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Économie de la Jordanie

La Jordanie est un petit pays dont les ressources naturelles et en particulier hydrauliques sont inexploitables. L'endettement général, la pauvreté et le chômage sont des problèmes récurrents.

Économie de la Jordanie
Image illustrative de l’article Économie de la Jordanie
Le centre commercial de Zarka en 2009

Monnaie Dinar jordanien
Année fiscale année calendaire
Organisations internationales OMC
Statistiques
Produit intérieur brut (parité nominale) 45,74 milliards de $ (2021)
Produit intérieur brut en PPA 101,32 milliards de $ (2021)
Croissance du PIB 2,2 % (2021)
PIB par habitant en PPA 4104 $ (2021)
PIB par secteur agriculture : 6 % (2020)
industrie : 24 % (2020)
services : 70 % (2020)
Inflation (IPC) 1,3 % (2021)
Pop. sous le seuil de pauvreté 15,7 % (2020)
Indice de développement humain (IDH) en diminution 0,720 (élevé ; 102e) (2021)[1]
Population active 2,864 million (2021)
Population active par secteur agriculture : 3 % (2020)
industrie : 25 % (2022)
services : 72 % (2020)
Taux de chĂ´mage 24,1 % (2021)
Commerce extérieur
Exportations 13,85 milliards $ (2021)
Importations 23,34 milliards $ (2021)
Finances publiques
Dette publique 114 % du PIB (2021)
Dette extĂ©rieure 15,507 milliard $ (2021)
Recettes publiques 10,3 milliards $ (2021)
DĂ©penses publiques 13,673 milliard $ (2020)

Chiffres principaux

Le roi Abdallah II de Jordanie, à la tête du pays depuis 1999, entreprend depuis le début de son règne des réformes économiques sur le long terme afin de régler les problèmes les plus importants et d'améliorer les conditions de vie des jordaniens[2]. Mais la Jordanie est l'une des plus petites économies du Moyen-Orient. Le pays est confronté à une série de défis économiques : se passer des aides financières, réduire le déficit budgétaire et relancer la dynamique de l'emploi[3].

Population

La Jordanie est considĂ©rĂ©e comme un pays Ă  revenu moyen supĂ©rieur, avec un PIB par habitant de 4 104 dollars. En comparaison avec d'autres marchĂ©s rĂ©gionaux, le marchĂ© intĂ©rieur jordanien est petit, avec une population de 11,2 millions d'habitants. Le taux de croissance de la population continue d'augmenter, et plus de 52,8 % de la population est âgĂ©e de moins de 24 ans, avec environ 50 % des individus âgĂ©s de 15 Ă  24 ans au chĂ´mage en 2021[4]. Le taux de chĂ´mage global est Ă  24,1 % et le taux de pauvretĂ© s'Ă©lève 15,7% selon les chiffres officiels[5] - [6]

Faiblesses Ă©conomiques

En 2021, la dette publique est égale à 114 % du PIB et le déficit budgétaire national s'élève à 2,444 milliards de dollars. En outre, après des années de croissance économique allant de quatre à neuf pour cent au début des années 2000, la croissance économique de la Jordanie ralentit considérablement depuis 2008[7]. En 2020, avec la pandémie de COVID-19, l'économie jordanienne se contracte de 1,6 %, exacerbant ses faiblesses économiques. Les mesures prises par le gouvernement pour atténuer la propagation du virus freinent l'activité commerciale, contribuant à une nouvelle hausse du chômage et à un déclin des activités d'exportation et d'importation, ainsi que du tourisme entrant. L'économie progresse de 2,2 % en 2021, et la croissance économique à court terme devrait être tout aussi lente[7].

Secteur primaire

Marché aux légumes à Amman en 2018.

Au début des années 2020, le secteur agricole emploie environ 2 à 3 % de la population active (bien que de nombreux travailleurs agricoles viennent d'Égypte, du Pakistan et d'autres pays) pour constituer 5,9 % du PIB. Ce faible niveau s'explique par les conditions défavorables (zones désertiques et faible pluviométrie)[8]. Les cultures principales sont l'orge et le blé. Le pays produit également des fruits et légumes grâce à l’irrigation provenant du lac de Tibériade et du Jourdain. Mais ce dernier connait une pollution et une surexploitation dramatiques[9].

