Afforestation
L'afforestation ou boisement est une plantation d'arbres ayant pour but d'Ă©tablir un Ă©tat boisĂ© sur une surface longtemps restĂ©e dĂ©pourvue d'arbre, ou n'ayant Ă©ventuellement jamais (aux Ă©chelles humaines de temps) appartenu Ă l'aire forestiĂšre[1]. Elle se distingue du reboisement ou de la reforestation qui sont rĂ©alisĂ©s par l'homme sur une surface dĂ©boisĂ©e par lui. Sur de petites surfaces destinĂ©es Ă produire des fruits et lĂ©gumes (forĂȘt-jardin, elle peut s'inspirer des principes de la foresterie analogue, une mĂ©thode visant notamment Ă imiter les processus naturels de succession forestiĂšre).
DĂ©finition
En Suisse, la dĂ©finition de l'office fĂ©dĂ©ral de la statistique est « surfaces autrefois agricoles ou improductives transformĂ©es en forĂȘt par des travaux dâamĂ©nagement forestier »[2].
IntĂ©rĂȘts
L'afforestation, autrefois parfois motivée par le besoin de mise en valeur des terres incultes, est généralement motivée par l'économie, le besoin de bois ou cellulose (pour le papier). Elle peut faire partie d'une démarche d'agroforesterie ou de restaurer des puits de carbone.
Effets
L'afforestation peut avoir des effets contrastĂ©s selon le lieu oĂč elle est pratiquĂ©e (sec ou humide, chaud ou froid, anciennement cultivĂ© ou non, salĂ© ou exposĂ© Ă des embruns salĂ©s, etc.).
En zone moyennement sĂšche ou semi-aride, ou Ă saisons contrastĂ©es (Ă©tĂ© secs), si les arbres sont trĂšs densĂ©ment plantĂ©s et Ă croissance rapide (peupliers, eucalyptus ou rĂ©sineux par exemple), dans son premier stade de croissance, le boisement va certes limiter l'Ă©rosion et les inondations, mais aussi consommer et Ă©vapotranspirer de grandes quantitĂ©s d'eau, risquant de priver les cours d'eau d'une partie de l'eau qui y circulait, mĂȘme si par ailleurs, les arbres et leurs racines aident Ă un meilleur stockage de l'eau dans les nappes, et en rĂ©gulent les flux et les sources.
Le débit de base et le débit réservé d'un cours d'eau évoluera sur l'année et, dans un premier temps au moins, diminuera en saison sÚche, durablement si la région est à faible pluviométrie.
Dans un bassin drainé par de petites riviÚres, le reboisement peut réduire le débit de base.
AprĂšs deux ans d'Ă©tude sur sept bassins de la province de CĂłrdoba (Argentine) prĂ©sentant Ă la fois des prairies naturelles et des boisements denses plantĂ©s dans les annĂ©es 1970, la rĂ©duction du dĂ©bit de base Ă©tait moindre dans les bassins en pente ou rocheux, mais ailleurs, elle pouvait atteindre prĂšs de la moitiĂ© selon Esteban Jobbagy (membre du Conseil national scientifique de l'Argentine et de l'universitĂ© nationale de San Luis)[3]. Selon E. Jobbagy, dans cette rĂ©gion, pour conserver un dĂ©bit d'eau important, un Ă©quilibre pourrait ĂȘtre trouvĂ© avec le boisement d'un quart du bassin versant, Ă raison de 400 Ă 500 arbres par hectare, mais ne pas planter d'arbres consommant trop d'eau peut aussi aider Ă ce qu'une bonne alimentation des riviĂšres soit conservĂ©e[3].
