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Édouard Bobrowski

Édouard Bobrowski, ((pl)Edward Bobrowski) est un journaliste, réalisateur et écrivain polonais puis français, né à Zonguldak en Turquie le et mort le à Perpignan.

Édouard Bobrowski
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Conflit

Biographie

Jeunesse

Né à Zonguldak de parents polonais, Edward Bobrowski a d'abord vécu en Turquie jusqu'en 1938, son père ingénieur étant en poste dans ce pays. Après un bref retour en Pologne, ses parents se réfugient en France en 1939 à Paris, puis, après l'exode, Edward Bobrowski est admis en pension au collège jésuite du Caousou à Toulouse en 1941. Il s'en échappe au tout début de l'année 1944 pour rejoindre à 15 ans un maquis anti-franquiste de réfugiés espagnols dans le Cantal. Il participe avec son maquis à la libération de la ville de Toulouse.

Il obtient son baccalauréat en 1946. Fixé à Paris il entre en 1947 à la rédaction en français des ondes courtes de la RDF Télévision française (RDF) puis intègre en 1949 comme journaliste, la Radiodiffusion-télévision française (RTF) dont il devient grand reporter en 1954 sous la direction de Pierre Andreu et Victor Fay. En 1950 il se lie d'amitié avec Stanisław Gebhardt, jeune étudiant réfugié de Pologne, et tous deux entrent dans l'organisation de jeunesse de la Démocratie chrétienne, dont Bobrowski devient secrétaire général[1].

Vie professionnelle

En 1959, il est engagĂ© par Pierre Brisson le patron du journal Le Figaro qui le nomme correspondant Ă  Moscou[2] avec le statut d'« envoyĂ© spĂ©cial permanent Â».

Il quitte, en refusant toute indemnitĂ©, Le Figaro propriĂ©tĂ© du groupe Prouvost, Ă©galement propriĂ©taire de Christian Dior, en 1960, pour protester contre la rĂ©Ă©criture en positif sous son nom par la rĂ©daction parisienne d'un article critique sur la collection Dior dont la ligne « haricot Â», peu apprĂ©ciĂ©e des femmes russes, est prĂ©sentĂ©e cette annĂ©e lĂ  Ă  Moscou.

Il publie en 1960 un roman Le Mauvais Cas aux éditions Julliard et réintègre la RTF en devenant le responsable des émissions vers l'URSS. Il poursuivra sa carrière dans le service public devenu l'ORTF en 1964, au sein des divisions programmes jusqu'au printemps 1968.

Cinéaste

En , il crée avec Christine Chardin, monteuse, la société de production les Cinéastes Indépendants de Paris (CINDEP)[3] et devient cinéaste et producteur indépendant.

En 1970, il produit et réalise un premier documentaire Nancy-France- Juin 70, toujours inédit, tourné pendant une élection législative partielle à Nancy en 1970. Il y suit les coulisses de la campagne et jusqu'à son intimité familiale, le candidat Jean-Jacques Servan-Schreiber, auteur du Défi Américain (Paris, Denoël, 1968), premier promoteur en France du marketing politique. L'homme politique s'oppose à la sortie du film en salle, tout en acquérant une copie. La version courte (2 h) connut cependant un grand succès auprès des cercles politiques et fit l'objet de plusieurs projections privées notamment auprès de Valéry Giscard d'Estaing et de François Mitterrand. La version longue (4 h) de ce travail sur l'élection législative de Nancy en 1970, intitulée Super J.J fut diffusée sur les campus.

En 1971 avec Aux urnes, citoyens...[4] - [5], Édouard Bobrowski entrepris à Arras un autre projet de film documentaire sur le suffrage universel, plus ambitieux encore. Il ne focalisera plus le film sur un seul personnage mais exigera d'avoir accès sans restriction aux réunions internes d'une campagne électorale là où s'élaborent les stratégies et opérations de conquête des électeurs.

Il entreprit donc de filmer les coulisses et actions publiques de la campagne pour l'élection municipale d'Arras en 1971 où s'affrontaient une liste d'union de la gauche emmenée par Guy Mollet, maire historique de la ville, allié pour la première fois avec les communistes, une liste UDR menée par un jeune loup de la politique, Francis Jacquemont parachuté d'un cabinet d'un ministériel à Paris, et d'une liste de trublions locaux du PSU.

Le travail de rĂ©alisation de ce premier vrai documentaire politique de cinĂ©ma direct en France[6] fut d'une ampleur considĂ©rable. Le tournage dura cinquante-sept jours pour produire quarante heures de rushes sur plus de vingt-cinq mille mètres de pellicule 16 mm couleur. Ce travail donna naissance après sept mois de montage au film Aux Urnes, Citoyens..., Ĺ“uvre lucide et critique sur le suffrage universel par son travail d'observation et de recueil direct, sans aucune interview, au plus près des pratiques politiques françaises de cette pĂ©riode.