En raison de la raretĂ© de l'eau, l'agriculture est en dĂ©clin en tant que composante de l'Ă©conomie globale depuis des annĂ©es. La Jordanie manque de ressources naturelles et est Ă©galement l'un des pays les plus pauvres en eau au monde. L'approvisionnement en eau renouvelable du royaume ne rĂ©pond actuellement qu'Ă  environ deux tiers des demandes en eau de la population, les eaux souterraines Ă©tant utilisĂ©es deux fois plus vite qu'elles ne peuvent ĂŞtre reconstituĂ©es[4].

La Jordanie est un pays importateur net de produits alimentaires, avec un marché en croissance de 11 millions de consommateurs, y compris les réfugiés. Les consommateurs jordaniens ont des goûts de plus en plus occidentaux et importent de l'étranger jusqu'à 98 % des produits consommables, notamment le blé, l'orge, le sucre, le riz, le lait en poudre, le thé, le café, le maïs, l'huile végétale (à l'exception de l'huile d'olive), le fromage, les pois chiches, les vermicelles, les lentilles et les produits à valeur ajoutée tels que les noix et, dans une moindre mesure, la volaille et les produits avicoles[10].

Secteur secondaire

Industrie

Conduite d'eau en construction pour amener l'eau de la nappe phréatique du Wadi Rum vers Amman, 2012.

En 1997, l'industrie employait 14 % de la main-d’œuvre pour 16,7 % du PIB. En 2022, l’industrie (textile, pharmacie, engrais) représente plus de 25 % du PIB, le textile et les engrais étant les exportations les plus importantes du pays[11]. En 2020, elle emploie 24% de la main-d'œuvre[12].

L'industrie est principalement concentrée autour de l'extraction et l'exploitation minière, la fabrication et la transformation de produits finis à base de matières premières brutes ; et notamment à partir des phosphates et de la potasse. La Jordanie est le troisième plus important exportateur de potasses au monde et le cinquième pour le phosphate[11].

Énergie

En 2014, la Jordanie importe encore 97 % de ses besoins énergétiques[13]. Elle produit un peu d'énergie hydroélectrique (par exemple aux barrages de Wadi Al-Mujib ou d'Al-Wehda).

Pour remĂ©dier partiellement Ă  sa dĂ©pendance, le pays a dĂ©cidĂ© la construction près d'Amra d'une centrale nuclĂ©aire nationale composĂ©e de deux rĂ©acteurs de 1 000 MW. Construite par la compagnie russe Atomstroyexport, la centrale aurait dĂ» ĂŞtre opĂ©rationnelle en 2023 et gĂ©rĂ©e par une autre entreprise russe, Rusatom overseas. D'un montant estimĂ© de 10 milliards de dollars, la partie russe finance Ă  hauteur de 49 % tandis que la Jordanie finance les 51 % restants[14]. Cependant, un projet de petit rĂ©acteur modulaire est abandonnĂ© en juin 2018 faute d'accord sur son financement[15].

La Jordanie a surcompensĂ© les pĂ©nuries d'Ă©lectricitĂ© survenues entre 2013 et 2017 en investissant dans de nombreux contrats d'achat d'Ă©lectricitĂ©, ce qui a entraĂ®nĂ© une surcapacitĂ© de près de 50 % de son rĂ©seau Ă©lectrique et une hausse du prix moyen de l'Ă©lectricitĂ© pour les mĂ©nages et les entreprises. Dans la plupart des cas, les entreprises paient des tarifs supĂ©rieurs Ă  la moyenne et au marchĂ©, tandis que les mĂ©nages voient des tarifs subventionnĂ©s, infĂ©rieurs Ă  la moyenne. Les coĂ»ts Ă©levĂ©s de l'Ă©lectricitĂ© pour les entreprises rĂ©duisent la compĂ©titivitĂ© et la rentabilitĂ©.  En mars 2022, la Jordanie a apportĂ© des ajustements progressifs Ă  sa structure de tarification de l'Ă©lectricitĂ© afin de corriger les distorsions existantes[4].

