Ătat islamique dans le Grand Sahara
L'Ătat islamique dans le Grand Sahara (parfois dĂ©signĂ© par le sigle EIGS) est une organisation militaire et terroriste d'idĂ©ologie salafiste djihadiste, nĂ©e le d'une scission d'Al-Mourabitoune provoquĂ©e par l'allĂ©geance d'un de ses commandants, Adnane Abou Walid al-Sahraoui, Ă l'Ătat islamique deux jours auparavant. Abou Bakr al-Baghdadi, « calife » de l'Ătat islamique, reconnaĂźt officiellement cette allĂ©geance le .
Ătat islamique dans le Grand Sahara | |
Idéologie | Salafisme djihadiste |
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Objectifs | Expansion au Sahel du califat proclamĂ© par l'Ătat islamique Instauration de la charia |
Statut | Actif |
Fondation | |
Date de formation | |
Origine | Scission d'Al-Mourabitoune |
Actions | |
Mode opératoire | Guérilla, terrorisme |
Zone d'opération | Mali, Niger, Burkina Faso, Algérie, Nigéria, Bénin[1] - [2] - [3] |
Période d'activité | - en cours |
Organisation | |
Chefs principaux | âą Adnane Abou Walid al-Sahraoui â âą Abou al-Bara al-Sahraoui |
Membres | ~ 1 000[4] |
AllĂ©geance | Ătat islamique |
RĂ©pression | |
ConsidĂ©rĂ© comme terroriste par | France, Ătats-Unis, ONU |
Guerre du Sahel Insurrection djihadiste au Burkina Faso |
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En , l'Ătat islamique dans le Grand Sahara intĂšgre l'Ătat islamique en Afrique de l'Ouest. En mars 2022, le groupe obtient sa propre wilayat, revendiquant dĂ©sormais ses opĂ©rations sous l'appellation de wilayat al-Sahel.
Ă la suite du dĂ©cĂšs d'Adnane Abou Walid al-Sahraoui le , Abou al-Bara al-Sahraoui est nommĂ© chef de la branche sahelienne de l'Ătat islamique.
Fondation
Adnane Abou Walid al-Sahraoui, a priori originaire du Sahara occidental[5], est un combattant djihadiste de longue date et était le porte-parole du MUJAO, un groupe essentiellement constitué d'Arabes du Mali[6].
Lorsque, le , le MUJAO et les Signataires par le sang de Mokhtar Belmokhtar fusionnent pour former un nouveau groupe djihadiste, Al-Mourabitoune[7], Adnane Abou Walid Al-Sahraoui reste un des commandants les plus importants de ce dernier.
Toutefois, le , Adnane Abou Walid Al-Sahraoui annonce dans un communiquĂ© que, au nom d'Al-Mourabitoune, il prĂȘte allĂ©geance Ă l'Ătat islamique[8] - [9] - [10] - [11] - [12]. Deux jours plus tard, Mokhtar Belmokhtar dĂ©ment cette allĂ©geance d'Al-Mourabitoune Ă l'EI en arguant que le communiquĂ© d'Al-Sahraoui « n'Ă©mane pas du Conseil de la Choura »[13] - [14].
Adnane Abou Walid Al-Sahraoui fait alors sĂ©cession et baptise son groupe « Ătat islamique dans le Grand Sahara ». Ce n'est toutefois que plus d'un an aprĂšs, le , que l'Ătat islamique reconnaĂźt officiellement l'allĂ©geance du groupe d'Al-Sahraoui[15] - [16] - [11].
Relations avec les groupes affiliés à al-Qaïda
Contrairement Ă d'autres rĂ©gions, les relations entre l'Ătat islamique et al-QaĂŻda ne seraient pas conflictuelles au Sahel. En , Djamel Okacha, le chef d'AQMI au Sahel, donne une interview au site d'information mauritanien Al-Akhbar dans laquelle il dĂ©plore l'allĂ©geance d'Al-Sahraoui Ă l'Ătat islamique mais affirme que « les contacts ne sont pas rompus »[17] - [18] - [19] - [11].
En , Amar, le porte-parole de l'EIGS assure qu'au Sahel l'ensemble des djihadistes affiliĂ©s Ă l'Ătat islamique et Ă al-QaĂŻda « luttent ensemble » et « se donnent la main » contre les forces du G5 Sahel et l'armĂ©e française[20].
Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ONU, AntĂłnio Guterres, affirme Ă©galement dans un rapport rendu public le 6 janvier 2018, que la MINUSMA « a reçu des informations » selon lesquelles l'Ătat islamique dans le Grand Sahara et le Groupe de soutien Ă l'islam et aux musulmans « agissaient en parallĂšle et probablement en collaboration »[20].
Selon Jeune Afrique, Adnane Abou Walid al-Sahraoui et Iyad Ag Ghali, le chef du Groupe de soutien Ă l'islam et aux musulmans, se seraient mĂȘme rencontrĂ©s dans la rĂ©gion de Kidal au dĂ©but du mois de [21].
Selon le gĂ©nĂ©ral Bruno Guibert, ancien commandant en chef de la force Barkhane , l'Ătat islamique dans le Grand Sahara et le Groupe de soutien Ă l'islam et aux musulmans sont « deux mouvances concurrentes sur le terrain, qui peuvent nouer ponctuellement des alliances opportunistes. [...] Pour autant, des divergences de fonds persistent entre l'EIGS et ag Ghali. Notamment dans le rapport aux populations locales. Le premier pratique la prĂ©dation brutale, Ă l'inverse de la tactique d'enracinement prĂ©conisĂ©e par le second »[22].
Vers fin 2019 et dĂ©but 2020, plusieurs membres de la katiba Macina et un lieutenant d'Amadou Koufa font dĂ©fection en faveur de l'Ătat islamique ce qui a provoquĂ©e des affrontements entre les deux groupes, notamment dans les environs de Dongo, dans le Cercle de Youwarou, le 9 ou le [23] - [24] - [25] - [26] - [27].
Le second de l'EIGS, Abdoul Hakim Al-Sahraoui aurait exigé d'Amadou Koufa un dédommagement pour la perte de plusieurs combattants au cours d'affrontements entre les deux groupes rivaux. Cette offre de réconciliation a été rejetée par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, ce qui a entraßné la reprise des combats entre les deux formations[28].
L'annĂ©e 2020 marque la rupture entre le Groupe de soutien Ă l'islam et aux musulmans (GSIM), liĂ© Ă al-QaĂŻda, et l'Ătat islamique dans le Grand Sahara (EIGS), qui entrent en guerre ouverte aprĂšs des annĂ©es de coexistence pacifique[29] - [30]. La montĂ©e en puissance de l'Ătat islamique au Sahel, la dĂ©fection en sa faveur de combattants de la katiba Macina dans la rĂ©gion de Mopti et l'annonce de l'ouverture de nĂ©gociations entre le gouvernement malien et le GSIM provoquent le dĂ©but des hostilitĂ©s[29] - [30].
Les premiĂšres escarmouches Ă©clatent dĂ©but janvier Ă Mondoro, Ă Dongo et dans le Cercle de Youwarou, dans la rĂ©gion de Mopti, au centre du Mali[29] - [23]. Les affrontements les plus importants ont lieu en mars et avril dans la rĂ©gion de Mopti, oĂč le GSIM mĂšne plusieurs raids nocturnes[29] - [31].
Début avril, plusieurs dizaines de combattants sont tués à Dialloubé[31].
Le , des combats ont lieu dans la rĂ©gion de Gao[29]. Le , le point de non-retour est atteint lorsqu'Al-Naba, le magazine de propagande de l'Ătat islamique, qualifie Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa d'« apostats » et les accuse de trahison pour avoir acceptĂ© de nĂ©gocier avec le gouvernement du Mali[29] - [32].
Les combats se succÚdent. Le , 13 hommes du GSIM et sept de l'EIGS sont tués à Détembé, à la frontiÚre du Niger et du Burkina Faso[29]. Le , 14 hommes de l'EIGS sont tués et quatre capturés par le GSIM prÚs de la ville malienne de Ndaki, non loin de la frontiÚre avec le Burkina Faso[33].
Dans l'ensemble, le GSIM prend l'avantage, surtout dans le centre du Mali et demeure la force djihadiste dominante au Mali, mais l'Ătat islamique se maintient dans la zone des trois frontiĂšres[29] - [30].
