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Abus sexuel sur mineur au Royaume-Uni

Des abus sexuels sur mineur au Royaume-Uni ont Ă©tĂ© signalĂ©s tout au long de l'histoire du pays[1]. Selon les statistiques actuelles, dans environ 90 % des cas, l'agresseur est une personne connue de l'enfant[2]. Environ 23 000 cas ont Ă©tĂ© identifiĂ©s entre 2012 et 2013, ces chiffres excluant les 16 et 17 ans. Il est estimĂ© que de nombreux cas d'abus ne sont pas signalĂ©s.

Affiche des services de police des midlands de l'Ouest, mettant en garde les mineurs contre les risques de rencontrer des abuseurs sexuels sur Internet.

Ces derniĂšres annĂ©es, des cas trĂšs mĂ©diatisĂ©s ont impliquĂ© des artistes populaires, des politiciens, du personnel militaire et d'autres fonctionnaires. En 2012, les nombreux crimes de la cĂ©lĂ©britĂ© Jimmy Savile (mort en 2011) commis pendant les six derniĂšres dĂ©cennies avant sa mort ont Ă©tĂ© dĂ©couverts et rendus publics. ParallĂšlement, d'autres incidents majeurs ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s dans un certain nombre d'Ă©coles, d'hĂŽpitaux et de maisons de soins. De mĂȘme, les activitĂ©s de rĂ©seaux organisĂ©s d'agressions ou de trafic sexuel ont Ă©tĂ© mises au jour Ă  Aylesbury, Banbury, Derby, Halifax, Keighley, Newcastle, Oxford, Plymouth, Rotherham, Rochdale, Telford et ailleurs.

Des enquĂȘtes subsĂ©quentes, y compris celles de l'opĂ©ration Yewtree, ont menĂ© Ă  la condamnation de plusieurs « grands noms » dans les mĂ©dias, Ă  des accusations portĂ©es contre des politiciens Ă©minents (la plupart dĂ©cĂ©dĂ©s) et Ă  la conduite d'une enquĂȘte publique visant Ă  Ă©tablir ce qui Ă©tait connu des responsables des institutions oĂč des abus ont eu lieu. En , la ministre britannique de l'IntĂ©rieur, Theresa May, a annoncĂ© une enquĂȘte indĂ©pendante sur les abus sexuels d'enfants afin d'examiner comment les institutions du pays s'Ă©taient acquittĂ©es de leur devoir de protection des enfants contre les abus sexuels[3]. L'enquĂȘte a d'abord pris la forme d'une commission (panel), mais Ă  la suite de vives critiques, une enquĂȘte publique (Statutory Inquiry) a Ă©tĂ© constituĂ©e Ă  partir de 2015, ce qui lui a confĂ©rĂ© des pouvoirs bien plus Ă©tendus, lui permettant notamment d'obliger les tĂ©moins Ă  dĂ©poser sous serment.

Aperçu statistique

Il est estimé que de nombreux cas d'abus ne sont pas signalés et qu'une victime sur trois n'en parle jamais.

Entre et , selon la SociĂ©tĂ© nationale pour la prĂ©vention des sĂ©vices Ă  enfant (en)[4], association caritative spĂ©cialisĂ©e dans la protection de l'enfance, 18 915 crimes sexuels ayant pour victimes des enfants ĂągĂ©s de moins de 16 ans (dont 5 547 de moins de 11 ans) — la majoritĂ© sexuelle est de 16 ans au Royaume-Uni[5] — ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s par la police en Angleterre et au pays de Galles[6]. Ils reprĂ©sentent 35 % du total des crimes sexuels enregistrĂ©s durant la mĂȘme pĂ©riode. Plus de 90 % des enfants victimes d'abus sexuels connaissent leur(s) agresseur(s). 5 156 filles et 1 138 garçons ont subi un viol (les viols sur enfants reprĂ©sentent 39 % du total des viols)[6].

