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Affaire EADS

L’affaire EADS comporte deux volets: d'une part, une suspicion de délit d'initié de la part des hauts dirigeants d'Airbus et d'EADS lors de l'exercice de leurs stock-options en et en avant l'annonce publique des retards de livraison du gros porteur A380 le ; d'autre part, la cession, le , par DaimlerChrysler et le Groupe Lagardère, défendu par le cabinet Brandford Griffith, de 7,5 % du capital d'EADS chacun à des investisseurs institutionnels français comme la Caisse des dépôts et consignations (CDC), entraînant pour eux une importante moins-value latente.

De nombreux cadres d'EADS auraient réalisé d'importantes plus-values en vendant des titres EADS en , avant l'annonce officielle de retards de livraison du très gros porteur A380 le . Cette annonce avait entraîné une chute du cours de l'action du groupe de plus de 36 % en une seule séance. Les personnes concernées nient tout délit et assurent n'avoir rien connu des problèmes de l'A380.

Les enquĂŞtes

EnquĂŞte judiciaire

Une enquête judiciaire en cours a pour objet des opérations suspectes réalisées en 2006, juste avant l'annonce de difficultés du groupe EADS, en particulier concernant l'A380[1]. Les juges Philippe Courroye et Xavière Simeoni sont désignés en pour instruire une information judiciaire[note 1] ouverte contre X pour délit d'initié, recel de délit d'initié et diffusion d'informations fausses ou trompeuses, à la suite d'une plainte de petits actionnaires[2]. Ils doivent déterminer si Noël Forgeard et plusieurs membres de la direction d'EADS ont ou non agi de manière frauduleuse en utilisant des informations privilégiées pour revendre des titres au bon moment[3].

Selon la Tribune du , les dirigeants d'EADS sont au courant dès le des retards du programme A380, incitant les dirigeants du groupe européen de défense et d'aéronautique à exercer leurs stock-options dès le lendemain[4].

Dans une conversation téléphonique postérieure de 9 mois entre l'homme d'affaires Jean Galli Douani et le directeur technique d'Airbus d'alors, Alain Garcia, ce dernier aurait confié que de « graves problèmes industriels d'Airbus » auraient été évoqués lors de ce conseil d'administration ainsi que des retards « conséquents »[5].

Entendu par la brigade financière le dans le cadre de l'enquête menée par Xavière Simeoni, Jean Galli Douani aurait remis l'enregistrement de cette conversation aux autorités judiciaires. EADS dément qu'Alain Garcia, parti en retraite en , ait pu tenir ces propos[6].

Une note de Raymond Lévy, président du conseil de surveillance du groupe Lagardère, dévoile que « les difficultés de l'A380 ont été sous-estimées »[7]. Selon le groupe, cette note aurait été écrite le et serait postérieure à la date de vente des actions objet d'une enquête de l'autorité des marchés financiers (AMF). Toutefois, une autre source affirme qu'elle serait bien antérieure[8].

EnquĂŞte de l'AMF

L'enquête de l'Autorité des marchés financiers (AMF) porte sur l'exercice par certains dirigeants d'EADS et de sa filiale Airbus de leurs stock-options en et en et sur la cession par Daimler et Lagardère (par la Sogeade) de 7,5 % du capital d'EADS chacun le à des investisseurs institutionnels français, notamment la Caisse des dépôts et consignations (CDC)[9] - [10]. Elle doit se terminer au début de l'année 2008[11].

Commission parlementaire

La commission des finances de l'Assemblée nationale auditionne Arnaud Lagardère le [12].

Les protagonistes

La position des États français et allemand

Le contexte stratégique et géopolitique de ces opérations financières est particulièrement sensible car le groupe EADS est une société franco-allemande qui représente à la fois le fleuron de la technologie militaire et aéronautique européenne et le symbole de la coopération entre ces deux pays. Or, cette situation est régie par un système règlementaire précis, résultat de longues négociations quant aux rôles des gouvernements respectifs dans la conduite et le financement de l'entreprise.

