Bataille de PavĂłn
La bataille de PavĂłn, livrĂ©e le dans la plaine sâĂ©tendant entre les actuels villages de Rueda et de Godoy, Ă quelque 1 500 m de la rive du ruisseau PavĂłn, dans la province de Santa Fe, fut une bataille clef de la Guerre entre la ConfĂ©dĂ©ration argentine et lâĂtat de Buenos Aires, conflit situĂ© dans le cadre des Guerres civiles qui dĂ©chira lâArgentine au cours dâune grande partie du XIXe siĂšcle.
Date | |
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Lieu | PrĂšs du domaine agricole de Domingo Palacios, Ă 1500 m de la rive sud du ruisseau PavĂłn, entre les actuels villages de Rueda et de Godoy, dans le sud de la province de Santa Fe |
Issue | Victoire dĂ©cisive de lâĂtat de Buenos Aires |
Ătat de Buenos Aires | ConfĂ©dĂ©ration argentine |
Bartolomé Mitre | Justo José de Urquiza |
Total: 15 000[1] - [2]-16000[3] (probablement 15 400)[4] 35 canons[5] | Total: 16000[7]-18.000[8] (probablement 17 000)[5] - [7] 42 canons[5] - [7] - [9] |
64 officiers et 162 soldats tués[1] 500 blessés[10] | 1 200 à 1 300 tués et blessés[10] 1 650[6]-1 800[8]prisonniers 32[11]-37[8]canons, 11 drapeaux[8], 3 000 fusils, 5 000 chevaux et le parc entier de matériel capturés[6] |
CoordonnĂ©es | 33° 15âČ sud, 60° 13âČ ouest |
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LâĂ©lĂ©ment dĂ©clencheur du conflit armĂ© Ă©tait en lâoccurrence le refus de la province de Buenos Aires de reprendre sa place au sein de la ConfĂ©dĂ©ration argentine, c'est-Ă -dire de respecter les clauses du pacte de San JosĂ© de Flores conclu en 1859.
AprĂšs un affrontement dâabord Ă©quilibrĂ© lors de la bataille de PavĂłn proprement dite, lâarmĂ©e de Buenos Aires, dirigĂ©e par BartolomĂ© Mitre, remporta dans les semaines qui suivirent une victoire totale, due principalement Ă lâinaction du gĂ©nĂ©ral en chef de la ConfĂ©dĂ©ration, Justo JosĂ© de Urquiza, qui avait inopinĂ©ment, et pour des raisons encore inexpliquĂ©es, abandonnĂ© le champ de bataille, puis dĂ©mobilisĂ© ses troupes. Cela laissa le champ libre Ă Mitre pour Ă©tendre la domination portĂšgne au pays tout entier, soit par une invasion militaire directe, soit en appuyant lâarrivĂ©e au pouvoir, souvent par la force, de personnalitĂ©s politiques locales dĂ©vouĂ©es Ă Buenos Aires.
PavĂłn mit ainsi fin Ă la ConfĂ©dĂ©ration argentine, dâinspiration fĂ©dĂ©raliste, et aboutit Ă ce que la province de Buenos Aires, qui avait jusque-lĂ joui dâune quasi indĂ©pendance de fait pendant une dizaine dâannĂ©es, se rĂ©intĂ©grĂąt dans la RĂ©publique argentine, mais cette fois en tant que membre prĂ©pondĂ©rant du pays.
ArriĂšre-plan historique
Forces politiques en présence dans les années 1850
Depuis quelques dĂ©cennies, en particulier depuis la bataille de Caseros et la fin de lâĂšre rosiste, la situation politique argentine Ă©tait marquĂ©e par lâantagonisme entre, dâun cĂŽtĂ©, les PortĂšgnes de Buenos Aires, de tendance unitaire, qui prĂ©tendaient imposer leur hĂ©gĂ©monie et leur idĂ©ologie, libĂ©rale et centralisatrice, sur la totalitĂ© du pays, et de lâautre, les provinces dites de lâIntĂ©rieur, de tendance fĂ©dĂ©raliste, qui dĂ©siraient dĂ©centraliser lâĂtat, en accordant une large autonomie politique aux provinces. Unitaires et fĂ©dĂ©ralistes se faisaient face Ă©galement Ă lâintĂ©rieur de chaque province ainsi quâĂ Buenos Aires mĂȘme ; si, certes, ils sâopposaient ainsi les uns aux autres dans leur province respective, Ă lâheure de dĂ©fendre le terroir commun, que ce soit vis-Ă -vis de Buenos Aires ou dâune autre province, ils sâunissaient pour affronter ensemble lâadversaire.