Au , toutes victimes confondues (adultes et enfants[7]), 40 345 individus Ă©taient classĂ©s agresseurs sexuels. De 60 Ă  70 % des agresseurs ciblent spĂ©cifiquement des filles, 20 Ă  33 % uniquement des garçons[6]. Une enquĂȘte nationale[8] - [9], publiĂ©e par le bureau du Commissaire Ă  l'enfance (en) (OCC), un organisme national fondĂ© Ă  la suite d'une initiative du Parlement du Royaume-Uni en 2004, a Ă©tabli, qu'au cours d'une pĂ©riode de 14 mois, allant de 2010 Ă  2011, 2 409 cas d'abus sexuels sur mineurs ont Ă©tĂ© le fait de gangs ou des groupes d'hommes[10] - [11], et que 16 500 jeunes affichaient des signes d'abus sexuels[12]. ComparĂ©s aux agresseurs solitaires, ceux qui opĂšrent Ă  plusieurs sont plus frĂ©quemment des adolescents ou des jeunes adultes agissant en bande[13]. Parmi ces derniers, 155 jeunes ont Ă©tĂ© identifiĂ©s comme Ă©tant aussi des victimes[14].

Dans un rapport publiĂ© en 2013[15], le Centre contre l'exploitation et pour la protection en ligne des enfants (CEOP), une agence publique faisant partie de l'Agence nationale de lutte contre la criminalitĂ©, expose les rĂ©sultats d'une enquĂȘte portant sur les agressions sexuelles d'enfants commises en 2012, et impliquant des adultes non liĂ©s aux proches des victimes. Sur la base de donnĂ©es recueillies auprĂšs des services de police d'Angleterre et du pays de Galles, le CEOP recense 2 120 agresseurs adultes agissant seuls, et 65 groupes d'adultes[16]. Parmi ces derniers, le CEOP distingue deux types de groupes. Le « type 1 » vise des adolescents et jeunes adultes sur la base de leur vulnĂ©rabilitĂ©, plutĂŽt que sur la base d'une prĂ©fĂ©rence sexuelle spĂ©cifique pour les enfants. Ses membres ont ainsi peu tendance Ă  considĂ©rer qu'ils ont un intĂ©rĂȘt sexuel pour les enfants, et molestent des enfants en raison de leur vulnĂ©rabilitĂ©. Les groupes de « type 2 » sont dĂ©finis comme Ă©tant motivĂ©s par la pĂ©dophilie, soit un intĂ©rĂȘt sexuel de longue date pour les enfants. Ils ne ciblent pas les enfants simplement en raison de leur vulnĂ©rabilitĂ©, mais en raison de leur qualitĂ© d'enfant. Les groupes de « type 1 » ont tendance Ă  ĂȘtre plus grands que ceux de « type 2 », qui ont tendance Ă  agir Ă  deux. Parmi les 65 groupes d'agresseurs identifiĂ©s, 57 groupes d'agresseurs sont du « type 1 », 7 groupes sont du « type 2 », et un est un gang[17]. Parmi les groupes de « type 1 », 67 % sont constituĂ©s d'au plus quatre membres et 77 % sont composĂ©s d'hommes ĂągĂ©s au plus de 30 ans (24 % ont moins de 20 ans). Parmi les 52 groupes pour lesquels l'appartenance ethnique est dĂ©clarĂ©e, 75 % du total des adultes appartenant aux groupes de « type 1 » sont des Asiatiques (en)[18] (50 % — 26 groupes — des groupes de « type 1 » ne rassemblant que des Asiatiques), et 100 % de ceux classĂ©s « type 2 » sont des Blancs (en)[17] - [19]. Des groupes ethniques identifiĂ©s au Royaume-Uni par le bureau de la Statistique Nationale, les Blancs reprĂ©sentaient en 2011 86 % (42,8 millions de personnes) de la population totale d'Angleterre et du pays de Galles, et les Asiatiques 7,5 % (4,2 millions de personnes). Le CEOP note qu'il ne considĂšre pas ces donnĂ©es comme donnant un aperçu global de l'agression et de l'exploitation sexuelles par des groupes au Royaume-Uni, et qu'il ne faut donc pas en tirer trop de conclusions[20].

Lors d'un sommet en 2015 convoqué à la suite des scandales des gangs pédophiles de Rotherham et d'Oxford, le premier ministre David Cameron déclare que « les enfants au Royaume-Uni ont souffert d'abus sexuels à une échelle industrielle », que « les autorités n'ont pas réussi à s'attaquer au problÚme » et que dorénavant la « police accordera la priorité à combattre l'exploitation sexuelle en tant que menace nationale »[21].

