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Altruisme (biologie)

En biologie, l'altruisme fait rĂ©fĂ©rence au comportement d'un individu qui augmente la valeur sĂ©lective (ou fitness) d'un autre individu tout en diminuant sa propre fitness[1]. L'altruisme en ce sens est diffĂ©rent du concept philosophique d'altruisme, dans lequel une action ne serait qualifiĂ©e "d'altruiste" que si elle Ă©tait faite avec l'intention consciente d'aider autrui. Au sens comportemental, il n'y a pas de telle exigence. En tant que tel, ce n'est pas Ă©valuĂ© en termes moraux — ce sont les consĂ©quences d'une action sur la capacitĂ© de reproduction qui dĂ©terminent si l'action est considĂ©rĂ©e comme altruiste, et non les intentions, le cas Ă©chĂ©ant, avec lesquelles l'action est exĂ©cutĂ©e[2].

Le terme d'altruisme a été inventé par le philosophe français Auguste Comte en tant qu'antonyme d'égoïsme[3] - [4]. Il l'a dérivé de l'italien altrui, qui à son tour était dérivé du latin alteri, signifiant « d'autres personnes » ou « quelqu'un d'autre »[5].

Les comportements altruistes en biologie apparaissent le plus manifestement dans les relations de parentĂ©, comme la sĂ©lection de parentĂšle, mais peuvent Ă©galement ĂȘtre factuellement observĂ©s dans des groupes sociaux plus larges, comme chez les insectes sociaux. Ils permettent Ă  un individu d'augmenter le succĂšs de transmission de ses gĂšnes en aidant les individus apparentĂ©s qui partagent ces mĂȘmes gĂšnes[6]. L'altruisme obligatoire est la perte permanente de fitness directe (avec un potentiel de gain indirect de fitness). Par exemple, les abeilles ouvriĂšres peuvent chercher de la nourriture pour la colonie (coĂ»t individuel mais gain collectif). L'altruisme facultatif est une perte temporaire de fitness directe (avec un potentiel de gain indirect de fitness suivi d'une reproduction personnelle). Par exemple, un geai des broussailles de Floride peut aider au nid, puis gagner un territoire parental[7].

Aperçu

En Ă©thologie (l'Ă©tude du comportement), et plus gĂ©nĂ©ralement dans l'Ă©tude de l'Ă©volution sociale, Ă  l'occasion, certains animaux se comportent de maniĂšre Ă  rĂ©duire leur fitness individuelle mais Ă  augmenter celle d'autres individus de la population ; c'est une dĂ©finition fonctionnelle de l'altruisme[8]. La recherche en thĂ©orie de l'Ă©volution a Ă©tĂ© appliquĂ©e au comportement social, y compris l'altruisme. Les cas d'animaux aidant des individus avec lesquels ils sont Ă©troitement liĂ©s peuvent s'expliquer par la sĂ©lection de parentĂšle et ne sont pas considĂ©rĂ©s comme du vĂ©ritable altruisme. Au-delĂ  des efforts physiques que les mĂšres de certaines espĂšces et les pĂšres de certaines espĂšces entreprennent pour protĂ©ger leurs petits, des exemples extrĂȘmes de sacrifice peuvent se produire. Un exemple est la matriphagie (la consommation de la mĂšre par sa progĂ©niture) chez l'araignĂ©e Stegodyphus ; un autre exemple est une araignĂ©e mĂąle permettant Ă  une femelle fĂ©condĂ©e par lui de le manger. La rĂšgle de Hamilton dĂ©crit l'avantage d'un tel altruisme en termes de coefficient de parentĂ© de Wright (permettant de mesurer le "degrĂ© de consanguinitĂ©") avec le bĂ©nĂ©ficiaire et le bĂ©nĂ©fice accordĂ© au bĂ©nĂ©ficiaire moins le coĂ»t pour le sacrificateur. Si cette somme est supĂ©rieure Ă  zĂ©ro, un gain de fitness rĂ©sultera du sacrifice.