Ă la suite de la bataille de Caseros de 1852, le pays Ă©tait restĂ© divisĂ© entre dâune part le dĂ©nommĂ© Ătat de Buenos Aires, de fait quasi indĂ©pendant, et dâautre part la ConfĂ©dĂ©ration argentine, qui se combattaient entre eux en une guerre civile intermittente. La bataille de Cepeda de 1859, remportĂ©e par la ConfĂ©dĂ©ration, et le pacte de San JosĂ© de Flores qui sâensuivit en 1860, avaient rĂ©uni la province de Buenos Aires au reste du pays, du moins de façon nominale. Ce pacte cependant, pour avantageux quâen fussent les termes pour Buenos Aires, nâavait pas pour autant permis de stabiliser la situation institutionnelle, Buenos Aires rechignant en effet toujours Ă rejoindre la ConfĂ©dĂ©ration.
Au terme de son mandat présidentiel, en 1860, le capitaine-général Justo José de Urquiza transféra, devant le congrÚs de la Nation argentine réuni à Paranå, pour lors capitale de la Confédération, la direction politique à Santiago Derqui, avocat originaire de Córdoba.
Cette mĂȘme annĂ©e, la lĂ©gislature de la province de Buenos Aires Ă©lut pour son gouverneur le brigadier BartolomĂ© Mitre, commandant en chef de lâarmĂ©e de lâĂtat de Buenos Aires, quâUrquiza avait vaincu lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente dans le marais de Cepeda.
Conflits dans lâintĂ©rieur
Sous la prĂ©sidence du gĂ©nĂ©ral Urquiza, les provinces de lâintĂ©rieur avaient vĂ©cu en paix, Ă lâexception de San Juan, oĂč un crime politique servit de catalyseur Ă la guerre civile, laquelle culmina Ă Cepeda en 1859. Les choses changĂšrent aprĂšs lâaccession Ă la prĂ©sidence de Santiago Derqui.
Plusieurs caudillos locaux, appartenant Ă la mouvance unitaire, sâĂ©taient maintenus en paix avec le gouvernement central. Avec le nouveau prĂ©sident cependant, ils se mirent Ă mener publiquement une politique dâopposition ; ce fut le cas de Manuel Taboada, dans la province de Santiago del Estero, et de JosĂ© MarĂa del Campo, dans la province de TucumĂĄn. Les courants politiques que le gouverneur Juan Gregorio Pujol avait rĂ©ussi Ă faire vivre en bonne entente dans la province de Corrientes recommencĂšrent, Ă sa mort, Ă sâaffronter. Le gouverneur de CĂłrdoba, Mariano Fragueiro, de tendance unitaire, gĂ©ra trĂšs mal ses relations avec lâopposition ; lorsque la situation prit un tour plus violent, Derqui dĂ©crĂ©ta lâintervention fĂ©dĂ©rale contre le gouvernement de la province[12] : une force de 2 000 hommes de troupe originaires de San Luis, placĂ©s sous les ordres de Juan SaĂĄ, envahit alors la province[13] et gagna la capitale CĂłrdoba.
Mais câĂ©tait Ă nouveau dans la province de San Juan que la situation Ă©tait la plus grave : le gouverneur, le colonel JosĂ© Antonio Virasoro, dâorigine correntine, fut renversĂ© et assassinĂ© Ă lâoccasion dâune rĂ©bellion libĂ©rale qui bĂ©nĂ©ficia de lâappui de plusieurs personnalitĂ©s politiques portĂšgnes[14]. Les libĂ©raux nommĂšrent ensuite gouverneur lâavocat Antonino Aberastain. Le prĂ©sident dĂ©pĂȘcha une intervention fĂ©dĂ©rale contre la province, dirigĂ©e par le gouverneur de San Luis, le colonel Juan SaĂĄ, mais le nouveau gouverneur Aberastain lâaffronta militairement. Il fut vaincu et assassinĂ© dans le dĂ©partement de Pocito, ce que les PortĂšgnes exploitĂšrent en accusant Derqui dâavoir provoquĂ© le crime.
