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Aggregat

La série de fusées Aggregat est un ensemble de modèles de fusées militaires développées entre 1933 et 1945 dans le cadre d’un programme de recherche de la Wehrmacht, l'armée de terre de l'Allemagne nazie. Son plus grand succès fut l'A4, plus connue sous le nom de V2. Le mot allemand Aggregat fait référence à un groupe de machines fonctionnant ensemble[1].

Aggregat
Famille de fusées militaires
Comparatif des fusées Aggregat
Comparatif des fusées Aggregat
Données générales
Pays d’origine Reich allemand
Constructeur concepteurs :
Wernher von Braun
Walter Dornberger
Période développement 1933 - 1945
Statut retirée du service
Lancements (Ă©checs) A1, A3
Lancements réussis A4 (fusée V2)
Base(s) de lancement Kummersdorf
PeenemĂĽnde
Greifswalder Oie
Blizna
Divers
Divers Wasserfall, génération suivante
Missions
Arme de représailles sur Londres

Variantes

A1

L'A1 est la première conception de fusĂ©e de la sĂ©rie Aggregat. Elle fut conçue en 1933 par von Braun dans le cadre d’un programme de recherche de la Wehrmacht Ă  Kummersdorf, dirigĂ© par Walter Dornberger. L'A-1 Ă©tait la grand-mère de la plupart des fusĂ©es modernes. La fusĂ©e faisait 1,4 m de long, 30,5 centimètres de diamètre, et avait une masse au dĂ©collage de 150 kg. Le moteur, conçu par Arthur Rudolph, utilisait un système de propulsion alimentĂ© sous pression brĂ»lant de l'alcool et de l'oxygène liquide, et produit 300 kgf (2,9 kN) de poussĂ©e pendant 16 secondes. La fusĂ©e Ă©tait stabilisĂ©e par un gyroscope d’une vingtaine de kilos situĂ© dans le nez, mais on craignait que cela puisse causer des problèmes avec les combustibles liquides. Bien que le moteur ait Ă©tĂ© testĂ© avec succès lors d’un essai, la fusĂ©e lors de la première tentative de vol explosa sur la rampe de lancement. La conception fut Ă©valuĂ©e comme Ă©tant instable, et aucune autre tentative de mise Ă  feu ne fut faite. Les efforts se portèrent alors sur la conception de l'A2[2].

A2

Fusée A2

La fusĂ©e A2 fut conçue en 1934 par von Braun dans le cadre du programme dirigĂ© par Dornberger Ă  Kummersdorf. D'une longueur de 1,6 mètre et dĂ©veloppant une poussĂ©e de kN en brĂ»lant de l'alcool et de l'oxygène liquide, elles Ă©taient dans ses grandes lignes similaires Ă  la fusĂ©e A1. Cependant, Ă  la diffĂ©rence de l'A1, les gyroscopes de stabilisation de l'A2 Ă©taient au centre de la fusĂ©e, entre les rĂ©servoirs d'alcool et d'oxygène, ce qui fait qu'elle Ă©tait plus stable. La fusĂ©e avait une masse Ă  vide de 72 kg, et de 107 kg au dĂ©collage. Le premier vol d'essai fut effectuĂ© en Ă  Kummersdorf.

Deux A2 furent construites pour un test Ă  plein rĂ©gime, et furent nommĂ©es d'après la bande dessinĂ©e de Wilhelm Busch, Max et Moritz. Le 19 et , elles furent lancĂ©es sur l'Ă®le de Borkum en mer du Nord. Elles atteignirent respectivement l'altitude de 2,2 km et de 3,5 km[3] - [4].

