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Non bis in idem

Non bis in idem est une locution latine signifiant textuellement « pas deux fois pour la mĂȘme [chose] ».

Signification pénale

La rĂšgle « non bis in idem » (ou « ne bis in idem ») est un principe classique de la procĂ©dure pĂ©nale, dĂ©jĂ  connu du droit romain, d'aprĂšs lequel nul ne peut ĂȘtre poursuivi ou puni pĂ©nalement (une seconde fois) Ă  raison des mĂȘmes faits. Cette expression dĂ©signe donc l'autoritĂ© de la chose jugĂ©e au pĂ©nal sur le pĂ©nal qui interdit toute nouvelle poursuite contre la mĂȘme personne pour les mĂȘmes faits. Cette rĂšgle qui interdit la double incrimination rĂ©pond avant tout Ă  un souci de protection des libertĂ©s individuelles de la personne poursuivie.

Droit français

En droit français, le principe est nettement affirmĂ© Ă  l'article 368 du Code de procĂ©dure pĂ©nale qui dispose qu'« aucune personne acquittĂ©e lĂ©galement ne peut plus ĂȘtre reprise ou accusĂ©e Ă  raison des mĂȘmes faits, mĂȘme sous une qualification diffĂ©rente »[1]. Le Code pĂ©nal prĂ©voit Ă©galement ce principe Ă  l'article 113-9 qui dispose qu'« (...) aucune poursuite ne peut ĂȘtre exercĂ©e contre une personne justifiant qu'elle a Ă©tĂ© jugĂ©e dĂ©finitivement Ă  l'Ă©tranger pour les mĂȘmes faits et, en cas de condamnation, que la peine a Ă©tĂ© subie ou prescrite. »[2]. Enfin, l'article 6 du Code de procĂ©dure pĂ©nale fait de la chose jugĂ©e une cause d'extinction de l'action publique[3].

Le Conseil constitutionnel a ainsi dĂ©clarĂ©, dans une dĂ©cision Question prioritaire de constitutionnalitĂ© (QPC) de janvier 2022, qu'une disposition du Code monĂ©taire et financier qui rendait possible le cumul de la sanction administrative et de la sanction pĂ©nale en cas d'obstacle Ă  une mission de contrĂŽle de l'AutoritĂ© des marchĂ©s financiers Ă©tait contraire Ă  la Constitution. En effet, « il dĂ©coule du principe de nĂ©cessitĂ© des dĂ©lits et des peines qu'une mĂȘme personne ne peut faire l'objet de plusieurs poursuites tendant Ă  rĂ©primer de mĂȘmes faits qualifiĂ©s de maniĂšre identique, par des sanctions de mĂȘme nature, aux fins de protĂ©ger les mĂȘmes intĂ©rĂȘts sociaux »[4].

Droit canadien

L'arrĂȘt de principe de la Cour suprĂȘme du Canada concernant la prohibition des condamnations multiples est l'arrĂȘt Kienapple c. R.[5].

Droit international public

En droit international, la rĂšgle est consacrĂ©e dans la Convention europĂ©enne des droits de l'homme Ă  l'article 4, paragraphe 1 du Protocole additionnel n°7 (signĂ© en 1984 et entrĂ© en vigueur en 1988) qui Ă©nonce que « nul ne peut ĂȘtre poursuivi ou puni pĂ©nalement par les juridictions du mĂȘme État en raison d'une infraction pour laquelle il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© acquittĂ© ou condamnĂ© par un jugement dĂ©finitif conformĂ©ment Ă  la loi et Ă  la procĂ©dure pĂ©nale de cet État ». L'article 14, paragraphe 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques consacre Ă©galement le principe en des termes plus larges[6].

Droit de l'Union européenne

Enfin, l'article 50 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union europĂ©enne dispose que « Nul ne peut ĂȘtre poursuivi ou puni pĂ©nalement en raison d'une infraction pour laquelle il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© acquittĂ© ou condamnĂ© dans l'Union par un jugement pĂ©nal dĂ©finitif conformĂ©ment Ă  la loi »[7]. Ce texte emporte donc une application du principe qui dĂ©passe le cadre du droit interne.

Signification fiscale

En fiscalitĂ©, le principe du non bis in idem interdit de taxer la mĂȘme matiĂšre imposable par le mĂȘme impĂŽt (mĂȘme cause d'imposition) et par la mĂȘme autoritĂ©. Cependant il est possible d'appliquer une double sanction au contribuable lorsque la sanction fiscale ne revĂȘt pas de caractĂšre punitif mais lorsqu'elle vise Ă  rĂ©parer un prĂ©judice causĂ© Ă  l'État par le paiement d'intĂ©rĂȘts de retard.

Toutefois, en Belgique et selon la jurisprudence du Conseil d'État, « le principe fiscal non bis in idem ne s'oppose pas Ă  la lĂ©galitĂ© d'une double taxation portant sur une mĂȘme exploitation, si les causes qui justifient l'impĂŽt sont diffĂ©rentes »[8].

Notes et références

  1. Article 368 du Code de procédure pénale, sur Légifrance.
  2. Article 113-9 du Code pénal, consultable sur Légifrance
  3. Article 6, Code de procédure pénale, consultable sur Légifrance (lire en ligne)
  4. « Décision n° 2021-965 QPC du 28 janvier 2022 | Conseil constitutionnel », sur www.conseil-constitutionnel.fr (consulté le )
  5. [1975] 1 RCS 729
  6. Nuala Mole, Le Droit d'asile et la convention européenne des droits de l'homme, Council of Europe, , p. 28
  7. « Article 50 : Droit Ă  ne pas ĂȘtre jugĂ© ou puni pĂ©nalement deux fois pour une mĂȘme infraction », sur europarl.europa.eu (consultĂ© le ).
  8. Conseil d'État, 12 mai 1960.

Articles connexes

Liens externes

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