Ălections Ă Buenos Aires
Pour rendre effective lâunion de la province rebelle avec lâĂtat argentin se tint Ă Buenos Aires lâĂ©lection de dĂ©putĂ©s provinciaux appelĂ©s Ă siĂ©ger au CongrĂšs national. Cependant, peut-ĂȘtre en guise de provocation, ou en signe de mĂ©pris envers les lois nationales, ces Ă©lections furent organisĂ©es conformĂ©ment Ă la loi Ă©lectorale de Buenos Aires, et non selon la lĂ©gislation nationale. Les dĂ©putĂ©s ainsi Ă©lus furent refoulĂ©s du CongrĂšs, et les sĂ©nateurs portĂšgnes, par solidaritĂ© avec ceux-ci, se retirĂšrent Ă©galement.
Pour cette raison, et pour dâautres motifs encore, le prĂ©sident Santiago Derqui rendit un dĂ©cret par lequel de nouvelles Ă©lections devaient ĂȘtre convoquĂ©es dans la province de Buenos Aires. Toutefois, les autoritĂ©s de la province refusĂšrent de donner suite Ă cette disposition, et dĂ©clarĂšrent caduc le pacte de San JosĂ© de Flores.
La guerre civile
Préparatifs de la guerre
Le CongrĂšs considĂ©ra lâattitude de Buenos Aires comme un acte de sĂ©dition, et Derqui confia au capitaine-gĂ©nĂ©ral, gouverneur dâEntre RĂos et ancien prĂ©sident Justo JosĂ© de Urquiza le commandement en chef des forces nationales, avec mission de ramener la province rebelle Ă lâobĂ©issance. Le gĂ©nĂ©ral Urquiza sâattela Ă concentrer et organiser des troupes Ă Diamante, dans la province dâEntre RĂos.
Pour sa part, le gouverneur de Buenos Aires, le brigadier BartolomĂ© Mitre, se plaça Ă la tĂȘte de lâarmĂ©e portĂšgne, laquelle commença de se concentrer Ă Rojas, dans le nord de la province de Buenos Aires, en .
Diverses tentatives de mĂ©diation, Ă©manant tant de personnalitĂ©s individuelles que de diffĂ©rents pays Ă©trangers, Ă©chouĂšrent toutes devant lâintransigeance de Mitre et de Derqui. Urquiza, en revanche, sâattacha jusquâau dernier moment Ă prĂ©server la paix et refusa systĂ©matiquement de prendre lâinitiative contre lâarmĂ©e de Buenos Aires, au contraire de ce que lui conseillaient ses colonels Ricardo LĂłpez JordĂĄn et Prudencio Arnold.
Le prĂ©sident Derqui de son cĂŽtĂ© mit sur pied une armĂ©e Ă CĂłrdoba, rassemblant un groupe hĂ©tĂ©rogĂšne dâunitĂ©s dâinfanterie de CĂłrdoba et de cavalerie de San Luis, sous le commandement des colonels-majors JosĂ© MarĂa Francia et Juan SaĂĄ, respectivement. Cependant, la mobilisation fut lente et peu nombreuse. Alors que Santa Fe Ă©tait capable thĂ©oriquement de mobiliser 6 000 miliciens Ă la fois, il sâen prĂ©senta Ă peine 2 000 sous les ordres de LĂłpez JordĂĄn ; Ă lâappel de Derqui ne rĂ©pondirent au dĂ©part que 3 000 hommes dâEntre RĂos, et SaĂĄ entraĂźna avec lui un effectif de quelque 1 500 hommes de San Luis, parmi lesquels beaucoup Ă©taient mĂ©contents de leur gouverneur[15].
Les forces rĂ©unies par Derqui lui-mĂȘme sâĂ©levaient Ă environ 8 000 hommes (mais dâautres, il est vrai, ont estimĂ© ces effectifs Ă la moitiĂ© de ce nombre)[16]. Cependant, durant la marche, le mĂ©contentement des hommes de CĂłrdoba Ă lâendroit de Derqui et lâinfluence des libĂ©raux chez les officiers de cette province se firent bientĂŽt sentir, conduisant quelque 2 000 dâentre eux Ă dĂ©serter[17].Ă ces forces, qui avaient gagnĂ© le sud de la province de Santa Fe, se joignirent celles dâUrquiza, composĂ©es d'hommes dâEntre RĂos et de Correntins, celles de la province de Santa Fe (aux alentours de 2 000 hommes de la garnison de Rosario)[16] et les Ă©migrĂ©s de Buenos Aires ; la grande majoritĂ© de ces forces Ă©tait de cavalerie, avec quelques petites unitĂ©s dâinfanterie.