A3

Le dĂ©veloppement de l'A3 peut ĂŞtre retracĂ© au moins Ă  partir de , lorsque l'Oberstleutnant Ernst Ritter von Horstig[5] alloua au gĂ©nĂ©ral Karl Becker un budget de près d'un demi-million de reichsmarks pour la construction de deux nouveaux bancs d'essai Ă  Kummersdorf. Cela comprenait des bancs d'essais mobiles, de petites locomotives, des bureaux et des espaces de rangement. Les plans de l'A3 prĂ©voyaient une fusĂ©e avec un système de guidage inertiel et une poussĂ©e moteur de 1 500 kg[6].

En , le Generaloberst Werner von Fritsch fut le tĂ©moin d'un tir statique d'un moteur d'A3 Ă  Kummersdorf et fut suffisamment impressionnĂ© pour apporter son soutien au programme de fusĂ©es[7] - [8]. Comme les premières fusĂ©es A1 et A2, l'A3 utilisait Ă©galement un système de propulsion alimentĂ© sous pression et le mĂŞme mĂ©lange d’oxygène liquide et d'alcool (75 %) que les modèles antĂ©rieurs. Il gĂ©nĂ©rait 14,7 kN de poussĂ©e pendant 45 secondes. Elle utilisait un système Ă  trois gyroscopes pour piloter les ailettes de tuyère en alliage de tungstène[9]. La conception fut terminĂ©e et secrètement brevetĂ©e au printemps 1936. Des modifications tendant Ă  rendre stable la fusĂ©e Ă  des vitesses supersoniques furent finalisĂ©es Ă  l'automne[10].

Les fusĂ©es A3 sont les premières Ă  ĂŞtre lancĂ©es de la rĂ©gion de PeenemĂĽnde[11], en l'occurrence de l'Ă®le de Greifswalder Oie oĂą se trouve un phare, d'oĂą le choix du nom de code retenu, opĂ©ration Phare, Ă  partir du . En raison de conditions mĂ©tĂ©orologiques dĂ©favorables, la première fusĂ©e A3 ne put ĂŞtre tirĂ©e que le . Les premier et deuxième lancements furent affectĂ©s par plusieurs problèmes mettant en cause Ă  la fois le dĂ©ploiement prĂ©maturĂ© du parachute et une panne de moteur. Les deux fusĂ©es s'Ă©crasèrent Ă  proximitĂ© de leurs points de lancement. Le parachute fut dĂ©sactivĂ© dans les troisième et quatrième fusĂ©es, mais celles-ci connurent aussi des pannes de moteur, bien que le non-dĂ©ploiement de leur parachute leur permĂ®t de s'Ă©craser plus loin de l'aire de lancement[12]. Selon une autre source, une A3 atteignit une portĂ©e de 12,1 km et une altitude de 18 km[13].

À chaque échec d'un lancement, von Braun et Dornberger cherchaient la cause. Au début, il fut estimé qu'une charge électrostatique avait prématurément déclenché le parachute, mais cela fut écarté. En fin de compte, les échecs furent attribués à la mauvaise conception du système de guidage inertiel de la fusée expérimentale et à des instabilités mineures dans le corps de la fusée et à la conception des ailettes[12].

Après cette série de lancements infructueux, la fusée A3 fut abandonnée et reconçue sous le nom d'A5. Pendant ce temps, le travail continuait sur la fusée A4 [14].

Caractéristiques
Longueur : 6,74 mètres
Diamètre : 0,68 mètre
Ailettes : 0,93 mètre
Masse au lancement : 748 kg
Ergols : l'éthanol et oxygène liquide
Poussée au décollage : 14,7 kN (1500 kgf)

A4 (fusée V2)

La fusĂ©e A4 est une conception en vraie grandeur avec une portĂ©e d'environ 175 km, Ă  une altitude atteinte supĂ©rieure Ă  80 kilomètres, transportant une charge utile d'environ une tonne. Parmi les versions de l'A4, on trouve le premier missile balistique, le premier projectile Ă  atteindre l'espace extra-atmosphĂ©rique, et des fusĂ©es activement utilisĂ©es dans la guerre[15].

