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Accident nucléaire de Tokaimura

Il y eut deux accidents nuclĂ©aires de Tokaimura Ă  la centrale nuclĂ©aire de Tƍkai au Japon :

  1. le , une explosion dans une usine de retraitement nuclĂ©aire de la Dƍnen (en).
  2. le , un sérieux accident de criticité dans une centrale de JCO (en).
Accident nucléaire de Tokaimura
東攷村JCO臚界äș‹æ•…
Tƍkai-mura JCO-rinkai-jiko
Centrale nuclĂ©aire de Tƍkai.
Centrale nuclĂ©aire de Tƍkai.

Type Accident nucléaire de niveau 4
Pays Drapeau du Japon Japon
Localisation Tƍkai, PrĂ©fecture d'Ibaraki
CoordonnĂ©es 36° 28â€Č 47″ nord, 140° 33â€Č 13″ est
Date et

Lorsque l'année n'est pas spécifiée, dans la plupart des cas, l'incident de 1999 est celui auquel on se réfÚre.

En 1997

Le premier accident nuclĂ©aire de Tokaimura se dĂ©roule le , dans une usine de retraitement nuclĂ©aire de la Dƍnen. Un autre de ses noms est l'accident Dƍnen (拕燃äș‹æ•…, Dƍnen jiko).

Dans la nuit du mardi , une petite explosion se produit dans une usine de retraitement nuclĂ©aire de la Dƍnen. Les fenĂȘtres sont brisĂ©es et de la fumĂ©e s'Ă©chappe dans l'atmosphĂšre[1]. Le jeudi, des travailleurs rĂ©parent trente fenĂȘtres brisĂ©es et trois portes avec du ruban adhĂ©sif. Elles avaient Ă©tĂ© endommagĂ©es lors de l'explosion. Au moins 37 travailleurs sont exposĂ©s Ă  des niveaux Ă©levĂ©s de rayonnement pendant l'incident[2].

Une semaine aprĂšs l'Ă©vĂ©nement, des mĂ©tĂ©orologues dĂ©tectent des niveaux exceptionnellement Ă©levĂ©s de cĂ©sium Ă  25 km au sud-ouest de la centrale[3].

En 1999

Le deuxiĂšme et plus grave accident nuclĂ©aire de Tokaimura (東攷村JCO臚界äș‹æ•… (Tƍkai-mura JCO-rinkai-jiko)) dĂ©signe l'accident nuclĂ©aire qui s'est dĂ©roulĂ© le [4] - [5] - [6], provoquant deux morts[7]. C'est le pire accident nuclĂ©aire au rayonnement au Japon avant l'accident nuclĂ©aire de Fukushima de 2011.

L'accident de criticitĂ© se passe dans un Ă©tablissement de retraitement d'uranium exploitĂ© par JCO (en) (anciennement Japan Nuclear Fuel Conversion Co.), une filiale de Sumitomo Metal Mining Co. dans le village de Tƍkai dans la prĂ©fecture d'Ibaraki[8].

L'accident se produit car trois travailleurs, Hisashi Ouchi, Masato Shinohara et Yutaka Yokokawa[9], prĂ©paraient un petit lot de combustible pour le rĂ©acteur Ă  neutrons rapide expĂ©rimental Jƍyƍ, utilisant de l'uranium enrichi Ă  18,8 % avec le radionuclĂ©ide fissile U-235 (le reste Ă©tant de l'U-238 fertile seulement). C'est le premier lot de combustible de JCO pour ce rĂ©acteur en trois ans, et aucune exigence de qualification et de formation appropriĂ©e ne semble avoir Ă©tĂ© Ă©tablie pour prĂ©parer ces travailleurs Ă  cette tĂąche. Vers 10 h 35, un rĂ©servoir de prĂ©cipitation atteint une masse critique quand son niveau de remplissage, contenant environ 16 kg d'uranium, atteint environ 40 litres[8].

DĂ©tails

La masse critique est atteinte lorsque les techniciens ont ajoutĂ© un septiĂšme godet d'une solution aqueuse de nitrate d'uranyle dans le rĂ©servoir. La rĂ©action en chaĂźne de la fission nuclĂ©aire devient alors autonome et commence Ă  Ă©mettre des rayons gamma intenses et une radiation neutronique (en). Au moment de l'accident de criticitĂ©, Ouchi avait son corps prĂšs du rĂ©servoir tandis que Shinohara se tenait sur une plate-forme pour y verser la solution, et que Yokokawa Ă©tait assis Ă  un bureau Ă  quatre mĂštres. Les trois techniciens observent un flash bleu (peut-ĂȘtre dĂ» Ă  l'effet Vavilov-Tcherenkov) et l'alarme de radiation gamma se met Ă  sonner[7].