Au total, lâarmĂ©e confĂ©dĂ©rale comptait 17 000 hommes, dont 8 000 Ă©taient apportĂ©s par les provinces du centre et 9 000 par Entre RĂos, Corrientes et Santa Fe[18] - [19].
LâarmĂ©e mitriste, composĂ©e de 22 000 hommes[20] et de 35 piĂšces dâartillerie, prĂ©sentait une importante supĂ©rioritĂ© numĂ©rique, dâarmement et d'Ă©quipement en infanterie et artillerie.
Derqui avança jusquâĂ Rosario, oĂč il cĂ©da le commandement Ă Urquiza. Mitre, pour sa part, fit presque directement mouvement vers le nord de sa province[21] et envahit Santa Fe.
La bataille
Les deux forces se firent face sur les rives du ruisseau PavĂłn, Ă 40 km au sud de Rosario, dans la province de Santa Fe, Ă 260 km au nord-ouest de la ville de Buenos Aires. Urquiza dĂ©ploya ses troupes en un dispositif dĂ©fensif, formant une ligne sâĂ©tirant Ă lâest et Ă lâouest de la ferme de Domingo Palacios (lâactuelle ferme Los Naranjos)[22]. La cavalerie fut disposĂ©e sur les ailes.
AprĂšs sâĂȘtre approchĂ© Ă 800 mĂštres de la ferme, Mitre dĂ©ploya son infanterie et se prĂ©para Ă attaquer le centre du dispositif de lâadversaire. Pourtant, ce fut l'artillerie confĂ©dĂ©rale qui lança la bataille, ouvrant de grandes brĂšches dans les rangs des fantassins de Buenos Aires, cibles en effet faciles par leurs uniformes colorĂ©s et voyants.
Pendant le combat, au dĂ©roulement irrĂ©gulier, dâune durĂ©e de deux heures Ă peine, lâaile gauche de la formation confĂ©dĂ©rale, commandĂ©e par le colonel-major Juan SaĂĄ et composĂ©e en grande partie de divisions originaires des provinces de Santa Fe et de Buenos Aires amenĂ©es par Ricardo LĂłpez JordĂĄn, mit en dĂ©confiture la cavalerie du Premier Corps de lâarmĂ©e portĂšgne, placĂ©e sous les ordres du gĂ©nĂ©ral et ancien prĂ©sident uruguayen Venancio Flores, et la poursuivit ensuite jusquâau-delĂ de la riviĂšre Arroyo del Medio (cours dâeau marquant la frontiĂšre entre les provinces de Buenos Aires et de Santa Fe). La cavalerie du DeuxiĂšme Corps portĂšgne, sous le commandement du gĂ©nĂ©ral expĂ©rimentĂ© Manuel Hornos, opposa davantage de rĂ©sistance, mais dut finalement battre en retraite, en laissant aux mains de ses adversaires tout le parc de matĂ©riel en plus de nombreux prisonniers. De mĂȘme, lâaile droite confĂ©dĂ©rale, que dirigeait le gĂ©nĂ©ral Miguel Galarza, culbuta la maigre cavalerie de lâaile gauche de Buenos Aires.
En revanche, le centre de lâarmĂ©e de la ConfĂ©dĂ©ration, constituĂ©e de miliciens de lâintĂ©rieur nâayant que peu dâexpĂ©rience militaire, fut dĂ©bordĂ© et contraint de reculer sous les coups des bataillons aguerris et bien Ă©quipĂ©s de lâinfanterie portĂšgne. Voyant le centre de sa formation de combat ainsi dĂ©bandĂ©, Urquiza dĂ©cida de quitter le champ de bataille, sans avoir vĂ©ritablement engagĂ© dans la lutte les 4 000 hommes des divisions dâEntre RĂos[23] quâil avait gardĂ©es en rĂ©serve, et fit mouvement en direction de Rosario ; en passant par son campement, il lâaperçut en train dâĂȘtre saccagĂ© par son infanterie en dĂ©route. Il poursuivit ensuite son chemin vers San Lorenzo et Las Barrancas (es) ; câest lĂ quâil apprit la nouvelle de la victoire de sa cavalerie, mais ne retourna plus au champ de bataille.