Affaires notables

  • Scandale d'abus sexuels dans le football au Royaume-Uni : le scandale a commencĂ© en novembre 2016 lorsque d'anciens footballeurs professionnels ont renoncĂ© Ă  leur droit Ă  l'anonymat et ont parlĂ© publiquement des abus commis par d'anciens entraĂźneurs de football dans les annĂ©es 1970, 1980 et 1990. Les allĂ©gations initiales Ă©taient centrĂ©es sur Crewe Alexandra et Manchester City ;
  • Affaire de pĂ©docriminalitĂ© en Galles du nord : scandale ayant entraĂźnĂ© une enquĂȘte dans les coĂ»ts s'Ă©lĂšvent Ă  13 millions de livres sur les abus de maltraitance et sexuels d'enfants dans les foyers de soins dans les comtĂ©s de Clwyd et Gwynedd, au nord du Pays de Galles, y compris la maison d'enfants Bryn Estyn Ă  Wrexham, entre 1974 et 1990 ;
  • Scandale d'abus sexuels d'enfants par Jimmy Savile : Voir aussi l'opĂ©ration Yewtree (en), l'enquĂȘte policiĂšre sur les abus de Savile et d'autres ainsi que le scandale des abus sexuels de la BBC (en) ;
  • Scandale d'abus sexuels d'enfants de Kincora Boys'Home : le scandale a Ă©tĂ© portĂ© Ă  la connaissance du public le , Ă  la suite d'un reportage paru dans le Irish Independent intitulĂ© « Sex Racket at Children's Home » ;
  • Scandale d'abus sexuels d'enfants de Plymouth : rĂ©seau pĂ©dophile impliquant au moins cinq adultes de diffĂ©rentes parties de l'Angleterre ;
  • Scandale d'abus sexuels d'enfants d'Elm Guest House : centre signalĂ© d'abus et de trafic par des individus Ă©minents dans les annĂ©es 1970 et 1980. Voir aussi le dossier pĂ©dophile de Westminster ;
  • Scandale d'abus sexuels d'enfants de la maison de soins de Nottingham[22] ;
  • Scandale d'abus sexuels d'enfants de la maison d'enfants de Manchester[23] ;
  • Scandale d'abus sexuels d'enfants de la maison d'enfants d'Islington[24] ;
  • Affaire de l'orphelinat de Jersey.

Abus commis par des bandes organisées

Criminels notables

Ceci est une liste incomplÚte de personnalités britanniques notables qui ont été reconnues coupables d'abus sexuels sur des enfants. Cette liste n'inclut pas les personnes, telles que Jimmy Savile et Cyril Smith, qui ont été publiquement accusés d'abus aprÚs leur mort, mais n'ont jamais été poursuivis.