Lorsque l'altruisme apparent ne se produit pas entre individus apparentĂ©s, il peut ĂȘtre basĂ© sur la rĂ©ciprocitĂ©. Un singe prĂ©sentera son dos Ă  un autre singe, qui en dĂ©pouillera les parasites ; aprĂšs un certain temps, les rĂŽles seront inversĂ©s. Une telle rĂ©ciprocitĂ© sera payante, en termes Ă©volutifs, tant que les coĂ»ts de l'aide seront infĂ©rieurs aux bĂ©nĂ©fices d'ĂȘtre aidĂ©s et tant que les animaux ne gagneront pas Ă  long terme Ă  "tricher" — c'est-Ă -dire Ă  recevoir des faveurs sans les rendre. Ceci est dĂ©veloppĂ© dans la thĂ©orie Ă©volutive des jeux et spĂ©cifiquement avec le dilemme du prisonnier en tant que thĂ©orie sociale.

Implications dans la théorie de l'évolution

L'existence de l'altruisme dans la nature est Ă  premiĂšre vue dĂ©routante, car le comportement altruiste rĂ©duit la probabilitĂ© qu'un individu se reproduise. L'idĂ©e que la sĂ©lection de groupe puisse expliquer l'Ă©volution de l'altruisme a Ă©tĂ© abordĂ©e pour la premiĂšre fois par Darwin lui-mĂȘme dans La Filiation de l'homme et la sĂ©lection liĂ©e au sexe (1871). Le concept de sĂ©lection de groupe a eu une histoire mouvementĂ©e et controversĂ©e en biologie de l'Ă©volution, mais la tradition non critique du "bien de l'espĂšce" s'est brusquement arrĂȘtĂ©e dans les annĂ©es 1960, en grande partie grĂące aux travaux de George C. Williams[9] et de John Maynard Smith[10], ainsi que de Richard Dawkins[11] - [12] - [13] - [14]. Ces thĂ©oriciens de l'Ă©volution ont soulignĂ© que la sĂ©lection naturelle agit sur l'individu, et que c'est l'aptitude de l'individu (nombre de descendants et de petits-enfants produits par rapport au reste de la population) qui dĂ©termine l'Ă©volution. Un avantage de groupe (par exemple, la chasse en meute) qui est dĂ©favorable Ă  l'individu (qui pourrait ĂȘtre blessĂ© pendant la chasse, alors qu'il pourrait Ă©viter les blessures en restant en retrait de la meute mais en partageant quand mĂȘme le butin) ne peut pas ĂȘtre sĂ©lectionnĂ© positivement, car l'individu Ă©goĂŻste laissera, en moyenne, plus de progĂ©niture que ceux qui rejoignent la meute et qui se blessent en consĂ©quence. Si l'Ă©goĂŻsme est hĂ©rĂ©ditaire, il en rĂ©sultera en fin de compte une population entiĂšrement composĂ©e d'individus Ă©goĂŻstes. Cependant, dans les annĂ©es 1960 et 1970, une alternative Ă  la thĂ©orie de la "sĂ©lection de groupe" est apparue. Il s'agit de la thĂ©orie de la sĂ©lection de parentĂšle, due Ă  l'origine Ă  W. D. Hamilton[15]. La sĂ©lection de parentĂšle est un exemple de fitness inclusif, qui repose sur l'idĂ©e qu'un individu ne partage que la moitiĂ© de ses gĂšnes avec chaque progĂ©niture, mais aussi avec chaque membre de la famille au complet. Du point de vue de l'Ă©volution gĂ©nĂ©tique, il est donc aussi avantageux d'aider Ă  l'Ă©ducation de la fratrie complĂšte que de produire et d'Ă©lever sa propre progĂ©niture. Les deux activitĂ©s sont, du point de vue de l'Ă©volution, tout Ă  fait Ă©quivalentes. L'Ă©levage coopĂ©ratif (c'est-Ă -dire aider les parents Ă  Ă©lever leurs petits, Ă  condition qu'ils soient des enfants Ă  part entiĂšre) pourrait donc Ă©voluer sans qu'il soit nĂ©cessaire de procĂ©der Ă  une sĂ©lection au niveau du groupe. Cette activitĂ© a rapidement gagnĂ© en importance parmi les biologistes qui s'intĂ©ressent Ă  l'Ă©volution du comportement social[2].