Les techniciens Ouchi et Shinohara éprouvent immédiatement des douleurs, des nausées, de la difficulté à respirer et d'autres symptÎmes. Ouchi commence à vomir dans la salle de décontamination quelques minutes plus tard et perd connaissance peu de temps aprÚs[10]. Il n'y a pas eu d'explosion, mais des produits de fission (des fragments de fissions de l'U-235 avec des masses atomiques d'environ 95 et 137, comme l'yttrium-94 et le baryum-140) sont progressivement libérés à l'intérieur du bùtiment.

Le processus en cours était un processus humide, avec un résultat liquide prévu. L'eau présente a donc favorisé la réaction en chaßne en servant de modérateur à neutrons par lequel les neutrons émis par les noyaux fissionnés sont ralentis, de sorte qu'ils sont plus facilement absorbés par les noyaux voisins, ce qui leur permet d'induire une fission à leur tour. La criticité s'est maintenue par intermittence pendant environ vingt heures. Lorsque la solution se met à bouillir vigoureusement, les bulles de vapeur atténuent l'action de l'eau liquide en tant que modérateur de neutrons (voir coefficient modérateur) et la solution perd sa criticité. Cependant, la réaction reprend lorsque la solution refroidit et que les vides disparaissent.

Le lendemain matin, les travailleurs arrĂȘtent dĂ©finitivement la rĂ©action en drainant l'eau d'une gaine de refroidissement entourant le rĂ©servoir de prĂ©cipitation puisque cette eau servait de rĂ©flecteur de neutrons. Une solution d'acide borique (le bore Ă©tant un bon absorbeur de neutrons) est ensuite ajoutĂ©e au rĂ©servoir pour s'assurer que le contenu restait sous-critique. Ces opĂ©rations ont exposĂ© 27 travailleurs Ă  la radioactivitĂ©[8].

Origine

La cause de l'accident est que les travailleurs ont ajoutĂ© une solution de nitrate d'uranyle qui contenait environ 16 kg d'uranium dans le rĂ©servoir de prĂ©cipitation. Cela dĂ©passait considĂ©rablement la limite d'uranium du rĂ©servoir de 2,4 kg et provoqua une rĂ©action en chaĂźne nuclĂ©aire instantanĂ©e et incontrĂŽlĂ©e. Dans les procĂ©dures correctes, le nitrate d'uranyle aurait Ă©tĂ© stockĂ© dans un rĂ©servoir tampon et ensuite pompĂ© Ă  partir de lĂ  dans le rĂ©servoir de prĂ©cipitation Ă  des intervalles du niveau de volume correct ne dĂ©passant pas 2,4 kg.

Dans ce cas-ci, les travailleurs ont contournĂ© complĂštement les rĂ©servoirs tampons et ont versĂ© le nitrate d'uranyle directement dans le rĂ©servoir de prĂ©cipitation avec un godet en acier inoxydable plutĂŽt que d'utiliser une pompe. Le rĂ©servoir tampon aurait effectivement tenu cette solution en toute sĂ©curitĂ©, car il avait une gĂ©omĂ©trie haute et Ă©troite et Ă©tait conçu pour Ă©viter la criticitĂ©. Cependant, le rĂ©servoir de prĂ©cipitations n'avait pas Ă©tĂ© conçu pour contenir ce type de solution et n'Ă©tait pas configurĂ© pour empĂȘcher la criticitĂ©[9].

Évacuation

Cinq heures aprĂšs le dĂ©but de la criticitĂ©, une Ă©vacuation commence de quelque 161 personnes provenant de 39 foyers dans un rayon de 350 mĂštres autour du bĂątiment. Les rĂ©sidents sont autorisĂ©s Ă  rentrer chez eux deux jours plus tard avec des sacs de sable et d'autres protections pour se protĂ©ger contre les rayonnements gamma rĂ©siduels. Douze heures aprĂšs le dĂ©but de l'incident, les rĂ©sidents vivant dans un rayon de moins de 10 km sont invitĂ©s Ă  rester Ă  l'intĂ©rieur de chez eux comme mesure de prĂ©caution, et cette restriction est levĂ©e l'aprĂšs-midi suivant[8].

