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Ambrosio Sandes

Ambrosio Sandes (Soriano, Province orientale, correspondant Ă  l’actuel Uruguay, 1815 - Mendoza, 1863) Ă©tait un militaire uruguayen.

Ambrosio Sandes
Ambrosio Sandes exhibant une partie de ses 56 cicatrices (daguerréotype de 1861).
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nationalité
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Grade militaire
Conflit

Il combattit d’abord dans les guerres civiles de son pays, puis, dans le sillage de la bataille de PavĂłn, remportĂ©e par les unitaires, s’illustra dans les derniĂšres phases de la guerre civile argentine, BartolomĂ© Mitre l’ayant en effet chargĂ©, lui et d’autres officiers uruguayens, tels que Wenceslao Paunero, de conquĂ©rir sur les montoneras fĂ©dĂ©ralistes les provinces du nord-ouest de l’Argentine afin d’y mettre au pouvoir des gouverneurs fidĂšles au nouvel ordre unitaire et libĂ©ral. Sandes, intrĂ©pide et cruel, dut ainsi affronter en particulier le caudillo rĂ©fractaire Chacho Peñaloza, et se rendit cĂ©lĂšbre et redoutĂ© par une longue sĂ©rie d’atrocitĂ©s, le faisant passer, au dĂ©but des annĂ©es 1860, pour le plus sanguinaire des officiers de l’armĂ©e rĂ©guliĂšre argentine.

Biographie

Il s’engagea, sous la direction du politicien colorado Fructuoso Rivera, Ă  la Grande Guerre uruguayenne, participant Ă  des dizaines de batailles. Il aimait Ă  cultiver une image terrifiante, notamment en observant un mutisme qu’il n’entrecoupait guĂšre que par des explosions de violence. Il Ă©tait craint de ses soldats, se montrant trĂšs cruel avec les ennemis, et guĂšre moins avec ses subordonnĂ©s. CĂ©lĂšbre pour son intrĂ©piditĂ©, il portait sur son corps plus d’une cinquantaine de cicatrices, de lance, de baĂŻonnette et de balles.

Il combattit, sous le commandement de Justo JosĂ© de Urquiza, dans la bataille de Caseros de 1852, puis se joignit, lors du siĂšge de Buenos Aires fin 1852, au gĂ©nĂ©ral Hilario Lagos. Au milieu de l’annĂ©e suivante cependant, il passa aux unitaires en Ă©change de pots-de-vin. Il regagna l’État oriental de l’Uruguay pour appuyer le gouvernement de Venancio Flores, mais fut expulsĂ© aprĂšs qu’il eut tentĂ© un coup de force contre le congrĂšs par le moyen d’une rĂ©bellion. Il lutta pour le compte de l’État de Buenos Aires Ă  la bataille de Cepeda (1859), oĂč il fut blessĂ© et laissĂ© pour mort. AprĂšs la bataille de PavĂłn, en , lors de laquelle BartolomĂ© Mitre, Ă  la tĂȘte de l’armĂ©e portĂšgne, vainquit les troupes de la ConfĂ©dĂ©ration commandĂ©es par Justo JosĂ© de Urquiza, et Ă  laquelle il participa, il fut l’un des quatre colonels uruguayens choisis pour ĂȘtre dĂ©pĂȘchĂ©s vers l’intĂ©rieur du pays et y imposer — « par la raison ou par la force », selon la consigne donnĂ©e — la nouvelle idĂ©ologie libĂ©rale et gommer tout vestige du fĂ©dĂ©ralisme[1].

Quelques semaines plus tard, lors de la bataille de Cañada de GĂłmez (province de Santa Fe), Sandes se signala comme l’un des officiers qui mirent Ă  mort des centaines de soldats et gradĂ©s aprĂšs leur reddition. Ce nonobstant, il fut Ă©levĂ© au rang de colonel.

Sous les ordres de Wenceslao Paunero (d’origine orientale comme lui), il prĂȘta ainsi son concours Ă  l’occupation de l’intĂ©rieur de l'Argentine, dispensant des preuves de sa cruautĂ© dans les provinces de San Luis, de Mendoza et de San Juan. Une fois vaincues les troupes fĂ©dĂ©ralistes montoneras qui s’étaient opposĂ©es Ă  lui, il tua les soldats ennemis par dizaines. AprĂšs que tout l’intĂ©rieur du pays eut Ă©tĂ© mis aux mains des forces unitaires et de leurs alliĂ©s, et en particulier aprĂšs que huit gouverneurs de province eurent Ă©tĂ© Ă©vincĂ©s au profit de la faction unitaire, il ne resta plus qu’un dernier foyer de rĂ©sistance : dans la province de La Rioja, dirigĂ© par son illustre caudillo, le Chacho Ángel Vicente Peñaloza.

À la suite de la victoire de ses troupes Ă  la bataille de Las Aguaditas, en , Sandes, rendu furieux par la mort d’un adjudant, assassina sept officiers. Il sillonna tout l’intĂ©rieur de La Rioja Ă  pourchasser des montoneros rĂ©els ou imaginaires. Lors de la bataille de Lomas Blancas, un gaucho ennemi rĂ©ussit Ă  le dĂ©sarçonner, puis, l’ayant jetĂ© Ă  terre, lui laissa la vie sauve. Mais Sandes ensuite remporta une nouvelle victoire et, furibond, donna ordre de tuer tous les prisonniers et de mettre le feu Ă  leurs cadavres. Ricardo Mercado Luna, Ă©crivain et historien originaire de La Rioja, Ă©crivit dans son essai Los coroneles de Mitre (les Colonels de Mitre) que le lieu oĂč fut accomplie cette grande incinĂ©ration vint Ă  ĂȘtre nommĂ©e par les habitants la Carbonera de Sandes (le bĂ»cher de Sandes), « quelques mĂštres de terre perdue dans les plaines de La Rioja, oĂč jusqu’il n’y a guĂšre, une femme pieuse allumait des bouts de bougie dĂ©robĂ©s Ă  la pauvretĂ© de sa solitude ».