  • Russell Bishop (1966 -) : pĂ©dophile et ravisseur d'enfants reconnu coupable. ArrĂȘtĂ© et condamnĂ© la mĂȘme annĂ©e en 1990[62].
  • Ronald Castree (1953 -) : a agressĂ© sexuellement, enlevĂ©, poignardĂ© une fille de 11 ans. Castree a Ă©tĂ© emprisonnĂ© Ă  vie avec une durĂ©e minimale d’emprisonnement de 32 ans[63].
  • Max Clifford (1943 - 2017) : Grand publicitaire, reconnu coupable en de huit attentats Ă  la pudeur sur quatre filles et femmes ĂągĂ©es de 14 Ă  19 ans[64] et condamnĂ© Ă  huit ans de prison[65] - [66].
  • Sidney Cooke (1927 -) : SurnommĂ© par The Guardian le « pĂ©dophile le plus notoire de Grande-Bretagne »[67].
  • Chris Denning (1941 -) : Disc-Jockey britannique. Il a Ă©tĂ© emprisonnĂ© Ă  plusieurs reprises, pour indĂ©cence en 1974 au Old Bailey, 18 mois en 1985, trois ans en 1988, trois mois en 1996, quatre ans dans une prison tchĂšque en 1998 et cinq ans en 2008. Denning considĂ©rait ces condamnations comme « injustes »[68].
  • Gary Glitter (1944 -) : ConsidĂ©rĂ© par certains comme le pĂšre du glam rock, Glitter est aussi l'un des dĂ©linquants sexuels en sĂ©rie les plus infĂąmes de l'industrie du divertissement britannique. Sa carriĂšre s'est terminĂ©e en 1999 quand il a Ă©tĂ© emprisonnĂ© pendant quatre mois aprĂšs avoir admis possĂ©der une collection de 4 000 photographies d'enfants abusĂ©s[69]. En , il a de nouveau Ă©tĂ© emprisonnĂ©, cette fois-ci au Vietnam et pendant prĂšs de trois ans, pour avoir abusĂ© sexuellement de deux filles[70]. En 2012, il a Ă©tĂ© le premier Ă  ĂȘtre arrĂȘtĂ© dans le cadre de l'opĂ©ration Yewtree, l'enquĂȘte lancĂ©e Ă  la suite du scandale Jimmy Savile[71]. Cela a conduit Ă  sa condamnation et Ă  son emprisonnement au Royaume-Uni pour un total de 16 ans pour avoir abusĂ© sexuellement de trois jeunes filles entre 1975 et 1980[72].
  • Rolf Harris (1930 -) : Artiste australien basĂ© en Angleterre. En 2013, Harris a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© dans le cadre de l'opĂ©ration Yewtree et inculpĂ© de douze chefs d'accusation d'attentat Ă  la pudeur et de quatre chefs d'accusation pour avoir fait des images indĂ©centes d'un enfant. Le , Harris a Ă©tĂ© reconnu coupable des douze chefs d'accusation d'attentat Ă  la pudeur et a Ă©tĂ© condamnĂ© le Ă  cinq ans et neuf mois de prison pour un minimum de deux ans et dix mois[73] - [74].
  • Stuart Hall (1929 -) - prĂ©sentateur de radio et de tĂ©lĂ©vision dans le nord-ouest de l'Angleterre et Ă  l'Ă©chelle nationale, qui a prĂ©sentĂ© It's a Knockout et Jeux sans frontiĂšres et a ensuite commentĂ© des matchs de football pour la BBC. Il a plaidĂ© coupable en pour l'agression de 13 filles ĂągĂ©es de 9 Ă  17 ans entre 1967 et 1986[75] et a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  30 mois d'emprisonnement[76]. En 2014, il a Ă©tĂ© reconnu coupable de deux autres chefs d'accusation et condamnĂ© Ă  30 mois de prison supplĂ©mentaires[77].
  • Antoni Imiela (1954 -) : CondamnĂ© en , il purge douze ans de prison[78].
  • Jonathan King (1944 -) : Auteur-compositeur-interprĂšte anglais, homme d'affaires. Il a Ă©tĂ© reconnu coupable et emprisonnĂ© en 2001 pour abus sexuels sur des garçons dans les annĂ©es 1980[79]. Par la suite, King a vu son appel rejetĂ©, Ă  la fois pour le verdict de condamnation et pour la peine[80], a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© sous condition en 2005 et continue de soutenir qu'il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  tort[81].
  • William Mayne (1928 - 2010) : Auteur de plus de 130 livres. En 2004, il a Ă©tĂ© emprisonnĂ© pendant deux ans et demi pour agressions sexuelles sur onze petites filles[82].
  • Gene Morrison (1958 -) : En , reconnu coupable de 13 infractions sexuelles contre des enfants, il a Ă©tĂ© emprisonnĂ© pendant cinq ans[83].
  • Charles Napier (1947 -) : Le , il est reconnu coupable d'avoir appĂątĂ© et agressĂ© sexuellement 21 victimes dans une Ă©cole oĂč il travaillait. Était Ă©galement trĂ©sorier de l'Ă©change d'information sur les pĂ©dophiles (PIE)[84].
  • Graham Ovenden (1943 -) : Artiste connu. En , reconnu coupable d'abus sexuels sur des enfants, emprisonnĂ© pour deux ans en [85].
  • Geoffrey Prime (1938 -) : Ancien espion britannique, reconnu coupable d'abus sexuel d'enfant, au cours des annĂ©es 1980[86].
  • Peter Righton (1926 - 2007) : Membre fondateur du Paedophile Information Exchange. Reconnu coupable en 1992 de possession de pornographie infantile obscĂšne. MentionnĂ© dans la question parlementaire 2012 du dĂ©putĂ© Tom Watson Ă  David Cameron[87].
  • Fred Talbot (1949 -) : Ancien prĂ©sentateur de tĂ©lĂ©vision, surtout connu pour son rĂŽle de mĂ©tĂ©orologue sur le programme This Morning de ITV. En 2015, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  cinq ans de prison, aprĂšs avoir Ă©tĂ© reconnu coupable d'attentat Ă  la pudeur contre deux garçons adolescents Ă  la Altrincham Grammar School for Boys, oĂč il avait enseignĂ© dans les annĂ©es 1970.
  • Ray Teret (1941 -) : Ancien Radio Caroline DJ et ami de Jimmy Savile, il a Ă©tĂ© reconnu coupable en 2014 de sept chefs d'accusation de viol et de onze chefs d'attentat Ă  la pudeur dans les annĂ©es 1960 et 1970 contre des fillettes de 12 ans[88].
  • Tony et Julie Wadsworth : PersonnalitĂ©s de la BBC, ils ont Ă©tĂ© reconnus coupables en 2017 d'attentat Ă  la pudeur contre des jeunes garçons dans les annĂ©es 1990[89].
  • Ian Watkins (1977 -) : Membre fondateur et chanteur du groupe de rock Lostprophets[90]. En , Watkins a plaidĂ© coupable pour treize chefs d'accusation, parmi lesquelles des viols et des tentatives de viol d'enfants[91].