Plusieurs hypothĂšses ont Ă©tĂ© formulĂ©es pour expliquer cette insolite retraite, mais aucune nâapparaĂźt satisfaisante. Les thĂšses les plus rĂ©pandues sont celle qui attribue cette retraite Ă une maladie rĂ©nale dont souffrait Urquiza, et celle qui veut que celui-ci se mĂ©fiait du prĂ©sident Derqui et redoutait une trahison. Une autre thĂ©orie postule quelque pacte sous-jacent conclu par la franc-maçonnerie argentine, pacte auquel Ă©taient liĂ©s Urquiza, Mitre, Derqui et Sarmiento, et qui les astreignait, sous serment, Ă faire tout ce qui Ă©tait en leur pouvoir pour apaiser la guerre civile.
Quoi quâil en soit, lâĂ©nigmatique dĂ©cision dâUrquiza laissa le champ libre Ă lâarmĂ©e de Buenos Aires, pour l'heure repliĂ©e sur San NicolĂĄs de los Arroyos. Mitre sâappliqua alors Ă consolider sa position, pour ensuite faire mouvement vers Santa Fe. Le , il entama, avec 13 000 hommes et 42 piĂšces dâartillerie, sa marche contre Rosario, dont il se rendit maĂźtre une semaine plus tard[24].
Conséquences
Les batailles de Cepeda de 1820, de Caseros et de PavĂłn furent sans doute les trois affrontements armĂ©s majeurs de lâhistoire de lâArgentine, tant du point de vue des suites institutionnelles provoquĂ©es par elles, que par le repositionnement auquel furent contraints Ă leur suite quasi tous les acteurs politiques.
Ayant constatĂ© lâinaction dâUrquiza, Mitre opĂ©ra un regroupement de ses troupes. Entre-temps, une partie de la cavalerie confĂ©dĂ©rale sâĂ©tait avancĂ©e sur Pergamino, dans le nord de la province de Buenos Aires, et sâĂ©tait emparĂ©e du village. Ce nâest quâaprĂšs quâune rĂ©action de la cavalerie portĂšgne eut refoulĂ© les cavaliers confĂ©dĂ©raux vers la province de Santa Fe que Mitre donna le dĂ©part Ă son armĂ©e en direction de cette province, alors que plusieurs semaines dĂ©jĂ sâĂ©taient Ă©coulĂ©es depuis la bataille.
Dans les mois suivants, lâavancĂ©e des PortĂšgnes et de leurs alliĂ©s fut imparable ; la seule armĂ©e confĂ©dĂ©rale capable de leur opposer rĂ©sistance, Ă savoir celle dâUrquiza, fut pratiquement dĂ©mantelĂ©e sur ordre de celui-ci.
AprĂšs avoir en vain essayĂ© de rĂ©sister Ă Rosario[25], mais sâavisant bientĂŽt que le pays tout entier Ă©tait envahi, Derqui dĂ©missionna et chercha refuge Ă Montevideo[26] ; quelques semaines plus tard, le vice-prĂ©sident Juan Esteban Pedernera dĂ©clara caduc le gouvernement national.
Ă partir de cet instant, Mitre projeta son influence sur le pays tout entier : tous les gouverneurs fĂ©dĂ©ralistes â Ă la notable exception dâUrquizaâ furent renversĂ©s dans les derniĂšres semaines de cette mĂȘme annĂ©e et dans les premiĂšres de 1862. Certains le furent par les soins d'unitaires locaux, mettant Ă profit la proximitĂ© des forces portĂšgnes[27], dâautres le furent directement par lâarmĂ©e portĂšgne aprĂšs invasion de la province concernĂ©e. Ceux qui avaient Ă©chappĂ© Ă tel sort se joignirent aux autres pour admettre que le pouvoir national Ă©tait tombĂ©[28] et pour confier son refaçonnement au gouverneur de Buenos Aires, BartolomĂ© Mitre.
Quelques mois plus tard, Mitre fut Ă©lu prĂ©sident de la Nation par la voie dâĂ©lections organisĂ©es par les nouveaux gouvernements provinciaux ; les candidats fĂ©dĂ©ralistes avaient Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s des Ă©lections, tant pour les gouvernorats de province que pour la prĂ©sidence nationale. Autour de Mitre se fit alors valoir le fort noyau porteñista qui constituait sa base politique, accaparant les ministĂšres et bon nombre des siĂšges du CongrĂšs.