De nombreuses personnalités politiques françaises, dont certaines aux affaires à l'époque des faits, ont pris position sur ce dossier, les unes pour critiquer soit une mauvaise gestion des investissements nationaux[27] soit une manœuvre participant à un délit d'initié destiné à protéger les intérêts financiers de personnes privées aux dépens de la Caisse des dépôts et consignations[28], les autres, dont la majorité UMP qui était déjà au pouvoir en 2006, réfutent principalement ces accusations sur la base du fait que l'État français, et en particulier le gouvernement, n'était pas informé des difficultés au-devant desquelles allait le groupe EADS[29] voire, n'était même pas au courant de la tenue de ces opérations financières[30] - [31] ou que celles-ci ont été effectués selon les règles[32], notamment en concertation avec l'État allemand[33] dont la participation est tenue d'égaler constamment celle de l'État français.

Chronologie

La chronologie des faits est au cœur de la procédure et du délit d'initié possible.

2005

  • : PrĂ©sentation officielle au sol de l'Airbus A380[34].
  • : Premier vol de l'Airbus A380[35].
  • Depuis le lancement de l'A380, des rĂ©unions hebdomadaires sont organisĂ©es Ă  Airbus Toulouse pour faire le point avec les diffĂ©rents intervenants sur l’avancement du programme. Ces informations sont adressĂ©es Ă  la direction d’Airbus et plus particulièrement au Shareholder Committee (en français « le comitĂ© des actionnaires ») de l’avionneur.
  • : Après avoir estimĂ© « possible, voire probable » un retard de ses livraisons d’A380, l’avionneur europĂ©en annonce un premier dĂ©calage de six mois du calendrier. La première livraison Ă  Singapore Airlines est reportĂ©e au second semestre 2006[36].
  • ÉtĂ© 2005 : Arnaud Lagardère, prĂ©sident du groupe Lagardère, souhaite sortir du capital d'EADS, propriĂ©taire d'Airbus. Par ailleurs, des rumeurs font Ă©tat de l'entrĂ©e d'investisseurs russes et qatariens dans le capital d'EADS[37].
  • : Lors d'un dĂ©jeuner d'affaires, Arnaud Lagardère propose Ă  Francis Mayer, directeur gĂ©nĂ©ral de la Caisse des dĂ©pĂ´ts et consignations (CDC), de racheter une partie des actions EADS du groupe Lagardère (14 %) dĂ©tenues par l'intermĂ©diaire de la Sogeade, sociĂ©tĂ© holding regroupant les intĂ©rĂŞts français avec l'État français[37].
  • : Premières ventes suspectes de titres EADS de la part de dirigeants et actionnaires du groupe[38].