Une autre Ă©tude (Ă©voquĂ©e par Nature et conduite en Uruguay, avec le US Forest Service) a montrĂ© qu'une jeune forĂȘt replantĂ©e en 2003 dans cette rĂ©gion absorbait 18 Ă 22 % du dĂ©bit de base de la partie boisĂ©e du bassin, par rapport aux zones maintenues en prairies[3]. Ces deux Ă©tudes concernaient des boisements relativement jeunes ou trĂšs jeunes, artificiels, dans des zones de pampa oĂč le rĂ©seau hydrographique est souvent maigre et trĂšs irrĂ©gulier. Elles ne peuvent ĂȘtre extrapolĂ©es Ă d'autres rĂ©gions biogĂ©ographiques et doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es dans leur contexte biogĂ©ographique et temporel. Elles montrent cependant que des projets de reboisement compensateurs d'Ă©missions de carbone dans ce type de rĂ©gion doivent ĂȘtre rĂ©flĂ©chis.
En AmĂ©rique du Nord, des rĂ©introductions de castors ont Ă©galement permis - grĂące Ă leurs barrages - de reconstituer des zones humides diminuant le risque d'incendie de forĂȘt et de manque d'eau, ces barrages stockant efficacement une partie des Ă©normes masses d'eau apportĂ©es par les pluies et neiges de l'automne au printemps.
Histoire
La premiĂšre mĂ©thode rĂ©ussie historiquement documentĂ©e de reboisement Ă grande Ă©chelle avec des graines de conifĂšres a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e en 1368 par le conseiller et commerçant de Nuremberg Peter Stromer (de) (vers 1315-1388) dans le Reichswald de Nuremberg. Cette zone forestiĂšre est ainsi devenue la premiĂšre forĂȘt artificielle au monde et Stromer le « pĂšre de la culture forestiĂšre » (Forstkultur (de))[4].
L'afforestation s'est dĂ©veloppĂ©e en Allemagne vers 1800, reposant sur un large consensus populaire; elle peut s'expliquer Ă©galement par la professionnalisation de la foresterie; un tel consensus Ă©tait crucial pour le succĂšs d'une politique de protection des forĂȘts ; les forĂȘts Ă©taient trop confuses pour que la protection des forĂȘts puisse ĂȘtre appliquĂ©e par la police seule. La popularitĂ© de l'afforestation peut s'expliquer dans une certaine mesure par la prĂ©cĂ©dente panique liĂ©e Ă une pĂ©nurie de bois. Mais mĂȘme avant cela, la protection des forĂȘts dans de nombreuses rĂ©gions allemandes ne ressemblait pas Ă l'arrogance fĂ©odale royale qui a caractĂ©risĂ© dâautre pays, mais Ă©tait en principe considĂ©rĂ©e comme vitale et raisonnable. Lorsque les agriculteurs attaquaient les forestiers, ce n'Ă©tait souvent pas parce qu'ils protĂ©geaient la forĂȘt, mais parce que les agriculteurs pensaient qu'ils Ă©taient les meilleurs protecteurs de la forĂȘt. Lorsque Georg Ludwig Hartig, pionnier de la rĂ©gĂ©nĂ©ration forestiĂšre, fut nommĂ© professeur de foresterie et chef de la foresterie prussienne Ă Berlin en 1811, il trouva un large public pour ses confĂ©rences publiques[5].
Notes et références
- Glossaire, sur greenfacts.org (consulté le 7 août 2009).
- Nomenclatures â Statistique de la superficie 1992/97, Office fĂ©dĂ©ral de la statistique (consultĂ© le 7 aoĂ»t 2009).
- (en) Ana Belluscio, « Planting trees can shift water flow », Nature,â , news.2009.1057 (ISSN 0028-0836 et 1476-4687, DOI 10.1038/news.2009.1057, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Pierre Monnet, Villes d'Allemagne au moyen Ăąge, Picard, (ISBN 978-2-7084-0716-9, lire en ligne).
- (de) Ulrich Troitzsch, "NĂŒtzliche KĂŒnste", Waxmann Verlag (ISBN 978-3-8309-5817-8, lire en ligne).
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Panna Ram Siyag, Afforestation, Reforestation and Forest Restoration in Arid and Semi-arid Tropics, Springer Science & Business Media, , 295 p. (lire en ligne)
- (en) Gudmundur Halldorsson, Effects of Afforestation on Ecosystems, Landscape and Rural Development, Nordic Council of Ministers, , 342 p. (lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- Joakim Book, Reboisement en Islande et dans d'autres pays riches, .