Cette augmentation de capacité a été possible grâce à une refonte complète du moteur de l’A3 (ce qui a donné la fusée connue sous le nom A5) par Walter Thiel. Il devint clair que les conceptions de Wernher von Braun se transformaient en véritables armes, et Dornberger déplaça l'équipe du centre de tests d'artillerie de Kummersdorf (près de Berlin) dans une petite ville, Peenemünde, sur l'île d'Usedom sur la côte allemande de la mer Baltique, afin d’avoir plus de place pour les essais et maintenir le plus grand secret.

Cette version fut complètement fiabilisĂ©e et, en 1941, l'Ă©quipe avait tirĂ© 70 fusĂ©es A5. Le premier vol de l'A4 en la vit voler environ 1,6 kilomètre et s'Ă©craser dans l'eau. La deuxième fusĂ©e atteignit une altitude de 11 kilomètres avant d'exploser. La troisième fusĂ©e, lancĂ©e le , suivit une trajectoire parfaite. Elle retomba Ă  193 km, et atteignit une hauteur de 80 kilomètres.

La production de la fusée, maintenant connue sous le nom Vergeltungswaffe 2 (Arme de vengeance no 2) ou V2, commença en 1943 sur l'insistance du ministère de la Propagande de Goebbels. Les Alliés étaient déjà au courant de l'arme. En effet, un missile tiré d'un site d'essai à Blizna en Pologne avait été récupéré par les agents de résistance polonaise sur la rive du Bug, et des détails techniques vitaux avaient été donnés au service de renseignement britannique au cours de l'opération Most III.

Débris de V2 récupérée dans la rivière Bug, près de Sarnaki;

Le site banc d'essai de missiles situé à Blizna fut rapidement localisé par le mouvement de résistance polonais, l'Armia Krajowa, grâce à des rapports d’agriculteurs locaux. Des agents de l’Armia Krajowa sur le terrain parvinrent même à obtenir des morceaux de roquettes, en arrivant sur les lieux de retombée avant les patrouilles allemandes.

Au dĂ©but de , le quartier gĂ©nĂ©ral du renseignement britannique reçut un rapport d'un agent de l’Armia Krajowa (nom de code: « Makary ») qui avaient secrètement Ă©tudiĂ© la voie ferrĂ©e de Blizna et observĂ© un wagon extrĂŞmement bien gardĂ© par des troupes SS contenant un objet qui, bien que couvert par une bâche, ressemblait Ă  une « torpille monstrueuse »[16]. Par la suite, un plan fut mis sur pied pour tenter de capturer une fusĂ©e V2 complète non explosĂ©e et de la transporter en Grande-Bretagne. Aux environs du , une fusĂ©e V2 en assez bon Ă©tat Ă©tait tombĂ©e sur la rive marĂ©cageuse de la rivière Bug près du village de Sarnaki. Les Polonais locaux rĂ©ussirent Ă  la dissimuler avant l'arrivĂ©e des Allemands. La fusĂ©e fut ensuite dĂ©montĂ©e et transportĂ©e Ă  travers la Pologne[17]. Ă€ la fin , la rĂ©sistance polonaise (l'Armia Krajowa et les V-1 et V-2) transporta secrètement les parties de la fusĂ©e en dehors de la Pologne dans le cadre de l'opĂ©ration Most III[18] afin qu'elle soit analysĂ©e par les services secrets britanniques.

A4 - missile mer-sol

Ă€ l’automne 1943, le directeur du Deutsche Arbeitsfront, Otto Lafferenz, proposa l'idĂ©e d'un conteneur Ă©tanche Ă  l'eau, tractable et qui pourrait contenir une fusĂ©e A4. Cette suggestion se concrĂ©tisa en la conception d'un conteneur de 500 tonnes destinĂ© Ă  ĂŞtre remorquĂ© derrière un sous-marin. Une fois en position de tir, les conteneurs seraient placĂ©s Ă  la verticale pour le lancement. Le projet fut baptisĂ© Projekt Schwimmweste et les conteneurs eux-mĂŞmes par le nom de code PrĂĽfstand XII. Les travaux sur les conteneurs furent rĂ©alisĂ©s par le Vulkanwerft, et un seul exemplaire fut achevĂ© Ă  la fin de la guerre, mais il ne fut jamais testĂ© avec un lancement de fusĂ©e[19].

