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Émetteur d'Allouis

L'Ă©metteur d'Allouis est un Ă©metteur de radiodiffusion et de signaux horaires situĂ© dans la commune d'Allouis, dans le dĂ©partement du Cher, en France, qui diffusait les programmes de France Inter en grandes ondes (1 852 mètres, 162 kHz) jusqu'au . Depuis lors, il diffuse uniquement les signaux horaires du Temps LĂ©gal Français[1].

Émetteur d'Allouis
Sur le bord de la route nationale 76, un des pylĂ´nes de 350 m de l'Ă©metteur d'Allouis.
Présentation
Type
Fondation
Ouverture
Hauteur
350 m
Propriétaire
Localisation
Pays
Commune
Coordonnées
47° 10′ 10″ N, 2° 12′ 16″ E
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Son indicatif officiel est FLE[2].

L'antenne comprend deux pylĂ´nes de 350 mètres de haut qui font partie des plus hautes structures existant actuellement dans le pays depuis le dĂ©mantèlement de l'Ă©metteur OmĂ©ga de Chabrier, Ă  La RĂ©union. L'indication du village d'Allouis pendant plusieurs dĂ©cennies sur les postes de radio a fait la rĂ©putation de cette localitĂ© dans l'Europe entière. Le centre Ă©metteur d'Allouis est gĂ©rĂ© par la sociĂ©tĂ© TDF, première sociĂ©tĂ© europĂ©enne de tĂ©lĂ©diffusion.

La puissance de l'émetteur d'Allouis lui permet d'assurer une couverture de tout le territoire national et au-delà, même dans des enceintes confinées[3]. Cette capacité lui confère un caractère stratégique. Jusqu'au 31 décembre 2016, il constituait le canal officiel pour obtenir des informations en cas de catastrophe, avec le réseau France Bleu et les stations locales de RFO[4].

Histoire

L'Ă©metteur d'Allouis est entrĂ© en service en (inaugurĂ© en ) en tant qu'Ă©metteur central des grandes ondes en France. Il Ă©tait alors composĂ© d'une antenne de quatre mâts de 250 m et de deux Ă©metteurs de 450 kW. Dès sa mise en service, l'Ă©metteur diffuse le poste national Radio-Paris. L'Ă©metteur de Saint-RĂ©my-l'HonorĂ©, situĂ© dans la rĂ©gion parisienne et qui diffusait cette radio prĂ©cĂ©demment est conservĂ© comme site de secours[5].

Durant la Seconde Guerre mondiale, en raison de l'article 14 de la convention d'armistice du [6], l'émetteur cessa sa diffusion. Puis, situé en zone nord en vertu du tracé de la ligne de démarcation décidée selon l'article 2 de cette convention[6], il fut utilisé par les Allemands pour diffuser leurs émissions, mais aussi pour brouiller les émissions de Radio Londres[7]. Dans la nuit du 9 au , Henri Clastère et Paul Bodhaine, parachutistes du BCRA, réalisent l'opération Pilchard en détruisant l'antenne[8]. Il fallut douze jours de réparation pour que l'antenne soit remise en état d'émettre.

Les Allemands dynamitèrent le site lors de leur retrait, le . Le centre émetteur ayant été totalement détruit, sa reconstruction dura huit ans[5] - [9].

L'Ă©metteur fut reconstruit, notamment par la sociĂ©tĂ© Joseph Paris de Nantes pour le pylĂ´ne[5], et mis en service par la SociĂ©tĂ© française radio-Ă©lectrique, le [5] - [10], avec un nouvel Ă©metteur d'une puissance de 250 kW et une antenne d'une hauteur de 308 m[5] - [10].

La puissance d'Ă©mission fut portĂ©e, en 1957, Ă  500 kW par la mise en service d'un deuxième Ă©metteur de 250 kW, puis Ă  1 100 kW par celle d'un troisième Ă©metteur de 600 kW (le )[5].

Un deuxième mât de 350 m fut mis en service le . Le premier pylĂ´ne fut rehaussĂ© Ă  350 m (chaque pylĂ´ne pèse 600 tonnes) et la puissance fut portĂ©e Ă  2 000 kW en 1974 (rĂ©duite Ă  1 000 kW la nuit)[5].

