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Élections municipales de juillet 1871 à Paris

Les élections municipales à Paris de sont les troisièmes élections de conseillers municipaux en neuf mois à Paris. Elles succèdent en effet aux élections du 26 mars 1871, qui ont amené la proclamation de la Commune, elle-même écrasée en mai 1871, et aux élections du 5 novembre 1870. De plus, les Parisiens avaient également été sollicités quelques semaines avant pour les élections législatives du 2 juillet.

Radicaux:14, Progressistes:27, Conservateurs: 24, Monarchistes: 14
Élections municipales de juillet 1871 à Paris
78 conseillers de Paris
et
Type d’élection Élection municipale
Républicains modérés, républicains indépendants, progressistes
Sièges obtenus 27
Républicains conservateurs
Sièges obtenus 23
Conservateurs, monarchistes, bonapartistes
Sièges obtenus 14
Républicains radicaux, radicaux, radicaux socialistes
Sièges obtenus 14
Arthur Ranc. Républicain élu au conseil municipal en , il doit s'exiler en 1873 après avoir été condamné par le Conseil de guerre qui l'accuse d'avoir participé à la Commune.

Organisation du vote

Le premier tour a lieu le et le second le 30 juillet. Les règles sont fixées par la loi du , promulguée par le gouvernement d'Adolphe Thiers, et qui exclut la fonction de maire de Paris, laquelle ne sera rétablie qu'en 1977. Les listes sont ouvertes aux citoyens français de plus de 21 ans, résidant depuis au moins un an dans la capitale. De nombreuses personnes sont ainsi radiées des listes.

Les conseillers de Paris sont élus pour une durée de trois ans, contrairement à ceux du reste de la France, élus pour une durée de quatre ans. L'élection se fait au scrutin uninominal majoritaire à deux tours dans le cadre du quartier. Chaque quartier administratif dispose ainsi d'un conseiller de Paris[1].

Les maires et adjoints d’arrondissements sont nommés, conformément à la loi du promulguée par le gouvernement d'Adolphe Thiers et qui prive Paris d'un maire[2].

La campagne électorale

Caricature d'Édouard Lockroy, républicain radical élu au conseil municipal, parue dans Le Trombinoscope de Touchatout en 1874.

La campagne voit s'affronter trois listes, qui présentent parfois plusieurs candidatures dans le même quartier, ainsi que certains candidats indépendants (Édouard Jacques, Harrault, « républicain municipal » qui se présente contre Antoine Révillon, etc.) :

Ces deux dernières listes, républicaines, veulent donner un rôle politique à Paris à l'échelle nationale, ambition qui va de pair avec la fondation de la République, sans toutefois invoquer l'autonomie communale. Cette attitude est par exemple incarnée par Clemenceau, élu à Clignancourt dans le XVIIIe, ou l'ancien préfet Louis Combes. Le Comité de la rue Turbigo proclame ainsi : « C'est seulement dans le triomphe des institutions républicaines que Paris voit la sauvegarde de ses franchises municipales. » Les républicains radicaux évoquent également l'instruction publique et la laïcité.

Au contraire, l'Union parisienne de la presse, composée de notables qui s'expriment par exemple dans Paris-Journal, et fortement opposée à la Commune, veut cantonner le conseil municipal de Paris à la simple fonction d'administration de la ville, lui déniant tout rôle politique sur la scène nationale. Ainsi, dans la Revue des deux Mondes, le philosophe et politique Émile Beaussire s'indigne de la volonté de politiser les municipales.

L'UPP comprend un courant mixte, royaliste et bonapartistes, ainsi qu'un courant de centre-droit, plus libéral et plus ou moins rallié à la République. Parmi les bonapartistes, le notaire Alfred Prestat ; l'ex-adjoint du IXe Léon Ohnet ; Heret ou Hellot, membres de la commission municipale créée par Haussmann ; Victor Gavrel, maire du XIVe sous le Second Empire, etc. Parmi les libéraux-républicains, Trélat (élu au Panthéon), Chevallier, Callon, Raynal... Au sein des soutiens de l'UPP, Villemesant, fondateur du Figaro, mène la charge contre les républicains et le gouvernement d'Adolphe Thiers.

L'UPP, qui obtient en moyenne environ 40 % des voix au premier tour et, en tout, 42 élus sur 80, est implantée en particulier dans les Ier, IIe, VIe, VIIe, VIIIe, IXe, Xe et XVIe arrondissement soit dans des quartiers bourgeois, avec l'élection des monarchistes Louis Binder, Riant, Louis Watel, Félix Dehaynin.

Les républicains, eux, ont obtenu 49 % des suffrages exprimés, soit 26 % des inscrits, étant implantés particulièrement à l'est, dans une partie du centre, et au sud de Paris.