A4b/A9

Dans le cas où les sites de lancement devraient être déménagés à l’intérieur des frontières du Reich, la pression fut mise sur von Braun et ses collègues pour qu’ils développassent une version à plus longue portée de l'A4 connue alternativement sous les dénominations A9 et A4b. La raison de cette double désignation était que la série A4 avait reçu la « priorité nationale », la désignation A4b assurait donc la disponibilité de ressources limitées[20].

En , Kurt Patt du bureau d'études de Peenemünde proposa d’y adjoindre des ailes pour convertir la vitesse et l'altitude de la fusée en portance aérodynamique et donc en portée[21]. Comme la fusée rencontrait une atmosphère plus dense sur sa phase de descente, elle planerait, convertissant sa vitesse en portée. Patt proposa également la Flossengeschoss (projectile effilé). Ces deux concepts furent utilisés par Dornberger quand il rédigea une note de présentation à Adolf Hitler à propos de la « fusée Amérique » le [22].

Les études de conception de la fusée A-9 débutèrent en 1940. En plus de ses ailes, l'A9 aurait été un peu plus grande que l'A4 et son moteur aurait produit une poussée supérieure d'environ 30 %. À la suite d'essais de modèles en soufflerie, la conception fut modifiée par la suite pour remplacer les ailes par des apex de fuselage, les tests ayant montré que ceux-ci offraient une meilleure portance aux vitesses supersoniques et résolvaient le problème du déplacement du centre de portance aux vitesses transsoniques.

Le dĂ©veloppement fut suspendu en 1941, mais en 1944, plusieurs V2 furent modifiĂ©es dans une configuration proche de celle de l'A9 sous la dĂ©signation A4b[23]. Il avait Ă©tĂ© calculĂ© que l’ajout d’ailes permettrait d'amener la portĂ©e des A4 Ă  750 km, ce qui permettait d’attaquer des cibles en Grande-Bretagne Ă  partir de sites de lancement situĂ©s en Allemagne. Il Ă©tait prĂ©vu que la courbe de la trajectoire de l'A4b serait plus arrondie et que la fusĂ©e planerait vers sa cible. Il Ă©tait prĂ©vu que l'interception par des avions ennemis Ă  la fin de la phase de planage serait pratiquement impossible, car au-dessus de sa cible, l'A4b devait plonger quasi verticalement, laissant peu de temps pour l'interception.

Le concept A4b fut testé en ajoutant des ailes en flèche à deux A4 lancés de Blizna. Cependant, peu de travail d'adaptation fut effectué et le premier lancement le fut un échec complet. La seconde tentative de lancement, le , fut partiellement réussie, car l'aile se rompit, mais l'A4b réussit quand même à devenir le premier missile ailé guidé franchissant le mur du son et atteignant Mach 4[24] - [25].

A5

L'A5 est un modèle d'essai à échelle réduite de la fusée A4, qui remplaça le précédent modèle réduit (l’A3) qui n’avait pas été un succès. Elle vola de 1938 à 1942, et joua un rôle essentiel pour tester l'aérodynamique et la technologie de l'A4. Elle avait le même moteur de fusée que l'A3, mais elle disposait d’un nouveau système de contrôle et sa forme ressemblait davantage à celle de l'A4. 25 exemplaires furent lancés, certains à plusieurs reprises. La fusée était équipée d'un système de parachute pour la redescente et pouvait flotter jusqu'à deux heures avant de couler, permettant ainsi de la récupérer par bateau. Des variantes furent construites à la fois sans système de propulsion et avec des moteurs monergol pour les essais de largage aérien.