Les deux anciens Ă©metteurs de 250 kW furent remplacĂ©s par un seul de 1 000 kW, de conception plus moderne, inaugurĂ© le , l'Ă©metteur de 600 kW restant en rĂ©serve[5].

Dans les années 1970, il fut un temps envisagé d'installer un centre émetteur secondaire à Lury-sur-Arnon, pour assurer la diffusion nocturne de France Inter, ce qui aurait facilité l'organisation de la maintenance de l'émetteur d'Allouis. Ce projet très coûteux a été abandonné.

Entre 1939 et 1997, le centre d'Ă©mission d'Allouis Ă©tait aussi utilisĂ© pour la diffusion radiophonique en ondes courtes. Les antennes ont Ă©tĂ© dĂ©montĂ©es après la rĂ©alisation du programme ALLISS Ă  Saint-Aoustrille près d'Issoudun. Au plus fort de cette activitĂ©, le centre ondes courtes disposait de quatre Ă©metteurs de 100 kW et d'un Ă©metteur de kW. La zone d'Ă©mission s'Ă©tendait essentiellement sur l'Europe occidentale et orientale, ainsi que l'Afrique du Nord[5].

Le centre ondes courtes a aussi diffusé France Inter, jusqu'en septembre 1981, avec un émetteur de 100 kW, pour les auditeurs métropolitains, non couverts par la diffusion en FM et recevant mal les signaux ondes moyennes ou ondes longues.

Paradoxe des ondes courtes, la couverture d'un Ă©metteur ondes courtes de 100 kW Ă©tait Ă©quivalente Ă  celle de la diffusion grandes ondes Ă  2 000 kW.

Radio France ayant décidé de mettre fin à son contrat avec TDF, l’émetteur cesse la diffusion de France Inter grandes ondes le [11]. Cet arrêt[12] qui semble programmé dans le cadre d'économies budgétaires[12] - [13] a fait l'objet d'une pétition[13] - [14] et d'une question écrite au Gouvernement — adressée à Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication et restée sans réponse — déposée à l'Assemblée nationale, le , par le député Michel Destot[12]. D'autres questions écrites ont suivi : Romain Colas, no 100299 JO du ; André Chassaigne, no 101610 JO du ; Christophe Premat, no 101611 JO du .

Ă€ l'automne 2016, quelques semaines avant l'arrĂŞt de la diffusion de France Inter, l'Agence nationale des frĂ©quences (ANFR) a indiquĂ© qu'elle poursuivrait l'utilisation de l'Ă©metteur pour la diffusion des signaux horaires[15] - [16] car ces derniers sont nĂ©cessaires Ă  de nombreux utilisateurs (voir ci-après). Ă€ l'issue d'essais effectuĂ©s dĂ©but 2017, la puissance du signal est fixĂ©e Ă  1 100 kW.

Depuis le 7 janvier 2020 à 12h00 la puissance de diffusion du signal horaire a été ramenée de 1 100 kW à 800 kW.

En 2022, l'Agence nationale des frĂ©quences (ANFR) fait un sondage auprès des utilisateurs du signal de diffusion horaire (200 000 horloges et systèmes radio-synchronisĂ©s sur ce signal), pour voir si l'Ă©mission du signal horaire doit ĂŞtre prolongĂ©e au-delĂ  de l'annĂ©e 2024[17]. Le contrat actuel entre l'Agence nationale des frĂ©quences (ANFR) et TDF arrive Ă  expiration en 2023. Le signal horaire d'Allouis est petit Ă  petit remplacĂ© par l'utilisation des signaux GPS ou des signaux de tĂ©lĂ©phonie mobile[15] malgrĂ© leurs moindres qualitĂ©s liĂ©es aux alĂ©as de rĂ©ception[18].

Technique

Vue du centre Ă©metteur d'Allouis en grandes ondes et des deux pylĂ´nes de 350 mètres.

Émetteur de radiodiffusion

Jusqu'Ă  fin 2016, Allouis Ă©met en permanence en ondes longues (grandes ondes) sur une longueur d'onde de 1 852 mètres (162 kHz) avec une puissance de 2 000 kW (rĂ©duite Ă  1 000 kW la nuit) (de 17 h Ă  5 h en horaire d'hiver, de 19 h Ă  4 h en horaire d'Ă©tĂ©)[5], sauf lors des coupures de maintenance de 0 h 5 Ă  3 h 58 tous les mardis[19]. La radiodiffusion est transmise en modulation d'amplitude (AM). Le signal provient de Paris par ligne tĂ©lĂ©phonique spĂ©ciale. Une ligne de secours vient Ă©galement d'Issoudun oĂą le signal de France Inter arrive par le rĂ©seau national des faisceaux hertziens de TDF.