Production jordanienne d'électricité entre 1980 et 2018 : énergie fossile, éolienne et solaire.

Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2010, la Jordanie investit dans les Ă©nergies renouvelables, notamment l'Ă©olien et le solaire. Son potentiel pour augmenter la production d'Ă©nergie renouvelable et l'exporter est important[10]. La Jordanie est l'un des principaux pays de la rĂ©gion Moyen-Orient et Afrique du Nord en matière d'adoption des Ă©nergies renouvelables et de croissance des Ă©nergies propres. Plus de 20 % du rĂ©seau Ă©lectrique jordanien est alimentĂ© par l'Ă©nergie solaire ou Ă©olienne, avec un objectif de 31 % d'ici 2030. DĂ©passer ce pourcentage sera un dĂ©fi pour la Jordanie, Ă  moins que des solutions de stockage ne soient mises en Ĺ“uvre.  En outre, la capacitĂ© excĂ©dentaire, la faible croissance de la demande et les efforts de diversification Ă©nergĂ©tique mettant en avant des ressources non renouvelables limitent les opportunitĂ©s Ă  court terme pour les projets d'Ă©nergies renouvelables[16].  

Secteur tertiaire

L’économie du pays repose principalement sur les services, notamment la finance et le tourisme[11].

Le secteur des communications et des technologies de l'information (TIC) est l'un des secteurs à la croissance la plus rapide de l'économie jordanienne, avec plus de 2,3 milliards de dollars, représentant plus de 26 000 emplois et 3,8 % du PIB en 2022. Plus de 900 entreprises opèrent dans les secteurs des télécommunications, de l'informatique, des contenus en ligne et mobiles, de l'externalisation des activités et du développement de jeux[10]

Relations internationales

Commerce international

Contrairement Ă  ses voisins, la Jordanie ne possède pas beaucoup de ressources naturelles, bien que l'extraction de potasse et de phosphate figure parmi les principaux secteurs industriels du pays, en plus de la fabrication de vĂŞtements/appareils, de produits chimiques et pharmaceutiques. La Jordanie est donc largement tributaire des importations dans toute une sĂ©rie de secteurs industriels, ce qui crĂ©e des opportunitĂ©s pour les exportateurs, notamment amĂ©ricains. En 2021, la Jordanie a importĂ© pour 23,34 milliards de dollars de biens et services, contre des exportations Ă©valuĂ©es Ă  13,85 milliards de dollars[7].

Les principales catégories d'importation de la Jordanie comprennent les combustibles minéraux et le pétrole brut, les machines industrielles, le matériel de transport, y compris les automobiles, les équipements électriques et électroniques, les produits alimentaires et agricoles, les textiles, les produits manufacturés tels que les produits en caoutchouc, le papier et le carton, les fils, les produits chimiques, les vêtements et les chaussures[7]

En 2021, les principales sources d'importation de la Jordanie sont les suivantes : Arabie saoudite (14,9 %), Chine (14,5 %), États-Unis (6,4 %), Union européenne (18,7 %), Émirats arabes unis (6 %), Égypte (3 %) et Turquie (3 %)[7].

Les principales catégories d'exportation du pays comprennent les produits chimiques, les engrais, les produits pharmaceutiques, les textiles, les produits minéraux (y compris la potasse et les phosphates) et les produits végétaux[7].

PĂ©trole

Au début du règne Abdallah II de Jordanie, le pays importe la plus grande partie de son pétrole d'Irak. Mais la guerre d'Irak commencée en 2003 la rend plus dépendante des autres nations productrices de pétrole, forçant le gouvernement jordanien à élever le prix du pétrole au détail et les taxes. Le marché d'exportation de la Jordanie, qui dépend lourdement des exportations vers l'Irak, est également affecté par la guerre[17]. Il se rétablit finalement rapidement en contribuant à la reconstruction irakienne[18].