Mais en , malgrĂ© la fin gĂ©nĂ©ralisĂ©e des hostilitĂ©s entre l'Ătat islamique au grand Sahara et le Groupe de soutien Ă l'islam et aux musulmans (JNIM), Al-QaĂŻda lance une offensive contre l'Ătat islamique dans la rĂ©gion de Gao, autour de la commune de Tessit. Cette campagne militaire a pour but de chasser l'EIGS de son sanctuaire du Gourma malien [34] - [35].
Pour soutenir l'offensive, Al-Qaïda fait venir des hommes du Burkina Faso voisin et du centre du Mali. Le , les combattants du JNIM occupent et contrÎlent toute la vallée de Tandarewale[36].
Le au soir, un affrontement Ă©clate entre le JNIM et lâEIGS Ă Fitili. En sous-nombre, lâEIGS se retire plus Ă lâEst. Le , sur le front nord de Tessit, un autre groupe de combattants du JNIM attaque le village de Toubani oĂč il tue 4 civils de la communautĂ© peule, accusĂ©s de collusion avec lâEIGS. Le JNIM enlĂšve le chef du village et pille tout le bĂ©tail[36].
Confiant, Al-Qaida rentre dans le village de Kala, dans la commune de Tessit. Il brĂ»le les boutiques des villageois et donne un ultimatum de 48 heures Ă la population locale pour quitter leur village. Le soir mĂȘme, un affrontement se produit Ă l'ouest de Hourara. Le JNIM a l'avantage, gagne l'affrontement et emporte des motos et de l'armement. Plusieurs blessĂ©es sont comptabilisĂ©s dans les rangs de l'EIGS. Pour mieux s'installer dans la rĂ©gion, le Groupe de soutien Ă l'islam et aux musulmans ordonne aux civils de nombreux villages, soupçonnĂ©s de soutenir l'EIGS, de partir sous peine d'ĂȘtre exĂ©cutĂ©s[36].
Cependant, l'EIGS fait venir des renforts du Burkina Faso et du Niger et lance une offensive massive le contre les positions perdues par Al-Qaïda. En quelques jours, l'EIGS réussit à reprendre la majorité du territoire capturé par le JNIM. Selon Wassim Nasr, les civils présents sur place payent un lourd tribut car les deux protagonistes commettent des meurtres sur les civils soutenant le groupe adverse[34] - [37]] - [35].
Les combats, d'une rare intensitĂ©, provoquent le dĂ©placement de plus de 160 familles selon le dĂ©compte de plusieurs ONG locales. De nombreux civils ont donc pris la route vers Ansongo, Gao, ou le Niger voisin pour se mettre Ă lâabri. Plus de 40 civils sont tuĂ©s dans les combats[38] - [34].
En mai 2022, l'Ătat islamique dans le Grand Sahara signe un traitĂ© de paix avec le Groupe de soutien Ă l'islam et aux musulmans, affiliĂ© Ă Al-Qaida. L'accord porte sur une paix et un dĂ©sengagement entre les deux organisations, dans certaines parties du Niger et du Burkina Faso afin d'Ă©viter les tensions et les conflits entre "moudjahidines"[39].
Organisation, effectifs et zone d'implantation
Commandants
Le groupe a été fondé et est dirigé par Adnane Abou Walid al-Sahraoui[11] qui est tué par l'armée française selon une annonce du 15 septembre 2021[40].
Le numéro 2 du groupe est Yoro Abdeslam, dit Abdel Hakim al-Sahraoui[41] - [42]. Le , il est déclaré griÚvement blessé au cours d'affrontements fratricides avec le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans dans la région du Soum[28]. Malade, il meurt le 23 mai 2021, de causes naturelles[41] - [42] - [43].
Parmi ses autres commandants figurent Doundoun Chefou[44], Illiassou Djibo alias Petit Chafori (ou Djafori)[44] - [45] ; Mohamed Ag Almouner, dit « Tinka », tué par l'armée française le [46] - [47] - [48] - [49] - [50] ; et Almahmoud Ag Baye, dit « Ikarey », tué le 15 juin 2021 par les forces franco-nigériennes au sud-ouest de Ménaka[51]. Deux autres chefs, Rhissa al-Sahraoui et Abou Darda, sont capturés par l'armée française le 16 juin 2021[42].
Dans la nuit du 11 au 12 juin 2022, Oumeya Ould Albakaye, un haut commandant de l'EIGS, un temps pressenti pour succéder à al-Sahraoui, est capturé par les Français prÚs de Tessit[52].