La chasse coopĂ©rative par les loups leur permet de s'attaquer Ă  des proies beaucoup plus grosses et plus nutritives que n'importe quel loup individuel pourrait gĂ©rer. Cependant, une telle coopĂ©ration pourrait, potentiellement, ĂȘtre exploitĂ©e par des individus Ă©goĂŻstes qui ne s'exposent pas aux dangers de la chasse, mais partagent nĂ©anmoins le butin.
Toilettage de babouins doguera

En 1971, Robert Trivers[16] introduit sa thĂ©orie de l'altruisme rĂ©ciproque pour expliquer l'Ă©volution de l'aide au nid chez un couple d'oiseaux reproducteurs non apparentĂ©s. Il a fait valoir qu'un individu pouvait agir comme aidant s'il y avait une forte espĂ©rance probabiliste d'ĂȘtre aidĂ© par les bĂ©nĂ©ficiaires Ă  une date ultĂ©rieure. Si, cependant, les destinataires ne rendaient pas la pareille quand il Ă©tait possible de le faire, l'interaction altruiste avec ces destinataires serait dĂ©finitivement interrompue. Mais si les destinataires ne trichent pas, l'altruisme rĂ©ciproque se poursuivra indĂ©finiment Ă  l'avantage des deux parties[17]. Ce modĂšle a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© par beaucoup (par exemple West-Eberhard[18] et Dawkins[19]) d'ĂȘtre instable sur le plan Ă©volutif car il est sujet Ă  l'invasion par les tricheurs pour la mĂȘme raison que la chasse coopĂ©rative peut ĂȘtre "envahie" et remplacĂ©e par des tricheurs. Cependant, Trivers a fait rĂ©fĂ©rence au jeu du dilemme du prisonnier qui, dix ans plus tard, resussciterait un intĂ©rĂȘt pour sa thĂ©orie de l'altruisme rĂ©ciproque, mais sous l'appellation de "un prĂȘtĂ© pour un rendu" (tit-for-tat en anglais)[20].

Dans sa forme originale, le jeu du dilemme du prisonnier (JDP) dĂ©crivait deux prisonniers en attente de jugement, A et B, chacun ayant le choix de trahir l'autre ou de garder le silence. Le « jeu » a quatre rĂ©sultats possibles : (a) ils se trahissent tous les deux et sont tous deux condamnĂ©s Ă  deux ans de prison ; (b) A trahit B, qui libĂšre A, et B est condamnĂ© Ă  quatre ans de prison ; (c) B trahit A, avec le mĂȘme rĂ©sultat que (b) sauf que c'est B qui est libĂ©rĂ© et que l'autre passe quatre ans en prison ; (d) les deux gardent le silence, ce qui entraĂźne chacun une peine de six mois. Il est clair que (d) (la "coopĂ©ration") est la meilleure stratĂ©gie mutuelle, mais du point de vue individuel, le choix de la trahison est imbattable (il aboutit Ă  une libĂ©ration ou Ă  une peine de deux ans seulement). Le fait de garder le silence entraĂźne une peine de quatre ans ou six mois. Ceci est illustrĂ© par un autre exemple du JDP : deux inconnus frĂ©quentent un restaurant ensemble et dĂ©cident de partager l'addition. Le meilleur stratagĂšme serait pour les deux parties de commander les articles les moins chers du menu (coopĂ©ration mutuelle). Mais si l'une des parties exploite la situation en commandant les articles les plus chers, il vaut mieux que l'autre membre fasse de mĂȘme. En fait, si la personnalitĂ© du compagnon de dĂźner est complĂštement inconnue et que les deux convives ne se reverront probablement jamais, il est toujours dans son intĂ©rĂȘt de manger le plus cher possible. Les situations dans la nature qui sont soumises Ă  la mĂȘme dynamique (rĂ©compenses et pĂ©nalitĂ©s) que le JDP dĂ©finissent le comportement coopĂ©ratif : il n'est jamais dans l'intĂ©rĂȘt de l'individu de coopĂ©rer, mĂȘme si la coopĂ©ration mutuelle rĂ©compense les deux concurrents (ensemble) plus fortement que toute autre stratĂ©gie[21]. La coopĂ©ration ne peut pas Ă©voluer dans ces circonstances.

