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Bataille de PavĂłn

La bataille de PavĂłn, livrĂ©e le dans la plaine s’étendant entre les actuels villages de Rueda et de Godoy, Ă  quelque 1 500 m de la rive du ruisseau PavĂłn, dans la province de Santa Fe, fut une bataille clef de la Guerre entre la ConfĂ©dĂ©ration argentine et l’État de Buenos Aires, conflit situĂ© dans le cadre des Guerres civiles qui dĂ©chira l’Argentine au cours d’une grande partie du XIXe siĂšcle.

Bataille de PavĂłn
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Tableau historique d'Ignacio Manzoni, de 1861, représentant le champ de bataille prÚs du ruisseau Pavón. En bas au centre, la figure de Bartolomé Mitre, en uniforme, montant un cheval blanc, épée en main, donnant ses ordres à la troupe. Au fond à droite, la maison domaniale de Domingo Palacios, dotée d'une tour de guet. PiÚce conservée au musée Mitre.
Informations générales
Date
Lieu PrĂšs du domaine agricole de Domingo Palacios, Ă  1500 m de la rive sud du ruisseau PavĂłn, entre les actuels villages de Rueda et de Godoy, dans le sud de la province de Santa Fe
Issue Victoire dĂ©cisive de l’État de Buenos Aires
Forces en présence
Total: 15 000[1] - [2]-16000[3]
(probablement 15 400)[4]
35 canons[5]
  • 9 000 fantassins[6]
  • 6 000 cavaliers[6]
  • 1 000 artilleurs[3]
Total: 16000[7]-18.000[8]
(probablement 17 000)[5] - [7]
42 canons[5] - [7] - [9]
  • 5 000 fantassins[6]
  • 11 000 cavaliers[6]
  • 2 000 artilleurs[9]
Pertes
64 officiers et 162 soldats tués[1]
500 blessés[10]
1 200 Ă  1 300 tuĂ©s et blessĂ©s[10]
1 650[6]-1 800[8]prisonniers
32[11]-37[8]canons, 11 drapeaux[8], 3 000 fusils, 5 000 chevaux et le parc entier de matĂ©riel capturĂ©s[6]

Guerres civiles argentines

CoordonnĂ©es 33° 15â€Č sud, 60° 13â€Č ouest

L’élĂ©ment dĂ©clencheur du conflit armĂ© Ă©tait en l’occurrence le refus de la province de Buenos Aires de reprendre sa place au sein de la ConfĂ©dĂ©ration argentine, c'est-Ă -dire de respecter les clauses du pacte de San JosĂ© de Flores conclu en 1859.

AprĂšs un affrontement d’abord Ă©quilibrĂ© lors de la bataille de PavĂłn proprement dite, l’armĂ©e de Buenos Aires, dirigĂ©e par BartolomĂ© Mitre, remporta dans les semaines qui suivirent une victoire totale, due principalement Ă  l’inaction du gĂ©nĂ©ral en chef de la ConfĂ©dĂ©ration, Justo JosĂ© de Urquiza, qui avait inopinĂ©ment, et pour des raisons encore inexpliquĂ©es, abandonnĂ© le champ de bataille, puis dĂ©mobilisĂ© ses troupes. Cela laissa le champ libre Ă  Mitre pour Ă©tendre la domination portĂšgne au pays tout entier, soit par une invasion militaire directe, soit en appuyant l’arrivĂ©e au pouvoir, souvent par la force, de personnalitĂ©s politiques locales dĂ©vouĂ©es Ă  Buenos Aires.

PavĂłn mit ainsi fin Ă  la ConfĂ©dĂ©ration argentine, d’inspiration fĂ©dĂ©raliste, et aboutit Ă  ce que la province de Buenos Aires, qui avait jusque-lĂ  joui d’une quasi indĂ©pendance de fait pendant une dizaine d’annĂ©es, se rĂ©intĂ©grĂąt dans la RĂ©publique argentine, mais cette fois en tant que membre prĂ©pondĂ©rant du pays.