Effectifs
DĂ©but 2017, Marc MĂ©mier, chercheur Ă l'Institut français des relations internationales (IFRI), estime que l'Ătat islamique dans le Grand Sahara compte quelques dizaines d'hommes â sans compter les sympathisants â pour la plupart des Maliens de la rĂ©gion de Gao[11]. Fin 2015, RFI indique quant Ă elle que l'effectif du groupe sâĂ©lĂšverait Ă une centaine[53].
Selon un rapport du Combating Terrorism Center (CTC) de West Point, l'EIGS compterait 425 combattants en [54].
En 2021, le groupe compterait 1 000 combattants[4].
Le 14 mars 2022, l'Ătat islamique dans le Grand Sahara publient des photographies montrant plusieurs centaines d'hommes prĂȘtant allĂ©geance au nouveau calife de l'Ătat islamique[55].
Zone d'implantation et base ethnique
L'Ătat islamique dans le Grand Sahara est principalement actif au sud-ouest du Niger, dans la rĂ©gion de TillabĂ©ri[56], au sud-est du Mali, dans la rĂ©gion de MĂ©naka[57] et au nord du Burkina Faso, dans les rĂ©gions de Soum et d'Oudalan[58]. Cette rĂ©gion prend alors le nom de « zone des trois frontiĂšres »[58].
Comme pour les autres groupes armés au Sahel, djihadistes ou non, l'EIGS s'inscrit dans une dynamique largement communautaire[5]. Une large partie de ses combattants sont ainsi des Peuls.
Au Mali, ces derniers sont pour la plupart des ressortissants nigériens que les sécheresses et la poussée démographique des paysans zarmas et haoussas, qui s'exerce du sud vers le nord, ont rejetés du cÎté malien de la frontiÚre[45].
Adnane Abou Walid al-Sahraoui gagne le soutien de nombreux membres de cette communauté en promettant de les protéger contre les razzias et les vols de bétails menés par les Touaregs[44], à commencer par les Dahoussahak.
Cependant l'EIGS compterait des membres des deux communautĂ©s[59]. Ainsi, Ă l'heure actuelle, les combattants de lâEIGS se diviseraient entre deux katibas (unitĂ©s combattantes), lâune composĂ©e principalement de Daoussahak et lâautre de Peuls[60].
En , l'Ătat islamique s'implante dans les environs de Nampala, dans la rĂ©gion de Mopti, avec le ralliement d'une soixantaine de combattants ayant fait dĂ©fection de la katiba Macina et qui prĂȘtent allĂ©geance Ă l'Ătat islamique dans une vidĂ©o[61] - [62].
Au début de l'année 2021, le groupe djihadiste étend son emprise dans le nord du Niger vers Tillia[63]. Les djihadistes, le coupent la main et le pied à trois bandits de grand chemin, sur une place de marchée bondée au Mali, une premiÚre depuis 2012[64].
Crisis group affirme dans un rapport le 2021, que l'EIGS serait en train de s'implanter de plus en plus au sud ouest du Niger, entre Maradi et Dogondoutchi. Ă partir de cette base, l'EIGS serait en train de s'implanter au Nigeria dans la province de Sokoto, Zamfara et Katsina[65].
Selon le prĂ©sident du Niger Mohamed Bazoum, lâĂtat islamique sâest grandement renforcĂ© au Burkina Faso mais surtout au Mali, le groupe a menĂ© une offensive sur MĂ©naka en mars 2022 qui sâest soldĂ© par une victoire quasi-total du groupe. Selon Bazoum, lâEIGS prend de l'ampleur, en remportant bataille sur bataille contre les mouvements touaregs et le JNIM, accumulant un butin considĂ©rable et affaiblissant durablement le GSIM dans la rĂ©gion de Menaka[66].
Toujours selon le prĂ©sident Bazoum, malgrĂ© les massacres de lâEIGS commis contre les populations fidĂšles aux mouvements indĂ©pendantistes touaregs, le groupe augmente significativement son recrutement parmi la population touareg et chez les douassaks. Cependant, la base de l'EIGS reste composĂ©e de peul, avec un commandement supĂ©rieur dâethnie arabe[67].
Communication
Initialement, l'Ătat islamique dans le Grand Sahara a sa propre production mĂ©diatique, non relayĂ©e par l'appareil de propagande de l'Ătat islamique[68].