Cependant, en 1981, Axelrod et Hamilton[20] ont notĂ© que si les mĂȘmes concurrents du JDP se rencontrent Ă  plusieurs reprises (le soi-disant jeu du dilemme du prisonnier itĂ©rĂ©, DPI), alors "un prĂȘtĂ© pour un rendu" (prĂ©figurĂ© par la thĂ©orie de l'altruisme rĂ©ciproque de Robert Triver) est une stratĂ©gie robuste qui favorise l'altruisme[21] - [22]. Dans "un prĂȘtĂ© pour un rendu", les mouvements d'ouverture des deux joueurs sont la coopĂ©ration. Ensuite, chaque joueur rĂ©pĂšte le dernier mouvement de l'autre joueur, ce qui entraĂźne une sĂ©quence apparemment sans fin de mouvements mutuellement coopĂ©ratifs. Cependant, les erreurs portent gravement atteinte Ă  l'efficacitĂ© de "un prĂȘtĂ© pour un rendu", donnant lieu Ă  des sĂ©quences prolongĂ©es de trahison, qui ne peuvent ĂȘtre rectifiĂ©es que par une autre erreur. Depuis ces premiĂšres dĂ©couvertes, toutes les autres stratĂ©gies de jeu PDI possibles ont Ă©tĂ© identifiĂ©es (16 possibilitĂ©s en tout, dont, par exemple, "un prĂȘtĂ© pour un rendu gĂ©nĂ©reux", qui se comporte comme "un prĂȘtĂ© pour un rendu", sauf qu'il coopĂšre avec une faible probabilitĂ© lorsque le dernier coup de l'adversaire a Ă©tĂ© "trahir"[23]), mais elles peuvent toutes ĂȘtre surperformĂ©es par au moins une des autres stratĂ©gies, si l'un des joueurs passe Ă  une telle stratĂ©gie. Le rĂ©sultat est qu'aucune n'est Ă©volutivement stable, et toute sĂ©rie prolongĂ©e du jeu de dilemme du prisonnier itĂ©rĂ©, dans lequel des stratĂ©gies alternatives surgissent au hasard, donne lieu Ă  une sĂ©quence chaotique de changements de stratĂ©gie qui ne finit jamais [24] - [25].

Compte tenu du fait que le jeu du dilemme itéré du prisonnier ne parvient pas à fournir une réponse complÚte à l'évolution de la coopération ou de l'altruisme, plusieurs explications alternatives ont été proposées.

Il existe des parallĂšles frappants entre les actes altruistes et les ornements sexuels exagĂ©rĂ©s prĂ©sentĂ©s par certains animaux, en particulier certaines espĂšces d'oiseaux, comme, entre autres, le paon. Les deux sont coĂ»teux en termes de fitness, et tous deux sont gĂ©nĂ©ralement visibles pour les autres membres de la population ou de l'espĂšce. Cela a conduit Amotz Zahavi Ă  suggĂ©rer que les deux pourraient ĂȘtre des signaux de fitness rendus Ă©volutivement stables par son principe de handicap[26] - [27] - [28]. Si un signal doit rester fiable, et gĂ©nĂ©ralement rĂ©sistant Ă  la falsification, le signal doit ĂȘtre Ă©volutivement coĂ»teux (pour ĂȘtre sĂ©lectionnĂ©)[29]. Ainsi, si un menteur (de faible fitness) utilisait le signal trĂšs coĂ»teux, qui Ă©rodait gravement sa fitness rĂ©elle, il aurait du mal Ă  maintenir un semblant ou une normalitĂ©[30]. Zahavi a empruntĂ© le terme « principe du handicap » aux systĂšmes de handicap sportif. Ces systĂšmes visent Ă  rĂ©duire les disparitĂ©s de performance, rendant ainsi l'issue des compĂ©titions moins prĂ©visible. Dans une course de handicap hippique, les chevaux prouvĂ©s plus rapides reçoivent des poids plus lourds Ă  porter sous leur selle que les chevaux intrinsĂšquement plus lents. De mĂȘme, dans le golf amateur, les meilleurs golfeurs ont moins de coups soustraits de leurs scores bruts que les joueurs moins talentueux. Le handicap est donc corrĂ©lĂ© Ă  des performances sans handicap, permettant, si l'on ne sait rien des chevaux, de prĂ©dire quel cheval sans handicap gagnerait une course ouverte. Ce serait celui handicapĂ© avec le plus de poids en selle. Les handicaps dans la nature sont trĂšs visibles, et donc un paon, par exemple, pourrait en dĂ©duire la santĂ© d'un partenaire potentiel en comparant son handicap (la taille de la queue du paon) avec ceux des autres mĂąles. La perte de fitness du mĂąle causĂ©e par le handicap est compensĂ©e par son accĂšs accru aux femelles, ce qui est autant un problĂšme de fitness que sa santĂ©. Un acte altruiste est, par dĂ©finition, Ă©galement coĂ»teux. Cela signalerait donc Ă©galement la fitness, et est probablement aussi attrayant pour les femelles qu'un handicap physique. Si tel est le cas, l'altruisme est stabilisĂ© dans l'Ă©volution par la sĂ©lection sexuelle.