Le film dans sa version aboutie de 4 heures, remarqué et soutenu avec enthousiasme par Jean Rouch, fut néanmoins bloqué six mois sous les pressions de la majorité de droite sans pouvoir sortir des laboratoires. Il fut sauvé grâce à quelques concours financiers de milieux professionnels et plus particulièrement celui de Jacques Perrin le comédien-producteur du film Z.

Il pût sortir enfin le , distribué par Planfilm, dans une version d'une heure cinquante dans trois salles parisiennes, puis des salles d'Art et Essai en province et des campus.

Aux urnes, citoyens... connĂ»t un très beau succès critique[7] et public avec plus de 200 000 entrĂ©es[7], score remarquable pour un documentaire politique[7].

En Édouard Bobrowski publie chez Flammarion un livre éponyme Aux Urnes, citoyens...[8] où il livre un récit très fouillé de cette aventure cinématographique à travers un témoignage lucide et incisif qui constitue un véritable making off du film et un document inestimable sur la vie politique au niveau local à cette époque.

Cette mĂŞme annĂ©e 1973, Édouard Bobrowski entreprend un nouveau travail filmique qui constitue une interrogation critique des films prĂ©cĂ©dents. Il reprend une partie des images de son documentaire Super J.J sur la campagne de Jean-Jacques Servan-Schreiber Ă  Nancy et l'entremĂŞle avec des dialogues fictionnels de personnages contemporains et reprĂ©sentatifs de ces annĂ©es post 1968. Ce nouveau film, Politikon, Ă©crit comme un brĂ»lot constitue une rĂ©flexion critique très personnelle sur les limites de l'institution du suffrage universel et le dĂ©veloppement Ă  ce moment-lĂ  de la spectacularisation gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la sociĂ©tĂ©. Le film prĂ©sentĂ© en avant-première au Cercle CinĂ©matographique Universitaire de Clermont-Ferrand (C.C.U.C)[9] le et il sera ensuite diffusĂ© sur quelques campus.

Jusqu'à la fin des années 1970, Édouard Bobrowski se consacre aux activités de production de sa société CINDEP avec la production et réalisation de nombreux documentaires vidéo d'intervention sociale réalisés et diffusés localement dans villes de banlieue ou en province comme Vivre à Vitry et travailler[10] (1978), Enfants 93[11] (1978).

Edouard Bobrowski co-produit en 1975, avec les CINDEP la partie française du film polonais JarosĹ‚aw Dombrowski [12](1976) rĂ©alisĂ© par le cinĂ©aste polonais Bohdan PorÄ™ba avec les comĂ©diens français François Maistre, et Armand Mestral.

En 1976 il produit et réalise en Pologne, son pays d'origine, Les enfants de Lénine et de Jean XIII[13] un documentaire de 1 h 38 min sur la société polonaise aux prises avec le « socialisme réel ». Y témoignent des paysans, des ouvriers, des prêtres, des députés , des anonymes et des célébrités comme le réalisateur Andrzej Wajda. Il en ressort un regard assez bienveillant qui dénote son intérêt à cette époque de sa vie pour la société polonaise d'alors pourtant étouffée par un système non démocratique.

Scénariste et écrivain

Ă€ la fin des annĂ©es 1970, la sociĂ©tĂ© CINDEP (CinĂ©astes IndĂ©pendants de Paris) disparait asphyxiĂ©e Ă©conomiquement. Édouard Bobrowski entame alors un long travail de recherche et d'Ă©criture sur l'histoire de l'AĂ©ropostale. Son intĂ©rĂŞt pour cette aventure exceptionnelle et pionnière Ă©tait nĂ© dans les annĂ©es 1960 quand il Ă©tait Ă  l'ORTF grâce Ă  un travail documentaire Ă  partir de l’œuvre de Saint-ExupĂ©ry : Terre des hommes. Ce travail reconstituait entre autres l'histoire des trajets des premières lignes rĂ©gulières de l'AĂ©ropostale que Didier Daurat avait crĂ©Ă©es : Toulouse-Casablanca d'abord, puis son extension jusqu'Ă  Buenos-aires et Santiago du Chili pour crĂ©er une ligne mythique de l'AĂ©ropostale oĂą s'illustra Saint-Exupery. Édouard Bobrowski Ă©crivit en 1978/1979 le scĂ©nario , l'adaptation et les dialogues (avec Marcel Jullian) de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e en six Ă©pisodes L'AĂ©ropostale, courrier du ciel. Elle sera rĂ©alisĂ©e par Gilles Grangier et diffusĂ©e par la chaĂ®ne France 3 Ă  raison d'un Ă©pisode par semaine Ă  la pĂ©riode des fĂŞtes de fin d'annĂ©e, du samedi au samedi .

Édouard Bobrowski publie dans le même temps son récit Aéropostale [8] (Hachette Littérature, Paris, 1980).