Les produits pétroliers représentent 12 % du total des importations jordaniennes, ce qui correspond au premier poste d’importation du pays. En 2021, l'importation de produits pétroliers et dérivés atteint 1,8 Md JOD (2,6 Mds USD) contre 1,3 Md JOD (1,8 Md USD) en 2020, soit une hausse de 43 %. Cette augmentation est due à la hausse du prix du pétrole et à la reprise l'économie du pays, contrainte lors de la pandémie de Covid-19[19].

Puisqu'elle ne dispose pas de pétrole, la Jordanie investit dans les énergies renouvelables[20].

Aide internationale

De 2003 à 2006, la Jordanie travaille en étroite collaboration avec le FMI, pratique une politique monétaire stricte associée à un important programme de privatisation. Le gouvernement libéralise aussi le régime commercial, suffisamment pour sécuriser les participations éventuelles à l'Organisation mondiale du commerce (2000), un accord commercial avec les É.-U. (2001), et un accord de coopération avec l'Union européenne (2001). Ces mesures accroissent la productivité et impliquent des investissements étrangers[21] - [22].

L'aide Ă©trangère est une composante importante de l'Ă©conomie jordanienne d'un montant de 45,371 milliards de dollars. Les États-Unis sont le plus grand contributeur d'aide bilatĂ©rale Ă  la Jordanie, fournissant 1,65 milliard de dollars en 2021. En outre, en septembre 2022, les États-Unis ont signĂ© le quatrième protocole d'accord sur le partenariat stratĂ©gique pour une aide Ă©trangère bilatĂ©rale Ă  la Jordanie de 1,45 milliard de dollars par an de 2023 Ă  2029[7].

Notes et références

  1. (en) « Human Development Reports | Specific country data | JOR » [« Rapports sur le développement humain | Données spécifiques par pays | JOR »], sur hdr.undp.org, Programme des Nations unies pour le développement, (consulté le ).
  2. « Jordanie Abdallah II, un an de règne et satisfecit général », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  3. « Jordanie: le roi Abdallah II s'en prend à la réforme fiscale », sur RFI, (consulté le )
  4. (en) 1, « Jordan - Market Challenges », sur www.trade.gov (consulté le )
  5. « Un Jordanien sur quatre est au chômage », sur L'Orient-Le Jour,
  6. « Jordanie : 15,7% de la population est en dessous du seuil de la pauvreté », sur www.aa.com.tr (consulté le )
  7. (en) 1, « Jordan - Market Overview », sur www.trade.gov (consulté le )
  8. (en) 1, « Jordan - Agricultural Sectors », sur www.trade.gov (consulté le )
  9. « Surexploité par la Jordanie, Israël et la Syrie, le Jourdain devient un filet d'eau saumâtre », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) 1, « Jordan - Market Opportunities », sur www.trade.gov (consulté le )
  11. Direction générale du Trésor, « Jordanie - Indicateurs et conjoncture », sur Ministère de l'économie,
  12. « Le contexte économique de la Jordanie - Fellah Trade », sur www.fellah-trade.com (consulté le )
  13. Maxence Michelet, « Les évolutions du paysage électrique jordanien : privatisation, essor des renouvelables et perspective du schiste bitumineux », sur Hybridelec (consulté le )
  14. La Russie va construire la première centrale nucléaire de Jordanie, dépêche AFP, le 28 octobre 2013, consulté le 30 octobre 2013.
  15. La Jordanie annule un accord nucléaire avec la Russie, Xinhua, 11 juin 2018, consulté le 21 novembre 2021.
  16. (en) 1, « Jordan - Renewable Energy », sur www.trade.gov (consulté le )
  17. « La Jordanie subit de plein fouet la crise irakienne », sur Les Echos, (consulté le )
  18. Al-Mashareq, « La Jordanie et l'Irak discutent des investissements dans la reconstruction », sur Al-Mashareq (consulté le )
  19. Direction générale du Trésor, « Jordanie - Commerce extérieur », sur Ministère de l'économie,
  20. AFP, « Dépourvue de pétrole, la Jordanie se tourne toujours plus vers le solaire », sur Sciences et Avenir, (consulté le )
  21. « Perspective Monde », sur perspective.usherbrooke.ca (consulté le )
  22. (en) « Press corner », sur European Commission - European Commission (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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