Martin-pĂȘcheur pygmĂ©e africain, prĂ©sentant des dĂ©tails d'apparence et de coloration qui sont partagĂ©s par tous les martins-pĂȘcheurs pygmĂ©es africains avec un haut degrĂ© de fidĂ©litĂ©[31].

Il existe une stratĂ©gie alternative pour identifier les partenaires idĂ©aux qui ne repose pas sur un sexe ayant des ornements sexuels exagĂ©rĂ©s ou d'autres handicaps, mais qui est gĂ©nĂ©ralement applicable Ă  la plupart, sinon Ă  tous les organismes sexuĂ©s. Il dĂ©coule du concept selon lequel le changement d'apparence et de fonctionnalitĂ© causĂ© par une mutation non silencieuse se dĂ©marquera gĂ©nĂ©ralement dans une population. En effet, cette apparence et cette fonctionnalitĂ© modifiĂ©es seront inhabituelles, particuliĂšres et diffĂ©rentes de la norme au sein de cette population. La norme par rapport Ă  laquelle ces caractĂ©ristiques inhabituelles sont jugĂ©es est constituĂ©e d'attributs d'ajustement qui ont atteint leur pluralitĂ© par sĂ©lection naturelle, tandis que les attributs moins adaptatifs seront minoritaires ou significativement rares[32]. Étant donnĂ© que l'Ă©crasante majoritĂ© des caractĂ©ristiques mutantes sont inadaptĂ©es et qu'il est impossible de prĂ©dire l'orientation future de l'Ă©volution, les crĂ©atures sexuelles devraient prĂ©fĂ©rer les partenaires avec le moins de caractĂ©ristiques inhabituelles ou minoritaires [33] - [34] - [35] - [36]. Cela aura pour effet qu'une population sexuelle perdra rapidement les caractĂ©ristiques phĂ©notypiques pĂ©riphĂ©riques et canalisera toute l'apparence et le comportement extĂ©rieurs de sorte que tous les membres de cette population commenceront Ă  se ressembler remarquablement dans les moindres dĂ©tails, comme illustrĂ© dans la photographie d'accompagnement du martin-pĂȘcheur pygmĂ©e, Ispidina picta. Une fois qu'une population est devenue aussi homogĂšne en apparence que ce qui est typique de la plupart des espĂšces, tout son rĂ©pertoire de comportements sera Ă©galement rendu Ă©volutif stable, y compris toutes les caractĂ©ristiques altruistes, coopĂ©ratives et sociales. Ainsi, dans l'exemple de l'individu Ă©goĂŻste qui se tient en retrait du reste de la meute de chasseurs, mais qui se joint nĂ©anmoins au butin, cet individu sera reconnu comme Ă©tant diffĂ©rent de la norme, et aura donc du mal Ă  attirer une partenaire. Ses gĂšnes n'auront donc qu'une trĂšs faible probabilitĂ© d'ĂȘtre transmis Ă  la gĂ©nĂ©ration suivante, stabilisant ainsi l'Ă©volution de la coopĂ©ration et des interactions sociales, quel que soit le niveau de complexitĂ© qui est la norme dans cette population[25] - [37].

Mécanismes de réciprocité

L'altruisme chez les animaux dĂ©crit une gamme de comportements adoptĂ©s par les animaux qui peuvent ĂȘtre Ă  leur propre dĂ©savantage mais qui profitent aux autres[38]. Les coĂ»ts et les avantages sont mesurĂ©s en termes de capacitĂ© de reproduction ou de nombre attendu de descendants. Ainsi, en se comportant de maniĂšre altruiste, un organisme rĂ©duit le nombre de descendants qu'il est susceptible de produire lui-mĂȘme, mais augmente la probabilitĂ© que d'autres organismes produisent des descendants. Il existe d'autres formes d'altruisme dans la nature autres que les comportements Ă  risque, comme l'altruisme rĂ©ciproque. Cette notion biologique d'altruisme n'est pas identique au concept humain quotidien. Pour les humains, une action ne serait qualifiĂ©e d 'altruiste» que si elle Ă©tait faite avec l'intention consciente d'aider autrui. Pourtant, au sens biologique, une telle exigence n'existe pas. Au lieu de cela, jusqu'Ă  ce que nous puissions communiquer directement avec d'autres espĂšces, une thĂ©orie prĂ©cise pour dĂ©crire les actes altruistes entre les espĂšces est la thĂ©orie du marchĂ© biologique[39]. Les humains et les autres animaux Ă©changent des avantages de plusieurs maniĂšres, connues techniquement sous le nom de mĂ©canisme de rĂ©ciprocitĂ©. Quel que soit le mĂ©canisme, le fil conducteur est que les bĂ©nĂ©fices reviennent au donneur d'origine.