L'A5 avait une longueur de 5,825 m, un diamètre de 0,78 m et une masse au dĂ©collage de 900 kg. Comme l'A3, elle Ă©tait alimentĂ©e avec de l'alcool et de l'oxygène liquide comme comburant. Le premier lancement de l'A5 eut lieu Ă  l'Ă©tĂ© 1938 Ă  Greifswalder Oie et les premiers vols guidĂ©s conduits avec succès eurent lieu en , dans le but de tester les systèmes de contrĂ´le prĂ©vus pour ĂŞtre utilisĂ©s dans l'A4. L'A5 atteignit un plafond de 12 km[26].

A6

A6 était une désignation d’une variante de la fusée d'essai A5 qui utilisait des propergols différents[26].

Certaines sources indiquent qu'elle fut Ă©galement appliquĂ©e Ă  une proposition spĂ©culative d’une version de reconnaissance pilotĂ©e d’une variante de l’A4b. Cette fusĂ©e A6 fut d'abord proposĂ©e au ministère de l'Air allemand comme un engin de reconnaissance non interceptable. Il aurait Ă©tĂ© lancĂ© verticalement par une fusĂ©e, le portant Ă  un apogĂ©e de 95 km, et après ĂŞtre rĂ©-entrĂ© dans l'atmosphère, il serait entrĂ© dans une phase de descente en supersonique, lorsque son unique statorĂ©acteur serait enflammĂ©. Il Ă©tait espĂ©rĂ© que cela donnerait entre 15 et 20 minutes de vol Ă  une vitesse de 2 900 kilomètres Ă  l'heure et permettrait Ă  l'appareil de revenir Ă  sa base et de faire un atterrissage conventionnel assistĂ© par un parachute de freinage. Cependant, le ministère de l'Air n’avait aucun besoin pour un tel appareil et la proposition fut rejetĂ©e. Des concepts similaires (quoique sans pilote) furent produits après la guerre sous la forme du missile amĂ©ricain SM-64 Navaho et soviĂ©tique Burya (en), deux missiles de croisière intercontinentaux avec propulsion par statorĂ©acteur[27].

A7

La fusĂ©e A7 est une conception ailĂ©e qui n'a jamais Ă©tĂ© complètement construite. Elle fut Ă©tudiĂ©e entre 1940 et 1943 Ă  PeenemĂĽnde pour la Kriegsmarine. La fusĂ©e A7 avait une structure similaire Ă  celle de l'A5, mais avait de plus grandes ailettes d'empennage (1,621 m2), afin d'obtenir une plus grande portĂ©e en vol planĂ©. Deux modèles non motorisĂ©s de l'A7 furent larguĂ©s par des avions afin de tester la stabilitĂ© de vol ; aucun essai propulsĂ© ne fut jamais effectuĂ©. La fusĂ©e aurait dĂ» produire une poussĂ©e au dĂ©collage de 15 kN et avoir une masse au dĂ©collage de 1 000 kg. Elle Ă©tait haute de 5,91 m et avait un diamètre de 0,38 m.

A8

L'A8 est un projet de variante « allongĂ©e Â» de la fusĂ©e A4, pour emporter plus d’ergols (probablement de l’acide nitrique et du kĂ©rosène). La conception n'atteignit jamais le stade du prototype, mais un travail de conception complĂ©mentaire fut rĂ©alisĂ© après la guerre par une Ă©quipe allemande en France sous le nom de « Super V2 ». Le projet fut finalement annulĂ©, mais conduisit aux projets de fusĂ©e français VĂ©ronique et Diamant[26] - [28].

