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État de Buenos Aires

L’État de Buenos Aires (ou de Buenos Ayres, selon la graphie ancienne) naquit de la rĂ©volution du , dĂ©clenchĂ©e en rĂ©action Ă  la mise en place de la ConfĂ©dĂ©ration argentine, dans laquelle s’étaient unies les autres provinces de l'Argentine, et de la subsĂ©quente sĂ©cession de fait de la province de Buenos Aires d’avec le reste du pays. Le nouvel État, qui se constitua comme le continuateur de la province de Buenos Aires, exista ensuite de maniĂšre semi-indĂ©pendante de 1852 Ă  1861, Ă  la suite (et au mĂ©pris) du refus de la ConfĂ©dĂ©ration argentine de le reconnaĂźtre comme tel. Le conflit entre ces deux États de facto distincts aboutit vers 1860 Ă  deux confrontations armĂ©es, dont la seconde, la bataille de PavĂłn, se soldant par la victoire de l’État de Buenos Aires, permit Ă  celui-ci de se rĂ©intĂ©grer dans la ConfĂ©dĂ©ration tout en y gardant une position prĂ©dominante, politiquement aussi bien qu’intellectuellement et Ă©conomiquement.

État de Buenos Aires
(es) Estado de Buenos Aires

1852–1861

Drapeau Blason
Armoiries
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
En violet, territoire de l'État de Buenos Aires ; les zones revendiquĂ©es mais de tutelle non effective sont rendues en violet plus pĂąle. En bleu ciel, la ConfĂ©dĂ©ration argentine.
Informations générales
Statut RĂ©publique constitutionnelle
Capitale Buenos Aires
Langue(s) Espagnol
Monnaie Argentine peso moneda corriente (en)
Gouverneur
1852 / 1852 - 1853 Manuel Guillermo Pinto (es)
1852 / 1858 - 1859 ValentĂ­n Alsina
1853 - 1858 Pastor Obligado (es)
1859 - 1860 Felipe Llavallol (es)
1860 - 1862 Bartolomé Mitre

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Extension territoriale

Si l’État de Buenos Aires occupait, du moins au regard de l’exercice rĂ©el du pouvoir, une superficie bien moindre que l’actuelle province, ses revendications territoriales en revanche portaient, vers le sud, sur de vastes Ă©tendues de terre, en partie dominĂ©es par les Indiens mapuches et tehuelches, et comprenant la Patagonie argentine et les Ăźles Malouines, ainsi que, Ă  l’ouest, sur des zones s’étendant jusqu’à la cordillĂšre des Andes et englobant la partie sud de la province de Mendoza[1].

La constitution de l’État de Buenos Aires, promulguĂ©e en , dĂ©limitait son territoire comme suit :

« Du nord au sud, son territoire s’étend de l’Arroyo de El Medio jusqu’à l’entrĂ©e de la CordillĂšre dans la mer, et, suivant une ligne Ă  l’ouest et au sud-ouest, se trouve contigu aux flancs des CordillĂšres, et, au nord et Ă  l’est, aux fleuves ParanĂĄ et Plata et Ă  l’Atlantique[2] ».

Pourtant, certaines de ces portions de territoire étaient revendiquées aussi par la constitution, sanctionnée le , de la province de Mendoza et par celle de la République du Chili de 1833.

AprĂšs que l’État de Buenos Aires eut Ă©tĂ© en 1861 rĂ©intĂ©grĂ© en qualitĂ© de province Ă  la RĂ©publique argentine, la loi nationale argentine nÂș 28 du disposa que tous les territoires argentins situĂ©s au-delĂ  des limites des provinces ou non occupĂ©s par elles, fussent territoires nationaux, dont les limites furent ultĂ©rieurement fixĂ©es par la loi nÂș 947 du .

Formation

AprĂšs que le gouverneur d’Entre RĂ­os, Justo JosĂ© de Urquiza, Ă  la tĂȘte de la Grande ArmĂ©e, eut renversĂ© le gouverneur de Buenos Aires, Juan Manuel de Rosas, les troupes provinciales de Buenos Aires prirent quartier dans la capitale. La victoire militaire d’Urquiza se cristallisa ensuite dans la mise en place, sous la dĂ©nomination de ConfĂ©dĂ©ration argentine, d’une structure politique nationale adossĂ©e Ă  une constitution de type fĂ©dĂ©ral. Parmi les dispositions de cette nouvelle structure relatives Ă  la province de Buenos Aires figurait la nationalisation des recettes douaniĂšres de son port et la fĂ©dĂ©ralisation de sa ville capitale, Buenos Aires, qui du coup deviendrait la capitale de la ConfĂ©dĂ©ration. Cela ne fut pas du goĂ»t des PortĂšgnes, qui connaissaient un niveau de prospĂ©ritĂ© trĂšs supĂ©rieur aux autres provinces grĂące justement aux revenus de la douane. Aussi quelques groupes de politiciens Ɠuvraient-ils Ă  faire exclure Buenos Aires de la ConfĂ©dĂ©ration constitutionnelle rĂ©cemment crĂ©Ă©e.