Basé sur la symétrie

Aussi connu sous le nom de "systÚme de jumelage" (buddy-system), l'affection mutuelle entre deux parties entraßne un comportement similaire dans les deux sens sans avoir besoin de suivre les échanges quotidiens, tant que la relation globale reste satisfaisante. C'est l'un des mécanismes de réciprocité les plus courants dans la nature : on le retrouve chez les humains, les primates et de nombreux autres mammifÚres.

Attitudinal

Aussi connu sous le nom de "Si vous ĂȘtes gentil, je serai gentil aussi". Ce mĂ©canisme de rĂ©ciprocitĂ© est similaire Ă  l'heuristique de la rĂšgle d'or « Traitez les autres comme vous aimeriez ĂȘtre traitĂ© ». Les parties reflĂštent les attitudes des autres, Ă©changeant des faveurs sur place. Une rĂ©ciprocitĂ© d'attitude instantanĂ©e se produit chez les singes, et les gens en dĂ©pendent souvent avec des inconnus et des connaissances.

Calculé

Aussi connu sous le nom de "Qu'avez-vous fait pour moi ces derniers temps ?" Les individus gardent une trace des avantages qu'ils échangent avec des partenaires particuliers, ce qui les aide à décider à qui rendre les faveurs. Ce mécanisme est typique des chimpanzés et trÚs courant dans les relations humaines[40]. Pourtant, certaines recherches expérimentales opposées suggÚrent que la réciprocité calculée ou contingente ne se produit pas spontanément dans des contextes expérimentaux de laboratoire, malgré des motifs de comportement.

Théorie du marché biologique

La théorie du marché biologique est une extension de l'idée d'altruisme réciproque, en tant que mécanisme pour expliquer les actes altruistes entre individus non apparentés dans un systÚme plus flexible d'échange de marchandises. Le terme "marché biologique'' a été utilisé pour la premiÚre fois par Noë et Hammerstein en 1994[39] pour désigner toutes les interactions entre organismes dans lesquels différents organismes fonctionnent comme des "commerçants'' qui échangent des biens et des services tels que la nourriture et l'eau, le toilettage, les appels d'avertissement, les abris, etc. La théorie du marché biologique se compose des cinq caractéristiques formelles suivantes qui présentent une base pour l'altruisme.

  1. Les marchandises sont échangées entre des individus dont le degré de contrÎle sur ces marchandises diffÚre.
  2. Les partenaires commerciaux sont choisis parmi un certain nombre de partenaires potentiels.
  3. Il y a concurrence entre les membres de la classe choisie pour ĂȘtre le partenaire le plus attractif. Cette concurrence par "surenchĂšre" entraĂźne une augmentation de la valeur de la marchandise offerte.
  4. L'offre et la demande déterminent la valeur de troc des marchandises échangées.
  5. Les produits proposĂ©s peuvent ĂȘtre annoncĂ©s. Comme dans les publicitĂ©s commerciales, il existe un potentiel de fausses informations[41].
Deux labres bleus nettoyeurs en train de toiletter un cabillaud "pomme de terre".

L'applicabilité de la théorie biologique du marché, qui met l'accent sur le choix du partenaire, est évidente dans les interactions entre le napoléon nettoyeur et son poisson de récif "client". Les poissons nettoyeurs ont de petits territoires que la majorité des espÚces de poissons de récif visitent activement pour inviter à inspecter leur surface, leurs branchies et leur bouche. Les clients bénéficient de l'élimination des parasites tandis que les nettoyeurs bénéficient de l'accÚs à une source de nourriture. Certaines espÚces clientes particuliÚrement exigeantes ont de vastes domaines vitaux qui couvrent plusieurs stations de nettoyage, tandis que d'autres clients ont de petites plages et n'ont accÚs qu'à un seul poste de nettoyage (clients résidents). Les observations sur le terrain, les manipulations sur le terrain et les expériences en laboratoire ont révélé que le fait qu'un client ait ou non des options de choix influence plusieurs aspects du comportement du nettoyeur et du client. Les nettoyeurs donnent aux clients exigeants la priorité d'accÚs. Les clients sélectifs changent de partenaire s'ils sont trompés par un nettoyeur en prenant une bouchée du nettoyeur, tandis que les clients résidents punissent les tricheurs. Les nettoyeurs et les clients résidents, mais pas les clients exigeants, établissent des relations avant les interactions normales de nettoyage. Les nettoyeurs sont particuliÚrement coopératifs si les clients exigeants sont des spectateurs d'une interaction, mais moins lorsque les clients résidents sont des spectateurs[42].

