par Yves Leroy, Éditions Le Vistemboir, Caen, 2016

Théâtre, mises en scène

  • Barberine d'Alfred de Musset, Caen, 1961
  • Lilas du soir de RenĂ©-Guy Cadou - Rencontres poĂ©tiques du Mont-Saint-Michel, 1961
  • De la mort Ă  l'amour, montage poĂ©tique, Caen, 1962
  • Les Quatre fils Aymon, de Herman Closson, Stage d'art dramatique de Briquebec, 1962
  • Cela s'appelle l'aurore, d'après Emmanuel Roblès, Caen, 1963
  • Max Jacob, Un cĹ“ur sur un jet d'eau, - Rencontres poĂ©tiques du Mont-Saint-Michel, 1963
  • C'est la guerre, Arlequin, de Michel Arnaud, d'après Carlo Goldoni, Nuits théâtrales de l'Avranchin et du Cotentin, 1963
  • Les ComĂ©diens de l'hiver, de Gilles Fournel, Caen, 1964
  • Deirdre des douleurs, de John Millington Synge, Stage d'art dramatique de Bolbec, 1964
  • Les Poètes bretons de notre temps, montage poĂ©tique, Caen, 1965
  • Le Clown et la tempĂŞte ou La ComĂ©die humaine par les poètes d'aujourd'hui, montage poĂ©tique, Caen, 1965
  • Mathusalem, d'Yvan Goll, Caen, 1965
  • Les Bouches inutiles, de Simone de Beauvoir, Stage d'art dramatique de Conches-en-Ouche, 1965
  • PoĂ©sie pour vivre, montage poĂ©tique, Stage d'art dramatique de Conches-en-Ouche, 1965
  • La Famille Tuyau d'poĂŞle, de Jacques PrĂ©vert, Caen, 1966
  • Fando et Lys, de Fernando Arrabal, Caen, 1966
  • Le Drame du Fukuryu Maru, de Gabriel Cousin, Théâtre Universitaire de Caen, 1966
  • Le Roi Jean d'Angleterre, de William Shakespeare, Stage d'art dramatique de Gisors, 1966
  • Henri IV, de William Shakespeare, Stage d'art dramatique du PrieurĂ© de Vivoin, 1967
  • 1 + 14, crĂ©ation collective, Stage d'art dramatique du PrieurĂ© de Vivoin, 1968
  • La Cruche cassĂ©e, de Heinrich von Kleist, Stage d'art dramatique du PrieurĂ© de Vivoin, 1968
  • Le Brave soldat Chveik, d'après Jaroslav Hasek, Caen, 1969
  • Cet amour plein de sang, montage poĂ©tique, Stage d'art dramatique de Conches-en-Ouche, 1969
  • PoĂ©sie pour vivre II - Soufflons sur les charbons, montage poĂ©tique, Stage d'art dramatique du PrieurĂ© de Vivoin, 1970
  • PĂ©riclès, Prince de Tyr, de William Shakespeare, Stage d'art dramatique de Domfront, 1972
  • Tristan Le Fol, de Jean Laurent, Stage d'art dramatique d'Alençon, 1973
  • Les Fourberies de Scapin, de Molière, Théâtre des Alephs, HĂ©rouville-Saint-Clair, 1975
  • Macbeth, de William Shakespeare, Atelier Théâtral d'Alençon, Alençon, 1976
  • L'Ĺ’uf de hĂ©ron, de William Butler Yeats, Stage d'art dramatique d'HĂ©rouville-Saint-Clair, 1977
  • Les Fables, de Jean de La Fontaine, Compagnie du Mal d'Aurore, Alençon, 1978
  • Sire Halewyn, de Michel de Ghelderode, Théâtre d'Ostrelande, HĂ©rouville Saint-Clair, 1978
  • Graal, ou l'enlèvement de Guenièvre, de Florence Delay et Jacques Roubaud, Stage d'art dramatique d'Alençon, 1978
  • Antigone, de Sophocle, Stage de formation de comĂ©diens animateurs, Théâtre d'Ostrelande, HĂ©rouville-Saint-Clair, 1979
  • Antigone 3, de Sophocle, traduction de Holderlin, Théâtre d'Ostrelande, HĂ©rouville-Saint-Clair, 1979
  • Rouge Gorge, montage poĂ©tique d'après des textes Joyce Mansour, Théâtre d'Ostrelande, HĂ©rouville-Saint-Clair, 1980
  • PenthĂ©silĂ©e, de Heinrich von Kleist, Théâtre d'Ostrelande, HĂ©rouville-Saint-Clair, 1980
  • Enivrez vous sans cesse, montage poĂ©tique d'après Charles Baudelaire, Théâtre d'Ostrelande, HĂ©rouville-Saint-Clair, 1981
  • Hep Hep, de CĂ©cile et AndrĂ© Miguel, Compagnie du Mal d'Aurore, Alençon, 1983
  • Le Lustre - le peintre, le poète et l'actrice, Compagnie La Pierre aux dames, Conches-en-Ouche, 1984
  • La Buanderie, de David Guerdon, Théâtre d'Ostrelande, HĂ©rouville-Saint-Clair, 1988

Bibliographie

  • Yves Leroy, AndrĂ© Malartre et la revue iĂ´, Entr'revues no 55, 2016
  • AndrĂ© Malartre, Anthologie poĂ©tique, Éditions Le Vistemboir, 2016
  • Yves Leroy, Parcours AndrĂ© Malartre, Éditions Le Vistemboir, 2016

Films

  • Le capitaine Thanase (26 minutes), portrait d'AndrĂ© Malartre rĂ©alisĂ© par Martine Stora et BenoĂ®t Labourdette, 1995

Articles connexes

Notes et références

  1. Yves Leroy, Parcours André Malartre, Caen, Editions Le Vistemboir,, , 189 p. (ISBN 979-10-92828-08-5)

Liens externes

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