L'amplification de puissance était assurée jusqu'au début des années 2000 par des tubes électroniques de puissance refroidis à l'eau selon les procédés supervapotron (refroidissement par vaporisation d'eau) et hypervapotron (refroidissement par un fort débit d'eau restant à l'état liquide)[5].

La maintenance est assez lourde et nĂ©cessite l'arrĂŞt de l'Ă©metteur pendant quelques heures, gĂ©nĂ©ralement la nuit pour remplacer d'Ă©ventuels composants. Cette partie de l'Ă©metteur a Ă©tĂ© modernisĂ©e en 2002 : les blocs Ă©metteurs Ă  tubes ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par de nouveaux Ă©quipements de Thales Broadcast MultimĂ©dia, utilisant une technologie de radiodiffusion entièrement transistorisĂ©e (modules de puissance Ă  semi-conducteurs, Ă©tages finaux Ă  MOSFET[20]). Il s'agit des blocs S7HP (« family of high-power, DRM-ready, long and medium-wave solid-state transmitters »)[21] offrant au moins la mĂŞme puissance de diffusion[22]. La maintenance est rĂ©duite, et la puissance de l'Ă©metteur pourrait alors en thĂ©orie, avec la mĂŞme ligne d'alimentation Ă©lectrique, dĂ©passer celle de l'Ă©metteur de Taldom de 2 500 kW — le plus puissant Ă©metteur grandes ondes du monde — et atteindre 3 000 kW.

Signaux horaires du Temps Légal Français[23]

Depuis 1977, l'émetteur d'Allouis assure la transmission de signaux horaires à partir d'une horloge atomique[3] - [24] - [25] installée dans le bâtiment principal. Elle prend moins d'une seconde d'erreur en un million d'années[3] - [25]. Les signaux horaires sont émis en modulation de phase. Leur format de transmission est proche de celui du DCF77[5]. Le signal émis présente l'avantage d'une meilleure réception à l'intérieur des bâtiments que d'autres, tels les signaux GPS ou les signaux de téléphonie mobile[15].

Les signaux horaires permettent d'accĂ©der Ă  l'heure lĂ©gale française et de synchroniser près de 200 000 horloges sur tout le territoire mĂ©tropolitain[3] - [25] - [26] - [15]. Des modules de rĂ©ception sont commercialisĂ©s dans ce but.

Le financement et la maintenance du système sont assurés depuis 2004 par France Horlogerie - Industries du Temps et des microtechniques (FH-ITM)[27] (ex CFHM : Chambre française de l'horlogerie et des microtechniques[26]). Ces signaux horaires sont ainsi largement utilisés dans des secteurs clés de l'industrie exigeant une fiabilité de synchronisation : production et distribution d'électricité, transports aériens, ferroviaires, routiers ainsi que pour la gestion de l'éclairage public, la synchronisation des feux tricolores de carrefours, les horodateurs, etc.[3] - [25] - [15].

Ă€ la suite de l'arrĂŞt de la diffusion de France Inter, l'ajustement des paramètres de diffusion du signal horaire seul est rĂ©alisĂ© par des tests effectuĂ©s, dès dĂ©but 2017, sous l'Ă©gide de l'ANFR[28], en lien avec TDF, FH-ITM (ex CFHM) et les usagers du signal[15]. Depuis fĂ©vrier 2020, les signaux horaires sont diffusĂ©s avec une puissance de 800 kW[28].

Le signal horaire, appelé ALS162[29], diffuse le Temps Légal Français[29] sur l'ensemble du territoire.

Perturbations

Dans la région et notamment dans les communes de Mehun-sur-Yèvre et de Foëcy, il fut pendant très longtemps très difficile d'établir des liaisons téléphoniques fixes : dans quasiment tous les foyers les abonnés entendaient leur(s) correspondant(s) et France Inter simultanément. Pour remédier à ce problème, les ingénieurs TDF ont dû mettre au point et utiliser la numérisation des signaux téléphoniques. Depuis ces modifications, plus aucune perturbation des lignes téléphoniques fixes par l'émetteur d'Allouis n'est à déplorer.