ArriĂšre-plan historique

Forces politiques en présence dans les années 1850

Depuis quelques dĂ©cennies, en particulier depuis la bataille de Caseros et la fin de l’ùre rosiste, la situation politique argentine Ă©tait marquĂ©e par l’antagonisme entre, d’un cĂŽtĂ©, les PortĂšgnes de Buenos Aires, de tendance unitaire, qui prĂ©tendaient imposer leur hĂ©gĂ©monie et leur idĂ©ologie, libĂ©rale et centralisatrice, sur la totalitĂ© du pays, et de l’autre, les provinces dites de l’IntĂ©rieur, de tendance fĂ©dĂ©raliste, qui dĂ©siraient dĂ©centraliser l’État, en accordant une large autonomie politique aux provinces. Unitaires et fĂ©dĂ©ralistes se faisaient face Ă©galement Ă  l’intĂ©rieur de chaque province ainsi qu’à Buenos Aires mĂȘme ; si, certes, ils s’opposaient ainsi les uns aux autres dans leur province respective, Ă  l’heure de dĂ©fendre le terroir commun, que ce soit vis-Ă -vis de Buenos Aires ou d’une autre province, ils s’unissaient pour affronter ensemble l’adversaire.

À la suite de la bataille de Caseros de 1852, le pays Ă©tait restĂ© divisĂ© entre d’une part le dĂ©nommĂ© État de Buenos Aires, de fait quasi indĂ©pendant, et d’autre part la ConfĂ©dĂ©ration argentine, qui se combattaient entre eux en une guerre civile intermittente. La bataille de Cepeda de 1859, remportĂ©e par la ConfĂ©dĂ©ration, et le pacte de San JosĂ© de Flores qui s’ensuivit en 1860, avaient rĂ©uni la province de Buenos Aires au reste du pays, du moins de façon nominale. Ce pacte cependant, pour avantageux qu’en fussent les termes pour Buenos Aires, n’avait pas pour autant permis de stabiliser la situation institutionnelle, Buenos Aires rechignant en effet toujours Ă  rejoindre la ConfĂ©dĂ©ration.

Au terme de son mandat présidentiel, en 1860, le capitaine-général Justo José de Urquiza transféra, devant le congrÚs de la Nation argentine réuni à Paranå, pour lors capitale de la Confédération, la direction politique à Santiago Derqui, avocat originaire de Córdoba.

Cette mĂȘme annĂ©e, la lĂ©gislature de la province de Buenos Aires Ă©lut pour son gouverneur le brigadier BartolomĂ© Mitre, commandant en chef de l’armĂ©e de l’État de Buenos Aires, qu’Urquiza avait vaincu l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente dans le marais de Cepeda.

Conflits dans l’intĂ©rieur

Sous la prĂ©sidence du gĂ©nĂ©ral Urquiza, les provinces de l’intĂ©rieur avaient vĂ©cu en paix, Ă  l’exception de San Juan, oĂč un crime politique servit de catalyseur Ă  la guerre civile, laquelle culmina Ă  Cepeda en 1859. Les choses changĂšrent aprĂšs l’accession Ă  la prĂ©sidence de Santiago Derqui.

Plusieurs caudillos locaux, appartenant Ă  la mouvance unitaire, s’étaient maintenus en paix avec le gouvernement central. Avec le nouveau prĂ©sident cependant, ils se mirent Ă  mener publiquement une politique d’opposition ; ce fut le cas de Manuel Taboada, dans la province de Santiago del Estero, et de JosĂ© MarĂ­a del Campo, dans la province de TucumĂĄn. Les courants politiques que le gouverneur Juan Gregorio Pujol avait rĂ©ussi Ă  faire vivre en bonne entente dans la province de Corrientes recommencĂšrent, Ă  sa mort, Ă  s’affronter. Le gouverneur de CĂłrdoba, Mariano Fragueiro, de tendance unitaire, gĂ©ra trĂšs mal ses relations avec l’opposition ; lorsque la situation prit un tour plus violent, Derqui dĂ©crĂ©ta l’intervention fĂ©dĂ©rale contre le gouvernement de la province[12] : une force de 2 000 hommes de troupe originaires de San Luis, placĂ©s sous les ordres de Juan SaĂĄ, envahit alors la province[13] et gagna la capitale CĂłrdoba.