Cela change Ă partir de , oĂč les attaques de l'Ătat islamique dans le Grand Sahara sont dĂ©sormais revendiquĂ©es sous le label de l'Ătat islamique en Afrique de l'Ouest[68].
Les deux branches demeurent cependant séparées territorialement et l'hypothÚse d'une subordination de l'EIGS à l'EIAO n'est pas certaine[68].
Le , Ă la suite de la mort du calife de l'Ătat islamique, Abou Ibrahim al-Qurayshi, toutes les branches de l'Ătat islamique renouvellent leur loyautĂ© au nouveau calife, Abou al-Hassan. L'Ătat islamique dans le grand Sahara a publiĂ© plusieurs photographies montrant plusieurs centaines d'hommes prĂȘtant allĂ©geance a l'organisation[69] - [70].
Le mercredi , l'Ătat islamique revendique une attaque contre la garnison de Tessit, plusieurs soldats maliens sont tuĂ©s et de l'Ă©quipement militaire est capturĂ©s. L'attaque est revendiquĂ©e pour la premiĂšre fois par l'appellation de "Wilayat Al-Sahel -Mali", au lieu de "Wilayat Gharb Ifriqiyah" (Ătat islamique en Afrique de l'ouest)[71] - [72].
Actions
AprÚs l'allégeance à l'EI en , alors toujours pas reconnue par cette derniÚre, le groupe ne se manifeste plus[5] et ce n'est que le 3 qu'il revendique une attaque, celle lancée deux jours plus tÎt sur un poste de douane à Markoye, au Burkina Faso par un petit groupe de deux ou quatre djihadistes attaque (un douanier et un civil tués)[73] - [74] - [75].
Puis deux autres attaques sont revendiquées : le , sur Intangom (quatre soldats burkinabés tués)[76] - [75] - [77] ; le , celle menée par une dizaine de combattants sur la prison de Koutoukalé, prÚs de Niamey (Niger) qui échoue (un djihadiste est tué)[78].
Le , l'EIGS revendique l'attaque de Tilwa menée le contre l'armée nigérienne, et le groupe affirme que l'opération a été directement organisée et commanditée par Al-Sahraoui[79].
Le , aprĂšs une attaque contre un poste de militaire Ă Abala, au Niger, les djihadistes de l'Ătat islamique se replient au Mali. Mais ils sont alors attaquĂ©s par l'armĂ©e malienne, l'armĂ©e française mais aussi les miliciens touaregs du GATIA et du MSA.
En effet, alors que lâĂtat malien reste absent dâune grande partie du Nord du pays, les autoritĂ©s nigĂ©riennes comme les militaires français commencent Ă collaborer avec des groupes politico-militaires implantĂ©s au Mali, notamment le Groupe autodĂ©fense touareg Imghad et alliĂ©s (GATIA) et le Mouvement pour le salut de lâAzawad (MSA) pour sĂ©curiser la frontiĂšre entre le Mali et le Niger[45]. Mais, en dĂ©pit de succĂšs militaires ponctuels, le recours Ă ces groupes Ă base ethnique (Touareg imghad pour le GATIA, Dahoussahak pour le MSA)[5] contre l'EIGS plonge la rĂ©gion dans un violent cycle de reprĂ©sailles intercommunautaires[59] qui menace dâembraser la rĂ©gion[45], voire facilite le recrutement du groupe jihadiste, notamment auprĂšs des Peuls[59].
Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, pour sa part, diffuse une missive accusant les Touaregs de ces deux communautĂ©s d'ĂȘtre les complices de la France et du Niger et menaçant les chefs du MSA et du GATIA, Moussa Ag Acharatoumane et El Hadj Ag Gamou[80] - [81].
Le groupe revendique également l'embuscade de Tongo Tongo, dans laquelle quatre militaires nigériens et quatre militaires américains trouvent la mort le [20] - [82] - [83].
Au Burkina Faso, en , l'Ătat islamique dans le Grand Sahara revendique Ă©galement l'assassinat du maire de Koutougou et l'enlĂšvement d'un maĂźtre d'Ă©cole Ă Nassoumbou, dans la rĂ©gion du Soum ; le porte-parole du groupe, Amar, dĂ©clare que « tous ceux qui enseignent en français seront combattus »[84] - [85].
