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Afterres2050

Afterres2050 est un scénario d’utilisation des terres agricoles et forestières pour satisfaire les besoins alimentaires, énergétiques, en matériaux, et réduire les gaz à effet de serre. Ce scénario est développé par l'association Solagro, pour le territoire français.

Logo du d'« Afterres2050 »

Il complète et enrichit le scénario négaWatt[1], dont il partage les objectifs de « sobriété, efficacité et durabilité ». Il sert de base aux hypothèses négaWatt sur le bois énergie et le biogaz.

Il a été construit avec le soutien de la Fondation Charles Léopold Mayer. Le scénario s'est limité à la France pour des raisons d'accès aux données, mais pourrait être étendu à d'autres pays ou à l'Europe. De façon similaire, l'association négaWatt s'intéresse maintenant au paysage énergétique européen. Mis à part l'Association négaWatt Suisse, elle ne dispose pas d'associations européennes « amies », avec lesquelles elle pourrait échanger, et ne peut s'appuyer que sur les statistiques des administrations des pays européens étudiés.

Objectifs

Le nom d'« Afterres2050 » est l'acronyme des mots «agriculture-alimentation-forêt-terre », avec un clin d’œil au mot anglais « after » avec une référence à l’année 2050, horizon du scénario[2].

Ce travail repose sur l'hypothèse simple qu'en 2050, l'agriculture et la forêt françaises pourront et devront (dans une approche de développement soutenable) nourrir en France environ 71 millions d’habitants.

Ces deux secteurs devront aussi nourrir les cheptels de bétail et volailles, tout en produisant assez de matériaux renouvelables et d'énergie pour répondre aux besoins de la société, en préservant la fertilité des sols, la qualité des eaux, la biodiversité, et sans continuer à affecter négativement le système climatique. Le scénario intègre aussi le principe du facteur 4 (division par 4 des émissions françaises de gaz à effet de serre avant 2050)[1].

Le scénario a pour objet de[1] :

  • Savoir si assez de surfaces agricoles et rurales sont et seront disponibles pour satisfaire Ă  l'ensemble de ces besoins et contraintes, et Ă  quelles conditions. Il a aussi cherchĂ© Ă  comparer les visions de l'agriculture de demain,
  • Baliser les voies possibles d'Ă©volution vers une agriculture viable, dĂ©sirable et durable rĂ©pondant Ă  un scĂ©nario agricole et alimentaire durable, crĂ©dible, comprĂ©hensible et quantifiĂ© pour 2010-2050,
  • Produire des bases concrètes de travail, et un cadre cohĂ©rent avec la partie Ă©nergie de la biomasse du scĂ©nario nĂ©gaWatt 2011,
  • Offrir les Ă©lĂ©ments d'un dĂ©bat citoyen et transversal sur les territoires, en milieu agricole, pour l'orientation future de l'agriculture, en vue d'une interpellation des instances politiques et administratives impliquĂ©es dans « la mise en place effective des conditions nĂ©cessaires aux Ă©volutions ».

C'est un outil qui peut notamment, comme le scénario négaWatt, aider les régions à affiner l'interface entre le Schéma régional climat air énergie (SRCAE) et le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) issus du Grenelle II[1].

Moyens

Logo de ClimAgri

Sur la base d'un travail collaboratif de construction de bases quantitatives et qualitatives des besoins actuel et futurs (pour déterminer les besoins en termes de nouvelle offre), Afterres2050 mobilise les statistiques et éléments prospectifs disponibles, via un modèle simplifié d’utilisation de l'occupation des sols et en particulier des terres agricoles (modèle dit « MoSUT »)[1].

Ce modèle intègre des données physiques chiffrées (hectares, rendements, quantité d'aliments, régimes alimentaires) pour les hommes et les cheptels), qui est récursif (ajustement progressif et itératif des variables de la demande et de l'offre) et ascendant (agrégation des données maîtrisées par remontées successives)[1].