Mais c’était Ă  nouveau dans la province de San Juan que la situation Ă©tait la plus grave : le gouverneur, le colonel JosĂ© Antonio Virasoro, d’origine correntine, fut renversĂ© et assassinĂ© Ă  l’occasion d’une rĂ©bellion libĂ©rale qui bĂ©nĂ©ficia de l’appui de plusieurs personnalitĂ©s politiques portĂšgnes[14]. Les libĂ©raux nommĂšrent ensuite gouverneur l’avocat Antonino Aberastain. Le prĂ©sident dĂ©pĂȘcha une intervention fĂ©dĂ©rale contre la province, dirigĂ©e par le gouverneur de San Luis, le colonel Juan SaĂĄ, mais le nouveau gouverneur Aberastain l’affronta militairement. Il fut vaincu et assassinĂ© dans le dĂ©partement de Pocito, ce que les PortĂšgnes exploitĂšrent en accusant Derqui d’avoir provoquĂ© le crime.

Élections à Buenos Aires

Pour rendre effective l’union de la province rebelle avec l’État argentin se tint Ă  Buenos Aires l’élection de dĂ©putĂ©s provinciaux appelĂ©s Ă  siĂ©ger au CongrĂšs national. Cependant, peut-ĂȘtre en guise de provocation, ou en signe de mĂ©pris envers les lois nationales, ces Ă©lections furent organisĂ©es conformĂ©ment Ă  la loi Ă©lectorale de Buenos Aires, et non selon la lĂ©gislation nationale. Les dĂ©putĂ©s ainsi Ă©lus furent refoulĂ©s du CongrĂšs, et les sĂ©nateurs portĂšgnes, par solidaritĂ© avec ceux-ci, se retirĂšrent Ă©galement.

Pour cette raison, et pour d’autres motifs encore, le prĂ©sident Santiago Derqui rendit un dĂ©cret par lequel de nouvelles Ă©lections devaient ĂȘtre convoquĂ©es dans la province de Buenos Aires. Toutefois, les autoritĂ©s de la province refusĂšrent de donner suite Ă  cette disposition, et dĂ©clarĂšrent caduc le pacte de San JosĂ© de Flores.

La guerre civile

Préparatifs de la guerre

DĂ©part de Buenos Aires de la Garde nationale en . Peinture Ă  l’huile de Jean Pierre LĂ©on PalliĂšre.

Le CongrĂšs considĂ©ra l’attitude de Buenos Aires comme un acte de sĂ©dition, et Derqui confia au capitaine-gĂ©nĂ©ral, gouverneur d’Entre RĂ­os et ancien prĂ©sident Justo JosĂ© de Urquiza le commandement en chef des forces nationales, avec mission de ramener la province rebelle Ă  l’obĂ©issance. Le gĂ©nĂ©ral Urquiza s’attela Ă  concentrer et organiser des troupes Ă  Diamante, dans la province d’Entre RĂ­os.

Pour sa part, le gouverneur de Buenos Aires, le brigadier BartolomĂ© Mitre, se plaça Ă  la tĂȘte de l’armĂ©e portĂšgne, laquelle commença de se concentrer Ă  Rojas, dans le nord de la province de Buenos Aires, en .

Diverses tentatives de mĂ©diation, Ă©manant tant de personnalitĂ©s individuelles que de diffĂ©rents pays Ă©trangers, Ă©chouĂšrent toutes devant l’intransigeance de Mitre et de Derqui. Urquiza, en revanche, s’attacha jusqu’au dernier moment Ă  prĂ©server la paix et refusa systĂ©matiquement de prendre l’initiative contre l’armĂ©e de Buenos Aires, au contraire de ce que lui conseillaient ses colonels Ricardo LĂłpez JordĂĄn et Prudencio Arnold.