Avant la mise en service du deuxième pylône et le rehaussement du premier (en 1973-1974), il était fréquent dans la région proche d'Allouis, de ne pouvoir capter que France Inter sur toute l'étendue des grandes ondes ou ondes longues.

Notes et références

  1. LNE SYRTE, « Attestation Exactitude sur signal ALS162 »
  2. « Les grandes ondes avec F5LJT – Bande 150-200 kHz », sur f5ljt.pagesperso-orange.fr (consultĂ© le ).
  3. « Un réseau de transport d’électricité toujours à l’heure ! », sur audeladeslignes.com, (consulté le ).
  4. Mireille Espagnol et Hugues de Lussac, En attendant l'aide internationale : guide pratique à l'usage des futurs sinistrés, Angoulins, La Grange de Mercure, (ISBN 978-1-4709-7375-9, lire en ligne), p. 60.
  5. Thierry Vignaud, « Allouis », sur Émetteurs de radiodiffusion et télévision.
  6. Jean-Pierre Maury, « Convention d'armistice – Texte de l'armistice signé à Rethondes le 22 juin 1940 », sur mjp.univ-perp.fr, université de Perpignan (consulté le ).
  7. Jean-Paul et Michèle Cointet, La France à Londres – Renaissance d'un État, 1940-1943, Paris, Éditions Complexe, coll. « Questions au XXe siècle », , 271 p. (ISBN 978-2-87027-329-6, lire en ligne), p. 112.
  8. Claude Faure, Aux Services de la RĂ©publique : du BCRA Ă  la DGSE, Paris, Fayard, , 786 p. (ISBN 978-2-213-66039-4, lire en ligne).
  9. Pierre Dessapt, « La station française d'Allouis », sur Raconte-moi la radio.
  10. « Tours émettrices de France-Inter », sur structurae.de, 27 novembre 2003, modifié le 10 septembre 2012.
  11. « France Inter en grandes ondes, c'est bientôt fini », sur leberry.fr, Le Berry républicain, (consulté le ).
  12. Assemblée nationale – 14e législature – Question no 87388 de M. Michel Destot (socialiste, républicain et citoyen - Isère).
  13. « Une pétition pour le maintien de la diffusion GO de France Inter », sur lalettre.pro, (consulté le ).
  14. « Maintien de la diffusion grandes ondes de France Inter », sur 162khz.wesign.it (consulté le )
  15. « Le signal horaire restera sur le 162 kHz de France Inter », sur lalettre.pro, (consultĂ© le ).
  16. Grandes ondes : France Inter s'arrêtera au 1er janvier, pas le service d'horloge atomique nextinpact.com, le 21 décembre 2016
  17. Quels usages et quelles perspectives pour la diffusion du temps légal français par voie hertzienne terrestre ? anfr.fr, mai 2022
  18. ANFR, « La loi ELAN confie à l’ANFR la gestion de la diffusion du signal horaire », sur www.anfr.fr, (consulté le )
  19. World Radio TV Handbook 2009.
  20. (en) « LW/MW (200 kW to 1200 kW) Radio Transmitters », sur triwave-bd.com, (consulté le ).
  21. (en) « S7HP family – 200-2000 kW long-, medium-wave AM/DRM radio transmitter », sur thomson-broadcast.com (consulté le ).
  22. (en) « Technical CharactĂ©ristics – S7HP LW/MW Family (200 kW to 1 200 kW) » [PDF], sur thomson-broadcast.com, Thomson Broadcast & MultimĂ©dia, (consultĂ© le ).
  23. LNE SYRTE, « Attestation Temps Légal Français »
  24. « Signaux horaires », sur datelec.fr (consulté le ).
  25. « RNT : références nationales de temps » ou plus précisément : « Deux références de temps… », sur syrte.obspm.fr (consulté le ).
  26. « Changement d'heure avec le signal France Inter », sur montres-de-luxe.com, (consulté le ).
  27. « Circulaire CFHM du 13 juillet 2018 »,
  28. « Les tests du signal horaire », sur anfr.fr, Agence nationale des fréquences (consulté le ).
  29. « Mise à disposition du temps légal par le signal (...) », sur syrte.obspm.fr (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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