Les chercheurs ont testĂ© si les mĂąles gibbons Ă  mains blanches sauvages du parc national de Khao Yai, en ThaĂŻlande, augmentaient leur activitĂ© de toilettage lorsque la partenaire fĂ©minine Ă©tait fertile[43]. Les femelles et les mĂąles adultes de la population d'Ă©tude sont codominants (en termes d'agression), ils vivent en couples ou en petits groupes multi-mĂąles et s'accouplent en promiscuitĂ©. Ils ont constatĂ© que les mĂąles toilettaient les femelles plus que l'inverse, et que plus de toilettages Ă©taient Ă©changĂ©s lorsque les femelles avaient leur cycle que pendant la grossesse ou l'allaitement. Le nombre de copulations par jour Ă©tait Ă©levĂ© lorsque les femelles avaient leur cycle, et les femelles copulaient plus frĂ©quemment avec les mĂąles les jours oĂč elles recevaient plus de toilettage. Lorsque les mĂąles ont augmentĂ© leurs efforts de toilettage, les femelles ont Ă©galement augmentĂ© leur toilettage envers eux, peut-ĂȘtre pour Ă©galiser les Ă©changes. Bien que le toilettage puisse ĂȘtre rĂ©ciproque en raison des avantages intrinsĂšques du toilettage, les mĂąles Ă©changent Ă©galement le toilettage en tant que marchandise pour des opportunitĂ©s sexuelles pendant la pĂ©riode fertile d'une femelle.

Exemples chez les vertébrés

MammifĂšres

  • Les loups et les chiens sauvages rapportent de la viande aux membres de la meute non prĂ©sents lors de la mise Ă  mort. Bien que dans des conditions difficiles, la paire reproductrice de loups prend la plus grande part pour continuer Ă  produire des petits[44].
  • Les mangoustes soutiennent les animaux ĂągĂ©s, malades ou blessĂ©s.
  • Les suricates ont souvent un garde pour avertir en cas d'attaque de prĂ©dateurs pendant que les autres se nourrissent[45].
  • Les ratons laveurs informent leurs conspĂ©cifiques des aires d'alimentation par les excrĂ©ments qu'ils laissent sur les latrines communes. Un systĂšme d'information similaire a Ă©tĂ© observĂ© chez les corbeaux communs[46].
  • Les babouins mĂąles menacent les prĂ©dateurs et couvrent l'arriĂšre pendant que la troupe se retire[47].
  • En rĂ©ponse Ă  un geste prĂ©dĂ©fini, les gibbons et chimpanzĂ©s en prĂ©sence de nourriture la partageront avec les autres membres du groupe. Les chimpanzĂ©s aideront les humains et leurs conspĂ©cifiques sans aucune rĂ©compense en retour[48] - [49].
  • Des bonobos ont Ă©tĂ© observĂ©s en train d'aider des bonobos blessĂ©s ou handicapĂ©s[50].
  • Les chauves-souris vampires rĂ©gurgitent gĂ©nĂ©ralement le sang Ă  partager avec des compagnons de gĂźte malchanceux ou malades qui n'ont pas pu trouver de repas, formant souvent un systĂšme de copinage[51] - [52].
  • Les singes vervets lancent des appels d'alarme pour avertir les autres singes de la prĂ©sence de prĂ©dateurs, mĂȘme si ce faisant, ils attirent l'attention sur eux-mĂȘmes, augmentant ainsi leurs chances personnelles d'ĂȘtre attaquĂ©s[53].
  • Les lĂ©muriens de tous Ăąges et des deux sexes prendront soin des nourrissons qui ne leur sont pas apparentĂ©s.
  • Les dauphins soutiennent les animaux malades ou blessĂ©s, nageant sous eux pendant des heures et les poussant Ă  la surface pour qu'ils puissent respirer.
  • Des morses ont Ă©tĂ© vus en train d'adopter des orphelins qui ont perdu leurs parents Ă  cause de prĂ©dateurs[54].
  • Le buffle africain sauvera un membre du troupeau capturĂ© par des prĂ©dateurs[55].
  • Des baleines Ă  bosse ont Ă©tĂ© observĂ©es protĂ©geant d'autres espĂšces contre les orques[56].
  • Des chevaux de Przewalski mĂąles ont Ă©tĂ© observĂ©s s'engageant dans un comportement d'intervention lorsque les membres de leur groupe Ă©taient menacĂ©s. Ils ne faisaient pas de distinction entre les membres de la famille et les non-parents. Il a Ă©tĂ© thĂ©orisĂ© qu'ils peuvent faire cela pour promouvoir la cohĂ©sion du groupe et rĂ©duire les perturbations sociales au sein du groupe[57].