2006

  • : Lors de la cĂ©rĂ©monie des vĹ“ux du groupe Lagardère, Arnaud Lagardère annonce une rĂ©duction prochaine de sa participation dans EADS[39].
  • Mi- : Première rĂ©union de travail au siège de la Caisse des dĂ©pĂ´ts et consignations (CDC), rue de Lille Ă  Paris, sur le thème d'un rachat partiel des actions d'EADS du groupe Lagardère par la CDC, en la prĂ©sence d'Alain Maillot, avocat de Lagardère, Matthieu Pigasse, associĂ©-gĂ©rant de la banque Lazard qui aide la banque Ixis Ă  vendre les actions. D'autres investisseurs institutionnels français comme le groupe des Caisses d'Ă©pargne, la Caisse nationale de prĂ©voyance et le CrĂ©dit mutuel sont Ă©galement sollicitĂ©s[37].
  • : Dominique d'Hinnin, directeur financier du groupe Lagardère, rencontre Alain Quinait, conseiller aux affaires Ă©conomiques du premier ministre Dominique de Villepin. Il lui remet une note sans en-tĂŞte selon laquelle le groupe Lagardère souhaite rĂ©duire de moitiĂ© sa participation dans EADS, soit une diminution de 15 % Ă  7,5 % dans le capital d'EADS. Cependant, le groupe Lagardère resterait « l'opĂ©rateur industriel français d'EADS ». La Caisse des dĂ©pĂ´ts et consignations (CDC) y est dĂ©signĂ©e comme le repreneur potentiel. Ce mĂ©mo sera exhumĂ© au Ministère des finances en par les enquĂŞteurs de l'Inspection des finances, commis par la ministre de l'Ă©conomie Christine Lagarde. Thierry Breton, le ministre de l'Ă©poque, dit ne jamais l'avoir vu; son cabinet l'ayant classĂ© « sans suite » et transmis Ă  l'Agence des participations de l'État (APE)[37].
  • : Au cours d’une rĂ©union hebdomadaire, les dirigeants d'Airbus constatent qu’ils ne pourront fournir les 29 A380 prĂ©vus pour 2007. Un nouveau plan interne de production ramène leurs prĂ©visions Ă  24 appareils (La Tribune, )[4].
  • : Le conseil d’administration d’EADS statue sur les comptes avec la prĂ©sence d'Alain Garcia, directeur technique du groupe qui Ă©voque la gravitĂ© des retards de l'A380[40]. Ă€ la suite de ce conseil, NoĂ«l Forgeard obtient l’autorisation de vendre ses stock-options. Il rĂ©alise ainsi une plus-value de 2,5 millions d'euros le [14].
  • : EADS annonce un bĂ©nĂ©fice net record de 1,68 milliard d’euros (+ 39 %) en 2005[41].
  • Mi- : La Caisse des dĂ©pĂ´ts et consignations (CDC) dĂ©cide d'acquĂ©rir 2,25 % des 7,5 % du capital d'EADS vendu par le groupe Lagardère. Francis Mayer, le directeur gĂ©nĂ©ral de la CDC, est hospitalisĂ© et l'opĂ©ration est pilotĂ©e par Dominique Marcel, directeur financier de la CDC. SĂ»r de l'information des services du Premier ministre et du Ministère des finances, la CDC ne rend pas compte de l'opĂ©ration Ă  l'État[37].
  • : Les groupes Lagardère et DaimlerChrysler, actionnaires privĂ©s d’EADS, annoncent qu’ils vont cĂ©der chacun 7,5 % du capital[42]. L’opĂ©ration rapporte Ă  chacun 2 milliards d’euros[39].
  • : L’action EADS culmine Ă  35,13 euros[39].
  • : Signature de la vente des actions EADS entre la CDC et le groupe Lagardère, par l'intermĂ©diaire de la banque Ixis et de la banque Lazard, confirmant une fuite dans Le Canard enchaĂ®nĂ©[37].
  • : PrĂ©sentation chez Airbus de l’étude d’impact du passage de 29 Ă  24 A380. Cette rĂ©duction enlève toutes les marges de bĂ©nĂ©fices attendues. Le programme A380 aura une rentabilitĂ© nulle mais n’aura pas d’incidence sur le rĂ©sultat d’exploitation d’EADS[39].
  • : Conseil d'Administration de la Sogeade, sociĂ©tĂ© holding regroupant les intĂ©rĂŞts français dans EADS (État français et groupe Lagardère), prĂ©parĂ© par Luc RĂ©mont, directeur de cabinet du ministre Thierry Breton. L'État renonce Ă  son droit de prĂ©emption sur les actions vendues Ă  la CDC et ne s'oppose pas Ă  la vente. Le reprĂ©sentant de l'État Ă  la Sogeade Philippe Pontet ne s'y oppose pas non plus. En , le directeur financier de la CDC Dominique Marcel dĂ©clarera sur le procès-verbal Ă  la commission de surveillance de la CDC : « Dans le cadre du pacte d'actionnaires (d'EADS), l'État a autorisĂ© la CDC Ă  procĂ©der Ă  cette acquisition. » InterrogĂ© sur cette passivitĂ©, l'ancien ministre des Finances Thierry Breton dira qu'il s'agit d'une « erreur d'interprĂ©tation juridique »[37].