Le prĂ©sident Derqui de son cĂŽtĂ© mit sur pied une armĂ©e Ă  CĂłrdoba, rassemblant un groupe hĂ©tĂ©rogĂšne d’unitĂ©s d’infanterie de CĂłrdoba et de cavalerie de San Luis, sous le commandement des colonels-majors JosĂ© MarĂ­a Francia et Juan SaĂĄ, respectivement. Cependant, la mobilisation fut lente et peu nombreuse. Alors que Santa Fe Ă©tait capable thĂ©oriquement de mobiliser 6 000 miliciens Ă  la fois, il s’en prĂ©senta Ă  peine 2 000 sous les ordres de LĂłpez JordĂĄn ; Ă  l’appel de Derqui ne rĂ©pondirent au dĂ©part que 3 000 hommes d’Entre RĂ­os, et SaĂĄ entraĂźna avec lui un effectif de quelque 1 500 hommes de San Luis, parmi lesquels beaucoup Ă©taient mĂ©contents de leur gouverneur[15].

Les forces rĂ©unies par Derqui lui-mĂȘme s’élevaient Ă  environ 8 000 hommes (mais d’autres, il est vrai, ont estimĂ© ces effectifs Ă  la moitiĂ© de ce nombre)[16]. Cependant, durant la marche, le mĂ©contentement des hommes de CĂłrdoba Ă  l’endroit de Derqui et l’influence des libĂ©raux chez les officiers de cette province se firent bientĂŽt sentir, conduisant quelque 2 000 d’entre eux Ă  dĂ©serter[17].À ces forces, qui avaient gagnĂ© le sud de la province de Santa Fe, se joignirent celles d’Urquiza, composĂ©es d'hommes d’Entre RĂ­os et de Correntins, celles de la province de Santa Fe (aux alentours de 2 000 hommes de la garnison de Rosario)[16] et les Ă©migrĂ©s de Buenos Aires ; la grande majoritĂ© de ces forces Ă©tait de cavalerie, avec quelques petites unitĂ©s d’infanterie.

Au total, l’armĂ©e confĂ©dĂ©rale comptait 17 000 hommes, dont 8 000 Ă©taient apportĂ©s par les provinces du centre et 9 000 par Entre RĂ­os, Corrientes et Santa Fe[18] - [19].

L’armĂ©e mitriste, composĂ©e de 22 000 hommes[20] et de 35 piĂšces d’artillerie, prĂ©sentait une importante supĂ©rioritĂ© numĂ©rique, d’armement et d'Ă©quipement en infanterie et artillerie.

Derqui avança jusqu’à Rosario, oĂč il cĂ©da le commandement Ă  Urquiza. Mitre, pour sa part, fit presque directement mouvement vers le nord de sa province[21] et envahit Santa Fe.

La bataille

Les deux forces se firent face sur les rives du ruisseau PavĂłn, Ă  40 km au sud de Rosario, dans la province de Santa Fe, Ă  260 km au nord-ouest de la ville de Buenos Aires. Urquiza dĂ©ploya ses troupes en un dispositif dĂ©fensif, formant une ligne s’étirant Ă  l’est et Ă  l’ouest de la ferme de Domingo Palacios (l’actuelle ferme Los Naranjos)[22]. La cavalerie fut disposĂ©e sur les ailes.

AprĂšs s’ĂȘtre approchĂ© Ă  800 mĂštres de la ferme, Mitre dĂ©ploya son infanterie et se prĂ©para Ă  attaquer le centre du dispositif de l’adversaire. Pourtant, ce fut l'artillerie confĂ©dĂ©rale qui lança la bataille, ouvrant de grandes brĂšches dans les rangs des fantassins de Buenos Aires, cibles en effet faciles par leurs uniformes colorĂ©s et voyants.