Affaibli dĂ©but 2019, l'Ătat islamique dans le Grand Sahara remonte en puissance au cours de l'annĂ©e[86]. Il mĂšne alors une sĂ©rie d'attaques meurtriĂšres dans la zone des trois frontiĂšres avec l'embuscade de Baley Beri le (28 militaires nigĂ©riens tuĂ©s), l'attaque de Koutougou le (24 militaires burkinabĂ©s tuĂ©s), l'attaque d'Indelimane le (49 militaires maliens tuĂ©s), l'attaque d'InatĂšs le (71 militaires nigĂ©riens tuĂ©s), l'attaque d'Arbinda le (7 militaires burkinabĂ©s et 35 civils tuĂ©s) et l'attaque de ChinĂ©godar le (89 militaires nigĂ©riens tuĂ©s)[87]. L'Ătat islamique revendique Ă©galement une attaque au vĂ©hicule piĂ©gĂ©, commise le contre une base de l'armĂ©e algĂ©rienne Ă Bordj Badji Mokhtar, et dans laquelle un militaire algĂ©rien trouve la mort[88].
L'organisation multiplie les massacres en dans la rĂ©gion frontaliĂšre entre le Niger et le Mali, tuant plus de 200 personnes en l'espace d'une semaine : 66 civils revenant du marchĂ© de la ville de Banibangou le , 33 militaires dans une embuscade Ă Tessit le mĂȘme jour, et 137 civils dans la rĂ©gion de Tahoua au cours dâun raid menĂ© par des dizaines dâhommes armĂ©s allant de village en village le [89]. L'EIGS justifie ces massacres en affirmant que des communautĂ©s locales travaillent avec les gouvernements de la rĂ©gion pour constituer des milices[41].
Début mai 2021, trois voleurs sont amputés d'une main ou d'une jambe à Tin-Hama, dans la région de Gao, au Mali, par des hommes de l'EIGS[41] - [90] - [91]. Il s'agit alors de la premiÚre fois depuis 2012 que des djihadistes appliquent au grand jour des chùtiments liés à la charia[41].
En mars 2022, Ă la faveur du retrait des troupes françaises de l'opĂ©ration Barkhane du Mali, l'Ătat islamique au Grand Sahara entame une montĂ©e en puissance significative[92] et lance une offensive contre les factions du GATIA et du MSA dans la rĂ©gion de MĂ©naka. Plusieurs dizaines Ă centaines de miliciens sont tuĂ©s au cours des combats et un nombre important de civils touaregs sont exĂ©cutĂ©s pour leur soutien prĂ©sumĂ© aux indĂ©pendantistes du CSP. L'EIGS domine alors de vastes pans de territoires dans les rĂ©gions de MĂ©naka et Gao et prend le contrĂŽle de l'ensemble des localitĂ©s jouxtant la frontiĂšre avec le Niger[93].
Le 4 juin 2022, une coalition regroupant des combattants du MSA et des soldats de l'unitĂ© GTIA-8 de l'armĂ©e malienne tente d'Ă©vincer l'Ătat islamique de la ville stratĂ©gique d'AndĂ©ramboukane mais essuie une cuisante dĂ©faite[94] face aux jihadistes qui embusquent leur convoi, tuant une quarantaine de miliciens et de militaires et emportant de consĂ©quentes prises de guerre[95]. Moussa Ag Acharatoumane, secrĂ©taire-gĂ©nĂ©ral du MSA et El-Hadj Ag Gamou, gĂ©nĂ©ral de division touareg Ă la tĂȘte du rĂ©giment GTIA-8, Ă©chappent de peu Ă l'embuscade, le second ressortant griĂšvement blessĂ© de l'affrontement.
Le 7 aoĂ»t 2022, poursuivant son expansion dans le Gourma, l'Ătat islamique attaque avec succĂšs le camp militaire de Tessit[96], tuant quarante-deux soldats des forces armĂ©es maliennes[97]. Cela constitue le bilan le plus lourd pour les militaires maliens depuis les attaques d'IndĂ©limane et de Tabankort en 2019, elles-aussi orchestrĂ©es par la province sahĂ©lienne de l'EI[98] - [99].
Le 10 fĂ©vrier 2023, au Niger, au moins dix-sept soldats nigĂ©riens sont tuĂ©s[100] et douze autres portĂ©s disparus Ă l'issue d'une attaque menĂ©e par des jihadistes de l'Ătat islamique[101] dans les environs de la localitĂ© d'Intagamey, dans la province du TillabĂ©ri, non loin de la frontiĂšre malienne[102].