Débats et études aprÚs les révélations sur les bandes organisées

Du dĂ©but des annĂ©es 1980 au dĂ©but des annĂ©es 2010, dans des villes d'Angleterre, plus de 4 000 enfants ont Ă©tĂ© abusĂ©s sexuellement, parfois torturĂ©s, parfois prostituĂ©s, parfois assassinĂ©s, par des bandes organisĂ©es ou par des groupes informels d'hommes[9] - [11]. En 2011, une premiĂšre sĂ©rie d'agressions sexuelles est rendue publique par la presse[92]. Des enquĂȘtes, conduites par des associations caritatives, puis le gouvernement britannique, ont permis d'Ă©claircir les faits, soulignant notamment l'incurie des services sociaux et de la police locale, et de prendre des mesures appropriĂ©es pour assurer la protection des enfants[9] - [15]. Dans certains cas, l'exploitation de mineurs durait depuis plus de 15 ans[93]. L'appartenance ethnique et les origines culturelles des victimes, et, surtout, celles des criminels, ont focalisĂ© l'attention des mĂ©dias et de l'opinion publique dans tout le pays[8] - [11] - [94].

La révélation de ces abus a provoqué de nombreux et vifs débats. En effet, selon les articles de presse de l'époque, les victimes étaient pour la grande majorité des mineures blanches issues de la classe ouvriÚre[95] - [96] provenant de foyers pour enfants et les criminels étaient en général musulmans, la plupart originaire du Pakistan ou d'Afrique[96] - [97] - [98]. Au cours d'un des jugements, un membre d'un gang ayant traité les victimes de « déchets blancs » qui n'étaient « bons que pour une chose »[99]. Différentes personnalités notamment du monde politique ont souligné le caractÚre raciste antiblanc des crimes commis[99] - [100] - [101] - [102] - [103]. Parmi ces personnalités figuraient notamment des représentants des communautés musulmanes et du sous-continent indien[100] - [104]. Pour d'autres commentateurs, les crimes commis par des immigrés, sur lesquels les médias britanniques ont mis l'accent, ne représentent qu'un aspect d'une réalité plus vaste[95] - [105] - [106] - [107].

Dans son enquĂȘte de 2011, le bureau du Commissaire Ă  l'enfance (OCC) souligne que 28 % des 2 409 victimes d'abus sexuels commis par des groupes ou des gangs qu'il recense sont des Noirs ou appartiennent Ă  d'autres minoritĂ©s ethniques (ces populations reprĂ©sentent 24 % de la population britannique[20])[108] - [11]. Il prĂ©cise que « la vaste majoritĂ© des victimes identifiĂ©es sont de sexe fĂ©minin »[14]. Il ajoute que les victimes sont de toutes les orientations sexuelles, parfois des handicapĂ©s, et insiste sur le fait que « la caractĂ©ristique commune Ă  toutes les victimes est leur vulnĂ©rabilitĂ© »[14] - [11]. D'autre part, l'OCC indique sur son site internet que, selon la police et les autoritĂ©s locales, 50 000 cas d'abus sexuels de tous types ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s sur la pĂ©riode 2014-2015, et que le nombre total estimĂ© des victimes serait d'au moins 450 000, ce qui signifie que seul un enfant sexuellement violentĂ© sur huit est secouru[109].