Pendant le combat, au dĂ©roulement irrĂ©gulier, d’une durĂ©e de deux heures Ă  peine, l’aile gauche de la formation confĂ©dĂ©rale, commandĂ©e par le colonel-major Juan SaĂĄ et composĂ©e en grande partie de divisions originaires des provinces de Santa Fe et de Buenos Aires amenĂ©es par Ricardo LĂłpez JordĂĄn, mit en dĂ©confiture la cavalerie du Premier Corps de l’armĂ©e portĂšgne, placĂ©e sous les ordres du gĂ©nĂ©ral et ancien prĂ©sident uruguayen Venancio Flores, et la poursuivit ensuite jusqu’au-delĂ  de la riviĂšre Arroyo del Medio (cours d’eau marquant la frontiĂšre entre les provinces de Buenos Aires et de Santa Fe). La cavalerie du DeuxiĂšme Corps portĂšgne, sous le commandement du gĂ©nĂ©ral expĂ©rimentĂ© Manuel Hornos, opposa davantage de rĂ©sistance, mais dut finalement battre en retraite, en laissant aux mains de ses adversaires tout le parc de matĂ©riel en plus de nombreux prisonniers. De mĂȘme, l’aile droite confĂ©dĂ©rale, que dirigeait le gĂ©nĂ©ral Miguel Galarza, culbuta la maigre cavalerie de l’aile gauche de Buenos Aires.

En revanche, le centre de l’armĂ©e de la ConfĂ©dĂ©ration, constituĂ©e de miliciens de l’intĂ©rieur n’ayant que peu d’expĂ©rience militaire, fut dĂ©bordĂ© et contraint de reculer sous les coups des bataillons aguerris et bien Ă©quipĂ©s de l’infanterie portĂšgne. Voyant le centre de sa formation de combat ainsi dĂ©bandĂ©, Urquiza dĂ©cida de quitter le champ de bataille, sans avoir vĂ©ritablement engagĂ© dans la lutte les 4 000 hommes des divisions d’Entre RĂ­os[23] qu’il avait gardĂ©es en rĂ©serve, et fit mouvement en direction de Rosario ; en passant par son campement, il l’aperçut en train d’ĂȘtre saccagĂ© par son infanterie en dĂ©route. Il poursuivit ensuite son chemin vers San Lorenzo et Las Barrancas (es) ; c’est lĂ  qu’il apprit la nouvelle de la victoire de sa cavalerie, mais ne retourna plus au champ de bataille.

Plusieurs hypothĂšses ont Ă©tĂ© formulĂ©es pour expliquer cette insolite retraite, mais aucune n’apparaĂźt satisfaisante. Les thĂšses les plus rĂ©pandues sont celle qui attribue cette retraite Ă  une maladie rĂ©nale dont souffrait Urquiza, et celle qui veut que celui-ci se mĂ©fiait du prĂ©sident Derqui et redoutait une trahison. Une autre thĂ©orie postule quelque pacte sous-jacent conclu par la franc-maçonnerie argentine, pacte auquel Ă©taient liĂ©s Urquiza, Mitre, Derqui et Sarmiento, et qui les astreignait, sous serment, Ă  faire tout ce qui Ă©tait en leur pouvoir pour apaiser la guerre civile.

Quoi qu’il en soit, l’énigmatique dĂ©cision d’Urquiza laissa le champ libre Ă  l’armĂ©e de Buenos Aires, pour l'heure repliĂ©e sur San NicolĂĄs de los Arroyos. Mitre s’appliqua alors Ă  consolider sa position, pour ensuite faire mouvement vers Santa Fe. Le , il entama, avec 13 000 hommes et 42 piĂšces d’artillerie, sa marche contre Rosario, dont il se rendit maĂźtre une semaine plus tard[24].

Conséquences

CimetiĂšre de Morante (petite localitĂ© Ă  12 km du champ de bataille, dans le dĂ©partement de ConstituciĂłn), oĂč furent inhumĂ©s une partie des morts trouvĂ©s aprĂšs la bataille.