A9/A10

A9/A10
Image illustrative de l’article Aggregat
Données générales
Pays d’origine Allemagne
Hauteur 14,18 m
Diamètre 1,65 m
Masse au décollage 16259 kg
Charge utile
Orbite basse 1000 kg

Une version avancée de la fusée A9 fut proposée pour attaquer des cibles sur le territoire américain à partir de sites de lancement en Europe. Pour cela, elle aurait besoin d'être lancée au sommet d'un étage d'accélération, l'A10.

Le travail de conception de l'A10 commença en 1940, pour un premier vol programmĂ© en 1946. La conception initiale fut rĂ©alisĂ©e par Ludwig Roth (en) et fut achevĂ©e le . Hermann Oberth travailla sur la conception en 1941, et en Walter Thiel proposa que l'utilisation d'une propulsion pour l'A10 d’une grappe de six moteurs d'A4, ce qui donnerait une poussĂ©e totale de 180 tonnes.

Les travaux sur l'A10 furent repris fin 1944 sous le nom de code d'Amerika Projekt et la conception de l'A10 fut modifiĂ©e pour intĂ©grer un groupe de 6 chambres de combustion d'A4 alimentant une tuyère unique. Cela fut modifiĂ© par la suite en une chambre unique et tuyère unique. Des bancs d'essai furent construits Ă  PeenemĂĽnde pour tester des propulseurs de 200 tonnes de poussĂ©e.

Il Ă©tait admis que les systèmes de guidage existants ne seraient pas assez prĂ©cis pour des distances supĂ©rieure Ă  5 000 km, et il fut dĂ©cidĂ© de rendre l'A9 pilotable. Le pilote devait ĂŞtre guidĂ© sur sa trajectoire finale vers la cible par des balises radio installĂ©es sur des sous-marins et des stations mĂ©tĂ©orologiques automatiques terrestres au Groenland et au Labrador.

L'Ă©tage d’accĂ©lĂ©ration A10 faisait environ 20 m de hauteur. Il dĂ©veloppait une poussĂ©e de 1 670 kN en brĂ»lant du carburant diesel et de l'acide nitrique durant 50 secondes. Il aurait propulsĂ© le second Ă©tage, l’A9, Ă  une vitesse d'environ 4 300 km/h et une altitude de 394 km[29].

A11

L'A11 (Japan Rakete) était une conception de ce qui aurait été le premier étage d'une fusée à trois étages, les deux autres étages étant l'A9 et A10.

La conception A11 fut dĂ©voilĂ©e aux officiers amĂ©ricains par von Braun Ă  Garmisch-Partenkirchen, les plans furent publiĂ©s plus tard en 1946 par l'armĂ©e amĂ©ricaine. L'A11 devait utiliser six des grands moteurs Ă  chambre unique proposĂ©s pour l'Ă©tage A10, l’A10 constituant le second Ă©tage serait modifiĂ©e pour s’imbriquer dans l'A11. La conception incluait une A9 avec des apex, indiquant une phase terminale en vol planĂ©. Pour atteindre l'orbite, soit une impulsion additionnelle aurait Ă©tĂ© nĂ©cessaire, soit l'A9 aurait dĂ» ĂŞtre allĂ©gĂ©e. Dans les deux cas, seule une charge utile d'environ 300 kg aurait pu ĂŞtre placĂ©e sur une orbite terrestre basse[30].

A12

La fusĂ©e A12 Ă©tait une vĂ©ritable fusĂ©e orbitale. Elle fut proposĂ©e comme un vĂ©hicule Ă  quatre Ă©tages, comprenant l'A12, l'A11, l'A10 et l'A9. Les calculs montraient qu'elle pourrait placer jusqu'Ă  10 tonnes de charge utile en orbite terrestre basse.

L'Ă©tage A12 aurait pesĂ© environ 3 500 tonnes avec les rĂ©servoirs pleins, et aurait eu 33 m de hauteur. Il devait ĂŞtre propulsĂ© par 50 moteurs d'A10, alimentĂ©s par de l'oxygène liquide et de l'alcool[31].