Par un coup de force, le 11 septembre 1852, des rĂ©volutionnaires portĂšgnes s’emparĂšrent du pouvoir, en s’appliquant Ă  en Ă©carter les partisans et reprĂ©sentants du gĂ©nĂ©ral Urquiza ; ce dernier rechigna Ă  Ă©craser cette rĂ©volution, eu Ă©gard Ă  l’appui populaire dont elle jouissait. Ce n’est que lorsque se fut Ă©vanouie toute possibilitĂ© de les vaincre qu’Urquiza s’entendit dĂ©clarer que l’État de Buenos Aires ne reconnaĂźtrait plus dorĂ©navant aucune autoritĂ© nationale extĂ©rieure Ă  lui-mĂȘme.

Cependant, la contre-rĂ©volution de dĂ©cembre de cette mĂȘme annĂ©e 1852, dirigĂ©e par le colonel Hilario Lagos, qui en avait pourtant Ă©tĂ© initialement l’un des instigateurs, convainquit Urquiza de tenter une nouvelle fois la rĂ©unification du pays par la force, ce d’autant plus aprĂšs la dĂ©faite de l’armĂ©e portĂšgne Ă  la bataille de San Gregorio le , et aprĂšs que Lagos eut mis le siĂšge devant Buenos Aires. Nonobstant la prĂ©sence de troupes d’Urquiza parmi les assiĂ©geants, et le blocus naval de la ville, la superioritĂ© financiĂšre et Ă©conomique de l’État portĂšgne permit Ă  ce dernier de forcer Lagos et Urquiza Ă  lever finalement le siĂšge vers le milieu de 1853.

Plusieurs invasions ultĂ©rieures tentĂ©es par des chefs portĂšgnes Ă©migrĂ©s, tels que JerĂłnimo Costa, JosĂ© MarĂ­a Flores et Hilario Lagos lui-mĂȘme, furent toutes facilement refoulĂ©es et ne contrariĂšrent en rien le dĂ©veloppement politique et Ă©conomique du nouvel État.

Gouvernement

Dans le sillage de la rĂ©volution du , le gĂ©nĂ©ral Manuel Guillermo Pinto fut nommĂ© gouverneur, devenant le premier chef de l’État de Buenos Aires.

En 1854 fut sanctionnĂ©e la constitution du nouvel État, dont l’ensemble de dispositions Ă©tait similaire Ă  la constitution de la ConfĂ©dĂ©ration argentine, sauf qu’elle prĂ©voyait un mandat de gouvernement de quatre ans, au contraire des six ans de la prĂ©sidence de la ConfĂ©dĂ©ration, et qu’elle reconnaissait en outre une religion officielle, celle catholique, alors que la ConfĂ©dĂ©ration avait optĂ© pour un compromis en Ă©tablissant que « le Gouvernement fĂ©dĂ©ral soutient le culte catholique apostolique romain ». S’y ajoutent quelques dissemblances encore telles que l’élection du gouverneur par la Salle des reprĂ©sentants (en esp. Sala de representantes) et l’instauration d’une assemblĂ©e lĂ©gislative particuliĂšre (composĂ©e du SĂ©nat et de la Salle des reprĂ©sentants) comme instance de ratification de lois censurĂ©es par l’une des chambres ou par le gouverneur.

La constitution une fois sanctionnĂ©e, l’avocat Pastor Obligado fut dĂ©signĂ© gouverneur constitutionnel.

Liste des gouverneurs

  • PrĂ©constitutionnels
Manuel Guillermo Pinto, du au ; ValentĂ­n Alsina, du au ; Manuel Guillermo Pinto, du au ; Pastor Obligado, du au .
  • Constitutionnels
Pastor Obligado, du au ; Valentín Alsina, du au ; Felipe Llavallol, du au ; Bartolomé Mitre, du au .

Économie et dĂ©veloppement

La gare du Parque du chemin de fer Ouest (Ferrocarril Oeste), symbole de l’autofinancement que Buenos Aires rĂ©ussit Ă  opĂ©rer.

Les recettes douaniĂšres, que Buenos Aires ne devait ni partager avec le reste de la ConfĂ©dĂ©ration argentine, ni dĂ©penser, Ă  la diffĂ©rence de la situation antĂ©rieure, en campagnes militaires, assurĂšrent Ă  l’État de Buenos Aires une grande prospĂ©ritĂ©.

Tout au long des annĂ©es d’existence de l’État de Buenos Aires, plusieurs localitĂ©s furent fondĂ©es qui appartiennent actuellement Ă  la province de Buenos Aires, comme Chivilcoy (fondĂ© en 1854), Bragado (1854), Las Flores (1856) et Lomas de Zamora (1860).