DiffĂ©rentes sources ont montrĂ© que les crimes ont longtemps Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment ignorĂ©s par les autoritĂ©s qui craignaient que les allĂ©gations puissent enflammer les tensions ethniques[95] ou d'ĂȘtre qualifiĂ©es de racistes[110] - [48] - [111] - [112] - [96]. Les instances de la communautĂ© musulmane du Royaume-Uni, imitĂ©es en cela par les partis de gauche, ont tardĂ© Ă  rĂ©agir Ă  ce sujet, et niĂ© la rĂ©alitĂ© de certaines affaires en accusant l'extrĂȘme droite de propagande[113]. L'Office of the Children’s Commissioner a Ă©tĂ© critiquĂ© et accusĂ© de cĂ©citĂ© dĂ©libĂ©rĂ©e vis-Ă -vis des aspects racistes de la criminalitĂ© des gangs[114]. Les rapports de l'OCC sur l'exploitation sexuelle des enfants couvrent de nombreuses catĂ©gories d'exploitation sexuelles dont les rĂ©seaux de pĂ©dophiles en ligne, les violences inter-Ă©coliers et les gangs sexuellement violents oĂč ils sont tous regroupĂ©s et non distinguĂ©s[114]. Le gouvernement britannique a Ă©tĂ© accusĂ©, notamment par les communautĂ©s sikh et hindoue, d'utiliser le terme asiatique pour brouiller la responsabilitĂ© de certains groupes ethniques[112] - [115].

Une Ă©tude, menĂ©e fin 2017 par des chercheurs du groupe de rĂ©flexion anti-extrĂ©misme Quilliam, a analysĂ© les abus collectifs et a conclu : « ...84 %, Ă©taient des hommes originaire du sous-continent indien. Seulement 22 Ă©taient noirs et 18 Ă©taient blancs [...] Les rĂ©sultats sont en contraste frappant avec le fait que les asiatiques reprĂ©sentent seulement 7 % de la population du Royaume-Uni [...] De toutes les victimes, seulement trois n'Ă©taient pas des adolescentes blanches ». Les auteurs constatent que « des hommes musulmans pakistanais britanniques ciblent des femmes blanches avec des boissons et de la drogue avant de les violer et de les abuser sexuellement » et « appellent les autoritĂ©s Ă  agir sans craintes d'ĂȘtre accusĂ©es de racisme » et « les encouragent Ă  aider l'intĂ©gration des britanniques d'origine pakistanaise dans la sociĂ©tĂ© britannique moderne »[59] - [116].

Un nouveau tĂ©moignage rĂ©vĂ©lĂ© en mars 2018 dans The Independent souligne l'aspect religieux voire terroriste des abus menĂ©s par les gangs. Les membres des gangs croient fermement que les crimes qu'ils commettent sont justifiĂ©s par leurs croyances religieuses. Selon une rescapĂ©e des viols collectifs de Rotherham, son violeur citait des sourates du Coran lorsqu'il la battait[117]. L'endoctrinement religieux serait une partie importante du processus d’enrĂŽlement des jeunes violeurs dans les gangs[117]. En , le gouvernement suĂ©dois a dĂ©clarĂ© que la violence sexuelle est utilisĂ©e comme une « tactique du terrorisme » et reconnue en tant que telle comme une menace Ă  la sĂ©curitĂ© nationale suĂ©doise[117]. Pour Jess Phillips, dĂ©putĂ©e du parti travailliste, gĂ©nĂ©raliser le problĂšme des abus sur mineurs est une « dĂ©sinvolture politique ». Selon elle, il est nĂ©cessaire de comprendre la nature spĂ©cifique des gangs pĂ©dophiles proxĂ©nĂštes, les abus de « Telford ne sont pas la fin, c'est Ă  peine le milieu »[118].

En fĂ©vrier 2020, le gouvernement britannique refuse de publier des recherches officielles sur les caractĂ©ristiques des gangs organisĂ©s, affirmant que ce n'est pas dans « l'intĂ©rĂȘt public »[119].

Références

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Voir aussi

Filmographie

  • La mini-sĂ©rie (TV) dramatique Three Girls traite de cas d'abus sexuel sur mineur au Royaume-Uni.

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