Les batailles de Cepeda de 1820, de Caseros et de PavĂłn furent sans doute les trois affrontements armĂ©s majeurs de l’histoire de l’Argentine, tant du point de vue des suites institutionnelles provoquĂ©es par elles, que par le repositionnement auquel furent contraints Ă  leur suite quasi tous les acteurs politiques.

Ayant constatĂ© l’inaction d’Urquiza, Mitre opĂ©ra un regroupement de ses troupes. Entre-temps, une partie de la cavalerie confĂ©dĂ©rale s’était avancĂ©e sur Pergamino, dans le nord de la province de Buenos Aires, et s’était emparĂ©e du village. Ce n’est qu’aprĂšs qu’une rĂ©action de la cavalerie portĂšgne eut refoulĂ© les cavaliers confĂ©dĂ©raux vers la province de Santa Fe que Mitre donna le dĂ©part Ă  son armĂ©e en direction de cette province, alors que plusieurs semaines dĂ©jĂ  s’étaient Ă©coulĂ©es depuis la bataille.

Dans les mois suivants, l’avancĂ©e des PortĂšgnes et de leurs alliĂ©s fut imparable ; la seule armĂ©e confĂ©dĂ©rale capable de leur opposer rĂ©sistance, Ă  savoir celle d’Urquiza, fut pratiquement dĂ©mantelĂ©e sur ordre de celui-ci.

AprĂšs avoir en vain essayĂ© de rĂ©sister Ă  Rosario[25], mais s’avisant bientĂŽt que le pays tout entier Ă©tait envahi, Derqui dĂ©missionna et chercha refuge Ă  Montevideo[26] ; quelques semaines plus tard, le vice-prĂ©sident Juan Esteban Pedernera dĂ©clara caduc le gouvernement national.

À partir de cet instant, Mitre projeta son influence sur le pays tout entier : tous les gouverneurs fĂ©dĂ©ralistes ― Ă  la notable exception d’Urquiza― furent renversĂ©s dans les derniĂšres semaines de cette mĂȘme annĂ©e et dans les premiĂšres de 1862. Certains le furent par les soins d'unitaires locaux, mettant Ă  profit la proximitĂ© des forces portĂšgnes[27], d’autres le furent directement par l’armĂ©e portĂšgne aprĂšs invasion de la province concernĂ©e. Ceux qui avaient Ă©chappĂ© Ă  tel sort se joignirent aux autres pour admettre que le pouvoir national Ă©tait tombĂ©[28] et pour confier son refaçonnement au gouverneur de Buenos Aires, BartolomĂ© Mitre.

Quelques mois plus tard, Mitre fut Ă©lu prĂ©sident de la Nation par la voie d’élections organisĂ©es par les nouveaux gouvernements provinciaux ; les candidats fĂ©dĂ©ralistes avaient Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s des Ă©lections, tant pour les gouvernorats de province que pour la prĂ©sidence nationale. Autour de Mitre se fit alors valoir le fort noyau porteñista qui constituait sa base politique, accaparant les ministĂšres et bon nombre des siĂšges du CongrĂšs.

La capitale du pays, qui avait Ă©tĂ© Ă©tablie Ă  ParanĂĄ, fut transfĂ©rĂ©e Ă  Buenos Aires. Mais le gouvernement national dut accepter de figurer dorĂ©navant comme l’hĂŽte du gouvernement de Buenos Aires. Cette relocalisation de la capitale permit aux PortĂšgnes de dĂ©fendre plus efficacement leurs intĂ©rĂȘts.