Il vainquit Peñaloza une fois encore, Ă  la bataille de Salinas Grandes, Ă  l’occasion de laquelle il rĂ©Ă©dita ses exploits criminels, tuant en tout Ă©tat de cause tous les officiers qui lui tombaient entre les mains, et aussi nombre de soldats. Il agit ainsi sur ordre de son supĂ©rieur, le gouverneur de San Juan et futur prĂ©sident de la rĂ©publique argentine, Domingo Faustino Sarmiento, qui l’appelait le Cid Campeador de l’armĂ©e argentine. Celui-ci lui ordonna de tuer tous les prisonniers de guerre ; Sandes du moins pardonnait-il Ă  quelques gauchos, fĂ»t-ce par pur caprice.

Dans La degollaciĂłn del Chacho, aux pages 26 et 27, Manuel Gregorio Mercado relate ce qui se passa Ă  la suite de la bataille de Las Playas de , laquelle s’était Ă  nouveau soldĂ©e par une dĂ©faite de Peñaloza :

« Celui qui se comporta comme un chacal fut Sandes, uruguayen, commandant en second de l’armĂ©e victorieuse. C’était un militaire cruel et sanguinaire. C’est de cela que lui venait son renom, dit un historien, et il le confirma dans cette bataille, faisant transpercer et fusiller nombre de chefs et d’officiers prisonniers, et traitant avec une cruautĂ© impitoyable et sauvage les autres prisonniers, ceux Ă  qui il avait accordĂ© la vie sauve. Les morts furent au nombre de trois cents et les prisonniers de sept cents. Ces derniers furent conduits Ă  un campement Ă©tabli dans le faubourg est, dans ce qui est aujourd’hui le quartier General Paz. Sur ces infortunĂ©s prisonniers furent commises des cruautĂ©s inĂ©narrables
 Ă  l’issue de la bataille, le vainqueur fit mettre le feu au champ de paille, les blessĂ©s mourant alors carbonisĂ©s. »

Vaincu principalement par Sandes, lequel combinait Ă  sa cruautĂ© d’indĂ©niables capacitĂ©s de chef de cavalerie, Peñaloza envahit la province de San Luis et contraignit le gouvernement national (reprĂ©sentĂ© par Wenceslao Paunero, Ă  son tour reprĂ©sentĂ© par le recteur de l’universitĂ© de CĂłrdoba) Ă  conclure avec lui, en , le traitĂ© de La Banderita, qui, en plus d’instituer la paix civile Ă  La Rioja, prĂ©voyait un Ă©change de prisonniers, lequel toutefois n’eut pas lieu, car lorsque le caudillo remit les officiers prisonniers qu’il dĂ©tenait, il s’avĂ©ra que Sandes et ses comparses avaient tuĂ© tous les leurs.

Sandes et d’autres officiers vainqueurs, se refusant Ă  toute absolution, continuĂšrent de poursuivre, d’arrĂȘter et de tuer d’anciens montoneros. Il s’ensuivit que dĂ©but 1863, Peñaloza, une nouvelle fois, se souleva en armes contre le gouvernement de BartolomĂ© Mitre. Le prĂ©sident nomma alors Sarmiento directeur de la guerre, lequel comptait s’appuyer surtout, pour rĂ©primer les fĂ©dĂ©ralistes provinciaux, sur Sandes. Cependant, celui-ci avait Ă©tĂ© peu auparavant attaquĂ© Ă  la sortie d’une pulperĂ­a (Ă©picerie de campagne en AmĂ©rique hispanique) par un gaucho fugitif et succomba Ă  ses blessures une semaine aprĂšs Ă  Mendoza. Sarmiento clama que sa mort Ă©tait un vĂ©ritable triomphe de la montonera.

Pendant longtemps encore, la seule Ă©vocation de son nom suscitera terreur et haine chez les paysans de La Rioja et de Cuyo.

Bibliographie

  • Mercado Luna, Ricardo, Los coroneles de Mitre, Éd. Plus Ultra, Buenos Aires, 1974.
  • BazĂĄn, Armando R., Historia de La Rioja, Éd. Plus Ultra, Buenos Aires, 1991. (ISBN 950-21-0104-9)
  • Arteaga, Juan JosĂ© et Coolighan, MarĂ­a Luisa, Historia del Uruguay, Éd. Barreiro y Ramos, Montevideo, 1992. (ISBN 9974-33-000-9)
  • ChĂĄvez, FermĂ­n, Vida del Chacho, Éd. TheorĂ­a, Buenos Aires, 1974.

Notes

  1. Dans son ouvrage Las Otras Tablas de Sangre, Alberto Ezcurra Medrano Ă©crivit, p. 122 : “La subsistance de l’esprit traditionnaliste gĂȘnait le libĂ©ralisme. L’on prĂ©fĂ©ra le conquĂ©rir, le dominer, le terroriser. Il fallait pour cela verser beaucoup de sang argentin, mais cela n’importait pas aux libĂ©raux, qui dĂ©tenaient alors le pouvoir. Sarmiento Ă©crivit Ă  Mitre: « Ne cherchez pas Ă  Ă©conomiser le sang de gauchos. Celui-ci est un engrais qu’il faut rendre utile au pays. Le sang est la seule chose qui les rattache aux ĂȘtres humains. »
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