  • : Officialisation de la vente de 7,5 % du capital d'EADS par le groupe Lagardère Ă  des investisseurs institutionnels français, principalement la CDC[43]. Le PDG Arnaud Lagardère affirmera toujours ne pas avoir Ă©tĂ© informĂ© de l'ampleur des difficultĂ©s d'industrialisation de l'A380, lors de la cession de ses titres EADS. Cette vente fera l'objet d'une enquĂŞte judiciaire et d'une enquĂŞte de l'autoritĂ© des marchĂ©s financiers (AMF) sur d'Ă©ventuels dĂ©lits d'initiĂ©s mais l'affaire n'aboutira pas[18].
  • : Le dĂ©putĂ© UMP Philippe Auberger, prĂ©sident de la commission de surveillance de la CDC, est Ă©galement informĂ© de l'opĂ©ration[44]. Les autres membres de la commission le seront le lendemain.
  • : La vente des actions EADS par le groupe Lagardère est rendue publique.
  • : La PrĂ©sidence de la RĂ©publique maintenue Ă  l'Ă©cart s'informe auprès de la CDC des modalitĂ©s de l'opĂ©ration. StĂ©phane DuprĂ© La Tour, conseiller Ă  l'industrie de M. Chirac, tĂ©lĂ©phone ainsi Ă  Dominique Marcel, directeur financier de la CDC. Augustin de Romanet, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adjoint de l'ÉlysĂ©e, contacte Anne de Richecour, proche adjointe de Francis Mayer. Il s'inquiète des consĂ©quences diplomatiques de l'opĂ©ration, en particulier vis-Ă -vis de l'Allemagne, coactionnaire d'EADS. Il deviendra directeur gĂ©nĂ©ral de la CDC en 2007[24].
  • : Lors d’une rĂ©union du comitĂ© des actionnaires d’Airbus, le patron de l’avionneur, Gustav Humbert, ne parle plus de 24 avions. Il prĂ©voit des retards mais ne peut pas les chiffrer[44].
  • : Raymond LĂ©vy, prĂ©sident du conseil de surveillance du groupe Lagardère, aurait Ă©crit Ă  cette date selon le groupe, que « les difficultĂ©s de l'A380 ont Ă©tĂ© sous-estimĂ©es ». Cependant, la date rĂ©elle de cette note est contestĂ©e. Le Canard enchaĂ®nĂ© du Ă©voque le mĂŞme compte-rendu d'une conversation entre Raymond LĂ©vy et le directeur de la stratĂ©gie d'Airbus, Olivier Andriès, en soulignant que les enquĂŞteurs chargĂ©s de l'affaire d'Ă©ventuels dĂ©lits d'initiĂ©s au sein d'EADS, ont « la certitude que cette conversation est antĂ©rieure Ă  mars 2006 »[8].
  • : Le conseil d’administration d’EADS demande une clarification et des prĂ©cisions sur le programme, au niveau des livraisons et des consĂ©quences financières.
  • : Ă€ peine deux mois après la vente des actions EADS du groupe Lagardère Ă  la CDC, Airbus informe ses clients d’un deuxième retard de six Ă  sept mois de l’A380, limitant les livraisons en 2007 Ă  neuf appareils[45]. La crise vient de problèmes de câblages Ă  l’usine de Hambourg.
  • : Le titre EADS plonge de 26,32 %, Ă  18,73 euros[46]. Pour la Caisse des dĂ©pĂ´ts et des consignations (CDC), la moins-value latente est de 200 millions pour un investissement de 600 millions d'euros[47]. La CDC dĂ©clare Ă  la presse qu'elle portera plainte en cas de communication mensongère d'EADS.
  • : l’AutoritĂ© des marchĂ©s financiers (AMF) annonce qu'elle a ouvert une enquĂŞte[48]. Elle indique qu’elle enquĂŞte « depuis plusieurs semaines sur le marchĂ© du titre EADS » et qu'elle soupçonne les dirigeants et les actionnaires d'EADS d'avoir vendu leurs actions au plus haut (), quelques semaines avant la rĂ©vĂ©lation des retards de l'Airbus A380 (). Ă€ titre d'exemple, le coprĂ©sident d'EADS, NoĂ«l Forgeard, a rĂ©alisĂ© une plus-value de 3,5 millions d'euros en , ainsi que ses propres enfants[14]. Il dĂ©missionnera le [49]. En , le parquet de Paris ouvrira une information judiciaire contre X pour « dĂ©lit d'initiĂ©, diffusion de fausses informations et recel sur le titre » EADS. C'est le dĂ©but de l'affaire EADS[50].
  • : Plusieurs actionnaires individuels dĂ©posent plainte pour dĂ©lit d'initiĂ©[7].
  • : NoĂ«l Forgeard dĂ©missionne de la coprĂ©sidence d'EADS et est remplacĂ© par Louis Gallois[51]. Gustav Humbert dĂ©missionne de la prĂ©sidence d'Airbus et est remplacĂ© par Christian Streiff[52].
  • : EADS annonce que finalement le retard du programme est portĂ© Ă  deux ans[53]. Un seul appareil sera livrĂ© en 2007.
  • : Louis Gallois cumule la coprĂ©sidence d’EADS et la prĂ©sidence d’Airbus Ă  la suite de la dĂ©mission de Christian Streiff[54].
  • : Le parquet de Paris ouvre une information judiciaire contre « X » pour « dĂ©lit d'initiĂ©, diffusion de fausses informations et recel sur le titre de la sociĂ©tĂ©. »[50].
  • : Des perquisitions sont menĂ©es par la police au siège parisien d'EADS et Ă  celui du groupe Lagardère.
  • : L'Association de dĂ©fense des actionnaires minoritaires (ADAM) dĂ©cide de porter plainte pour « dĂ©lit d'initiĂ© » ou « information trompeuse ».