Conséquences

La cause de l'accident est considérée comme une « erreur humaine et des manquements graves aux principes de sécurité » selon l'agence internationale de l'énergie atomique[8].

Irradiations

Des dizaines de travailleurs nuclĂ©aires et de rĂ©sidents proches sont hospitalisĂ©s et des centaines de milliers d'autres sont obligĂ©s de rester Ă  l'intĂ©rieur de chez eux pendant 24 heures. 39 des travailleurs sont exposĂ©s Ă  la radiation[11]. Au moins 667 travailleurs, intervenants d'urgence et rĂ©sidents proches sont exposĂ©s Ă  des rayonnements excessifs Ă  la suite de l'accident[7].

En mesurant la concentration de sodium 24, crĂ©Ă© par une activation neutronique par laquelle les noyaux de sodium 23 sont rendus radioactifs en absorbant les neutrons de l'accident, il est possible de dĂ©duire la dose reçue par les techniciens. Selon la STA, Hisashi Ouchi a Ă©tĂ© exposĂ© Ă  17 sieverts (Sv) de radiation, Masato Shinohara a reçu 10 Sv, et Yutaka Yokokawa Sv[7] - [9]. En comparaison, une dose de 50 mSv est la dose annuelle maximale admissible pour les travailleurs nuclĂ©aires japonais[8]. Une dose de Sv (800 rem) est normalement mortelle et plus de 10 Sv presque obligatoirement[9]. Le rayonnement de fond normal s'Ă©lĂšve Ă  une exposition annuelle d'environ mSv[7]. Il y avait 56 travailleurs de l'usine dont les expositions variaient jusqu'Ă  23 mSv et 21 travailleurs supplĂ©mentaires ont reçu des doses Ă©levĂ©es lors de la vidange du rĂ©servoir de prĂ©cipitations. Sept travailleurs situĂ©s immĂ©diatement Ă  l'extĂ©rieur de l'usine ont reçu des doses estimĂ©es Ă  6-15 mSv (effets combinĂ©s neutron et gamma)[8].

DĂ©cĂšs

Les deux techniciens ayant reçu les doses plus élevées, Ouchi et Shinohara, sont morts quelques mois plus tard. Ouchi a souffert de graves brûlures partout sur le corps, a subi de graves dommages aux organes internes et a perdu presque tous ses globules blancs[7]. Shinohara a reçu de nombreuses greffes de peau, qui ont réussi, mais il a finalement succombé à une infection en raison des dommages subis par son systÚme immunitaire lors de l'accident.

Articles connexes

Notes et références

  1. (en) « Fires damage Japanese nuclear facility, Tokaimura (1997) », sur Newspapers.com, The San Bernardino County Sun, (consulté le )
  2. (en) « Japan acknowledges delays in dealing with accident at nuclear power plant, Tokaimura (1997) », sur Newspapers.com, Hazleton (Pennsylvanie), Standard-Speaker, (consulté le )
  3. (en) « Greater radiation leak hinted - Tokaimura nuclear accident, Japan (1997) », sur Newspapers.com, Annapolis, The Capital, (consulté le )
  4. (en) « Timeline: Nuclear plant accidents », BBC News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. (en) Charles Scanlon, « Tokaimura: One year on », BBC News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  6. (en) « Nuclear accident shakes Japan », BBC News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. Memorial University of Newfoundland: (en)“The Tokaimura Accident (28 September 1999)”
  8. (en)Tokaimura Criticality Accident
  9. (en) Michael E. Ryan, « The Tokaimura Accident: Nuclear Energy and Reactor Safety », Department of Chemical Engineering, University at Buffalo, SUNY.
  10. (en)International Atomic Energy Agency, Report on the preliminary fact finding mission following the accident at the nuclear fuel processing facility in Tokaimura, Japan (Rapport de l'enquĂȘte prĂ©liminaire ouverte sur l'accident survenu dans l'usine de traitement de combustible nuclĂ©aire Ă  Tokaimura au Japon), 1999.
  11. (en)In The Wake of Tokaimura, Japan Rethinks its Nuclear Picture « Copie archivée » (version du 22 juillet 2018 sur Internet Archive).

Liens externes

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