  • Un outil complĂ©mentaire dit « ClimAgri » est utilisĂ© pour simuler les impacts des scĂ©narios possibles en termes d'Ă©mission de gaz Ă  effet de serre.
  • Au lieu de reposer sur une vision d'augmentation de l'offre (augmentation infinie ou indĂ©finie de la production), les scĂ©narios intègrent, selon les donnĂ©es disponibles, l'impact probable du climat sur les rendements des cultures en France, l'impact des changements d'affectation de sols (Cf. pĂ©riurbanisation et artificialisation par les rĂ©seaux de transports) ainsi que des notions de santĂ© (« facteur (maĂ®trisĂ©) d'augmentation de la masse corporelle de la population »)[1].

Apports

Les modèles utilisés concluent qu'il est possible de répondre aux besoins alimentaires et énergétiques de tous les Français, en respectant le Facteur 4, par une agriculture à 50 % convertie à l'Agriculture biologique à l'horizon 2050[3], à condition de manger plus de céréales, de fruits et légumes, et beaucoup moins de viande, sucre et lait, de ne jamais laisser de sols nus et veiller à ce que chaque parcelle délivre jusqu'à six « productions » – céréales, engrais verts, fruitiers, bois d'œuvre – contre une le plus souvent en 2011[1]. Le nombre de têtes de bétail devrait être fortement réduit et le pâturage plus extensif, pour permettre une alimentation plus à l'herbe et plus locale. La mise en œuvre de ce scénario libérerait plusieurs millions d'hectares (sur un total d'environ 55 millions d’hectares cultivés en 2010). Jusqu’à 20 % de la Surface agricole utilisée (SAU) serait libérée par l'application du scénario Afterres2050 ; soit de 5 à 8 millions d'hectares (1/3 de terres arables, 2/3 de prairies permanentes). Ces surfaces pourraient être réaffectées et utilisables pour d'autres besoins : par exemple, la production de biomasse-énergie, de biomasse à destination de la chimie verte ou destinée à produire des matériaux renouvelables de construction ou d'isolation, etc[1].

Conditions de réussite

Le scénario pose des conditions impliquant d'importants changements, qui impliquent des choix sociétaux (à la fois du politique et du citoyen, auquel les agriculteurs et toute la filière agroalimentaire doivent contribuer) ; ces conditions sont[1] :