2007

  • : EADS annonce un bĂ©nĂ©fice net en baisse Ă  99 millions d'euros en 2006, du fait des pertes d'Airbus[55].
  • : Plusieurs cadres du groupe EADS, dont Jean-Paul Gut, sont convoquĂ©s pour interrogatoire Ă  la brigade financière[56].
  • : Le directeur gĂ©nĂ©ral dĂ©lĂ©guĂ© d'EADS, Jean-Paul Gut, rĂ©clamerait une indemnitĂ© de dĂ©part (parachute dorĂ©) d'au moins 12 millions d'euros[57]. Cette information est dĂ©mentie par le groupe EADS.
  • : L'AMF entend le directeur gĂ©nĂ©ral dĂ©lĂ©guĂ© d'EADS Jean-Paul Gut sur de possibles dĂ©lits d'initiĂ©s[58].
  • : Le coprĂ©sident français d'EADS Arnaud Lagardère est auditionnĂ© par l’AMF[59].
  • : Le Figaro publie des extraits d'un rapport d'Ă©tapes de l'AMF transmis au parquet de Paris. Il est accablant pour les dirigeants et les actionnaires d'EADS et pointe un dĂ©lit d'initiĂ© massif de la part des dirigeants d'EADS. Le rapport final de l'AMF sera rendu public dĂ©but 2008. EADS et Thomas Enders, prĂ©sident d'Airbus, ont dĂ©posĂ© plainte contre « X » pour cette divulgation[60].
  • : La Commission des finances du SĂ©nat auditionne Dominique de Villepin, premier ministre au moment de la transaction en mars-. Il dĂ©clare que, ni lui, ni les services du Premier ministre, n'ont Ă©tĂ© informĂ©s des difficultĂ©s de l'Airbus A380 avant leur annonce officielle en . Il a confirmĂ© la transmission de notes d'information par le groupe Lagardère Ă  ses services comme Ă  ceux du ministre des Finances Thierry Breton au dĂ©but 2006. Le groupe Lagardère a ainsi « informĂ© l'État conformĂ©ment au pacte d'actionnaires de son intention de vente ». Il a affirmĂ© que l'État devait ĂŞtre informĂ© mais n'avait pas en Ă  donner l'autorisation. Selon lui, la Caisse des dĂ©pĂ´ts et consignations (CDC) n'a jamais informĂ© Matignon du rachat d'une grande partie des actions EADS vendues au prix fort par le groupe Lagardère, bien qu'un des documents du groupe Lagardère de la fin « mentionnait l'intĂ©rĂŞt potentiel d'investisseurs français (...), dont la CDC »[37]. Ă€ la suite de la polĂ©mique sur les stock-options, le gĂ©ant de l'aĂ©ronautique dĂ©cide de renoncer Ă  ce type de rĂ©munĂ©ration.

2008

  • : Mise en examen et inculpation pour dĂ©lit d'initiĂ© de NoĂ«l Forgeard, ancien patron d'EADS[61].
  • : Mise en examen et inculpation pour dĂ©lit d'initiĂ© de Jean-Paul Gut, ancien directeur gĂ©nĂ©ral dĂ©lĂ©guĂ© d'EADS[62].
  • : Mise en examen et inculpation pour dĂ©lit d'initiĂ© de Gustav Humbert, ex-prĂ©sident d'Airbus et membre du comitĂ© exĂ©cutif d'EADS[63].
  • : Mise en examen et inculpation pour dĂ©lit d'initiĂ© de Andreas Sperl, patron de l'usine EADS Ă  Dresde, ancien directeur financier d'Airbus[64].