Dans les annĂ©es qui suivirent, l’Argentine s’attacha Ă  conserver una organisation politique nominalement fĂ©dĂ©rale, mais la prĂ©ponderance de fait de Buenos Aires se maintint inĂ©branlable, et ce jusqu’à ce que les Ă©lites de Buenos Aires fussent parvenus Ă  configurer le pays Ă  leur image et en adĂ©quation avec leurs propres intĂ©rĂȘts. Lentement, le pays viendrait ensuite Ă  se rĂ©organiser en un État plus ou moins fĂ©dĂ©ral, mais d’idĂ©ologie libĂ©rale et avec une Ă©conomie axĂ©e sur le libre-Ă©change.

Notes

  1. Rock, p. 47, note n° 46
  2. SĂĄenz Quesada, p. 354
  3. Marley, 2008: 782
  4. Bartolomé Mitre & Jorge Adolfo Mitre, p. 247
  5. Pelliza, p. 319-322
  6. Biblioteca de Armas - Historia Militar Argentina.
  7. Diaz, p. 202
  8. Bioy & Borges, 1955: 293
  9. Rosa, 1965: 358
  10. Diego Abad de SantillĂĄn, p. 56-57
  11. La Batalla de PavĂłn - La guĂ­a de Historia
  12. Derqui Ă©tait natif de CĂłrdoba.
  13. (en) Isidoro Moreno, Campañas militares argentinas : la política y la guerra, vol. 3 : Rebeliones y crisis internacional (1854-1865), Buenos Aires, Argentina, Emecé Claridad, coll. « Memoria argentina », (ISBN 978-9-506-20245-3), p. 98.
  14. Au premier rang desquels, le sanjuanino Domingo Faustino Sarmiento
  15. (es) Nicasio Oroño et Miguel Angel de Marco (Ed.), Obra completa, t. 2 : obra completa, Santa Fe, RepĂșblica Argentina Buenos Aires, Universidad Nacional del Litoral Academia Nacional de la Historia, , 1147 p. (ISBN 978-9-875-08328-8, lire en ligne), p. 1094
  16. Bartolomé Mitre & Jorge Adolfo Mitre (1911). Archivo del general Mitre. Tome VIII. Buenos Aires: Biblioteca de "La Nación", p. 207
  17. Mitre & Mitre, 1911: 237
  18. J. E. Acevedo (1940). Historia argentina y constituciĂłn nacional: adaptada especialmente al programa de la Facultad de derecho de Buenos Aires. Buenos Aires: A. Lacort, p. 361
  19. BartolomĂ© Mitre & Jorge Adolfo Mitre (1911). Archivo del general Mitre. Tome IX. Buenos Aires: Biblioteca de "La NaciĂłn", p. 138. Mitre hausse ces effectifs Ă  un nombre de 18 000 Ă  20 000 confĂ©dĂ©rĂ©s, venus de Santa Fe, d’Entre RĂ­os, de Corrientes, de CĂłrdoba, de San Luis, avec des apports mineurs d’autres provinces.
  20. Ciudad Digital: La batalla de PavĂłn
  21. Pour partie, les troupes de Mitre furent débarquées de vaisseaux de transport fluviaux à San Nicolås de los Arroyos.
  22. «Los Naranjos, la estancia donde vive el pasado», article d’Osvaldo Aguirre dans le quotidien La Capital de Rosario du 9 septembre 2011.
  23. James Louis Garvin, Franklin Henry Hooper & Warren E. Cox (1929). The Encyclopedia britannica. Tome II. Londres: The Encyclopedia britannica company, p. 329.
  24. Miguel Ángel de Marco (agosto de 2011) "A ciento cincuenta años de la batalla de Pavón", article dans la Revista de la Bolsa de Comercio de Rosario, p. 6. Consulté le 24 décembre 2011.
  25. Victorica, op. cit., p. 419
  26. Rock, op. cit., p. 48
  27. Le gouvernement de Corrientes fut renversĂ© avec l’appui tout au plus tacite de Buenos Aires ; mais ce fut lĂ  un cas unique.
  28. Selon l'hypocrite expression de quelques-uns des vainqueurs, le gouvernement national Ă©tait tombĂ© « de fait et de droit Â» (de hecho y de derecho).

Bibliographie

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Liens externes

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