Retour au documentaire dans le champ social et politique ensuite avec le film Haya[14] (1982, rĂ©alisĂ© avec Claude Blanchet) consacrĂ© Ă  la longue grève des O.S, majoritairement immigrĂ©s marocains, de l'usine CitroĂ«n d'Aulnay-sous-bois qui luttaient pour leur dignitĂ© au printemps 1982.

Dernières années

Édouard Bobrowski se consacre Ă©galement au dĂ©but des annĂ©es 1980 Ă  la mise en place de diverses radios libres de communication sociale dans la rĂ©gion parisienne (Radio Vendanges Ă  Bagneux, Radio 4000 Ă  La Courneuve, Radio Champigny, Radio Soleil dans le Val de Marne et surtout TSF 93 qu'il crĂ©Ă© en 1982 avec Jean Kouchner et le soutien du Conseil GĂ©nĂ©ral de la Seine Saint-Denis. TSF 93 sera rachetĂ©e dans le dĂ©but des annĂ©es 1990 par Frank TĂ©not et GĂ©rard BrĂ©mond pour devenir TSF Jazz).

Édouard Bobrowski contribuera également à la mise en place de Forum 92[15] radio libre lancée à Marseille en 1980 par les Mutuelles de France.

En 1985 Édouard Bobrowski participera à la création d'une société de production audiovisuelle montée par Les Mutuelles de France / Région Ile-de-France qu'il dirigera pendant une première période. Il montera diverses productions dans ce cadre sur divers thèmes liés aux préoccupations mutualistes.

En 1988 il quitte Paris et part habiter Ă  Toulouse.

Il fonde alors en 1990 l'École de journalisme de Toulouse qu'il dĂ©veloppera et dirigera plusieurs annĂ©es avant de se retirer de la vie professionnelle. Il meurt Ă  Perpignan.

Filmographie

Publications

  • Le Mauvais Cas, Julliard, 1960
  • Les grandes Ă©nigmes de la Seconde Guerre mondiale (ouvrage collectif), Éditions de Saint-Clair, 1966
  • Aux urnes, citoyens..., Flammarion, 1972
  • Les grandes Ă©nigmes de la LibĂ©ration, avec Claude Couband et Michel Honorin, prĂ©sentation de Bernard Michal, Éditions de CrĂ©mille, 1973
  • Le Destin dramatique des Kennedy, Éditions Famot, 1973
  • AĂ©ropostale, Hachette, 1980
  • Histoire inconnue de la LibĂ©ration, avec Edmond Bergheaud et Jean Lanzi, Éditions de CrĂ©mille, 1994

Références

  1. Kaiser, Wolfram et Kosicki, Piotr. Political Exile in the Global Twentieth Century: Catholic Christian Democrats in Europe and the Americas, page 168 (en anglais). Belgique: S.l.: LEUVEN UNIVERSITY PRESS. 2021 . (ISBN 946-27030-78)
  2. (en) « Russia: Second spaceman? », sur content.time.com, (consulté le )
  3. « Ciné-ressources : le catalogue collectif des bibliothèques et archives de cinéma », sur cineressources.net (consulté le )
  4. « Aux urnes, citoyens - Fiche Film - La Cinémathèque française », sur cinema.encyclopedie.films.bifi.fr (consulté le )
  5. « Arras: Guy Mollet, tête d’affiche du premier vrai documentaire politique français, en 1971 ! », sur La Voix du Nord (consulté le )
  6. https://www.lemonde.fr/archives/article/1972/04/04/le-public-verra-t-il-aux-urnes-citoyens_2402156_1819218.html
  7. Denuzière, Maurice, « Le public verra-t-il " Aux urnes citoyens " ? », sur Le Monde, (consulté le )
  8. « Edouard Bobrowski - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le )
  9. « Cercle cinématographique universitaire De Clermont-Ferrand - Organisation - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le )
  10. « VIVRE A VITRY ET TRAVAILLER - Films - Ciné-Archives - Cinémathèque du parti communiste français - Mouvement ouvrier et démocratique », sur cinearchives.org (consulté le )
  11. « ENFANTS 93 - Catalogue d'exploitation - Ciné-Archives - Cinémathèque du parti communiste français - Mouvement ouvrier et démocratique », sur cinearchives.org (consulté le )
  12. « Jaroslaw Dabrowski », sur collections.forumdesimages.fr (consulté le )
  13. « ENFANTS DE LÉNINE ET DE JEAN XXIII (LES) - Films - Ciné-Archives - Cinémathèque du parti communiste français - Mouvement ouvrier et démocratique », sur cinearchives.org (consulté le )
  14. « Histoire d'un film, mémoire d'une lutte | Peripherie », sur peripherie.asso.fr (consulté le )
  15. « Les radios libres de PACA à l'été 81 », sur radio81.radiobrest.net (consulté le )
  16. Le film sur Ciné Archives

Liens externes

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