Le 17 fĂ©vrier 2023, au Burkina Faso, Ă Tin-Ediar dans la province de l'Oudalan, des combattants de l'Ătat islamique au Sahel accrochent une colonne de l'armĂ©e burkinabĂš, causant la mort d'une cinquantaine de militaires au moins[103]. Le 24 fĂ©vrier, l'organisation jihadiste, par le biais de son agence de propagande Amaq, revendique l'attaque[104] et publie des images exhibant les dĂ©pouilles de cinquante-quatre soldats et la capture de cinq autres[105].
Le 20 fĂ©vrier, dans les environs de Tin-Akoff, au moins dix-neuf soldats burkinabĂšs sont tuĂ©s et une dizaine d'autres portĂ©s disparus aux termes d'un assaut attribuĂ© Ă l'Ătat islamique[106]. Ce bilan, provisoire, combinĂ© Ă celui de l'attaque de Tin-Ădiar, porte la totalitĂ© du nombre de militaires burkinabĂšs tuĂ©s Ă au moins cent au cours de cette semaine particuliĂšrement sanglante pour les forces de dĂ©fense du pays.[107]. Le 17 mars, l'Ătat islamique revendique l'attaque et publie des images dĂ©peignant la prise de la base militaire de Tin-Akoff par ses combattants[108].
Crimes de guerre
L'Ătat islamique dans le Grand Sahara est le plus violent des groupes djihadistes au Sahel et commet de nombreuses exactions. Le , au moins quatre civils touaregs du groupe des Imghad, dont un enfant, sont assassinĂ©s Ă Intessikite, Ă une quarantaine de kilomĂštres de la ville de MĂ©naka, par des hommes suspectĂ©s de faire partie de l'EIGS[109]. Le groupe est Ă©galement accusĂ© d'ĂȘtre responsable de la mort de quatre civils Ă Inwelane, dans la commune de Talataye, en [110] - [111] - [112]. En , l'EIGS revendique trois assassinats au Mali[113].
à partir de 2018, les tueries se multiplient avec notamment les massacres d'Aklaz et Awkassa (les 26 et [114]), les massacres de Tinabaw et Tabangout-Tissalatatene (les 11 et )[115] et les massacres de Taghatert et Inekar-Ouest (le )[116], pendant lesquels prÚs de 150 civils touaregs daoussahak sont tués.
Le , six travailleurs humanitaires français, leur guide et leur chauffeur nigĂ©riens sont assassinĂ©s lors de l'attaque de KourĂ©[117]. L'EIGS est Ă©galement soupçonnĂ© d'ĂȘtre responsable des massacres de Tchoma Bangou et Zaroumadareye (environ 100 civils nigĂ©riens tuĂ©s le )[118], du massacre de Darey-Daye (66 civils nigĂ©riens tuĂ©s le )[119], du massacre de Tillia (137 civils touaregs tuĂ©s le )[119] - [120] et des massacres de Karou, Ouattagouna, Daoutegeft et Dirga (au moins 51 civils maliens tuĂ©s le )[121] - [122].
D'aprÚs la ministre française des Armées Florence Parly, l'EIGS serait responsable de la mort de 2 000 à 3 000 civils au Mali, au Niger et au Burkina Faso, de 2015 à 2021[123].
Financements
Les djihadistes se financent grùce aux trafics dans la région, particuliÚrement l'or. L'exploitation de l'or dans la région rapporterait plus de 4,5 milliards de dollars annuellement. Les djihadistes profiteraient du trafic pour se financer, recruter, et s'implanter dans la région[124].
Le trafic d'armes est une source de financement pour les groupes djihadistes. L'impÎt islamique (zakat) profite aussi aux groupes armées terroristes[125].
Selon une étude réalisée en 2019 par l'Institut d'études de sécurité (ISS Africa), les groupes djihadistes sahéliens s'autofinancent grùce à des trafics locaux, comme le trafic d'armes, à une forme d'impÎt sur le bétail et à l'exploitation artisanale de l'or[126].
Références
- « AlgĂ©rie : Daesh revendique lâattaque suicide contre une base militaire », ; 20minutes avec l'AFP.
- « Daech, de la Syrie Ă lâAfrique : lâĂtat islamique tisse sa toile », La Voix du Nord, .
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