Oiseaux

Chez de nombreuses espĂšces d'oiseaux, un couple reproducteur reçoit un soutien pour Ă©lever ses petits de la part d'autres oiseaux "aidants", y compris une aide pour nourrir ses oisillons[58]. Certains iront mĂȘme jusqu'Ă  protĂ©ger des prĂ©dateurs les petits d'un oiseau non apparentĂ©.

Poissons

Harpagifer bispinis, une espĂšce de poisson, vit en groupes sociaux dans l'environnement rude de la pĂ©ninsule antarctique. Si le parent qui garde le nid d'Ɠufs est enlevĂ©, un remplaçant gĂ©nĂ©ralement mĂąle sans lien avec les parents protĂšge le nid des prĂ©dateurs et empĂȘche la croissance de champignons qui tueraient le couvain. Il n'y a aucun avantage clair pour le mĂąle, l'acte peut donc ĂȘtre considĂ©rĂ© comme altruiste[59].

Exemples chez les invertébrés

  • Certains termites, tels que Globitermes sulphureus et les fourmis, comme Camponotus saundersi, libĂšrent une sĂ©crĂ©tion collante en rompant fatalement une glande spĂ©cialisĂ©e. Cette autothyse dĂ©fend altruistiquement la colonie aux dĂ©pens de l'insecte individuel[60]. Cela peut ĂȘtre attribuĂ© au fait que les fourmis partagent leurs gĂšnes avec toute la colonie, et donc ce comportement est bĂ©nĂ©fique sur le plan de l'Ă©volution (pas nĂ©cessairement pour la fourmi individuelle mais pour la continuation de sa constitution gĂ©nĂ©tique).
  • Synalpheus regalis est une espĂšce de crevettes marines eusociales qui vivent dans les Ă©ponges des rĂ©cifs coralliens. Elles vivent en colonies d'environ 300 individus avec une femelle reproductrice[61]. D'autres membres de la colonie dĂ©fendent la colonie contre les intrus, se nourrissent et s'occupent des jeunes. L'eusocialitĂ© dans ce systĂšme implique une division adaptative du travail qui se traduit par un rendement reproductif amĂ©liorĂ© des Ă©leveurs et des avantages de fitness inclusifs pour les aides non reproductrices[62]. S. regalis montre une tolĂ©rance exceptionnelle de ses congĂ©nĂšres dans ses colonies en raison de la proximitĂ© gĂ©nĂ©tique qu'il y a chez ses congĂ©nĂšres. Les donnĂ©es sur les allozymes rĂ©vĂšlent que la parentĂ© au sein des colonies est Ă©levĂ©e, ce qui indique que les colonies de cette espĂšce reprĂ©sentent des groupes familiaux proches[63]. L'existence de tels groupes est une condition prĂ©alable importante des explications de l'Ă©volution sociale basĂ©es sur la sĂ©lection de parentĂšle [64] - [65].

Exemples chez les microogranismes

Un exemple d'altruisme se trouve dans les moisissures visqueuses cellulaires, telles que Dictyostelium mucoroides. Ces microorganismes vivent comme des amibes individuelles jusqu'Ă  ce qu'ils meurent de faim, moment auquel ils s'agrĂšgent et forment un corps de fructification multicellulaire dans lequel certaines cellules se sacrifient pour favoriser la survie d'autres cellules du corps de fructification[66].

Voir aussi

Notes

    Références

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    Lectures complémentaires

    • Stoel, « The meme of altruism and degrees of personhood », Journal of Personal Cyberconsciousness, vol. 7, no 1,‎ , p. 27–36 (lire en ligne)

    Articles connexes

    Liens externes

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