Références

  1. (de) « DWDS Aggregat », sur Digitales Wörterbuch der deutschen Sprache (consulté le )
  2. Gatland 1989, p. 10
  3. Gatland 1989, p. 10.
  4. Fusées Aggregat A1 et A2.
  5. Biographie de Ritter von Horstig genannt d'Aubigny von Engelbrunner, Dipl. Ing. Ernst.
  6. Neufeld 2007, p. 75.
  7. Huzel 1962, p. 233
  8. Neufeld 2007, p. 81.
  9. Huzel 1962, p. 236.
  10. Neufeld 2007, p. 84-85.
  11. Huzel 1962, p. 235.
  12. Neufeld 2007, p. 102-05.
  13. Gatland 1989, p. 11.
  14. Neufeld 2007, p. 105.
  15. (de) Walter Dornberger, Peenemünde, Rastatt, Moewig, coll. « Moewig Dokumentation », , 285 p. (ISBN 978-3-811-84341-7 et 3-811-84341-9, OCLC 43071841).
  16. (en) James B. McGovern Jr, Crossbow and Overcast, New York, W. Morrow, , p. 42.
  17. (pl) Michał Wojewódzki, Akcja V-1, V-2, Warsaw, , 477 p. (ISBN 8-321-10521-1 et 978-8-321-10521-5, OCLC 11979428)
  18. Zak, Anatoly: RussianSpaceWeb.Com: 2009
  19. Paterson 2009, p. 57–58
  20. Neufeld, p. 63, 93, 250, 283
  21. Neufeld, p. 92
  22. Neufeld, p. 138 & 283
  23. Reuter, p. 90-91
  24. Reuter, p. 87
  25. Harvey 2003, p. 16
  26. (de) Juergen Michels et Olaf Przybilski, Peenemuende und seine Erben in Ost und West, Bonn, Bernard & Graefe,
  27. « A6 », astronautix.com
  28. Reuter, p. 179
  29. Reuter, p. 91-93
  30. Reuter, p. 94
  31. Reuter, p. 95

Bibliographie

  • (de) Walter Dornberger et Eberhard Rees, PeenemĂĽnde : die Geschichte der V-Waffen / Walter Dornberger ; mit einem Geleitwort von Eberhard Rees. --, Germany, Bechtle, , 313 p. (ISBN 3-762-80404-4 et 978-3-762-80404-8, OCLC 8312649, lire en ligne)
  • (en) Dieter K. Huzel (prĂ©f. Wernher von Braun), PeenemĂĽnde to Canaveral, Greenwood Press, (1re Ă©d. 1962), 247 p. (ISBN 0-313-22928-7 et 978-0-313-22928-2, OCLC 7277017, lire en ligne)
  • (en) Michael J. Neufeld, The Rocket and the Reich: PeenemĂĽnde and the Coming of the Ballistic Missile Era, Cambridge (Massachusetts), Harvard University Press, , 367 p. (ISBN 0-674-77650-X et 9780674776500, OCLC 35909874, lire en ligne)
  • (en) Michael J. Neufeld, Von Braun: Dreamer of Space, Engineer of War (Biographie), New York, Knopf, , 587 p. (ISBN 9780307389374 et 0307389375, OCLC 845452089)
  • (en) Carl Reuter, The V2 and the German, Russian and American Rocket Program, German Canadian Museum (ISBN 978-1-894-64305-4), p. 87
  • (en) Brian Harvey, Europe's space programme: to Ariane and beyond, Springer, , 382 p. (ISBN 978-1-852-33722-3 et 1852337222, OCLC 539320688)
  • (en) Lawrence Paterson, Black Flag: The Surrender of Germany's U-Boat Forces, MBI Publishing Compan, , 196 p. (ISBN 978-0-760-33754-7 et 0760337543, OCLC 308175284)

Pour approfondir

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