Résultats

Saint-Germain-l'Auxerrois

Candidat Étiquette Voix
Benjamin-Alfred Prestat UPP 877
Jules Méline CT-LUR 640
Inscrits 2 967
Votants 1 582

Halles

Candidat Étiquette Voix
Désiré-Adolphe Adam CT-LUR 2 896
Henri Grellou UPP 1 124
Gustave Fould 300
Inscrits 9 017
Votants 4 514

Palais-Royal

Candidat Étiquette Voix
Hector Bouruet-Aubertot UPP 1 933
Le Berquier 616
Inscrits 5 141
Votants 2 849

Place-Vendôme

Candidat Étiquette Voix
Martial Bernard UPP 960
Louvel CT 165
Walliet 157
Inscrits 3 091
Votants 1 601

Gaillon

Candidat Étiquette Voix
Edmond Joubert UPP 686
Truelle 298
Gamard 88
Inscrits 2 306
Votants 1 357

Vivienne

Candidat Étiquette Voix
Eugène Louvet UPP 1 025
J. Maumy CT-LUR 427
Inscrits 5 710
Votants 1 625

Mail

Candidat Étiquette Voix
Ernest Thorel UPP 1 622
Chéron CT 1 139
Inscrits 5 855
Votants 2 823

Bonne-Nouvelle

Candidat Étiquette Voix
Charles Loiseau-Pinson LUR-CT 2 154
Carlhian UPP 802
Dubois 311
Inscrits 7 563
Votants 3 509

Arts-et-Métiers

Candidat Étiquette Premier tour Second tour
Jules Piault UPP 1 332 1 356
Charles Murat CT 1 158 1 603
Eugène Cleray LUR 983
Inscrits 6 462
Votants 3 695 3 103

Enfants-Rouges

Candidat Étiquette Voix
Théodore-Jacques Bonvalet LUR 1 841
Jules Ranvier UPP 676
Docteur Frère CT 501
Inscrits 5 285
Votants 3 114

Élection du président du conseil municipal

Le nouveau conseil municipal, composé officiellement de 80 membres (78 en raison de la triple élection de Jules Mottu), pour la plupart républicains (Clemenceau, Édouard Lockroy, Allain-Targé, Arthur Ranc, Jules Mottu, Bonvalet, Louis Combes, Adam...), tient sa première séance le , sur convocation du préfet de la Seine Léon Say, au Palais du Luxembourg, l'Hôtel de Ville ayant été incendié pendant la Commune. L'ex-maire du IVe arrondissement sous le gouvernement de la Défense nationale, Joseph Vautrain, qui incarne l'aile républicaine voulant toutefois se cantonner à l'administration de la ville, est alors élu président du conseil municipal à 69 voix sur 70 votants, une voix s'étant portée sur Clemenceau.

À l'élection législative partielle de , Vautrain représente l'aile républicaine libérale, soutenant le gouvernement d'Adolphe Thiers, contre la tendance plus radicale incarnée par Victor Hugo. Le président du conseil municipal s'oppose alors à la mise en place de l'instruction publique laïque ainsi qu'à l'amnistie des Communards, cheval de bataille de Clemenceau. Élu, Vautrain cumule alors les fonctions de député de la Seine, conseiller municipal du IVe arrondissement et président du conseil municipal de Paris, poste auquel il est inlassablement reconduit (en mai puis , en février puis , enfin, en février puis , puis après les municipales de 1874) jusqu'à l'élection de son rival, Clemenceau.

Composition du conseil municipal

Élus de l'UPP

Le groupe UPP n'est pas vraiment homogène, puisqu'il regroupe aussi bien des monarchistes et des bonapartistes que des libéraux-républicains de centre-droit.

  • Bernard
  • Beudant
  • Louis Binder (monarchiste)
  • Bouruet-Aubertot
  • Bouvry
  • Bréton-Hachette
  • Callon
  • Chevallier
  • Paul Christofle
  • A. Dehaynin
  • Félix Dehaynin (monarchiste)
  • Depaul
  • Delzant
  • Dubief
  • Férot
  • Frémyn
  • Gavrel
  • Joubert
  • Lavocat
  • Leclerc
  • Leleux
  • Loiseau
  • Louvet
  • Mallet
  • Meunier
  • Ohnet
  • Paymal
  • Perrin
  • Piat
  • Prestat
  • Pretet
  • Puteaux
  • Raynal
  • Riant
  • Rondelet
  • Saglier
  • Thomas
  • Thorel
  • Topart
  • Tranchant
  • Ulysse Trélat (élu au Panthéon, quarante-huitard, républicain libéral)
  • Louis Watel (monarchiste)

Républicains modérés

Ces sept élus républicains modérés, reconnus par le Comité de la rue Turbigo, seront rejoints après les élections par plusieurs autres élus, l'axe modéré s'agrandissant ainsi.

Républicains radicaux

Sources

  • Yvan Combeau, Paris et les élections municipales sous la Troisième République : la scène capitale dans la vie politique française, éd. L'Harmattan, 1998, (ISBN 9782738463074)
  • Nobuhito Nagaï, « Chapitre III. Évolution politique du conseil municipal de Paris de 1871 à 1914 », dans Les conseillers municipaux de Paris sous la Troisième République (1871-1914), Éditions de la Sorbonne, coll. « Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles », (ISBN 978-2-85944-855-4, lire en ligne), p. 47–74

Notes et références

  1. Nobuhito Nagaï, Les conseillers municipaux de Paris sous la IIIe République, Paris, Publications de la Sorbonne, , 375 p. (ISBN 2-85944-440-8, lire en ligne), p. 51
  2. Pierre Guillaume et Sylvie Guillaume, « Élans et pesanteurs, le réformisme républicain au XIXe siècle », dans Réformes et réformisme dans la France contemporaine, Armand Colin, , 240 p. (ISBN 9782200249465, lire en ligne), p. 19

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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