Divers accords commerciaux furent conclus avec des pays voisins ou avec des États d’Europe, voire avec la ConfĂ©dĂ©ration argentine. Le fut amĂ©nagĂ© ce qui sera le premier chemin de fer sur l’actuel territoire argentin, le dĂ©nommĂ© Ferrocarril Oeste de Buenos Aires, dont la locomotive La Porteña parcourait un tronçon de 10 km depuis la Plaza del Parque, dans l’actuelle rue Lavalle, au centre-ville, jusqu’à Flores.

L’exposition agricole qui se tint en 1859 fut l’occasion de faire Ă©tat des avancĂ©es techniques accomplies dans ce domaine. Sous l’impulsion de Pastor Obligado et de Domingo Faustino Sarmiento, d'importants progrĂšs furent accomplis dans l’instruction publique, en particulier par la crĂ©ation de nombreuses Ă©coles primaires et par la fondation du CollĂšge national de Buenos Aires. L’on dĂ©cida l’émission de papier-monnaie, et des campagnes militaires furent menĂ©es contre les peuples indigĂšnes.

Le développement économique cependant devait marquer le pas vers 1859, quand commencÚrent les affrontements armés avec la Confédération argentine.

Politique et société

Deux factions se disputaient le pouvoir et la prĂ©dominance dans le nouvel État : les nationalistes, appelĂ©s aussi pandilleros et chupandinos dans l’argot populaire, et les autonomistes.

Les premiers, qui avaient Ă  leur tĂȘte Adolfo Alsina, prĂ©conisaient la sĂ©paration de Buenos Aires d’avec le reste de l’Argentine, tandis que les seconds, menĂ©s par BartolomĂ© Mitre, prĂŽnaient la constitution d’une rĂ©publique rĂ©unissant Buenos Aires et les autres provinces (ce qui n’empĂȘchera pas le mĂȘme Mitre de combattre ultĂ©rieurement la ConfĂ©dĂ©ration, au bĂ©nĂ©fice de sa propre province). Ces factions allaient jouer un rĂŽle croissant Ă  partir de 1856.

Le fĂ©dĂ©ralisme, autre faction politique, semblable par certains aspects Ă  la nationaliste, s’était vu interdit dans le sillage de la chute de Juan Manuel de Rosas, fĂ©dĂ©raliste endurci. En 1857, c'est-Ă -dire au terme de cinq ans, cette proscription fut levĂ©e ; toutefois, ses adeptes restant faibles en nombre et s’alignant en gĂ©nĂ©ral sur le parti nationaliste, le fĂ©dĂ©ralisme ne parvint jamais Ă  prospĂ©rer.

En 1858, Domingo Faustino Sarmiento, pour lors membre de l’assemblĂ©e lĂ©gislative, proposa, au vu de la division de la sociĂ©tĂ© portĂšgne, une nouvelle loi Ă©lectorale, inspirĂ©e de celle en vigueur aux États-Unis d’AmĂ©rique.

Conflits avec la Confédération argentine et dissolution

Le moment dĂ©clencheur du conflit fut une missive que le prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration, Justo JosĂ© de Urquiza, adressa en 1859 au gouverneur de Buenos Aires, dans laquelle il Ă©nonçait que Buenos Aires s’unirait Ă  la ConfĂ©dĂ©ration « par la raison ou par la force », missive qui fit Ă  Buenos Aires l’effet d’une dĂ©claration de guerre.

MĂȘme si Urquiza par la suite s’évertua Ă  assurer que l’expression « par la force » faisait rĂ©fĂ©rence Ă  des entraves Ă©conomiques ou diplomatiques, les troupes des deux États en Ă©taient dĂ©jĂ  aux prĂ©paratifs d’une confrontation armĂ©e. Le se produisit ainsi la bataille de Cepeda, qui se solda par le triomphe d’Urquiza. La ConfĂ©dĂ©ration victorieuse exigea le retour de Buenos Aires en son sein, Ă  quoi cette derniĂšre s’obstina cependant Ă  ne pas donner suite, e.a. pour le mĂȘme motif des revenus douaniers.

Le conflit culmina une seconde fois, le , dans la bataille de PavĂłn, qui, cette fois, vit le triomphe de BartolomĂ© Mitre, commandant en chef des forces portĂšgnes, bĂ©nĂ©ficiant du soutien de puissances Ă©trangĂšres. Dans ces circonstances nouvelles, Mitre consentit Ă  dissoudre l’État de Buenos Aires et Ă  le rĂ©intĂ©grer au titre de province dans la ConfĂ©dĂ©ration argentine, mais aux conditions fixĂ©es par les PortĂšgnes. Ceux-ci s’engagĂšrent notamment Ă  partager avec le reste du pays un pourcentage de leurs entrĂ©es douaniĂšres pendant cinq ans.

Notes

  1. Álvarez, Juan, Guerra económica entre la Confederación y Buenos Aires (1852-1861), Buenos Aires, El Ateneo, , « Historia de la Nación Argentina (desde los orígenes hasta la organización definitiva en 1862), vol. VIII », p. 113
  2. Municipio de Patagones

Bibliographie

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