2009

2013

  • : la justice reprend le dossier EADS. Dans un article paru le , le journal Le Monde annonce la rĂ©ouverture du dossier :

"Quatre ans après la décision de la commission des sanctions de l'Autorité des marchés financiers (AMF), en 2009, de blanchir ces responsables anciens ou actuels, en leur accordant l'équivalent d'un non-lieu - une décision alors controversée et très commentée -, le juge d'instruction Serge Tournaire prend le contre-pied du juge administratif indépendant. Et renvoie sept d'entre eux devant le tribunal correctionnel, ainsi que les groupes Lagardère et Daimler, actionnaires d'EADS, pour délit d'initiés. Le procès devrait se tenir fin 2014[66]."

2014

  • : Annonce du nouveau procès : L'affaire EADS, Daimler, Lagardère sera rejugĂ©e en correctionnelle en octobre. Dans un article intitulĂ© « Le système français de la double sanction est fragilisĂ© », paru le , le journal Le Monde annonçait : « ...le tribunal correctionnel tenait une audience de procĂ©dure pour prĂ©parer un autre grand procès, celui du scandale EADS. Sept anciens dirigeants du groupe aĂ©ronautique ainsi que les sociĂ©tĂ©s Lagardère et Daimler devront rĂ©pondre de l'accusation de dĂ©lit d'initiĂ© dans un procès qui se tiendra du 3 au »[67].
  • : Le tribunal correctionnel de Paris suspend le procès dans l’attente d’une rĂ©ponse sur une question prioritaire de constitutionnalitĂ© (QPC) dĂ©posĂ©e par les avocats des prĂ©venus. Ces derniers contestent la constitutionnalitĂ© de la possibilitĂ© de juger une deuxième fois les mĂŞmes personnes pour les mĂŞmes faits – le principe du « non bis in idem Â». Ils contestent, en l'occurrence, le fait que les prĂ©venus, dĂ©jĂ  blanchis par l'AutoritĂ© des marchĂ©s financiers (AMF) en 2009, se retrouvent de nouveau sur le banc des accusĂ©s. La Cour de cassation, seule instance habilitĂ©e Ă  transmettre une QPC dans le domaine pĂ©nal au Conseil constitutionnel, statuera dans un dĂ©lai de trois mois[68].
  • : Le tribunal correctionnel de Paris renvoie le procès EADS Ă  l’instruction. Le tribunal correctionnel de Paris a demandĂ© mardi au juge d'instruction du dossier sur des dĂ©lits d'initiĂ©s prĂ©sumĂ©s du groupe EADS de revoir sa copie. Le tribunal a constatĂ© des « imprĂ©cisions et irrĂ©gularitĂ©s Â» dans l'ordonnance du juge d'instruction. Le parquet national financier devra donc dĂ©signer un nouveau juge d'instruction pour reprendre l'enquĂŞte visant 7 anciens et actuels responsables d'EADS, rebaptisĂ© Airbus, et ses 2 anciens actionnaires (Daimler et Lagardère)[69].

2015

En mai, le tribunal correctionnel de Paris constate l’extinction de l’action publique pour les neuf prévenus qui devaient comparaître dans le cadre de l’affaire de délit d’initiés d'EADS (sept cadres dirigeants dont Noël Forgeard et John Leahy ainsi que les sociétés Lagardère et Daimler, anciens actionnaires de référence du groupe). Cette décision fait suite à l'interdiction déclarée peu de temps avant par le Conseil constitutionnel quant au fait de poursuivre un délit d’initiés devant deux juridictions différentes. Or ces derniers avaient déjà été poursuivis par l’Autorité des marchés financiers qui les avait blanchis. Le procès est donc terminé sans avoir commencé[70].

Notes et références

Notes
  1. En cas de crime ou de délit (affaire complexe), le procureur de la République déclenche l'action publique et ouvre une information judiciaire confiée à un juge d'instruction. L'information judiciaire est la phase de la procédure pénale qui précède un jugement et au cours de laquelle le juge d'instruction, sous le contrôle de la chambre de l'instruction, procède aux recherches permettant la manifestation de la vérité, rassemble et apprécie les preuves, entend les personnes impliquées ou poursuivies et les témoins, décide de mettre en examen une personne et de la suite à donner à l'action publique.
Références
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  2. « EADS : Philippe Courroye et Xavière Simeoni chargés de l`enquête pour délits d`initiés », sur Challenges, (consulté le )
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  18. « La vérité sur... le dégonflement de l'affaire EADS », sur Challenges, (consulté le )
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Bibliographie

  • Thierry Gadault, EADS - la guerre des gangs, Ă©ditions First, 2008 (ISBN 978-2-7540-0618-7)

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