  • Une sobriĂ©tĂ© et une efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique « du champ Ă  l'assiette » ;
  • Une alimentation moins lactĂ©e, et surtout moitiĂ© moins carnĂ©e, car la production de protĂ©ines animales nĂ©cessite une surface bien supĂ©rieure Ă  celle nĂ©cessaire Ă  la production de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales (2 Ă  50 fois plus selon le type d'animaux)[4] ;
  • Des animaux moins nombreux, mais Ă©levĂ©s dans de meilleures conditions. Les troupeaux d'ovins pourraient ĂŞtre conservĂ©s Ă  l'identique voire augmentĂ©s car ils peuvent valoriser des pâturages extensifs en milieux peu valorisables pour d'autres espèces.
    Un Ă©levage intensif est conservĂ© comme sources de protĂ©ines animales « bon marchĂ© Â», en recherchant un Ă©quilibre entre demande sociale et environnement pour que la viande reste accessible aux catĂ©gories sociales moins riches, mais avec des ressources locales (suppression avant 2050 des importations de soja et tourteaux amĂ©ricains) ;
  • Le dĂ©veloppement rapide de l'agroforesterie qui devrait couvrir 1/5e des surfaces agricoles en 2050, plutĂ´t que le soutien de l'afforestation sur les herbages ;
  • Des rotations plus importantes et des productions multiples (« Une parcelle = 6 produits ») avec en 2050 une gĂ©nĂ©ralisation des associations culturales permettant de produire sur une mĂŞme parcelle (et Ă  la mĂŞme saison) deux cultures (une cĂ©rĂ©ale et une lĂ©gumineuse en gĂ©nĂ©ral), avec moins d'intrants et plus de biodiversitĂ©, pour une meilleure rĂ©silience agro-Ă©cologique. Ceci implique une dĂ©marche de production intĂ©grĂ©e et de lutte biologique, avec des rotations longues, des assolements comprenant des lĂ©gumineuses (engrais verts), une agriculture sans labour (travail très simplifiĂ© du sol et semis direct quand c'est possible) pour restaurer les capacitĂ©s de puits de carbone du sol et restaurer une fertilitĂ© plus naturelle. Des cultures intercalaires doivent assurer un couvert permanent du sol (objectif zĂ©ro-Ă©rosion), avec restauration Ă  large Ă©chelle des infrastructures agro-Ă©cologiques que sont les haies (de type bocagères), bandes enherbĂ©es, ripisylves, arbres Ă©pars, mares, fossĂ©s enherbĂ©s et autres zones humides, connectĂ©es Ă  la Trame verte et bleue française pour bĂ©nĂ©ficier au mieux des auxiliaires de l'agriculture.
    Selon les modèles utilisés, ceci permettrait de diviser par 4 les usages d'engrais et de pesticides (ce qui est aussi une économie financière pour l'agriculteur), avec 50 % de la SAU en culture intégrée et sans traitements du tout sur un tiers des surfaces en agriculture biologique en 2050.
  • Une rĂ©duction des dĂ©sĂ©quilibres commerciaux internationaux (exportations raisonnables et importations rĂ©duites d'intrants)
  • Le dĂ©veloppement de « cultures Ă©nergĂ©tiques soutenables Â» ; ce scĂ©nario propose que peu Ă  peu, d'ici 2050, 1,5 million d'hectares de prairies servent Ă  produire de la biomasse Ă  mĂ©thaniser (« prairies Ă©nergĂ©tiques »). 1,5 million de terres labourables serviraient Ă  produire d'une part des agrocarburants (Ă  partir de cĂ©rĂ©ales et olĂ©oprotĂ©agineux) et d'autre part, des tourteaux et protĂ©ines destinĂ©es Ă  l'alimentation animale d'autre part. L'autoconsommation par l'agriculture de mĂ©thane issu des lisiers et fumiers rendrait le secteur plus indĂ©pendant, tout en rĂ©duisant considĂ©rablement les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre de ce mĂŞme secteur, et tout en conservant le potentiel humique des rĂ©sidus de culture ou d'Ă©levage mĂ©thanisĂ©s (car mĂ©thaniser ne dĂ©truit pas le carbone stable).

Limites

Ce scénario a utilisé les bases qui sont celles des économistes et prospectivistes, ce qui le rend crédible.

Les limites qu'il expose lui-même sont dans les bouleversements qu'il nécessite ; les choix et actions qu'il suppose doivent être rapides et profonds ; ils concernent les stratégies, pratiques et moyens de l'agriculture. Ils concernent aussi l'aménagement du territoire, avec une ouverture sur l'agroforesterie (déjà en cours dans 11 départements).

Les émissions de gaz à effet de serre en 2010-2011 étaient d'environ 105 MteqCO2 (dont 40 MteqCO2 de N2O, 40 MteqCO2 de méthane, et 25 MteqCO2 de gaz carbonique). En tenant compte des intrants agricoles (engrais, énergie, phytosanitaires…), elles peuvent être réduites, mais les différentes simulations Afterres2050 arrivent au mieux à une réduction d'un facteur 2[1].

Les auteurs estiment que le facteur 4 ne serait possible en agriculture qu'avec des ruptures difficilement possibles pour les secteurs concernés.

Notes et références

  1. « Dossier de présentation. Scénario négaWatt 2011 », sur negawatt.org, (consulté le )
  2. « Dépliant Afterres2050 (pdf en 4 p.) », sur afterres2050.solagro.org, (consulté le )
  3. Nourrir l'Europe en temps de crise, Pablo Servigne, Ă©d. Babel, 2014 p. 109
  4. « Land use per 100 grams of protein », sur Our World in Data (consulté le )

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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