La capitale du pays, qui avait Ă©tĂ© Ă©tablie Ă ParanĂĄ, fut transfĂ©rĂ©e Ă Buenos Aires. Mais le gouvernement national dut accepter de figurer dorĂ©navant comme lâhĂŽte du gouvernement de Buenos Aires. Cette relocalisation de la capitale permit aux PortĂšgnes de dĂ©fendre plus efficacement leurs intĂ©rĂȘts.
Dans les annĂ©es qui suivirent, lâArgentine sâattacha Ă conserver una organisation politique nominalement fĂ©dĂ©rale, mais la prĂ©ponderance de fait de Buenos Aires se maintint inĂ©branlable, et ce jusquâĂ ce que les Ă©lites de Buenos Aires fussent parvenus Ă configurer le pays Ă leur image et en adĂ©quation avec leurs propres intĂ©rĂȘts. Lentement, le pays viendrait ensuite Ă se rĂ©organiser en un Ătat plus ou moins fĂ©dĂ©ral, mais dâidĂ©ologie libĂ©rale et avec une Ă©conomie axĂ©e sur le libre-Ă©change.
Notes
- Rock, p. 47, note n° 46
- SĂĄenz Quesada, p. 354
- Marley, 2008: 782
- Bartolomé Mitre & Jorge Adolfo Mitre, p. 247
- Pelliza, p. 319-322
- Biblioteca de Armas - Historia Militar Argentina.
- Diaz, p. 202
- Bioy & Borges, 1955: 293
- Rosa, 1965: 358
- Diego Abad de SantillĂĄn, p. 56-57
- La Batalla de PavĂłn - La guĂa de Historia
- Derqui Ă©tait natif de CĂłrdoba.
- (en) Isidoro Moreno, Campañas militares argentinas : la polĂtica y la guerra, vol. 3 : Rebeliones y crisis internacional (1854-1865), Buenos Aires, Argentina, EmecĂ© Claridad, coll. « Memoria argentina », (ISBN 978-9-506-20245-3), p. 98.
- Au premier rang desquels, le sanjuanino Domingo Faustino Sarmiento
- (es) Nicasio Oroño et Miguel Angel de Marco (Ed.), Obra completa, t. 2 : obra completa, Santa Fe, RepĂșblica Argentina Buenos Aires, Universidad Nacional del Litoral Academia Nacional de la Historia, , 1147 p. (ISBN 978-9-875-08328-8, lire en ligne), p. 1094
- Bartolomé Mitre & Jorge Adolfo Mitre (1911). Archivo del general Mitre. Tome VIII. Buenos Aires: Biblioteca de "La Nación", p. 207
- Mitre & Mitre, 1911: 237
- J. E. Acevedo (1940). Historia argentina y constituciĂłn nacional: adaptada especialmente al programa de la Facultad de derecho de Buenos Aires. Buenos Aires: A. Lacort, p. 361
- BartolomĂ© Mitre & Jorge Adolfo Mitre (1911). Archivo del general Mitre. Tome IX. Buenos Aires: Biblioteca de "La NaciĂłn", p. 138. Mitre hausse ces effectifs Ă un nombre de 18 000 Ă 20 000 confĂ©dĂ©rĂ©s, venus de Santa Fe, dâEntre RĂos, de Corrientes, de CĂłrdoba, de San Luis, avec des apports mineurs dâautres provinces.
- Ciudad Digital: La batalla de PavĂłn
- Pour partie, les troupes de Mitre furent débarquées de vaisseaux de transport fluviaux à San Nicolås de los Arroyos.
- «Los Naranjos, la estancia donde vive el pasado», article dâOsvaldo Aguirre dans le quotidien La Capital de Rosario du 9 septembre 2011.
- James Louis Garvin, Franklin Henry Hooper & Warren E. Cox (1929). The Encyclopedia britannica. Tome II. Londres: The Encyclopedia britannica company, p. 329.
- Miguel Ăngel de Marco (agosto de 2011) "A ciento cincuenta años de la batalla de PavĂłn", article dans la Revista de la Bolsa de Comercio de Rosario, p. 6. ConsultĂ© le 24 dĂ©cembre 2011.
- Victorica, op. cit., p. 419
- Rock, op. cit., p. 48
- Le gouvernement de Corrientes fut renversĂ© avec lâappui tout au plus tacite de Buenos Aires ; mais ce fut lĂ un cas unique.
- Selon l'hypocrite expression de quelques-uns des vainqueurs, le gouvernement national était tombé « de fait et de droit » (de hecho y de derecho).
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